tradition - Page 398
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Les origines de la société libérale par Jean-Claude Michéa
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Le Socialisme originel - Conférence de J.C. Michéa
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Bloc identitaire, Riposte Laique, Myriam Picard, Lionel Lucas
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Poutine promeut une politique nataliste : « 3 enfants par famille au moins ! »
Vladimir Poutine, le président russe, s’adressait mercredi à la Nation. Il veut que son pays puisse, sur le long terme, « préserver son territoire » : et pour cela, il a exhorté son peuple à concevoir plus d’enfants, au moins trois par famille.
« Il faut mettre en place des conditions favorables, tout d’abord pour les femmes, afin qu’elles n’aient pas peur que la naissance d’un deuxième et d’un troisième enfant ne mette un frein à leur carrière« , a déclaré le président russe. Pour cela, il entend mettre en place une politique familiale et nataliste, afin d’encourager, notamment financièrement, les familles choisissant d’avoir un troisième enfant.
Évoquant « un pays pauvre, vieillissant et incapable de préserver son indépendance et même son territoire« , Poutine a avertit que « si la nation n’est pas capable de se préserver et de se reproduire , alors on n’a même pas besoin d’un ennemi extérieur, car tout s’écroulera tout seul« , poursuivant : « pour que la Russie soit souveraine et forte, nous devons être plus nombreux« .
La Russie compte actuellement un peu plus de 143 millions d’habitants : elle en a perdu plus de cinq millions depuis la chute de l’URSS en 1991. Un rapport de l’agence de notation financière S&P estimait en 2011 que la Russie pourrait perdre encore 24 millions d’habitants d’ici à 2050…
Si nous voulons que l’Occident soit pérenne et que les vagues migratoires massives ne remplacent pas nos populations autochtones, il n’y a qu’un levier : la famille. Si nous voulons continuer à vivre libre sur la terre de nos pères, le renouvellement des générations ne doit pas être confié à des populations extra-européennes, mais assumé en France par des familles françaises ; en occident , par des familles occidentales !
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Les nationalistes aussi ont droit à la parole !
par Pieter Kerstens, collaborateur de la revue Synthèse nationale.
Tout au long de l’année, on assiste à une multitude de manifestations sur la voie publique, dans toutes les villes importantes, sous des motifs les plus variés.
Que ce soit contre la fermeture d’entreprises, pour le droit au logement, contre les corridas, en faveur des clandestins « sans papiers », ou contre la « malbouffe ». En outre, depuis plusieurs années le conflit israélo-palestinien a donné lieu, lui aussi, à des rassemblements en faveur des uns ou des autres et plus récemment, le « printemps arabe » a déchaîné les passions.
On observera que lorsque des organisations satellites de la gauche mondialiste, de la droite cosmopolite ou des khmers verts décident de descendre dans la rue, le Pouvoir ne trouve aucune objection à l’entrave de l’ordre public.
Et quand, sous divers prétextes fallacieux les casseurs se livrent à des déprédations gratuites, curieusement aucun des hauts responsables ne se targue plus du slogan « Les casseurs seront les payeurs ! »
Année après année, on constate une aggravation des dégâts, tant au mobilier urbain qu’aux biens privés, quand il ne s’agit pas de blessés parmi les fonctionnaires chargés de faire respecter l’ordre, dégâts qui entraînent des dépenses faramineuses, à charge du contribuable, dont on se passerait bien en cette période de vaches maigres.
Pourquoi dans certains cas assiste-t-on, médusé, à une politique du « laisser faire et ne pas intervenir » ? Vous connaissez sans doute déjà la réponse.
Mais, lorsque certains mouvements populistes, identitaires ou nationalistes demandent à manifester pour le respect du droit à la liberté d’expression, de réunion, d’opinion ou de presse, ils se voient opposer un refus catégorique au motif de « troubles à l’ordre public ».
Cela a été démontré une fois de plus ce samedi 29 septembre à Paris, parce que les Jeunesses Nationalistes ont souhaité manifester pour « La France aux Français », affirmer leur attachement aux us et coutumes de leurs ancêtres et leur fidélité au drapeau tricolore.
Quoi de plus « normal » ?
Ils auraient dû être encouragés par le Pouvoir. Et c’est tout le contraire auquel les badauds ont assisté : l’arrestation manu militari de ceux qui avaient bravé l’oukase du ministre de l’Intérieur.
Alors, deux poids, deux mesures ?
Que les bouffons de la société multiculturelle, les charlatans du métissage à tous les étages et les gourous du mondialisme prennent garde !
L’exaspération mène au désespoir et d’autres formes de mécontentements pourraient s’exprimer, à l’image des samizdats de la défunte URSS, ou à l’exemple de l’évacuation forcée des Roms à Marseille la semaine dernière par des habitants excédés…
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Quel avenir pour la “Fille aînée de l’Eglise”?
Quel avenir pour l’Eglise catholique en Europe et dans notre pays « fille aînée de l’Eglise » ? Quel poids la religion autochtone de la très grande majorité des Français conserve-t-elle en ce début de millénaire, celui de tous les bouleversements et de l’effacement des repères civililsationnels ? Le Figaro évoquait mercredi le cinquantième anniversaire à Rome du Concile Vatican II, lequel «n’est pas marqué par l’euphorie », « car le bilan est plutôt sombre ». «L’aggiornamento de l’Église catholique voulu par Jean XXIII pose aujourd’hui plus de questions qu’il n’a pu en résoudre. Jusque-là relativement tabou, ou confisqué par les traditionalistes, le discours critique sur les fruits du concile est désormais publiquement porté par des évêques modérés. Et si, est-il rapporté, Benoît XVI a convoqué « 250 évêques choisis et une centaine d’experts et d’auditeurs venus de toute la planète » c’est « pour stimuler la nouvelle évangélisation – déjà lancée par Jean-Paul II en 1983 – et parce que l’Église catholique souffre de tiédeur (…). Le chrétien ne doit pas être tiède, a insisté le Pape. C’est le plus grand danger du chrétien (…) ». « Le tableau dressé en introduction des travaux du synode par les rapporteurs continentaux sur la situation de l’Église catholique est inquiétant. Le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest en Hongrie et président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe, l’a constaté crûment: Dans la plus large partie du continent, c’est l’ignorance à propos de la foi chrétienne qui se répand, avec «une perte de la mémoire et de l’héritage chrétiens».
C’est dans ce climat, alors que l’Eglise tente d’apporter des réponses à ce que le Vatican appelle l‘ « apostasie silencieuse » des catholiques, que le quotidien La Croix a publié un sondage IFOP, qui, souligne Le Monde, confirme qu’ « En cinquante ans, la pratique religieuse chez les catholiques s’est effondrée et le fossé s’est creusé entre les pratiquants et le reste de la population (…). » « En 1961, 92 % des Français étaient baptisés et seuls 5 % d’entre eux n’envisageaient pas de faire baptiser leurs enfants. Aujourd’hui, 80 % se disent encore baptisés mais 25 % d’entre eux n’ont pas l’intention de transmettre cet héritage à leurs enfants. Les moins de 35 ans sont encore moins nombreux à se dire baptisés (68 %) et plus nombreux (30 %) à ne pas souhaiter baptiser leurs enfants. Selon la Conférence des évêques de France, quelque 35 % des enfants d’une classe d’âge sont baptisés et seuls 6 % se font confirmer. »
Reste à savoir si cette enquête a pris en compte les bouleversements démographiques de ces dernières décennies, puisqu’il n’a échappé à personne que dans la tranche d’âge des moins de 35 ans, les enfants de baptisés sont aussi « en concurrence » avec ceux des immigrés musulmans. Le démographe Philippe Bourcier de Carbon notait qu’en 2004 , en France, la population née d’au moins un parent étranger de en provenance du Maghreb, d’Afrique noire africaine ou de Turquie était selon ses calculs de plus de 4 millions, soit 7 % de la population et près de 14 % des naissances ; la population des ménages immigrés originaires d’Afrique et de Turquie de 5 millions environ, soit 9 % de la population, près de 16 % des naissances .Aussi, cette population pourrait approcher, en 2030, 9,6 millions, soit 15 % de la population métropolitaine totale et donner le jour à 200 000 enfants, soit 30 % des naissances métropolitaines. A cela deux causes principales expliquait M. Bourcier de Carbon : l’accélération des flux migratoires et le maintien d’un taux de fécondité élevé pour les femmes étrangères musulmanes arrivées en France.
« L’enquête de 1961 explique La Croix dépeint un pays encore très largement catholique. Mais l’Église, reconnue comme l’un des piliers moral et spirituel de la société, commence à se voir reprocher une forme d’intransigeance par rapport au monde. Aujourd’hui, en revanche, la religion catholique, si l’on s’en tient à la pratique, n’est plus que le fait d’une petite minorité de Français. Conséquence, la pratique, elle, enregistre une chute très importante. En 1961, un tiers des Français allait à la messe tous les dimanches. Ils ne sont plus que 6 %, alors que la proportion de ceux qui n’y assistent jamais est passée de 32 à 66 %. Cette chute avait commencé avant 1962 et le Concile l’aurait plutôt freinée », estime Denis Pelletier, historien du christianisme contemporain ». Un avis qui ne fait pas vraiment l’unanimité soulignons-le, et à l’évidence le dynamisme et le renouveau aujourd’hui, sont plutôt du côté des « tradis » que des « progressistes »…
Il est d’ailleurs significatif, toujours à l’aune du concile Vatican II et du « modernisme » qu’il a introduit dans l’Eglise, que cette enquête d’opinion souligne que nos compatriotes sont moins nombreux à considérer que l’institution conserve son rôle de gardien de la morale (59 % en 1961, 40 % aujourd’hui) ou de l’ordre et des bonnes traditions (44 % contre 30 % aujourd’hui). Il n’est pas certain que ce constat soit un motif de satisfaction pour tous les Français…
Jérôme Fourquet, de l’Ifop, souligne La Croix , pointe aussi « une constante de la société française : le rapport à la politique et le souci d’une stricte laïcité. Déjà en 1961, dans une société pourtant de baptisés, les Français rejetaient à 76 % toute intervention de l’Église dans le jeu politique. Ils sont aujourd’hui 83 % à penser de même. En revanche, les catholiques pratiquants ont désormais une position inverse : 65 %, soit deux tiers d’entre eux, estiment que l’Église doit intervenir en politique ! Sans doute conscients de ne constituer désormais plus qu’une minorité dans la société, ils éprouvent le besoin de se faire entendre, y compris au plan politique. »
Les medias ont noté d’ailleurs que les catholiques de France sont en pointe dans le combat contre la légalisation du mariage homosexuel, a titre d’exemple la pétition contre ce projet de loi mise sur le site Internet du diocèse de Toulon, a déjà recueilli près de 62.500 signatures en deux semaines.
Il s’agit en effet de ne pas perdre de vue, et les auteurs de cette enquête l’ont souligné, que l’influence de l’Eglise, les valeurs helléno-chrétiennes qu’elle véhicule débordent du cadre strict des 6 à 7 millions de Français catholiques pratiquants réguliers ou occasionnels plutôt marqués « à droite ».
Au lendemain du premier tour de la présidentielle, Bruno Gollnisch l’avait relevé, le sondage réalisé par Harris-Viadeo pour l’hebdomadaire La Vie, indiquait ainsi que les jeunes catholiques « avec leurs exigences éthiques fortes, leurs réflexes identitaires plus marqués et leur plus grande radicalité » , avaient voté à 37 % pour Nicolas Sarkozy et placé Marine Le Pen en deuxième position à 27 % . « Je vomis les tièdes » (Apocalypse 3,15-16) est une parole qui a été entendue par la jeunesse, et c’est aussi un motif d’espérance !
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Le peuple des chrétiens de France relève la tête
Un déferlement catholique, de catholiques affichés ou effacés, selon qu'on ait marché le dimanche 18 ou le samedi 17 novembre - voire les deux jours... Déferlement, parce que, quels que soient les calculs que l'on veuille retenir, ce sont des centaines de milliers de personnes qui ont martelé le pavé parisien ou les rues de province pour dire « non » au pseudo mariage homosexuel. Catholique, parce que, qu'on ait suivi la Manif pour tous, qui s'affirmait haut et fort aconfessionnelle, ou la marche organisée par Civitas, qui revendiquait son identité chrétienne, leur réussite, réelle de part et d'autre, ne s'explique que par la mobilisation
Et au premier plan, celles des évêques. Mgr Aillet, l'évêque de Bayonne, nous en avait averti huit jours plus tôt, lors de la messe qu'il célébrait à Paris pour la France. « Sachez-le, avait-il lancé, vos évêques - pas seulement quelques-uns, mais vos évêques ! - vous encouragent et vous soutiennent dans votre combat. Ils vous encouragent à parler, ils vous encouragent à agir, ils vous encouragent à vous manifester. Utilisez tous les moyens d'expression qu 'une société démocratique peut vous offrir, aujourd'hui, dans le contexte, peut-être imparfait, mais dans lequel nous sommes, pour pouvoir faire entendre votre voix. »
Trop beau pour être vrai ? Peut-être... Mais le fait est que beaucoup se sont prononcés. Et qu'aucun n'a démenti. Et que, en définitive, ils ont été entendus. Et, parfois, se sont déplacés...
Sans s'afficher, sans drapeau, le 17 ; ou derrière leurs bannières le 18, ces familles nombreuses étaient catholiques, ces curés, ces religieux étaient catholiques. Et si tous, absolument tous, ne l'étaient pas, ils formaient bien le gros des manifestants venus redire la réalité du mariage. Pas spécifiquement du mariage religieux ; mais du mariage naturel, celui qui, depuis la nuit des temps, permet à la famille humaine de vivre.
Certains politiques l'ont bien compris, qui ont marché eux aussi, es qualités, ceints de leur écharpe. En tête desquels, et les deux jours s'il vous plaît, Bruno Gollnisch, Marie-Claude et Jacques Bompard. Mais aussi, le seul samedi, Xavier Lemoine, Bernard Debré, Gérard Larcher, Claude Goasguen, Philippe Goujon, Jean-François Legarret, etc.
120 000 manifestants, le samedi soir à Paris
Une réussite le samedi ? Les chiffres sont là, que même la mesquinerie des chiffres officiels ne peut taire. Le renseignement intérieur, les anciens « RG », avoue 120 000 manifestants, le samedi soir, pour la seule manifestation parisienne.
Une foule compacte, débordant de la chaussée sur les trottoirs, qui est partie de Denfert-Rochereau (où les derniers ont attendu plus de deux heures le moment de partir) pour rejoindre les Invalides. Sans parler du métro, littéralement bondé, et dont certains manifestants ont dû laisser passer cinq ou six rames avant de pouvoir y accéder !
Une réussite le dimanche ? Tout autant. Certes, ils étaient moins nombreux - quelque 15 à 18 000. Mais, et ce n'est pas rien de nos jours, ils s'étaient refusés à mettre leur drapeau dans leur poche. Il y avait là représentés, derrière Civitas qui en organisait la logistique, l'Action française, l'Alliance royale, l'Agrif, Avenir de la Culture, l'Œuvre française, Renaissance catholique, des associations familiales, SOS Tout petits, le Parti de la France...
Et un nombreux clergé, en soutane ou en clergyman, émanant tant de la Fraternité Saint-Pie X, que des communautés Ecclesia Dei, ou des diocèses.
Une réussite, oui ! Parce que les slogans se voulaient plus percutants : « Un papa, une maman, des enfants... la famille, c'est sacré ! » Loin de s'attarder sur l'homofolie, sur ce prétendu mariage des « couples » homosexuelles, ces catholiques étaient là pour défendre une réalité qui transcende les institutions.
Une réussite, enfin, parce que, sans elle, annoncée longtemps à l'avance, il n'y aurait pas eu ce point de départ - la provocation femeniste en est la preuve - derrière lequel, tous, depuis les évêques jusqu'aux organisateurs de la Manif pour tous, se sont engouffrés.
D'aucuns qui marchaient le dimanche, avaient déjà manifesté le samedi, privilégiant l'unité, et le bien commun, aux disputes de chapelles. Ce devrait être de bon augure pour la manifestation nationale du 13 janvier - si les responsables, de part et d'autre, parviennent, sans oublier ce qu'ils sont bien sûr, à se retrouver.
Car, quelle que soit la façon de l'affirmer, l'objectif demeure le même. Et c'est donc ensemble qu'il faut l'affirmer.
Pour que la mobilisation soit importante ; pour qu'elle rassemble tous et chacun d'entre nous.
Et qu'elle aboutisse !
Olivier Figueras monde & vie . 4 décembre 2012Lien permanent Catégories : actualité, France et politique française, lobby, religion, tradition 0 commentaire -
Philippe Ploncard d'Assac et Florian Rouanet.
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Les racines de la “Nouvelle Droite”
◊ Lorenzo Papini, Radici del pensiero della Nuova Destra : La riflessione politica di Alain de Benoist, Giardini, Pisa, 1995.
Étude fouillée sur la trajectoire d'Alain de Benoist depuis Europe-Action, les Cahiers Universitaires et Défense de l'Occident. Pour Lorenzo Papini, docteur en sciences politiques formé à Pise, enseignant à Rome, le fondement de la pensée de Benoist, d'après ses écrits de jeunesse, est un « racisme grand-européen », puisé chez Renan, Gobineau et Chamberlain, visant la défense de la “race blanche” et la création, à terme, d'un “Empire blanc”, qu'il appelait le “Witland”, entité mythique à laquelle il rêvait, à l'époque, avec les racialistes américains (Ku-Klux-Klan, etc.) et sud-africains (White suprematists). À cette époque, l'orientation du futur chef de file de la "nouvelle droite" est encore radicalement occidentaliste : De Gaulle est accusé d'avoir « trahi la race » (Europe-Action, 20 déc. 1965), d'être un « imposteur communiste » et d'avoir « brisé l'Alliance Atlantique » (ibid., juil. 1967). Tels étaient les péchés de jeunesse que de Benoist ne cessera plus de renier, en exprimant parfois des remords pathétiques, à partir de la création du GRECE, où il opte pour une stratégie “métapolitique”, qui débouchera sur la formulation d'un anti-racisme différentialiste et sur une réfutation du prométhéisme initial de ce mouvement. Il faut reconnaître que, de ce point de vue, l'évolution d'A. de Benoist est intéressante, constitue une évolution étonnante et positive. Papini retrace clairement cette trajectoire, comme Taguieff l'avait fait en France, dans son livre intitulé Sur la nouvelle droite. L'étude de Papini permet à l'étudiant, à celui qui ne connaît pas la ND ou n'en a entendu que vaguement parler, d'avoir un fil d'Ariane pour la découvrir. À signaler dans ce livre : l'excellent chapitre, clair et concis, sur la réception de Nietzsche par de Benoist (RS).Les huit questions auxquelles Alain de Benoist n’a jamais voulu répondre
Fin 1990, début 1991, Alain Benoist me convoque et me soumet un projet. Il voulait que je l’interviewe pour Vouloir ou Orientations, afin de mettre en exergue, par le biais d’un tel entretien, les nouvelles pistes que la Nouvelle Droite était sur le point d’emprunter. A. de Benoist m’explique que la situation politique et intellectuelle de la France et les mentalités en général ont considérablement changé depuis la naissance de la Nouvelle Droite, plus exactement du GRECE et de la revue Nouvelle école en 1968-69. Dès lors, ajoutait-il, le GRECE ne peut plus véhiculer certains idéologèmes, devenus obsolètes au fil du temps. En revanche, il s’avère impératif d’explorer de nouvelles pistes. Mais cette nouveauté risque de provoquer le désarroi chez d’anciens militants, encore trop prisonniers de schémas dépassés, m’a-t-il précisé. Vouloir ou Orientations sont des revues extérieures au mouvement, elles sont publiées hors de France : elles sont donc le tremplin idéal pour lancer ces nouvelles pistes.
Les arguments d’Alain de Benoist me semblaient judicieux et correspondaient effectivement à mon analyse depuis 1989, où, en juin de cette année, par ma première conférence officielle au GRECE depuis mon retour (1), j’avais réclamé (en vain !) une ouverture aux nouvelles recherches prospectives et fondamentales de la philosophie française. En réclamant cette ouverture, je suivais un conseil d’Armin Mohler, engageant les lecteurs de Criticón à lire les post-modernes français à travers l’analyse de leurs œuvres que proposait, avec un remarquable esprit de synthèse, le professeur allemand Wolfgang Welsch, spécialiste incontesté de ces problématiques. A. de Benoist a souvent écouté Armin Mohler, recopié ce qu’il disait, béatement paraphrasé ce qu’il énonçait dans le contexte allemand, sauf en ce qui concerne les post-modernes et les synthèses de Welsch, où il n’a pas été le bon petit élève obéissant, mais plutôt le cancre, sourd à tout bon conseil.
J’ai donc, à la demande explicite de de Benoist, composé les questions ci-dessous que je lui ai faxées 5 jours plus tard. Mon objectif en posant ces questions : pouvoir expliciter les mutations idéologiques qui avaient jalonné l’itinéraire intellectuel du GRECE et de son animateur principal. Quand de Benoist a reçu ces questions, il les a tout de suite contestées en montrant une nervosité incompréhensible, il a critiqué des détails sans importance (le fait d’utiliser le terme “dada” pour désigner des engouements philosophiques), il n’a abordé aucune des thématiques de fond, soulevées par mes questions. Lors d’une entrevue quelques semaines plus tard, il a réitéré ces critiques sans me donner d’explications satisfaisantes. De Benoist était dans un état de nervosité bizarre, ses paroles étaient ponctuées de drôles de rictus, ses doigts se cramponnaient à ses longues cigarettes, dont il aspirait la fumée à grosses bouffées. Inutile de préciser qu’il n’a JAMAIS répondu à cette proposition d’entretien, qu’il avait lui-même réclamé ! Pourtant, une brochure avec des réponses claires aurait permis de clarifier les positions de la Nouvelle Droite, d’orienter les militants et les sympathisants de ce courant de pensée. Je soumets aujourd’hui ces questions aux lecteurs de Vouloir. A eux de juger comme il se doit le silence du gourou de la Nouvelle Droite. Un silence plus révélateur que tous ses discours et écrits…
HUIT QUESTIONS A ALAIN DE BENOISTLa Nouvelle Droite : histoire, destin, évolution, ruptures◊ 1. Quand vous avez fondé avec quelques-uns de vos amis les structures qui allaient donner naissance à Nouvelle école puis au GRECE et à la mouvance “Nouvelle Droite”, vous étiez animé par un désir de rupture. Une rupture qui tournait le dos à l'agitation politique groupusculaire pour approfondir les fondements, non seulement des sciences politiques, mais de toutes les disciplines humaines. Près de 25 ans après, comment jugez-vous cette rupture qui a décidé de votre destin de “journaliste métapolitique”, de “maître-à-penser” d'une génération hostile à bien des compromissions ?◊ 2. Il serait peut-être utile aussi que vous nous rappeliez le contexte global de cette époque où vous avez amorcé votre rupture, tant sur le plan philosophique, avec la vogue existentialiste, que sur le plan politique, avec les guerres de décolonisation et du Vietnam. En effet, les jeunes gens des années 70 et 80, a fortiori ceux qui seront la génération des années 90, ont baigné dans des atmosphères intellectuelles et politiques très différentes et certains d'entre eux m'ont déjà exprimé le souhait de connaître les motivations et les sentiments qui accompagnaient les premiers balbutiements de ce qui allait devenir la “Nouvelle Droite” ?◊ 3. Votre “démarche rupturale initiale” est contemporaine de mai '68. Dans l'université d'alors, sur le terrain politique, dans les débats intellectuels, quels ont été les facteurs qui ont déterminé vos options, quels sont les clivages qui vous semblaient incontournables et empêchaient tout dialogue avec les “contestataires d'en face”. Je pose cette question en sachant très bien qu'il existe aujourd'hui chez beaucoup d'ex-soixante-huitards une volonté très nette de brûler ce qu'ils ont adoré et de dénoncer “l'anti-humanisme” de leur jeunesse. Dans certains de vos écrits récents, vous soulignez, à rebours des “renégats de 68”, le grand intérêt intellectuel de certains linéaments philosophiques de cette époque contestataire. Quel jugement pose l'Alain de Benoist d'aujourd'hui ?◊ 4. Vous avez posé un pari faustien et prométhéen au début de votre aventure intellectuelle, assorti d'une critique de la sinistrose et du mythe du bon sauvage (notamment dans la forme que celui-ci prenait chez Claude Lévi-Strauss) et d'une apologie du “génie européen”. De ce fait, vous avez été accusé de “racisme” par quelques adversaires manichéens, dont les héritiers sévissent encore aujourd'hui. Vous étiez sur la même longueur d'onde qu'un André Reszler lorsqu'il écrivait L'intellectuel contre l'Europe (PUF, 1976). Par la suite, votre pensée semble avoir connu une sorte de retournement : la linéarité quantitativiste du matérialisme occidental, vous avez commencé à la considérer comme un avatar matérialiste de la linéarité judéo-chrétienne. Ipso facto, cette linéarité est devenue en quelque sorte votre “ennemi principal”, auquel vous opposez les essences identitaires qu'elles soient européennes ou extra-européennes. Mais dans ce cheminement philosophique, qui est le vôtre, on assiste à une mutation dans votre définition de l'identité européenne : celle-ci ne serait plus exclusivement de nature faustienne / prométhéenne mais autre, c'est-à-dire moins vectorielle, moins progressiste, moins marquée par les linéarités du judéo-christianisme et de ces avatars laïcisés. Pouvez-vous nous préciser cette nouvelle définition de l'identité européenne ?◊ 5. Des auteurs comme Robert Muchembled (avec sa distinction entre la “culture des élites” et la “culture du peuple”) ou Carlo Ginzburg (avec son analyse des propos d'un meunier frioulan promis au bûcher de l'Inquisition) ont-ils joué un rôle dans l'évolution de votre pensée, partie d'un prométhéisme assez techniciste et quantitativiste ?◊ 6. Toujours dans la même optique, vous êtes passé d'un dada philosophique à un autre : en l'occurrence de l'empirisme logique anglo-saxon, introduit en France par l'un de vos maîtres-à-penser, Louis Rougier, pour aboutir à un discours anti-techniciste très marqué par Heidegger. Beaucoup de vos lecteurs n'ont pas compris cette évolution. Généralement, quand ils m'en parlent, je réponds que le “chaînon manquant” dans cette évolution, est peut-être une réflexion sur la pensée de Wittgenstein, qui, au-delà de sa logique rigoureuse, de sa critique des ambiguïtés du langage, n'est pas dépourvue de mysticisme. Réflexion qui, de surcroît, n'a pas été consignée dans un texte majeur de vous-même ou de l'un de vos collaborateurs. Quelle est votre explication ? Y a-t-il un lien entre le mysticisme de Wittgenstein et votre engouement pour Heidegger ?◊ 7. La “nouvelle droite” est souvent cataloguée dans la mouvance d'un néo-paganisme. Votre critique de la linéarité judéo-chrétienne vous a induit à ouvrir une réflexion sur le temps et l'histoire. En opérant cette réflexion, vous deviez nécessairement aborder les façons non linéaires de saisir temps et histoire notamment les théories cycliques de l'histoire, propres aux cultures traditionnelles. Par ailleurs, à la suite d'Armin Mohler, vous avez parlé de la sphéricité du temps : en clair, dans cette optique, le temps est une sphère et n'est pas vectoriel mais, en revanche, le cycle qu'il parcourt n'est pas répétitif ; à tout moment, une direction nouvelle peut être impulsée par la volonté d'un peuple, d'un chef, d'une personnalité charismatique, d'un génie de la pensée, etc. Aujourd'hui, dans vos écrits les plus récents, on aperçoit une influence croissante des auteurs traditionalistes comme Guénon, Evola, Schuon ou Coomaraswamy. Avez-vous renoncé à la théorie sphérique de l'histoire, abandonné l’amor fati de Nietzsche, pour retrouver le silence immobile de la tradition ? Votre approche païenne, approche basée sur une option pour le devenir et non pas pour l'être, s'estompe-t-elle, passe-t-elle au second plan ?◊ 8. Sigrid Hunke, dans son célèbre ouvrage Europas andere Religion, dont vous avez patronné la traduction française aux éditions Le Labyrinthe, a démontré que l'essence de la religiosité européenne était l'unité du monde, l'unité fondamentale de toutes les choses qui s'exprime la plupart du temps par la mystique. Dans Comment peut-on être païen ?, vous embrayé dans ce sens, en critiquant systématiquement les théologies et les pensées de la “césure”, des dualismes qui opèrent précisément une césure, en valorisant certaines catégories de choses et de faits et en en rejetant d'autres dans une géhenne d'opprobre, instaurant de la sorte la désacralisation d'une bonne partie du monde, notamment de la vie, de la sexualité, des énergies sourdes qui irriguent les cultures de l'humanité. À la critique hunkienne du dualisme métaphysique, vous avez quelques fois ajouté des éléments très féconds puisés dans la physique non dualiste, dans la logique du tiers-inclus de Stéphane Lupasco et de son disciple Basarab Nicolescu. Aujourd'hui, Jean-Jacques Wunenburger, qui vient de collaborer à votre nouvelle revue Krisis, a élaboré une “raison contradictoire”. Comment Alain de Benoist relie-t-il aujourd'hui son option païenne anti-dualiste à la logique lupascienne du tiers-inclus voire à la “raison contradictoire” de Wunenburger ?◊ ◊ ◊Huit ans (aujourd'hui, 21 à 22 ans!!!!) plus tard, nous attendons toujours les réponses d’Alain de Benoist…► Robert Steuckers, Vouloir n°146/148, 1999. http://robertsteuckers.blogspot.fr/• Note :(1) Je ne compte pas mon intervention fortuite lors du Colloque annuel de l’association en novembre 1986, où j’ai été convoqué à mon grand étonnement, vraisemblablement parce qu’on craignait la défection de Faye, qui contestait durement la direction du GRECE, à ce moment ; après cette intervention au colloque de 86, je n’ai plus eu de contacts avec le GRECE jusqu’en mai-juin 1989, période où Charles Champetier m’a demandé de prononcer cet exposé sur la post-modernité de juin 89, à la tribune du Cercle Héraclite. J’avais toutefois reçu une lettre de C. Champetier en juin 1988, me demandant une collection complète de mes publications pour ses archives personnelles. Champetier n’avait pas encore pris contact avec le GRECE. Je l’ai rencontré pour la première fois le 31 juillet 1988 en Suisse, lors d’une assemblée de la Lugnasad, organisée à l’occasion de la fête nationale helvétique. Champetier est ensuite venu à Bruxelles en septembre 88 me demander des conseils sur la voie à suivre. Il a investi la ND, où il n’y avait quasi plus personne, donnant au mouvement d’A. de Benoist un souffle nouveau. C’est dans le cadre de ses nouvelles fonctions au GRECE que Champetier m’a invité en juin 1989, ainsi qu’en mars 1990, pour un colloque sur le futurisme, avec Jean-Marc Vivenza et Omar Vecchio. Alessandra Colla accompagnait ces exégètes du futurisme. Je n’ai en aucune façon influencé Champetier dans le choix des orateurs. C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec la future Présidente du Bureau Européen de Synergies Européennes et avec J. M. Vivenza, grâce, je tiens encore à le préciser, à l’entremise de C. Champetier et dans le cadre du GRECE. Mais aussitôt après cette manifestation consacrée au futurisme, derrière le dos de Champetier, une campagne de dénigrement systématique a été habilement orchestrée contre Vivenza (un “fou”) et A. Colla (une “dangereuse extrémiste”) et, partiellement, contre moi-même. Champetier a fini par prendre ces ragots pour argent comptant et par perdre son indépendance d’esprit ; il a acquis les réflexes sectaires de l’apparatchik et perdu toute originalité intellectuelle. Pire : il a abandonné ses propres initiatives, le groupe de réflexion IDEE et, un peu plus tard, sa revue, modeste mais pertinente, Métapo. C. Champetier ne s’est jamais posé de questions sur les raisons pratiques ou psychiatriques qui poussaient son “chef” à colporter des ragots infondés contre certaines personnes (surtout quand elles sont dotées d’un véritable diplôme universitaire ou, même, d’une petite peau d’âne de bachelier !). Un tel comportement empêchait à l’évidence le mouvement de se développer : un tel sabotage systématique est-il le résultat d’une défaillance comportementale ou psychique ou bien, plus subtilement, est-ce une tactique dûment réfléchie et inspirée par certains services ? Trop jeune et finalement fort naïf, C. Champetier ne s’est apparemment jamais rendu compte de la situation… De même, en ne répondant pas aux questions que je posais (à sa propre demande !!!), l’animateur principal du GRECE maintenait son mouvement dans un “flou artistique”, permettant toutes les manipulations. De plus, alors qu’il annonçait vouloir rompre avec certains éléments passéistes de son groupe, on constate, dix ans après, que les mêmes olibrius encombrants et ridicules (un ridicule qui tue !) continuent leurs pitreries druidico-avinées, cucu-nazies et pagano-burlesques en marge des discours doctes de de Benoist et Champetier, qui affirment, avec les trémolos de la vierge effarouchée, qu’ils n’ont rien à voir avec le IIIe Reich (ni avec David Mortimerson). -
Vox Populi - l'homme n'est pas une marchandise