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  • La grandeur de la France, par Jean-Luc TARI

    Envahie par les barbares, la France subira-t-elle le même sort que l'Empire romain ?

     

    Les Français disposent d’un héritage magnifique. La France est la fille aînée de l’Église. La majeure partie des troupes de la 1ère croisade a été rassemblée par Godefroi de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et par le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles.
    La France s’est couverte à partir du XIIème siècle d’un blanc manteau de cathédrales. Elle a activement contribué avec l’Italie à la Renaissance des arts et des sciences : Léonard de Vinci est mort à Amboise après avoir été invité par François Ier. Les châteaux de la Loire témoignent du niveau d’excellence atteint par les bâtisseurs de cette époque.

    Au siècle des Lumières, la langue de Molière est parlée dans toutes les Cours d’Europe. Après sa visite du château de Versailles en 1717, Pierre le Grand fait venir des architectes français pour construire Saint-Pétersbourg. Frédéric II de Prusse convie Voltaire chez lui et Catherine de Russie invite Diderot.
    Dans l’Europe entière, des théâtres montent des pièces en français. En 1783, l’académie royale des sciences et des belles-lettres de Berlin pose la question suivante : qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle ? La philosophie et les sciences sont à l’honneur en France. Laplace et Lavoisier contribuent au progrès des sciences. Jusqu’au début du XXème siècle, les découvertes s’enchainent. Les frères Montgolfier construisent les premiers aérostats, Pasteur découvre le vaccin contre la rage, Niepce et Daguerre font progressé la photographie, les frères Lumière inventent le cinématographe, Pierre et Marie Curie identifient le radium, Clément Adler est un pionnier de l’aviation. Gustave Eiffel construit sa tour pour l’exposition universelle de 1889. La France est aussi un foyer culturel renommé. Le romantisme s’épanouit avec Hector Berlioz, Eugène Delacroix et Victor Hugo. Le mouvement impressionniste est porté par des peintres français : Monet, Degas, Renoir et Manet. Le rayonnement de la France est à son zénith.Ainsi la Renaissance intellectuelle en Europe serait due aux apports des musulmans. Ce sont pourtant eux qui ont détruit la grande bibliothèque d’Alexandrie. Pour croire que les Occidentaux ont eu besoin des musulmans pour connaître les philosophes grecs, il faudrait oublier que l’empire romain d’Orient a survécu près de 1000 ans à la chute de l’empire romain d’Occident (476-1453). Il faudrait aussi oublier que le latin est la langue officielle de l’Église catholique et que des moines copistes ont préservé les manuscrits des auteurs de l’antiquité durant des siècles.

     

    Il est toutefois regrettable que des idéalistes se croient obligés de renier ce passé. En effet, une utopie égalitariste prétend abolir toutes les différences. Les peuples doivent tous être égaux en dignité et leurs différences sont niées. Un relativisme absolu tient lieu de vérité.
    Ainsi le passé glorieux de la France doit être rabaissé pour se mettre au niveau des autres cultures. Les croisades et l’expansion coloniale deviennent le prétexte à une repentance sans fin. La haine de soi devient la norme pour des intellectuels décadents. Des mensonges risibles sont mêmes inventés pour complaire à des immigrants récemment arrivés.
    Si le reniement de nos racines a pour but de créer une communauté fraternelle universelle, la méthode employée est débile. En effet, quel est l’attrait d’une société qui cultive le misérabilisme ? Si les Français n’ont plus aucune fierté pour leur culture alors les immigrés ont toutes les raisons de garder leurs traditions et même de nous les imposer.
    L’autoflagellation est non seulement déshonorante mais aussi absurde. Le suicide civilisationnel proposé par une élite décadente conduit au communautarisme, et celui-ci mène à la guerre civile.
    Les discours politiquement corrects sont des inepties dangereuses. L’une d’elles affirme que l’immigration est une chance pour la France.
    L’Histoire enseigne que la France est née sur les décombres de l’empire romain ; celui-ci ayant été détruit par les invasions barbares. Faut-il que la France subisse le même sort ?
  • le goût français de la déprime.

    le goût français de la déprime. Étonnante la vie politique française quand on prend un peu de recul… À bien y regarder, la répartition des rôles à gauche à droite est troublante car elle se joue des étiquettes sans qu’aucun observateur qualifié, comme les spécialistes n’aiment rien tant qu’à s’auto-proclamer eux-mêmes, ne s’en étonne.
    Rappelez-vous… Quand le Parti communiste, par la voix de son secrétaire général, le tant regretté (ou regrettable, au choix) Georges Marchais, martelait : « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes (…). La cote d’alerte est atteinte. (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. Quand la concentration devient trop importante (…), la crise du logement s’aggrave. »(1)
    On sait ce qu’il advint par la suite de cette posture… Les « masses laborieuses » de souches gauloises désertant ses rangs, le PC effectua un virage à 180° pour soutenir les « camarades immigrés » dans leurs avides revendications territoriales.
    À droite, on sait ce qu’il advint, lors de son fameux « Appel de Cochin », de la dénonciation par Jacques Chirac – c’était en 1978, il était alors Premier ministre en exercice et Président du RPR – de la politique anti-nationale de l’Europe fédérale… À peine élu à la Fonction suprême, il en devint un ardent partisan…
    Alors, quand aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, accuse François Hollande, d’avoir « plongé notre pays dans la déprime », de « (nous) enlever le goût du futur » et son ministre de l’Intérieur Manuel Valls, de représenter l’« extrême droite du Parti socialiste », après avoir été « contaminé par le Front National », il ne fait finalement, à tord ou à raison, que pointer du doigt une tradition politique bien française de revirement sans vergogne de ses élus, quels que soient leurs bords.
    Ce qui est étonnant, c’est que le pivot de sa harangue contre le PS au Pouvoir reprenne quasiment mot pour mot celui du Front national envers l’UMP, accusée d’être elle-mêmes largement imprégnées des idéaux de gauche parce qu’infiltrés de nombre de ses représentants… Ce ne sont pas les nominations ministérielles des Bernard Kouchner, Fadela Amara, Martin Hirsch, Frédéric Mitterrand ou autres Éric Besson ou Jean-Pierre Jouyet du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui démentiront cela, puisqu’ils en ont été la plus évidente des illustrations.
    La ligne de fracture idéologique en France semble donc plus que jamais, au-delà des étiquettes, entre les populistes (Parti de Gauche/Front de Gauche et Front National/Rassemblement Bleu Marine) et l’UMPS (Parti socialiste/Europe Écologie les Verts et Union pour un mouvement populaire/ Union des démocrates et indépendants)…
    Quant à la ligne de fracture politique, elle n’a jusqu’à présent jamais bougée, ni même été sérieusement menacée : l’UMP et le PS tiennent invariablement et successivement les rênes du Pouvoir ou celles de l’opposition parlementaire… malgré les reniements, la déprime ou le retrait d’un quelconque « goût du futur » !
    Quant aux scandales à répétition touchant l’ensemble de cette classe politique au Pouvoir (des affaires Tapie-Crédit Lyonnais ou Betencourt-Sarkozy à celles de Cahuzac-Moscovici et Guérini-Andrieux), ils ne semblent guère interpeller les Français.
    Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon peuvent bien s’égosiller tant qu’ils veulent, une majorité de leurs compatriotes n’ont encore jamais été prêts à un grand bouleversement politique comme celui qui s’était produit, au début des années 1990, en Italie(2)…
    C’est qu’il fait si chaud en ce cours de l’été, après avoir fait si mauvais au début…
    Voyez, en France, même la météo semble s’être mise au diapason de la politique, c’est dire…

    Philippe Randa http://www.voxnr.com

    notes

    (1) Article publié par L’Humanité le 6 janvier 1981, à quatre mois de l’élection présidentielle, au terme de laquelle François Mitterrand devait être élu président de la République (sources : http://cyrilleemery.wordpress.com qui remercie pour l’infos Robert Ménard, fondateur du site www.bvoltaire.fr).
    (2) L’opération « Mains propres » – série d’enquêtes judiciaires – visa des personnalités politiques et économiques italiennes, compromises avec la Maffia. Elle provoqua la disparition de la Démocratie chrétienne et du Parti socialiste, partis dominants de l’après-guerre.

  • La belle endormie

    « Je suis heureux de vivre depuis 1945 dans un pays qui peut se passer de héros. »
    Le gouvernement d’Angela Merkel somme les pays du Sud de se réformer en profondeur, tout en rejetant la responsabilité des conséquences de cette politique de crise. Une attitude délétère pour l’Europe, à quelques semaines des élections allemandes, met en garde le philosophe Jürgen Habermas.
    Sous un titre en forme de supplique : « Non à l’Europe allemande ! », Wolfgang Schäuble démentait récemment,  une tribune une tribune publiée en Grande-Bretagne, en France, en Pologne et en Espagne, que l’Allemagne aspirait à un rôle de chef de file politique en Europe. Wolfgang Schäuble, qui est, avec la ministre du Travail [Ursula von der Leyen], le dernier membre du cabinet d’Angela Merkel à pouvoir être qualifié d’« Européen » sorti du moule ouest-allemand, parle avec conviction. Il est tout l’inverse d’un révisionniste qui souhaiterait désamarrer l’Allemagne de l’Europe et ce faisant, détruire ce qui est le fondement de la stabilité depuis la guerre. Il connaît le problème dont nous autres, Allemands, devons redouter la résurgence.
    Après la fondation de l’Empire, en 1871, l’Allemagne avait acquis une position funeste, à demi-hégémonique en Europe. L’Allemagne était, selon les termes souvent repris de [l’historien allemand] Ludwig Dehio, « trop faible pour mettre le continent sous sa coupe, mais trop forte pour s’aligner ». Une situation qui a également ouvert la voie aux cataclysmes du XXe siècle. Grâce au succès de l’unité européenne, l’Allemagne divisée comme l’Allemagne réunifiée ne pouvaient plus retomber dans ce vieux dilemme, et il est manifestement dans l’intérêt de la République fédérale que rien ne change à cet égard. Mais la situation n’a-t-elle pas changé ?
    Une feuille de route imposée
    Wolfgang Schäuble réagit à une menace actuelle. C’est lui qui impose le cap inflexible d’Angela Merkel à Bruxelles et qui devine les fissures susceptibles d’aboutir à la dislocation du cœur de l’Europe. C’est lui qui, au sein du cénacle des ministres des Finances de la zone euro, se heurte à la résistance des « pays bénéficiaires » dès qu’il fait barrage aux appels à un changement de stratégie. Son opposition à une union bancaire qui permettrait de mutualiser les coûts liés à la liquidation des établissements bancaires en piteux état n’est que le dernier exemple en date. (1)
    Wolfgang Schäuble ne dévie pas d’un iota des consignes de la chancelière, qui refuse que le contribuable allemand soit ponctionné d’une somme supérieure au montant exact des lignes de crédit que les marchés financiers exigent systématiquement pour le sauvetage de l’euro – et qu’ils ont toujours obtenues en raison d’une « politique de renflouement » ouvertement favorable aux investisseurs. (2)
    Ce cap inflexible n’exclut pas, bien entendu, un geste de 100 millions sous la forme de crédits en faveur des PME, que le prospère oncle de Berlin verse aux cousins aux abois d’Athènes en puisant dans les caisses du pays. Le fait est que le gouvernement d’Angela Merkel impose sa feuille de route anticrise à la France et aux « pays du Sud », pendant que la politique de rachat de la Banque centrale européenne lui apporte un soutien inavoué.
    Or, dans le même temps, l’Allemagne rejette la responsabilité de l’UE dans les répercussions désastreuses de cette stratégie – tout en l’assumant tacitement en endossant le rôle « parfaitement naturel » de chef de file. Il suffit de regarder les chiffres alarmants du chômage des jeunes dans le Sud de l’Europe, résultat de la cure d’austérité qui frappe systématiquement les citoyens les plus vulnérables de la société.
    Alors qu’elle ne représente qu’un seul des 28 États membres, Angela Merkel peut faire valoir sans entraves les intérêts nationaux allemands ou tout au moins ceux qu’elle juge tels
    Vu sous cet éclairage, le message d’un Berlin qui ne veut pas d’une « Europe allemande » peut être interprété de manière moins positive : la République fédérale botte en touche. Techniquement parlant, le Conseil européen prend ses décisions à l’unanimité. Alors qu’elle ne représente qu’un seul des 28 États membres, Angela Merkel peut faire valoir sans entraves les intérêts nationaux allemands ou tout au moins ceux qu’elle juge tels. Le gouvernement allemand tire avantage de la domination économique du pays, et même un avantage disproportionné, tant que ses partenaires penseront que l’Allemagne cultive à l’endroit de l’Union une fidélité dénuée de toute ambition politique.
    Mais comment accorder le moindre crédit à ces gestes d’humilité face à une politique qui joue sans vergogne de la prépondérance économique et démographique du pays ? Quand, par exemple, un durcissement des règles en matière d’émissions qui frappe les berlines tape à l’œil des nouveaux riches – une mesure qui cadre parfaitement avec l’esprit de la transition énergétique – menace de faire du tort à l’industrie automobile allemande, le vote [à Bruxelles] est ajourné sine die, suite à l’intervention de la chancelière, jusqu’à ce que le lobby soit satisfait ou que les élections législatives soient passées. L’article de Wolfgang Schäuble est une réaction, me semble-t-il, à l’agacement provoqué par le double jeu de Berlin auprès des chefs de gouvernement des autres pays de la zone euro.
    Au nom d’impératifs de marché face auxquels il n’existerait pas d’autre option, un gouvernement fédéral de plus en plus esseulé impose une cure d’austérité sévère à la France et aux pays en crise. A rebours de la réalité des faits, il juge que tous les États membres de la zone euro sont capables de décider eux-mêmes de leurs politiques budgétaire et économique. Lorsque nécessaire, ceux-ci sont supposés, avec l’aide des crédits du fonds de sauvetage mais sans l’appui de personne, « moderniser » leur administration et leur économie et relancer leur compétitivité.
    Enfumage et paternalisme
    Cette souveraineté fictive est bien commode pour la République fédérale, car elle dispense le partenaire le plus solide d’avoir à tenir compte des répercussions négatives que peuvent avoir ses politiques sur les partenaires les plus faibles. Une situation que Mario Draghi [le président de la BCE] avait dénoncée voilà un an déjà, expliquant « qu’il n’était ni légitime, ni viable, que certains pays mènent des politiques économiques susceptibles de nuire à l’économie des autres États membres de la zone euro ».
    On ne le répétera jamais assez : les conditions peu optimales dans lesquelles la zone euro opère aujourd’hui sont imputables au défaut de conception d’une union politique inachevée. C’est pourquoi la solution n’est pas de déplacer le problème sur les épaules des pays frappés par la crise tout en leur octroyant des crédits. La prescription de cures d’austérité ne saurait suffire à corriger les déséquilibres économiques qui règnent au sein de la zone euro.
    Seule une politique budgétaire, économique et sociale commune, ou à tout le moins concertée, permettrait de niveler ces disparités à moyen terme. Et si nous ne voulons pas sombrer corps et biens dans la technocratie, il convient de demander aux citoyens ce qu’ils pensent d’une Kerneuropa [noyau européen] démocratique. Wolfgang Schäuble ne l’ignore pas et ne dit pas autre chose dans les interviews qu’il a données [à l’hebdomadaire allemand] Spiegel, même si elles ne trouvent aucune traduction dans son action politique.
    Fâcheuse posture
    La politique européenne est dans une impasse, ce que [le sociologue allemand] Claus Offe a clairement démontré : si nous ne voulons pas abandonner la zone euro, une réforme institutionnelle – qui demandera du temps – s’impose, aussi impopulaire soit-elle. C’est pourquoi les responsables politiques qui briguent la reconduction au pouvoir diffèrent sans cesse la résolution du problème. Le gouvernement allemand, notamment, se retrouve en fâcheuse posture : voilà longtemps qu’il assume, de par son action, la responsabilité de toute l’Union.
    C’est aussi le seul gouvernement capable de lancer une initiative porteuse pour aller de l’avant – et doit pour ce faire rallier la France à ses vues. On ne parle pas ici d’une broutille, mais d’un projet dans lequel les hommes d’État les plus éminents d’Europe ont investi des efforts considérables depuis plus d’un demi-siècle. D’un autre côté, il faut savoir ce que l’on entend par « impopulaire ».
    Sous-estimer les électeurs ou exiger trop peu de leur part est toujours une erreur
    Toute solution politique de bon sens devrait nécessiter l’aval des électeurs. Et quand, sinon avant des élections législatives ? Tout le reste n’est qu’enfumage et paternalisme. Sous-estimer les électeurs ou exiger trop peu de leur part est toujours une erreur. À mes yeux, un échec historique des élites politiques allemandes est de continuer à fermer les yeux, comme si de rien n’était, et de persister dans le court terme et les barguignages à huis clos sur des détails, ce qui est actuellement leur manière de procéder.
    Au lieu de quoi, ils devraient s’adresser sans fard à des électeurs gagnés par une inquiétude croissante, qui n’ont jamais été confrontés à des questions européennes de fond. Ils devraient ensuite engager un débat inévitablement clivant sur les options envisageables, toutes ayant un prix. Ils devraient également lever l’omerta qui règne sur les conséquences néfastes de la redistribution, dont les « pays donneurs », dans leur intérêt à long terme, sont tenus de s’accommoder à court et à moyen terme, car il s’agit de la seule réponse constructive à la crise. Nous connaissons la réponse d’Angela Merkel – des gesticulations aux effets soporifiques. Son personnage public semble être dépourvu de noyau normatif.
    Depuis l’apparition de la crise grecque en mai 2010 et la défaite [des chrétiens-démocrates] aux élections régionales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, elle avance à pas comptés, chacun de ses gestes étant dicté par l’opportunisme du dirigeant qui veut rester au pouvoir. Depuis le début de la crise, l’habile chancelière louvoie avec sagacité, mais sans afficher de principes identifiables, et prive pour la deuxième fois les élections du Bundestag de tout sujet polémique, sans parler de la politique européenne, un thème soigneusement verrouillé.
    Europe en perdition
    Elle peut façonner la feuille de route à sa guise car l’opposition, si elle s’aventurait à faire pression sur la question chatouilleuse de l’Europe, risquerait de se voir opposer l’argument-massue de l’ « union de la dette ». Et ce par les gens qui ne pourraient que dire la même chose s’ils ouvraient la bouche.
    L’Europe est en perdition et le pouvoir politique revient à ceux qui décident des sujets « autorisés » pour l’opinion. L’Allemagne ne festoie pas pendant la peste, elle baille aux corneilles. Faillite des élites ? Tout pays démocratique a les dirigeants politiques qu’il mérite. Et il y a quelque chose de curieux à attendre des élus un comportement autre qu’ordinaire.
    Je suis heureux de vivre depuis 1945 dans un pays qui peut se passer de héros. Je ne suis pas non plus client de la croyance selon laquelle ce sont les individus qui font l’histoire, tout au moins pas de manière générale. Je fais simplement le constat qu’il existe des situations exceptionnelles dans lesquelles la perspicacité et l’imagination, le courage et le sens des responsabilités des dépositaires du pouvoir influent sur le cours des choses.
    Jügen Habermas
    Der Spiegel, Hambourg, 16 août 2013
    http://www.presseurop.eu/fr/content/article/4054321-la-belle-endormie
    Traduction : Jean-Baptiste Bor
    Notes :
    (1) Lors du 23e 23e Congrès international de philosophie qui se déroulait à Athènes du 4 au 10 août 2013, le philosophe allemand Jürgen Habermas a évoqué le présent et l’avenir de l’Europe. Au cours d’une conférence de presse en marge du Congrès, il a déclaré que « les gouvernements qui ont imposé des programmes d’austérité doivent assumer la responsabilité des conséquences dans les pays du Sud » rapporte To Vima.
    (2) Habermas a par ailleurs noté que, pour éviter la montée des nationalismes, il faut « informer les citoyens européens et développer une solidarité commune » car « même lorsque l’on vote au Parlement européen, on vote dans chaque pays sur la base de l’intérêt national », a-t-il ajouté. Pour le philosophe allemand des réformes sont ainsi nécessaires et il ne faudra pas moins de cinq ans pour informer correctement l’électorat et les citoyens de nos pays :
    « Nous avons l’obligation de nous familiariser avec les demandes qui concernent tous les Européens, avec les procédures juridiques et les institutions ; nous avons l’obligation d’être informés sur la complexité des demandes européennes et cette sensibilité pour la politique de coopération devrait guider le discours public. »

    http://www.polemia.com

  • La France et les Français d’abord, tout simplement !

    Faire du combat contre le Front National l’enjeu majeur des élections municipales et européennes de 2014 est-il un gage de mobilisation des électeurs? Faute de mieux, faute de pouvoir se vanter du (catastrophique) bilan (économique, sociale, sécuritaire, identitaire…) du gouvernement Ayrault, l’université d’été du PS à la Rochelle qui débutera vendredi prochain en fera de nouveau son thème central. Il sera notamment celui du discours que prononcera le premier secrétaire Harlem Désir, dont l’intervention et celle du Premier Ministre clôtureront les « travaux ».

      Au risque peut être de lasser même le noyau dur de leurs adhérents , les instances du parti vont  donc, comme depuis trente ans, faire mine de « chercher des réponses à la montée du Front National »…

    Réponses qu’un Manuel Valls tente de trouver actuellement en prenant des poses de matamore qui hérissent ses petits camarades, en  roulant des mécaniques mais avec aussi peu de résultats probants qu’un certain Nicolas Sarkozy avant lui  au ministère de l’Intérieur.

     En l’espèce constate Bruno Gollnisch, les dirigeants socialistes savent pertinemment, comme tout le monde, les raisons  de cette ascension de l’opposition nationale: la trahison des idéaux de solidarité nationale, de justice sociale, l’abandon des Français les plus modestes. Cela, au nom de l’idéologie euromondialiste  et immigrationniste à laquelle s’est ralliée une  gauche française qui a renoncé depuis longtemps à défendre la France et les Français d’abord.  Cela ne mérite pas trois jours de débats pour le découvrir !

     Avec la même absence d’originalité, jusque dans le slogan éculé que seuls les punks à chiens et les militants du Front de Gauche osent encore beugler dans les manifs, le porte-parole du PS,  David Assouline,  a expliqué lors de son point de presse hebdomadaire qu’il s’agissait de dénoncer  à La Rochelle la « France F haine » et de présenter « la France qu’on aime ». On a le sens de la rime riche au  PS!

     Julien Dray le disait autrement, rapportions-nous le 2 juillet sur ce blog, la mission du PS consiste ainsi à « défendre un monde libre, métissé, mais rassurant (sic) car adossé à un combat pour un ordre social juste. ». Zéro pointé sur toute la ligne…

     Or, c’est bien le refus de ce projet d’une France détruite dans son identité propre, totalement  babélisée, balkanisée sur fond d’affrontements ethnico-religieux, communautarisée, multiconflictuelle qui est au cœur du vote FN rapportait encore une toute récente étude de l’IFOP effectuée auprès de 6 000 électeurs frontistes et relayée par Le  Monde le 7 août.

     Au-delà des différences sociologiques pointées par l’IFOP entre les divers électorats qui votent FN et Marine , entre schématiquement des électeurs venus de la gauche, à la fibre plus « sociale »,  dans les régions à tradition ouvrière du Nord,  et ceux plus « droitiers » du Sud-Est,  « ce sont bien les fondamentaux (du FN, NDLR) (qui) agissent comme un véritable ciment »  est-il rapporté. Exemple emblématique cité ici, 97 % des électeurs FN « sudistes » et   95 % des électeurs frontistes « nordistes »,   « adhèrent ainsi à l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France ».

     Pour Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP, si  « l’immigration agrège (au FN, NDLR) des électeurs qui ne voteraient pas pour le même parti », il est certain que cette question du devenir de l’identité française achève de miner la cohésion de l’UMP.

     Un parti certes divisé par le  duel Copé-Fillon, suspendu à un éventuel retour sur le devant de la scène de Nicolas Sarkozy.  Mais  qui surtout, et c’est  certainement  là son défi à relever le plus important, doit (ré)concilier une base très proche des vœux de l’électorat fronto-mariniste et un Etat-major partageant peu ou prou la même vision  du monde cosmopolite et métissée que leurs anciens condisciples de l’ENA  faisant  carrière au PS.

     Il est ainsi caractéristique que l’ex militant d’extrême droite repenti, ex ministre de  la relance sous la présidence de Nicolas Sarkozy et actuel président du Conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, ait expliqué dans un entretien au Figaro le  13 août l’urgence pour l’UMP d’ « une clarification de ses choix idéologiques ».

     « Le cousinage avec le FN, dit-il,  c’est la politique de Patrick Buisson »,  le maurrassien conspué par  l’aile progressiste de l’UMP. « Ce n’est pas ma conception de ce que doivent être la droite et l’UMP souligne M. Devedjian. Remettre en cause le droit du sol, comme le suggèrent certains de ses collègues à l’UMP, c’est un non-sens, qui serait contraire à la réalité sociologique de notre pays » (sic).

     Bien sûr ce sont les propos de M.  Devedjian qui sont  un non sens absolu,  dont les convictions sur ce sujet, qu’il partage avec une très large partie des responsables de l’UMP et la quasi-totalité de la gauche et de l’extrême gauche,  sont incompréhensibles  pour la très grande majorité des électeurs  de droite.

      Bruno Gollnisch  rappelait au moment de  l’affaire Mohammed Merah  l’aberration de notre actuel  Code de la Nationalité, totalement inadapté aux bouleversements démographiques et migratoires de ces dernières décennies, « qui distribue la qualité de Français aussi bien à ceux qui l’on méritée qu’à ceux qui ne la méritent pas, à ceux qui la désirent comme à ceux qui la méprisent, à ceux qui aiment la France comme à ceux qui la haïssent. Et c’est là tout le problème ! Un problème tabou, mais un vrai, un grave, un très grave problème ! »

    http://www.gollnisch.com

  • États-Unis / Le pacte avec le lobby gay (arch 2010)

    Le président Barack Obama est parvenu à remporter un titre pour lequel la concurrence s'avère pourtant impitoyable : celui des promesses non tenues. Dans ce domaine, l'Américano-Kenyan s'impose comme une sorte de champion toutes catégories. De la création d'emplois à la lutte contre le déficit budgétaire en passant par l'amélioration de la sécurité nationale, l'assurance santé universelle, la hausse des niveaux scolaires et la baisse de la pression fiscale, tous les engagements électoraux de l'ex-sénateur de l'Illinois sont restés à l'état d'envolées oratoires. Pas une seule de ces promesses n'a, en effet, treize mois après son entrée en fonction, reçu le plus petit commencement d'exécution.
    Cependant, au milieu de cette immense décharge publique de mensonges et de démagogie, il existe tout de même une parole présidentielle qui sera tenue. Le locataire de la Maison-Blanche nous l'a affirmé à plusieurs reprises. Et de toutes parts, on nous le répète sur tous les tons. Il est vrai que cette parole pèse beaucoup plus lourd que les autres. C'est un serment, un contrat. Mieux : un pacte. Et un pacte de cette importance ne peur se négliger. Jugez-en : il s'agit de permettre désormais aux gays et aux lesbiennes de servir sous les drapeaux sans avoir l'obligation de cacher leur orientation sexuelle. Admettons que devant l'avalanche de sombres et inquiétants défis auxquels se heurtent actuellement les États-Unis, celui qui exige des homosexuels sous l'uniforme un intolérable, un révoltant, un inadmissible devoir de discrétion par simple respect de l'environnement humain a quelque raison de se placer parmi ceux qu'il devient urgent de relever...
    Les malades sans assurance santé, les chômeurs sans indemnités, les familles sans logement et les soldats sans véhicules anti-mines peuvent à la rigueur attendre qu'on se penche sur leurs cas. Mais il est évident que les encasernés homosexuels ne sauraient languir plus longtemps sans avouer à leur entourage l'authentique nature de leurs instincts. C'est une question de droits de l'homme. Et ces droits de l'homme-là sont sacrés. Surtout lorsque les lobbies qui les défendent ont largement contribué au financement de la victoire du Président.
    C'est à deux reprises surtout qu'Obama martela ses intentions de « faire bouger les choses » pour les 65 000 gays et lesbiennes (estimation basée sur plusieurs recoupements) qui se sont volontairement engagés dans l'armée de terre, la marine, l'aviation ou le corps d'élite des Marines. La première fois, ce fut au cours des ultimes semaines de sa campagne électorale à l'automne 2008 ; la seconde, lors de son discours sur l'état de l'Union, le 27 janvier dernier. Chaque fois, Obama claironna sa conviction qu'il fallait sans tarder entamer les démarches afin d'abroger la fameuse loi votée en 1993 et connue sous le nom de « Don't ask, don't tell » (Ne demandez rien, ne dites rien). Pour verrouiller le problème et clore le débat, l'état-major lança à ce moment-là deux injonctions : la première signifiait que la hiérarchie militaire n'avait aucun pouvoir légal de questionner les jeunes recrues afin de connaître leur identité sexuelle ; la seconde, corollaire de la première, permettait à ces mêmes recrues de s'enfermer dans un mutisme abyssal au cas où un représentant de l'autorité se montrerait curieux de leur sensibilité la plus intime. Loin d'être parfaite, cette loi témoignait d'un compromis entre, d'une part, le président Bill Clinton et les lobbies gay qui exigeaient sous les treillis une homosexualité fièrement affichée, et, d'autre part, l'état-major et les élus conservateurs qui souhaitaient barrer la route des régiments à tout dérèglement intrinsèque.
    On s'efforça de se maintenir à égale distance des deux extrêmes mais, comme toujours en pareil cas, cette demi-mesure aboutit à une double aigreur. Les uns jurèrent de prendre leur revanche et de faire un jour marcher au pas la tête haute gays et lesbiennes. Les autres finirent par admettre que leur succès mitigé avait toutes les chances d'être le dernier. On vécut dans ce provisoire pendant dix-sept ans sans scandales ni affrontements, mais non sans dérapages. Plus de 13 000 soldats, hommes et femmes confondus, furent invités à retourner à la vie civile parce qu'ils commirent l'imprudence d'avouer leur appartenance à une minorité sous contrôle ou qu'ils eurent l'audace de faire des avances à une personne de leur sexe. 13 000 exclus : un sur cinq. Pour certains, c'est le prix à payer d'une intégration difficile. Pour d'autres, c'est une proportion qui dénonce impasse et injustice.
    Deux hommes-clefs furent précisément convaincus que cet épineux dossier s'enfonçait dans une « impasse » tout en cultivant l'« injustice. » Deux personnages importants du régime d'Obama : Robert Gares, secrétaire à la Défense, et l'amiral Michael Mullen, chef d'état-major général. Sans eux, la loi de 1993 avait encore de très belles années devant elle. Avec eux, elle n'en a plus que pour un an, le temps de neutraliser les récalcitrants, fignoler les détails, écrire un texte à présenter au Congrès et crier sur tous les toits des casernes que les jours de l'humiliation homosexuelle sont désormais comptés. Gates et Mullen sont devenus les chevilles ouvrières de cette mini-révolution. Par conviction ? Pas sûr. Lorsque les deux personnages se retrouvèrent au début de ce mois côte à côte devant une brochette de sénateurs pour exposer leurs arguments, le moins que l'on puisse dire est que ceux-ci manquèrent singulièrement de souffle et de flamme.
    On s'apprête à intégrer 65 000 gays et lesbiennes à 1 400 000 personnes sous les armes et tout ce que Gates et Mullen trouvent à nous confier comme démonstration décisive pour bousculer l'adversaire, c'est « la fâcheuse sensation que chacun peur percevoir en constatant que les homosexuels en sont réduits à se cacher pour participer à la défense de la nation ». Phrase bien artificielle sortie d'esprits compliqués. On aurait préféré - certains sénateurs également, semble-t-il - des mots arrachés aux tripes, une bonne histoire de soldats avec du sang, et au milieu, des gays dans le feu de l'action. Chacun serait peut-être resté sur ses positions mais au moins, l'espace d'un instant, la salle aurait vibré. À la place, on eut droit à une sorte de conclusion hautaine - « Détruire « Don't ask, don't tell », est la seule chose à faire » - que Gates et Mullen lâchèrent sèchement avant de fermer leurs micros. Beaucoup de calculs, de flagornerie et d'ambition dans cette manœuvre de longue haleine. Les deux hommes ont prouvé qu'ils étaient avant tout des carriéristes. À Washington, Obama a sa cour. Gates et Mullen en font partie et surent très vite comment plaire au monarque d'opérette.
    Le drame, dans cette affaire, c'est que beaucoup d'Américains de la majorité silencieuse goûtent fort peu l'opérette telle qu'elle se joue actuellement sur les rives du Potomac. Ils trouvent déplacé et, en l'occurrence, scandaleux, que le pouvoir plie devant le diktat d'un groupe de pression riche et influent au moment où la nation envoie ses enfants se faire tuer sur deux théâtres d'opération extérieurs particulièrement sensibles. « La concomitance existant entre ces deux faits montre le cynisme politicien avec lequel cette décision a été prise. On n'a même pas eu la décence d'attendre une période de paix pour foncer dans l'inconnu », tempête John McCain, sénateur de l'Arizona. Il fut très vite relayé par l'un des représentants de Californie, Howard McKeon, qui estime lui aussi qu'« il aurait mieux valu perfectionner la préparation au combat des jeunes recrues plutôt que de leur infliger sournoisement l'intégration d'une minorité de plus en plus exigeante et aventureuse ». Quant à Mike Coffman, représentant du Colorado et ancien capitaine des Marines (il a servi pendant la guerre du Golfe et celle contre l'Irak), il déplore la précipitation avec laquelle ce bouleversement a été conduit. « Lorsqu'on connaît l'extrême sensibilité émotionnelle d'un combattant sous le feu de l'ennemi, il est légitime de s'étonner que l'état-major n'ait pas prévu une approche plus prudente et surtout plus graduelle du problème. Ce n'est pas à titre personnel que l'amiral Mullen intervint devant les sénateurs, mais comme chef suprême des forces armées. Autrement dit, il a mis tous les opposants devant le fait accompli. »
    Démarche choquante, s'exclament en substance, dans le courrier du quotidien USA Today, deux lecteurs furieux. L'un déplore que « toute cette démagogie » s'apprête à altérer l'unité et la confiance de la troupe. L'autre s'étonne que les sondés soient systématiquement des civils. Et il termine avec une indignation qui aurait plu à Louis-Ferdinand Céline : « Peut-être aurait-il fallu demander ce qu'ils en pensent à ceux qu'on envoie au casse pipe. »
    CHRISTIAN DAISUG PRESENT du 20 février 2010

  • ÉTATS-UNIS : L'école à la maison (arch 2009)

    Le homeschooling touche plus de trois millions d'enfants américains échappant ainsi au système d'éducation étatique bureaucratisé et inefficace. Décryptage d'un phénomène en plein essor depuis dix ans.
    Quelle est la forme d'éducation qui permet de se lever à 9 heures après avoir fini un bon roman historique au lit, de faire un tour de vélo entre les maths et la poésie, d'intégrer cuisine et bricolage dans les leçons quotidiennes, d'écrire à sa grand-mère en guise de rédaction et de disposer encore de longues heures pour jouer – oui, jouer – par terre ou entre les arbres avec ses frères et soeurs ?
    Hors les murs
    Ils sont de plus en plus à apprendre en famille, chez eux. On les appelle des homeschoolers.
    Moins d'un million il y a dix ans, ils sont plus de trois millions aujourd'hui, avec une progression annuelle de 10 à 15 %. Ignorant les contraintes de l'école où sont enfermés six heures par jour, 185 jours par an, la vaste majorité des Américains de cinq à dix-huit ans, ces enfants curieux de tout s'amusent à provoquer l'étranger de passage en comparant salles de classe et cellules de prison.
    En cette fin d'été, leurs mères feuillettent d'épais catalogues débordant d'idées pour leur présenter les connaissances de base de façon attrayante. Elles sélectionnent avec soin les récits classiques qui, lus à haute voix autour d'un bon feu, feront, dans quelques semaines, se déployer leur imagination. Elles punaisent aux murs cartes de géographie, déclinaisons latines et dates à mémoriser. Presque toutes motivées par leur responsabilité de transmettre un héritage autant religieux qu'intellectuel, munies en moyenne de 3,3 enfants (!), elles se réjouissent de ce rare privilège, légal à des conditions diverses dans chacun des cinquante États : apprendre ensemble en toute liberté du matin au soir.
    Un phénomène de société
    Mais sans bride sur le cou, peut-on réussir ? Aux tests d'aptitude nationaux, les résultats moyens de ceux qui n'ont jamais connu ni tableau noir ni cour de recréation dépassent de 30 % ceux des écoliers et lycéens du même âge. Le homeschooling - l'école à la maison – est devenu un véritable phénomène de société. Il a pris de l'ampleur en faisant ses preuves.
    Pour les croyants, c'est la voie d'une harmonie entre culture et foi. Pour les laïcistes, c'est un moyen de dénoncer le savoir officialisé. Les premiers y voient des parents impliqués dans leur mission civilisatrice ; les seconds y apprécient des parents mobilisés pour la protection des libertés. Le homeschooling est une aventure humaine qui illustre le principe de subsidiarité cher à l'Église : ce qui peut être bien fait par une cellule simple et naturelle n'a nul besoin d'être réalisé par une organisation complexe et artificielle. En renforçant la famille, il contribue à la sanctification de tous ses membres, petits et grands. Atout remarquable : il permet de faire du sur-mesure, de s'adapter à l'enfant, qui peut foncer dans un domaine et avancer plus lentement dans un autre. Qu'importe, pourvu qu'il progresse ! C'est à la mère de guider, d'encourager, de corriger. C'est à elle d'alimenter par des lectures, des discussions, des rencontres, les passions variées de ses enfants. Ce qui n'est pas compris d'emblée sera répété sous des formes diverses jusqu'à l'assimilation des connaissances.
    Le homeschooling américain s'incruste de plus en plus dans le pays avec quatre caractéristiques essentielles : il est dominé par les protestants, qui deviennent les éducateurs de leur progéniture afin de rester fidèles au mandat que leur confie la Bible ; il est assuré dans 90 % des cas par une mère au foyer qui se voit suppléée par le père dans certaines disciplines particulières - et dans les sports où le ballon domine ; il concerne davantage de filles que de garçons, sans doute parce que ceux-ci ont précisément du mal à rompre avec les institutions éducatives, grosses pourvoyeuses de jeux d'équipe ; enfin, le homeschooling puise ses gros bataillons dans l'immense classe moyenne – axe central de toute société – dont les revenus se situent entre 30 000 et 80 000 dollars par an. Mais pourquoi se lancer dans le homeschooling ?
    Principes
    Trois réponses essentielles. D'abord, la volonté d'inculquer de solides principes religieux, que trop de structures dites catholiques négligent par indifférence, subversion ou démagogie laïciste. Ensuite, l'impérieux désir de soustraire la spontanéité, l'innocence des enfants à l'atmosphère des écoles et lycées de plus en plus empoisonnés par la vulgarité, le cynisme et la pornographie. Enfin, il s'agit de réagir face à un système éducatif bureaucratisé qui a phagocyté notre jeunesse et perdu en cinquante ans les trois quarts de son efficacité. Dispenser le savoir était autrefois une vocation presque sacrée. L'étatisme syndicalisé l'a réduit trop souvent à un banal moyen de subsistance. La précieuse flamme de l'enseignement, c'est désormais à la maison qu'elle brille de tout son éclat.
    De notre correspondant aux États-Unis
    PHILIPPE MAINE L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 30 juillet au 2 septembre 2009

  • Hollande en tête des plus mauvais présidents au plan mondial

    Le président français en tête d'un classement international ? On croit rêver et pourtant, c'est bien vrai. Il n'y a toutefois pas de quoi parader...
    La fameuse liste dont Hollande arrive en pole position n'est en effet autre que celle des pires hommes politiques du monde.
    Le chef d'État français prend donc la première marche du podium devant Silvio Berlusconi et le Pakistanais Altaf Hussain, qui a notamment fondé le quatrième plus important parti du Pakistan, dans le classement concocté par Toptensworld.com. 
    Pour justifier son choix, le site Internet rappelle que "le taux de chômage a grimpé sous François Hollande et atteint désormais un niveau record". Le ministère du Travail a en effet indiqué qu'après une accalmie en mai, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité était reparti à la hausse en juin atteignant en métropole un record à 3 279 400 millions.
    Toptensworld.com ajoute que le président français "a établi des changements concernant les impôts poussant de nombreux riches français à quitter le pays".
    Enfin, le site assure qu'"il est l'un des plus grands avocats du socialisme en Europe quand cette dernière a besoin d'innovation, d'une baisse des dépenses de l'État, d'entrepreneuriat et de croissance".
    Ce n'est pas la première fois que François Hollande arrive en tête d'un tel classement. Déjà l'année dernière, certains sites américains, notamment oldclick.com, le couronnait pire chef d'État au monde.
  • Les anxiétés anti-européennes de la Turquie (arch 2011)

     

    Ankara persiste dans sa demande d’adhésion à l’U.E. mais, simultanément, élève la voix contre Bruxelles et contre Chypre

    La Turquie est prête à respecter n’importe quelle décision de l’U.E. quant à la demande d’adhésion turque, même un « non », mais le processus des négociations doit être mené jusqu’au bout. Telle est la teneur de la requête formulée récemment à Berlin par le président turc Abdullah Gül, au cours d’une visite de quatre jours en Allemagne, pays où vivent 3,5 millions de personnes d’origine turque, et en présence de son homologue allemand, Christian Wulff. « Nous accepterons de ne pas être membres de l’U.E. si le peuple d’un seul pays de l’U.E. le refuse ou considère que la Turquie constituera un poids », a souligné Gül lors d’une conférence de presse, en présence de Wulff; Gül se référait à l’éventualité d’organiser des référendums nationaux à propos de l’adhésion d’Ankara à l’Union. « Je pense que les débats récents sur l’adhésion ou la non-adhésion de la Turquie ne sont pas nécessaires. Avant toute chose, la Turquie doit recevoir la possibilité de mener les négociations jusqu’au bout », a poursuivi Gül. Ces paroles ont reçu l’accord du président allemand, qui semble avoir pris ses distances par rapport à la Chancelière Merkel, qui demeure ferme dans son opposition claire et nette à toute adhésion turque. Pendant le dîner officiel organisé en l’honneur de son hôte turc, Wulff a affirmé que les négociations en vue d’une adhésion à l’U.E. doivent être menées de manière plus correcte, plus ouvertes aux espérances turques. « L’U.E., elle aussi, doit travailler de manière plus active, afin que le processus d’adhésion puisse progresser, et doit également garantir à ses interlocuteurs turcs une attitude réceptive jusqu’au moment où la Turquie, finalement, aura concrétisé toutes les conditions nécessaires pour entrer dans l’Union », a souligné le chef de l’État allemand.

    Madame Merkel, tout comme le chef de l’Élysée Nicolas Sarközy, propose un partenariat privilégié entre l’U.E. et la Turquie, soit un projet que Gül a défini « difficile à comprendre », vu que l’Union douanière en vigueur consent déjà des rapports privilégiés. Ankara, en 2005, avait entamé les négociations en vue de l’adhésion après avoir reçu le feu vert unanime des partenaires de l’Union. Mais ces négociations se déroulent au ralenti : seuls treize chapitres sur vingt-cinq ont été abordés. Qui plus est, la Chancelière allemande a exprimé au Président turc ses préoccupations à propos des tensions croissantes entre Ankara et le gouvernement israélien, tiraillements qui ont miné les rapports entre les deux pays du Proche-Orient.

    Lors de l’entrevue qui eut lieu dans les bureaux de la Chancellerie, les deux parties ont réitéré leurs positions quant à l’entrée de la Turquie dans l’U.E. et abordé ensuite la question du printemps arabe. Gül a répété publiquement que la Turquie demeurait toujours candidate à devenir membre à part entière de l’U.E. Officiellement, l’Allemagne est ouverte à cette éventualité mais le parti de la Chancelière, la C.D.U., entend offrir aux Turcs une forme différente d’association, c’est-à-dire un partenariat stratégique qui exclurait l’adhésion à plein titre à l’U.E. Au cours de la même journée, les interlocuteurs ont abordé aussi les attaques proférées par le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, contre les pays européens, accusés par lui de donner asile aux séparatistes kurdes du P.K.K. (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui, au départ de l’Europe, continuent à financer des activités terroristes, à procéder à du recrutement, à diffuser de la propagande et à se livrer au trafic d’armes. Cette attaque du chef de la diplomatie turque s’est effectuée à l’occasion d’une conférence sur la lutte internationale contre le terrorisme, qui s’est tenue à New York pendant la 66e Assemblée générale des Nations Unies. Davutoglu a expliqué qu’au cours de ces derniers mois, la Turquie a été confrontée à une recrudescence des attaques du P.K.K., une formation politique, a-t-il ajouté, « qu’Ankara continuera à combattre avec toutes les mesures qui s’avèreront nécessaires », toutefois dans le respect des principes démocratiques.

    Mais les tensions entre Ankara et Bruxelles ne se limitent pas à la question kurde. Il y a aussi les rebondissements dans la question cypriote : Nicosie entend aller de l’avant dans les travaux de prospection, lancés en vue de découvrir des gisements d’hydrocarbures dans la zone économique exclusive de la République de Chypre. Or cette zone d’exclusivité chypriote, les Turcs la réclament pour eux aussi. Un fonctionnaire responsable de l’énergie auprès du département du commerce à Nicosie a confirmé que la firme Noble Energy, basée à Houston, a commencé ses explorations en vue de trouver pétrole et gaz au large de la côte méridionale de Chypre. Entretemps, un communiqué, publié sur le site du ministère des Affaires étrangères de Nicosie, a répété que « la République de Chypre maintient ses propres droits souverains sur la plate-forme continentale en accord avec les lois internationales et aucun autre accord ou aucune décision de la part de la Turquie aura des conséquences sur l’exercice de ces droits ». Et le communiqué souligne : « L’annonce faite par la Turquie constitue un nouvel acte de provocation contraire aux lois internationales ». Ces termes condamnent expressis verbis la décision du gouvernement turc de faire surveiller par des navires de guerre et des avions militaires, prêts à intervenir, les opérations de forage et de sondage que Chypre vient d’entamer en mer. Ces moyens militaires devront en outre défendre le bon déroulement de travaux de même nature que la Turquie commencera très prochainement.

    Les tensions actuelles éloignent encore davantage dans le temps le projet de réunifier l’île, divisé en un Sud grec-chypriote et un Nord colonisé par les Turcs. Ankara a en outre menacé de suspendre les relations avec l’U.E. si, l’an prochain, Bruxelles concède à Chypre la présidence des institutions européennes, à laquelle l’île a droit selon le principe de rotation en vigueur. Nous faisons donc face à une ligne politique, délibérément choisie par Ankara, qui contribue à éloigner toujours davantage la Turquie de l’U.E. La Turquie a donc bel et bien opté pour une stratégie néo-ottomane visant le contrôle direct et absolu d’Ankara sur toute les zones voisines, au Proche Orient comme en Méditerranée orientale.

    Andrea Perrone http://www.europemaxima.com/?p=2259

    • D’abord paru en italien dans Rinascita, Rome, 21 septembre 2011, puis mis en ligne sur Euro-Synergies, le 2 octobre 2011.