Les démocraties vacillent et ceux qui les gouvernent semblent aussi impuissants que craintifs face au bruit et à la fureur, au tumulte et au fracas – la paraphrase est tentante… Et, après Hugo, on pourrait, pour résumer le sentiment des élites, solliciter Marx – « un spectre hante le monde : le spectre du populisme » – ou encore Jaurès : « le populisme porte la dictature comme une nuée dormante porte l’orage »… Car « populisme », « charisme », « homme providentiel » ont mauvaise presse. Autant de notions dont se sert l’oligarchie régnante pour disqualifier ses adversaires quand ils l’accusent de trahir les intérêts du peuple – notions utiles car efficaces et dispensant de toute réflexion.
Cependant, la caricature est-elle sans le moindre fondement ? Certainement pas, répond Alexandre Dorna à la fin de son dernier ouvrage, Faut-il avoir peur de l’homme providentiel ? (1), mais les détracteurs du populisme « non seulement excluent les causes et déforment les faits, mais également se dispensent de l’examen des conséquences ».