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  • La France recule sous les assauts de l'islam conquérant

    6a00d83451619c69e201b7c95077e3970b-800wi.jpgPour Ivan Rioufol :

    "Il crée le désordre dans la laïcité, la mixité, l'indivisibilité nationale. Il sème la discorde jusque dans l'école. Il fracture la nation. Partout, cette idéologie minoritaire exige sa visibilité, pose ses exigences, bouscule la République bonne fille. Emmanuel Macron promet d'aborder la question de l'islam avant la fin du premier semestre. Dimanche, il a dit vouloir «poser les jalons de toute l'organisation de l'islam de France». Bien. Mais sa prudence est un renoncement à affronter l'esprit totalitaire. Or il est à la source de l'épreuve de force. Un conseiller sur ce dossier, Hakim el-Karoui, constate (L'Opinion, lundi) que «les islamistes ont gagné la bataille de la norme, qu'il s'agisse du port du voile ou de la consommation de la viande hallal».Faudrait-il s'en satisfaire? Quand el-Karoui affirme dans la foulée qu'il faut «lutter contre l'islamophobie», en avalisant ce mot brandi par les islamistes et leurs caniches, il rend les armes."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • L’agonie de l’Italie et le grand remplacement

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    On parle peu de l’Italie dans la grande presse française.

    On en parle quand des vagues de « migrants » arrivent en Sicile ou sur l’île de Lampedusa.

    On en parle quand on évoque Ventimiglia, ville sise sur le bord de la Méditerranée, près de la frontière avec la France, parce que des milliers de « migrants » remontant vers la France s’entassent à Ventimiglia.

    On en parle, un peu, lorsque des élections ont lieu.
    On en parlera au début du mois de mars, parce que des élections vont avoir lieu.

    Le président du Conseil des ministres (c’est ainsi qu’en Italie on appelle le Premier ministre) actuel est un intérimaire de gauche qui a pris ses fonctions fin 2016 après que son prédécesseur, de gauche lui aussi, Matteo Renzi ait perdu un référendum.

    Il n’occupera plus son poste fin mars, car la gauche va perdre les élections, qui verront sans doute le retour de Silvio Berlusconi, quatre-vingt-un ans, sous le regard consterné des grands médias.

    On parlera donc, alors, du retour de Silvio Berlusconi et, comme pour d’autres politiciens qui déplaisent aux grands médias, on parlera de la grivoiserie du principal intéressé.

    On reviendra sur des aspects financiers litigieux le concernant.

    On ne parlera pas de la situation réelle de l’Italie.

    Il faudrait pourtant en parler. L’Italie est dans une situation économique très difficile, et le clivage entre un Nord développé et un Sud sous-développé reste flagrant.

    Mais l’Italie est surtout un pays qui meurt plus vite que d’autres pays d’Europe qui sont eux aussi en train de mourir.

    Si, en France, les taux de natalité donnent une validité certaine aux analyses du grand remplacement énoncées par Renaud Camus et évoquées souvent par Éric Zemmour, en Italie la situation est plus catastrophique encore : le taux de natalité général est en effet très bas : 1,3 enfant par femme, ce qui est tellement en dessous du seuil de renouvellement des générations qu’on peut parler d’une forme de suicide collectif qui ne dit pas son nom.

    Tôt ou tard, vingt personnes seront remplacées par treize personnes, puis ces treize, sauf inversion radicale des chiffres, seront remplacées par six ou sept personnes.

    Les taux de natalité prenant en compte, d’un côté, les Italiens de souche et, d’un autre côté, les immigrants permettent de tracer un tableau plus sombre encore : ils sont officiellement de 2 enfants par femme pour les immigrants (et ce chiffre me semble très bas, et devrait être vérifié de près) et de 0,9 pour les Italiens de souche.

    Le grand remplacement sera beaucoup plus rapide pour l’Italie que pour la France, et devrait être cataclysmique, dès lors que le capital humain des immigrants est bien plus bas que celui des Italiens de souche.

    Les vagues de « migrants » qui arrivent depuis la chute du régime Kadhafi en Libye ne font que rendre une situation effroyable plus effroyable encore.

    Des villages du Sud de l’Italie sont submergés par des hordes de gens totalement étrangers aux coutumes occidentales, et au comportement de prédateurs.

    Ce qui se passe dans les villages du Sud se retrouve peu à peu ailleurs dans le pays.

    Des violences parfois atroces sont commises.

    Des actes de réponse aux violences peuvent résulter.

    C’est ce qui s’est passé, il y a quelques jours, à Macerata, une petite ville autrefois paisible de la côte Adriatique.

    Une jeune fille de dix-huit ans a été assassinée éviscérée, démembrée, découpée en morceaux.

    Son assassin a été retrouvé. C’est un migrant venu du Nigeria. Les couteaux qui ont servi à l’éviscération, au démembrement et au découpage du corps ont été retrouvés dans le lieu où il dormait.

    Cela aurait pu être un meurtre de plus, l’un de ceux dont les médias ne parlent pas.

    Un jeune homme de vingt-huit ans a réagi avec colère.

    Il a pris un revolver qui était en sa possession, et il est parti en voiture, pour tirer sur des migrants. Il en a blessé plusieurs sans en tuer aucun.

    Il a été arrêté et a crié « l’Italie aux Italiens ». Il a été aussitôt présenté comme un abject criminel et un fasciste.
    Nul ou presque n’a évoqué la jeune fille assassinée et l’assassin de la jeune fille.

    Il risque fort, hélas, d’y avoir d’autres jeunes filles assassinées en Italie, et d’autres jeunes hommes qui réagissent avec colère dans les mois et les années à venir.

    Guy Milliere

    Texte repris du site les4verites.com

    https://fr.novopress.info/

  • Presse aux ordres : Robert Ménard relaxé

    C'est une bonne nouvelle pour la liberté d'expression :

    "Le maire de Béziers  Robert Ménard (...) poursuivi pour diffamation par le journal Midi Libre et son propriétaire, Jean-Michel Baylet, pour une affiche de 2016 accusant les reporters du quotidien d'être «en laisse», a été relaxé vendredi à Béziers.

    Le quotidien régional et son copropriétaire, alors ministre des Collectivités territoriales au sein du gouvernement du président Hollande, avaient été directement visés par une campagne d'affichage municipal du maire de Béziers (Hérault).

    Sur la photo, un chien tenant dans sa gueule un exemplaire de Midi Libre. Et un slogan: «Tous les jours, l'info en laisse». «A qui appartient Midi Libre?», interrogeait aussi l'affiche: «A J.-M. Baylet, ministre des collectivités territoriales»."

    Ce n'est pas un hasard si la presse écrite est en perte de vitesse...

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [V]

    Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    1ère partie : l’Homme Masse

    « De Caillaux à Giscard » : le système libéral

    L'homme qui donna au capitalisme une nouvelle vigueur nese préoccupait pourtant pas, du moins au niveau du discours, de mettre en œuvre les théories de Keynes. Lord Beveridge, quand il publia en 1944 « Full employement in the free society » qui préconisait le « Welfare State » l’Etat Providence prétendait ne se soucier que du bonheur du peuple. Il s'agissait de libérer les individus des « trois craintes », crainte de la maladie, grâce à la sécurité sociale, crainte de la misère, grâce au salaire minimum garanti, crainte du chômage grâce à des interventions de l'Etat, destinées à stimuler la demande.

    Les pieuses dissertations du philanthrope dissimulaient un raisonnement cynique. Il convenait de pousser les gens à consommer des biens produits en grande série. Pour cela, on retirerait de l'argent aux riches afin de donner aux pauvres, sous prétexte de réduire les inégalités sociales. Les riches sont, en effet, de mauvais consommateurs, dans la mesure où ils recherchent le luxe. Ils détournent ainsi une fraction importante des revenus disponibles qu'il importe de redistribuer, au moins partiellement, afin qu'elle serve à l'achat de biens fabriqués en grande série. De plus, l'individu qui craint pour son avenir met de l'argent de côté. Il thésaurise. Keynes a exposé de façon irréfutable que l'épargne qui n'est pas investie, l'or qui se cache dans le bas de laine devient un facteur de déséquilibre. Il ne « travaille pas » et quand il réapparaît dans le secteur économique, il devient un facteur d'inflation puisqu'il correspond à une création de monnaie ex nihilo. On encouragera donc « l'épargne-logement » etd'autres systèmes du même genre afin que les ménages financent leur endettement.

    La production de masse supposant des investissements à long terme, il faut surtout qu'elle soit assurée que la consommation ne fléchira pas et même continuera de croître. Le salaire minimum garanti, la sécurité sociale, les allocations chômage fournissent la garantie que les crises conjoncturelles n'auront désormais qu'une incidence limitée sur les revenus des ménages d'autant que l'Etat va se munir d'un certain nombre d'indicateurs : comptabilité nationale, budget économique prévisionnel. A partir de là, il pourra jouer des deux menaces qui semblent s'annuler : l'inflation et le chômage. Il semblait démontrer, statistiquement, que plus l'inflation augmentait, plus le chômage diminuait et réciproquement. Dans ces conditions, il suffisait de trouver un équilibre entre un taux d'inflation et un taux de chômage également tolérables en favorisant, selon la tendance, l'offre ou la demande, l'investissement ou la consommation.

    Ces « conquêtes sociales » que les syndicats ouvriers se flattent d'avoir « arrachées au patronat » servirent au développement de la société de consommation et fournirent au capitalisme financier de fructueuses occasions de profit. Ainsi les congés payés permirent l'essor des industries du tourisme et du loisir, en élargissant leur clientèle. D'où une rentabilité exceptionnelle des placements bancaires dans ce domaine. Lord Beveridge, avec son pragmatisme de prédicant avait d'ailleurs expliqué aux industriels réticents que l'expansion du capitalisme dépendait de l'extension de l'Etat Providence. Certes, il se heurta à l'opposition du petit patronat, qui craignait, non sans raison, que l'alourdissement des charges sociales ne conduise à une concentration des entreprises, au profit de grands groupes financiers. Ce qui se passa effectivement.

    La massification de la société provoquait la bureaucratisation du syndicalisme, des « permanents » se substituant aux délégués élus, qui n'ont plus qu'un rôle de sous-officiers, afin d'assurer la direction des syndicats. Même là où l'on conserve une apparence de débat démocratique, comme à la C.F.D.T. ou à F.O., ce n'est pas la base qui choisit les permanents mais les dirigeants déjà en place. A la C.G.T., ces pudeurs ont disparu. Progressivement, les dirigeants durent s'entourer de conseillers, juristes et économistes, pour conduire des négociations complexes avec les hauts fonctionnaires de l'Etat et les experts du patronat. Ce beau monde sort des mêmes écoles, touche des salaires équivalents, fréquente le même milieu, noue des liens familiaux. Seule la C.G.T. fait exception, par sa prétention à s'assurer le contrôle exclusif des masses mais le mécanisme de sélection n'est guère différent. Le « centralisme démocratique »,que les réformistes reprochent aux communistes, constitue une pratique commune à toutes les organisations, à ceci près que le marxisme-léninisme l'a codifié, la portant à son point de perfection.

    Même si la C.G.T. se donne des objectifs révolutionnaires, dans le quotidien des luttes, il lui faut, comme les autres syndicats, proposer des revendications ponctuelles. Dans la mesure où la révolution mondiale se situe dans le long terme, la C.G.T. si elle veut maintenir son influence sur la masse doit pratiquer un réformisme, sans doute extrême, démagogique autant qu'elle le pourra mais un réformisme tout de même. En effet la masse est incapable de viser le long terme, sinon de façon chimérique — l'utopie. De son mouvement spontané, comme l'avait fort bien compris Lénine, elle ne s'intéresse qu'à l'amélioration de sa vie matérielle. Cela convient parfaitement au capitalisme financier. Plus la vie matérielle de la masse s'améliore, plus elle consomme, plus elle consomme, plus l'industrie produit, plus le grand commerce vend, plus le capitalisme financier gagne d'argent. La collusion des « experts » syndicaux, patronaux ou étatiques exprime cet accord de fond. Les intérêts des divers groupes s'opposent dans le détail. Ils n'en restent pas moins convergents dans la durée. Telle concession que le patronat s'efforcera, avec plus ou moins de bonheur, de refuser, du moins momentanément, afin de satisfaire sa base, petits et moyens entrepreneurs qui craignent les charges qu'elle implique, finira par être accordée ce qui provoquera quelques faillites de P.M.E. mais se traduira globalement par un surcroît de profits.

    En effet, le capitalisme financier, qui contrôle les organisations patronales, ne peut pas avouer qu'il est d'accord, sur le fond, avec les syndicats ouvriers. Cela provoquerait la révolte des P. M. E. Que constate-t-on néanmoins ? Ce sont ses mandataires politiques, élus grâce aux voix de la bourgeoisie, qui ont pris les mesures législatives destinées à la détruire, de Caillaux à Giscard. Millionnaire en francs-or Caillaux avait toutes les apparences du grand bourgeois. Cependant ce fut lui qui, à la veille de la première guerre mondiale, fit voter, grâce à une « majorité d’idées », où les socialistes se retrouvaient aux côtés de députés libéraux ou conservateurs, élus grâce aux caisses électorales du grand patronat, l'impôt sur le revenu. Caillaux ne dissimulait pas qu'il s'agissait de mettre en pratique le principe de l'égalité. Chacun devait contribuer aux besoins financiers de l'Etat selon ses moyens. En fait la progressivité de l'impôt chargeait davantage les classes moyennes que le reste de la population. Symboliquement le nouvel impôt ouvrait, avec prudence, la voie à l'Etat Providence, qui utilisera la fiscalité, puis les prestations sociales, pour redistribuer les revenus, donnant aux uns ce qu'il prenait aux autres.

    Giscard allait mener à son terme le processus. Lui-même reconnaissait qu'au-delà de 40 % les prélèvements obligatoires changeraient la nature de la société. A la fin de son septennat, ils avoisinaient 42 %. La France était effectivement devenue un Etat socialiste. Les Français en tirèrent la conséquence. Ils élirent des socialistes. Désormais, après prélèvements obligatoires, le salaire d'un cadre supérieur, qui travaille parfois quinze heures par jour et qui a fait de longues études, n'était supérieur que de quatre fois à celui du smicard et encore cela semblait beaucoup trop à l'intelligentsia de gauche qui rêvait de réduire encore l'écart.

    Il fallait, pour justifier cette évolution des prétextes vertueux. La réduction des inégalités sociales, confortait les belles âmes. En réalité, comme c'est toujours le cas, la rhétorique moralisante dissimulait un calcul sordide. La faute, dont la bourgeoisie se voyait accusée, ne relevait pas du juste ou de l'injuste mais de la nécessité économique. Elle consommait mal. Elle employait des domestiques, elle s'habillait chez le tailleur ou la couturière, elle occupait ses loisirs à lire, à voyager, à s'occuper de son jardin. Plus grave encore, elle thésaurisait. Rien-là qui soit, du point de vue de l'économiste ou du financier, rentable. Il convenait de transférer les revenus dont elle se servait si mal à la masse qui en ferait meilleur usage.

    Encore qu'elle ait profité de la prospérité générale, son niveau de vie, s'il a augmenté en valeur absolue a effectivement diminué, en valeur relative. Surtout il s'est modifié. Désormais la bourgeoisie, même si elle peut se procurer des produits de meilleure qualité, consomme, comme les autres Français des biens fabriqués en série. Léon Bloy, qui n'avait qu'une bonne, se tenait pour un traîne misère. Maintenant c'est un luxe que seuls s'offrent les plus fortunés mais tout le monde possède des appareils ménagers. Les hôtels se sont transformés en usines à sommeil et le téléviseur a remplacé le petit déjeuner dans la chambre. Le wagon restaurant, a disparu au profit d'une médiocre restauration à la place. Bientôt constatait un chroniqueur gastronomique, il ne restera rien entre Bocuse et le « fast food ». Il n'existe plus une clientèle suffisante pour payer les prix qu'il faudrait pratiquer du fait de l'accroissement des salaires et. des charges sociales. Dans tous les domaines, y compris la table, le quantitatif a remplacé le qualitatif.

    La bourgeoisie a donc été délibérément sacrifiée, non à de nobles principes mais aux exigences de la rentabilité. Son mode de vie a disparu. Comment expliquer qu'une classe, qui, selon les marxistes, détient le pouvoir économique se soit appauvrie, au moins relativement afin d'enrichir la masse, de propos délibéré ? Il faudrait lui attribuer une grandeur d'âme qu'on ne lui reconnaît pas volontiers. De fait, elle a résisté tant qu'elle a pu et Caillaux a eu beaucoup de mal à faire voter l'impôt sur le revenu. Considérons plutôt comment les choses se sont passées. Ce type d'impôt existait, sous des formes différentes, en Prusse, l'einkommensteuer, et en Grande Bretagne, l'income tax. En fait, le Sénat ne se résignera à le voter que le 15 juillet 1914, à la veille de la guerre mondiale et il ne sera vraiment établi que par la loi du 31 juillet 1917. En d'autres termes, seul le retard économique de la France explique qu'il n'ait pas été créé plus tôt. Il coïncide avec l'avènement de la production de masse, imposée par la nécessité d'alimenter le front en armements. La justice sociale n'intervient qu'au niveau du discours. « Le Figaro » du 15 janvier 1914 se trompe-t-il qui soutient que « le ministre (Caillaux) ne peut être que le complice obéissant » de la Haute Banque ? Le bruit ayant couru que le projet d'impôt sur le revenu exonérerait les rentes d'Etat, un superbe coup de bourse, dont Caillaux a peut-être profité, donnera corps à l'accusation. Même si elle n'était pas fondée, les liens de Caillaux avec la haute banque sont notoires. Ne préside-t-il pas deux « crédits fonciers », l'argentin et l'égyptien ?

    Sa généalogie est beaucoup plus instructive. Ancien ministre de Mac Mahon son père a fini président du P.L.M., après être entré, par un brillant mariage, dans. une « dynastie bourgeoise » pour reprendre l'expression de Beau de Loménie, d'ailleurs trompeuse. Ces dynasties-là ne doivent rien à la bourgeoisie, du moins au sens habituel du terme. Elles se moquent bien de ses intérêts. Pourquoi s'en soucieraient-elles ? Elles ne se sont pas enrichies par le travail, l'épargne, l'esprit d'entreprise mais par le pillage de l'Etat. Républicaines plutôt que bourgeoises, elles ont commencé sous le Directoire ou le Consulat leur immense fortune. Du moins Beau de Loménie à force de comparer la composition des assemblées parlementaires, des conseils d'administration, de la haute administration, a-t-il prouvé que certaines familles, qui parfois, comme les Broglie ou les d'Ormesson, s'enracinent dans l'ancienne France ou d'autres sortent d'un lointain ghetto, ont joué, du fait de leur puissance financière, des postes qu'elles n'ont cessé d'occuper, des alliances matrimoniales qu'elles ont nouées, d'un réseau serré de relations mondaines, un rôle parfois déterminant, toujours important dans l'évolution de la société française. Tout ne s'explique sans doute pas par leur influence et Beau de Loménie leur accorde trop de poids. Celui qui leur reste paraît suffisant. En tous cas ni l'impôt sur le revenu ni même celui sur les grandes fortunes ne les ont empêchées de continuer de s'enrichir plus vite que n'augmentaient les prélèvements obligatoires. Elles, du moins, ont préservé leur mode de vie.

    Il n'y a jamais en histoire un principe unique d'explication. Beau de Loménie a trop systématisé. Il a sous-estimé la complexité des comportements et n'a pas tenu assez compte des rivalités internes, des jalousies, des haines parfois, qui déchirent les familles. Néanmoins, il reste que l'existence de groupes sociaux qui vivent en parasites de l'Etat ne saurait être contestée. Elle remonte à la plus haute antiquité. Que l'on se souvienne de la place que tiennent les publicains dans les évangiles. Dès l'origine, l'Etat a jugé commode de confier la perception de l'impôt à des compagnies privées. L'usage s'était perpétué dans l'ancienne France. Nos rois dépendaient des traitants, encore qu'ils en pendaient deux ou trois pour l'exemple, de temps à autre. Ce qui servait de leçon aux survivants pendant quelques années. Louis XIV fut le dernier à user de cette heureuse coutume. Aussi Gaxotte constate-t-il qu'à la veille de la révolution si la France était riche, l'Etat était pauvre. Du puissant fermier général à l'humble maltôtier de sénéchaussée, une caste de gens de finance se nourrissait de sa substance. Dans son « Turcaret », Lesage brossera le portrait de l'un deux, valet brutalement métamorphosé en opulent brasseur d'argent.

    Une autre sangsue saignait l'Etat. En instituant la vénalité des offices François Ier soumettait la justice au pouvoir de l'argent. Les parlements cessaient d'être des assemblées de légistes, fidèles serviteurs de la monarchie. Arguant d'anciens privilèges ils tentaient de la régenter et se posaient en défenseurs des libertés tandis que les féodaux, dont le pouvoir avait été brisé par Richelieu, en conservaient la nostalgie. Ainsi se constituait l'équivalent français de l'établissement britannique. Le Roi faisait obstacle à son ambition. Louis XV entreprit même, avec le chancelier Maupeou et l'abbé Terray de faire l'économie de la révolution, en tentant de constituer une administration de la justice et des finances, indépendantes de l'argent, donc de fonder l'égalité devant l'impôt et devant la loi. Grâce aux intellectuels à gage qu'ils entretenaient, fermiers généraux et parlementaires, se fondant sur l'exemple d'une Angleterre libérale, ameutèrent l'opinion. Louis XVI céda mais dans sa volonté de reconstituer une armée capable de rivaliser avec celle de la Prusse, il institua, pour l'accès aux grades supérieurs, les quatre quartiers de noblesse. Cette mesure ne visait pas la bourgeoisie, que le métier des armes attirait peu mais les financiers qui les achetaient, pour leurs fils. Le commandement effectif était assuré par des nobles sans fortune auxquels tout espoir d'avancement se voyait refusé. Même s'il légua à la France l'armée qui permit les victoires de la Révolution et de l'Empire, ce ne fut pas pardonné au Roi.  

     (A suivre - A venir : « De Caillaux à Giscard : Le système libéral » suite)

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [I]

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [II]

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [III]

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [IV]

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Prisons françaises : melting pot ethnique - Journal du Vendredi 16 Février 2018

  • Jérôme Blanchet-Gravel : « le multiculturalisme nous replonge dans un état d’ensauvagement »

    La promesse multiculturelle, véritable totem contemporain, n’a pas fini de faire taire les sceptiques. Alors justement, Radio Sputnik a reçu l’un d’entre eux : Jérôme Blanchet Gravel.

    Notre invité n’a que 28 ans mais, comme nous le savons, “aux âmes bien nées, les livres n’attendent pas le nombre des années”. Son dernier essai, “La face cachée du multiculturalisme”, publié aux éditions du Cerf, est déjà son quatrième.

    Un ouvrage éclairant car contre-intuitif : pour notre invité, le multiculturalisme est présenté comme un progrès mais serait en réalité brutalement réactionnaire.

    https://fr.novopress.info/209622/jerome-blanchet-gravel-le-multiculturalisme-nous-replonge-dans-un-etat-densauvagement/

  • MAURRAS, PAS COMMÉMORÉ MAIS TOUJOURS ACTUEL

    6a00d83451619c69e201b7c9507831970b-250wi.jpgMaurras l’a échappé belle ! Le vieux royaliste irréductible, que Bernanos menaçait jadis d’avoir des obsèques au Panthéon, a manqué figurer au recueil officiel des commémorations républicaines. Certes, commémorer n’est pas fêter, comme l’ont rappelé Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, membres du Haut Comité des commémorations nationales. Tout de même, cela aurait fait mauvais effet dans sa biographie posthume. Grâces soient donc rendues à SOS-Racisme, à la Licra et aux phalanges de censeurs sorties des officines associatives, de nous avoir épargné ça ! Et loués soient-ils aussi d’avoir attiré l’attention des Français sur l’œuvre trop oubliée de ce penseur politique de premier rang, dont les idées sont trop souvent caricaturées et le nom utilisé avec une connotation forcément péjorative pour discréditer tout politicien de droite, ou étiqueté comme tel, coupable d’avoir franchi une mystérieuse ligne Buisson-Maurras qui paraît être le nouveau Rubicon idéologique de la gauche.
    Les contempteurs de Maurras lui auront ainsi assuré une nouvelle publicité. Puisse-t-elle inciter une partie, la plus large possible, de nos compatriotes à lire ce pestiféré, à la faveur des rééditions annoncées cette année. Ils y trouveront une pensée très loin d’être réductible à l’antisémitisme « d’État » (Maurras réfutait vigoureusement les théories racialistes). Son apport principal réside, à mon sens, dans la conception d’un ordre politique qu’il regarde comme le mieux à même d’assurer l’existence et la grandeur de la nation française, et qui le conduit à conclure en faveur d’une restauration de la monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. Un ordre fondé sur les communautés d’appartenance – à commencer par les familles – et les corps intermédiaires ; et couronné par le gouvernement royal, fort, indépendant, arbitre et garant de l’unité nationale, mais dont l’action reste limitée aux fonctions régaliennes, laissant les Français s’organiser librement : « en bas les républiques, en haut la royauté et, par-delà tous les espaces, la Papauté ! », écrivait-il en 1958 à Pierre Boutang.
    Cette conception n’a rien perdu de son actualité, comme le montre aujourd’hui la question corse. S’il avait le moindre souci de la patrie – ce dont je doute –, je conseillerais à Emmanuel Macron de lire ces lignes tirées de La monarchie fédérale (1927) : « En travaillant à la reconstruction de la ville ou de la province, on travaille à reconstituer la nation. Le provençal ne fait aucun obstacle à l’épuration et à l’illustration de la langue française, et bien au contraire il y aide. » (Il en va de même du corse.) « Le patriotisme français nourri et rafraîchi à ses vives sources locales est peut-être un peu plus compliqué à concevoir et à régler que le patriotisme unificateur, simpliste, administratif et abstrait de la tradition révolutionnaire et napoléonienne. Mais comme il est plus fort ! Et surtout, comme il est plus sûr ! »
    De son côté, Gilles Simeoni pourrait lui aussi méditer cette remarque tirée du même ouvrage : « Il n’y a pas antinomie, mais affinité entre l’unité française et les diversités régionales qui la composent (…) les peuples heureux, les politiques adroits sont d’ailleurs ceux qui savent combiner ces diversités au lieu de les entrechoquer. » Mais la République française, qui vit des divisions partisanes et les entretient, s’est construite sur le jacobinisme en répudiant les libertés provinciales. L’Administration y est seule garante de l’unité, devenue synonyme d’uniformité. Comme le déplorait Maurras, le désordre républicain continue à mettre ainsi l’État partout, et l’inconstance en haut.

    ERIC LETTY

    http://www.monde-vie.com/index.php?option=com_k2&view=item&id=148:maurras-pas-commemore-mais-toujours-actuel&Itemid=101

  • Comprendre la mobilisation des agriculteurs

    6a00d83451619c69e201b8d2dad0c8970c-250wi.pngDe Loup Mautin, agriculteur :

    "Sacrifiée par l’Union européenne, l’agriculture n’en finit plus de mourir. Partout, dans le pays, ce n’est plus la neige qui bloque les routes, mais ce sont ceux qui, avec l’énergie du désespoir, défendent les primes qui les maintiennent artificiellement en vie… ou, plus exactement, le périmètre des zones qui détermine l’attribution de l’indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN).

    Cette aide est un coup de pouce à l’élevage, dans des zones défavorisées où il est particulièrement menacé de disparition. Ce sont des territoires ou des communes sur lesquels l’agriculture est plus délicate en raison du climat, du relief ou de la productivité de la terre. Ce sont, par exemple, des terrains en pente avec une texture du sol qui ne permet pas de faire des rendements importants, qui sont caillouteux, avec des reliefs difficiles, ou des terrains où les questions de sécheresse ou de froid sont importantes.

    Les cartes sur la base desquelles sont attribuées ces aides datent de 1976. La Cour des comptes européenne les a remises en cause en partant du principe qu’elles étaient hétérogènes et non cohérentes entre tous les États membres. Une révision a donc été enclenchée à partir de 2013 et doit être mise en application à partir du 1er janvier 2019. Des critères, appelés « biophysiques », ont été définis et tous les États membres refont la cartographie à partir de ceux-ci. En France, l’ICHN est distribuée aux agriculteurs tous les ans et représente un milliard d’euros, sur les neuf qui sont versés au titre de la PAC. Elle est proportionnelle à la surface et au nombre d’animaux. En moyenne, une exploitation peut toucher entre 3.000 et 10.000 euros par an. Sur les territoires difficiles, cela peut correspondre à 30 %, voire 50 %, voire la totalité du revenu des agriculteurs.

    Au moment où 60 % des céréaliers ne dégagent plus de revenus et où 30 % des agriculteurs vivent avec moins de 400 € par mois, la disparition de cette aide serait mortelle pour de nombreuses exploitations. C’est la raison pour laquelle la mobilisation grandissante, mais quelque peu ignorée, des agriculteurs en cette fin d’hiver doit être prise au sérieux, tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas d’aides qu’ont besoin nos éleveurs et nos céréaliers, mais bien de prix rémunérateurs !"

    par Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2018/02/comprendre-la-mobilisation-des-agriculteurs.html

  • Pourquoi Poutine « permet-il » à Israël de bombarder la Syrie ? (Le Saker)

    Une fois n'est pas coutume sur ce site : un petit "cours" de géostratégie (traduction de l'anglais par nos soins)
    Y.S.
    Pourquoi Poutine « permet-il » à Israël de bombarder la Syrie ?
    Par The Saker
    Informationclearinghouse a récemment publié un article de Darius Shahtahmasebi intitulé « Israël continue de bombarder la Syrie et personne ne fait quoi que ce soit ». Suite à cette publication, j'ai reçu un courriel d'un lecteur me posant la question suivante : « Pourquoi Poutine permet à Israël de bombarder la Syrie ? Je suis choqué par les actions de Poutine - est-ce que Poutine soutient l'entité sioniste, comme si de rien n'était. J'apprécierais vos commentaires à ce sujet. Aussi - j'ai entendu, mais je n'ai pas pu confirmer, que les immigrants juifs russes en Palestine occupée sont les plus ardents persécuteurs des Palestiniens - il font beaucoup de choses pour devancer Netanyahu. Pouvez-vous commenter s'il vous plaît ? ». Dans son article, Darius Shahtahmasebi se demande pourquoi le monde ne fait rien pour arrêter les Israéliens (« Pourquoi l'Iran, la Syrie et/ou le Hezbollah au Liban n'ont-ils pas répondu directement ? »). Mon lecteur est plus spécifique et se demande pourquoi Poutine ( ou la Russie) ne fait pas que «permettre» à Israël de bombarder la Syrie, mais peut-être même soutient l'entité sioniste.
    Je vois souvent ce genre de question dans les courriels et dans les commentaires, alors je voulais aborder cette question aujourd'hui.
    Premièrement, nous devons examiner certaines hypothèses critiques impliquées par cette question. Ces hypothèses sont les suivantes:
    > Que la Russie peut faire quelque chose pour arrêter les Israéliens
    > Que la Russie devrait (ou même est moralement obligée) de faire quelque chose.
    Permettez-moi de commencer en disant que je suis catégoriquement en désaccord avec ces deux hypothèses, en particulier la deuxième. Prenons-les une par une.
    Hypothèse n ° 1: la Russie peut arrêter les attaques israéliennes contre la Syrie.
    Comment ? Je pense que la liste des options est assez évidente ici. Les options russes vont de l'action diplomatique (protestations et condamnations privées ou publiques, tentatives de résolution du CSNU) à une action militaire directe (abattre des avions israéliens, les «balayer» avec un radar de combat pour tenter de les effrayer ou au moins, essayer d'intercepter des missiles israéliens).
    Essayer de raisonner avec les Israéliens ou d'écouter l'ONU a été tenté par de nombreux pays pendant des décennies et s'il y a une chose qui ne fait aucun doute, c'est que les Israéliens se foutent de ce que quelqu'un a à dire. Donc, leur parler n'est qu'un gaspillage d'oxygène. Qu'en est-il de les menacer ? En fait, je pense que cela pourrait fonctionner, mais à quel risque et quel prix ?
    Tout d'abord, alors que j'ai toujours dit que les forces terrestres de Tsahal sont plutôt mauvaises, ce n'est pas le cas de leurs forces aériennes. En fait, dans ce registre ils sont plutôt bon. Maintenant, si vous regardez où sont les défenses aériennes russes, vous verrez qu'elles sont toutes concentrées autour de Khmeimim et de Tartous. Oui, un S-400 a une portée très longue, mais cette portée dépend de beaucoup de choses, y compris la taille de la cible, sa section radar, ses capacités de guerre électronique, la présence d'avions spécialisés EW, l'altitude, etc. Les Israéliens sont des pilotes expérimentés qui sont très opposés au risque, donc ils font très attention à ce qu'ils font. Enfin, les Israéliens sont très conscients de l'endroit où se trouvent les Russes et où se trouvent les missiles. Je pense qu'il serait assez sûr de dire que les Israéliens s'assurent de garder une distance de sécurité minimale entre eux et les Russes, ne serait-ce que pour éviter tout malentendu. Mais admettons que les Russes ait une chance d'abattre un avion israélien - quelle serait la réaction israélienne probable à un tel carton ? Dans cet article, Darius Shahtahmasebi écrit : « Est-ce parce qu'Israël aurait bien plus de 200 armes nucléaires toutes « pointées sur l'Iran », et il y a peu de choses que l'Iran et ses alliés puissent faire face à une telle menace » Je ne vois pas les Israéliens utiliser des armes nucléaires contre les forces russes, cependant, cela ne signifie nullement que les Russes, lorsqu'ils traitent avec Israël, ne devraient pas considérer le fait qu'Israël est une puissance armée nucléaire dirigée par des mégalomanes racistes. Concrètement, cela signifie : « La Russie (ou tout autre pays) devrait-elle risquer un affrontement militaire avec Israël au sujet de quelques camions détruits ou d'une décharge d'armes et de munitions » ? Je pense que la réponse évidente est clairement «non».
    Alors que c'est le genre de calculs que les États-Unis ignorent (du moins officiellement - d'où le chahut contre la RPDC), la Russie est gouvernée par un homme sain et responsable qui ne prend pas pour habitude de se laisser mener dans un conflit. Décision russe par exemple de ne pas riposter coup-pour-coup contre la destruction du SU-24 par les Turcs. Si les Russes n'ont pas riposté contre les Turcs abattant un de leurs propres avions, ils ne vont sûrement pas attaquer les Israéliens lorsqu'ils attaquent une cible non russe !
    Il y a aussi des problèmes factuels à considérer : même certains systèmes de défense aérien russes sont très avancés et pourraient abattre un nombre X d'avions israéliens ; néanmoins, ils sont loin d'être assez nombreux pour empêcher toute l'armée de l'air israélienne de les saturer. En fait, Israël et le CENTCOM ont tout simplement un tel avantage numérique sur le contingent russe relativement petit qu'ils pourraient tous les deux dépasser les défenses russes, même s'ils subiraient des pertes dans le processus.
    Alors oui, les Russes pourraient probablement arrêter une ou quelques attaques israéliennes, mais si les Israéliens décidaient de s'engager dans une campagne aérienne soutenue contre des cibles en Syrie, il n'y a rien que les Russes pourraient faire sans partir en guerre contre Israël. Donc, ici encore, un principe stratégique très fondamental s'applique pleinement : vous ne voulez jamais commencer un processus d'escalade que vous ne contrôleriez pas et que vous ne pourriez pas gagner. Cela signifie simplement que si les Russes ripostent, ils perdent, et les Israéliens gagnent. C'est vraiment simple et les deux parties le savent (ce n'est pas le cas du stratège de salon).
    Et cela demande un regard critique sur la deuxième hypothèse:
    Hypothèse n ° 2: La Russie a le devoir moral d'arrêter les attaques israéliennes contre la Syrie
    C'est celui qui me déconcerte le plus. Pourquoi dans le monde quelqu'un pourrait-il penser que la Russie doit quelque protection que ce soit à n'importe qui sur la planète ?! Pour commencer, quand est-ce la dernière fois que quelqu'un est venu à l'aide de la Russie ? Je ne me souviens de personne au Moyen-Orient ayant offert son soutien à la Russie en Tchétchénie, en Géorgie ou, d'ailleurs, en Ukraine ! Combien de pays du Moyen-Orient ont reconnu l'Ossétie du Sud ou l'Abkhazie (ce que l'on peut mettre en perspective avec le cas du Kosovo !) ? Où était « l'aide » ou « l'amitié » musulmane ou arabe envers la Russie lorsque des sanctions ont été imposées et que le prix du pétrole a chuté ? Dite-moi - comment exactement les « amis » de la Russie lui ont-ils exprimé leur soutien par exemple au sujet du Donbass ou de la Crimée ?
    Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi la Russie a une obligation morale envers la Syrie, l'Iran ou le Hezbollah alors qu'aucun pays musulman ou arabe n'a fait quoi que ce soit pour aider le gouvernement syrien à lutter contre les Takfiris ? Où est la Ligue arabe ? Où est l'Organisation de la coopération islamique ?!
    N'est-ce pas un fait que la Russie a fait plus en Syrie que tous les pays de la Ligue arabe et de l'OCI combinés ?!
    Où les Arabes et les Musulmans du Moyen-Orient ont-ils ce sentiment de droit qui leur enjoint qu'un pays lointain qui est confronté avec beaucoup de problèmes politiques, économiques et militaires doit faire plus que les voisins immédiats de la Syrie ?!
    Poutine est le président de la Russie et il est d'abord et avant tout responsable devant le peuple russe à qui il doit fournir une explication pour chaque victime russe et même chaque risque qu'il prend. Il me semble qu'il a tout à fait raison lorsqu'il agit en premier lieu pour défendre les gens qui l'ont élu et personne d'autre.
    Soit dit en passant, Poutine était très clair sur la raison pour laquelle il dirigeait une intervention militaire russe (très limitée) en Syrie : protéger les intérêts nationaux russes, par exemple en tuant des cinglés de Takfiris en Syrie pour ne pas avoir à se battre contre eux sinon dans le Caucase et le reste de la Russie. À aucun moment et en aucun cas, aucun officiel russe n'a fait référence à une quelconque obligation de la Russie envers la Syrie ou envers tout autre pays de la région. Certes, la Russie a soutenu le président Assad, mais ce n'était pas à cause d'obligations envers lui ou son pays, mais parce que les Russes ont toujours insisté sur le fait qu'il était le président légitime de la Syrie et que seul le peuple syrien avait le droit de décider de le maintenir à son poste ou de le remplacer. Et, bien sûr, il est dans l'intérêt national de la Russie de montrer que, contrairement aux États-Unis, elle se tient aux côtés de ses alliés. Mais rien de tout cela ne signifie néanmoins que la Russie est désormais responsable de la protection de la souveraineté de l'espace aérien ou du territoire syrien.
    En ce qui me concerne, le seul pays qui a fait plus encore que la Russie pour la Syrie est l'Iran et, au lieu de gratitude, les pays arabes « remercient » les Iraniens en conspirant contre eux avec l'aide des USA et d'Israël. Hassan Nasrallah jour parfaitement son rôle lorsqu'il déclare que tous ces pays sont des traîtres et collaborateurs de l'Empire Anglo-sioniste.
    Il y a quelque chose de profondément immoral et hypocrite dans ce gémissement constant, implorant que la Russie devrait faire plus alors qu'en réalité la Russie et l'Iran sont les deux seuls pays à faire quelque chose de significatif (avec le Hezbollah, bien sûr!).
    Je vais tâcher de maintenant répondre à quelques questions type :
    Question n ° 1 : mais la Syrie, l'Iran et le Hezbollah ne sont-ils pas des alliés russes ?
    Oui et non. Objectivement - oui. Formellement - non. Cela signifie que si ces trois entités ont des objectifs communs, elles sont également indépendantes et ont des objectifs qui ne sont pas partagés par d'autres. De plus, elles n'ont pas de traité de défense mutuelle et c'est pourquoi ni la Syrie, ni l'Iran, ni le Hezbollah n'ont riposté contre la Turquie lorsque les Turcs ont abattu le SU-24 russe. Si certains en doutent, je dirais que cette absence de traité de défense mutuelle formelle est une très bonne chose ne serait-ce que parce qu'elle empêche les forces russes ou iraniennes en Syrie de devenir des forces « triphasées » qui, si l'une d'entre elles était attaquées, exigerait une réponse immédiate des autres. Dans une situation extrêmement dangereuse et explosive comme le Moyen-Orient, la flexibilité offerte par l'absence d'alliances formelles est un gros avantage pour toutes les parties impliquées.
    Question n ° 2 : cela signifie-t-il que la Russie ne doive rien faire ou soutiendrait même Israël ?
    Bien sûr que non ! En fait, Netanyahu s'est même rendu à Moscou pour faire toutes sortes de menaces mais il est rentré chez lui sans rien obtenir (les sources russes rapportent même que les Israéliens ont fini par s'accrocher avec leurs homologues russes). Rappelons ici quelque chose qui pourtant devrait être évident pour tout le monde : l'intervention russe en Syrie a été un désastre total et absolu pour Israël (j'explique cela en détail dans cet article). Si les Russes avaient eu une quelconque affection pour les intérêts israéliens, ils ne seraient jamais intervenus en Syrie ! Cependant, ce refus de laisser Israël dicter les politiques russes au Moyen-Orient (ou ailleurs) ne signifie nullement que la Russie puisse simplement ignorer le pouvoir très réel des Israéliens, non seulement à cause de leurs armes nucléaires, mais aussi à cause de leur de-facto contrôle du gouvernement américain.
    Question n ° 3 : alors qu'est-ce qui se passe réellement entre la Russie et Israël ?
    Comme je l'ai expliqué ailleurs, les relations entre la Russie et Israël sont très complexes et à plusieurs niveaux et rien entre ces deux pays n'est vraiment noir ou blanc. D'une part, il existe en Russie un puissant lobby pro-israélien auprès duquel Poutine s'est frotté au fil des années, mais seulement par très petites étapes et progressivement. La clé pour Poutine est de faire ce qui doit être fait pour faire avancer les intérêts russes mais sans déclencher une crise politique interne ou externe. C'est pourquoi les Russes font certaines choses, mais plutôt tranquillement.
    Tout d'abord, ils rénovent les défenses aériennes syriennes vieillissantes non seulement avec des mises à jour logicielles, mais aussi avec du matériel plus récent. Ils entraînent aussi, bien sûr, les formations militaires syriennes. Cela ne signifie pas que les Syriens pourraient fermer leur ciel aux avions israéliens, mais que progressivement les risques de frapper la Syrie augmenteraient chaque mois. Premièrement, nous ne sommes peut-être pas capable de le remarquer, mais je suis convaincu qu'une analyse minutieuse du type d'objectifs que les Israéliens cherchent à atteindre diminueront en importance et perdront de la valeur, ce qui signifie que les Syriens deviendront de plus en plus capables de défendre leurs atouts les plus importants.
    Deuxièmement, il est assez évident que la Russie, l'Iran et le Hezbollah travaillent en synergie. Par exemple, les Russes et les Syriens ont intégré leurs défenses aériennes, ce qui signifie que les Syriens peuvent maintenant « voir » beaucoup plus loin que ce que leurs propres radars leur permettraient de faire. En outre, considérons le nombre de missiles de croisière américains qui ne sont jamais parvenus à la base aérienne syrienne que Trump a voulu bombarder : il est plus ou moins admis maintenant que c'était le résultat des contre-mesures russes EW.
    Enfin, les Russes « couvrent » clairement le Hezbollah et l'Iran politiquement en refusant de les considérer comme des parias, ce qu'Israël et les États-Unis ont toujours exigé. C'est pourquoi l'Iran est traité comme un acteur clé dans le processus de paix parrainé par la Russie alors que les États-Unis et Israël n'y sont même pas invités.
    Donc, la vérité est simple : les Russes ne s'opposeront pas directement aux Israéliens, mais ce qu'ils vont faire, c'est renforcer tranquillement l'Iran et le Hezbollah, ce qui est non seulement beaucoup plus sûr mais aussi beaucoup plus efficace.
    Conclusion
    Nous vivons dans une société viciée et dysfonctionnelle qui, après des décennies de domination américaine, confond la guerre et l'agression avec la force, ce qui implique la notion qu'un « grand pays » puisse se livrer à des saccages violents sur une base tout à fait légitime. Selon cette notion, il faut toujours avoir recours à la force militaire pour riposter à toute attaque. Je soutiens que les dirigeants russes et iraniens sont beaucoup plus sophistiqués que cela. Il en va de même pour la direction du Hezbollah. Rappelez-vous quand les Israéliens (avec la complicité évidente de certains membres du régime syrien, d'ailleurs) ont assassiné Imad Mughniyeh ? Le Hezbollah a promis de riposter, mais jusqu'à présent, presque une décennie plus tard, ils ne l'ont pas fait (ou, du moins, pas officiellement). Certains diront que les menaces du Hezbollah étaient des mots creux - je ne suis pas du tout d'accord. Quand Hassan Nasrallah promet quelque chose, vous pouvez le confier à la banque. Mais les dirigeants du Hezbollah sont suffisamment sophistiqués pour riposter quand le moment est venu et selon leurs propres termes. Et pensez aux Iraniens qui, depuis la Révolution islamique de 1979, ont été dans le collimateur des États-Unis et d'Israël et qui n'ont jamais donné à l'un d'entre eux le prétexte d'attaquer.
    Lorsque vous êtes beaucoup plus puissant que votre adversaire, vous pouvez être stupide et répondre par la force brute et stupide. Au moins pour le court à moyen terme. Finalement, comme nous le voyons aujourd'hui avec les États-Unis, ce genre de stupidité agressive se retourne contre l'agresseur et finit même par être contre-productive. Mais quand vous êtes plus petit, plus faible ou même juste en train de récupérer votre force potentielle, vous devez agir avec beaucoup plus de prudence et de sophistication. C'est pourquoi tous les adversaires de l'Empire anglo-sioniste (dont le Hezbollah, la Syrie, l'Iran, la Russie, la Chine, Cuba, le Venezuela) font tout leur possible pour éviter d'utiliser la force contre les Anglo-sionistes quand bien même elle serait amplement méritée. La seule exception à cette règle est Kim Jong-un qui a choisi une politique de menaces hyper-inflationnistes qui, bien qu'éventuellement efficace (il semble avoir déjoué Trump, au moins jusqu'à présent) est aussi très dangereuse à tel point qu'aucun des pays de la Résistance ne tient à y prendre part.
    Les Russes, les Iraniens et le Hezbollah sont tous des adultes « cultivés » (en termes politiques), et Assad apprend très vite, ce qui fait qu'ils comprennent tous qu'ils ont affaire à un « singe avec une grenade à main » (cela vaut aussi bien pour Israël que pour les dirigeants américains) qui combine une personnalité désagréable, un caractère versatile, un cerveau primitif et une grenade à main assez grande pour tuer tout le monde dans la pièce. Leur tâche est de neutraliser ce singe avant qu'il ne puisse dégoupiller. Dans le cas des frappes israéliennes sur la Syrie, la responsabilité première engageant une réponse d'une manière ou d'une autre incomberait soit sur la cible des frappes (habituellement le Hezbollah), soit sur la nation dont la souveraineté a été violée (Syrie). Et les deux pourraient, en théorie, riposter (en utilisant des missiles tactiques par exemple). Pourtant, ils ont choisi de ne pas le faire, et c'est l'approche sage et correcte. Quant aux Russes, ce n'est simplement pas leur affaire.
    Premier appendice :
    Encore une chose. Ne vous méprenez pas : la propension israélienne (et américaine !) à utiliser la force comme substitut à la diplomatie est un signe de faiblesse et non de force. Plus précisément, leur usage de la force ou la menace de l'usage de la force est le résultat de leur incompétence diplomatique. Alors que pour l'esprit non averti, l'usage systématique de la force peut apparaître comme une expression du pouvoir, l'histoire montre que la force brutale peut être vaincue lorsqu'elle n'est pas contestée directement, mais par d'autres moyens. Ceci est, par nécessité, un processus lent, beaucoup plus lent qu'une « victoire rapide » (pour la plupart entièrement théorique), mais néanmoins inéluctable. En termes purement théoriques, l'utilisation de la force peut avoir à peu près n'importe lequel des résultats suivants : défaite, impasse, victoire coûteuse ou relativement indolore. Ce dernier cas est extrêmement rare et l'utilisation de la force suppose principalement l'un des autres résultats. Parfois, l'utilisation de la force est vraiment la seule solution, mais je soutiens que le dirigeant politique avisé n'y recourra que lorsque toutes les autres options auront échoué et que des intérêts vitaux seront en jeu. Dans toute autre situation, une « mauvaise paix est préférable à une bonne guerre ».
    Deuxième appendice :
    Contrairement aux hallucinations des néocons, la Russie n'est absolument pas une « URSS renaissante » et Poutine n'a aucun désir de reconstruire l'Union Soviétique. De plus, il n'y a pas de mesure constitutionnelle significative en Russie pour de tels plans « impériaux » (enfin, il y a toujours des fous partout, mais en Russie, ils sont, Dieu merci, une minuscule minorité sans pouvoir). En outre, la nouvelle Russie n'est certainement pas une « anti-USA » dans le sens où elle essayerait de contrer toute manœuvre impériale ou hégémonique américaine. Cela peut sembler évident à beaucoup, mais j'ai tellement de questions sur les raisons pour lesquelles la Russie ne fait pas plus pour contrer les États-Unis en Afrique, en Amérique latine ou en Asie que je pense qu'il est, hélas, important de rappeler à tous le droit international et le bon sens : les problèmes du pays X doivent être traités par le pays X. La Russie n'a pas plus de légitimité que les Etats-Unis pour « résoudre » les problèmes du pays X. En outre, les problèmes du pays X sont généralement mieux traités par les voisins immédiats de celui-ci, et non par les superpuissances messianiques mégalomanes qui estiment devoir « faire avancer le projet » parce qu'ils sont « indispensables » ou parce que le « destin manifeste » leur impose la responsabilité de « diriger le monde ». Toute cette terminologie n'est que l'expression d'une mentalité « impériale » [guillemets ajoutés par nous – NIL] pathologique et délirante qui a coûté à la Russie et à l'Union Soviétique un prix absolument terrifiant en argent, en énergie, en ressources et en sang (par exemple, l'intervention soviétique en Afghanistan était justifiée par le devoir internationaliste de l'Union Soviétique et du peuple pour aider une « nation fraternelle »). Alors que ce genre d'absurdité est encore à 100% d'actualité dans les pauvres vieux États-Unis, il est absolument rejeté dans la Russie moderne. Pour l'entière crédibilité personnelle de Poutine vis-à-vis du peuple russe, même s'il ne pouvait pas exclure d'intervenir militairement, il n'aurait jamais cherché à surveiller la planète entière, à moins que des intérêts vraiment vitaux ne soient menacés (la Crimée était un cas si rare). Certains déploreront cela, je m'en réjouis personnellement, mais la vérité est que « les Russes ne viennent pas ».