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  • Cap 2014 :«Avec une gestion comparable à celle des villes FN, la France aurait gardé le triple A»

    « En juillet, un sondage Ifop a sonné l’alarme : 25 % des intentions de vote au premier tour iraient au représentant du Rassemblement bleu Marine, alors qu’en mai, elles étaient de 18 %. Le FN peut jouer les arbitres du scrutin et pourrait même remporter certaines mairies de secteur… » Le 20 août le site du JDD a publié un long article consacré aux efforts (conjoints) de l’UMP et du PS pour éviter à Marseille une percée très significative du vote FN  aux municipales. Capitale phocéenne gangrénée par les affaires,  qui symbolise toute les dérives mafieuses impliquant des figures des partis  du Système, la montée inextinguible des insécurités, la tiers-mondisation de notre pays sur fond d’immigration massive et incontrôlée. Ce désir de résister, dans les urnes, à la déferlante migratoire et aux maux qu’elle génère sera bien au cœur du vote frontiste des électeurs marseillais l’année prochaine. Ils  porteront très nombreux, soyons-en certain, leurs suffrages sur la liste conduite par Stéphane Ravier.

     Un Front National qui progresse dans le cœur des Français parce qu’il est le seul à marcher les yeux grands ouverts là où la classe politique,  et pas seulement dans le domaine de l’immigration,  avance  les yeux grands fermés  pour reprendre ici le titre d’une étude choc de la démographe Michèle Tribalat.

     Sur le site Boulevard Voltaire, Nicolas Gauthier notait avec à propos dans un billet  consacré au lien entre immigration et délinquance que  les politiciens,  « tétanisés par la peur de se voir taxer de racisme, ils en ont même oublié que Malek Boutih, ancien patron de SOS Racisme, dans un livre intitulé La France aux Français ? Chiche !, coécrit avec notre consœur Élisabeth Lévy, était pourtant le premier à reconnaître qu’à Fresnes, on peut compter les Blancs… » ». À Fresnes comme aux Minguettes et comme ailleurs.

     « L’islam, première religion carcérale de France, telle est la réalité » écrit encore, M. Gauthier. « Dans un souci d’équité, on dira aussi que les Gaulois sont majoritaires dans la délinquance sexuelle et que nos compatriotes juifs ne sont pas les derniers à se voir nourris, logés et blanchis aux frais de l’État pour carambouilles financières… Et alors ? Il n’est pas besoin de lire les journaux, mais seulement de se promener dans la rue pour savoir que si tous les enfants issus de l’immigration ne vous gâchent pas la vie en permanence, ceux qui vous la pourrissent sont généralement enfants issus de l’immigration. »

     À Marseille (où le FN tiendra son Université d’été le mois prochain),   l’UMP et le PS évitent donc les sujets qui fâchent, ceux qui intéressent les Français,  pour se livrer au petit jeu  clientéliste et à leurs combinazione habituels.

     Renaud Muselier, secrétaire départemental de l’UMP,  explique ainsi en substance, rapporte le JDD,   qu’il est urgent de ne rien faire tout en admettant que dans cette ville  « On a  un maire UMP qui n’a plus les moyens d’agir, un président de la communauté de communes PS arrivé là par un hold-up politique et un président de conseil général PS mouillé jusqu’au cou dans de sombres affaires. »

     Mais heureusement  croit savoir M. Muselier, et c’est pour lui l’essentiel,  « Le système électoral fait qu’ils (les frontistes, NDLR)  ne peuvent pas ravir la mairie centrale. Ils peuvent toutefois avoir assez de conseillers municipaux ou de maires de secteur pour rendre la ville ingouvernable »  précise le journaliste du JDD. Le problème de cet argument qui vise à effrayer le bourgeois est qu’il tombe très mal, et cela les Marseillais le savent, parce que  Marseille est depuis longtemps une ville qui n’est plus gouvernée ! 

     De son côté Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées et candidate à la primaire socialiste marseillaise pour les municipales 2014, « compte jouer le jeu des alliances en appelant au rassemblement politique contre l’extrême droite. À gauche, bien sûr, avec les radicaux et les écologistes. Mais pas seulement : la ministre fait aussi du pied aux centristes du MoDem. Son but : éviter un 21 avril marseillais. »

     Mme Carlotti  ressort aussi de son chapeau la théorie selon laquelle,  sur le terrain des affaires « le FN n’est pas vierge non plus »…ce qui est totalement faux !

     Au sujet d’ailleurs de la gestion par le FN des villes conquises en 1995 (Orange, Marignane, Toulon et  Vitrolles en 1997) et au-delà des lourdes vicissitudes de la scission  mégrétiste de fin 1998,  Jean-Yves Le Gallou dans un article publié sur son site Polemia (le 10  avril 2012),  faisait  justice de la désinformation sur ce sujet et soulignait, bilan à l’appuila très bonne gestion de leur ville par les exécutifs frontistes concernés.

     Intox anti-FN qui ne fut pas sans effet indiquait-il,   citant « les résultats d’un sondage, publié en 2001 et portant sur l’opinion des habitants de Marseille, Vitrolles et Marignane sur leur municipalité : sur les faits – qualité de la gestion, fiscalité, propreté, sécurité – Vitrolles et Marignane devançaient Marseille. En revanche, Jean-Claude Gaudin jouissait de la meilleure image ! On mesure ici l’effet des campagnes de désinformation et de sidération des médias nationaux ainsi que de France3 Provence et de La Provence. »

     Pourtant, « Les électeurs locaux , eux ont porté un jugement nuancé et souvent positif sur les mairies Front National. Notons d’abord qu’en dehors de Vitrolles, conquise à la majorité absolue en 1997, les mairies de Marignane, Toulon et Orange ne furent gagnées, en 1995, que dans le cadre d’élections triangulaires, les vainqueurs ne commençant leur mandat qu’avec un potentiel de moins de 40 % des suffrages. Pourtant trois des quatre maires furent réélus en 2001. Et Jacques Bompard le fut à nouveau en 2008. »

     « Les résultats financiers (des maires FN)  sont d’autant plus remarquables que, durant les mêmes périodes, l’endettement de l’Etat et des collectivités territoriales a explosé. A contrario on peut dire qu’avec une gestion comparable à celle des villes FN, la France aurait gardé le triple A et surtout ne serait pas plombée par l’endettement excessif qui est le sien. »

     « Cette affirmation est, bien sûr, politiquement incorrecte. Mais elle repose sur des faits et des chiffres, ce qui la rend peu susceptible d’intéresser les médias de l’oligarchie. Car dans le monde médiatique les faits comptent peu, les préjugés comptent davantage. »

     Marine Le Pen,  Bruno Gollnisch, les dirigeants frontistes feront en sorte de convertir aux faits, qui sont têtus,  un nombre toujours croissant d’électeurs, alors que  les préjugés qui leur ont été matraqués  sont de moins en moins  efficients.  La poursuite résolue de ce  travail militant  d’explication et de ré-information, engagé depuis des décennies par l’opposition nationale, peut déboucher sur de belles victoires l’année prochaine. Et créer les conditions d’un  renouveau  politique  indispensable si nous voulons arracher la France au déclin.

    http://www.gollnisch.com

  • Inde : économie et société

    Gilbert Etienne est Professeur honoraire d’économie du développement à l’IHEID Genève. Auteur de nombreux livres sur l’Afghanistan, l’Asie du Sud, la Chine et de diverses publications sur l’Afrique subsaharienne, ex. Repenser le Développement, Messages d’Asie (Afghanistan, Pakistan, Inde, Chine), Paris, A. Colin, 2009
    L’année financière (avril de l’année « n » à mars de l’année« n+1 ») 2010-2011 s’est terminée en beauté : le PIB indien a crû de 8,6 %, après un creux suscité par la crise mondiale. Le commerce extérieur se porte bien, les firmes indiennes investissent de plus en plus à l’étranger et la société de consommation s’affirme. Les « Grands » de la planète se succèdent à New Delhi : les présidents Obama et Sarkozy, les premiers ministres David Cameron et Wen Jiabo. Que l’Inde soit bel et bien un pays émergent est évident, mais Amartya Sen et d’autres Indiens rappellent que subsistent de larges pans d’extrême pauvreté dans le pays. L’agriculture, qui occupe encore environ 50 % de la population active, progresse trop faiblement. Les infrastructures (transports, électricité) sont encore très défaillantes, suscitant de lourds surcoûts pour l’économie. Depuis l’automne 2010, plusieurs scandales de corruption ont ébranlé le gouvernement central, créant un climat de suspicion et le ralentissement des prises de décision.
    L’économie indienne a le vent en poupe
    INTRODUITES à partir de 1980, les réformes se sont très largement amplifiées en 1991 en Inde, grâce à Manmohan Singh, alors Ministre des Finances. Le PIB a enregistré des progressions annuelles de 5 % puis 7 %, voire 8 à 9 %, contre une hausse annuelle moyenne de 3,5 % entre 1950 et 1980. Ouverture, libéralisation, allégements de la bureaucratie, dévaluation de la roupie ont créé un mouvement irréversible. Les gouvernements opposés au Parti du Congrès, qui lui succèderont au pouvoir de 1996 à 2004, ont globalement suivi la même voie. Avec les élections de 2004, le parti du Congrès a repris le pouvoir, mais à la tête d’une coalition disparate de plusieurs partis, ce qui a freiné la poursuite des réformes. Manmohan Singh, devenu Premier ministre, a de nouveau gagné les élections de 2009, mais il doit toujours gouverner avec une coalition de partis alliés.
    De nombreux succès sont apparus sur les dernières décennies : modernisation des usines existantes grâce à de nouveaux équipements, floraison de nouvelles entreprises, en particulier dans les technologies de l’information où l’on trouve autant de PME que de sociétés qui démarrent avec quelques milliers de dollars et deviennent des multinationales. Plusieurs unités du secteur public, entre autres SAIL, gros groupe sidérurgique, et BHEL (équipements électriques) se modernisent et s’agrandissent. Le secteur automobile accueille de nombreuses firmes étrangères en joint ventures. Les ventes de voitures explosent, suivant celles de scooters et de motocyclettes, avec pour corollaire un accroissement des embouteillages. Dans l’électroménager, la production, qui s’est affermie entre 1980 et 1991, poursuit sur sa lancée. L’industrie pharmaceutique enregistre des succès en Inde et à l’étranger. Le tourisme médical apparaît, avec d’excellents médecins opérant dans des hôpitaux très bien équipés. Modernisation et innovations débordent des métropoles vers les villes de province.
    La construction urbaine bat son plein, après des décennies au cours desquelles le taux de construction de nouveaux immeubles était l’un des plus bas du monde (moins de la moitié de celui de la Thaïlande, trois fois moins qu’en Chine). Dans les districts avancés de Révolution verte (Cf. Infra), apparaissent les premières voitures privées après les motos. La cuisine au gaz remplace la bouse de vache séchée et les femmes font moudre le blé dans un moulin local, au lieu de passer des heures à moudre le grain dans la meule de pierre. Les taux d’épargne et d’investissement indiens se situent désormais autour de 35 % du PIB, contre 22 % pour le premier en 1991.
    Les produits indiens deviennent plus compétitifs sur le marché mondial. La catégorie engineering (machines, acier) représente jusqu’à 22 % des exportations, dont 70 % sont assurées par des produits manufacturés. Les produits agricoles totalisent 8,5 % des exportations, les minerais 4,3 %, les produits pétroliers 17,3 % (une partie du pétrole brut importé est raffiné puis exporté). Au sein des importations, le pétrole vient en tête avec 33 %, en forte hausse car la production indienne stagne depuis 2000 autour de 33 millions de tonnes. Viennent ensuite les biens d’équipement, qui représentent 15 % des importations. Fidèle à ses traditions, l’Inde continue à importer de l’or, tandis que de grosses quantités de diamants sont également importées, taillées sur place et exportées. Légumineuses et huiles comestibles représentent 3,7 % des importations.
    Les exportations de services sont stimulées par les technologies de l’information et les activités des firmes indiennes pour les entreprises étrangères. Avec les assurances et les transports, les exportations totales de services sont passées de 16 milliards de dollars en 2000/2001 à 96 milliards aujourd’hui, tandis que les importations passaient sur la même période de 15 à 60 milliards. Le commerce extérieur, qui représentait 15 % du PIB en 1990, atteint 35 % vingt ans plus tard. Les principaux pays clients de l’Inde sont l’Asie, avec 57 milliards de dollars, le Moyen-Orient (40 milliards), l’Union européenne (36 %), les États-Unis (19 %). Les exportations indiennes se sont élevées à 179 milliards de dollars sur l’année fiscale 2009/2010. Du côté des importations, le Moyen-Orient est le principal partenaire de l’Inde, avec 81 milliards de dollars (pétrole). Viennent ensuite l’Union européenne (38 milliards), les États- Unis (19 milliards) et l’Asie (90 milliards). Les importations totales s’élèvent ainsi à 288 milliards de dollars. À noter la faiblesse des échanges francoindiens : la France réalise 4 milliards de dollars d’importations et 4 milliards de dollars d’exportations avec l’Inde. À l’inverse, le commerce extérieur de l’Inde se caractérise par un accroissement des exportations chinoises vers l’Inde (31 milliards de dollars) ainsi que par une progression des échanges de l’Inde avec l’Afrique (dont des importations de pétrole) et avec l’Amérique latine.
    Très limités dans les années 1970, les investissements privés étrangers (FDI) atteignent 281 milliards de dollars cumulés de 1980 à 2010. Un net ralentissement est apparu en 2010. Est-il simplement conjoncturel ou lié au climat politique actuel (Cf. Infra). Les investissements de portefeuille ont, quant à eux, chuté sous l’effet de la crise financière en 2008 et 2009, avant de remonter à 35 milliards de dollars en 2010-2011. En sens inverse, les entreprises publiques ou privées indiennes investissent à l’étranger, dans l’industrie et les services dans les pays occidentaux, dans les matières premières - notamment le pétrole - en Afrique. De 2000 à 2010, ces investissements ont atteint 133 milliards de dollars.
    La société de consommation s’affirme
    Comme la Chine, l’Inde subit les ombres de notre révolution industrielle avec toutes sortes d’abus, corruption, coulage, etc. et, dans le même temps, découvre les prémisses de la société de consommation que nous avons connue en Europe occidentale dans les Trente Glorieuses de l’après 1945 (J. Fourastié).
    Il existe néanmoins des différences sensibles. Notre niveau de vie en 1945-1950 était très supérieur à celui de l’Inde aujourd’hui. La croissance démographique, même tombée à + 1,5 % l’an, dépasse de loin notre baby boom. Par ailleurs, le taux de croissance économique de l’Inde aujourd’hui est très supérieur au nôtre à l’époque. Mais il faut noter un manque croissant de cadres supérieurs et d’ouvriers qualifiés dans tous les domaines : aux côtés des Instituts de technologie de haut niveau, les universités n’assurent, dans l’ensemble, qu’un enseignement médiocre, ce qui oblige nombre d’entreprises à organiser leurs propres formations de jeunes cadres.
    Le développement de la société de consommation se traduit par une amélioration de l’alimentation de la population (lait, fruits, légumes, éventuellement poulet, etc.), ainsi que par des modifications de l’habillement (accroissement du port de jeans pour les garçons et les filles) et une hausse des dépenses en cosmétiques des femmes. Les familles constituant les classes moyennes ou supérieures avec des revenus annuels de 7 000 à 37 000 dollars par an représenteraient environ 13 % de la population totale, soit 160 millions d’âmes. On ne saurait oublier les loisirs : 100 millions de touristes indiens visitent leur propre pays chaque année, sans parler de ceux, nombreux, qui vont à l’étranger. Les repas au restaurant deviennent également à la mode, tout comme la lune de miel pour les jeunes mariés…
    27 à 30 % des Indiens ont beau connaître encore l’extrême pauvreté, les aspirations des classes montantes vont constituer un puissant moteur de croissance pour l’Inde pendant encore des décennies, jusqu’à ce que de plus larges couches de la population en profitent.
    Le monde rural a besoin de plus d’attention
    Le monde rural conserve un très grand rôle dans l’économie indienne, puisqu’il représente encore 69 % de la population totale. L’agriculture emploie environ 50 % du total des actifs et assure 14-15 % du PIB. Des progrès considérables ont été atteints depuis l’indépendance : routes en dur, électricité, croissance agricole d’abord lente, avant que ne soit mise en place la Révolution verte (RV) en 1965.
    Le processus de la RV était basé sur des variétés de céréales qui réagissent beaucoup mieux à l’engrais chimique que les semences traditionnelles. Mais qui dit doses relativement élevées d’engrais chimiques dit une exigence en eau plus importante, voire en système d’irrigation. C’est dire que les vastes régions de l’Inde péninsulaire, aux pluies incertaines et aux faibles capacités d’irrigation, se trouvaient - et demeurent encore - en dehors de la Révolution verte. En revanche, dans les plaines irriguées, nombre de paysans, souvent illettrés, ont doublé leurs rendements de blé ou de riz décortiqué en une année pour atteindre 2t/ha dans un premier temps et 3 à 4 t/ha aujourd’hui. En quelques années, l’Inde a ainsi fortement réduit son déficit en céréales, tout en appliquant une politique de stockage d’une partie du grain par l’État en prévision des mauvaises moussons ainsi que pour une distribution de grains à prix modérés.
    Autour de 1980, les efforts dans l’agriculture, l’électricité, les routes se sont relâchés, avec une baisse des investissements publics et des dépenses d’entretien. Si l’on observe une plus grande diversité de la production agricole (élevage et lait, fruits et légumes), stimulée par la hausse des revenus, force est de constater que la croissance agricole baisse : la recherche manque de fonds ; les services agricoles sont en plein déclin ; le manque d’électricité affecte les vastes régions dont l’irrigation dépend de puits à pompes électriques ; les canaux d’irrigation sont mal entretenus, tout comme les nouvelles routes ; quant aux investissements dans de nouvelles infrastructures, ils sont très insuffisants.
    Au total, les districts concernés par la Révolution verte s’essoufflent et les rendements plafonnent. Qui plus est, les pertes après les récoltes atteignent 30 % pour les fruits et les légumes : lenteur des transports, manque de chambres froides, emballages défectueux, parasites sont autant de nuisances qui plombent la production. Il est non moins urgent de stimuler en particulier les plaines du bas Gange, d’Assam et d’Orissa, encore très peu irriguées malgré un énorme potentiel. Peu développées sous les Britanniques, elles n’ont enregistré que de faibles progressions de leur production depuis 1947, ce qui se traduit par une pauvreté qui reste très aigüe… De gros efforts s’imposent aussi dans les vastes zones de cultures pluviales.
    Les infrastructures sont toujours à la peine
    Les infrastructures ont joué un rôle décisif de 1950 à 1980, en ville comme à la campagne, pour le développement de l’Inde. Depuis lors, elles sont devenues des freins à la croissance : les plans quinquennaux 1992-2007 n’ont atteint que la moitié de leurs objectifs pour l’électricité ; le plan actuel (2007-2012) ne tient pas non plus l’horaire. Le manque d’investissements et de dépenses pour l’entretien des centrales et des réseaux de transmission et de distribution perdure. Viennent ensuite les vols de courant. Le manque d’électricité aux heures de pointe est passé de 7,5 % en 2001/2002 à 11 % à l’été 2010. Les coupures de courant de plusieurs heures par jour sont fréquentes dans les villes ; elles sont encore plus longues dans les campagnes. 40 à 45 % du courant seraient ainsi perdus sur l’ensemble du territoire. À Bangalore, grand centre du High Tech, les pertes dues au manque d’électricité représentent 12 à 15 % de la production des entreprises informatiques. Des chantiers de grandes centrales ont été ouverts mais les constructions annoncent de nouveaux retards.
    Ces défauts sont aussi provoqués par un manque de coordination entre services concernés, des livraisons d’équipement défaillantes, un manque de cadres. Dans ces conditions, les riches installent un petit générateur chez eux, les entreprises en acquièrent de plus gros ou créent parfois leur propre centrale, ce qui grève leurs coûts. La question des matières premières devient délicate : manque de pétrole, de gaz, de charbon pour les centrales électriques et pour d’autres usines. De gros gisements de gaz ont heureusement été découverts au large des deltas de la Godavari et de la Krishna (sud-est de l’Inde) et l’on vient de découvrir des dépôts d’uranium en Andhra qui pourraient être les plus riches du monde : ils sont estimés à 44 000 tonnes.
    Autre talon d’Achille de l’Inde, les transports avec, ici aussi, un manque d’investissements et de dépenses d’entretien patents : routes encombrées, souvent étroites, multiplicité des contrôles routiers, au point que les camions ne dépassent guère 25 km/h de moyenne. Le bilan des chemins de fer n’est guère plus brillant, les trains de marchandises roulant eux aussi à 25 km/h. Transports et logistique représentent 20 % des coûts finaux de production en Inde, contre 4 à 5 % en Europe. Les ports sont également sous pression et les coûts d’exportation par container sont de 1 053 dollars, contre 456 à Singapour. Ces insuffisances dans les transports correspondraient à près de 1 % du PIB par an, soit 14 milliards de dollars.
    Enfin, mentionnons l’eau dans les villes, dont la fourniture est souvent interrompue et dont seuls 13 à 18 % des eaux usées sont traités. Du point de vue environnemental, les fonds consacrés à la lutte contre la pollution des eaux et de l’air, à l’érosion des sols ou encore aux risques liés au changement climatique sont très insuffisants. Les dommages annuels se situeraient entre 3,5 et 7 % du PIB.
    Gouvernance et malaises déstabilisent la vie politique
    Une avalanche de scandales se sont succédés depuis l’automne 2010 : pots de vin considérables et détournements touchent le gouvernement et l’administration, des hommes d’affaires, des militaires, etc. La société civile ainsi que de grands industriels donnent de la voix ; les media se déchainent ; même des religieux font la grève de la faim… Il n’est néanmoins pas certain que le coulage et la corruption aient beaucoup augmenté. Lorsqu’il était au pouvoir, en 2001, le Premier ministre Vajpayee du BJP, opposé au Congrès, parlait d’un véritable « cancer ».
    La répression des abus a été faible jusqu’à maintenant. Un ministre du gouvernement central est sous les verrous, un autre a été mis à pied, ce qui ne calme pas les critiques, malgré l’intégrité du Premier ministre Manmohan Singh. Un climat de malaise s’est étendu sur New Delhi ; la Chambre du Peuple est secouée de désordres ce qui conduit à de fréquentes suspensions de séance…, le tout étant aggravé par une inflation à 9 % et un ralentissement de la croissance économique depuis le printemps 2011 : + 7,7 % (avril-juin). Les inégalités se creusent. De vastes régions rurales très pauvres, les bidonvilles, une mortalité infantile encore élevée suscitent de légitimes inquiétudes pour l’avenir du pays.
    Les inégalités sont également marquées entre les États. Plusieurs d’entre eux, dont l’imposant Uttar Pradesh, sont mal gérés et se développent mal. Au Gujrat, la croissance prend, à l’inverse, des allures à la chinoise. Le Bihar est sorti d’une longue période de pourrissement grâce au gouvernement de Nitish Kumar, depuis les élections de 2005 et 2010. Le Tamil Nadu, malgré beaucoup de corruption, attire toujours plus les grandes firmes de l’automobile. La région de Gurgaon près de Delhi est en plein boom. Le gouvernement central peine plus que jamais à réduire les dépenses et les subventions, à imposer de nouvelles réformes sous le poids des affaires et des dissensions au sein de la coalition. Il faut aussi compter avec le poids de Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès. Depuis 2007, par exemple, est en discussion au Parlement le nouveau Land Acquisition Act pour remplacer celui de 1894 ! Entre temps, conflits, retards se succèdent pour créer des usines, exploiter de nouvelles mines de fer, de bauxite, de manganèse dans l’angle nord-est de la péninsule. Les gouvernements des États concernés perdent des rentrées de fonds, les habitants locaux peuvent être malmenés dans leur opposition, les investisseurs indiens comme Tata ou les firmes étrangères comme POSCO (Corée du Sud) perdent de l’argent alors qu’ils sont prêts à créer de nouvelles aciéries. Une vingtaine de milliards de dollars sont ainsi en attente d’investissement.
    En conclusion, malgré le ralentissement actuel, l’économie indienne conserve de solides atouts et presque personne ne conteste le système démocratique du pays en dépit de sérieuses failles. Il serait néanmoins urgent, pour que l’Inde puisse poursuivre son développement, de sortir de la crise de gouvernance qui lèse aujourd’hui l’économie et de réduire l’inflation. Rahul Gandhi, fils de Sonia Gandhi, Présidente du parti du Congrès, actuellement aux États-Unis (pour des soins, semble-t-il), va-t-il quitter ses fonctions au sein du parti pour succéder à Manmohan Singh ? Et si oui, réussira t-il à sortir son pays de la difficile phase d’aujourd’hui ?

    Gilbert Etienne (Diploweb)

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZZpAlZAAFzljTrsm.shtml

  • Le PS ne respecte pas la liberté de la presse

    Communiqué de Valeurs Actuelles :

    V"Le Parti Socialiste, par la voix de son porte-parole, Monsieur David Assouline, a accusé la couverture du numéro de Valeurs actuelles titrée « Roms l’overdose » de ce jeudi 22 août d’être« antirépublicaine ». La rédaction de Valeurs actuelles, par la voix de son directeur général, Yves de Kerdrel, exprime son indignation contre cette attaque diffamatoire, infondée, qui relève de l’intimidation et de la calomnie. Valeurs actuelles se réserve ainsi le droit de mener une action en justice..

    Ce numéro montre, notamment à travers un sondage réalisé selon la méthode des quotas par l’institut Harris Interactive (auprès d’un échantillon de 1 895 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus) qu’une grande majorité des Français (86%), y compris des électeurs de gauche (74%), est radicalement opposée aux occupations illégales de terrains par les Roms. Ce dossier vise à désigner un problème de fond que le gouvernement est incapable de gérer, et non à stigmatiser une population qui subit l’impéritie de certains hommes politiques. Yves de Kerdrel appelle les responsables du Parti Socialiste à plus de retenue dans leurs propos, et à respecter la liberté et le pluralisme de la presse, indispensable au débat démocratique. Valeurs actuelles, créé il y a près d’un demi-siècle par Raymond Bourgine, est un journal républicain, qui défend avec force les principes fondateurs de notre démocratie."

    Ainsi fonctionne l'idéologue : quand il fait trop chaud, il brise le thermomètre.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Retraites : les familles nombreuses vont trinquer

    Dans un système de retraites par répartition, ce sont les enfants des familles nombreuses qui paient les retraite des célibataires et des couples inféconds.
    Il est donc logique que leurs parents qui ont eu la charge de leur éducation bénéficient d’un bonus qui compense leur perte de revenus et de patrimoine. Ce bonus, les socialistes s’apprêtent à le mettre en pièces car il est contraire à leur idéologie libérale/libertaire de démantèlement de la famille et de « grand remplacement » de la population française. C’est une raison supplémentaire pour les partisans de la « Manif pour tous » de ne rien lâcher et pour les combattants du « Printemps français » de  rester mobilisés. Après Christiane Taubira et Manuel Valls, c’est Marisol Touraine qui pourrait être mise sous pression.
    Les lecteurs de Polémia trouveront ci-dessous un article d’Economie matin.fr
    Polémia.
    Réforme des retraites : les parents de familles nombreuses risquent de la sentir passer
    L’ensemble des mesures spécifiques en faveur des retraités ayant eu trois enfants ou plus coûterait 12 milliards à la Sécurité Sociale. D’après le gouvernement…
    L’équation est connue : les retraites versées aujourd’hui sont financées par les cotisations de salariés qui n’étaient encore que des enfants hier. Et les retraites de demain seront payées par les cotisations des enfants d’aujourd’hui. C’est pour cette raison que depuis l’invention du système de retraite de la Sécurité Sociale, les parents de familles nombreuses bénéficient de bonus.
    Les mères de familles tout d’abord, voient des trimestres de cotisation validés « gratuitement », à raison de deux ans par enfant. Egalitarisme oblige, la loi prévoit désormais que ce bonus puisse être partagé entre le père et la mère. Les pensions versées ensuite, sont bonifiées de 10 % pour les parents qui ont élevé 3 enfants ou plus, là encore pour compenser la perte de revenus induite par des enfants « en nombre ». Les statistiques sont unanimes sur ce point : l’arrivée d’un enfant dans le foyer provoque une baisse du revenu disponible de 10 %. Quand ils sont quatre ou cinq, on peut appeler cela appauvrissement, et les économies d’échelle, (les vêtements que l’on se repasse d’un frère à l’autre) ne sont qu’un mythe, ou une aubaine marginale.
    Chaque enfant abaisse de 10 % le revenu de vie du foyer dans lequel il se trouve
    Mais en face, le gouvernement a fait ses comptes. La facture des différentes bonifications accordées aux familles nombreuses pour les retraites des parents s’élèverait à 12 milliards d’euros par an. Quand on cherche à faire des économies, tout y passe, et tailler dans ces avantages paraît logique et simple. Seulement voilà : le patrimoine des familles nombreuses est systématiquement moindre que le patrimoine des foyers standard. Les familles nombreuses sont plus souvent locataires que les français moyens, faute de pouvoir acquérir leur résidence principale. Les parents de familles nombreuses auront donc plus souvent que les autres à se loger jusqu’à la fin de leurs jours en louant, faute d’avoir pu acheter leur toit.
    Prenant conscience de ces écueils, le gouvernement a ordonné une étude afin d’évaluer l’impact des projets de réforme des “bonus” sur les pensions de retraite des pères et mères de familles nombreuses. Réponse dans quelques semaines…
     Jean-Baptiste Giraud
    Rédacteur en chef d’Economie matin.fr
    Economie matin .fr, 21/08/2013
    http://www.polemia.com

  • Attaque à l’arme chimique en Syrie : ca sent l’intox

    Les médias occidentaux s’en donnent à cœur joie en annonçant le massacre de 1300 civils par des armes chimiques (lesquelles ?) dans la banlieue de Damas.
    C’est l’opposition syrienne qui balance l’info accompagnée d’une vidéo de quelques minutes où l’on voit hommes, femmes et enfants se roulant de douleur.
    Cette information semble très peu crédible pour plusieurs raisons :
    - Ce sont les rebelles financés par les monarchies sunnites et les occidentaux qui sont au plus mal suite aux succès militaires de l’armée de Bachar,
    - Le gouvernement syrien se sait observé par les américains qui ont déjà prévenus qu’ils interviendraient directement en cas d’utilisation d’armes chimiques,
    - il n’y a aucun intérêt stratégique à tuer des milliers de civils à coup de gaz juste au milieu d’habitations de Syriens fidèles au régime,
    - les syriens de Damas comme 80% de la population est derrière Bachar et son armée,
    - des djihadistes du Front Al Nosra qui se sont fait arrêter en Turquie en possession de gaz sarin.

    Si cette attaque a réellement eu lieu (pour l’instant nous n’avons que quelques témoignages partiaux), c’est au bénéfice des terroristes car :
    - ils terrorisent ainsi la population fidèle à leur président,
    - ils jettent l’infamie sur le gouvernement syrien légitime,
    - ils donnent à l’occident une justification pour intervenir militairement,
    - Si Bachar est un jour arrêté et jugé pour sa politique, c’est un motif de condamnation à mort.

    http://www.contre-info.com/

  • L'idéologie se couvre du mot « République »

    D'Hilaire de Crémiers dans Politique Magazine :

    "[...] Les hommes et les femmes de gouvernement et leurs sbires qui ont fait passer une telle loi, sont littéralement indignes de gouverner. Qu'ils imposent leurs fantasmes à leurs pareils si ça leur chante, mais pas au peuple de France en tant que tel. C'est un abus et même une usurpation de pouvoir. Quelle est leur autorité pour légiférer sur ce qui ne saurait relever de leur juridiction ? à moins qu'ils ne se prennent pour des dieux ! C'est devenu une loi de la République, clament les parangons du système. Et voilà prêts à céder des hommes politiques qui pourtant n'étaient point favorables à une telle loi, mais qui sont tout à coup timorés devant la violence du système, voilà prêts à se rallier une fois de plus des évêques- pas tous heureusement, loin de là ! - sans force morale, complices de la confortable bien-pensance officielle et entraînés par la facilité de la prétendue adaptation au monde, à l'encontre même des paroles de Benoît XVI et de François qui affirment hautement que « la première urgence » dans le corps épiscopal, « c'est le courage » ! « Le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd'hui particulièrement urgent pour un évêque ». Alors, qu'est-ce que cette couardise ?

    Et puis, la République est-elle donc une déesse ? Faut-il y sacrifier ? La mettre au-dessus du bon sens, de la conscience, du droit, de la justice et, enfin, pour les croyants, de Jésus-Christ ? Le problème, en France, est là. Qu'est-ce que cette République ? La république, en bon latin, c'est la chose publique. Ce ne devrait pas être une idéologie. Il y a là une conception totalitaire qui n'a fait et ne fait que du mal à la France réelle. Comment ne pas le voir ? L'idéologie qui se couvre du mot « République » en est-elle pour autant plus digne de croyance ? « Je dois tout à la République », disent certains. Mais non, vous devez tout à vos parents et à vos éducateurs et aux honnêtes gens que vous avez rencontrés. [...]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Inquiétudes pour l'Égypte et déclin de la France

    Jusqu'au 5 septembre... absent de Paris et hors connexion... votre serviteur et chroniqueur, ne pourra vous livrer ni ses réactions ni ses informations sur les sujets hélas brûlants que nous livre l'actualité.

     

    En attendant il s'inquiète bien évidemment pour l'Égypte et s'interroge à propos de la nouvelle schizophrénie occidentale autour du drame :

     

    - d'un côté "on" a largement armé, financé et formé les militaires, ossature de ce malheureux pays ;

     

    - de l'autre, "on" fait mine de déplorer leur intervention logique contre la présidence islamiste de Morsi. Celle-ci aboutissait à une islamisation ultrarapide du pays. Et, par ailleurs elle conduisait à un échec cinglant. Ce que l'AKP de Erdogan a accompli, de manière rampante, pour la Turquie en 12 ans, les frères musulmans du Caire ont cherché à l'imposer dans leur pays en 12 mois.

     

    Que cela plaise ou non, la France ne peut avoir d'autre politique que de se préoccuper de ceux qui, si souvent, parlent sa langue : non seulement les Coptes et les autres Chrétiens, systématiquement menacés par le délire islamiste, mais aussi les élites évoluées de toutes confessions qui ne peuvent pas accepter le retour obscurantiste à la loi coranique, appelé par une majorité d'illettrés. Ne perdons pas de vue que les musulmans chiites sont eux aussi, comme en Syrie, la cible des "frères" sunnites.

     

    J'emprunte ici à l'équipe catholique du Salon Beige le commentaire suivant en date du 18 août 2013 :

     

    "Berlin appelle à protéger les chrétiens d'Egypte

     

    Un appel que nous aurions aimé entendre de la part du gouvernement français. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a déclaré :

     

    – La minorité chrétienne en Egypte doit être protégée.

     

    – Nous sommes du côté des gens qui sont pour la liberté et les valeurs démocratiques et qui veulent une société ouverte."

     

    Ne nous illusionnons pas trop cependant. Cette position n'est pas exactement, en tout cas pas officiellement, celle de "Berlin". Il s'agit d'une simple déclaration personnelle de l'ondoyant ministre FDP des Affaires étrangères M. Guido Westerwelle au magazine Focus le 17 août. Jusqu'ici ni l'Union européenne, ni "notre" ministre Fabius, ni le département d'État américain ne sont allés dans ce sens, bien au contraire.

     

    Effectivement, comme le note le Salon Beige, on aurait aimé entendre à "Paris" une prise de position en faveur de ceux qui, en Égypte, combattent pour la liberté des individus et par conséquent contre l'islamisme. On a entendu le contraire.

    Le grand problème reste donc une fois de plus, pour nous, celui du redressement nécessaire de la France.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

  • Écrire contre la modernité (entretien avec Pierre Le Vigan)

    Écrire contre la modernité (entretien avec Pierre Le Vigan) Plusieurs lecteurs m’ont posé des questions à propos de mon dernier livre Écrire contre la modernité, oralement ou par écrit. J’ai regroupé ces questions (ou remarques) sous un nom collectif : les lecteurs curieux (ou L.L.C.).
    L.L.C. : Dans votre dernier livre, vous relativisez la continuité entre les Lumières et la Révolution française. Vous êtes ainsi au rebours d’une analyse qui, généralement située à droite, souligne la continuité entre les deux. Cela mérite quelques explications.
    Pierre Le Vigan : Je souligne effectivement que les hommes des Lumières qui étaient encore vivants en 1789 ont été généralement hostiles à la Révolution, à l’exception de Condorcet, qui en sera toutefois victime comme Girondin. La plupart des hommes des Lumières encore vivants ont été hostiles non seulement au moment 1793 – 94 de la Révolution mais aussi dès 1789. Dès ce moment, la violence est le moteur de la Révolution, ce qu’ils refusent, qu’il s’agisse de la « prise de la Bastille » qui fut en fait le massacre de ses défenseurs (malgré la parole donnée), ou des journées des 5 et 6 octobre 89, où le roi est ramené de force à Paris. En ce sens, la Révolution est un bloc comme le disait Clémenceau. Or, l’esprit des Lumières ne se reconnaît pas dans cette rupture avec l’ordre ancien alors qu’il aspire de son côté à un bien s’instaurant progressivement, à une sorte d’ordre naturel fondé sur la raison qui déploierait son harmonie, ce qui est incompatible avec les soubresauts sanglants qui constituent le rythme de la Révolution française.
    En réalité, le principal lien qui existe entre la Révolution française et les Lumières se fait à travers Rousseau. Mais on le sait : Rousseau occupe une place à part dans les Lumières. C’est l’un des sujets que j’aborde dans le livre. L’idéologie sommaire dite des Lumières n’a pas grand-chose à voir avec la réalité complexe et multiforme de penseurs trop importants pour être réductibles à un courant idéologique comme Rousseau, Diderot ou Voltaire.
    S’il y a continuité entre un homme rattaché aux Lumières et la Révolution, c’est donc de Rousseau qu’il s’agit. La continuité existe dans la mesure où Rousseau ne croît pas à la possibilité d’un mouvement continu de progrès mais croît dans le constructivisme. En ce sens, sans préjuger de l’attitude qui aurait été la sienne, il est en phase avec l’esprit de la Révolution qui prétend tout reconstruire, et là, il y a continuité entre 1789 et 1794, les principales différences entre la phase 1789 et la phase robespierriste de 1794 étant le passage d’une Terreur spontanée et « populaire » (au pire sens du terme, c’est-à-dire populacier) à une Terreur d’État, mais aussi le passage de la souveraineté nationale au projet d’une souveraineté populaire. L’autre lien très fort entre Rousseau et la Révolution française est l’exaltation de l’esprit antique et tout particulièrement de la notion de vertu civique. La Révolution française se veut exemplaire et romaine. Ici, il y a continuité entre l’« antiquo-futurisme » de Rousseau et la Révolution française.
    La continuité s’établit donc pour des raisons que l’on peut trouver « sympathiques » telles l’esprit civique et le culte du citoyens et pour des raisons très contestables à savoir l’aspiration non seulement à une société bonne mais à une société totalement bonne, absolument bonne, ce qui conduit inévitablement au totalitarisme, comme tous les rêves d’absolu. En ce sens, Marcel Déat n’avait sans doute pas complètement tort de voir une continuité entre Rousseau, la Révolution française, Robespierre (qu’il admirait et approuvait), et le national-socialisme allemand (dont Déat voyait bien les aspects modernistes – la « Révolution brune » – mais sous-estimait sans doute les aspects réactionnaires, eux aussi présents). Il aurait pu ajouter le bolchevisme. Rousseau est donc l’exception qui confirme la règle : il est le seul penseur des Lumières en continuité d’idées avec la Révolution française. Mais il l’est en partie pour des raisons contestables comme la volonté d’une table rase et d’un retour artificiel à un passé antique mythifié. À ce sujet, il faut noter qu’il serait difficile de défendre Rousseau et de voir avec sympathie les mouvements localistes et anticentralistes comme la Fronde ou la révolte vendéenne.
    L.L.C. : À vous lire, vous paraissez beaucoup plus proche des auteurs républicains tels Alain Finkielkraut et Éric Zemmour que des révolutionnaires-conservateurs de la « Nouvelle Droite ». Vous paraissez éloigné des communautariens et proche des assimilationnistes. En d’autres termes, vous semblez un défenseur de l’idée stato-nationale. Qu’en est-il ?
    Pierre Le Vigan : Dans la notion d’État-nation, c’est la nation qui doit être essentielle. L’État doit être un outil au service de la nation. Je ne crois pas que l’on puisse se passer de l’État. Attention : moins d’État, ce peut être plus de bureaucratie. C’est justement d’ailleurs ce qui se passe où nous souffrons d’une impuissance de l’État sur les grandes questions, impuissance mêlée à une omniprésence des pouvoirs publics dans nombre de domaines où ils ne devraient pas être présents tel la sécurité routière où s’impose une réglementation tatillonne attentatoire aux libertés les plus élémentaires. Dans la construction européenne d’aujourd’hui, la nation est la grande perdante car le lien entre l’État et la nation est perdu. Pseudo-régionalisme de féodalités locales d’une part, bureaucratie bruxelloise de l’autre, la nation s’affaisse au milieu de cela. L’État français n’est plus apte qu’à appliquer des réglementations européennes.
    Il est tout à fait exact que je suis hostile à la déconstruction des nations. Qu’il y ait des identités locales, en Catalogne, en Bretagne, ailleurs, cela ne doit pas se traduire par un monolinguisme régional, ni même par l’obligation administrative d’un bilinguisme. Le niveau national est le moyen de peser plus lourd dans la mondialisation que le niveau régional. Il faut préserver ce « niveau » (le terme n’est pas élégant mais a le mérite d’être clair) national. En ce sens, je salue le grand travail unificateur de la République, à la fois la Ire République et la IIIe République, ou celui réalisé en Turquie par Mustapha Kemal. Ce n’est d’ailleurs pas l’école républicaine de Jules Ferry qui a fait disparaître les particularismes locaux, c’est la modernité technicienne et c’est pourquoi les particularismes n’ont vraiment disparu qu’après 1945. Il faut lire sur ce sujet Jean-Pierre Le Goff, La fin du village. Une histoire française (Gallimard, 2012). De même, dans les pays de l’Est de l’Europe, la modernité capitaliste a plus détruit les cultures locales en vingt ans que ne l’a fait le communisme, pourtant dévastateur et meurtrier, en quarante-cinq ans.
    Si je défends la nation, c’est aussi parce que c’est encore le cadre le mieux adapté à l’exercice de la démocratie. C’est pourquoi je rends hommage à des figures républicaines classiques bien qu’oubliées tel Jean Prévost. Pour ses positions politiques tout comme pour ses qualités littéraires. « Il ne faut pas considérer l’auteur des Frères Bouquinquant, écrivait justement Roger Nimier, comme un écrivain mort trop jeune, qui n’a pas trouvé toute son audience, mais comme un prix Nobel en puissance et le maître d’une génération. » Je crois d’ailleurs beaucoup à la valeur d’exemplarité des esprits que l’on pourrait appeler « fermement modérés », dont Montaigne ou Jean Prévost sont des exemples.
    La modernité est pernicieuse : c’est le refus des limites du réel, et c’est en même temps le rêve d’une fin de l’histoire. La modernité refuse la dialectique de l’histoire. Cela peut prendre la forme du rêve d’une société sans classes, ou d’une société sans races. Au fond, le projet du communisme et celui du libéralisme ont des points communs, à ceci près que dans l’homogénéisation du monde, le libéralisme est plus efficace que le communisme. Du reste, le communisme n’a eu qu’un temps, tandis que le libéralisme se porte bien. En outre, compte tenu de sa dimension idéologique, le communisme est (était) en effet obligé de faire des pauses, tandis que le libéralisme peut mener son projet sans obstacles, avec pragmatisme, en jouant à la fois des aspirations à l’égalité et des aspirations à cultiver les différences. Il s’agit bien entendu toujours de petites différences anecdotiques compatibles avec le grand marché mondial. Ainsi, le libéralisme est à la fois égalitaire – il n’accepte pas les reproductions de castes fermées – et communautariste – il souhaite des niches de consommateurs pourvu que celles-ci ne soient pas fondées sur des valeurs durables.
    Ce qui fait le caractère déraisonnable de la modernité, c’est donc la croyance au Progrès, et non simplement à des progrès. De là vient aussi l’idée qu’il n’y a pas de nature de l’homme, que l’on peut donc tout faire de l’homme et avec l’homme, que l’homme est totalement malléable. Cette idée est très dangereuse et nie tout ce que nous apprend l’éthologie humaine. L’homme n’est pas un animal, mais il reste un animal. Tout n’est pas possible avec l’homme, sauf à le rendre fou et malheureux. « Nous n’avons pas envie de légitimer des sociétés qui font n’importe quoi avec l’homme » écrit justement Chantal Delsol.
    L.L.C. : Y a-t-il des auteurs que vous regrettez de ne pas avoir évoqué ?
    P.L.V. : À chaque jour devrait suffire sa peine. Vieille sagesse que nous avons souvent du mal – moi le premier – à accepter. On rêve toujours d’un livre meilleur, plus complet, mieux équilibré, plus abouti. Les ouvrages totalement réussis sont rares. Sur le seul plan des auteurs dont je n’ai pas parlé, il y a bien entendu des manques qui – si je puis dire – me manquent. Il est ainsi bien évident que Hannah Arendt me paraît un auteur contre-moderne fondamental, qu’Heidegger est très présent dans la problématique moderne/contre-moderne sans qu’il fasse l’objet d’un de mes chapitres, que Günther Anders lui aussi me paraît important, et est en outre très attachant – il faut le dire car nous sommes tous aussi des êtres de subjectivité. J’apprends aussi toujours beaucoup à la lecture de Massimo Cacciari. Je sais bien aussi que Drieu la Rochelle, sans être philosophe, était passionné par les questions de la modernité, et que sous divers angles, il les a abordées, non sans cruauté (d’abord avec lui-même). Je ne méconnais pas que Frédéric Schiffter est à l’origine d’une critique absolument radicale des arrières-mondes – et l’idéologie du progrès en fait partie, tout comme Clément Rosset (sur lequel j’ai écrit dans Éléments) a pu démontrer – ou tout simplement rappeler – que Platon avait inventé le moyen de penser à autre chose qu’au réel. Bref, la contre-modernité est vivante et ne cesse de s’alimenter de nouvelles figures. Car au vrai elle relève de l’insurrection de la vie contre le machinal. De la chair contre l’intellect, de l’âme contre l’esprit. C’est dire aussi que la contre-modernité ne se débarrassera jamais de la modernité.

    Mis en ligne par la rédaction. http://www.voxnr.com