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tradition - Page 399

  • Troisième marche de la fierté tourangelle samedi 26 janvier 2013

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    TOURS (NOVOpress) — Le samedi 26 janvier 2013, l’association patriote enracinée Vox Populi organise la troisième marche de la fierté tourangelle.

    Pour Vox Populi, il s’agit d’« ancrer une tradition qui, chaque année, permettra aux Tourangeaux fiers et forts de leur identité de venir l’affirmer dans la rue en hommes libres qu’ils sont. »

    En organisant cette marche, Pierre Louis Mériguet, porte-parole de Vox Populi, affirme : « Fervents défenseurs de nos patries charnelles, nous sommes les héritiers de Balzac, Jeanne d’Arc, Charles Martel, Maurras, Raspail, Ronsard et tant d’autres. Les vignes du Vouvrillon coulent dans nos veines et la basilique Saint Martin ainsi que les châteaux de la Loire sont une partie des richesses qui marquent notre différence. Si certains portent cet héritage comme un fardeau et veulent l’oublier, les enracinés que nous sommes le revendiquent la tête haute, sans rougir. Loin de nous l’idée de rester figés dans l’image d’un passé idéalisé en pensant que tout était mieux avant, mais nous savons néanmoins que pour construire l’avenir, il faut déjà savoir se souvenir de ce qui nous définit. »

    http://fr.novopress.info

  • Adieu !

    La perte d’honneur tue. Chez les hommes et les femmes de devoir, la sensation d’avoir failli peut entraîner le geste irréversible. C’est ce qui est arrivé à Jacinta Saldanha, infirmière qui a cru au canular, organisé par une radio australienne 2Day FM. Réalisant qu’elle avait permis à cette radio de diffuser à l’antenne des informations qui devaient rester confidentielles, elle s’est suicidée.

    Je veux bien penser que ses auteurs ne pensaient pas que ce canular aboutirait au suicide d’une infirmière, mais quelles sont donc les valeurs de ces humoristes qui croient que pour une plaisanterie douteuse de trente secondes, on a le droit de piétiner l’honneur de deux personnes ? Les infirmières au service de Kate Middleton, enceinte d’un héritier du trône britannique, ont évidemment un sens du devoir poussé et se moquer d’elles ouvertement en se faisant passer respectivement pour le prince Charles et la reine d’Angleterre, dans le seul but de leur faire trahir le secret médical, relève de l’action honteuse. L’une de ces femmes s’en est voulu (alors qu’elle n’avait pas failli, croyant réellement avoir affaire à la reine d’Angleterre) et a mis fin à ces jours.

    Suis-je le seul à en avoir assez que le créneau « humour » dans les média soit détenu par des nihilistes animés de mauvaises intentions, qui ricanent constamment, tentant de détruire ce qui est sacré aux yeux des autres ? Il n’y a rien de drôle à profiter du fascisme du micro pour attaquer une infirmière qui ne fait que son devoir. Même sans ce suicide, cette action radiophonique relevait du lamentable.

    Ces humoristes Mel Greig et Michael Christian font maintenant mine de regretter leur geste. Leurs larmes de crocodiles ne trompent personne, déjà suspendus d’antenne, il essayent simplement de sauver leur poste voire leur carrière.

    Adieu donc Jacinta Saldanha, vous étiez une femme d’honneur à l’inverse de ceux qui ont pénétré de force dans votre hôpital via le téléphone.

    Cadichon  http://www.actionfrancaise.net

  • Carl Schmitt toujours plus actuel par Georges FELTIN-TRACOL

    « Une métamorphose de la notion d’espace est aujourd’hui en marche, en profondeur, sur un large front, dans tous les domaines de la pensée et de l’action humaines (p. 198) », relève en observateur avisé Carl Schmitt en 1941. Lancée par la Première Guerre mondiale, accélérée par la Seconde, amplifiée par la Décolonisation, la Guerre froide et la construction européenne, puis d’autres ensembles régionaux (A.S.E.A.N., Mercosur, Union africaine…), cette mutation majeure arrive à sa plénitude dans la première décennie du XXIe siècle.

    Les deux textes de Carl Schmitt, « Le tournant vers le concept discriminatoire de la guerre » et « Le droit des peuples réglé selon le grand espace proscrivant l’intervention de puissances extérieures. Une contribution au concept d’empire en droit international », qu’éditent en un seul volume les Éditions Krisis, agrémentés d’une préface de Danilo Zolo, d’un appareil rigoureux de notes et d’explications réalisé par Günter Maschke et assortis en appendices de deux articles hostiles d’un juriste S.S., Werner Best, apportent une nouvelle fois une puissante confirmation au cours du monde. À l’heure où l’Occident bombarde la Libye, sanctionne la Syrie et l’Iran, intervient au Kossovo, en Irak, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire ou au Congo ex-Zaïre, les pertinences de l’auteur de la Théorie de la Constitution apparaissent visionnaires.

    En dépit d’approches apparentes dissemblables, ces deux écrits sont en réalité complémentaires. En juriste classique, Schmitt considère que « le droit international, jus gentium, donc droit des gens ou des peuples, est un ordre concret, que détermine d’abord l’appartenance des personnes à un peuple et à un État (p. 144) ». Or les traités de paix de 1919 et la fondation de la Société des nations (S.D.N.) explicitement responsable du maintien de la paix entre les États, modifient le cadre juridique traditionnel. Le S.D.N., organisme supranational et embryon d’une direction politique mondiale, réhabilite les notions de « guerre juste » et de « guerres injustes », ce qui est une véritable révolution. Jusqu’en 1914, « le droit international est bel et bien un “ droit de la guerre et de la paix ”, jus belli ac pacis, et le restera tant qu’il sera un droit des peuples autonomes, organisés dans un cadre étatique, c’est-à-dire : tant que la guerre entre États, et non une guerre civile internationale (p. 41) ». Avec la nouvelle donne, Schmitt remarque que « la problématique du droit de la S.D.N. […] a très clairement mis en évidence qu’il n’agit plus, et ce depuis longtemps, de normes nouvelles, mais d’ordres nouveaux auxquels de très concrètes puissances s’efforcent de donner forme concrète (p. 47) ». Émanant du trio occidental États-Unis – France – Grande-Bretagne, une soi-disant « communauté internationale » (qui ignore la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie) cherche à s’imposer avec la ferme intention d’exercer un droit de regard total sur les autres souverainetés étatiques. La S.D.N. semblait prêt à susciter un tel ensemble constitutionnel planétaire flou dont la loi fondamentale deviendrait un droit international supérieur au droit des États. Dans cette perspective, « tout individu est donc en même temps citoyen du monde (au plein sens juridique du terme) et citoyen d’un État (p. 59) ».

    Carl Schmitt devine déjà le déclin de l’État-nation, d’autant que celui-ci se retrouve sous la menace permanente de rétorsion, car, dans cette nouvelle configuration, « pour défendre la vie et la liberté des individus, même ressortissants de l’État en question, les autres gouvernements, et tout particulièrement la S.D.N., possèdent en droit international la compétence de l’intervention […]. L’intervention devient une institution juridique normale, centrale dans ce système (p. 59) ». Il en résulte un incroyable changement de paradigme dans les relations inter-étatiques. « Dès lors par conséquent qu’un ordre de droit international distingue, en vertu d’une autorité supra-étatique reconnue par les États tiers, entre guerres justifiées et injustifiées (entre deux États), l’opération armée n’est autre, du côté justifié, que mise en œuvre du droit, exécution, sanction, justice ou police internationale; du côté injustifiée, elle n’est que résistance à une action légitime, rébellion ou crime, autre chose en tous cas que l’institution juridique connue sous le nom de “ guerre ” (pp. 86 – 87). » Ces propos présentent une tonalité particulièrement actuelle avec l’existence du T.P.I.Y. (Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) ou de la C.P.I. (Cour pénale internationale).

    Ne nous étonnons pas ensuite que les pouvoirs occidentaux violent leurs propres constitutions. De même qu’en 1939, contre la Serbie en 1999, puis contre la Libye en 2011, les organes législatifs états-unien, britannique ou français n’ont jamais voté la moindre déclaration de guerre. Ils ne font qu’entériner a posteriori la décision belliciste de leurs exécutifs. Il ne s’agit pas, pour ces derniers, de combattre un ennemi; il s’agit plutôt d’extirper une manifestation du Mal sur Terre. Par ailleurs, les opinions manipulées n’aiment pas le mot « guerre ». En revanche, les expressions « maintien de la paix », « défense des populations civiles », « lutte contre la dictature sanguinaire et pour la démocratie et les droits de l’homme » permettent l’adhésion facile des masses aux buts de guerre de l’hyper-classe oligarchique.

    Bien avant George W. Bush et ses « États-voyous », Carl Schmitt parle d’« État-brigand (p. 91) ». Mieux, dès 1937, il décrit la présente époque : « lorsqu’on exerce des sanctions ou des mesures punitives de portée supra-étatique, la “ dénationalisation ” de la guerre entraîne habituellement une différenciation interne à l’État et au peuple, dont l’unité et la cohésion subissent un clivage discriminatoire imposé de l’extérieur, du fait que les mesures coercitives internationales, à ce qu’on prétend du moins, ne sont pas dirigées contre le peuple, mais seulement contre les personnes se trouvant exercer le pouvoir et leurs partisans, qui cessent par lui-même de représenter leur État ou leur peuple. Les gouvernants deviennent, en d’autres termes, des “ criminels de guerre ”, des “ pirates ” ou – du nom de l’espèce moderne et mégalopolitaine du pirate – des “ gangsters ”. Et ce ne sont pas là des expressions convenues d’une propagande survoltée : c’est la conséquence logique, en droit, de la dénationalisation de la guerre, déjà contenue dans la discrimination (p. 90) ». On croirait que Schmitt commente les événements survenus à Belgrade, à Bagdad ou à Tripoli !

    La distinction entre le peuple et ses dirigeants tend même à s’effacer. Pressentant l’hégémonie du tout-anglais simplifié, Carl Schmitt remarque : « lorsqu’un grand peuple fixe de sa propre autorité la manière de parler et même de penser des autres peuples, le vocabulaire, la terminologie et les concepts, c’est là un signe de puissance politique incontestable (note 53, p. 169) ». Et on n’était alors qu’aux balbutiements de la radio, du cinéma et de la télévision ! L’intervention n’est pas que militaire; elle comporte aussi des facettes économiques et culturelles indéniables. Plus que les dirigeants, les idéologies ou les États, ce sont les peuples que le nouveau droit international entend éliminer. Jugeant que « l’individualisme et l’universalisme sont les deux pôles entre lesquels se meut ce système de droit international (p. 57) », Carl Schmitt prévoit qu’« avant de supprimer le concept de guerre et de passer de la guerre des États à la guerre civile internationale, il faut supprimer l’organisation étatique des peuples (p. 93) ». En outre, il importe d’exclure dans ce nouveau contexte la notion de neutralité qui amoindrirait toute intervention militaire internationale.

    En partant du fait que « tout ensemble ordonné de peuples sédentaires, vivant côte à côte en bonne intelligence et dans le respect réciproque, relève, outre les déterminations personnelles, de l’espace ordonné d’un territoire concret (p. 144) », Carl Schmitt préconise le recours au grand espace et à l’empire. « Les mots de “ grand espace ” expriment pour nous la métamorphose des représentations de l’espace terrestre et de ses dimensions qui dicte son cours à la politique internationale d’aujourd’hui […]. Le “ grand espace ” est pour nous une notion d’actualité, concrète, historico-politique (p. 145) ». Par maintes références, Schmitt montre qu’il a lu les écrits de Karl Haushofer et qu’il suit avec un intérêt certain les nombreux travaux des géographes allemands. Dès cette époque, il nourrit sa réflexion des apports du droit et de la géopolitique.

    Admirateur de l’État-nation, en particulier dans ses formulations française et espagnole, l’auteur n’abandonne pas le concept. Il considère seulement que tous les peuples n’ont pas à avoir leur propre État parce qu’« il faut aujourd’hui, pour un nouvel ordre planétaire, pour être apte à devenir un sujet de premier plan du droit international, un potentiel énorme, non seulement de qualités “ naturelles ”, données telles quelles par la nature, mais aussi de discipline consciente, d’organisation poussée, et la capacité de créer par ses propres forces et de gouverner d’une main sûre l’appareil d’une collectivité moderne, qui mobilise un maximum d’intelligence humaine (p. 185) ». L’empire s’impose donc dès lors.

    On ne doit pas croire pour autant que « l’empire est plus qu’un État agrandi (p. 192) ». L’empire dépasse, transcende les souverainetés étatiques, nationales, par sa souveraineté spatiale. « L’ordre du grand espace appartient à la notion d’empire, grandeur spécifique du droit international. […] Sont “ empires ” […] les puissances dirigeantes porteuses d’une idée politique rayonnant dans un grand espace déterminé, d’où elles excluent par principe les interventions de puissances étrangères. Le grand espace n’est certes pas identique à l’empire, au sens où l’empire serait lui-même le grand espace qu’il protège des interventions […]. Mais il est certain que tout empire possède un grand espace où rayonne son idée politique, et qui doit être préservé de l’intervention étrangère. La corrélation de l’empire, du  grand espace et du principe de non-intervention est fondamentale (pp. 175 – 176). » Carl Schmitt aimerait que l’empire et le grand espace soient l’alternative à la fallacieuse « communauté internationale ».

    On sait que l’auteur a élaboré la théorie du grand espace à partir du précédent étatsunien avec la doctrine Monroe (« L’Amérique aux Américains »). Au cours d’un discours devant le Congrès en 1823, le président James Monroe (1817 – 1825) apporte son soutien à l’émancipation des colonies espagnoles d’Amérique et dénie à la Sainte-Alliance qu’il pense fomentée depuis Londres (1) le droit d’intervenir et de rétablir l’ordre colonial. Tout au long du XIXe siècle, l’hémisphère occidental, l’ensemble continental américain, du détroit de Béring au Cap Horn, va se transformer progressivement en un espace privilégié de l’influence, directe ou non, des Étatsuniens, leur « jardin », leur « arrière-cour ». Cette doctrine n’empêchera toutefois pas la guerre de l’Espagne contre le Pérou de 1864 à 1866. Napoléon III tentera, lui aussi, de contrecarrer cette logique de domination spatiale par son action militaire au Mexique entre 1861 et 1867. Longtemps tellurocratique avec la guerre contre le Mexique (1846 – 1848) et la « conquête de l’Ouest », les États-Unis prennent une nette orientation thalassocratique après la Guerre de Sécession (1861 – 1865) (2). Ils achètent à la Russie l’Alaska en 1867, annexent les îles Hawaï en 1898, battent l’Espagne la même année, imposent un protectorat à Cuba et aux Philippines, s’emparent de Porto Rico et d’une partie des îles Vierges dans les Antilles, fomentent la sécession du Panama contre la Colombie en 1903 et achèvent le creusement du canal transocéanique. Cette politique s’accomplit vraiment sous la présidence de Theodore Roosevelt (1901 – 1909) avec des interventions militaires répétées en Amérique centrale et la médiation de paix entre la Russie et le Japon en 1905. Toutes ces actions démontrent l’intention de Washington de surveiller le continent américain en l’encadrant par le contrôle des marges maritimes et océaniques. Dès la fin des années Trente, Schmitt comprend que la Mer est « un “ espace ” de domination humaine et de déploiement effectif de la puissance (p. 190) ».

    Toutefois, Carl Schmitt ne souhaite pas généraliser son raisonnement. Il insiste sur l’inadéquation des perceptions géostratégiques étatsuniennes et britanniques. Le grand espace étatsunien va à l’encontre de la stratégie de Londres qui « ne porte pas sur un espace déterminé et cohérent, ni sur son aménagement interne, mais d’abord et avant tout sur la sauvegarde des liaisons entre les parties dispersées de l’empire. Le juriste, surtout de droit international, d’un tel empire universel tendra donc à penser, plutôt qu’en espaces, en routes et voies de communication (pp. 163 – 164) ». En effet, « l’intérêt vital des routes maritimes, des lignes aériennes (air-lines), des oléoducs (pipe-lines) est incontestable dans l’empire disséminé des Britanniques. Disparité et opposition, en droit international, entre pensée spatiale et pensée des voies et des routes, loin d’être abolies ou dépassées, ne font que se confirmer (p. 164) ». Au zonisme continental, Schmitt met donc en évidence le linéairisme ou le fluxisme du dessein britannique et surtout anglais depuis John Dee et le XVIe siècle (3). Il en ressort que « le mode de pensée juridique qui va de pair avec un empire sans cohérence géographique, dispersé sur toute la planète, tend de lui-même aux arguments universalistes (p. 163) ». Parce que les Britanniques entendent s’assurer de la sécurité de leurs voies de communication afin de garantir le commerce maritime et la sûreté de navigation, Londres pense le monde en archipels épars alors que Monroe et ses successeurs le voient en continents.

    Devenue puissance mondiale au cours du XXe siècle, les États-Unis adoptent à leur tour la vision britannique au grand dam des « paléo-conservateurs » et pour le plus grand plaisir des néo-conservateurs ! Avant de connaître la passation définitive du sceptre de Neptune de Londres à Washington, Carl Schmitt explique que « la “ liberté ” n’est […] rien d’autre, dans les crises de la politique, qu’une périphrase de l’intérêt, aussi particulier que compréhensible, de l’empire britannique pour les grandes voies de circulation du monde (p. 168) ». Cela implique la dissolution de toute structure ferme et l’avènement d’un brouillard conceptuel perceptible dans la formulation du droit. « Aujourd’hui, la vraie question n’est donc plus : guerre juste ou injuste, autorisée ou non autorisée ? Mais : guerre ou non-guerre ? Quant au concept de neutralité, on est déjà rendu à l’alternative : y a-t-il encore neutralité ou n’y en a-t-il plus ? (p. 85) »

    Contre cette tendance lourde, Carl Schmitt propose le grand espace et l’empire comme concepts ordonnateurs et vecteurs du nouvel ordre de la Terre garant de la pluralité des groupes politiques humains enchâssés sur leurs terrains, leurs sites, leurs terroirs parce que « tout ordre concret, toute communauté concrète ont des contenus locaux et spatiaux spécifiques (p. 205) ». De fort belles réflexions à lire d’urgence et à méditer longuement ! Gageons enfin que cette parution déplaira à Yves Charles Zarka. On s’en réjouit d’avance !
    Georges Feltin-Tracol  http://www.europemaxima.com

    Notes :
    1 : Cette hostilité envers la Grande-Bretagne n’est pas surprenante. La Seconde Guerre d’Indépendance américaine entre 1812 et 1815 était encore dans toutes les mémoires avec l’incendie en 1814 de la Maison Blanche de la Maison Blanche. L’apaisement définitif entre Londres et Washington se produira vers 1850.
    2 : On peut néanmoins déceler des velléités thalassocratiques bien avant 1865. La Quasi-Guerre (1798 – 1800) contre la France est uniquement un conflit naval et économique. En août 1815, la marine de guerre étasunienne intervient en Méditerranée contre les pirateries d’Alger, de Tunis et de Tripoli (qui avait déclaré la guerre à la jeune République états-unienne entre 1803 et 1805). En 1816, Washington négocia auprès du royaume des Deux-Siciles une base militaire et économique sur l’île de Lampedusa. Les États-Unis durent renoncer à ce projet devant le mécontentement de Londres.
    3 : cf. Philippe Forget, « Liens de lutte et réseaux de guerre », dans Krisis, n° 33, « La guerre ? », avril 2010, en particulier pp. 149 – 153.

    • Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, Paris, Éditions Krisis (5, rue Carrière-Mainguet, 75011 Paris), 2011, 289 p., 25 €, préface de Danilo Zolo, notes et commentaires de Günter Maschke, traduction de François Poncet.

  • Le 13 janvier, tous à Paris !

    18nov-manif1.jpgLe gouvernement actuel de Jean-Marc Ayrault veut actuellement faire accéder les couples homosexuels au mariage civil et à l'adoption, laissant la porte ouverte aux pires manipulations embryonnaires. Une telle loi mettrait en péril l'équilibre des Français de demain. Jamais, dans toute l'histoire de l'humanité, on ne s'était aventuré vers des utopies aussi délirantes. Purs objets de convoitise égoïste, les enfants deviendraient alors les malheureuses victimes des caprices humains. Mais la nature ne pourra que rappeler le fruit du plan divin : qu'on le veuille ou non, pour que naisse  un enfant, il faut un homme et une femme. Jamais aucune loi ne changera cette irrémédiable réalité.
    Devant la tragédie qui se trame, nous devons employer tous les moyens pour interrompre un projet dont les auteurs paraissent aussi cyniques qu'inconscients. Dès l'été, nous avions invité les Français à défiler nombreux autour de nous dans les rues de Paris le 18 novembre. Ce premier rendez-vous fut un succès auquel les opposants n'ont cru pouvoir répondre que par une mascarade médiatique de quelques activistes provocatrices, dénudées et rémunérées. 
    À la suite de notre appel estival, l'émotion des Français a suscité d'autres initiatives les 17 novembre et 8 décembre. L'unité nécessaire pour fédérer le plus grand nombre n'a pas été trouvée à ces dates. Aussi, ne désirant pas devenir devant l'histoire les auteurs de divisions stériles qui serviraient la triste cause d'une poignée d'homosexualistes et considérant la gravité des faits devant lesquels nous sommes confrontés, nous prenons l'initiative d'appeler à une large mobilisation en demandant aux Français de rejoindre les rangs de l'Institut Civitas dans les rues de Paris le 13 janvier, à l'occasion de la grande marche organisée contre ce projet de l'équipe Ayrault. Nous défilerons sans masquer notre identité ni honte pour notre foi chrétienne, forts de nos convictions, récusant tout esprit de haine pour notre prochain, mais réprouvant fermement les divagations d'un microcosme parisien. Pour notre part, nous ne quémandons aucune amélioration du PaCS. Nous ne perdrons pas non plus notre temps en tactique dilatoire qui consisterait à réclamer des états généraux ou un référendum. Nous irons droit au but en demandant au président de la République de retrouver le bon sens et de retirer le texte gouvernemental auquel lui-même ne semble pas croire.
    Ne nous méprenons pas. Le 13 janvier prochain, les journalistes acquis à la cause du projet de loi tenteront de faire diversion par quelque épiphénomène médiatique dont ils ont le secret, dans l'unique but de victimiser les promoteurs du mariage homosexuel. Nous leur répondrons par une mobilisation de masse qui fera inévitablement reculer le gouvernement.
    Alain Escada,
    président de Civitas http://www.civitas-institut.com/

  • Florian Rouanet - Le nationalisme (Militant)

     version originale  http://fr.gloria.tv/?media=355979

  • Cet antichristianisme qui se développe en France

    Le Colloque pour la Vie organisé à Biarritz il y a quelques jours par Mgr Aillet a connu un traitement assez similaire à celui de la manifestation du 18 novembre organisée par CIVITAS contre le projet de loi dénaturant le mariage et la parenté. Voilà qui n'est pas un détail et qui mériterait l'attention de tous les catholiques de France.

    Dans les deux cas, ces événements ont fait l'objet de provocations haineuses de la part de milieux unis par un antichristianisme primaire et viscéral qui s'accompagne d'une volonté explicite de subvertir la famille et la moralité. « Aillet, occupe-toi de ton c… », « God save the gouine », « Oui, oui, oui, à la sodomie, non, non, non, à l’inquisition ! », tels étaient les slogans de Biarritz. Parmi les porteurs de cette dernière pancarte, des hommes travestis en religieuses et des femmes affublées de cornes de diable. De quoi nous rappeler l'attaque des FEMEN dénudées, coiffe de religieuse sur la tête et inscriptions pornographiques et blasphématoires sur le corps.

    Le second point commun entre ces deux événements, c'est leur traitement médiatique. Dans les deux cas, les médias n'ont que peu évoqué la réussite de mobilisation de ces événements. Quasiment tous les gros médias ont préféré, dans un cas comme dans l'autre, insister essentiellement sur les contre-manifestations, faisant la part belle aux agitateurs.

    Troisième point commun : les propos de parlementaires socialistes à l'égard de ces événements. A propos de ce colloque pour la Vie, le député PS présent, Sylviane Alaux, parlait à la presse « de provocation pure et simple ». De quoi ici aussi nous souvenir des propos insultants tenus par différents ministres et parlementaires socialistes à l'égard de la manifestation du 18 novembre et de ces 20.000 participants. Et, bien sûr, jamais la moindre condamnation des provocations antichrétiennes pourtant incontestables. On se souviendra pourtant que la même famille socialiste n'avait pas manqué de dénoncer les "provocations" lorsque l'actualité s'était arrêtée sur une obscure bande-annonce -circulant uniquement sur internet- d'un film se moquant de Mahomet ou sur une caricature blessante pour les musulmans publiée dans Charlie Hebdo. Le parti socialiste confirme ainsi ce que beaucoup savaient déjà : au nom de la laïcité républicaine, il s'émeut de toute "islamophobie" tout en applaudissant chaque démonstration de "christianophobie".

    Pour les fondamentalistes de la laïcité, l'ennemi c'est le christianisme. Il est essentiel que chaque catholique en prenne conscience.

    Alain Escada,  président de Civitas

    Le "débat pour tous" selon Binet, rapporteur de la loi homosexualiste
    Le candidat Hollande l'a promis : la « présidence normale » serait celle de l'écoute des citoyens, en rupture avec la présidence « brutale » de Sarkozy. Chose promise, chose due : dans le cadre des tables-rondes organisées sur le « mariage pour tous », Erwann Binet, député PS et rapporteur de la loi pro-homo qui se prépare, a décidé de consulter les différentes parties en toute objectivité. Jugez-en par vous même :
    La première table-ronde a été celle des juristes. Un grand moment de débat démocratique : cinq juristes invités, cinq favorables au projet de loi gouvernemental (encore qu'au vu des positions de certains, il semblerait que le projet gouvernemental n'aille pas assez loin). Le Sieur Binet aurait eu du mal à trouver des juristes contre le projet de loi. Pourtant, seuls quelques... centaines de juristes ont signé l'appel pour le pluralisme à l'Assemblée Nationale sur le débat du mariage et de l'adoption pour tous[1]. Mais sans doute n'est-ce pas encore assez pour M. Binet ?

    Ne soyons pas cyniques. Il n'y eut pas que la table ronde des juristes. La table ronde des sociologues garantissait en effet l'objectivité, puisqu'elle était composée de... Irène Théry, sociologue favorable au projet de loi, Martine Gross, présidente d'honneur de l'Association des Parents Gays et Lesbiens et Virginie Descouture, sociologue qui a notamment reproché au Gouvernement d'être incohérent en excluant la procréation médicalement assistée du débat.

    Il fallut attendre la table ronde réunissant les « psys » pour avoir un semblant de débat. (Rassurons-nous cependant : les opposés au projet de loi était en légère minorité). Enfin, cerise sur le gâteau, M. Binet invita les associations françaises et européennes de lesbiennes, gays et autres trans-je-ne-sais-quoi. Les pauvres, peut-être n'ont-ils pas eu le temps de s'expliquer suffisamment ?

    Face à ces débats (sic) on ne peut plus partiaux, les représentants des religions – connus pour leur opposition – ont eu droit à un peu de temps. Reconnaissons-le, la stratégie du Binet est habile : on invite ces représentants au nom de la DEMOCRATIE, et ce faisant on laisse supposer qu'il n'y a plus que les religions pour s'opposer au « mariage pour tous ».

    Enfin, deux autres tables-rondes doivent encore être organisées : l'une – sur laquelle nous n'avons pas d'informations – est prévue le 13 décembre et réunira les philosophes et les ethnologues ; l'autre est annoncée pour le 20 décembre et permettra de finir en beauté. Le thème ? L'approche des familles homoparentales ! Au cas où nous n'aurions pas compris...

    Quand on voit un tel programme et la composition de la plupart des tables-rondes, on a envie de penser : Staline l'a rêvé, Binet l'a fait !

    Puisque le combat actuel contre l'homofolie se déroule dans le cadre constitutionnel du système démocratique, on aurait aimé que la procédure contradictoire fusse respectée jusqu'au bout. Ne soyons pas naïfs pour autant : les démocrates autoproclamés, férus de débats et de dialogues, sont souvent prompts à suspendre la règle du débat démocratique équilibré lorsque ses résultats ne leur conviennent plus. C'est pour eux un procédé Hollande, pardon... normal.

    Henri Préhaut

    Sources : www.lavie.fr -  www.assemblee-nationale.fr - www.consultation-nationale.fr

    [1]      Voir notamment le site : www.consultation-nationale.fr

    http://www.civitas-institut.com/

  • Une vingtaine de députés de gauche contre la dénaturation du mariage

    L’unité se fissure de plus en plus au sein de la gauche. Carlos da Silva, député PS de l’Essonne, suppléant de Manuel Valls depuis dix ans, déclare :

    « Je me suis beaucoup interrogé sur le mariage pour tous, j’ai beaucoup hésité. Je suis sceptique dès lors qu’il s’agit de toucher à l’ordre sociétal de notre pays. Je suis sceptique parce que je considère aussi qu’il faut, dans le travail du gouvernement, ne pas se limiter à ses mesures sociétales ».

    Au terme de plusieurs mois de réflexions et surtout de pressions, l’élu socialiste a décidé qu’il votera « pour » le mariage et l’adoption par les homosexuels.

    « Mais je voterai contre la procréation médicalement assistée, que ce soit devant le groupe, en commission ou en séance. La PMA ne fait pas partie des engagements de François Hollande ».

    Pour le moment, seuls le maire de Lyon, Gérard Collomb, ou l’ex-premier ministre, Lionel Jospin, sont ouvertement critiques. Le député maire de Chambéry, Bernadette Laclais, est contre. Comme le député des Yvelines Jean-Philippe Mallé, suppléant du ministre Benoît Hamon :

    « C’est non pour le mariage, non pour l’adoption, non pour la procréation médicalement assistée ».

    Le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier est également contre. Comme Jérôme Lambert, Patrice Carvalho et Gérard Charasse. Dominique Potier est furieux de l’absence de débat au sein même du PS :

    « Il me semblerait de bon aloi que le PS et le groupe socialiste nous autorisent à nous exprimer sur ce sujet ».

    Le Salon Beige

  • ACTION FRANÇAISE Une histoire intellectuelle

    Nous commençons, à propos de la nouvelle édition de l'ouvrage de François Huguenin consacré à l'Action française, l'évocation d'un siècle d'histoire intellectuelle, d'autant que l'auteur, révisant certains de ses jugements publiés en 1998, les nuance à l'excès, au risque de verser parfois dans l'incohérence.
    IL EST INHABITUEL, nous en avons conscience, d'ouvrir la critique d'un livre, en l'occurrence d'une « édition revue et augmentée », par la critique de la critique... C'est pourtant ce que nous avons fait, sur le site de l'Action française, à propos de la réédition du livre de François Huguenin, À l'École de l'Action française, publiée cet automne sous un titre plus neutre, L'Action française, une histoire intellectuelle. Et nous ne le regrettons pas 1. D'autant que François Sureau, dans Le Figaro littéraire du 9 novembre, semble confirmer le jugement, dépréciatif, de Patrice de Plunkett, que nous avons épinglé 2 : « Peut-être a-t-on exagéré Maurras, et c'est l'immense mérite du livre exigeant et subtil de François Huguenin de le remettre à sa juste place. » Car la même condamnation et, sinon les mêmes contresens, du moins leur expression convergente, ne laissent pas d'interroger. Qu'est donc l'ouvrage de François Huguenin devenu ?
    En 1998, la parution du livre avait été légitimement et unanimement saluée par la critique. D'autant qu'il ne laissait quasiment rien dans l'ombre de la multiplicité de l'influence d'une école de pensée - d'où le titre originel - sur les plans politique évidemment, mais également intellectuel, religieux et spirituel, littéraire, artistique ou géopolitique. Ce balayage de près d'un siècle d'histoire intellectuelle était fait, nous prévenait alors la quatrième de couverture, « sans indulgence ni manichéisme vis-à-vis des errements de l'antisémitisme ou du ralliement de Vichy d'une partie des intellectuels d'Action française ». Aujourd'hui, la quatrième de couverture nous prévient que l'étude est réalisée « sans indulgence vis-à-vis des dévoiements de l'antisémitisme ou du ralliement à Vichy ». Certes, chacun connaît le dicton editore, traditore, mais, tout de même, perce une interrogation majeure : entre 1998 et 2011, François Huguenin serait- il devenu « manichéen » ?
    L'auteur prévient d'emblée : sa nouvelle édition, à ses yeux « définitive », prend non seulement en considération la bibliographie la plus récente, mais développe également « un certain nombre de points qui, à la relecture, [lui] avaient paru insuffisamment traités », notamment « la xénophobie maurrassienne », l'antisémitisme, les relations entre l'Action française et le catholicisme et l'héritage de la pensée réactionnaire (Huguenin ayant écrit entre-temps un ouvrage justement remarqué sur Le Conservatisme impossible), si bien que « la conclusion de ce livre [...] est substantiellement différente de celle [...] livrée en 1998 » (14-15 3). Comment ne pas s'en réjouir, du moins a priori ? D'autant que Huguenin nous prévient avoir fort heureusement « retranché quelques longueurs parfois ». Nous verrons toutefois qu'on n'est jamais si bien trahi que par... sa propre modestie. On comprendra que cette nouvelle « profondeur de champ » fasse l'objet de notre analyse.
    1 – Nous renvoyons à nos deux articles parus sur Internet : http://www.actionfrancaise.net/craf/?PONCIFS-ANTIMAURRASSIENS-1 et http://www.actionfrancaise.net/craf/?PONCIFS-ANTIMAURRASSIENS-II
    2 – Patrice de Plunkett se demande notamment, entre autres amabilités : « Comment expliquer le prestige de Maurras durant les années 1920-1930 ? Que des auteurs de l'envergure de Maritain ou Bernanos aient été "mêlés de si près" à l'histoire de l'Action française, semble une énigme aujourd'hui. »
    3 – Nous mettons entre entre parenthèses le numéro des pages.
    La question de l'antisémitisme, de la xénophobie et du populisme (I)
    FRANÇOIS HUGUENIN n'a pas tort de remarquer d'emblée, car c'est une constatation, non un jugement, que si « l'image de l'Action française est considérablement dégradée depuis cinquante ans, en dépit de son refus viscéral des totalitarismes que d'autres mouvements célébrèrent sans complexe », c'est « pour deux raisons presque successives » : Vichy et l'antisémitisme (11). D'où un nouveau chapitre, sur la « Tunique de Nessus » que constituerait pour l'AF l'antisémitisme maurrassien. Chapitre ô combien douloureux, compte tenu de la tragédie historique. Toutefois, rappelant que pour Maurras l'antisémitisme de peau est un mal (40), et que l'antisémitisme maurrassien est « inassimilable à un antisémitisme biologique à la manière nazie », pourquoi affirmer quelques lignes plus loin que, même replacé dans son époque, le concept de « Juifs bien nés », « dans son ambiguïté même, relativise dangereusement la distinction que l'Action française a toujours voulu prôner entre antisémitisme d'État et antisémitisme de race » (41) ? Comment deux termes « inassimilables » peuvent-ils être relativisés, c'est-à-dire mis en relation et donc rendus semblables à certains égards, c'est là un mystère logique que nous ne saurions résoudre. Peut-on parler de « délire paranoïaque » (42) à propos de Maurras seul quand on avoue aussitôt après, avec justesse, que son antisémitisme était une « vision alors partagée avec les syndicalistes révolutionnaires de l'extrême gauche engagés dans la lutte insurrectionnelle » (ibid.) et que l'on a rappelé auparavant que Clemenceau évoquait, en 1898, « le Juif crasseux » au « nez crochu » (cherchez : vous ne trouverez pas cela chez Maurras), et que Jaurès dénonçait, après Fachoda, « dans l'action juive un cas particulièrement aigu de l'action capitaliste », prônant un « socialisme nuancé d'antisémitisme » (38) ? Du reste, s'appuyant sur Michel Herszlikowicz, il reconnaît peu après « l'irréductibilité de la position maurrassienne au racisme nazi et à ses conséquences immédiatement démoniaques », « jusqu'à l'abandon définitif de tout discours antisémite » par l'Action française (42-3).
    L'enkystement intellectuel de Maurras sur la question de l'antisémitisme est à la fois suffisamment douloureux et réel pour ne pas justifier le soupçon d'être autre que ce qu'il a été : une permanence (ignorée de Bainville, abandonnée par Daudet) d'un héritage multiple du XIXe siècle, dont Pierre Boutang a montré qu'il n'était pas essentiel à la pensée maurrassienne. D'ailleurs Huguenin remarque, dans la première mouture, conservée, de son ouvrage, que « plus la pensée politique de la jeune Action française s'affine, moins l'antisémitisme apparaît » et que la « plupart des antisémites obsessionnels - comme Jules Soury, François de Mahy ou Jules Caplain-Cortambert - ne se convertiront jamais au royalisme » (69-70) : il eût pu tout simplement ajouter le nom de Drumont, Maurras exprimant publiquement en 1903 son désaccord dans La Libre Parole sur le fait que l'antisémitisme pût être la pierre angulaire du redressement national. Drumont mettra autoritairement fin aux articles de Maurras sur le sujet. Alors « délire paranoïaque » ou héritage dépourvu de tout caractère « obsessionnel » ?
    De même, sur la question de la xénophobie et du populisme, le Huguenin nouveau n'évite pas la facilité de mauvais journaliste d'une comparaison avec le... lepénisme (109), se demandant dans un anachronisme qui n'honore jamais l'intelligence, ce que Maurras « aurait exprimé face à l'immigration maghrébine ». Il découvre que, journaliste avant tout, son « discours [...] entremêle, notamment dans les articles du quotidien, un niveau de discours quasi populiste et une réflexion souvent beaucoup plus distanciée de l'événement », ce qui « crée une confusion dont nous avons encore du mal à sortir »... Huguenin n'interroge pas le mot "populiste" dont les résonances en ce début de XXIe siècle ne sont pas les mêmes qu'à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Mais l'anachronisme, mêlé d'une étonnante ignorance, atteint un sommet lorsqu'il reproche à Maurras d'avoir employé le mot "métèque", « qui renvoie également à une insulte courante, liée au délit de faciès » (109), alors même que c'est Maurras qui, dans La Cocarde de Barrès, en 1894, fut... le premier à l'employer en français moderne ! Il ne s'agissait donc pas pour Maurras de reprendre « une insulte courante », mais d'observer, comme il le dira par la suite, que « la République française était sans défense contre ces hôtes [sens du mot métèque : celui qui vit sous le même toit que le citoyen], car ils s'y rendent maîtres de l'Etat dénationalisé » (L'Action Française quotidienne, 6 mars 1927).
    L'auteur "revu et augmenté" oublie également un peu vite que le journalisme, avec ses exigences et contraintes, est un acte politique par excellence pour Maurras, qui avait à ce point conscience de cette difficulté, inhérente au combat quotidien, qu'il tirait - ou faisait tirer - de ses articles des recueils permettant précisément de dégager les « lignes de force » de ses... Politiques. Aussi est-il un peu convenu et décevant de conclure que ce que Maurras énonce serait « une peur », « celle de voir le lieu du vivre ensemble se disloquer et, du coup, se retrouver face à la solitude existentielle de tout son être »... Ces anachronismes bien pensants, ce psychologisme de pacotille sont-il dignes de François Huguenin ? Ils ne l'auraient pas été, en tout cas, de celui de 1998. Du reste, reprenant son ouvrage antérieur, ne reconnaît-il pas, trois pages plus loin, que « l'Action française, dès 1902, se rallie à la conclusion monarchiste de Maurras et s'affranchit du vieux fond de nationalisme populiste » (112, réitéré 113) ? Là encore, les deux vêtements, l'ancien et le nouveau, cousus maladroitement ensemble, jurent...
    À suivre.
    Axel Tisserand L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 1er au 14 décembre 2011
    ✓ François Huguenin, L'Action française, Perrin-Tempus, 686 p., 12 €,

  • Julius Evola : Un traditionaliste européen révolté contre le monde moderne

    Il y a trente-cinq ans disparaissait Julius Evola. La réédition de son ouvrage capital, Révolte contre le monde moderne ainsi que la publication d'un Guide des citations sont l'occasion de revenir sur l'oeuvre de l'un des plus grands penseurs de la Tradition.

    Contrairement à ce que prétendent certaines rumeurs malveillantes, Julius Evola ne fut ni un fasciste classique, ni un nazi dissimulé. Il a toujours rejeté le totalitarisme et défendu le principe d’organicité. Ennemi des démocraties capitalistes et des régimes communistes qu'il jugeait comme des enfants abâtardis du monde moderne, il ne peut pas être considéré non plus comme un nationaliste, tant le nationalisme lui apparaissait comme un phénomène individualiste et prométhéen, négateur des identités traditionnelles.
    Défenseur de l'Empire vrai, c'est-à-dire de l'organisation politico-religieuse et sociale qui combine l'unité par le haut (légitimité sacrale et européenne) à la diversité par le bas (communautés populaires enracinées), Evola stigmatisait l'égoïsme national ainsi que le cosmopolitisme de masse. Il était favorable à la fédération impériale, pas à l'unification nationale ; à la multiplicité culturelle englobée par une unité spirituelle, pas à l'interchangeabilité d'éléments mélangés au sein d'un espace indistinct ; à la différence comme spécificité de chacun, pas à la ressemblance comme égalité de tous.
    Il souhaitait un pouvoir spiritualisé et différencié qui s'acquerrait grâce à la vigilance d'une élite traditionaliste-révolutionnnaire d'avant-garde. Sans d'ailleurs trop préciser comment pourrait se matérialiser et à quelle religion devraient adhérer les militants d'une telle élite. Et pour cause, il se voulait au-dessus des formes religieuses.
    Antibourgeois d'abord !
    Né à Rome, dans une famille de la petite noblesse sicilienne, le 19 mai 1898, Giulio Cesare Andréa Evola (il adoptera le prénom de Julius par admiration pour l'Antiquité romaine) reste une figure capitale de la droite radicale et traditionaliste européenne. Tour à tour élève-ingénieur, lecteur passionné de philosophie, officier d'artillerie sur le front durant la Première Guerre mondiale, il s'intéresse de très près, les événements terminés, aux mouvements artistiques, dont le dadaïsme. Pour la petite histoire, il se peignait les ongles en vert lorsqu'il se rendait dans certaines soirées, souci de singularité aristocratique, qui nous renvoie, dans les années 50, au port de son énigmatique monocle.
    Insurgé contre le monde bourgeois, Evola s'interroge à cette époque sur la morne condition existentielle de l'homme moderne. Son premier ouvrage, Le yoga tantrique, paraît en 1926. À son propos, Marguerite Yourcenar écrira plus tard avec euphorie : « J'acquis là un de ces ouvrages qui pendant des années vous alimente et jusqu'à un certain point vous transporte ». Il reviendra en 1958 sur le sujet, avec Métaphysique du Sexe, l'un de ses livres les plus importants, fustigeant aussi bien le puritanisme bourgeois que le pansexualisme hédoniste et le féminisme égalitaire, indifférencié et déliquescent.
    Critique vis-à-vis du fascisme, Evola croit pourtant à la nécessité de l'orienter positivement selon sa propre pensée. Il rencontre deux fois Benito Mussolini. À cette époque, à la fin des années 20, au moment de la signature des accords du Latran entre le Duce et le clergé italien, il se réclame d'un paganisme antichrétien très poussé, sur lequel il reviendra plus tard, à la lumière notamment des écrits de René Guenon. La Rome antique et le Moyen-Âge représentent les deux périodes de l'histoire auxquelles le Baron se réfère idéalement d'un point de vue historique, militant en faveur d'un retour à un paganisme olympien.
    La Tradition hermétique (1931), Masques et visages du spiritualisme contemporain (1933), Le Mystère du Graal et l'idée impériale gibeline (1937), font partie des ouvrages illustrant à merveille la vision évolienne du monde qui se présente comme puissante, guerrière et ascétique. Evola devient aussi un alpiniste de haut niveau. Dans son ouvrage, Méditations du haut des cimes, paru en 1974, il montre bien que le courage et l'effort constituent autant d'épreuves pour atteindre le sommet en partant de la base. Monter de la Terre vers le Ciel. Cette conception élévatrice et transcendantale, nietzschéenne à plus d'un titre, s'adresse à « l'homme différencié », seul capable de la vivre.
    Révolte contre le monde moderne
    L'ouvrage le plus important selon Evola, Révolte contre le monde moderne, paraît en 1934. Il l'a rédigé à destination de l'homme de Tradition en lutte contre la modernité avilissante. Cette anthropologie spirituelle et morphologie historique nous indiquent les valeurs traditionnelles à défendre (honneur, devoir, volonté, connaissance, hiérarchie, mesure, élévation intérieure, sacrifice) et les principes modernistes à pourfendre («piraterie capitaliste» américaine et flibusterie bolchevique, esprit bourgeois quantitatif et individualisme calculateur, matérialisme laïc desséchant et culte du travail standardisant). Révolte contre le monde moderne critique radicalement la société occidentale à partir de la Renaissance, période identifiée à l'humanisme anthropomorphe où l'homme est un être au centre du monde, fustigeant aussi le nationalisme - qu'Evola distingue des nationalités - qui trouve sa source historique à partir de Philippe le Bel jusqu'à la paroxysmique Révolution française, où le processus d'homogénéisation s'accélère.
    Durant la Seconde Guerre mondiale, Evola, se trouvant à Vienne, écrit La doctrine de l'éveil (1943), ouvrage d'apologétique bouddhique. Lors d'un bombardement aérien, refusant comme toujours de se cacher sous les abris, il échappe de peu à la mort : « Ne pas esquiver et même rechercher le danger quasiment dans le sens d'une silencieuse interrogation du destin », répétait-il couramment. Il sort de cette guerre paralysé de ses membres inférieurs, ne pouvant plus se déplacer qu'en chaise roulante. Soutenant l'Axe jusqu'à la fin du conflit, y compris pendant la République de Salo, il considère les forces alliées, celles du futur pacte de Yalta, comme prioritairement ennemies. Il n'en reste pas moins un vigoureux critique du racisme biologique hitlérien et de l'étatisme collectiviste fasciste. Le fascisme vu de droite (1963) confirmera, plus tard, cette vision d'un fascisme contre-révolutionnaire et traditionaliste européen intégral.
    Une après-guerre parmi les ruines
    Evola rentre à Rome en 1948. Son activité livresque et journalistique ne cesse de croître. Il est jugé dans un procès inique en 1951 et se voit accuser d'être l'inspirateur d'une « reconstitution du parti fasciste » et d'un « terrorisme noir ». Il ne fait aucune concession aux instances démocratiques bourgeoises italiennes, tout en affirmant haut et fort qu'il est « contre le totalitarisme ». Cinq ans plus tard, paraît un livre politique essentiel, en direction des jeunes milieux anticonformistes de droite, Les hommes au milieu des ruines (1953). Julius Evola s'y emploie à donner une doctrine contre-révolutionnaire intégrale face au libéralisme bourgeois et au socialisme marxiste en vogue. Si cet ouvrage n'a aucune incidence sur les instances dirigeantes du mouvement néo-fasciste (MSI), il exerce une influence indéniable sur la jeunesse radicale droitiste. Evola s'adresse aux militants et activistes intelligents, en s'illusionnant sur les possibilités de renverser le régime avec le soutien des « corps sains » de la nation (police, armée, etc.) contre la subversion progressiste.
    Au début des années soixante, il enjoint l'élite traditionnelle dans Chevaucher le tigre (1961) à ne rien sauver, sinon soi-même d'abord, en attendant activement la fin du cycle de l'Age sombre présent. Cette conception cyclique ne doit pas engendrer le pessimisme, la résignation ou la violence terroriste récupérée par le système - comme cela a pu être le cas. Certes, Chevaucher le tigre est une bombe, mais une bombe pour soi-même, afin de dynamiter ses aigreurs, son amertume, son narcissisme. En effet, que signifie, cette expression extrême-orientale ? Elle exprime l'idée qu'il faut empêcher le tigre, c'est-à-dire les forces de dissolution, de vous sauter à la gorge, en enfourchant l'animal pour arriver finalement à bout de lui. L'homme de Tradition doit ainsi ne pas fuir le danger (le tigre), mais le braver (le chevaucher) pour l'annuler (le domestiquer).
    On possède très peu d'informations sur la vie d'Evola. Le chemin du Cinabre (1963) représente ses mémoires autobibliographiques. Leur auteur a toujours cultivé « l'impersonnalité active ». Mort le 11 juin 1974, à son domicile du Corso Vittorio Emanuele à Rome, son corps est incinéré selon ses volontés et ses cendres dispersées sur un glacier au Mont-Rose, qu'il avait arpenté durant ses périples alpestres.     
    Arnaud Guyot-Jeannin Le Choc du Mois, juillet 2010
    Révolte contre le monde moderne, L'Age d'Homme/Guy Trédaniel, 457 p., 25 €.
    9 Guides des citations, réunies et classées par Antoine Dectot de Christen, Pardès, 127 p,14€.
    Evola, envers et contre tous, collectif dirigé par Thierry Jolif, Avatar éditions, 200 p., 20 €.