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Prosateur admirable mais faux contre-révolutionnaire : François-René de Chateaubriand
Parmi les Maîtres de la Contre-Révolution que j'ai évoqués dans RIVAROL à l'automne 2012, c'est volontairement que je n'ai pas fait figurer Chateaubriand. Non que j'éprouve la moindre aversion envers ce prosateur admirable qui fut aussi un cœur noble et orgueilleux et un paladin ombrageux de la légitimité monarchique. Mais, malgré ses pages grandioses et magnifiques, il ne fut pas du tout contre-révolutionnaire. C'est ce que j'entends montrer en ce bicentenaire de la Restauration à laquelle son pamphlet De Buonaparte et des Bourbons, publié justement en mars 1814, apporta une contribution remarquable.
J'ai follement aimé dans mon enfance ce poème de François-René, simple et nostalgique, que l'on m'avait fait apprendre en récitation à l'école de Frères et que je n'ai jamais oublié : « Combien j'ai douce souvenance /Du joli lieu de ma naissance ! / Ma sœur, qu'ils étaient beaux les jours /De France ! / O mon pays, sois mes amours / Toujours !... » Ses premières années de « compagnon des flots et des vents » qu'il vécut sur la grève de la pleine mer avec les enfants du pays le marquèrent pour toujours, car c'est là, non loin de Saint-Malo, que sa mère lui avait « infligé la vie », comme il devait dire plus tard, le 4 septembre 1768. Dernier né d'une lignée de hobereaux fiers mais ruinés, il acquit aux collèges de Dol et de Rennes quelques éléments d'une éducation chrétienne et classique, jusqu'à seize ans où il vint séjourner au château de Com-bourg. Dans ce lieu triste entouré de landes et de forêts allait se développer sans frein son imagination et se nourrir sa mélancolie, hors de toute réalité et de toute activité concrète. Il semble avoir songé à finir par le suicide une vie si désenchantée.
Son père lui ayant obtenu un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre, il partit pour Paris en 1787, fréquenta les poètes à la mode et, sous l'influence des encyclopédistes et des rousseauistes, il perdit ta foi. Le 14 juillet 1789, les têtes de l'intendant de Paris, Berthier de Sauvigny, et du beau-père de celui-ci, Foulon de Doué, qu'il vit passer au bout des piques changèrent ses dispositions politiques : « J'eus horreur des festins de cannibales et l'idée de quitter la France pour quelque pays lointain germa dans mon esprit ». Ainsi se retrouva-t-il en Amérique en 1791, où il put découvrir des paysages à la mesure de ses rêves et faire provision d'images et de couleurs pour son œuvre future. Il était sûr d'avoir rencontré là-bas l'homme primitif, le bon sauvage... Mais la nouvelle de l'arrestation de Louis XVI à Varennes l'incita à rentrer en France ; il se laissa marier à Céleste de Lavigne, puis émigra et s'engagea sans grande conviction dans l'Armée contre-révolutionnaire des princes (comtes de Provence et d'Artois), où il fut blessé. Puis il passa à Londres quelques années de misère, où il voulut composer « l'épopée de l'homme de la nature » et ce furent les Natchez, livre étrange, emphatique, naïf qui se voulait un essai épique sur l'homme primitif opposé aux conventions de la civilisation raffinée. François-René n'allait le publier qu'en 1826 en France. Toujours de cette période anglaise, date son Essai sur les Révolutions (1796), livre de doute et de douleur, où il entendait montrer que l'humanité n'est pas en progrès et qu'on retrouve dans les révolutions anciennes et modernes les personnages et les principaux traits de la Révolution française. Avait-il donc rompu avec les encyclopédistes au sujet de la notion de progrès ? Il proclamait la nécessité et la beauté de la religion, mais en la confondant avec la superstition et en considérant le christianisme comme fini... Un sceptique qui cherchait sa voie.
J'AI PLEURÉ ET J'AI CRU
1798 : à la mort de sa mère, puis de sa sœur, Mme de Farcy, il recouvra la foi : « Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d'interprète à la mort, m'ont frappé, je suis devenu chrétien : je n'ai point cédé, j'en conviens, à de grandes lumières surnaturelles ; ma conviction est sortie du cœur : j'ai pleuré et j'ai cru ». Voilà François-René libéré des sophistes qui l'avaient égaré un moment et renouant avec la religion de sa race et de son enfance ; il voudrait mettre désormais sa plume au service de sa foi reconquise.
Rayé de la liste des émigrés grâce à sonami Louis de Fontanes, futur grand-maître del'Université napoléonienne, il rentra à Paris« avec le siècle » en 1800. C'était au momentoù Napoléon Bonaparte, Premier consul,s'apprêtait à signer le Concordat (10 avril1801), rendant à l'Église catholique dans certaines limites sa place dans la Cité. François-René vit que l'heure était venue de publier le livre qu'il portait en lui depuis sa "conversion" : ce fut alors Le Génie du christianisme, sorti le mercredi saint 1802. Pour tâter le terrain, il avait d'abord lancé Atala dès 1801, une nouvelle racontant les amours de Chactas et d'Atala dans les forêts solitaires et agitées par la tempête ; ce poème partagé en fragments lyriques et écrit en prose rythmée, voulait montrer l'harmonie de la religion avec les grandes scènes de la nature. Puis François-René ajouta une deuxième nouvelle, René, l'image de lui-même et de tous les désenchantés qui soupiraient après un rêve insaisissable, il plaça les deux nouvelles en introduction à la première édition de son Génie du christianisme (1802), manière d'expliquer que pour lui le "mal du siècle" et les désolations ombrageuses d'après la Révolution ne pouvaient trouver abri que dans le christianisme.
LE CHRISTIANISME, COMME SOURCE DE POÉSIE
Le Génie était une apologie de la religion chrétienne, mais d'un genre bien spécial : pas question d'en prouver la vérité, mais seulement de dire, contre les "Lumières", que la religion chrétienne est belle, qu'elle inspire des belles actions et de belles pensées, qu'elle sert la poésie : les dogmes sont beaux à considérer, et répondent aux aspirations du cœur ; le christianisme, par sa doctrine, par sa conception de la vie, est une source de poésie vivante ; l'art issu de la religion est splendide (François-René réhabilitait avec raison la cathédrale gothique) ; les cérémonies chrétiennes sont poétiques.
On remarque aisément les limites de cetteargumentation. L'ouvrage toutefois atteignitparfaitement son but qui était d'émouvoird'innombrables lecteurs par une langue visuelle et colorée. Chateaubriand devint illustre ; il avait réussi à ruiner le préjugé anti-chrétien et à prouver que le christianismeest une religion belle et humaine. Le sentiment religieux allait être à la mode dans lalittérature pour quelques générations. Resteque, sous cette plume magnifique, la religionperdit en profondeur ce qu'elle avait gagnéen couleurs et qu'elle allait peu à peu se réduire, pour beaucoup, aune forme de sensibilité, voire - comme devait dire Maurras -à un « déisme sentimental » qui permet, aunom de l'idée de Dieu, « d'attribuer à l'infini ses propre bassesses » et de s'autoriser toutes les rébellions. Il faut, en effet, la forcedes dogmes et de l'organisation catholiquespour sauver l'idée d'un Dieu immuable quiéchappe aux égarements du cœur, et mêmede la raison raisonneuse... Sinon, on relèguedans l'ombre les caractères essentiels de lareligion chrétienne qui sont d'être vraie etsurnaturellement révélée. Désireux de sel'attacher, l'empereur Napoléon nommaFrançois-René secrétaire d'ambassade àRome, puis en 1804 ministre dans le Valais.
Mais, le 21 mars 1804, en apprenant l'arrestation et l'assassinat du duc d'Enghien, sur ordre du Premier consul, il n'hésita pas : lui qui avait commencé une belle carrière dans la diplomatie, il donna aussitôt sa démission, décidé à vivre de sa plume, et d'un article, de temps à autre, dans le Mercure qui allait mettre Napoléon, devenu empereur, en fureur. Il ne fut toutefois pas exilé, car l'empereur aimait son style et avait un faible pour lui et cet opposant de salon était alors l'idole du Faubourg Saint-Germain... Désireux d'écrire une épopée chrétienne qui mettrait en relief la supériorité poétique du christianisme sur le paganisme, il partit pour la Grèce et pour Jérusalem. De là sortirent Les Martyrs et Y Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), œuvres de puissantes évocations, presque résurrections du passé.
DE BONAPARTE AUX BOURBONS : L'ÉTERNEL OPPOSANT
Retour sur la scène politique en 1814 : son De Buonaparte et des Bourbons, publié en mars, connut un immense succès, car cette brochure venait à son heure en une conjoncture où les Français ne savaient plus très bien à quel régime se donner. Louis XVIII devait reconnaître que cette brochure l'avait aidé plus qu'une armée de plusieurs milliers d'hommes.
En 1816, nouveau geste de refus. Ministre sans porte-feuille, Chateaubriand critiquait vivement, dans La monarchie selon la Charte, le ministère dont il faisait partie. Exclus, il redevint un homme d'opposition, à la tête du Conservateur. Après l'assassinat du duc de Berry par le bonapartiste Louis-Pierre Louvel, le 13 février 1820, Chateaubriand contribua à renverser le ministère Decazes : « Le poignard qui a tué le duc de Berry est une idée libérale », s'écria-t-il à la Chambre des députés. Après de brillantes ambassades à Berlin, à Londres, il devint à nouveau ministre de janvier 1823 à juin 1824 et remporta un beau succès : « "ma " guerre d'Espagne ». Là où Napoléon avait échoué, il avait réussi. Il venait de donner à la Restauration la gloire militaire qui lui manquait tant... Il se crut alors un si grand homme qu'il en devint insupportable et il se trouva tout surpris de recevoir un billet de Louis XVIII l'avertissant qu'il n'était plus ministre : « On me met à la porte comme si j'avais volé la montre du roi sur la cheminée. »
Vexé, il travailla à rapprocher les oppositions d'extrême-droite et de gauche et, bien que monarchiste, il allait porter une grande part de responsabilité dans le courant d'opinion qui contribua à la révolution de 1830 et à la chute de Charles X. Sa fidélité à la branche aînée des Bourbons lui valut quelques jours de cellule pour avoir voulu aider la duchesse de Berry à conspirer pour sauver l'avenir de son fils, le petit duc de Bordeaux, futur comte de Chambord. Durant la Monarchie de Juillet, refusant toute pension au nom de son sens de l'honneur, il se situa dans l'opposition, mais il se consacra à la rédaction de ses Mémoires d'outre-tombe, un essai d'autobiographie qui ne manquait pas de charme et qui contenait des pages inoubliables, où son imagination le poussait à se montrer plus grand qu'il n'était...
Cette vie que sa mère lui avait "infligée" en 1768 s'éteignit à quatre-vingts ans le 4 juillet 1848, quelques mois après la révolution de février qui renversa Louis-Philippe 1er, "roi des Français", qu'il ne voulut jamais servir. Son cercueil fut déposé dans l'îlot du Grand-Bé, en face de Saint-Malo, dans un roc solitaire en face de l'océan, à l'endroit qu'il avait voulu lui-même pour sépulture, comme un dernier défi aux forces déchaînées de la mer...
LE POÈTE DE L'HONNEUR
Lui qui, selon le mot du duc de Lévis Mirepoix, « daignait à peine se retourner pour voir si on le suivait(1) », n'allait cesser d'entraîner dans son sillage les esprits les plus éclatants de son siècle.
Fut-ce pour leur bien ? On ne peut nier que Chateaubriand a considérablement renouvelé les thèmes littéraires et même l'art d'écrire : chez lui la langue était colorée, musicale, imaginative. Maurras y a vu le danger d'accorder plus d'importance aux mots qu'à l'ordre des mots, de trop donner à ceux-ci une couleur de sensualité, mais plus grave est assurément chez François-René le goût pour les grandeurs que la vie a désertées. Cet homme qui aurait voulu ne pas être né, qui, comme on l'a dit, a « baillé sa vie » et « théâtralisé son existence(2) », qui a cultivé « le génie de se mettre en scène(3) », qui fut un serviteur bien incommode de la royauté, et qui s'affirmait « féodalement libéral », promenait en fait une âme de révolté qui ne voyait dans les choses que leur force de l'émouvoir. Tout d'après lui-même ! Lisons encore Maurras : « Race de naufrageurs et de faiseurs d'épaves, oiseau rapace et solitaire, amateur de charniers, Chateaubriand n'a jamais cherché, dans la mort et le passé, le transmissible, le fécond, le traditionnel, l'éternel : mais le passé comme passé et la mort comme mort furent ses uniques plaisirs. Loin de rien conserver, il fit au besoin des dégâts afin de se donner de plus sûrs motifs de regrets.(4) »
Hélas, cet homme qui n'a pas manqué de grandeur et qui ne cesse d'être attachant, notamment par son sens exemplaire de l'honneur, a quand même travaillé au profit de l'individualisme révolutionnaire. Ce nécrologue, beaucoup plus que serviteur, de la monarchie ne peut être reconnu comme un vrai contre-révolutionnaire.
Michel Fromentoux Rivarol du 30 mai 2014
1.Duc de Lévis-Mirepoix : Histoire del'individualisme français. Plon.
2. Jean-François Chiappe : La France et le Roi. Perrin 1994
3. Ghislain de Diesbach : Chateaubriand. Perrin, 1998
4. Charles Maurras : Trois idées politiques :Chateaubriand, Michelet, Sainte-Beuve. InŒuvres capitales, Essais politiques. Flammarion,1954
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Nouvelle ligne politique : Fillon hésite entre Thatcher et Pinochet
Si un jour ce type accède « aux responsabilités », moi, je vous le dis, on va voir ce qu'on va voir !
Mercredi, François Fillon s’est lâché dans la presse british.
Le Daily Telegraph en frémit encore de plaisir. Pensez donc, les journalistes anglais auraient mis la main sur un véritable homme de droite français ! Une espèce officiellement éteinte depuis les années 1970 selon les spécialistes. Pourtant, l’« Homo fillonus » existe bel et bien. Même si son sourcil préhistorique pourrait nous en faire douter, le spécimen est visiblement doué de parole et de raison comme vous et moi. Et quand il l’ouvre, ça vaut le déplacement. On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, il demandait à ses électeurs de choisir « le moins sectaire » entre le FN et le PS, si le candidat de droite était absent au second tour d’un scrutin. La phrase avait fait du bruit. On se disait alors que Fillon avait franchi une étape, brisé un tabou psychologique. Ce n’était donc pas qu’un coup de sang.
Les propos qu’il a tenus cette semaine à la presse d’outre-Manche confirment que l’homme veut se payer une belle cure de droitisation : avec son hommage appuyé à Thatcher – véritable Antéchrist du gauchiste moyen –, l’ex-« chef » du gouvernement ne fait pas dans le détail. Copé out, Sarko rejetant la ligne Buisson, la droite musclée est à prendre, si Marine Le Pen lui laisse des miettes.
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Benoît Hamon va enterrer les ABCD de l'égalité
Selon l'Express :
"C'est un colis piégé. Un dossier laissé par Vincent Peillon sur le bureau de son successeur. A manipuler avec une extrême précaution. Benoît Hamon le sait. Il a beaucoup consulté et longuement réfléchi avant de venir exposer son point de vue à Manuel Valls. Le 27 mai, lors d'un tête-à-tête à Matignon, le chef du gouvernement et le ministre de l'Education nationale se rendent à l'évidence : il faut sacrifier l'"ABCD de l'égalité".
Voilà plusieurs semaines qu'associations et députés questionnent le ministre sur ses intentions. Systématiquement, Benoît Hamon botte en touche. L'ABCD est issu de la convention pour l'égalité, paraphée par six ministres en 2013. Pas simple de jeter à la poubelle cette "grande ambition". Mais Benoît Hamon a parfaitement joué le jeu de la concertation. Et l'abandon est accepté, y compris par Najat Vallaud- Belkacem, ministre des Droits des femmes."
Farida Belghoul se réjouit de cette victoire sur le lobby LGBT :
" le mouvement JRE apparait comme le vainqueur de la première partie du combat qui dure depuis six mois en France. Belghoul : 1 – Hamon : 0 !
Cette première victoire en appelle d’autres. La mobilisation reste nécessaire. Les ABCD de l’égalité en maternelle et en primaire ne sont qu’une facette parmi d’autres de la présence sournoise de l’idéologie du genre à l’école. Il faut revenir notamment, pour s’en persuader, sur cette opération « mariage gay » fictif célébré à la mairie de Saint-Pol-de-Léon entre deux petits garçons de sixième du collège Jacques Prévert… [...]
Ce recul du pouvoir est une tactique consistant à gagner du temps : il s’agit de faire croire aux parents à une victoire définitive alors que le gouvernement entend bien poursuivre sur la même voie en procédant par des moyens plus sournois encore. C’est Hamon lui-même qui le reconnait dans cet article quand il déclare : » le sujet reste prioritaire, mais il a suscité un tel climat de nervosité que les écoutilles sont fermées, mieux vaut utiliser la médecine douce. Nous travaillerons sur ce sujet différemment. »
Ce recul, gagné de haute lutte, joue aussi en notre faveur. Ce gain de temps est précieux pour le développement de la Fédération Autonome de Parents Engagés et Courageux (FAPEC).
Et n’oubliez pas : le 23 juin, JRE pour tous avec comme motif légal pour justifier l’absence de vos enfants : réunion solennelle de famille."
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Le poids de la «crise» économique et sociale n'explique pas à lui seul la poussée du FN
D'autres facteurs, plus difficiles à cerner, de nature «culturelle» et «identitaire», permettent aujourd’hui d’expliquer ce qui est à l’œuvre dans de nombreux pays européens, et particulièrement en France.
Tenter d’expliquer la montée en puissance du Front national (FN), et ses résultats électoraux, est, de longue date, un exercice à la fois périlleux et obligé. Dans le tiercé de tête de «thèses» explicatives, celle du poids de la «crise» économique et sociale tient une place de choix. C’est même la thèse préférée des responsables politiques et des médias.
Bien sûr, on la retrouve souvent en concurrence avec la thèse de la «manipulation de l’opinion» —ce seraient les médias et accessoirement les sondages qui feraient «monter» le FN en lui accordant trop de place ou d’importance— ou encore avec celle, prisée par nombre d’intellectuels, à gauche notamment, de la «France moisie»— le FN prospèrerait en France parce que c’est le pays, on n’ose dire le peuple, qui aurait inventé le fascisme et l’antisémitisme moderne (selon l’historien Zeev Sternhell notamment) et qui ne s’en serait finalement jamais éloigné !
Mais, fondamentalement, c’est la crise économique et sociale que traverse la société française qui serait avant tout responsable de la progression du FN et de ses succès électoraux depuis 30 ans. Pourquoi ? A la fois par analogie avec les années 1930 et parce que les déterminants fondamentaux du comportement électoral sont de nature économique et sociale.
Une telle explication a un mérite: sa simplicité. Ce qui lui a permis de pouvoir être partagée par un très grand nombre d’observateurs, à gauche comme à droite, chez les héritiers du marxisme comme chez les tenants du libéralisme, au café du coin comme dans les séminaires de recherche en sciences sociales. Ce que Gramsci dénonçait déjà comme un «économisme» dominant et aveuglant, comme une fétichisation de la causalité économique.
Le problème est que cette thèse, comme les deux autres évoquées brièvement plus haut d’ailleurs, a aussi un défaut : elle ne permet pas d’expliquer pourquoi le FN et des partis similaires en Europe prospèrent dans des conjonctures et des contextes économiques et sociaux très différents les uns des autres.
De surcroît, comme cette thèse permet à ceux qui l’avancent de s’exonérer de toute responsabilité dans le phénomène qu’elle décrit, elle limite d’autant l’efficacité de la réponse politique à celui-ci. C’est là toute l’histoire de la fameuse «mobilisation contre le FN» depuis 30 ans.
Vouloir combattre les tentations et les dérives identitaires à l’œuvre dans les sociétés contemporaines en se réfugiant dans l’économisme, c’est se condamner à une fuite en avant en forme d’impasse; c’est concéder aux responsables politiques et aux partis qui ont compris ce phénomène un avantage décisif.
L’indispensable prisme européen
Les élections européennes permettent de bien se rendre compte des limites de la thèse de la «crise» économique et sociale. Ainsi a-t-on pu constater cette année que dans de très nombreux pays européens, des partis aux thématiques similaires ou proches du FN —eurosceptiques, anti-immigration et critiques à l’égard de l’islam— avaient réalisé des scores importants et ainsi obtenu des sièges au Parlement européen.
Or ces performances électorales ont été réalisées dans des pays dans lesquels la situation économique et sociale est différente. Ainsi, si l’on tient compte des scores les plus élevés des partis similaires ou proches du FN, quels sont les éléments communs du point de vue économique et social entre la France (près 25% pour le FN), le Danemark (DF, 26,5%), l’Italie (M5S, 21%), l’Autriche (FPÖ, 19,7%) et le Royaume-Uni (UKIP, 26,7%)? Ces pays n’appartiennent pas tous à la zone euro, ils n’ont ni les mêmes taux de chômage ni les mêmes problèmes de déficit ou d’endettement par exemple. Leur économie se porte plus ou moins bien et les politiques qui sont menées en leur sein par des gouvernements de bords politiques différents ne sont pas les mêmes.
On pourrait même ajouter que leur rapport d’ensemble à l’Union européenne est lui aussi très variable. Dans d’autres pays européens, aussi différents économiquement que l’Allemagne et l’Espagne, les partis de ce type sont en revanche quasi-inexistants.
Hors Union européenne même, on connaît depuis longtemps déjà les cas de la Norvège et de la Suisse, deux pays très différents, prospères économiquement et sans tensions sociales majeures, dans lesquels les partis de ce type —respectivement le parti du Progrès et l’UDC— sont puissants et réalisent des scores électoraux élevés.
Bref, la corrélation même entre la profondeur de la crise économique, les difficultés sociales et l’existence d’un parti néopopuliste fort électoralement est loin d’être démontrée. Publié sur le compte twitter du cabinet d'analyses économiques Asterès, ce graphique montre qu'il n'y a pas vraiment de corrélation entre le taux de chômage et le score des partis eurosceptiques.
Ces partis néopopulistes proposent d’ailleurs des programmes économiques et sociaux qui divergent assez radicalement les uns des autres; certains sont libéraux, d’autres beaucoup plus étatistes – sans compter les variations entre un pôle et l’autre au cours de leur histoire récente comme c’est le cas pour le FN.
Il est donc indispensable de chercher ailleurs les causes de leur présence et de leur montée en puissance si l’on veut comprendre ce qui est à l’œuvre aujourd’hui et, le cas échéant, les combattre politiquement avec davantage d’efficacité que par le passé.
Les deux dimensions du néopopulisme
A côté de la crise économique et sociale, de manière complémentaire et imbriquée avec celle-ci, ce sont des facteurs plus difficiles à cerner, de nature «culturelle» et «identitaire», qui permettent aujourd’hui d’expliquer ce qui est à l’œuvre dans de nombreux pays européens, et particulièrement en France.
Les spécificités nationales jouent d’ailleurs, de ce point de vue, un rôle important, rendant la comparaison toujours difficile. Cela confirme que l’idée que la dimension nationale ne saurait être négligée dans l’analyse et la compréhension des enjeux politiques actuels; et qu’à vouloir l’oublier ou la minorer, on s’expose à de lourdes erreurs d’appréciation —que ce soit chez les chercheurs ou chez les responsables politiques.
De ce point de vue culturel et identitaire, le trait commun le plus caractéristique des partis dont il est question ici (que l’on observe à travers leurs programmes et leurs discours) renvoie à une forme nouvelle de populisme qui se déploie depuis quelques années autour d’un double axe dont la construction européenne représente en quelque sorte une illustration parfaite.
Le premier axe est horizontal, c’est celui qui oppose le «nous» (national ou régional) et le «eux». C’est celui qui passe par une frontière qui lorsqu’elle est européenne ne protège plus contre les «menaces» extérieures et avant tout contre l’immigration. Celle-ci n’apparaissant plus comme une menace simplement économique et sociale (la concurrence pour l’emploi par exemple) mais comme une menace qui pèse sur les «modes de vie», sur la culture des «autochtones» – quel que soit leur propre degré d’intégration d’ailleurs.
Ces autochtones, c’est le (bon) peuple, celui qui est (toujours) déjà là avant et contre les nouveaux arrivants. La solution est dès lors simple : la frontière doit devenir un mur afin de protéger le peuple.
Un second axe, vertical celui-là, oppose le haut et le bas de la société, l’élite et le peuple suivant la tradition populiste. Le haut, ce sont notamment les partisans de la construction européenne et du fédéralisme, les autorités de Bruxelles au premier chef, et tous ceux qui défendent l’ouverture des frontières non seulement aux marchandises, aux services et aux capitaux mais encore à l’immigration, parce qu’ils en bénéficient. Le bas, le (bon) peuple, ce sont les perdants de cette ouverture, ceux qui la subissent sans pouvoir ni en déterminer ni en maîtriser les règles malgré le cadre démocratique.
Le croisement de ces deux axes, de ces deux dimensions du néopopulisme européen, définit ainsi les contours d’une offre politique particulièrement bien adaptée à une époque faite de multiples incertitudes. Une offre qui s’adapte aisément aux différents contextes nationaux ou même régionaux.
Anxiété, intranquillité, insécurité
Pour mesurer au plus près une telle évolution et pour en comprendre les ressorts, différentes approches sont possibles, dont on ne mentionnera ici que quelques exemples.
Au Royaume-Uni, Catherine Fieschi a utilisé le concept de cultural anxiety pour montrer l’importance d’une prise en compte globale des facteurs explicatifs dans l’analyse du néopopulisme : « séparer les préoccupations économiques et culturelles à propos de l’immigration prive la gauche de toute possibilité de prendre en compte l’anxiété des citoyens. Les formes du populisme d’extrême droite qui émergent en Europe nous rappellent combien culture et économie peuvent être se combiner en une puissante expression des enjeux de classe ».
En France, Luc Rouban a, à l’occasion des élections européennes, confronté un «indice d’intranquillité» aux peurs liées à l’Europe (immigration, identité nationale, rôle de la France…) dans différentes catégories de la population française. Il montre à cette occasion le poids déterminant des facteurs culturels et identitaires: «Derrière le sentiment de la vulnérabilité économique, figure cependant un autre sentiment : celui de l’insécurité, personnelle et sociale, une forme généralisée “d’intranquillité” recouvrant autant la défiance que l’on a dans les autres que celle que l’on exprime vis-à-vis des institutions ou de son environnement. »
Dans la même logique, on a mis en avant ce que l’on a appelé «l’insécurité culturelle», qui permet de mieux comprendre et d’expliquer pourquoi une partie de plus en plus importante de l'électorat en France et en Europe, particulièrement l’électorat populaire, se tourne vers les partis néopopulistes – et donc en France vers le FN. Comme on l’a vu, la situation économique et sociale ne peut expliquer à elle seule les comportements politiques; d'autres facteurs, d'autres clivages, que l'on peut donc appeler «culturels» doivent être mobilisés.
Certains sont anciens, comme la religion ou le territoire (urbain, rural…), d'autres plus récents et plus difficiles à cerner (autour de «l’identité culturelle» en particulier) qui viennent d’ailleurs brouiller ceux que l'on prenait en compte jusqu'ici.
Ainsi, en France, ces dernières années, les débats et les crispations autour des Roms, de la présence de l'islam ou encore du mariage pour tous, par exemple, ont révélé des comportements liés à cette forme spécifique d'insécurité, non réductible à l'insécurité économique et sociale ou au fameux «sentiment d’insécurité» lié à la délinquance.
Ces comportements qui renvoient à des représentations, dont beaucoup sont certainement faussées ou influencées par les médias ou les discours politiques, doivent néanmoins être observés et analysés comme tels, pour ce qu’ils sont. Les renvoyer, comme certains le font trop souvent et trop simplement, au racisme, à «l'islamophobie» ou à l'homophobie, n'explique rien et n'apporte, on l’a vu aussi, aucune solution politique.
Source : http://www.slate.fr/story/88489/poids-crise-economique-et-sociale-explique-lui-seul-poussee-fn
http://www.oragesdacier.info/2014/06/le-poids-de-la-crise-economique-et.html
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SNCF : on est plus à ça près !
En ce moment, la SNCF a la côte ! Entre les wagons trop larges pour les quais et les grèves à répétitions, l’entreprise fait fort !
Un nouveau bon point pour notre société de transport préférée, qui crée un nouveau scandale suite à une vidéo d’agent en service prenant l’apéro (entre deux grèves) au poste d’aiguillage !Lu sur le Figaro :
« Un agent SNCF aurait filmé ses collègues en train de boire dans un poste d’aiguillage de la zone Paris-Ouest. (…) Sur ces images filmées en février, plusieurs agents ont l’air de prendre un apéritif au punch. L’hebdomadaire indique qu’ils sont dans un poste d’aiguillage tout relais à transit souple (un PRS), un poste «où l’aiguilleur doit être vigilant en permanence, car, contrairement aux postes d’aiguillage à la technologie plus récente, l’homme n’a pas encore été remplacé par l’informatisation et l’automatisation de l’ensemble du processus» (…)
l’auteur de la vidéo aurait été licencié «par la SNCF après un examen au grade supérieur raté». Sur ce point, le service des ressources humaines a procèdé à des vérifications. «Pour le moment, nous n’avons aucune trace de personne licenciée dans ces circonstances, affirme le même porte-parole. A vrai dire, ce motif de licenciement n’a pas de sens ».
Alors comme ils disaient il y a quelques années : « SNCF : tout est possible ! »
Marie de Remoncourt
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Laurence Rossignol salariée de la Mutuelle des étudiants pendant 18 ans
Lu ici :
"L’actuelle secrétaire d’État à la famille et aux personnes âgées, Laurence Rossignol a été salariée de la Mutuelle des étudiants (LMDE) pendant 18 ans, dans la plus complète discrétion. [...]
Mme Rossignol a toujours dit avoir travaillé à la Mnef, ancêtre de la LMDE, à partir de 1993. « Le Monde » du 9 avril 2014 parle d’un « passage à la Mnef » dans le portrait qu’il lui consacre. Ce passage a en fait duré 18 ans, de 1993 à 2011, date à laquelle Mme Rossignol est devenue sénatrice.
Interrogé, son cabinet nous a fait savoir qu’elle avait été chargée d’études à la direction Santé et Prévention de la mutuelle, à temps plein jusqu’en 2004, puis à tiers-temps jusqu’en 2011, avec une rémunération de l’ordre de 1 200 € nets par mois (soit 3 600 € nets équivalent plein temps).
La seule trace de son activité que nous ayons trouvée sur Internet est un rapport datant de 2006. Il s’agit d’un guide humoristique de 24 pages sur la sexualité des jeunes, où elle est mentionnée comme rédactrice en chef. Mme Rossignol a « pensé, élaboré et rédigé » de nombreuses autres brochures à destination des jeunes, fait savoir une collaboratrice de son cabinet."
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Opération “Plein gaz contre Hollande !”
Le pilote qui a sillonné en ULM l’été dernier les plages du littoral français en tractant une grande banderole “Hollande démission” (photo en Une) s’apprête à repartir cet été pour une nouvelle tournée des plages encore plus étendue.
Il lance l’opération “Sur les plages, dans les villages, dans les airs, ou en tractage !! Tous les jours en ACTION : HOLLANDE DEMISSION !!”
Un rendez vous est donné le 14 juillet sur les Champs-Élysées. Pour des renseignements ou pour s’inscrire, c’est ici. Déjà des milliers d’invités et d’inscrits.
Pour s’équiper, pour soutenir et participer à l’opération c’est ici.
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Nouvel ordre mondial ? par Gérard Leclerc
C’est une affaire entendue. L’opinion publique se passionne pour la coupe du monde de football au Brésil, et la victoire de l’équipe de France contre le Honduras a effacé les mauvais souvenirs qui empêchaient la pleine réconciliation avec nos joueurs. De même, il est incontestable que la grève actuelle à la SNCF handicape gravement la population laborieuse et que sans cesse reconduite elle produit l’exaspération.
Ne parlons pas du mouvement des intermittents du spectacle qui est de nature passionnelle. Comment l’information en général, les journaux du 20h, échapperaient-ils à ces faits dominants qui exigent une priorité totale pour leur traitement ? Et pourtant, cette hiérarchie imposée n’est peut-être pas exactement celle qui convient, si l’on veut vraiment classer les événements par ordre d’importance. L’événement majeur de ces derniers jours, c’est l’avancée spectaculaire des forces jihadistes sur le territoire irakien et l’accablement des États-Unis face à une réalité qu’ils sont impuissants à maitriser, alors qu’ils avaient jeté toute leur puissance stratégique contre le régime de Saddam Hussein, avec l’ambition de créer un nouvel ordre mondial. [...]
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Réponse à Houria Bouteldja, l’indigeste de la république
Dans une lettre ouverte (lire ici), l’indigeste de la république Houria Bouteldja s’en est pris violemment à Éric Zemmour « l’israélite », qu’elle qualifie de « connard » vendu aux « blancs » par haine de ses origines « arabes et juives ». Une réponse en bonne et due forme s’imposait.
Mme Bouteldja, je ne vous appellerais pas « très chère » car à mes yeux, vous ne l’êtes pas pour un sou.
Votre récente lettre est à la mesure de votre agressivité coutumière. Sous des airs moqueurs, vous réduisez Éric Zemmour à sa judéité méditerranéenne, vous délectant qu’il ne fasse « pas partie de la race des seigneurs » et qu’il ne soit « pas blanc malgré ses efforts pour atteindre cette dignité ». Or cette dignité, Zemmour ne l’a jamais revendiqué, ni même cherché. Pour la simple et bonne raison qu’il se veut un Français avant tout.
L’assimilation, voilà bien quelque chose qui vous échappe, vous qui n’avez de cesse de communautariser le débat, quand ce n’est pas pour le racialiser comme vous venez de le faire. Vous refusez la France, ses us et coutumes, et ne vous en cachez pas. Croyez-vous pouvoir vivre dans la paix et l’ostentation à la fois ? C’est bien mal connaître l’histoire de notre pays, rythmée par les guerres civiles et les tensions religieuses. Pour haïr, il faut un autre. [...]
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