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  • Edmund Burke ou la Révolution démasquée

    Burke naquit à Dublin en 1729 d'une mère catholique, issue d'une famille déclassée du comté de Code, à laquelle il sera très attaché et d'un père juriste anglican (sa sœur Juliana se convertira au catholicisme). Il fait des études dans une école quaker près de Dublin et, en 1744, intègre le Trinity Collège (protestant) où il créée, en 1747, un club étudiant portant son nom qui deviendra la « Collège Historical Society » qui existe encore de nos jours (c'est la pins ancienne association d'étudiants au monde) , il obtient sa licence l'année suivante et, en 1750, part à Londres effectuer des éludes de droit. Il devient avocat au Middle Temple mais quitte tout pour un voyage à travers l'Europe.

    Son premier ouvrage (1756), Coup d'oeil sur les maux qu'a produit la civilisation, est une réponse parodique à celui sur l'élude de l'histoire du vicomte Balinbroke ; en 1757, il publie Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau (il a cette belle formule « la beauté est la promesse du bonheur ») lu à travers l'Europe qui lui confère la notoriété avec les éloges de Kant et de Diderot (la prévalence du sublime, qui a un pouvoir sur l'homme et peut le détruire, sur le beau marque le passage du néo-classicisme au romantisme). Il entreprend une Histoire de l'Angleterre qui restera inachevée (arrêtée en 1216...) et devient le rédacteur en chef (1758-89) de la revue The annual register qui analyse les événements du monde.

    C'est à cette époque que débute sa carrière politique ; dès 1758, il devient un des dirigeants des whigs et, en 1760, suit en tant que secrétaire particulier Lord Halifax nommé vice-roi en Irlande. Il est élu à la Chambre des Communes en 1765 et, par ailleurs, devient secrétaire et ami du marquis de Rockingham : il lutte contre les abus de pouvoir du souverain (il veut limiter l'exécutif) et du Parlement ; selon lui « le penchant à conserver, le talent à améliorer, voilà les deux qualités qui me feraient juger de la bonté (capacité) d'un homme d’État ». Notons qu'en 1769 il est initié franc-maçon, c'est alors qu'il publie un pamphlet, L'état actuel de la Nation, et qu'il acquiert, à crédit, un immense domaine (avec collection d'œuvres d'art) prés de Beaconsfield qui grèvera longtemps ses finances (le pouvoir politique est, en effet, lié à la propriété comme ce sera le cas en France sous la Monarchie de Juillet).

    À partir de 1770, il soutient les récriminations des colonies américaines et les catholiques irlandais persécutés, il dénonce aussi la corruption et les abus de la Compagnie des Indes orientales (Considérations sur la cause des mécontentements actuels). En 1774, il est élu député de Bristol (2e ville anglaise, alors) : il défend la démocratie représentative ; en 1780, il perd son siège et retrouve celui de Malton dont disposait librement son protecteur Rockingham. Il est appelé brièvement au Conseil privé (1782) et en 1786 attaque le gouverneur des Indes orientales. À partir de 1794, il abandonne la politique active.

    C'est sa critique de la révolution française qui va le faire passer à la postérité. Déjà, il s’était rendu à Paris en 1773 et avait fréquenté les salons de Melle de Lespinasse, de Mme du Deffand et les idées des philosophes des Lumières l'avaient fort inquiété et il finit par éprouver pour ces dernières une profonde aversion (il ne voit en Rousseau qu'un faux prophète). Le déclenchement des troubles de 1789 suscite chez lui la réprobation et des écrits et discours anti-révolutionnaires et, ce, jusqu'à sa mort en 1797 C'est en 1790 qu'il rédige les Réflexions sur la révolution de France et dénonce les faux principes de celle-ci, cette œuvre va connaître un immense succès.

    Il le fait au nom du libéralisme ; il la différencie des révolutions anglaises de 1688 (qui a, après la décapitation de Charles 1er et la dictature de Cromwell, rétabli la monarchie, la légitimant en liant les droits et libertés des sujets avec la Couronne) et américaines car elle est radicale, c'est un événement sans précédent, une rupture dans l'histoire et une menace pour l'ordre du monde. En France, c'est la révolution de la table rase : or, un peuple sans tradition n'est rien ! Il reproche aux États Généraux puis à l'Assemblée Nationale d'avoir détruit le passé au lieu de réformer, il considère que les institutions doivent imiter l'ordre de la nature (position proche de la "Politique" chez Bossuet). Il pense que refuser l'héritage des ancêtres, c'est se priver de leur expérience, des richesses accumulées à travers les siècles, il dit à propos des révolutionnaires « vous avez mal commencé parce que vous méprisez tout ce qui vous appartenait ». Il considère qu'aucune élection ne confère des compétences aux hommes qui en sont privés (voir les fous furieux qui composeront les assemblées révolutionnaires et les médiocres actuels) et s'en prend au Contrat social de Rousseau et à la croyance que de la volonté du plus grand nombre sortiraient la vérité et le bien commun ; or, souvent les foules s'abandonnent aux plus bas instincts et aux passions irrationnelles ce qui leur ôte toute légitimité.

    L'état naturel n'est autre que la vie en société qui conduit à la civilisation. Une législation fondée sur des idées théoriques et intemporelles qui nient l'espace et le temps amène à la dictature de principes abstraite, ignorant l'histoire et détruisant le tissu social. En lieu et place du droit des gens (fondé sur le réel), la France a proclamé les droits de l'homme, fausse théorie des droits supposés de celui-ci. Burke pense qu'il faut préserver la hiérarchie sociale, modérer la démocratie et se conformer à la tradition ; il ne faut pas faire appel à la raison abstraite pour fonder une politique mais à une jurisprudence constitutionnelle issue des siècles précédents. Il n'existe pas de système universel découlant de la raison philosophique mais des constructions historiques propres à chaque peuple.
    Or, la révolution française ignore la complexité de la nature humaine et celle de la société Condorcet pensait que la politique pouvait se réduire à un système quasi mathématique dans lequel on pourrait raisonner de façon déductive ! De même, l'égalité est un dogme absurde (les hommes naissent semblables mais pas égaux) et la démocratie ainsi fondée utopique elle nie les liens ancestraux et dissout les modes d'intégration de l'homme dans la société. Toutefois, Burke est opposé à l'absolutisme et au droit divin le peuple, selon lui, peut déposer un gouvernement coupable d'oppression (« le pouvoir arbitraire est une subversion de la justice naturelle, une violation des droits inhérents de l’humanité »). Les États Généraux auraient dû s'inspirer de la constitution anglaise de 1688 au lieu de refuser le bicamérisme et de fuir dans la démagogie (massacres dès 1789). Burke dénonce les attaques contre la monarchie (« on a vu les Français s'insurger contre un roi débonnaire et légitime avec plus de fureur dans l’action et de brutalité dans l’outrage qu'aucun peuple en rébellion n'en a jamais manifesté contre l'usurpateur le plus indigne et le tyran le plus sanguinaire »), la propriété privée, l'athéisme (qui conduira aux persécutions religieuses, au génocide vendéen et à l'absurde « culte de l'être suprême », or, la religion est la base de la société civile et il ajoute prophétiquement « si par malheur, les hommes venaient à se détacher du christianisme, des superstitions grossières et dégradantes viendraient le remplacer », les traditions et les préjugés (adhésion à des valeurs sans justification rationnelle mais nécessaires à l'ordre social, « les préjugés font de la vertu une habitude pour l'homme C'est le fond universel des nations et des époques »).

    Tout ceci ne peut que mener au chaos ; une doctrine fondée sur les libertés (pour Burke « la liberté doit être limitée afin d'être possédée ») et les droits de l’homme peut justifier des mesures tyranniques car ces derniers ne sont pas concrets. Burke prédit que « la révolution ne peut que s'épuiser en une suite monstrueuse de crimes et d'événements grotesques, saturnales où l'horreur fascinante se dispute à la stupeur incrédule » ; dés 1790, il annonce la Terreur et sa loi des suspects (pour lui, « le pouvoir judiciaire doit être quelque chose d'extérieur à l’État, indépendant, créé pour résister à l'invocation arbitraire et pour induire la certitude et la stabilité des lois car de mauvaises lois sont la pire des tyrannies ») conséquence inéluctable de la révolution qui ne peut exister que dans la tyrannie, le terrorisme et la dictature... militaire (« un général populaire, armé de ses soldats, pourrait se rendre maître de votre assemblée, maître de votre république » ce qui se produira le 18 Brumaire 1799 avec Bonaparte). Pour lui, « l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes, des calculateurs lui a succédé et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais ! »

    Après 1791, Burke se brouille avec ses amis et se retire dans sa propriété (on le nomme , alors, le « Cicéron anglais »). En 1792, il hébergea Augustin Barruel en exil à Londres et le félicita à propos de son Mémoire pour servir à l'histoire du jacobinisme bien que celui-ci soit anti-maçonnique. Il meurt en 1797 à 68 ans.

    Son influence allait s'avérer considérable. Au début, les réactions tarent négatives (par exemple celle de Thomas Pâme)(1) mais les faits lui donnèrent raison (le parti whig de William Pitt se ralliera à la lutte contre le jacobinisme). Joseph de Maistre et Louis de Bonald s'en inspirèrent bien que Burke en diffère sur plusieurs points : ainsi, il n'y a pas chez lui de conception providentialiste de l'homme, pas de théocratie réactionnaire, pas de nostalgie de l'Ancien Régime et de l'absolutisme idéalisé. Des philosophes comme Kant et Hegel s'y réitéreront, des penseurs politiques tels Alexis de Tocqueville ou Taine (pour condamner l'idéalisme métaphysique de la révolution dans Origines de la France contemporaine) ou encore Sorel, Renan et Barrés. Au XXe siècle, Friedrich Hayek et Karl Popper . se serviront de ses réflexions pour élaborer la charte du conservatisme moderne ce qui prouve bien que Burke est le père de celui-ci et des penseurs libéraux.

    Il avait bien observé qu'au delà des bouleversements politiques considérables du temps « la plus importante de toutes les révolutions, c'est celle des sentiments y des mœurs et des opinions morales » (nous pouvons en témoigner en notre triste époque) et que, souvent, « pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des hommes de bien » (2). Cette couardise, cette lâcheté n'ont jamais été aussi prégnantes que de nos jours ! La démocratie est loin d'être garante des libertés, « la majorité des citoyens est capable d'exercer les plus cruelles oppressions sur la minorité » (les nationaux et RIVAROL peuvent en témoigner), quant à la religion « rien n'est aussi fatal (à celle-ci) que l'indifférence » (de nos jours, l’église conciliaire y a, hélas, bien contribué).

    À travers sa critique implacable des faux principes de la Révolution de 1789 et de leurs funestes conséquences, Burke, un des grands penseurs politiques traditionnels, annonçait les maux qui sont les nôtres.

    Bernard de Massanes Rivarol du 27 juillet 2017

    1) Publiciste américain d'origine britannique (1737-1809) ; lutte pour l'indépendance des États-Unis, se réfugie en France, naturalisé français, nommé membre de la Convention (1792) est arrêté sous la Terreur puis retourne en Amérique.

    2) Certains attribuent cette citation à John , Smart Mill.

    Biblio. Burke : Réflexions sur la Révolution de France Coll Pluriel. Yves Chiron : Edmund Burke et la Révolution Française éd. Téqui 1987

  • A quoi tient la renaissance de la puissanche chinoise ?

    A quoi tient l'actuelle extraordinaire bonne fortune chinoise ? Quelles en sont les causes ?

    On ne peut ici qu'effleurer cette question complexe, pourtant importante car la montée en puissance de la Chine constituera peut-être le plus grave problème que les Occidentaux auront à affronter, prochainement désormais.

    La Chine s'est sortie non seulement de son terrible sous-développement séculaire mais aussi de cet abaissement qu'elle avait vécu à l'époque du système impérial finissant, des humiliantes concessions, des Seigneurs de la guerre, des désordres du Kuomintang ... Elle s'est encore sortie des soubresauts horriblement destructeurs du système maoïste après qu'il eut triomphé, dont la meurtrière révolution culturelle ne fut pas le moindre. Le film, Le dernier empereur, de Bernardo Bertolucci, retrace assez bien cette longue période troublée. 

    Pour la Chine ruinée, humiliée, en partie éclatée, misérable, la bonne fortune n'allait pas de soi.

    Comment l'a-t-elle conquise ? Quelles sont les causes de son prodigieux succès ?

    Bien-sûr, il y a la taille de son territoire et la masse de sa population, dix fois supérieure à celle de la Russie et 5 fois à celle des Etats-Unis. Mais ces paramètres ne sont pas en soi gages de prospérité ni de succès. Ce peut même être l'inverse.

    La réussite de la Chine nous paraît relever d'autres causes. En voici à notre avis les trois axes principaux :

    1. La dictature de fer du Parti Communiste Chinois, en fait une oligarchie hiérarchique sans faiblesse qui tient uni et en ordre d’une main qui ne tremble pas l’immense et composite Empire du Milieu. L’argument peut choquer. Mais que deviendrait la Chine si le PCC venait à s’effondrer ? S’il lui prenait la fantaisie d’un Printemps chinois ? Peut-être serait-ce, selon la vieille expression, pain béni pour nous. Mais pour elle ?

    2. Le nationalisme du peuple chinois et de ses dirigeants, qui, pas plus qu’il ne le fut dans les pays d’Europe de l’Est, ne fut jamais effacé, même au temps de Mao et de Chou en Lai, par l’internationalisme prolétarien. Combiné à l’incommensurable pragmatisme des Chinois, ce nationalisme est général, violent, avide de succès, de gains, et de puissance. Qui plus est, les connaisseurs nous disent qu’il se ressource désormais dans les plus pures traditions populaires aussi bien que philosophiques de la plus ancienne Chine. Bref, un composé que l’on peut se risquer à dire ravageur.

    3. La faiblesse insigne des Occidentaux qui fut, pourrait-on dire, à l’opposé de la force que nous venons de décrire ; qui acceptèrent, de grand cœur, de se défausser sur la Chine, de leurs fonctions de production ; qui ont voulu, à la fois par lassitude, appétit de marges, idéologie universaliste, orgueil, lui concéder d’être l’atelier du monde. Ce qui a, hormis l’Allemagne et, à un moindre degré l’Italie, abouti à la destruction, comme on le constate aujourd’hui, de pans entiers de nos industries et a condamné les éléments par inclination productifs de nos populations, au chômage.

    Rien n’est irréversible et la Chine n’est pas plus vouée au succès que nous à l’échec ou au déclin. Soyons au moins conscients de ce qui, par impéritie, nous est arrivé. Quant à la Chine, elle peut être aussi pour nous, dans une certaine mesure, à certains égards, un exemple utile.  

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    La Chine construit un port de guerre à Djibouti

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • CLASH à l'AN 4/08 Emmanuelle MÉNARD fait hurler l'assemblée en dénonçant l'article 1 !

  • Catastrophe économique au Venezuela ? Entre réalités et bobards…

    À en croire les gazettes, l’expérience économique bolivarienne, portée à bout de bras par Hugo Chávez, serait donc catastrophique…

    Vladimir Volkoff, qui s’y connaissait en matière de « désinformation » – c’est lui qui a forgé ce vocable -, aimait à dire que lorsqu’il y avait « unanimité médiatique », c’est que cette même « désinformation » n’était pas loin. Le défunt n’avait rien d’un gauchiste chevelu, étant à la fois chauve et royaliste, tendance trône et autel.

    Voilà qui nous ramène donc au feuilleton vénézuélien. À en croire les gazettes, l’expérience économique bolivarienne, portée à bout de bras par Hugo Chávez, serait donc catastrophique ; la preuve par l’actuelle disette et une inflation battant des records. Indubitablement, tout cela est vrai aujourd’hui. Mais était-ce le cas hier ? Et les mêmes experts d’affirmer que la faute majeure d’Hugo Chávez consista à trop s’appuyer sur la manne pétrolière. Fort bien. Mais ses prédécesseurs procédaient-ils autrement ?

    Là où ces deux politiques diffèrent, c’est que lorsque cette rente de situation ne profitait qu’à quelques oligarchies locales (blanches exclusivement), Chávez décida d’en faire aussi profiter le peuple (de race indienne, principalement). Pour ce faire, il lui fallait reprendre le contrôle de ce secteur éminemment stratégique, ainsi que quelques autres. Vincent Lapierre, auteur d’un passionnant Hugo Chávez, la patrie au cœur, s’en explique dans les colonnes de la dernière livraison du mensuel Éléments :

    « Pour parvenir à récupérer le contrôle de la manne pétrolière, Chávez a dû affronter les plus grandes puissances de la planète, c’est même pour ces raisons qu’il a été renversé en 2002. Il a ensuite tenté de redistribuer cet argent, ce qu’il appelait “semer le pétrole”. Mais il a été confronté à des barrières institutionnelles lourdes à cause desquelles l’argent a été en partie gaspillé, dissipé à plusieurs niveaux de distribution. »

    Et Vincent Lapierre de reconnaître sans ambages :

    « Le grand échec de Chávez dans le domaine industriel est de ne pas être parvenu à sortir du modèle mono-exportateur de pétrole. Quand il est arrivé au pouvoir en 1998, il s’est trouvé à la tête d’un système dans lequel, depuis un siècle, tous les gouvernements, droite et gauche confondus, avaient fait le choix de se concentrer sur la ressource pétrolière. Il souhaitait sortir de cette dépendance, ce à quoi il ne parviendra pas»

    Il est un fait qu’on ne saurait créer une classe moyenne de toutes pièces et susciter la naissance d’un tissu industriel de petites et moyennes entreprises d’un simple claquement de doigt.

    Telle était pourtant l’ambition d’Hugo Chávez, rappelle Vincent Lapierre : « Le socialisme du XXIe siècle préconise la nationalisation des trusts qui commandent aux secteurs stratégiques de l’économie nationale tout en promouvant l’initiative privée à l’échelle des individus. Dans cette vision, il est important que l’État soit propriétaire des télécommunications, du secteur pétrolier ou de l’industrie lourde comme il est important que le boulanger soit propriétaire de son four à pain. On est donc plus proche d’une société de petits producteurs indépendants sur le mode de la théorie proudhonienne que d’un ultra-étatisme socialiste ! »Fondamentalement, le général de Gaulle ne raisonnait pas autrement…

    Malgré cette réussite socio-économique en demi-teinte, les résultats furent néanmoins au rendez-vous. De 1998 à 2008, le taux de chômage passe de 11,3 % à 7,8 %, tandis que 2,9 millions de nouveaux emplois voient le jour, alors que la proportion d’emplois dans l’économie informelle tombe de 54,6 % à 48,2 %. Mieux : si l’on en croit le Center for Economic and Policy Research, laboratoire d’idées basé à Washington, le PIB corrigé de l’inflation double entre 2003 et 2008, soit une croissance annuelle de 13,5 %. Toujours selon les mêmes sources, cette croissance provient essentiellement du secteur non pétrolier, et le secteur privé a crû plus rapidement que le secteur public.

    Vu des États-Unis, fidèles à leur traditionnelle doctrine Monroe, édictée en 1823, voulant que les États du Sud du Rio Grande ne puissent bénéficier de la moindre velléité d’indépendance politique, tout en étant relégués au niveau de vassaux dociles, tout cela était évidemment inacceptable. Axiome fort bien résumé par Noam Chomsky, l’un des plus grands intellectuels américains : « Washington est bouleversé par l’idée que les ressources du Venezuela puissent être utilisées pour les gens de ce pays. Les ressources de ce pays doivent être utilisées pour nous. »

    Tout est dit.

    http://www.bvoltaire.fr/catastrophe-economique-venezuela-entre-realites-bobards/

  • Manif de samedi à Chalon sur Saône (71) : changement du lieu de rassemblement

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    Un communiqué de Thomas Joly (Parti de la France) :

    Après avoir envisagé d'interdire notre manifestation, le Préfet de Saône-Et-Loire a accepté la proposition de notre Délégué départemental, Benjamin Lematte, de déplacer notre rassemblement place Thévenin afin d'éviter tout risque de confrontation avec les contre-manifestants d'extrême-gauche.

    Même s'il peut paraître paradoxal que ce soit à nous de nous replier dans un autre lieu, saluons cette petite victoire en cette période où la plupart des manifestations patriotiques sont scandaleusement interdites par les services de l'État. Donc demain, rendez-vous à 14h place Thévenin à Chalon-sur-Saône (71) pour dire non à l'installation de migrants !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Marx et Tocqueville face au Mordor anglo-saxon

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    par Nicolas Bonnal

    Ex: http://www.dedefensa.org

    C’est l’été et avec lui les marronniers de l’été : la liste des milliardaires de la répugnante revue Forbes reprise par les perroquets caquetants. On apprend en même temps que 30% des Allemands font la queue pour décrocher un deuxième boulot. Il y a trente ans Louis Althusser disait dans une revue marxiste qui l’interviewait que la misère que l’exploitation plutôt avait été déplacée : voyez des images industrielles de Chine, du Bengladesh et du Mexique pour vous distraire. Par ailleurs, « cet heureux temps n’est plus », comme dit Racine, et on trouve aujourd’hui de bonnes vieilles usines de misère en Europe. Pas de parti communiste, pas de revendications salariales, etc. Le capital a gagné.

    Voyons d’où nous venons.

    Voyageur impénitent, anglophile renommé, Tocqueville décrit ainsi les horreurs de la modernité émergente :

    « Quelques-unes de ces rues sont pavées, mais le plus grand nombre présente un terrain inégal et fangeux, dans lequel s'enfonce le pied du passant ou le char du voyageur. Des tas d'ordures, des débris d'édifices, des flaques d'eau dormantes et croupies se montrent çà et là le long de la demeure des habitants ou sur la surface bosselée et trouée des places publiques. Nulle part n'a passé le niveau du géomètre et le cordeau de l'arpenteur. »

    Après il en devient lyrique, poétique, certainement plus que Hugo avec ses misérables ; car il suffit de voir, pas de jouer au voyant, au pochetron humanitaire :

    « Mais qui pourrait décrire l'intérieur de ces quartiers placés à l'écart, réceptacles du vice et de la misère, et qui enveloppent et serrent de leurs hideux replis les vastes palais de l'industrie ? Sur un terrain plus bas que le niveau du fleuve et domine de toutes parts par d'immenses ateliers, s'étend un terrain marécageux, que des fosses fangeux tracas de loin en loin ne sauraient dessécher ni assainir. Là aboutissent de petites rues tortueuses et étroites, que bordent des maisons d'un seul étage, dont les carreaux brisés annoncent de loin comme le dernier asile que puisse occuper l'homme entre la misère et la mort. Cependant les êtres infortunés qui occupent ces réduits excitent encore l'envie de quelques-uns de leurs semblables. Au-dessous de leurs misérables demeures, se trouve une rangée de caves à laquelle conduit un corridor demi-souterrain. Dans chacun de ces lieux humides et repoussants sont entasses pêle-mêle douze ou quinze créatures humaines. »

    On est dans le Dante de Gustave Doré et la civilisation industrielle étend son ombre, son « aventure satanique » (retrouvez mon texte sur Drieu La Rochelle) qui ne finira jamais :

    « Levez la tête, et tout autour de cette place, vous verrez s'élever les immenses palais de l'industrie. Vous entendez le bruit des fourneaux, les sifflements de la vapeur. Ces vastes demeures empêchent l'air et la lumière de pénétrer dans les demeures humaines qu'elles dominent ; elles les enveloppent d'un perpétuel brouillard ; ici est l'esclave, là est le maître; là, les richesses de quelques-uns ; ici, la misère du plus grand nombre ; là, les forces organisées d'une multitude produisent, au profit d'un seul, ce que la société n'avait pas encore su donner. »

    C’est le Mordor au propre – au sale – et au figuré. Les troupes misérables sont innombrables et ont abandonné tout espérance, comme au début de la divine :

    « Une épaisse et noire fumée couvre la cité. Le soleil paraît au travers comme un disque sans rayons. C'est au milieu de ce jour incomplet que s'agitent sans cesse 300.000 créatures humaines. »

    De ce plomb on fait de l’or :

    « C'est au milieu de ce cloaque infect que le plus grand fleuve de l'industrie humaine prend sa source et va féconder l'univers. De cet égout immonde, l'or pur s'écoule. C'est là que l'esprit humain se perfectionne et s'abrutit ; que la civilisation produit ses merveilles et que l'homme civilisé redevient presque sauvage. »

    On fait de l’or de ces cloaques et de ce plomb parce que l’ordre nouveau britannique s’est établi et qu’il est fondé sur les « dark satanic mills » (on sait qu’elles ne sont pas littérales et contiennent une dimension anagogique, comme dit l’autre) et sur l’argent :

    « L’argent est la vraie puissance. La richesse n’est donc pas devenue seulement en Angleterre un élément de considération, de plaisirs, de bonheur ; mais encore un élément, et on pourrait dire le seul élément du pouvoir, ce qui ne s’était jamais vu, à ce que je sache, chez aucune autre nation et dans aucun autre siècle. »

    Les conséquences morales et planétaires de cette catastrophe :

    « … toute l’âme humaine fut entraînée de ce côté. On a attribué à la richesse ce qui lui revient naturellement, et aussi ce qui ne lui revient pas… Dans tous les pays il semble malheureux de n’être pas riche. En Angleterre c’est un horrible malheur d’être pauvre. »

    No comment, comme on dit aujourd’hui. Tout le monde rase les murs en redoutant de se faire remplacer par un robot.

    Karl Marx écrivait quelques années après Tocqueville :

    « De nos jours ces aspirations ont été de beaucoup dépassées, grâce à la concurrence cosmopolite... Il ne s'agit plus seulement de réduire les salaires anglais au niveau de ceux de l'Europe, mais de faire descendre, dans un avenir plus ou moins prochain, le niveau européen au niveau chinois. Voilà la perspective que M. Stapleton, membre du Parlement anglais, est venu dévoiler à ses électeurs dans une adresse sur le prix du travail dans l'avenir. « Si la Chine, dit-il, devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l'Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents. »

    Ce qu’il y a de bien avec le capital, c’est qu’il ne se lasse jamais de frapper.

    Sources

    Tocqueville, Voyage en Angleterre, œuvres complètes, tome VIII, éditions Michel Lévy, 1865 (sur archive.org)

    Marx – Le capital, livre I, section VI

    Nicolas Bonnal – Comment les peuples sont devenus jetables (Amazon.fr)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2017/08/02/marx-et-tocqueville-face-au-mordor-anglo-saxon-5968153.html

  • 16 août à Carnac : le Brexit

    16-08 Yves Bot

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Caroline Galacteros : « Du bon usage des armes de la France »

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    2111467064.jpgCaroline Galacteros a publié ces intéressantes réflexions sur le site de l'ASAF, l'Association de Soutien à l'Armée Française [25.07]. Nous ne pouvons que l'approuver, ayant, nous-mêmes, dans le même esprit, consacré de nombreux articles au sujet crucial dont il est ici question. LFAR  

    Être un chef. Tout un programme. Mais surtout une exigence première, profonde : protéger les siens, ceux qui dépendent de vous, de vos choix, ceux qui remettent leur vie entre vos mains parce qu'ils ont confiance, vous respectent et savent que vous ne les livrerez pas légèrement à l'adversité et, pour commencer, à l'adversaire.

    Pour un sous-officier ou un officier, il s'agit de protéger ses hommes, de les engager à bon escient et dûment équipés.

    Pour un chef militaire et évidemment pour le premier d'entre eux, il s'agit de protéger nos armées de la pensée comptable et des raisonnements à courte vue de Bercy qui, depuis 30 ans, les met à nu impunément, tout en leur demandant toujours plus. Pour notre chef de l'État, chef des armées ès qualités, c'est encore protéger celles-ci pour leur permettre de remplir leur mission… de protection du peuple français et de la France dans toute l'ampleur et la diversité de ses intérêts matériels et immatériels. 

    La loyauté du chef d'état-major des Armées envers le président de la République est totale et naturelle. Elle n'est pas à géométrie variable ni de nature politicienne, attachée à un homme ou un camp, mais bien plutôt à une fonction incarnée par un individu donné, choisi par les urnes à un moment donné.

    Dans le cas de Pierre de Villiers, c'est la loyauté d'un soldat de grand prestige envers le dépositaire de la souveraineté populaire, quel qu'il soit. C'est cette loyauté qui lui a fait devoir d'informer les représentants du peuple, en l'espèce les membres de la commission des Forces armées de l'Assemblée nationale, de l'état réel de nos armées, et du caractère insoutenable d'une nouvelle salve de coupes budgétaires décidées par des technocrates inconscients du coup ainsi porté à la chair de la patrie pourtant si manifestement en danger. 

    Dangereux coup de rabot 

    Un énième coup de rabot arrivant après des annonces de gel et de surgel de lignes budgétaires, qui pourrait bien sonner le glas, après bientôt trente ans d'efforts financiers endurés sans mot dire, de notre efficacité opérationnelle ; donc in fine de la crédibilité militaire de la France et de celle du président qui l'incarne, notamment à travers la disposition et l'emploi éventuel de « l'outil militaire ».

    Depuis la professionnalisation, nos armées ont subi de plein fouet l'utopie délétère des « dividendes de la paix ». Elles se sont réformées, ont réduit puis réduit encore leurs formats opérationnels. Elles ont vu fondre leurs effectifs, vieillir leurs équipements, s'amoindrir constamment la protection de leurs soldats engagés au loin, tandis que le spectre des menaces et des théâtres de leur projection ne cessait, lui, de s’accroître, désavouant tragiquement des « Livres blancs » iréniques et inconséquents. Tandis aussi que le politique, de plus en plus impuissant ou défaillant au plan intérieur, voyant en cette institution loyale, structurée, dévouée, résiliente et courageuse, un vecteur spectaculaire inespéré et commode de démonstration d'autorité, en usait et abusait. 

    La défausse du politique sur le militaire est allée trop loin, jusqu'à remplacer la définition et la mise en œuvre d'une politique étrangère cohérente et ambitieuse, toujours introuvable. Les résultats de ce double grand écart sont là. Nos armées sont aujourd'hui massivement engagées dans le monde aux avant-postes de la menace islamiste, mais aussi sur le territoire national, où l'on ne peut plus esquiver sans irresponsabilité l'anticipation de leur engagement potentiel en appui de forces de sécurité insuffisantes ou débordées par une éventuelle contestation communautaire intérieure sur fond de déstabilisation islamiste. 

    Préserver l'essentiel 

    On a donc sur-sollicité et sous-financé nos armées et elles se sont vaillamment mais trop longtemps sans doute exécutées, cherchant à « préserver l'essentiel », à trouver la martingale de « la juste suffisance », escomptant qu'on ne les affaiblirait pas jusqu'à devoir avouer qu'elles ne pouvaient plus remplir leur mission de protection de la France et des Français. Ce que précisément a dû reconnaître le général de Villiers, la mort dans l'âme. Un crève-cœur. 

    L'arithmétique budgétaire, c'est sympa, c'est magique…, mais compter des soldats et des équipements comme des choux peut aboutir à bientôt devoir compter des «morts pour la France» bien légèrement consentis. Et qui rendra alors des comptes ?

    Les politiques ? Que nenni !

    Ce seront naturellement les chefs militaires car eux seuls connaissent le prix de la vie et ont conservé l'habitude d'assumer leurs actes et responsabilités. Et sans même parler des hommes, sait-on seulement dans les couloirs de notre ministère des Finances au cœur froid qu'il faut au bas mot dix ans pour retrouver une capacité opérationnelle sacrifiée d'un trait de plume par nos comptables nationaux ? 

    Caprice présidentiel ? 

    Mais au-delà du caprice présidentiel ou de l'autoritarisme confondu avec une démonstration d'autorité, la décision budgétaire du président traduit quelque chose d'infiniment plus grave : l'incompréhension manifeste d'une urgence qui devrait pourtant, toutes affaires cessantes, l'occuper et le préoccuper. La défense est, comme chacun sait, le premier devoir d'un État. Il faut enfin se résoudre à établir des priorités, à structurer une vision stratégique digne de ce nom, et à définir – d'autorité pour le coup – un périmètre du régalien incompressible, sanctuarisé, auquel doivent être affectées les ressources nécessaires à la manifestation d'une crédibilité de la France dans ses projections de puissance et d'influence.

    Sinon, parler de leadership européen, de rang retrouvé, de grandeur et de valeurs n'a aucun sens, au moment même où nos partenaires allemands font une remontée budgétaire sensible en matière de défense, et alors que la menace islamiste et ses manifestations sanglantes, au-delà de reculs territoriaux actuels de l'organisation État islamique, sont en pleine explosion idéologique et numérique. 

    Jupiter donc ? Pourquoi pas, après tout ? On a suffisamment souffert de la normalité pathétique. Mais Jupiter armé d'un foudre en bon état et qui fasse vraiment peur !

    Le successeur de Pierre de Villiers est aussi un soldat de grande valeur, qui mêle bravoure, haut niveau de réflexion doctrinale, humanité et intelligence de situation. Gageons qu'il ne sera pas plus docile que son courageux prédécesseur qui se retire dans l'honneur, mais qu'il saura saisir l'opportunité de cette grave crise de confiance et de commandement pour convaincre notre jeune président qu'il est de son devoir, mais aussi de son intérêt, de protéger nos armées qui ne demandent qu'à être justement considérées et traitées pour servir et obéir avec cœur et panache.  

    Caroline Galacteros 

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