J’espère avoir suffisamment illustré les raisons de mon désaccord avec Charles Esdaile.
En guise de conclusion, je présenterai quelques considérations générales sur le rôle et l’importance de la guérilla dans la guerre, même au-delà des pourtant considérables aspects militaires.
Les troupes impériales arrivèrent en Espagne en ayant gagné toutes les guerres entreprises jusque-là contre les armées les plus aguerries et chevronnées d’Europe, et, après avoir établi leur supériorité par une longue série de victoires écrasantes, crurent pouvoir se cantonner dans la routine quotidienne de l’occupation, comme elles l’avaient fait sans problèmes en Allemagne, en Europe centrale ou en Italie, avant la création d’un système d’États satellites de la France. Mais l’illusion fut de courte durée, le rêve se muant très vite en un horrible cauchemar, dans lequel chaque endroit du pays cachait un poignard prêt à frapper, où un verre de vin offert avec le sourire était très souvent empoisonné. Dans un ouvrage récent, Alan Forrest est net à cet égard :
« If service in Italy seemed threatening, Spain was even worse. The war in the Peninsula enjoyed a particularly fearsome reputation, in part – but only in part – as a consequence of the army’s intensive propaganda against the Spaniards. Napoleonic soldiers seem to have shared a horror of fighting there, especially after experience of other theatres of war, notably Germany and Central Europe. Spain was widely believed to be a savage and inhospitable country where French soldiers were left to die by callous villagers set on vengeance, where local people refused to sell them foodstuffs, and where they were virtually prisoners in their camps because of the activity of local ‘brigands’. » (63)
Les soldats impériaux, les jeunes recrues comme les grognards les plus expérimentés, éprouvaient à l’égard de l’Espagne une espèce de crainte révérencielle qui affectait leurs capacités militaires et encourageait la désertion, surtout chez les alliés, de même que l’insoumission en France (64). D’après Charles Esdaile, les déserteurs français auraient, en 1811, dépassé le nombre de 50.000 (65). La guérilla a également apporté un important soutien psychologique à la population espagnole, surtout pendant les années 1810 et 1811, lorsque les nouvelles des champs de bataille ne faisaient état que de terribles défaites, que la confiance envers les armées ne cessait de faiblir, et qu’il semblait que le tyran de l’Europe allait triompher une fois de plus. Les guerrilleros jouissaient du soutien populaire, qui s’exprimait aussi bien par l’appui matériel apporté (nourriture, hébergement…) qu’à travers les renseignements sur les mouvements de l’ennemi, ou les fausses informations dispensées aux impériaux. Personne ne songe à nier qu’il y ait eu des scènes de brigandage, de pillage, de violence, atroces parfois, imputables à des hommes ou à des bandes qui se réclamaient de la guérilla. On ne peut pas davantage nier que la population et les authentiques guerrilleros dénonçaient en général ces malfaiteurs, même aux autorités joséphines ou impériales, ou bien exerçaient directement sur eux une justice sommaire.
Sans vouloir mythifier la guérilla, ni en exagérer l’importance, on doit de toute façon admettre que son existence et sa présence active, pendant les longues et difficiles années de la guerre, exercèrent un poids essentiel sur l’issue du conflit.
Vittorio SCOTTI DOUGLAS
http://theatrum-belli.org/la-guerilla-espagnole-dans-la-guerre-contre-les-armees-napoleoniennes/
Notes :
(1) Pour une vision plus ample des thèmes abordés ici, je me permets de renvoyer à mes articles « Spagna 1808 : la genesi della guerriglia moderna. 2. Fenomenologia della guerriglia spagnola e suoi riflessi internazionali », Spagna contemporanea, n° 20, 2001, pp. 73-167; « La guerilla en la Guerra de la Independencia : ayuda imprescindible para la victoria o estorbo grave e inoportuno ? », Primeras Jornadas de Estudio sobre la Guerra de la Independencia en Málaga y su provincia (1808-1814), Actas del Colloquio, octubre de 2002 (à paraître).
(2) Voir l’essai de T. Barata, O desenvolvimento doutrinário e a importância crescente da guerra subversiva nos dois últimos séculos, Lisboa, Acta dos Colóquios Internacionais, 1990-1991-1992.
(3) Cité par W. Hahlweg, Guerrilla. Krieg ohne Fronten, Stuttgart-Berlin-Köln-Mainz, Kohlhammer, 1968. Trad. italienne (utilisée ici) Storia della guerriglia. Tattica e strategia della guerra senza fronti, Milano, Feltrinelli, 1973, p. 21. La définition est de V.-R. Wolf, R.-W. Günter, G. Moritz, Der Verdeckte Kampf, Bonn, Offene Worte, 1965, p. 1.
(4) Trad. récente de ce texte en italien, Thomas Edward Lawrence, Guerrilla-Guerriglia, Roma, Stampa Alternativa, 2002. Cf André Guillaume, Lawrence d’Arabie, Paris, Fayard, 2000. La doctrine de Lawrence sur la guérilla est résumée dans le chapitre 33 de son ouvrage Seven Pillars of Wisdom. A Triumph, imprimé une première fois à titre privé en 1926, puis en 1935 à Londres.
(5) Sebastián de Covarrubias Orozco, Tesoro de la Lengua Castellana o Española, Madrid, Luis Sánchez, 1611 ; réimpr. par F. C. R. Maldonado, Madrid, Castalia, 1995, p. 613, entrée guerra : cuando entre particulares hay pendencia y enemistad formada, que acuden unos a una parte y otros a otra; pero éstas castigan los príncipes de las repúblicas severamente.
(6) À propos du succès des traités français en Espagne, voir M.-R. Garcia Hurtado, Traduciendo la guerra. Influencias extranjeras y recepción de las obras militares francesas en la España del siglo XVIII, A Coruña, Universidade da Coruña, 1999, ainsi que le compte rendu que j’en ai fait : « La guerra « alla francese » nel XVIII secolo e la sua fortuna in Spagna », Spagna contemporanea, n° 17, 2000, pp. 161-163.
(7) Sur la genèse et le développement de la petite guerre, et plus généralement sur la guerre irrégulière, je renvoie à mon article « Spagna 1808 : la genesi della guerriglia moderna. 1. Guerra irregolare, petite guerre, guerrilla », Spagna contemporanea, n° 18, 2000, pp. 9-31.
(8) Publié à Paris en 1756, l’ouvrage de Philippe Augustin Thomas de Grandmaison fut rapidement traduit en allemand (Frankfurt et Leipzig, 1758), puis en espagnol (1780), à nouveau en allemand (Wien, 1785) et en espagnol (1794). On continua de le rééditer tout au long du XIXe siècle.
(9) Trad. du capitaine Víctor Amadeo María Caballero, Valence, Salvador Fauli, avec ajouts de considérations personnelles et de notas de los más extraordinarios sucesos acaecidos en la guerra à las Tropas Ligeras. Voir M.-R. Garcia Hurtado, op. cit., pp. 103-104.
(10) Pour l’histoire et la fortune d’un autre mot étroitement lié à la conception moderne de la guérilla, « partisan », voir l’art. cit. supra, note 7.
(11) J. Gomez De Arteche, Guerra de la Independencia : historia militar de España de 1808 a 1814, 14 vol., Madrid, Depósito de la Guerra, 1866-1903, II, pp. 692-696 (ouvrage en cours de réédition à Valencia, chez Simtac).
(12) Apuntes de la vida y hechos militares del brigadier Don Juan Martín Díez El Empecinado por un admirador de ellos, Madrid, s.e., 1814, p. 6.
(13) Par exemple Natalio Rivas Santiago, El alcalde de Otívar, héroe en la Guerra de la Independencia, Madrid, s.e., 1940, pp. 28 et 30. On trouve également Partida de guerrilla au sens de « formation d’infanterie légère » dans F. Casamayor, Diario de los sitios de Zaragoza, (rédigé en 1808), éd. par H. Lafoz Rabaza, Zaragoza, Comuniter, 2000, pp. 49 et 65, et dans le bulletin du Général Castaños déjà cité.
(14) Pour un usage très récent du terme, voir Le Monde, 9 juillet 2003 : « Pour les spécialistes militaires, les combats ont pris maintenant la forme d’une guérilla classique. Le faible attaque le fort à l’endroit et au moment qu’il choisit et se fond ensuite dans la population. Plus la réponse est brutale, plus les civils ont tendance à considérer les assaillants avec bienveillance ».
(15) Jean-René Aymes, « La guerrilla española (1808-1814) en la literatura testimonial francesa », dans P. Molas Ribalta (éd.), La España de Carlos IV, Madrid, Tabapress, 1991.
(16) G. de Grandmaison (éd.), Correspondance du Comte de La Forest Ambassadeur de France en Espagne 1808-1813, 7 vol., Paris, Picard, 1905-1913, I (1905), Avril 1808-janvier 1809, p. 147 (6 juillet 1808).
(17) Ibid., p. 154 (10 juillet).
(18) Joseph de Maistre, Correspondance, 6 vol., Lyon, Vitte et Perrussell, 1884, IV, p. 282. Les Œuvres complètes : contenant ses œuvres posthumes et toute sa correspondance inédite de J. de Maistre ont été réimprimées par G. Olms, Hildesheim, 1984.
(19) Par exemple dans un document signé par le ministre de Police, Pablo Arribas, adressé au Roi le 24 janvier 1810. Voir Archivo General de Simancas (désormais AGS), sección Gracia y Justicia (désormais GyJ), legajo (désormais leg.) 1076, sin foliar : «… con aquellos que habiendo sido seducidos han formado parte de dichas quadrillas de guerrilla…» (« …avec ceux qui, séduits par la guérilla, ont voulu faire partie de ses bandes… »).
(20) A. Wellesley, The Dispatches of Field Marshal the Duke of Wellington During His Various Campaigns in India, Denmark, Portugal, Spain, the Low Countries, and France, from 1779 to 1815, éd. par le Lt-Col. Gurwood, 12 vol., London, John Murray, 1834-1838, V, pp. 9 et 12. Le général anglais emploie le terme dans l’acception moderne.
(21) Cf. art. cité, supra, note 7.
(22) Esdaile est le seul grand spécialiste britannique contemporain de la Peninsular War. La liste de ses publications est remarquable : The Spanish Army in the Peninsular War, Manchester, Manchester University Press, 1988 ; « Heroes or Villains. The Spanish Guerrillas in the Peninsular War », History today, 4, 1988, pp. 29-35 ; The Duke of Wellington and the Command of the Spanish Army, 1812-1814, London, Macmillan, 1990 ; « The problem of the Spanish guerrillas », dans A. Berkeley (éd.), New Lights on the Peninsular War : International Congress on the Iberian Peninsula, 1780-1840, Lisbon, The British Historical Society of Portugal, 1991; The Wars of Napoleon, London and New York, Longman, 1995; « Rebeldía, reticencia y resistencia : el caso gallego de 1808 », Trienio, n° 35, 2000, pp. 57-80 ; Spain in the Liberal Age. From Constitution to Civil War, 1808-1939, Oxford, Blackwell, 2000 ; The Peninsular War. A New History, London, Allen Lane, 2002. Le dernier livre d’Esdaile porte précisément sur le thème en question ici (Fighting Napoleon. Guerrillas, Bandits and Adventurers in Spain, 1808-1814, New Haven-Londres, Yale Univ. Press, 2004).
(23) Charles Esdaile, « Heroes or Villains revisited: fresh thoughts on la guerrilla », Il Seminario Internacional sobre la Guerra de la Independencia, Madrid, 24-26 octobre 1994, Madrid, Ministerio de Defensa, 1996, pp. 191-210. Citation pp. 209-210.
(24) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula and in the South of France from the year 1807 to the year 1814, 6 vol., London, Warne & Co., 1890-1892 (1ere éd., Londres, 1828-1840).
(25) Une première réponse aux positions soutenues par Esdaile est contenue dans la communication présentée au colloque de Màlaga, citée supra.
(26) Jean Frédéric Auguste Le Miere de Corvey, Des partisans et des corps irréguliers ou Manière d’employer avec avantage les troupes légères, quelle que soit leur dénomination : Partisans, Voltigeurs Compagnies-Franches, Guérillas, et généralement toute espèce de Corps irréguliers, contre des Armées disciplinées. Ouvrage utile dans les guerres régulières, et indispensable dans le cas d’une invasion étrangère, Paris, Anselin et Pochard, 1823.
(27) Ibid., pp. 101-102.
(28) Auguste Bigarré, Mémoires du général Bigarré, Aide de camp du Roi Joseph, 1775-1813, Paris, Kolb, 1893, p. 278.
(29) Jean Sarramon a consacré douze volumes à la description détaillée de toutes les actions militaires, jusqu’à la moindre, pendant les vingt-six mois de la période mai 1811- juin 1813. Deux volumes seulement ont été publiés : La bataille des Arapiles (22 Juillet 1812), Toulouse, Publications de l’Université Toulouse-Le Mirail, 1978 ; La bataille de Vitoria. La fin de l’aventure napoléonienne en Espagne, Paris, Bailly, 1985. L’ouvrage de Sarramon peut être consulté en microfilm aux Archives de la Guerre au Château de Vincennes et à l’Instituto de Historia y Cultura Militar de Madrid. Du même auteur, Napoléon et les Pyrénées. Les chasseurs des montagnes et la couverture de la frontière 1808-1814, Selgues, Le Lézard, 1992.
(30) Jean Sarramon, La bataille des Arapiles (…), op. cit., p. 431.
(31) J.B.A.M. Marbot, Mémoires 1799-1815, 3 vol., Paris, Plon, 1891, II, p. 484. Marbot pense en effet que « dans les six années qui se sont écoulées depuis le commencement de 1808 jusqu’à la fin de 1813, les Français ont perdu dans la péninsule ibérique 200 000 hommes tués ou morts dans les hôpitaux, auxquels il faut ajouter les 60.000 perdus par nos alliés des diverses nations ». Même en déduisant les pertes subies au Portugal, on est proche de l’estimation de Bigarré.
(32) Je tiens à remercier vivement Ronald Fraser, ainsi que la maison d’édition Faber & Faber, de m’avoir autorisé à prendre connaissance d’une partie du manuscrit à paraître sous le titre To Die in Spain. Popular Resistance in the Peninsular War.
(33) J. L. Tone, La guerrilla española y la derrota de Napoleón, Madrid, Alianza, 1999, p. 321. Éd. originale, The Fatal Knot. The Guerrilla War in Navarre and the Defeat of Napoleon in Spain, Chapel Hill et Londres, The University of North-Carolina Press, 1994. L’édition espagnole contient une traduction partielle de l’édition originale, à laquelle de nouveaux chapitres ont été ajoutés. Les pertes en Navarre données par Tone et reprises par Fraser, ne sont que celles causées par les deux Mina (Javier et Francisco) de 1810 à la fin de la guerre : 17.103 tués ou faits prisonniers (358 par Javier Mina, 16 745 par Francisco Espoz).
(34) Rory Muir, Britain and the Defeat of Napoleon 1807-1815, New Haven and London, Yale University Press, 1996, p. 421, n. 9 et 11.
(35) Nicolas Horta Rodriguez, « Sociología del movimiento guerrillero », dans M. Hernandez Sanchez-Barba & M. Alonso Baquer (dir.), Historia social de las fuerzas armadas españolas, 8 vol., Madrid, Alhambra, 1986, II, Revolución nacional e independencia, p. 511.
(36) V. Scotti Douglas, Spagna 1808 (…), art. cité, pp. 94-96.
(37) José de Arteche y Moro, Guerra de la Independencia. Historia militar de España de 1808 a 1814, 14 vol., Madrid, Déposito de la Guerra, 1886-1903, II, p. 125.
(38) Données aimablement communiquées par l’auteur. Cf. note 32.
(39) Cf. note 35.
(40) Elle contient de nombreuses données statistiques sur la provenance sociale des guerrilleros et sur leur profession d’avant-guerre.
(41) Dans l’Archivo Histórico Nacional de Madrid (désormais AHNM), Estado, leg. 3003, 3068, 3069, 3070, 3078, 3091, 3096, 3100, 3108, 3111, 3112, 3116, 3119 et 3130, Fraser a dénombré 1 626 lettres interceptées. D’autres se trouvent dans le 84 legajos (Estado), avec l’indication Papeles de la Junta Central Suprema Gubernativa del Reino y del del Consejo de Regencia (numérotés 1-84).
(42) « une guerre de bandes, d’obstacles pour miner les armées ennemies par le manque de vivres, la coupure des ponts ainsi que toutes sortes de coupures là où il soit convenable, et d’autres moyens semblables. La situation de l’Espagne, son caractère montagneux avec ses défilés, ses fleuves et ses ruisseaux, et même la disposition de ses Provinces facilitent cette sorte de guerre, ainsi que sa réussite » (Prevenciones, promulgadas por la Junta Suprema de Gobierno de España e Indias, el 6 de junio de 1808, « Colección documental del Fraile », Archivo Histórico Militar, Madrid, vol. DCCCLXIV, p. 50).
(43) « la notoriété du fait que tous les chemins sont occupés par des insurgés ».
(44) « la sécurité de l’escorte» (AGS, GyJ, leg. 1078, sin foliar, lettre de Palencia du 27 octobre 1810, de Pedro Joaquín Escudero, président de la Junta Criminal Extraordinaria de Palencia, à Manuel Romero, ministre de la Justice).
(45) Autres exemples cités dans mon article « L’Archivo General de Simanca, fonte misconosciuta per la storia del regno di Giuseppe Bonaparte », Spagna contemporanea, n° 7, 1995, pp. 189-194.
(46) AGS, GyJ, leg. 1083, sin foliar.
(47) « Monseigneur : Malgré la proximité de ce village vis-à-vis de la Cour, pour le courrier c’est la même chose que s’il se trouvait à plus de cent lieues. Il n’arrive presque jamais à temps : quelquefois il est volé et d’autres il est retenu une ou plusieurs semaines à Alcalá, comme cela vient d’arriver récemment, tandis que ce village se trouve seulement à quelque quatre lieues. L’excuse que donne le conducteur, c’est que les guérilleros l’ont intercepté et l’ont menacé de mort, et ici, pas davantage qu’en Alcalá, les Commandants militaires ne peuvent –ou ne veulent- offrir aucune escorte » (AGS, GyJ, leg. 1121, sin foliar, lettre de Guadalajara du 26 juin 1811, de Diego Gallardo, préfet de la ville, au ministre de la Justice).
(48) Cas prévu par l’art. 16 du règlement sur le Corso terrestre, Instruccion que su Magestad se ha dignado aprobar para el corso terrestre contra los exércitos franceses, AHNM, Estado, Papeles de la Junta Central, leg. 51A, doc. 6. À propos des lois promulguées par les autorités espagnoles sur la guérilla, voir V. Scotti Douglas, « Guerrillas y autoridades patriotas en la Guerra de la Independencia », dans AA.VV., La Guerra de la Independencia en el Valle Medio del Ebro. Segundo Curso de Verano de Tudela, Tudela, Ayuntamiento de Tudela, 2003, pp. 169-210.
(49) « entretenir avec leurs propres moyens – en rations et en argent – le détachement de troupes qu’on va lui envoyer » (Real Decreto du 7 août 1811, AGS, GyJ, leg. 1084, sin foliar) ; autre exemplaire de l’arrêté, leg. 1108, sin foliar.
(50) Afrancesado : littéralement « francisé ». Le mot était utilisé pour identifier les partisans de Joseph Bonaparte.
(51) Charles Oman, A History of the Peninsular War, Oxford, Clarendon Press, 7 vol., 1902-1930, III, p. 116.
(52) David Gates, The Spanish Ulcer. A History of the Peninsular War, London, Allen & Unwin, 1986, Appendice 2, pp. 481-530. Au 15 juillet 1811, les impériaux avaient en Espagne 354 461 hommes, dont 291 414 prêts au combat, ibid., pp. 504-507.
(53) AHNM, Estado, leg. 3003. Le chiffre de Masséna diffère de celui de David Gates, qui propose toutefois un effectif élevé (note précédente).
(54) Alphonse-Louis Grasset, Malaga, Province française (1811-1812), Paris, Lavauzelle, 1912, pp. 20-21 et 573-577.
(55) Ibid. pp. 52-53.
(56) J.B.A.M. Marbot, op.cit., II, p. 45.
(57) A.-A.-R. de Saint-Chamans, Mémoires du général comte de Saint-Chamans ancien aide de camp du Maréchal Soult 1802-1832, Paris, Plon Nourrit, 1896, p. 208.
(58) Service Historique de l’Armée de Terre (SHAT), Paris, Château de Vincennes, C8, 387, Relation du général Abbé, 1er février 1812.
(59) Basil Liddell Hart, The Strategy of Indirect Approach, London, Faber and Faber, 1941, p. 148.
(60) D’après David Gates, The Spanish Ulcer (…), op. cit., pp. 490-492.
(61) D’après Rory Muir, Salamanca 1812, New Haven and London, Yale University Press, 2001, Appendix II et III, pp. 240-264.
(62) Jean Sarramon, La bataille de Vitoria (…), op.cit., pp. 678-687.
(63) Alan Forrest, Napoleon’s Men. The Soldiers of the Revolution and Empire, London-New York, Hambledon and London, 2002, pp. 123-124.
(64) Id., Conscripts and Deserters. The Army and French Society during the Revolution and Empire, New York-Oxford, Oxford University Press, 1989.
(65) Charles Esdaile, The Wars of Napoleon, op.cit., pp. 247-249.
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La guérilla espagnole dans la guerre contre les armées napoléoniennes 2/3
Le montant des pertes causées par la guérilla dans les armées impériales, aussi décisif que délicat à établir, ne saurait être que très approximatif. Le chiffre le plus élevé, certainement exagéré, a été donné par J.F.A. Le Mière de Corvey, ancien officier en Espagne, et auteur d’un important manuel sur la guerre de guérilla (26).
« Cent cinquante à deux cents masses de guérillas répandues dans toute l’Espagne, avaient fait le serment de tuer chacune trente ou quarante Français par mois, cela faisait six à huit mille hommes par mois pour la totalité des bandes des guérillas. […] Comme il y a douze mois dans l’année, nous perdions environ quatre-vingt mille hommes par an, sans avoir eu de batailles rangées : la guerre d’Espagne a duré sept ans ; c’est donc plus de cinq cents mille hommes de tués […]« (27)
Le général Bigarré, aide de camp de Joseph Bonaparte, indique quant à lui dans ses Mémoires :
« Je dois pourtant avouer que les guérillas ont fait beaucoup plus de mal aux troupes françaises que les armées régulières pendant la durée de la guerre d’Espagne; il est reconnu qu’elles n’assassinaient pas moins de cent hommes par jour. Ainsi, pendant l’espace de cinq années, elles ont tué 180.000 Français sans avoir perdu plus de vingt-cinq mille hommes, car il était rare que ces bandes indisciplinées se battissent en rase campagne sans être plus de cinq contre un. » (28)
Jean Sarramon, qui a longtemps travaillé à une grande et très minutieuse histoire de la guerre en Espagne, hélas encore largement inédite (29), a produit un tableau détaillé des pertes françaises causées par la seule guérilla entre mai 1811 et la fin juin 1812 (30). Le montant final, calculé de façon très prudente, s’élève à 15.888 hommes, soit moins de la moitié des 36.000 pertes annuelles annoncées par Bigarré et Marbot (31) ; on est évidemment bien loin des calculs de Le Mière, mais, si l’on étend ce bilan d’une année aux cinq années de guerre, on approche de 80.000 hommes. Il s’agit là de pertes bien plus importantes que celles causées par les armées régulières espagnoles, et presque doubles de celles provoquées par les troupes luso-britanniques de Wellington (45.000). Cette estimation globale se trouve confirmée par l’ouvrage à paraître de Ronald Fraser sur la participation populaire espagnole à la guerre (32). En utilisant les données recueillies sur les pertes impériales en Navarre (33), et en y ajoutant celles du reste de l’Espagne, Fraser parvient à une moyenne annuelle de 18.000 hommes, soit un total de 90.000 pour la durée entière de la guerre. Il ne s’agit là que des pertes dues à la guérilla. L’ensemble des pertes impériales en Espagne reste à établir : les estimations varient entre un minimum de 240.000 et un maximum de 600.000 hommes. Si l’estimation de Rory Muir montant à 300.000 hommes (34) paraît acceptable, l’importance du rôle tenu par la guérilla semble indéniable.
Mais à combien pouvait s’élever le nombre de ceux qui ont pu imposer un si lourd tribut à la puissante machine de guerre napoléonienne ? Selon mes propres hypothèses, intégrant la statistique établie par Nicolas Horta Rodríguez (35), le nombre des engagés dans la guérilla en Espagne pourrait s’élever à un maximum de 65.000 hommes (36), ce qui dépasse de beaucoup celui de 50.000 indiqué par Arteche y Moro (37), mais semble toutefois raisonnable, si l’on tient compte de la nécessité de distinguer entre les guerrilleros pour ainsi dire « permanents » et les « occasionnels », entre ceux qui pratiquèrent la guérilla pendant toute la durée de la guerre, et ceux qui, par ailleurs, ne prirent part aux combats qu’en une seule occasion et pendant un temps très réduit, ne dépassant parfois pas deux ou trois jours. Cette estimation recoupe celle donnée par Ronald Fraser. L’historien anglais, au terme de longues et difficiles recherches dans l’Espagne entière, a pu établir plusieurs bases de données sur la guérilla. L’une d’elles porte sur les partidas existant en 1811 et sur leurs effectifs, ainsi que sur la répartition entre soldats à pied et à cheval (38).
En suivant Ronald Fraser, au total de 55.531 guerrilleros il convient d’ajouter ceux des 56 partidas dont les effectifs restent indéterminés. Il propose de leur attribuer les mêmes contingents qu’à ceux des petites bandes, soit 84,9 hommes chacune, ce qui établirait le total général à 60.285 combattants, sans compter les guerrilleros de Catalogne et de Galice. On peut raisonnablement admettre que les partidas de ces deux régions pouvaient rassembler un effectif de 5.000 hommes, formant l’écart entre les calculs de Fraser et les miens. Il faut souligner qu’à l’été 1811, les quatre armées espagnoles subsistantes ou reconstituées après les défaites successives des années précédentes ne comptant guère plus de 70.000 hommes, les guerrilleros formaient ainsi une force antifrançaise presqu’égale. Ils présentaient en outre l’avantage d’être dispersés sur le territoire d’une façon assez homogène et de jouir d’une très grande mobilité, leur permettant de renoncer au combat s’ils se trouvaient en position d’infériorité.
Sur la composition socio-professionnelle des guerrilleros, l’on ne dispose jusqu’à présent que de l’ébauche d’étude de Nicolas Horta Rodríguez (39), mais des avancées importantes sont attendues aussi bien du côté de la prochaine publication de Ronald Fraser (40), que des recherches en cours de Charles Esdaile et Leonor Hernández Enviz, visant à la constitution d’une vaste base de données incluant la totalité des guerrilleros pour lesquels on détient au moins un témoignage documentaire.
Comme le soulignait l’ambassadeur de France à Madrid, les problèmes de communication à l’intérieur du territoire espagnol ou avec la France se posent dès 1808. Les attaques contre tous les types de messagers avaient commencé avant même le Dos de Mayo ; il est bien connu que l’Empecinado initia son activité contre les impériaux en avril 1808 comme caza-correos (chasse-courrier) ; en février de cette même année, la guérilla interceptait une lettre à Guadalajara (41). Couper ou rendre difficiles les communications postales, mais aussi le passage des personnes et des marchandises d’un lieu à l’autre de l’Espagne, fut, dès le début de la résistance anti-napoléonienne, une des tâches prioritaires confiées à la guérilla. Les Prevenciones, texte diffusé par la Junte de Séville le 6 juin 1808, donnent des instructions aux provinces sur les moyens de défense à utiliser contre l’invasion française, et précisent déjà très clairement qu’il conviendra d’entreprendre :
« una guerra de partidas, de embarazos de consumir los Exército enemigos por falta de víveres, de cortar Puentes, hacer cortaduras y demas en los puntos que convenga, y otros medios semejantes. Convida á ello la situacion de España, sus muchos montes y desfiladeros, que ofrecen estos, sus Rios y Arroyos, la colocacion misma de las Provincias para hacer esta guerra con felicidad. » (42)
Communications et transports pour le ravitaillement des armées, des villes et des garnisons, furent sans doute les points faibles du système d’occupation impérial en Espagne. La documentation à ce propos est accablante. Nombreux sont les hauts fonctionnaires du régime joséphin, les juges en particulier, qui demandent au ministre de la Justice l’autorisation de surseoir à la prise de possession de leur poste à cause de « la notoriedad de estar ocupados los caminos por insurgentes » (43) et de la difficulté d’avoir la « seguridad de escolta » (44) ; leurs lettres portent fréquemment la mention « duplicado » ou « triplicado », car l’expédition de plusieurs exemplaires d’un même courrier par des voies différentes cherchait à obtenir qu’au moins l’un d’eux parvienne à destination, même avec un retard considérable (45), comme il ressort d’une lettre, envoyée de Pampelune le 24 juillet 1809 par le général d’Agoult, gouverneur militaire de Navarre, au ministre de la Justice, qui affirme ne l’avoir reçue à Madrid que le 28 novembre suivant (46) ! Il est clair que toute l’Espagne joséphine souffrait gravement de ces retards perpétuels imposés aux communications en tous genres, comme au fonctionnement quotidien de l’État et à la vie des particuliers, à quoi s’ajoutaient les difficultés des autorités militaires, sollicitées de toutes parts de fournir des escortes, indépendamment de toute considération de distance:
« Ex. mo Señor: Sin embargo de la proximidad de este Pueblo á esa Corte, para el Correo ès lo mismo que si estubiera ciento y mas leguas. Rara vez llega à tiempo: algunas le roban y muchas se detiene una semana ò mas en Alcalà, como ha sucedido ahora; siendo toda esta detencion desde dicho Pueblo acà, que son quatro leguas cortas. La excusa que dà el Conductor és que los guerrillos le interceptan y amenazan de muerte, y ni aqui, ni en Alcalà pueden ò quieren facilitar escolta los Comandantes Militares. » (47)
Quoique les pertes infligées aux troupes impériales aient été importantes, mon opinion est que le succès majeur de la guérilla a été d’empêcher le ravitaillement régulier des armées d’occupation, soit en faisant obstruction à la libre circulation des convois, soit par une opposition opiniâtre aux exactions et aux réquisitions de récoltes, denrées alimentaires et bétail, dont les paysans étaient les principales victimes. Les impériaux devaient nourrir des effectifs compris entre 300.000 et 350.000 hommes, maximum atteint pendant l’été 1811. Les armées espagnoles oscillaient autour de 70.000 à 100.000 hommes, auxquels il convient d’ajouter les effectifs de la guérilla et ceux de l’armée anglaise, lorsqu’elle se trouvait en Espagne. Près de 700.000 combattants devaient ainsi pouvoir se nourrir sur une terre où la population, paysannerie en tête, vivait difficilement, même en temps de paix. Selon la devise napoléonienne, la guerre devait alimenter la guerre ; ce principe fut en effet appliqué sans trop de problèmes partout en Europe, mais pas en Espagne, où les paysans, même forcés à collaborer avec l’occupant, savaient bien qu’ensuite les guerrilleros viendraient exiger une contribution équivalente à celle qu’on avait dû céder à l’ennemi (48). De plus, en offrant à la guérilla « otro auxilio mas que el de la raciòn de guerrá » (une autre aide à ajouter à la ration de guerre), ils seraient victimes d’un arrêté royal les obligeant à « mantener á su costa en raciones y sueldo, al destacamento de tropas que se le embiará » (49). Se trouvant ainsi placée entre le marteau et l’enclume, la population rurale fit le choix du moindre mal et participa à la guerre pour sa survie. Autant que possible, les paysans se rangèrent du côté de la guérilla, qui pouvait leur offrir une protection contre les troupes impériales et parfois aussi, en faveur des paysans pauvres, de l’argent ou de la nourriture pris à l’ennemi ou à quelques malheureux riches propriétaires suspectés d’être des afrancesados (50). Les attaques des bandes de guerrilleros contre les colonnes militaires qui convoyaient pour le ravitaillement les troupeaux de moutons, de bœufs, et les chars de grains, enlevèrent enfin aux impériaux une portion considérable de leurs moyens de subsistance. On peut mesurer le succès de la guérilla au taux d’hospitalisation des troupes impériales en Espagne, 20% plus élevé que dans le reste de l’Europe, en raison de la sous-alimentation.
Des difficultés analogues se présentaient à propos des lourds impôts réclamés par les militaires dans les territoires occupés, du plus petit hameau jusqu’à la grande ville. Dans les campagnes surtout, les prescriptions législatives restèrent souvent lettre morte, particulièrement dès que la force des guerrilleros augmenta sensiblement, à partir des derniers mois de 1811. De toute façon, une fois l’impôt acquitté, le problème demeurait d’en faire parvenir le produit à sa destination finale, sans qu’il ne tombe aux mains des bandes qui infestaient les chemins. Cette importante fonction de la guérilla avait déjà été remarquée et signalée par l’historien anglais Charles Oman :
« The activity of the guerrilleros did not merely constitute a military danger for King Joseph. It affected him in another, and equally vexatious, fashion, by cutting off nearly all his sources of revenue. While the open country was in the hands of the insurgents, he could raise neither imposts nor requisitions from it. The only regular income that he could procure during the later months of 1809 was that which came in from the local taxes of Madrid, and the few other large towns of which he was in secure possession. […] The King could not command a quarter of the sum which he required to pay the ordinary expenses of government. » (51)
La bataille pour les vivres et le numéraire se solda donc par une cuisante défaite française. C’est là, à mon sens, l’une des principales raisons de l’issue finale des combats.
Un autre résultat d’importance obtenu par la guérilla pendant la guerre fut de mobiliser une quantité considérable de troupes impériales dans des fonctions de police, de maintien de l’ordre et de contre-guérilla, empêchant ainsi les généraux napoléoniens d’exploiter avantageusement leur supériorité numérique sur les armées alliées, luso-britanniques dans un premier temps, hispano-luso-britanniques ensuite. Dès le début des hostilités, les effectifs impériaux en Espagne ne cessèrent d’augmenter, passant de 100.000 hommes à l’automne 1807 à 350.000 en juillet 1811. Ce fut seulement à la fin de cette année, qu’en préparation de la campagne de Russie, les troupes furent réduites de 70.000 hommes (52). Malgré cette imposante supériorité, le maréchal Masséna ne put compter pour la campagne du Portugal que sur 65.000 hommes, quand, selon le même Masséna, les impériaux disposaient en Espagne de 406.348 hommes (53) ; l’Armée du Midi, commandée par le maréchal Soult, se composait en théorie au 1er septembre 1811 de 72.000 hommes et des 4.800 recrues de la garnison de Badajoz, mais ne pouvait pas en réalité aligner plus de 37.000 soldats pour entrer en campagne, les autres étant, soit malades (8.500), soit, comme l’avait bien vu A.-L. Grasset dans son étude classique sur Málaga, dispersés dans de multiples petites garnisons, ou enrôlés dans les colonnes mobiles lancées à la poursuite des guerrilleros (54).
« Cette équipée fatigante et coûteuse et des centaines d’autres semblables prouvaient surabondamment la difficulté de réduire par les armes les bandes insurgées. Pendant plus d’un an, les troupes de Malaga vont se consacrer, sous un ciel de feu, à cette tâche surhumaine qui les épuisera et ruinera leurs effectifs. » (55)
Comme on l’a déjà évoqué, les impériaux devaient aussi diviser leurs forces en de nombreux détachements pour acheminer les convois ou, pire encore, tant est flagrante la disproportion entre l’objectif à atteindre et les moyens mis en œuvre pour y parvenir, pour escorter ne fût-ce qu’un seul messager à cheval. Les témoignages à ce propos abondent pendant toute la durée de la guerre :
« J’avais quitté Bayonne le 11 mai [1808]… l’insurrection s’organisait de toutes parts. […] On m’escortait d’un poste à l’autre, ce qui ne m’empêcha point d’être attaqué plusieurs fois. » (56)
« À cette époque [1812], on ne voyageait plus en Espagne, une fois sorti d’Andalousie, qu’avec trois ou quatre cents hommes d’escorte et quelquefois plus ; encore n’était-on pas sûr d’arriver sans obstacles à sa destination; j’étais payé pour bien prendre mes précautions, d’après le combat très vif que j’avais eu à soutenir près d’Olmedo, en 1810 […]« (57)
En 1812 en Navarre, les escortes de messagers pouvaient mobiliser jusqu’à 600 hommes (58). À la fin de 1811, du littoral méditerranéen jusqu’à Oviedo, 90.000 hommes étaient requis pour protéger des attaques de la guérilla les communications avec la France (59). C’est la raison pour laquelle les impériaux ne purent réunir que 46.138 hommes à la bataille de Talavera, en 1809 (60), 49.634 à celle de Salamanque, en 1812 (61), et seulement 62 131 à la bataille de Vitoria, qui décida en 1813 du sort de la guerre (62). De leur côté, les alliés purent lancer sur le terrain 55.634 hommes à Talavera (20.641 Anglais et 34.993 Espagnols) ; 51.937 à Salamanque (30.578 Anglais, 17.999 Portugais, 3.360 Espagnols) ; et plus de 101.000 à Vitoria (45.102 Anglais, 27.989 Portugais, 28.347 Espagnols). Au moment de ce dernier engagement, les impériaux avaient plus de 70.000 hommes des trois armées du Nord, de Catalogne, et du Maréchal Suchet à Valence, retenus dans leurs régions respectives pour le contrôle du territoire et la répression de la guérilla.Àsuivre
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La guérilla espagnole dans la guerre contre les armées napoléoniennes 1/3
Le terme guérilla est entré aujourd’hui dans le langage commun en plusieurs langues : guerrilla warfare en anglais, guerriglia en italien, Guerrillakrieg ou simplement Guerrilla en allemand, guerrilha en portugais, langue qui toutefois emploie aussi le terme guerra subversiva (2). La signification attribuée au mot est – par convention – désormais reconnue et acceptée partout. La définition la plus complète à ma connaissance parle de « lutte illégale d’organisations ou groupes non autorisés à des opérations militaires, contre le pouvoir légitime de l’État ou contre une puissance d’occupation » (3). De toute évidence cette définition est rigoureusement juridique, puisqu’en effet, tout groupe de civils armés qui s’adonne à des opérations militaires agit de manière « illégale ». Ce n’est pas le lieu d’entamer ici une discussion concernant l’absence de reconnaissance de la guérilla par les conventions de guerre, même les plus récentes.
Un texte célèbre – Guerrilla -, rédigé par un homme qui appliqua avec intelligence et hardiesse ses théories sur le terrain, est celui de T. E. Lawrence, pour la quatorzième édition de l’Encyclopaedia Britannica (1929). Le texte était précédé d’un premier paragraphe analytique, signé par Sir Thomas Barclay, vice-président de l’International Law Association (4).
Mais d’où vient ce mot à consonance espagnole, et surtout pourquoi l’emploie-t-on aujourd’hui dans l’acception que l’on vient de citer ? Il s’agit de l’adaptation française du diminutif espagnol guerrilla (petite guerre) du terme guerra, qui n’a pas besoin de traduction. En espagnol, le mot guerrilla est défini pour la première fois en 1611, dans le célèbre dictionnaire de Covarrubias (5). Plus tard, dans les différentes éditions (1734, 1780, 1783 et 1791) du Diccionario de la Real Academia de España, le terme signifie « encuentro ligero de armas » (choc léger d’armes), « contrariedad de dictámenes de poca entidad » (contrariété d’opinions, ou de rapports, de faible importance), et on cite aussi un jeu de cartes nommé guerrilla. Comme diminutif du mot guerre, il fut employé pour traduire en espagnol le fameux ouvrage de Grandmaison, La petite guerre ou traité du service des troupes légères en campagne, certainement le plus connu des nombreux traités parus en la matière (6) dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (7). L’ouvrage jouit d’une fortune aussi démesurée que surprenante, et devint très rapidement un texte de référence, cité et traduit partout8. La première traduction espagnole fut publiée en 1780, sous le titre La Guerrilla ó Tratado del servicio de las Tropas ligeras en Campaña (9). De là vient l’équivalence entre guerrilla et petite guerre, et l’expression partidas de guerrilla fut employée pour désigner les petits détachements d’infanterie destinés aux attaques par surprise ou aux actions de reconnaissance. On faisait donc référence à des opérations de troupes légères régulières, ordinairement en petites formations, homologues alors des partis français, ou des partite italiennes (10). Les deux termes furent utilisés avec cette signification au début de la Guerra de la Independencia, comme dans le bulletin du Général Castaños, après la bataille de Bailén, le 27 juillet 1808 (11), comme aussi dans des écrits de 1814, qu’il s’agisse d’une biographie de l’Empecinado (12), ou de Mémoires contemporains restés longtemps inédits (13). On peut donc dire qu’en 1808, au début de la guerre en Espagne, le terme guerrillaindiquait des opérations militaires secondaires, et l’on continua encore à l’employer dans ce sens pendant un certain temps. Cependant l’usage en était de plus en plus répandu, et entrait avec force dans les autres langues, avec la signification moderne de lutte armée de civils encadrés en formations irrégulières, contre un ennemi envahisseur et aussi, comme en Espagne, contre un gouvernement national considéré comme illégal et usurpant le pouvoir légitime (14).
Les Français, même s’ils furent les premiers à expérimenter la terrible nouveauté, continuèrent longtemps à désigner les combattants irréguliers espagnols comme des brigands, bandits, ou malfaiteurs (15), comme en témoigne la correspondance du comte de La Forest, ambassadeur de France à Madrid, qui, en juillet 1808, se plaignait déjà de la difficulté des communications postales.
« Mais, […] les lettres, les courriers sont toujours arrêtés dans un point quelconque, sur les routes mêmes où il y a une chaîne de postes militaires. Ce sont des brigands, des voleurs, des déserteurs […] qui réussissent d’un côté ou de l’autre à couper les communications. » (16)
« J’ai déjà eu occasion de dire […] que le zèle des paysans, les déserteurs […], les partis de vagabonds armés, laissent peu de chances non seulement aux courriers, mais même aux espions. » (17)
Il faut attendre 1812 pour trouver la première trace en français de l’emploi du mot guérilla, sous la plume de Joseph de Maistre, envoyé du roi de Sardaigne à la cour du Tzar. Dans une Relation pour S. M. le Roi Victor-Emmanuel, il note : « Ces paysans […] changés en véritables guérillas et ne sachant plus que tuer, reviendront-ils des serfs dociles ? » (18)
Par contre, les autorités espagnoles au service du roi Joseph, même en ayant souvent recours aux termes bandoleros (brigands), bandidos (bandits) ou malhechores (malfaiteurs) pour désigner les civils armés qui contestaient l’occupation, utilisèrent assez tôt guerrilla dans l’acception moderne (19). En anglais, le même terme fut employé pour la première fois le 8 août 1809, dans une dépêche du général Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, au premier ministre britannique Castlereagh (20). On pourra trouver ailleurs le cheminement du mot en italien et dans d’autres langues européennes (21).
L’efficacité militaire de la guérilla
Quels furent le poids et l’importance militaire de la guérilla dans la guerre que, suivant les historiens espagnols, nous appellerons Guerre de l’Indépendance ? La discussion sur ce point, toujours très controversé, porte aujourd’hui essentiellement sur la question de savoir si les hommes qui, pour des raisons très diverses, participèrent à la guerre dans les bandes de guerrilleros, n’auraient pas été plus utiles à la cause espagnole en s’engageant dans les armées organisées à plusieurs reprises par le gouvernement légitime. Dans ce cas, leurs milices irrégulières auraient agi au détriment plutôt qu’à l’avantage de la cause. Le partisan de cette thèse est l’historien anglais Charles Esdaile (22), qui, tout au long de sa production scientifique, n’a cessé d’affirmer que :
» … in the crucial period from the end of 1808 to the beginning of 1812, the guerrillas probably did inflict more harm on the Allied cause than they did good, for, by undermining the resistance of the regular army, they hastened the day when the French would have been able to turn overwhelming forces upon first them and then the army of the Duke of Wellington. » (23)
Pourtant, Charles Esdaile n’appartient pas, comme cette citation pourrait incliner à le penser, au courant historiographique des historiens britanniques, qui, très nombreux, et poursuivant une tradition commencée avec l’ouvrage célèbre de W.F.P. Napier (24), n’évoquent la guérilla, quand ils le font, que comme le fait de ramassis de bandits et de pillards. Tout en accordant dans ses études une large place à la guérilla et en en reconnaissant l’importance, Esdaile considère néanmoins que la contribution militaire des partidas a joué, dans l’ensemble, un rôle plus négatif que positif. En désaccord avec lui sur ce point capital (25), je ne soutiendrai pas pour autant que l’action des guérillas puisse avoir été la cause principale de la défaite des Français en Espagne, ce qui n’a été affirmé que par quelques historiens libéraux espagnols du XIXe siècle. Je reste toutefois profondément persuadé que, sans la guérilla, les Français auraient pu réussir à soumettre l’Espagne très rapidement, comme ils l’avaient fait d’autres pays d’Europe continentale. Dans cette perspective, quatre questions sensibles seront abordées : celle de l’estimation tant des pertes infligées par la guérilla aux troupes impériales que des effectifs des guerrilleros ; les problèmes et les obstacles rencontrés en matière de communications ; les entraves opposées aux réquisitions de vivres et de récoltes et à la perception des impôts ; la nécessité imposée aux Français d’immobiliser un grand nombre de troupes pour le contrôle du territoire, affaiblissant de ce fait la force disponible pour s’opposer aux armées alliées dans les grandes batailles rangées, qui, finalement, décidèrent de l’issue de la guerre dans la péninsule ibérique.À suivre
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Accusée de faire passer des messages codés aux islamistes égyptiens
INTERNATIONAL - L'enquête est encore en phase préliminaire. Le parquet égyptien vient d'auditionner des responsables du groupe de télécommunication britannique Vodaphone. Lire la suite »
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La face caché d'Hiroshima - Documentaire Français Complet 2013
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Roumains et Bulgares sont libres de travailler partout dans l'UE
Roumains et Bulgares peuvent travailler librement dans l'ensemble de l'Union européenne dès mercredi 1er janvier. Sept ans après l'accession de leurs pays à l'UE, la levée des dernières restrictions sur le marché du travail dans neuf pays de l'Union – Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg, Malte, Pays-Bas – n'a toutefois rien d'un « big bang », puisque 17 autres Etats ont déjà franchi le pas depuis des années.« Cela cause de l'agitation, surtout en Grande-Bretagne et en Allemagne », où une partie de la presse et des hommes politiques brandit la menace d'une « invasion », relevait mardi le quotidien roumain Romania Libera, le seul à consacrer un article à ce sujet à la veille du 1er janvier.RÉTICENCES EN ALLEMAGNE ET EN GRANDE-BRETAGNEEn Grande-Bretagne, des membres du Parti conservateur ont, jusqu'au dernier moment, pressé le premier ministre, David Cameron, de repousser l'ouverture du marché du travail en estimant que « la vague d'immigrants roumains et bulgares pèsera sur les services publics ». Mais le chef du parti, Grant Shapps, a souligné qu'il n'était pas possible d'y surseoir. Des responsables roumains et bulgares et même un commissaire européen ont dénoncé le ton du débat à Londres.En Allemagne, le parti conservateur bavarois, allié de la chancelière Angela Merkel, a également tempêté contre la levée des restrictions, l'associant à un risque accru « de fraudes aux prestations sociales ». Mais le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a rétorqué que la « libre circulation des personnes est une chance pour les Allemands et l'Allemagne ».« Faire comme si tous les gens en provenance de Bulgarie et de Roumanie étaient pauvres et ne venaient chez nous que pour percevoir des allocations passe sous silence les nombreuses personnes très qualifiées qui travaillent ici, par exemple comme médecins ou personnel de soins », a insisté de son côté la secrétaire d'Etat chargée des migrations, Aydan Ozoguz.En Espagne, pays frappé par la crise qui accueille déjà un million de Roumains et de nombreux Bulgares, la fin des restrictions sur le marché du travail n'a pas suscité de controverse importante. « La grande majorité des Roumains est très bien intégrée », a déclaré l'ambassadeur d'Espagne en Roumanie.« JE PRÉFÈRE ÊTRE DANS MON PAYS »Sur un des marchés du centre de Bucarest, nombre de passants et de commerçants avouaient « ne pas bien savoir » ce qui changeait au 1er janvier et n'avoir aucun plan de départ. Le premier ministre roumain, Victor Ponta, et les responsables bulgares assurent régulièrement qu'il n'y aura pas de vague d'émigration à partir de mercredi. « Les citoyens (…) veulent un bon travail, un bon revenu et la justice dans leur patrie, pas s'acheter un aller simple pour quitter la Bulgarie ! », a encore insisté mardi soir le président bulgare, Rossen Plevneliev, dans son discours de vœux.Nombre d'analystes indépendants en Roumanie et en Bulgarie soulignent l'impossibilité d'évaluer précisément le nombre des candidats au départ, mais estiment que les grandes vagues d'émigration ont déjà eu lieu. Depuis la chute du communisme, environ trois millions de Roumains et un million de Bulgares ont émigré, pour leur très grande majorité en Espagne et en Italie. France et Grande-Bretagne ont aussi recruté des milliers de médecins et d'aides-soignantes.La faiblesse des salaires dans leur pays explique ces départs : un médecin gagne en général 400 euros par mois en Roumanie ou en Bulgarie, même si d'aucuns s'en sortent beaucoup mieux. « Si je pouvais gagner plus en Roumanie, je resterais, car je préfère être dans mon pays et proche de ma famille », confie ainsi Titu Ionut, 32 ans, ouvrier en construction installé en Espagne.De nombreux Roumains et Bulgares veulent toutefois rester malgré les salaires bas, le manque de confiance dans la classe politique et le délabrement des services de santé. C'est le cas de Simona Mazilu, lectrice universitaire de 34 ans à Bucarest : « Il est important de croire qu'on peut arriver à quelque chose ici, et je crois que c'est possible. Les autres pays ont aussi leurs défauts. » -
Une classe politique devenue parasitaire
La campagne des municipales le confirmera peut-être en partie. On le sentira dans les non-dits éclatants, plus éloquents que les grandes déclarations de principe. On commence déjà à le mesurer dans les rivalités de personnes pour la composition des listes. (1)⇓ Bref la classe politique se résume de plus en plus à des profitariats de fonctions.
Certes, après avoir été monopolisée entre les différentes nuances et variantes du marxisme et de la technocratie, l’idéologie était devenue suspecte. La faillite honteuse de l’Union Soviétique n’a pas seulement dévalorisé son utopie manifestement criminelle. On a aussi considéré comme frappé d’obsolescence tout ce qui tirait sa vocation de la critique du système stalinien. Qui va lire aujourd’hui les excellents livres d’Alain Besançon ou d’Arthur Koestler ? Ne parlons même pas de ceux de Soljenitsyne. "La Ferme des Animaux" d’Orwell ne servira donc plus que comme fable de La Fontaine ou comme exercice de version. Plus aucun jeune lecteur ne sera invité à en mesurer le contexte, celui des accords de Yalta.
La défense des libertés semble donc avoir perdu toute signification concrète aux yeux de citoyens aseptisés, technocratisés, autocensurés, mûrs pour l'asservissement.
Dépassionnées, nos soi-disant élites d’élus se cantonnent ainsi, dès leurs années de formation, dans ce qu’on appelle d’un mot qui ne voulait rien dire autrefois en français, mais qui désigne bel et bien, désormais, leur réalité de leur insignifiance : nous vivons, ou nous survivons, sous le règne de leur "gouvernance."
On pourrait citer les exemples, multiplier les arguments chiffrés : ce qui enrichit ordinairement le propos tendrait ici à en appauvrir la portée. Ce qui fait l’objet des statistiques officielles revêt en général moins d'importance que ce compte vraiment. En dehors d’une poignée de défenseurs des libertés, qui s’indigne vraiment de la gabegie de structures énormes et opaques comme le conseil de Paris, à la fois gestionnaires, ou pour mieux dire di-gestionnaires d’une ville et d’un département ? Qui donc, dans le grand public des cochons de payants, se tient informé du contenu des deux lois financières votées en décembre ? Probablement pas grand monde, puisqu’on accepte d’entendre parler comme si le gouvernement allait diminuer les dépenses alors qu’il ne s’apprête en 2014, et encore très mollement, qu’à en ralentir la hausse.
Car ça commence par le nombre de ministres. Ayez la curiosité de regarder combien entouraient Louis XIV, affreux étatiste par ailleurs, au grand siècle. En 1789, à l'ouverture des États Généraux, Louis XVI en réunissait 6. Bonaparte, dix ans plus tard : 7. Combien le gouvernement du socialiste Viviani en comptait-il encore quand éclate la guerre de 1914 ? Réponse : 17.
Depuis, pour supprimer les deux commissaires des grands États au sein de l’Union européenne, le génial Juppé lors de la préparation du traité de Nice arguait du fait qu’aujourd’hui 28+6=34 personnes pour gouverner plus de 400 millions d’Européens cela créerait un surnombre. Ainsi l’Allemagne et Malte sont-elles désormais placées sous le signe de l’égalité au sein de la commission de Bruxelles. Bravo l’artiste.
Mais pour régenter 60 millions de Français, ou d’habitants de l’Hexagone, chaque remaniement ministériel nous apporte un illustre inconnu de plus. Amusez-vous à énumérer les noms de ceux que vous connaissez : parions que ce jeu de société pourrait faire fureur.
Les comparaisons internationales accablent ici, une fois de plus, le système français. Suggérons à Hollande, qui se pose la double question de "quand" et "par qui" remplacer son brillant camarade Jean-Marc Ayrault, largement usagé, pour ne pas dire hors d’usage. Eh bien qu’il aille jusqu’au bout du régime présidentiel et du quinquennat, et qu’il renonce à l’existence, totalement inutile, de son Premier ministre, de ses conseillers, de leurs voitures de fonctions et chauffeurs de maîtres, et qu’il mette donc en vente l’hôtel de Matignon. Mon Dieu ! quelle réforme révolutionnaire : en serions-nous capables ?
Chacun déplore, à très juste titre le millefeuille administratif (2)⇓ et par conséquent le nombre des élus, la multiplication constante de leurs instances, qui, d’ailleurs, ne débattent plus de rien et ne décident pas grand-chose. On expédie le vote des budgets. Mais on augmente tous ces budgets tout simplement parce que ce sont les budgétivores qui décident.
Comment concevoir qu'ils entreprennent sérieusement la diminution des dépenses par lesquelles nos politiciens achètent, au frais des ménages contributeurs et des entreprises, le vote des électeurs assistés ?
Comment imaginer de faire voter la fin de leurs prébendes, sinon par l’affirmation d’abord, par l’organisation ensuite, de la société civile, en lutte contre les prébendiers en tant que classe parasitaire ? La survie de ce que nous appelons encore, formellement, démocratie libérale suppose ce changement de cap.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/2014/01/une-classe-politique-devenue-parasitaire.html
Apostilles
1) Un seul exemple suffira : au hasard, celui de la nomination comme candidate puis de la composition de ses listes par Mme Kosciusko-Morizet.⇑
2) la jolie illustration de notre chronique d'aujourd'hui a été empruntée au blog "Je suis stupide, j'ai voté Hollande" article : "Qui mettra fin au scandale français du mille-feuille administratif ?"⇑ -
On achève bien les chevaux, pourquoi pas le mariage ?
Du mariage pour tous au divorce simplifié, l'institution devient une bâtisse ouverte à tous vents, une masure en ruines.
Christiane Taubira, elle est comme ça. Quand elle commence un travail, elle va jusqu’au bout. Depuis combien de temps, déjà, le gouvernement n’avait pas touché au dossier ? Le 12 décembre dernier, Najat Vallaud-Belkacem lançait « l’individualisation de l’impôt ». Et puis il y a eu la trêve des confiseurs. Presque trois semaines de pause, on allait perdre la main. On reprend le tablier, le grand couteau de boucher, et hop, on remet le mariage, déjà violenté et défiguré, sur la planche à découper. Et aujourd’hui, je vous mets quoi ?
L’objectif du projet de réforme de Christiane Taubira, auquel son épigone Dominique Bertinotti souscrit sans réserve, est louable. L’objectif est toujours louable : désengorger les tribunaux. En simplifiant le divorce par consentement mutuel. Celui-ci n’aura plus besoin de passer devant le juge, un greffier juridictionnel fera l’affaire. Las, il n’est pas plus réaliste de vouloir simplifier un divorce que de faire marcher un cul-de-jatte. Un divorce, par essence, est compliqué et se termine rarement en s’embrassant sur la bouche. Des syndicats de magistrats, des avocats – dont c’est, il est vrai, le gagne-pain – protestent vigoureusement : « Les accords des époux vont s’en trouver fragilisés. » De fait, comment leur donner tort ? Même lorsque le consentement est mutuel, les deux parties ont des intérêts divergents – le dominant du couple, s’il y en a un, imposant les siens avec toujours plus de force que le dominé. Là où le greffier, sorte de super-secrétaire, ne fait que constater, le juge, lui, rétablit le droit. C’est donc, en absence de juge, le plus fort qui prendra le dessus.
Gabrielle Cluzelle BVoltaire la suite...
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Avis divergent sur le Jour de Colère…
Dies IRAE…
Une nouvelle plate-forme « logistique », Jour de Colère, se charge à la suite des manifestations du printemps dernier d’agréger les différentes luttes contre le pouvoir et les institutions en place
, qu’elles soient fiscale, pour la sécurité, pour l’armée, pour la préservation du système scolaire…
Chacun aurait une raison d’être en colère contre le gouvernement selon le manifeste du collectif.
Sous l’apparence de neutralité, la plate-forme puise ses sources dans le refus du mariage gay et de ses suites : PMA, GPA, théorie du genre et évoque dans un élan songeur la « coagulation » en rêvant de bonnets rouges à la bretonne, de révolte, d’un sursaut spontané des Français. [...]
La suite sur Nouvel Arbitre
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Avis-divergent-sur-le-Jour-de
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[Bordeaux] L'écrivain Jean Sevillia à Bordeaux le 15 janvier
A l’invitation de l’association « Amitiés Françaises », l’écrivain Jean Sévilla sera à Bordeaux le mercredi 15 janvier afin de donner une conférence sur le thème : « Les grands sursauts français dans notre histoire ». Journaliste au Figaro magazine, Jean Sévilla est l’auteur de biographies et d’essais historiques à succès. Ses ouvrages les plus célèbres sont Le Terrorisme intellectuel : de 1945 à nos jour, Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique ou encore Quand les catholiques étaient hors-la-loi.