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  • Du retrait par Claude BOURRINET

    atégie inspirée par le défunt seigneur Shingen Takeda, qui fait du clan une « montagne » inamovible et invincible. Cette doctrine, apparemment dictée uniquement par des impératifs stratégiques, est reconduite par son sosie, voleur et vagabond, usurpateur de sa fonction seigneuriale, dont nul, sinon quelques vassaux, ne connaît l’identité. Mais, démasqué, le « kagemusha » est obligé d’abandonner le pouvoir au fougueux fils du chef charismatique, le téméraire Katsuyori Takeda. Si bien que la charge de cavalerie et d’infanterie menée à la bataille de Nagashino, face au feu des mousquets livrés par les Occidentaux, est réduite à néant. La mort et la destruction ont suivi la vaine agitation et la présomption.

     

    L’œuvre d’Akira Kurosawa est d’une profondeur rarement égalée. Ses films sont une méditation imprégnée d’esprit zen. L’amertume liée à l’exercice dérisoire du pouvoir et du jeu mortel des apparences souille toute aspiration à la pureté ou à la paix, sinon même à la force véritable. C’est le cas par exemple dans cette adaptation emblématique de Macbeth qu’est Le Château de l’araignée, véritable chef d’œuvre irrigué par l’esthétique du théâtre .

     

    L’analogie avec l’histoire millénaire de notre civilisation occidentale n’est pas fortuite. Jadis, la lutte entre le Sacerdoce et l’Empire, entre le pouvoir spirituel de l’Église, tentée par la théocratie, et celui, terrestre, du Saint-Empire romain germanique, a ouvert la voie à la révolte du kshatriya, du guerrier, et, finalement, a permis aux États modernes d’asseoir une domination dégagée des contraintes de la Tradition, entraînant une dérive dont nous sommes les acteurs. Le déséquilibre entre la force armée et l’inspiration spirituelle a mené à un déchirement entre les deux tensions structurantes de la société, entre deux dynamismes qui, sous l’angle de la Tradition, se doivent d’être unis pour empêcher le monde de sombrer dans le déclin, dans l’âge de fer. En effet, l’axe central, l’essieu qui meut la roue, le «  moteur immobile », source de légitimation et d’énergie, noue un lien harmonieux entre l’impératif contemplatif,  la méditation, et l’éthique de l’engagement, le devoir chevaleresque de dépassement et de sacrifice. Le regard tourné vers l’ailleurs transcendantal, vers le monde divin, vers l’Un, « informe » (donne forme et sens) à l’immanente pluralité du monde humain. Son absence serait l’éclatement de monades erratiques. La rupture entre les deux puissance souveraines, dont l’une, par sa proximité avec les forces démoniaques et telluriques de la nature se devait d’être soumise à l’autre, supérieure par sa capacité à donner une signification au déploiement de l’action, a éloigné la société, progressivement, de toute validité, de tout bien-fondé, jusqu’à ce que la guerre elle-même, mobilisation extrême au service du massacre et de la destruction totales, fût  l’expression du nihilisme et de la volonté intégrale de puissance.

     

    Dès lors que la pente est prise, il est presque impossible de remonter vers l’amont. L’action détient une supériorité par rapport à l’esprit de méditation, une séduction capable de toucher vigoureusement la nature humaine, qui est fascinée par le bruit, la fureur et les modifications spectaculaires du monde, et prodigue en dépenses d’énergie et de sang. C’est là le côté sombre de la condition guerrière, mais, notre époque, si avancée dans la voie plébéienne, met en sus l’obligation de résultat, l’impérieuse nécessité de voir bouger les choses. Aussi l’avenir semble-t-il le produit de la technique. La médiatisation prométhéenne entre l’homme et la nature s’est autonomisée, et le monde, création de l’artifex, redevable des lois de la métis, de la ruse et de l’astuce, du savoir-faire et du calcul, est devenu une seconde nature, un milieu où le jeu se conjugue au caprice, le désir de possession à celui de destruction. Si bien que l’homme, ce sorcier, éprouve l’hybris enivrante d’être un dieu pour lui-même.

     

    Notre âge, de façon ironique, a vu dans le même temps une survalorisation du geste et sa perte de substance. Les combats d’ombres et leur spectacularisation rendent  la politique aussi impuissante qu’un coup d’épée dans l’eau.

     

    Claude Bourrinet http://www.europemaxima.com

  • Se préparer à se confronter au problème de l'islam

    IDans l'exhortation apostolique Ecclesia in Europa, Jean-Paul II écrivait en 2003 :

    "il est nécessaire de préparer convenablement les chrétiens qui vivent au contact quotidien des musulmans à connaître l'islam de manière objective et à savoir s'y confronter". [n°57]

    C'est ce qu'a voulu faire l'abbé Guy Pagès, qui fut missionnaire à Djibouti, dans un ouvrage intitulé Interroger l'islam. Eléments pour le dialogue islamo-chrétien. Dans la préface, Mgr Bernardini, archevêque émérite de Smyrne écrit :

    "Préparer les chrétiens européens vivant en contact avec les musulmans à affronter objectivement le problème de cette différence implique, et cela est l'intention fondamentale de l'abbé Guy Pagès, un dialogue qui ne repose pas sur des bases théologiques ou religieuses, mais d'abord sur l'amitié et les vertus humaines".

    A partir du texte du Coran, l'auteur montre les incroyables contradictions de cette religion, qui ne s'avère être finalement que le curieux mélange de pratiques issues de différentes sectes pré et post-chrétiennes. L'auteur cite notamment la Somme contre les Gentils de Saint Thomas d'Aquin :

    "Mahomet [...] a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse la concupiscence de la chair. Lâchant la bride à la volupté, il a donné des commandements conformes à ses promesses, auxquels les hommes charnels peuvent obéir facilement. En fait de vérités, il n'en a avancé que de faciles à saisir par n'importe quel esprit médiocrement ouvert. Par contre, il a entremêlé les vérités de son enseignement de beaucoup de fables et de doctrines des plus fausses. Il n'a pas apporté de preuves surnaturelles, les seules à témoigner comme il convient en faveur de l'inspiration divine, quand une oeuvre visible qui ne peut être que l'oeuvre de Dieu prouve que le docteur de vérité est invisiblement inspiré. Il a prétendu au contraire qu'il était envoyé dans la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. D'ailleurs, ceux qui dès le début crurent en lui ne furent point des sages instruits des sciences divines et humaines, mais des hommes sauvages, habitants des déserts, complètement ignorants de toute science de Dieu, dont le grand nombre l'aida, par la violence des armes, à imposer sa loi à d'autres peuples. Aucune prophétie divine ne témoigne en sa faveur; bien au contraire il déforme les enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testament par des récits légendaires, comme c'est évident pour qui étudie sa loi. Aussi bien, par une mesure pleine d'astuces, il interdit à ses disciples de lire les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament qui pourraient le convaincre de fausseté. C'est donc chose évidente que ceux qui ajoutent foi à sa parole, croient à la légère."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • 20 août 1955 : massacre d’El Halia. Un voisin à ses futures victimes : « Demain, il y aura une grande fête avec beaucoup de viande »

     

    Il n’y a même pas 60 ans.
    Le FLN – organisation séparatiste et terroriste soutenue entre autres par la gauche française (dont le traître Jacques Vergès récemment décédé) et toujours au pouvoir en Algérie - avait décidé, devant l’essoufflement de sa propagande, de passer à une stratégie sanguinaire pour faire « monter la pression » en Algérie française.

    Ainsi, dans le petit village minier d’El Halia, 71 Européens furent massacrés de la façon la plus ignoble que l’on puisse imaginer.
    Outre les égorgements des hommes (après ablation du sexe et vision du viol de leurs femmes et de leurs filles) et l’éventration des femmes – méthode habituelle -, on note pour la première fois des personnes dépecées, vraisemblablement tant qu’elles étaient vivantes. Ainsi que des empalements.

    Description puis témoignage :

    Massacre des travailleurs de la mine de El Halia le 20 août 1955

    « El-Halia est attaqué entre 11 h 30 et midi le 25 août 1955.

    C’est un petit village proche de Philippeville, sur le flanc du djebel El-Halia, à trois kilomètres environ de la mer. Là vivent 130 Européens et 2000 musulmans. Les hommes travaillent à la mine de pyrite, les musulmans sont payés au même taux que les Européens, ils jouissent des mêmes avantages sociaux. Ils poussent la bonne intelligence jusqu’à assurer leurs camarades Degand, Palou, Gonzalès et Hundsbilcher qu’ils n’ont rien à craindre, que si des rebelles attaquaient El-Halia, « on se défendrait » au coude à coude.

    A 11 h 30, le village est attaqué à ses deux extrémités par quatre bandes d’émeutiers, parfaitement encadrés, et qui opèrent avec un synchronisme remarquable. Ce sont, en majorité, des ouvriers ou d’anciens ouvriers de la mine et, la veille encore, certains sympathisaient avec leurs camarades européens… Devant cette foule hurlante, qui brandit des armes de fortune, selon le témoignage de certains rescapés, les Français ont le sentiment qu’ils ne pourront échapper au carnage. Ceux qui les attaquent connaissent chaque maison, chaque famille, depuis des années et, sous chaque toit, le nombre d’habitants. A cette heure-là, ils le savent, les femmes sont chez elles à préparer le repas, les enfants dans leur chambre, car, dehors, c’est la fournaise et les hommes vont rentrer de leur travail. Les Européens qui traînent dans le village sont massacrés au passage. Un premier camion rentrant de la carrière tombe dans une embuscade et son chauffeur est égorgé. Dans un second camion, qui apporte le courrier, trois ouvriers sont arrachés à leur siège et subissent le même sort. Les Français dont les maisons se trouvent aux deux extrémités du village, surpris par les émeutiers, sont pratiquement tous exterminés. Au centre d’EI- Halia, une dizaine d’Européens se retranchent, avec des armes, dans une seule maison et résistent à la horde. En tout, six familles sur cinquante survivront au massacre. Dans le village, quand la foule déferlera, excitée par les « you you » hystériques des femmes et les cris des meneurs appelant à la djihad, la guerre sainte, certains ouvriers musulmans qui ne participaient pas au carnage regarderont d’abord sans mot dire et sans faire un geste. Puis les cris, l’odeur du sang, de la poudre, les plaintes, les appels des insurgés finiront par les pousser au crime à leur tour. Alors, la tuerie se généralise. On fait sauter les portes avec des pains de cheddite volés à la mine. Les rebelles pénètrent dans chaque maison, cherchent leur « gibier » parmi leurs anciens camarades de travail, dévalisent et saccagent, traînent les Français au milieu de la rue et les massacrent dans une ambiance d’épouvantable et sanglante kermesse. Des familles entières sont exterminées: les Atzei, les Brandy, les Hundsbilcher, les Rodriguez. Outre les 30 morts il y aura 13 laissés pour morts et deux hommes, Armand Puscédu et Claude Serra, un adolescent de dix-neuf ans qu’on ne retrouvera jamais. Quand les premiers secours arrivent, El-Halia est une immense flaque de sang.

    Le groupe de fellagha est commandé par Zighout Youcef. 123 des personnes qui l’habitent, de toutes religions, de tous sexes, de tout âge et de toutes opinions politiques sont massacrés de la façon la plus ignoble que l’on puisse imaginer. (71 européens, 52 musulmans, 120 disparus). Outre les égorgements des hommes (après ablation du sexe et vision du viol de leurs femmes et de leurs filles) et l’éventration des femmes, méthode habituelle, on note pour la première fois des personnes dépecées, vraisemblablement tant qu’elles étaient vivantes.

    Ce massacre résulte des nouvelles consignes du FLN qui a échoué dans sa tentative de mobiliser massivement les Français musulmans d’algérie contre la france, que ce soit par la propagande ou par la terreur. Il a également échoué dans sa tentative de créer une force militaire suffisante pour gagner des combats contre l’armée française, par manque de soutien extérieur susceptible de lui procurer des armes, aussi parce que les paras et autres troupes de choc, ramenées d’Indochine, implantent de nouvelles formes de guerre, avec des unités mobiles, et le début des opérations héliportées. Enfin de plus en plus nombreux sont les musulmans qui portent les armes françaises, d’abord protection des sections administratives spéciales nouvellement implantées, gendarmes des groupes mobiles de sécurité, puis progressivement et de plus en plus, auto défense des villages et troupes combattantes, les harkis.

    Le FLN a alors décidé de faire régner la terreur, il renforce ses politiques d’attentat aveugles dans les villes, son extermination systématique des européens, ses actions de sabotage de récolte, de routes, de réseau ferré, de lignes téléphoniques qui le conduiront à la victoire. Il vise aussi les nationalistes modérés type Ferhat Abbas, dont le neveu, qui gérait sa pharmacie est égorgé pour l’exemple. Abbas comprendra parfaitement qu’il n’est plus possible de tenter une troisième force et rejoindra le Caire.

    El Halia aura une autre conséquence, le gouverneur général Soustelle, qui était venu en Algérie avec la volonté de trouver une solution politique, voyant le massacre, déçu de ses contacts, décide « qu’on ne discute pas avec des gens comme ça ». Lors de l’enterrement des victimes, les personnes présentes, menées par le maire, piétineront les gerbes et couronnes offertes par les autorités préfectorales et militaires et feront une conduite de Grenoble au sous préfet.

    Soustelle écrira : « Les cadavres jonchaient encore les rues. Des terroristes arrêtés, hébétés, demeuraient accroupis sous la garde des soldats….Alignés sur les lits, dans des appartements dévastés, les morts, égorgés et mutilés (dont une fillette de quatre jours) offraient le spectacle de leurs plaies affreuses. Le sang avait giclé partout, maculant ces humbles intérieurs, les photos pendues aux murs, les meubles provinciaux, toutes les pauvres richesses de ces colons sans fortune. A l’hôpital de Constantine des femmes, des garçonnets, des fillettes de quelques années gémissaient dans leur fièvre et leur cauchemars, des doigts sectionnés, la gorge à moitié tranchée. Et la gaieté claire du soleil d’août planant avec indifférence sur toutes ces horreurs les rendait encore plus cruelles « 

    Le 20 août 1955, « une date terrible, une date inoubliable » dira Yves Courrière dans son Histoire de la guerre d’Algérie » (ed. Taillandier). Ce jour-là, Zighout Youssef, le chef de la willaya 2, lance la population civile de certains douars du Nord-Constantinois contre les Européens. A El-Halia, petit centre minier près de Philippeville, cent trente-deux personnes sont assassinées dans des conditions barbares.

    Marie-Jeanne Pusceddu témoigne:
    Le 20 août 1955 j’étais à El-Halia

    Je m’appelle Marie-Jeanne Pusceddu, je suis pied-noir, née à Philippeville en 1938 de parents français, d’origine italienne. Mes parents étaient des ouvriers; toute ma famille, frères, oncles, cousins, travaillait à la mine d’El-Halia, près de Philippeville. Ce petit village d’El-Halia n’était qu’un village de mineurs, d’artisans qui travaillaient dur dans la mine de fer. Il y avait également des ouvriers arabes avec qui nous partagions, au moment de nos fêtes respectives, nos pâtisseries et notre amitié. Ils avaient leurs coutumes, différentes des nôtres, nous nous respections. Nous étions heureux. Les « événements d’Algérie » ont commencé en 1954. Mais pour nous, la vie était la même, nous ne nous méfions pas de nos amis arabes.

    Je me suis mariée le 13 août 1955, nous avons fait une belle fête et tous nos amis étaient là, notamment C., le chauffeur de taxi arabe que nous connaissions bien. Avec mon mari, nous sommes partis en voyage de noces. Le 19 août 1955, avec mon mari André Brandy (ingénieur des mines employé au Bureau de la recherche minière d’Algérie ), nous avons pris le taxi de C. pour rentrer à El-Halia. Pendant le trajet, C. nous dit: « Demain, il y aura une grande fête avec beaucoup de viande ».
    Je lui répondis: « Quelle fête ? Il n’y a pas de fête ».
    Je pensais qu’il plaisantait. Le lendemain, 20 août, tous les hommes étaient au travail à la mine sauf mon mari. Il était juste midi, nous étions à table, quand soudain, des cris stridents, les youyous des mauresques et des coups de feu nous ont surpris. Au même moment, ma belle-sœur Rose, sa petite dernière Bernadette (trois mois) dans les bras arrive, affolée, suivie de ses enfants, Geneviève 8 ans, Jean-Paul 5 ans, Nicole 14 ans, Anne-Marie 4 ans. Son aîné Roger, âgé de 17 ans, était à la mine avec son père. Avec ma mère, mon frère Roland de 8 ans, Suzanne ma soeur de 10 ans, Olga mon autre soeur de 14 ans et mon mari, nous avons compris qu’il se passait quelque chose de grave. Les cris étaient épouvantables. Ils criaient: « Nous voulons les hommes ». Je dis à mon mari : « Vite, va te cacher dans la buanderie! ».

    Nous nous sommes enfermés dans la maison, mais les fellaghas ont fait irruption en cassant la porte à coup de hache. A notre grande stupeur, c’était C., le chauffeur de taxi, « l’ami » qui avait assisté à mon mariage. Je le revois encore comme si c’était hier. Il nous a poursuivis de la chambre à la salle à manger, puis dans la cuisine; nous étions pris au piège. C., avec son fusil de chasse, nous menaçait. Il a immédiatement tiré sur ma pauvre mère, en pleine poitrine, elle essayait de protéger mon petit frère Roland. Elle est morte sur le coup avec Roland dans ses bras, lui aussi gravement atteint. Ma belle-sœur Rose a été tuée dans le dos. Elle gardait son bébé contre le mur, ma jeune soeur Olga s’est jetée, dans une crise d’hystérie, sur le fusil, il a tiré à bout portant, la blessant salement. Il nous narguait avec son fusil. Bravement et affolée, je lui dis: « Vas-y! Tire! Il ne reste plus que moi ». Il a tiré, j’ai reçu la balle à hauteur de la hanche, je n’ai même pas réalisé et il est parti. J’ai pris les enfants, les ai cachés sous le lit avec moi, mais je souffrais trop et je voulais savoir si mon mari était toujours vivant. Je suis allée dans la buanderie et me suis cachée avec lui derrière la volière. Les fellaghas, les fils de C., sont revenus. lls se dirigeaient vers nous en entendant un bruit, mais l’un d’eux a dit en arabe: « C’est rien, c’est les oiseaux ». Et nous sommes restés, apeurés, désemparés, sans bouger jusqu’à cinq heures de l’après-midi.

    Les cris, les youyous stridents, la fumée, le feu, quel cauchemar ! …Un avion de tourisme est passé au-dessus du Village et a donné l’alerte. L’armée est arrivée à dix-sept heures. Et là, nous sommes rentrés dans la maison pour constater l’horreur. Mon petit frère Roland respirait encore; il est reste cinq jours dans le coma et nous l’avons sauvé. Malheureusement, ma soeur Olga a été violée et assassinée, ma soeur Suzanne, blessée à la tête, elle en porte encore la marque. Puis l’armée nous a regroupés. Ma famille Azeï, tous massacrés au couteau, la soeur de ma mère, son mari, ses deux filles dont l’une était paralysée, l’une des filles qui était en vacances avec son bébé a été, elle aussi, assassinée à coups de couteau (c’est la fiancée de son frère, qui s’était cachée, qui a tout vu et nous l’a raconté). Le bébé avait été éclaté contre le mur. Puis, mon cousin a été tué à coups de fourchette au restaurant de la mine, le frère de ma mère, Pierrot Scarfoto a été, lui aussi massacré, en voulant sauver ses enfants, à coups de couteau, les parties enfoncées dans la bouche, ainsi que mon neveu Roger, âgé de 17 ans. Mon père, sourd de naissance, blessé à coup de couteau, s’était réfugié dans une galerie abandonnée. Il n’a pas entendu l’armée, on ne l’a retrouvé que quinze jours plus tard, mort à la suite de ses blessures. Il a dû souffrir le martyre. Mon jeune frère Julien a été également massacré.

    Treize membres de ma famille ont ainsi été martyrisés, massacrés par le F.L.N.

    Je suis restée à l’hôpital près de trois mois, j’avais fait une hémorragie interne avec infection, car les balles fabriquées étaient bourrées de poils, de bris de lames de rasoir. Nous avions échappé à la mort, mais pas à la souffrance. Mon mari fut muté à Bougie, mais le Chantier ayant subi une attaque, il a dû fermer; puis à Ampère, près de Sétif, et finalement au Sahara. Mais les femmes n’étaient pas admises. J’ai été recueillie avec mes deux frères à Lacaune-les-Bains, chez les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, j’y étais déjà venue plus jeune.

    Le fellagha meurtrier de ma famille a été arrêté, j’ai dû venir témoigner pendant trois ans en Algérie, car j’étais le seul témoin. Mon témoignage fut mis en doute, du moins la façon dont les miens ont été massacrés. Ils ont déterré ma mère pour voir si je disais la vérité, je n’en pouvais plus. On a retiré plusieurs balles et la seule chose de positive dans tout ce cauchemar, c’est le collier qu’elle portait et que l’on m’a remis ; collier dont je ne me séparerai jamais.

    Marie-Jeanne Pusceddu
    Source :  L’Algérianiste N° 94 juin 2001
    Revue culturelle
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    http://www.contre-info.com

  • Un esprit sain dans un corps sain

    Bien sûr et c’est heureux,  les individus changent, évoluent et ne doivent pas être jugés éternellement au regard de leurs fautes passées. Mais il est remarquable que la classe médiatique, à de très rares exceptions prés, n’ait pas évoqué à l’occasion de cette quatorzième édition des championnats du monde d’athlétisme à Moscou, le lamentable (le mot est faible) comportement qui fut celui de Teddy Tamgho il y a deux ans.  Sacré champion du monde en salle et d’Europe en 2011, privé de compétitions depuis 21 mois à cause de blessures,  l’athlète « originaire de Sevran »  vient d’être médaillé d’or dimanche (la seule décrochée par la France)  dans la capitale russe   au concours du triple saut, avec un bond à 18,04 mètres. Une performance il est vrai proprement hors du commun, la troisième meilleure de tous les temps. Chose rare, M. Tamgho avait cette fois ôté sa casquette au moment de notre hymne national et a même entonné les paroles de la Marseillaise sur la plus haute marche du podium…

      François Hollande  a  présenté Teddy Tamgho comme « un jeune sportif qui a su surmonter les épreuves et les blessures ». Or, comme l’a rappelé notamment Metronews -et au moment des faits en 2011 un long article sur le site Eurosport-  les épreuves en question «  sont en fait une suspension de 12 mois (dont 6 avec sursis) et une condamnation pour coups et blessures. En octobre 2011, il avait  frappé Glodie Tudiesche, une jeune athlète alors âgée de 19 ans, ainsi que d’autres personnes voulant s’interposer ( lors de la violente altercation qui s’est déroulée au CREPS de Boulouris (Var). »

     « Il m’a attrapée violemment par la gorge et m’a étranglée », expliquait  alors Glodie Tudiesche au site Eurosport, (…). J’ai reçu des coups de genou dans la tête, des coups de poing et des coups de pied de manière ininterrompue. Une de mes copines a essayé de s’interposer mais il lui a donné un coup de poing dans la mâchoire (…) . Un entraîneur qui tentait de les séparer était ouvert au niveau de la tête et complètement en sang, selon ses dires. Teddy est revenu en courant et en criant qu’il allait me tuer. L’entraîneur s’est encore interposé in extremis. Cette fois, Teddy l’a frappé en lui mettant des coups de pied dans la tête. Il rigolait en même temps, dit-elle. La prochaine fois, il tuera quelqu’un, (mettait)e même en garde. ». Et la jeune femme d’avancer alors que si Teddy Tamgho  était un jour sacré champion olympique, il s’agirait d’une « médaille de la honte ».

     En 2011 « les raccourcis entre banlieue, immigration et manque d’éducation n’étaient jamais bien loin à l’heure d’évoquer la personnalité du triple sauteur, âgé alors de 22 ans » se hasarde l’article de Metronews. Qui précise que  « Tamgho n’avait  pas arrangé son cas, ni contrecarré les idées reçues, lorsqu’il s’était fendu d’un clip de rap malvenu  afin de se défendre… ».

    Encore une fois, répétons-le,  chacun peut espérer au pardon de ses fautes. Mais sur un plan plus politique, la question que l’on peut  (naïvement)  se poser souligne Bruno Gollnisch, est bien évidemment de savoir si les féministes professionnelles de gôche  auraient gardé  le même  silence complice, même après le communiqué de l’Elysée, si  notre médaillé d’or n’était pas issu « des quartiers » et des « minorités ».

     Rappelons aussi incidemment que  dans les banlieues plurielles,  les exécutifs de gauche comme de droite  expliquent  la nécessité de multiplier les infrastructures sportives puisque   le  sport est crédité être  un  efficace dérivatif  à la violence ou à tout le moins un bon moyen de la  canaliser…pas toujours efficace au vu de l’actualité.  

     Dans l’antiquité, les athlètes qui participaient aux  Jeux olympiques devaient être des citoyens  sans tâches. Un esprit sain dans un corps sain .  Et il va sans dire que cette exemplarité là n’était pas absente des pensées de  l’ex officier aux solides idéaux nationalistes, le baron Pierre  de Coubertin, lorsqu’il ressuscita les Jeux.

     Des  Jeux qu’il concevait  comme une parenthèse de  paix mondiale pouvant apporter une meilleure compréhension entre les peuples. C’était avant leur politisation extrême par les régimes totalitaires du XXème siècle. Et aujourd’hui le travestissement de leur esprit originel par le déferlement publicitaire, via  le sponsoring outrancier des multinationales, des mass média,   qui en ont fait avant tout une colossale opération financière avec des athlètes transformés en homme sandwich et  à l’occasion en porte-parole du meilleur des mondes.

     Il y a certes des fausses notes comme l’illustrent les propos de l’athlète russe Isinbayeva,  31 ans qui,  jeudi dernier, deux jours après sa médaille d’or pour un saut en hauteur à 4,89m, a suscité le tollé des forces de progrès.

    La jeune femme a eu ainsi le front d’expliquer  lors d’une conférence de presse qu’elle n’était pas opposée à la loi votée  en juin dernier par les parlementaires russes, toutes étiquettes politiques confondues, punissant le prosélytisme homosexuel en direction des mineurs. 

     Celle que les médias russes  surnomment « la tsarine » avait en effet déclaré  que « La propagande des relations non traditionnelles serait un grand signe de non-respect des citoyens de notre pays (la Russie, NDLR) et de nos lois. Toute personne qui viendra pour les JO de Sotchi (l’année prochaine, NDLR) doit respecter nos lois ».  « Nous tolérons toutes les opinions et nous respectons tout le monde, mais en retour, ces personnes doivent respecter nos lois et ne pas promouvoir dans les rues les orientations  non traditionnelles ».

     Voilà une opinion difficilement pardonnable aux yeux des esprits éclairés, voilà  qui est bien pire que de tabasser une jeune fille. Gageons que« la tsarine » ne se verra pas proposer un contrat par une grande marque internationale  de soda ou de chaussures de sport.

    http://www.gollnisch.com/

  • Comment la CIA prépare les révolutions colorées

    Je sais que ça date un peu… mais d’une certaine façon c’est toujours d’actualité. Ce n’est pas sans nous faire penser ce qui ce passe dans les pays arabes.

    http://fr.altermedia.info/

  • Espagne : Privatisation du Soleil

    Le gouvernement met en place une série de mesures visant à dissuader les particuliers d’installer des panneaux solaires chez eux. Une alternative pourtant séduisante en cette période de crise.

    S’éclairer grâce à l’électricité produite par un panneau photovoltaïque personnel coûtera bientôt plus cher que se connecter au réseau traditionnel. C’est ce que révèle un projet de décret sur l’autoconsommation énergétique – autrement dit sur la production d’énergie par une entité pour elle-même – rendu public par le gouvernement espagnol le 18 juillet dernier.

    Ce décret met en avant une série de mesures visant à décourager les particuliers et les entreprises de produire leur propre électricité grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques ou de mini-éoliennes. Le gouvernement annonce, entre autres, la mise en place d’un “péage” pour les propriétaires de ce type d’installation. Un péage particulièrement dissuasif puisqu’il augmentera la note d’électricité de 27% par rapport à une connexion classique au réseau.

    Cette mesure ayant, par ailleurs, un effet rétroactif, les 50.000 familles qui ont déjà investi dans un tel équipement auront douze mois pour s’enregistrer auprès du Ministère de l’Industrie et s’acquitter de la taxe. Pour ces gens-là, les rêves d’indépendance énergétique s’écroulent mais le remboursement des emprunts reste.

    Pression des fournisseurs d’énergie

    La crainte des grandes entreprises de distribution d’électricité de voir leurs revenus chuter aura donc poussé le Partido Popular (le droite conservatrice au pouvoir) à instaurer des mesures afin de freiner l’expansion de l’autoconsommation. En effet, même si les producteurs particuliers n’avaient pas la possibilité de vendre ou de stocker leur surplus d’électricité comme cela se fait dans d’autres pays (on appelle cela l’autoconsommation instantanée).

    Même si les aides au photovoltaïque ont été supprimées depuis longtemps, l’autoconsommation remportait un certain succès. Grâce au développement technologique, le prix d’une installation a baissé de 80% au cours des cinq dernières années alors que, parallèlement, le prix de l’électricité n’a cessé d’augmenter. Avec la crise, les énergies vertes devenaient une alternative encore plus intéressante.

    Du côté du Ministère de l’Industrie, on justifie le décret en rappelant que, si certains citoyens consomment moins d’électricité publique, les coûts d’entretien du réseau, eux, ne diminuent pas et qu’il est normal de compenser le manque à gagner des fournisseurs d’énergie. C’est d’ailleurs en concertation avec ces derniers que le montant du péage a été décidé.

    30 millions d’euros d’amende

    Selon les calculs de l’Association pour l’épargne et l’efficacité énergétique, il faudra désormais 17 ans pour amortir une installation contre 5,7 ans avant la réforme. Le secteur du photovoltaïque s’inquiète également pour son avenir, lui qui emploie aujourd’hui 7.000 travailleurs alors qu’il en employait 40.000 en 2008. D’autres secteurs aussi se plaignent, comme ceux de l’hôtellerie et de la viande qui économisaient entre 20% et 30% sur leur consommation d’électricité après s’être dotés de panneaux solaires et d’éoliennes pour faire fonctionner leurs chambres froides. Et puis il y a bien sûr l’impact environnemental, dénoncé par de nombreuses associations écologiques.

    Quant à la tentation de l’illégalité, elle pourrait s’avérer fatale puisque les propriétaires d’installations pirates risquent une amende allant de 6 à 30 millions d’euros! Les inspecteurs du ministère auront d’ailleurs l’autorisation d’entrer chez les gens sans ordonnance judiciaire pour vérifier si leur connexion est légale ou illégale.

    Espagne en Crise  http://fortune.fdesouche.com

  • Il faut donner une traduction politique au mouvement

     

    Interrogée dans l'Action Française 2000, Béatrice Bourges déclare :

    B"En fait, cette loi, mortifère pour notre civilisation, a été comme une énorme claque qui a fait sortir le peuple de sa léthargie. L'idéologie totalitaire issue de Mai-68 a fait des ravages colossaux, dans tous les domaines. Le libéralisme libertaire a anéanti la France. Mais, dans un instinct de survie, les Français sortent, comme un peu hébétés, d'une hibernation qui a duré plus de quarante ans. À la différence, cependant, de certains autres mouvements de contestation, je pense que nous sommes plus "pour" que "contre". C'est vrai, nous refusons cette société fondée sur une idéologie soixante-huitarde de l'individualisme et de l'hédonisme comme valeurs absolues. Mais nous travaillons déjà à la reconstruction d'une nouvelle société fondée sur le respect de l'intérêt général, associé au respect des personnes. C'est ce que l'on appelle le bien commun. Le gouvernement sous-estime complètement ce qui est en train de se passer. Il a tort et son réveil sera douloureux.

    [...] Oui, nous sommes bien dans un État totalitaire. Très peu de personnes s'en rendent réellement compte. De nombreuses libertés sont attaquées : liberté de penser, liberté de se réunir, liberté de s'exprimer, liberté d'éduquer ses enfants etc. Tout cela est couvert par les médias, aux ordres du gouvernement. Les ingrédients d'une dictature sont bien là. Mais ce totalitarisme est pratiqué de façon habile et pernicieuse, d'où une prise de conscience encore très ténue. Là encore, le réveil sera douloureux.

    Pensez-vous ce que ce mouvement laissera des traces ? Et qu'il est nécessaire de lui donner une traduction politique qui ne soit pas synonyme de récupération politicienne ? Si oui, comment ?

    Plus que des traces, ce mouvement va changer complètement la donne et je pense qu'il faut lui donner une traduction politique. La difficulté que vous soulignez est le risque d'une certaine récupération. Je crois que le paysage politique est amené à changer radicalement. Les partis existants sont dépassés. Aucun n'a pris une part active à ce qui s'est passé. Aucun n'a eu le courage de se mouiller réellement. Rares sont ceux qui, depuis le début, se sont véritablement prononcés. Lorsque j'ai démarré ce combat, je me suis battue contre le gouvernement de Nicolas Sarkozy. N'oublions pas tout de même que c'est Nadine Morano, secrétaire d'État à la Famille, qui voulait instituer le statut du beau-parent pour les personnes de même sexe, ce qui était un pas déterminant pour la reconnaissance de l'"homoparentalité". N'oublions pas non plus que c'est sous Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, que l'idéologie du genre est apparue de façon aussi subversive dans les programmes scolaires. Jean-François Copé était bien silencieux sur le sujet à l'époque... Quant à François Fillon, il vient d'annoncer qu'il ne reviendrait pas sur la loi s'il était élu. Et je pourrais multiplier les exemples. Concernant le FN, on ne peut vraiment pas dire qu'il ait été très présent dans le débat. Certains députés se sont exprimés à titre personnel et je leur en rends grâce, mais le parti dans son ensemble est divisé sur cette question. Un grand nombre de responsables ne partagent pas du tout les convictions des personnes qui sont descendues dans la rue. Aucun parti ne peut revendiquer d'avoir pris une part active à ce qui s'est passé ces derniers mois. Personnellement, je ne crois plus à la crédibilité des partis existants, quels qu'ils soient. Et mon cas est loin d'être isolé. Ce qui s'est passé cet hiver était une occasion unique pour les partis existants. Ils n'ont pas su la saisir. Ils ont attendu de voir et sont venus au secours de la victoire. Des échéances électorales vont bientôt avoir lieu, municipales et européennes. Il faut être présent partout. Nos convictions doivent être portées par des élus. Nous n'avons pas le choix. Il faut réunir des personnes, venant d'horizons politiques différents, sans exclusive, autour de la défense du bien commun. Ce qu'il faut proposer aux électeurs, ce sont des valeurs, au-delà des étiquettes qui ne veulent plus rien dire. Une liste transcourants, composée de personnes compétentes et de convictions, voilà ce qu'il nous faut."

    Michel Janva    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Corse : Propriété et identité

    « L’Assemblée de Corse […]  a déjà voté une loi allant dans le sens nationaliste de la Corse en mai dernier : la langue corse hissée au statut de langue officielle de l’île au même titre que le français. »
    En parlant de réserver l’accès à la propriété en Corse aux résidents insulaires  de plus de cinq ans ou aux Corses d’origine, Paul Giacobbi, président de l’assemblée de Corse, a jeté un pavé dans la mare.
    Au-delà des contingences politiciennes et des cris d’orfraie des « eurocrates », des « libéraux » et des « républicains », on notera qu’il pose de vrais problèmes : jusqu’où une communauté humaine peut-elle accepter de se voir dépossédée de son territoire et de ses paysages ? Jusqu’où peut-elle accepter que la montée des prix de l’immobilier rende les logements inaccessibles à ses jeunes natifs ? Jusqu’où la loi de l’argent peut-elle s’imposer comme règle d’arbitrage unique entre les hommes ?
    Ces questions-là, nos voisins suisses y ont déjà répondu : dans de nombreux cantons – montagnards notamment – tous les biens ne sont pas également cessibles : certaines propriétés ne sont vendables ni à des résidents étrangers, ni même à des Suisses qui voudraient en faire des résidences secondaires. C’est ainsi que la Suisse parvient un peu moins mal que d’autres à protéger son identité, son patrimoine et la justice sociale. Nos lecteurs trouveront ci-dessous un article d’Economie matin.fr consacré à « La Corse sanctuarisée pour éviter la spéculation foncière ».
    Polémia.

    La Corse sanctuarisée pour éviter la spéculation foncière ?
    La proposition de l’élu Paul Giacobbi de restreindre la propriété en Corse aux seuls Corses fait édjà polémique. Si la spéculation financière et immobilière est ciblée, cette proposition remet en cause le principe d’égalité qui est au cœur de la fondation de la République française.
     5 ans de résidence en Corse pour pouvoir y acheter un bien immobilier ?
    Paul Giacobbi, président du conseil exécutif de Corse, propose de faire de la Corse une véritable exception sur le territoire français : il estime que pour acquérir un bien immobilier sur l’île de Beauté il faudrait y avoir résidé pour au moins cinq ans. Ou bien avoir un attachement familial en Corse. Le mouvement indépendantiste Corsica Libera avait proposé, lors de sa dernière réunion, un minimum de 10 ans de résidence avant de pouvoir acquérir un bien immobilier.
    La cible de cet élu est, bien entendu, la lutte contre la spéculation immobilière, la Corse étant très prisée par les familles aisées. Les résidences secondaires y sont nombreuses ce qui entraîne une déstabilisation du marché immobilier de l’île. Les prix flambent face à la demande et les Corses eux-mêmes risquent de ne plus avoir les moyens d’acheter un terrain ou un appartement.
    Entre 2010 et 2011, la Corse-du-Sud a vu les prix de l’immobilier augmenter de 12 % et la situation est bien pire en Haute-Corse : l’augmentation a été de 25 %, ce qui inquiète fortement les représentants du mouvement indépendantiste Corsica Libera
    Réformer la constitution française pour sanctuariser la Corse
    La proposition de loi de Paul Giacobbi n’a pas manqué de susciter la polémique puisqu’elle remet en cause le principe d’égalité qui existe en France. La Corse étant en France, tout français doit y avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Limiter la propriété nécessiterait une réforme de fond, une réforme constitutionnelle, qui se heurterait elle-même à la législation de l’Union Européenne.
    Mais cette difficulté ne fait pas peur à l’élu. La France, comme il le remarque lui-même, a déjà des régions qui ont des spécificités législatives. En Alsace-Moselle, par exemple, il n’existe pas de séparation entre l’église et l’Etat à cause de lois allemandes qui sont restées en vigueur. L’exception corse ne serait donc pas la seule exception française.
    La question débattue en septembre à l’Assemblée de Corse
    Cette proposition de Paul Giacobbi devrait être intégrée dans les débats de la rentrée de l’Assemblée de Corse. Cette même Assemblée, qui n’a pas de pouvoir législatif, a déjà voté une loi allant dans le sens nationaliste de la Corse en mai dernier : la langue corse hissée au statut de langue officielle de l’île au même titre que le français.
     Paolo Garoscio, Economie matin .fr, 9/08/2013
    http://www.polemia