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  • Un jour, un texte!

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots

    Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la Patrie. (20 et fin)

    Quelques livres à lire pour appronfondir le sujet

    « Catéchisme de la Patrie », par le colonel REMY (Ed. Confrérie Castille)

    A la question : « Pour qui ou pour quoi meurt-on ? », le soldat répond : « pour la Patrie ! ». Et même si l'Europe, éternel serpent de mer, manifeste sporadiquement des velléités d'existence, on est encore très loin d'un patriotisme européen qui effacerait les préférences nationales. C'est donc toujours pour la France que se bat et, s'il le faut, que meurt le soldat.

    Encore faut-il savoir ce qu'est la France, ce qu'est la Patrie française. C'est à un grand, un très grand Français que nous laisserons le soin de le définir. « Notre REMY, a déclaré le Général de Gaulle, fut des premiers parce qu'il est des meilleurs. Et c'est pourquoi, après tout ce qu'il a fait – qui est si grand ! – il sait qu'il reste tant à faire ».

    Le Colonel REMY, illustre figure de la Résistance, héros mondialement connu, fondateur du réseau « Confrérie Notre-Dame » qui fournit des renseignements essentiels aux Alliés, a regroupé dans « Catéchisme de la Patrie » tout ce qu'il faut savoir sur ce thème.

    La France a fêté, en 1996, son quinzième centenaire et un timbre officiel a même commémoré cet anniversaire. Ces quinze siècles d'existence, une certaine idéologie voudrait les réduire à deux et faire naître notre communauté nationale en 1789. Ce serait faire bon marché des treize siècles précédents où la France, « mère des arts, des lettres et des armes » (J. du Bellay), brilla d'un éclat jamais retrouvé depuis. C'est donc sur notre « vieux Pays », pour paraphraser Donald RUMSFELD, que se penche le Colonel REMY. De Clovis à Louis XVI, de la Révolution à la Vème République, en passant par la Restauration, les deux Empires, la Commune, les quatre Républiques et les différents conflits et occupations qui les accompagnent, ce grand Français nous fait découvrir la France, son âme et sa vocation. Il nous donne les vraies raisons de vivre et de mourir pour Elle.

    A l'issue de cette lecture, on sait ce que signifie être Français, quels sont les devoirs liés à ce nom, quel est l'héritage qu'il implique et dont nous pouvons légitimement être fiers. Ce petit livre nous invite à aimer notre Patrie, à en être dignes, sans tomber pour autant dans un nationalisme agressif ou excessif mais sans renier non plus l'amour naturel que nous lui devons.

    Bref, la réponse aux questions : « Pourquoi meurt-on ? », « pourquoi se bat-on ? » est dans cet ouvrage bien écrit, facile à lire et passionnant. Lisez-le, faites-le lire et rappelez-vous qu'un homme bien formé est difficile à manipuler.

    « Les deux patries. Essai historique sur l'idée de Patrie en France », par Jean de VIguerie (Ed. Dominique Martin Morin)

    A travers cet essai magistral, Jean de Viguerie veut démontrer l'existence de deux patries en France. On pourrait justement les qualifier, paraphrasant Maurras, de "patrie légale" et de "patrie réelle". La première cherchant par tous les moyens, en particulier par un détournement du patriotisme, à absorber la seconde pour la détruire. Est-elle déjà arrivée à ses fins et, dans ce cas, la France est-elle morte ? A cette question, Viguerie répond oui. Et il est vrai que la logique de son raisonnement, si l'on reste sur le plan historique, est particulièrement convaincante.

    La "patrie réelle" est la terre des Pères. Saint Thomas d'Aquin la définit comme « les concitoyens liés entre eux ». Elle se rattache donc au monde naturel, elle n'a rien de surnaturel : elle est donc mortelle.

    Elle vit par ses membres et est donc économe de leurs vies, contrairement à la « patrie romaine, abstraction divinisée, réclamant des sacrifices. »

    L'auteur prend l'exemple de Jeanne d'Arc qui, « elle, n'a pas la moindre idée d'une patrie de type romain. Sa doctrine est simple et traditionnelle : que ceux qui ont la charge de gouverner ou de combattre fassent tous et jusqu'au bout leur devoir. Cela suffira". "Les hommes d'armes batailleront..."; "Travaillez, Dieu travaillera"; "Le Roi exercera sa charge, et le pays sera relevé". La Pucelle ne demande qu'à un petit nombre d'exposer leurs vies. La libération n'a pas besoin des grands massacres. Elle veut sauver la France et non pas lui enlever la vie qui lui reste. Le salut du royaume ne dépend pas pour elle de nouveaux sacrifices, mais de l'observation par tous de la justice, chacun faisant son entier devoir ».

    L'autre patrie est fille de la Révolution, des Lumières et, plus en arrière, de la Renaissance. Les sanglantes paroles de la Marseillaiseexpriment son idéal. Elle n'est pas la France, "mais la France est son support et son instrument".

    Depuis 1789, notre Histoire est celle de la substitution progressive, et aujourd'hui achevée, de la Patrie révolutionnaire à la Patrie française. Celle-là se nourrissant des fils de celle-ci : que de morts ont coûté à notre pays les guerres révolutionnaires, puis impériales, coloniales, et, enfin, les deux conflits mondiaux de la IIIèmeRépublique ! Le point culminant aura été atteint avec 14-18. Que d'héroïsme, que de sacrifices, que de souffrances, et pour quoi ? Au final pour parachever la mainmise de l'idéologie des Droits de l'Homme sur notre pays exsangue.

    Et pendant que tous ces Français tombaient, les persécutions religieuses de la IIIème République continuaient. « On ne voit pas du tout que si les républicains continuent leurs persécutions contre les catholiques même pendant la guerre, c'est qu'ils ne peuvent s'en dispenser. Ils sont des patriotes révolutionnaires, et les catholiques sont autant leurs ennemis que les Allemands. Car si les Allemands sont des "barbares", les catholiques sont des "fanatiques", et c'est pareil ».

    L'entre-deux guerres puis l'après-guerre vont se caractériser par une mutation révélatrice : « La France a toujours le même rôle d'instrument, mais dans la seconde phase on détruit l'instrument. Le patriotisme de type jacobin ne disparaît pas complètement. Les rites en sont gardés : les défilés militaires, les fêtes nationales, les cérémonies des monuments aux morts. Cela pour l'illusion. Les Français doivent continuer à croire que la France existe toujours ».

    L'abandon de l'Algérie, pourtant partie intégrante de la France, n'est autre que « l'adhésion de tout un peuple à la démission et au parjure. »

    Alors quel avenir?

    « De la France morte, quelques Français, il est permis de l'espérer, garderont l'héritage... »

    Ce livre, qui pèche contre l'espérance, a, en tout cas, l'immense mérite d'ouvrir un débat passionnant, et présente des arguments de poids pour une thèse pour le moins non conventionnelle. Ne serait-ce qu'à ce titre, sa lecture est très vivement recommandée.

     « France, notre seule Patrie » - Ed. de Chiré, 2001, de François-Marie ALGOUD

    Florilège très abondant de textes sur la patrie française.

    « Histoire de France » de Jacques Blainville

    Une histoire "vraie" de la France, par un des grands historiens français.

    "Les lois de la Politique française"- Éd. Arthème Fayard, 1927, de Charles BENOIST

    Le peuple français a une identité particulière et son gouvernement obéit à des lois spécifiques, fonction de son caractère, dont on ne peut s'affranchir sous peine de désordres graves.

    « Les enfants humiliés » de Georges BERNANOS

    Bernanos, l'imprécateur, veut redonner la fierté aux Français.

    « Mon pays, la France » - Ed. France-Empire, 1962, de Bachaga BOUALAM

    Poignant récit du drame des harkis, morts pour avoir trop aimé la France, vécu par l'auteur dans sa chair et dans son cœur.

    « Lettre ouverte à ceux qui ont mal à la France » - Éd. Albin Michel, 1984, du R.P. BRUCKBERGER

    Les "coups de gueule" du célèbre Dominicain qui s'en prend, avec son non-conformisme habituel, à ceux qui détruisent la France, aux nouveaux "bien-pensants".

    « Création de la France » - Ed. Dominique Martin Morin, 1982,d'Henri CHARLIER

    Récit historique des premiers pas de la France.

    « France, fais ta prière » - Éd. Albin Michel, 1984, d'Yves de HAUTECLOQUE

    Recueil d'allocutions d'un élu rural, ex-président des maires du Cher.

    « La Patrie » – Numéro spécial de la Revue ITEM, juin 1976.

    Numéro spécial d'une revue disparue qui rassemble une cinquantaine de textes d'auteurs très divers qui, chacun selon sa sensibilité, développent leur amour de la Patrie.

    « La mission divine de la France » -  du Marquis de La Franquerie

    La France, fille aînée de l'Église, a une mission spécifique au milieu des peuples. – Sa prospérité ou son infortune sont fonction de sa fidélité ou de son infidélité à cette mission.

    « Les Manants du Roi », de Jean de LA VARENDE

    Recueil de nouvelles d'honneur et de fidélité à travers l'histoire d'une famille de hobereaux normands de l'Ancien régime à nos jours.

    « Le Pacte de Reims » - Ed. Saint-Michel, 1962, de Claire MARTIGUES

    A la lumière du Testament de saint Rémi, qui baptisa Clovis, l'auteur analyse les heurs et malheurs de la France directement liés à sa fidélité à sa vocation.

    « Histoire de l'Unité française » - Ed. du Conquistador, de Marie-Madeleine MARTIN

    Comment s'est réalisée l'unité française.

    « Histoire du Génie de la France » - Éd. Bastions, 1943, de Jean OUSSET

    Les caractéristiques de la France parmi les nations, ce qui fait son génie.

    « Patrie, Nation, Etat » - Éd. Montalza.

    Réflexions sur les notions de Patrie, de Nation et d'État.

    « Œuvres poétiques » - La Pléiade, de Charles PEGUY

    Un élément essentiel de la littérature française que ces chants merveilleux, au rythme unique, de la France, de son histoire, de ses héros, de ses saints et de ses hauts-lieux. La beauté de la langue alliée à la noblesse du cœur et à l'amour de la Patrie.

    « Catéchisme de la Patrie » - Ed. Confrérie Castille du Colonel REMY

    Le chef légendaire du réseau de résistance « Confrérie Notre Dame » nous parle de la Patrie. Excellent livre.

    « Historiquement correct, pour en finir avec le passé unique » - Ed. Perrin, 2003, de Jean SEVILLIA

    Rétablir la vérité historique face aux manipulations et aux mensonges dont pullule l'histoire officielle. Déjà plus de 80 000 exemplaires en moins d'un an. Indispensable pour redonner à chacun de nous et à nos enfants la fierté d'être Français.

    « Patrie française et Défense nationale » - Ed. Ulysse, 1999, de Roger TEBIB

    Réflexions sur la France, le monde de la Défense et l'armée, par un ancien auditeur de l'IHEDN.

    « L'Art Politique Français » - Ed. C.L.C., 1984, de Jacques Trémolet de Villers

    Les règles éternelles d'une bonne politique française.

    « Les deux Patries » - Ed. Dominique Martin Morin, de Jean de VIGUERIE

    Depuis 1789, il existe officiellement deux Patries en France, celle des droits de l'homme et celle de la terre des pères. Histoire de l'absorption de l'une par l'autre.

    Lois Spalwer  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • [Rennes] Fraternité royaliste pour les plus humbles

    Des militants de la section AFE Rennes et de l’Action Royaliste Rennaise se sont relayés toute la nuit de Noël afin de distribuer une "soupe du Roi". Cette fraternité royaliste met en évidence un soucis d’offrir un Noël même aux plus démunis.

  • La chimie des coups d’état. Les « Printemps arabe » et le putsch de Kiev ont été accomplis grâce aux amphétamines, ces « pilules de l’horreur ».

    Derrière les coupeurs de tête de l’EIIL et ‘’partisans ukrainiens’’ se trouvent les « pilules de l’horreur », la puissante amphétamine Captagon, qui supprime le sentiment de pitié et augmente la résistance physique.

    Le quotidienIl Giornalepublie un article de Gianni Michalessina qui raconte que le premier Captagon fut utilisé au Caire. La « mixture de l’horreur » s’est répandue avec le « printemps arabe » comme l’élixir d’endurance et du renforcement de la révolution, distribuée aux foules prêtes à se sacrifier de Tunis à l’Egypte, de la Lybie à la Syrie.

    L’amphétamine mortelle est devenue un cauchemar pour le Moyen-Orient : dans l’extase les gens égorgent et tuent avec un sourire sur le visage, la tête vide. Les Kurdes témoignent de ce qu’ils ont trouvé ces pilules dans les poches de centaines de combattants liquidés à Kobanî. Les analyses de la bande son effectuées par les services US sur les vidéos où figure Djihadi John, le combattant britannique chargé d’exécuter les otages, indiquent que le bourreau agit sous l’effet d’amphétamines.

    1418242786_706f8d62f64d09620cce207ac2036e61Les premiers récits sur l’utilisation de cette substance proviennent des manifestants tombés aux mains de la police en 2011. Beaucoup d’entre eux reconnaissent avoir reçu des organisateurs ces pilules extraordinaires qui donnent « courage et force ». Les livraisons se faisaient alors aux Frères Musulmans depuis Dubaï et le Qatar.

    Les premières analyses chimiques furent effectuées par les Carabiniers italiens. Lorsqu’ils se rendirent en Libye en 2013, pour tenter de transformer les groupes de combattants en une armée régulière, et sur la base d’analyses de sang, ils comprirent qu’au moins 30% des candidats étaient dépendants aux drogues.

    Aujourd’hui le Captagon transforme le fanatisme des combattants de l’EIIL en férocité animale. Ces pilules, produites désormais dans les territoires qu’ils contrôlent, sont devenues un véritable carburant pour mener guerre et terreur, conclut l’auteur de cet article.

    Toutes les preuves montrent que ce ne sont pas les sourates du Coran mais bien les amphétamines qui occasionnent ces actes criminels, et également la façon dont ces drogues sont arrivées au Qatar et à Dubaï. Les idéologues de leur utilisation sont les oligarques sionistes qui contrôlent les pays occidentaux, et leurs satellites orientaux de l’Europe.

    Mis en production par l’OTAN en 2011 dans les laboratoires bulgares, le Captagon est désormais produit dans tout le Moyen-Orient, en particulier en Syrie. Début avril 2014, l’armée arabe syrienne a intercepté un véhicule empli de tablettes de Captagon et de composants équivalents à une tonne de Captagon (phenidate hydrochloride), l’amphétamine qui provoque l’euphorie et réduit la douleur. Mélangé à d’autres substances, telle que le haschisch, il représente ‘’l’alimentation de base’’ des djihadistes, qui perdent la sensation de leur douleur, de celle des autres, et leur font commettre des horreurs « en rigolant ».

    En février 2014, dans l’article intitulé « préparations psychotropes comme instrument de manipulation de la conscience des foules en général, et celle du Maïdan en particulier », nous avons passé en revue l’utilisation des psychotropes artificiels dans les guerres ; mais nous avions souligné comment le boxeur Klishko-Etinson acheminait au Maïdan, sous l’étiquette d’additifs sportifs, les psychotropes de combat de l’armée américaine qui font partie de la trousse de secours des unités spéciales.

    1418242713_3Ces substances sont des drogues qui non seulement augmentent la confiance en soi, mais réduisent les besoins de repos et de sommeil. A plus hautes doses elles provoquent une intense excitation psychique, dont l’effet peut être prolongé jusqu’à trois jours pleins. De l’utilisation prolongée surviennent des psychoses, qui souvent s’accompagnent de délires et hallucinations, dont découle un niveau extrême d’agression (ce que nous observons jusqu’à présent dans l’Ukraine occupée).

    Nous avions écrit alors que les « combattants du Maïdan » recevaient de l’étranger non seulement de l’argent, mais de la drogue, qui par ailleurs se vendait librement et bon marché sur l’euromaïdan.

    En avril 2014, en qualité de maire de Kiev, V . Bondarenko, a reconnu que dans la mairie occupée pendant l’euromaïdan il y avait un atelier de fabrication de drogue. C’est ainsi que ces substances étaient massivement distribuées aux tueurs d’Odessa le 2 mai.

    Le matériau nécessaire à la fabrication de Captagon fut livré en quantité industrielle, entre autres, le 11 mai, lorsqu’à l’aéroport de Kiev, où dans le plus grand secret, est arrivé un vol dont on déchargea des volumes entiers de chimie, et des emballages avec des pilules d’amphétamines. Ce vol était accompagné d’un collaborateur de la CIA, Richard Michael, et de 70 mercenaires d’une compagnie privée polonaise. Sur ordre des services ukrainiens de sécurité, les mercenaires, le convoi et son contenu chimique n’ont pas fait l’objet de vérifications, et ont quitté les bâtiments de l’aéroport dans des véhicules aux vitres teintées. Ensuite il y eut encore des livraisons, jusqu’à ce que la production soit implantée sur le territoire ukrainien.

    Aujourd’hui, sous l’effet de ces drogues, les forces armées de ce que fut l’Ukraine avec les mercenaires sous l’autorité du régime des oligarques sionistes autochtones, et leurs complices étrangers, accomplissent un véritable génocide des Russes de Novorossia.

    Traduit par Mufasa pour Réseau International

    Source http://reseauinternational.net/la-chimie-des-coups-detat-les-printemps-arabe-et-le-putsch-de-kiev-ont-ete-accomplis-grace-aux-amphetamines-ces-pilules-de-lhorreur/

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Grande manifestation des travailleurs indépendants le 12 janvier 2015

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    Les entrepreneurs et travailleurs indépendants de différentes associations, réunies autour de l’association Sauvons Nos Entreprises, organisent le 12 Janvier 2015 un grand rassemblement à Paris pour protester contre la bureaucratie, le RSI, les folies administratives et la pression fiscale qui asphyxient leurs entreprises.

    La Dissidence Française apporte officiellement son soutien à ce rassemblement, qui se tiendra :

    Le 12 Janvier 2015, à 14H

    Jardin du Luxembourg (Sénat), 15 rue de Vaugirard, Paris 75006

    http://la-dissidence.org/2014/12/23/manifestation-des-independants-le-12-janvier-2015/

  • Deux poids, deux mesures

    Voici quelques exemples récents de deux poids deux mesures...

    Michel Sardou a demandé à certains d’arrêter d’être cons. Plus que de l’être, il faudrait arrêter de nous prendre pour des cons. Voici quelques exemples récents de deux poids deux mesures qui renforcent ces propos.

    Le maire Front national d’Hayange (Moselle), Fabien Engelmann, a été condamné, vendredi 19 décembre, par le tribunal administratif de Strasbourg à un an d’inéligibilité pour des irrégularités dans ses comptes de campagne. Jusque-là, rien à redire, toute malversation doit être sanctionnée. Plus incompréhensible est l’attendu du tribunal qui a estimé que l’intéressé avait « commis un manquement d’une particulière gravité aux règles relatives au financement des campagnes électorales », ceci pour le chiffre exorbitant de 1.575 €. Oui, vous avez bien lu : le jeune maire a omis d’intégrer à ses comptes de campagne, s’élevant à 12.000 €, cette somme pharaonique. Vu le jugement, si j’étais parlementaire, je serrerais les fesses ! Cette somme est à rapprocher de celle de M. Marcel Dassault. Lui, ce n’est pas un millier et demi d’euros qu’il a escamotés, c’est 53 millions d’euros versés en liquide au maire de Corbeil-Essonnes pour acheter des votes, dixit un comptable suisse. Soit près de 34.000 fois le montant imputé à Engelmann. Pourtant, après sa mise en examen, il aura fallu attendre plus d’un an et trois décisions du bureau du Sénat pour voir lever l’immunité parlementaire du Marcel.

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  • Au bord de la guerre et de l’effondrement économique

    Paul Craig Roberts, homme politique américain, économiste et journaliste, sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan, se livre ici à un violent réquisitoire contre les néoconservateurs étatsuniens qu’il dénonce comme très influents sous le régime Obama. Polémia

    « Toute l’humanité est menacée par une poignée d’hommes et de femmes mal installés à des postes de pouvoir à Washington »… « De toute évidence, la formule néoconservatrice est une formule pour la guerre finale. »

    Au cas où un de mes lecteurs me demanderait si je peux leur donner quelques bonnes nouvelles. La réponse est : pas si je dois vous mentir comme le font «votre» gouvernement et les médias traditionnels. Si vous voulez de fausses « bonnes nouvelles » vous avez besoin de retourner dans la matrice. En échange de moins de stress et d’inquiétude, vous serez conduits inconsciemment vers la ruine financière et l’Armageddon nucléaire. Si vous souhaitez être prévenus, et peut-être préparés à ce que «votre» gouvernement vous apporte, et avoir une quelconque petite chance de réorienter le cours des événements, lisez et soutenez ce site. C’est votre site. Je connais déjà ces choses. J’écris pour vous.


    Les néoconservateurs, un petit groupe de fauteurs de guerre fortement alliés avec le complexe militaro-industriel et Israël, nous a donné l’invasion de la Grenade (1) et les Contras dans l’affaire du Nicaragua (2). Le Président Reagan les a congédiés, et ils ont été poursuivis mais par la suite graciés par le successeur de Reagan, George Bush.

    Installés dans les think-tanks et protégés par l’argent israélien et le complexe militaire/sécurité, les néoconservateurs ont resurgi sous l’administration Clinton et ont conçu l’éclatement de la Yougoslavie, la guerre contre la Serbie et l’expansion de l’OTAN aux frontières de la Russie.

    Les néoconservateurs ont dominé le régime George W. Bush. Ils ont contrôlé le Pentagone, le Conseil National de Sécurité, le Bureau du Vice-Président, et bien d’autres choses. Les néoconservateurs nous ont donné le 11 Septembre et son camouflage, les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak, le début de la déstabilisation du Pakistan et du Yémen, l’AFRICOM, l’invasion de l’Ossétie du Sud par la Géorgie, la disparition du Traité ABM, l’espionnage inconstitutionnel et illégal des citoyens américains sans mandat judiciaire, la perte des protections constitutionnelles, la torture et les manquements du pouvoir exécutif vis à vis de la loi, du Congrès et du pouvoir judiciaire. En bref, les néoconservateurs ont jeté les bases pour la dictature et pour 3ème Guerre Mondiale.

    Le régime Obama n’a tenu responsable de crimes aucune personne du régime Bush, créant ainsi un précédent qui met le pouvoir exécutif au-dessus de la loi. Au lieu de cela, le régime Obama poursuit les dénonciateurs qui disent la vérité sur les crimes du gouvernement.

    Les néoconservateurs restent très influents sous le régime Obama. A titre d’exemples, Obama a nommé la néoconservatrice Susan Rice comme conseillère en sécurité nationale. Obama a nommé la néoconservatrice Samantha Power comme ambassadrice américaine aux Nations Unies. Obama a nommé la néoconservatrice, Victoria Nuland, en tant que Secrétaire d’Etat adjoint. Le bureau de Nuland, en collaboration avec la CIA et les ONG financées par Washington, a organisé le coup d’Etat des USA en Ukraine.

    Le néoconservatisme est la seule idéologie politique existante. C’est l’idéologie America über alles. Les néoconservateurs croient que l’Histoire a choisi les Etats-Unis pour exercer leur hégémonie sur le monde, ce qui rend leur pays «exceptionnel» et «indispensable». Obama lui-même l’a tout autant déclaré. Cette idéologie donne aux néoconservateurs une énorme confiance, tout comme la conclusion de Karl Marx disant que l’Histoire avait choisi les travailleurs pour être la classe dirigeante, avait donné confiance aux communistes des premières heures.

    Cette confiance en eux-mêmes rend les néoconservateurs téméraires.

    Pour faire avancer leur agenda, les néoconservateurs usent de propagande sur les populations des États-Unis et des états vassaux de Washington. Les « presse-titués » livrent les mensonges des néoconservateurs au public crédule: la Russie a envahi et annexé les provinces ukrainiennes; Poutine a l’intention de reconstituer l’empire soviétique; la Russie est un état de gangsters sans démocratie; la Russie est une menace pour les pays baltes ; la Pologne et toute l’Europe nécessitent un renforcement militaire US/OTAN sur les frontières avec la Russie; la Chine, un allié russe, doit être militairement contenue par de nouvelles bases navales et aériennes américaines autour de ses frontières et par des contrôles de ses voies maritimes.

    Les néoconservateurs et le président Obama ont rendu tout à fait clair que les Etats-Unis n’acceptent pas la Russie et la Chine comme pays souverains avec des politiques économiques et étrangères indépendantes des intérêts de Washington. La Russie et la Chine ne sont acceptables qu’en tant qu’états vassaux, comme le Royaume-Uni, l’Europe, le Japon, le Canada et l’Australie.

    De toute évidence, la formule néoconservatrice est une formule pour la guerre finale.

    Toute l’humanité est menacée par une poignée d’hommes et de femmes mal installés à des postes de pouvoir à Washington.

    La propagande anti-Russie est passée à la vitesse supérieure. Poutine est le « nouvel Hitler ». Daniel Zubov rend compte d’une conférence conjointe tenue par trois think-tanks américains. Cette conférence a accusé la Russie des échecs de la politique étrangère de Washington.

    Lisez cet article pour voir comment fonctionnent les néoconservateurs pour contrôler les explications. Même Henry Kissinger est attaqué pour avoir dit la vérité évidente que la Russie a un intérêt légitime en Ukraine, une partie des terres longeant la Russie sont situées dans la sphère légitime d’influence russe.

    Depuis le régime Clinton, Washington a agi contre les intérêts russes. Dans son livre à paraître,  Mondialisation de la guerre: la longue guerre de l’Amérique contre l’humanité le professeur Michel Chossudovsky présente une évaluation réaliste du niveau de proximité jusqu’auquel Washington a amené le monde vers sa disparition dans une guerre nucléaire. Ce passage est tiré de la préface :

    « La ” Mondialisation de la guerre ” est un projet hégémonique. Des opérations militaires et de renseignement majeures et secrètes sont en cours simultanément au Moyen-Orient, en Europe de l’Est, en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et dans l’Extrême-Orient. L’agenda militaire américain combine à la fois des théâtres d’opérations majeurs et des actions secrètes orientées vers les États souverains déstabilisateurs .

    En vertu d’un agenda militaire mondial, les actions entreprises par l’Alliance militaire occidentale (US-OTAN-Israël) en Afghanistan, au Pakistan, en Palestine, en Ukraine, en Syrie et en Irak sont coordonnées aux plus hauts niveaux de la hiérarchie militaire. Nous ne fonctionnons pas en opérations militaires et de renseignement désordonnées. En Juillet-Août 2014 l’attaque sur Gaza par les forces israéliennes a été menée en étroite consultation avec les États-Unis et l’OTAN. A leur tour, les actions en Ukraine et leur calendrier coïncidaient avec le déferlement d’attaque sur Gaza.

    Aussi les entreprises militaires sont étroitement coordonnées avec un processus de guerre économique qui consiste non seulement à imposer des sanctions sur les pays souverains mais aussi dans des actes délibérés de déstabilisation des marchés financiers et monétaires en vue de saper les économies nationales des ennemis.

    Les Etats-Unis et leurs alliés ont lancé une aventure militaire qui menace l’avenir de l’humanité. Au moment où nous mettons sous presse, les forces des États-Unis et de l’OTAN ont été déployées en Europe orientale. En vertu d’un mandat humanitaire une intervention de l’armée américaine se déroule en Afrique subsaharienne. Les États-Unis et ses alliés menacent la Chine avec le «Pivot vers l’Asie» du Président Obama.

    Par ailleurs des manœuvres militaires sont menées aux portes de la Russie, lesquelles pourraient conduire à une escalade.

    Les frappes aériennes américaines engagées en Septembre 2014 et dirigées contre l’Irak et la Syrie sous le prétexte de s’en prendre à l’État Islamique sont parties d’un scénario d’escalade militaire s’étendant de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée orientale à l’Asie centrale et du Sud. L’alliance militaire occidentale est dans un état de préparation avancé ».

    « Et ainsi soit la Russie »

    Comme je l’ai souvent remarqué, les Américains sont un peuple insouciant. Ils ne sont tout simplement pas au courant. Supposons qu’ils soient au courant, supposons que toute la population ait compris le danger, quelque chose pourrait-il être fait, ou les Américains insouciants sont-ils tombés sous le contrôle de la police d’état que Washington a créé ?

    Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’espoir dans le peuple américain. Le peuple américain ne peut pas dissocier un leader véritable d’un factice, et les élites dirigeantes privées ne permettront pas à de vrais leaders d’émerger. En outre, il n’y a aucun mouvement organisé en opposition avec les néoconservateurs.

    L’espoir vient de l’extérieur du système politique. L’espoir est que le château de cartes ainsi que les marchés truqués érigés par les décideurs politiques pour le bénéfice du 1% s’effondrent. David Stockman considère ce résultat comme très probable. L’effondrement que Stockman voit arriver est le même effondrement que j’avais signalé. En outre, le nombre de cygnes noirs (3) qui peuvent produire l’effondrement sont quand même plus nombreux que ce que Stockman identifie correctement. Certains organismes financiers s’inquiètent d’un manque de liquidité dans le revenu fixe (obligations) et sur le marché des produits dérivés. Barbara Novack, co-présidente de Black Rock, exerce un fort lobbying pour un mécanisme de sauvetage des produits dérivés.

    L’article de David Stockman est important. Lisez-le jusqu’à ce que vous compreniez, et vous en saurez plus que la plupart de tout le monde :

    http://www.lewrockwell.com/…/david…/duck-and-cover%E2%80%A8/

    Beaucoup vont se demander : si la richesse du 1% est vulnérable à l’effondrement économique, la guerre va-t-elle être lancée pour protéger cette richesse et va-t-on reprocher aux Russes ou aux Chinois les difficultés qui submergent la population américaine ? Ma réponse est que le type d’effondrement que j’attends, et que David Stockman et sans doute d’autres attendent, présente le gouvernement dans une telle instabilité sociale, politique et économique que l’organisation d’une grande guerre devienne impossible.

    Alors que l’impuissance politique du peuple américain et que la vassalité du monde occidental n’impose aucune contrainte sur Washington, l’effondrement économique entraîne des révolutions et la disparition de l’ordre existant.

    Et aussi difficile serait-il pour les gens de survivre à l’effondrement, les chances de survie restent plus élevées que dans le cas d’une guerre nucléaire.

    Paul Craig Roberts, 13/12/2014

    Notes :

    (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_la_Grenade
    (2) Contrats Nicaragua
    (3) référence à la « théorie du cygne noir » désignant un événement imprévisible qui a une faible probabilité de se produire

    Traduction : Rochelle Cohen

    Source : Paul Craig Roberts – Institute for Political Economy (version originale en anlais)
    Agence Info Libre (version en français)

    http://www.polemia.com/au-bord-de-la-guerre-et-de-leffondrement-economique/

  • PS et UMP : Père Noël, offrez-leur des militants par milliers !

    Sarkozy veulent gonfler le nombre de militants de leurs partis en vue de la présidentielle 2017.

    France Inter : C'est Noël ce matin, et vous savez ce que Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadélis ont commandé ?

    Charlotte Chaffanjon : Oui ! Les patrons de l'UMP et du PS ont demandé au père Noël des militants par milliers. Je n'exagère pas, ils ont demandé 500 000 militants chacun pour leurs partis ! Alors deux solutions : soit, il s'agit plus d'un rêve un peu délirant que d'une commande au père Noël. Soit, ils ont écouté le petit conseil de François Hollande.

    Mi-décembre, Le Petit Journal de Canal+ capte une scène dans laquelle le président plaisante et affirme avoir envoyé une lettre au père Noël. "On ne sait pas exactement ce que l'on va recevoir, explique-t-il alors. Mais on doit toujours formuler une espérance, un voeu. Que la France puisse vivre mieux, aller mieux, et que les Français puissent se sentir plus en confiance avec eux-mêmes. C'est le plus beau cadeau que puisse nous faire le père Noël."

    "Toujours formuler un voeu", voilà, c'est ce qu'ont fait Sarkozy et Cambadélis. Le président de l'UMP insiste même en disant que c'est "une armée de militants" qu'il veut. Cambadélis, pour le PS, tente de se convaincre en se répétant que "c'est faisable." Précisons que dans un élan de lucidité, ils ne réclament ni l'un ni l'autre leurs militants pour tout de suite, mais pour 2017 seulement. L'année de la prochaine présidentielle, c'est toujours mieux d'avoir des militants pour une campagne. Et puis ce n'est pas plus mal, parce que les militants, ça ne se trouve pas comme ça, en claquant des doigts, surtout en ce moment.

    C'est si irréaliste que cela ?

    C'est très difficile de savoir combien de militants exactement sont à jour de cotisations dans un parti. Les vrais chiffres sont un secret bien gardé. Mais on estime qu'aujourd'hui il y a environ 60 000 militants socialistes à jour de cotisation et un peu moins de 200 000 militants à l'UMP. Au PS, depuis 2007 et la campagne de Ségolène Royal - qui avait connu un pic d'adhésion, grâce aux fameux adhérents à 20 euros - le nombre d'adhérents ne fait que chuter. À l'UMP la courbe est moins constante, ça monte et ça baisse, mais enfin globalement, ce n'est pas génial non plus.

    Comment comptent-ils s'y prendre ?

    Au PS, ils veulent faciliter la procédure d'adhésion, créer des espaces adhérents personnalisés sur le Web pour les militants, et d'une manière générale mieux communiquer, mieux former leurs militants, plus les impliquer dans les actions du parti. Sarkozy, lui, il veut faire de l'UMP "le métro à 18 heures", c'est lui qui le dit. Fidèle à lui-même, il veut faire jouer le mérite. Chaque fédération UMP aura un objectif à remplir en termes de recrutement de militants. Le problème, c'est que si les Français fuient les partis politiques, c'est avant tout parce qu'ils ne savent plus très bien à quoi ils servent, et pour l'instant ni Sarkozy ni Cambadélis n'ont encore clairement répondu à cette question.

    Charlotte Chaffanjon

    Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuEAVppAuloWkkDcjJ.shtml

  • Benjamin, Heidegger et la naissance de la modernité Raison, Habitat, Expérience

    "Tout est rappelé du passé, ce qui est à venir, qu'il soit attendu comme sempiternel" (Nietzsche).

    Maurice de Gandillac rapporte qu'au XIIème siècle, les moines de Saint-Victor louent les marchands qui "explorent des rivages nouveaux", font connaitre de nouveaux  produits et "rendent commun ce qui était privé" (1). Un siècle après, le franciscain Duns Scot justifie les bénéfices des négociants par leur rôle d'intermédiaire. Là se situe selon M. de Gandillac "l'essentielle coupure de la véritable modernité". Une double idée s'insinue: la société doit "progresser", l'aptitude à cette progression n'est pas générale. Il y aura ce qu'Augustin appelait des "damnés": les laissés pour compte du progrès. Cette idée de progression sélective est une des sources de la modernité.

    L'autre est la soif de connaissance. Au 15ème siècle, Nicolas de Cues rêve de mesurer l'ensemble du réel, y compris les propriétés physiques et physiologiques de l'homme. Aux catégories de l'être et de l'existant, il substitue en somme celle de l'existible, la catégorie de tout ce qui peut, potentiellement, exister. Pour autant que l'utilité en soit démontrable.  Dans le même temps, le mode d'apparaitre du monde devient identique à celui de Dieu, c'est-à-dire que l'univers apparait sans centre ni circonférence. Autrement dit, les conditions de la naissance de la subjectivité se mettent en place.

    Selon Alain Touraine (2), cette dualité de la rationalisation et la subjectivisation est la définition même de la modernité. La modernité aurait assigné des tâches à deux "sujets": la raison et la conscience. La tâche de la première serait de comprendre le monde, celle de la seconde d'"humaniser l'homme". Le dérapage se serait produit au moment de la philosophie des Lumières qui aurait détruit ce dualisme "par orgueil" (en quelque sorte le pendant de la thèse de Furet sur le dérapage de la Révolution française entre 1789 - la "bonne" révolution - et 1793 - la "mauvaise").  D'où l'inclination de Touraine pour l'humanisme chrétien optimiste (selon lui Erasme, Marsile Ficin, ...) qu'il oppose à l'augustinisme pessimiste. D'où aussi son désaccord avec Louis Dumont situant plus en amont l'irréversibilité du mouvement conduisant à l'individualisme moderne. Reste l'accord sur la présence, aux sources de la modernité (c'est-à-dire de ce en quoi notre temps nous est propre), de la soif de connaissance, de l'utilisation de l'outil de la raison, de la recherche de la mesure, d'une forme nouvelle de la subjectivité individuelle et collective.

    La valeur nouvelle de la notion de certitude marque la naissance de la modernité. C'est le signe des temps modernes. Heidegger s'y réfère dans l'interrogation suivante: "Mais qu'est-ce qui est plus étant, c'est-à-dire, d'après la pensée des Temps modernes, plus certain que la mort ?" (3). Or, la notion de certitude apparait avoir des affinités particulièrement fortes avec celles de raison et de sûreté. Sous deux aspects. D'une part, de ce qui est certain, on est sûr. Et ce qui est sûr (en lieu sûr) est sauf (sauvé). D'autre part, on n'est certain que de ce que l'on connait. Or, le principe de toute connaissance est la raison.  

    Selon Heidegger, le principe de raison est le fond du fond, la raison de tous les principes et donc "la raison de la raison".  Etymologiquement, la "raison", c'est le "fond" (Grund), et aussi le "sol", l'"humus". Grund désigne le fond vers lequel nous descendons et auquel nous revenons, pour autant que le fond est ce sur quoi une chose repose, à quoi elle tient, d'où elle s'ensuit (4). Hegel distinguait le fond d'une chose et ce sur quoi elle repose.  Si Heidegger semble ici user d'un des sens seulement du mot "fond", le second, ce n'est qu'apparence. Ces deux notions sont liées: pour aller "au fond des choses", il faut voir ce sur quoi elles reposent. Ainsi, on ne connait les choses que compte tenu de leur fondement. Le sens du terme "compte tenu" est clair: la raison (Grund) est aussi ratio.  Elle est le compte de ce que l'on donne, et donc aussi de ce qu'il nous reste. Conclusion: la raison comme "compte", "calcul" suppose un jeu à somme nulle. Ce que je n'ai plus est à quelqu'un d'autre. Dit autrement: la raison suppose un monde fini (5).

    Mouvement de quête, de recherche du fond, la raison ne se conçoit pas sans l'autonomie de la volonté. Il n'y a de raison que dans l'agir. "C'est la philosophie moderne (...), de Leibniz à Nietzsche, qui met en route la méditation de l'être comme agir, jusqu'à sa détermination ultime comme volonté de puissance", écrit Jean Beaufret (6).

    De son coté, Husserl, s'interrogeant sur l'origine de la philosophie, la définit comme source de la raison. Or, on peut le considérer comme étant l'illustration fondatrice d'un néo-kantisme que Michel Clouscard situe justement "à l'origine de l'épistémologie de notre période culturelle" (7), et qui pose le principe d'identité de l'objet et du sujet de la connaissance. Kant voyait dans la révélation chrétienne l'auxilliaire de la raison. Husserl se rattache à ce point de vue quand il écrit, en 1935: "La vie de l'homme n'est autre chose qu'un chemin vers Dieu". Cette position fut aussi celle de Max Scheler. En somme, la philosophie serait née de Dieu et consisterait  à y retourner. De là, l'importance de la généalogie.

    Evidemment, la difficulté commence quand on constate que la pratique de celle-ci n'est pas unique. Dans l'approche d'Alain, l'esprit apparait "développement de l'idée réelle". Dans celle  d'Hegel, "l'histoire de l'esprit est son acte", et le sens de l'acte est d'atteindre à la perfection et à l'universalité (8). Dans cette perspective, l'histoire de l'esprit, comme le notait justement Althusser, est  "processus sans sujet (...). C'est le procès lui-même qui est sujet".  Quand Husserl, pour sa part, définit le travail philosophique comme remontée aux sources de la raison (d'accord ici avec Dilthey), il en appelle à une méthode généalogique illustrée par Nietzsche. La remontée aux sources est en effet la méthode même de la généalogie. Mais celle-ci, plus que la simple génèse, comporte, dit Jean Beaufret, "une herméneutique plus essentielle". Elle s'occupe de ce qui, malgrè l'enchaînement des étapes, confère au produit le plus récent, donc le plus loin de l'origine, une étonnante proximité, néanmoins, de cette origine.  Or, la génèse existentiale chez Husserl comme chez Heidegger consiste en un questionnement sur ce dont le phénomène en tant que tel est porteur.  Dans cette optique, la généalogie ne peut être reconstitution de ce qui est déjà en germe, ni simple remontée à l'origine. Et c'est précisement en celà, grâce à cet écart par rapport à l'origine, que cette perspective permet l'historicité.

    Si cet écart par rapport à l'origine se maintient jusque dans la quête de celle-ci, c'est dire que le primitif n'est pas l'originel.  La pensée grecque comme mâtrice, ce que Jean Beaufret appelle "la percée radieuse du monde grec" est héritière d'un "avant" encore dérobé. Peut-être parce que, comme dit Hölderlin, la pudeur, c'est ce qui "retient d'aller jusqu'à la source". De ce fait, le propos de la démarche généalogique n'est pas de s'engager dans le retour à un "monde de la vie" originel. Plutôt faut-il être à l'écoute de la parole reçue par les grecs, et par eux transmise - parole qui n'est donc pas originelle. Encore est-il besoin de s'entendre sur les conditions de la transmission - le temps, et sur la nature de l'acte d'écoute  - à savoir l'intention, et en somme sur la nature du "Je" et de la personne. 

    Kant aperçoit bien le rôle constitutif du temps dans la constitution du "Je", mais il en conclut que cela atteste de la séparation du monde de l'être et du monde de la pensée. Le temps est ainsi conçu comme une limitation de l'être qui l'empécherait d'atteindre la complétude du monde de la pensée. Résumant Kant,  Pierre Trotignon écrit: "Marque de ma finitude, le temps est encore conçu comme une diminution d'être, comme une impossibilité pour notre existence d'être cet entendement intuitif à qui l'être se révélerait adéquatement"(9).

    Le point de vue de Martin Heidegger sur la question du Je est fort différent.  Il parait bien compris par Georges Steiner qui écrit: "Ce n'est pas sous le rapport du "Je suis" que nous saisissons la nature de l'être avec le plus de facilité et d'assurance (Heidegger se sépare ici fondamentalement de l'"égoisme" de Descartes et de la fusion du sujet et de l'objet chez Kant et Fichte). Ni en fonction du "tu es" (comme le voudraient certaines écoles modernes de phénoménologie dialectique)." Heidegger voit dans le temps une forme de l'intention qui permet le dévoilement de l'être, sans donner accès "à la totalité et à l'unité des êtres" (10). En d'autres termes, le temps est un chemin, ce qui ouvre une toute  autre perspective que celle de Kant. Mais Heidegger dit aussi:"Tout est chemin". Ce qui est  sans doute dire qu'il n'y a pas de but. Et définit une position nettement distincte de celle de Husserl.

    Dieu n'est plus alors, comme dans la vision de l'humanisme chrétien, le couronnement de la Création - la plus haute des "valeurs" - ce qu'Heidegger interprète comme une "dégradation de l'essence de Dieu" (Lettre sur l'humanisme). Dieu est alors, toujours dans la vision heideggerienne, au fond de toute chose. Ainsi que Goethe l'exprime poétiquement:

    "Si l'oeil n'était pas parent du soleil, comment pourrions-nous voir la lumière, si la force de Dieu ne vivait pas elle-même en nous, comment serions nous transportés par les choses divines ?"

    De son coté, Max Scheler émet sur la question du "Je" et sur celle de "l'intention" deux propositions. L'une est que "l'idée de personne n'a rien à voir avec les idées de Je". L'autre est que "ce qui appartient à l'essence de la personne, c'est de n'exister et de ne vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Le problème, c'est que ces deux propositions sont rigoureusement incompatibles. Il est en effet exact que la personne se définit par l'articulation entre une fonction adaptatrice et une fonction de ressourcement, entre une identité "idem" (celle du caractère) et une identité "ipsé" (celle de l'être), cette dernière jouant une fonction de réserve. Il est ainsi vrai que le "Je" devient personne, c'est-à-dire être-dans-le-monde en faisant apparaître au jour sa part la moins authentique, la moins personnelle, et de fait la plus banale. Mais, de ce fait même, il n'est pas évident que le propre de l'homme soit de "n'exister et de vivre qu'en effectuant des actes de visée intentionnelles". Tout au contraire peut-on penser que l'intention est une des notions les plus faiblement fondées qui soient, impensable en tout état de cause hors de ce que Bourdieu nomme l'"habitus". Conséquence: la première proposition de M. Scheler sur le "Je" et "la personne" apparait pertinente, mais la seconde fausse et contradictoire. 

    Aussi faut-il resituer ce que peut être l'"écoute", une écoute non purement intentionnelle. L'écoute est d'abord écoute de la parole, et elle est aussi écoute qui recueille. D'où une double question: la parole et le recueil de la parole (en d'autres termes l'intérieur).

    Heidegger définit la parole comme n'étant pas un discours (rationnel), mais un dire qui signifie. Aussi l'écoute de la parole n'est-elle ni immédiate, ni totale. Il y a écart entre le dit et le reçu. "Le signe est éternellement veuf du signifié", dit encore Gilbert Durand (11).

    Le deuxième aspect soulevé est la question du recueil de la parole. Dans un texte intitulé Intérieur et expérience. Notes sur Loos, Roth et Wittgenstein (12), Massimo Cacciari pose la question: y a-t-il un espace du recueillement, et à quelles conditions ?  Et il pose cette question très concrètement à partir de l'architecture et de l'urbanisme moderne. En effet, le projet tant des intérieurs "kitsch" ("mauvais gout" en yiddish) que de l'immeuble moderne qui les contient est "la pure visibilité". Or, ce qui est visible n'est pas forcément habitable. Un premier effet de la visibilité est de transformer la chose en monnaie, en objet "aliénable et manipulable", écrit Cacciari. Dans le cas d'une maison, la visibilité de celle-ci tue sa possibilité d'être un intérieur. L'architecture de verre et d'acier constitue une illustration contemporaine de ce refus du principe même d'intérieur.

    Or, la question de la transparence est tout à fait nodale. Car la volonté de rendre tout transparent postule une équivalence entre l'humain et le logos. "Tout "secret" doit être parlé", résume Cacciari. Or, le verre, et la culture de la transparence - Glaskultur - met à nu l'expérience, et, le cas échéant, la misère de l'expérience. La misère la plus grande se trouve quand l'expérience se situe avant la narration, c'est-à-dire quand la narration n'est plus auto-constitution de l'identité (au sens de Ricoeur), mais simple accumulation de hasards. Alors, l'expérience - celle connue avant la narration - ne peut revenir que comme miracle, chez celui qui a habité le temps d'avant. Une attente de l'extraordinaire qui explique l'attirance des temps modernes pour les eschatologies (quoi de plus extra-ordinaire que le dernier récit ?).

    Pour que le récit ne soit pas ce qui vient après l'expérience, il doit être inscrit dans le temps. Il doit ainsi être de l'ordre du relatif (puisqu'il relate) , et non de l'absolu. Cette inscription dans le temps nécessite que la Parole n'y soit pas l'objet d'une écoute im-médiate, mais au contraire distante. L'inscription dans le temps nécessite ainsi le ressourcement, donc le silence, ou du moins des silences.

    Silence. Que l'homme ne soit ni toujours à l'écoute (le parlé), ni toujours le parlant. Giorgio Agamben précise: "Que l'homme ne soit pas toujours déjà le parlant, qu'il ait été et qu'il soit encore l'"in-fans", c'est cela l'expérience" (13). L'expérience d'avant le récit, cette expérience "frappée de mutisme", est celle qui peut, dans les silences, perdurer dans le recueillement, dans l'attente qui est attention, et qui est aussi ressourcement. Cette expérience d'avant le récit est le non-dicible qui pour cela même donne sa forme (tel un réceptacle) au dicible qu'est le récit. Et le lieu de cette expérience est le silence parce que "le silence est la mémoire de l'enfance" (Cacciari).  Aussi l'illusion en ce domaine serait que l'expérience soit en-deçà de la vie, et le risque l'attente du miracle comme connaissance, et de la parousie ("l'arrivée") comme de ce qui sauve. Plutôt s'accordera-t-on avec René Char qui écrit: "L'éternité n'est guère plus longue que la vie".

    De même que l'expérience perdure si elle s'incrit dans le temps, l'homme est pour autant qu'il s'inscrit dans l'espace, pour autant qu'il est un habitant. Ici encore, l'être précède le faire (précéder, c'est  montrer le chemin); comme l'habiter précède le bâtir. "Bâtir n'est pas seulement un moyen de l'habitation. Bâtir est déjà de lui-même habiter" (14). L'homme habite dans la mesure où il prend soin d'un lieu; il bati parce que sa nature est d'être un habitant. "Wohnen, "demeurer en "est "la structure fondamentale du Dasein" (15). Alors, ce que l'homme bati prend sens. Heidegger prend l'exemple d'un pont. Un pont "rassemble, à sa manière, auprès de lui la terre et le ciel, les divins et les mortels" (16). A ces éléments, - le Quadriparti - le pont accorde une place. "Car, note Heidegger, seul ce qui est lui-même un lieu peut accorder une place". C'est ici le pont qui crée le lieu. Sans pont, pas de lieu. Et si le lieu est tel en tant qu'il est dans l'espace, c'est un espace aménagé, et aussi un espace "ménagé". Son aménagement n'est autre qu'un mode de son paraître. Lieu aménagé - et "à ménager" -  le pont ne met pas seulement "en place" le Quadriparti. Il le garde. L'essence de l'acte de bâtir est ainsi: produire des choses qui soient des lieux, qui mettent en place, -"ménagent" une place-, et tiennent sous leur garde la terre et le ciel, les divins et les mortels. En somme, bâtir est répondre à l'appel du Quadriparti en attente de modes de paraître. Ainsi, bâtir est pro-duire (pro-ducere: mettre en avant), et au plus haut point. Et bâtir est: rassembler ou assembler. Assembler ce qui ne passe pas - le Quadriparti - avec ce qui passe - les oeuvres humaines, ainsi le pont, ou toute autre bâtisse.  Alchimie qui est notre travail.

    Difficulté: faire ce travail aux temps modernes. Le lieu n'existe en effet que par sa perception collective. La compréhension du lieu doit faire l'objet d'un accord. Or, les conditions de celui-ci sont rendus hasardeuses par un phénomène remarqué particulièrement par Georg Simmel: la multiplicité des rythmes dans la ville moderne. La conséquence de ce phénomène est l'obligation de l'exactitude. L'excentricité devient rare, la banalité et le conformisme la règle. Pour autant, cette homogénéisation des comportements  n'aboutit pas à une perception collective des lieux, faute d'un horizon commun. Les conséquences de cet état de fait  sont doubles.

    D'une part, la communauté est ainsi "désoeuvrée" (Jean-Luc Nancy). L'homme est pris dans une "cage intemporelle" (Lewis Mumford),  "sans héritage et sans projet", dit encore Georges Balandier (17). D'autre part, la ville moderne secrète le mimétisme. Le lebenwelt, le vécu du monde s'appauvrit. Comme le note Blanqui, "l'univers se répète sans fin et piaffe sur place". Aussi y a-t-il perte du goût et de l'expérience.

    Pour Walter Benjamin, les questions fondamentales de l'authenticité, du sens du bonheur, de la tradition se posent à partir de l'observation des spécificités de l'âge bourgeois. "Le pouvoir et l'argent, observe Benjamin, sont devenus sous le capitalisme des grandeurs commensurables. Chaque quantité donnée d'argent doit être converti en un pouvoir bien défini, et l'on peut calculer la valeur d'achat de chaque pouvoir" (18). De cette coincidence nouvelle et essentielle entre deux données sociales auparavant disjointes dans leurs principes, il s'ensuit que le sacré diffusé par un pouvoir sublimé s'éclipse au profit de la "beauté" et que celle-ci elle-même devient reproductible et mesurable (19).

    La technique n'est qu'un moyen de la reproductibilité et non la cause de cette recherche de reproductibilité.  "Les composantes de l'authenticité se refusent à toute reproduction, non pas seulement à la reproduction mécanisée" (20). La cause de la recherche de reproductibilité, c'est la volonté de distinction par l'accumulation (d'objets, images, signes, ...). Et  comme  la modernité se caractérise par la construction d'images du monde (Heidegger), la profusion des images au moyen de leur reproductibilité alimente le règne de la marchandise. "Là où il n'y a pas les dieux règnent les spectres", écrit Novalis (21).

    Mais la volonté de distinction n'est qu'un produit de l'individualisme et de l'invention de la volonté comme attribut individuel. J-F Lyotard (qui fait remonter l'invention de la volonté à Augustin), écrit: "Tout ce que Benjamin décrit comme "perte d'aura", esthétique du "choc", destruction du goût et de l'expérience, est l'effet de ce vouloir peu soucieux des règles. Les traditions, les statuts, les objets et les sites chargés du passé individuel et collectif, les légitimités reçues, les images du monde et de l'homme venues du classicisme, même quand ils sont conservés, le sont comme moyens pour la fin, qui est la gloire de la volonté" (22). Les grands mouvements sismiques de la sensibilité, et les structurations sur la longue période de la psychologie des peuples sont remplacés par le règne du nouveau - la néophilie. "'Plus de vagues, plutôt des vogues", disait Félix Guattari.

    Trés logiquement, l'invention de la volonté précède de peu l'invention de l'autonomie de l'économie (23). A partir du moment où la personne apparait "pour-soi" (Hegel), c'est-à-dire comme l'unité conflictuelle d'un Je (moi-sujet) et d'un Moi (moi-objet), la volonté s'institue - et s'insinue - comme le moyen d'être au monde. Les biens deviennent alors autant d'indispensables "miroirs du moi".

    De là, est inévitable l'invention de l'économie comme sphère autonome des activités humaines, consacrée à la fabrication de ces biens. L'essor de la technique accompagnant l'autonomie de l'économie, le règne de la marchandise advient, qui brise la perception collective du monde de la vie, et réduit - tendanciellement - ce dernier à une collection d'objets. Le "choc" du nouveau remplace l'acquisition de l'expérience. Or, il n'y a pas, remarque Benjamin, de bonheur sans expérience - et sans expérience collective. Et la tradition est l'éternel retour de cette expérience. "L'expérience du bonheur, dit Jürgen Habermas de Benjamin, qu'il appelle illumination profane, est liée à la préservation de la tradition".

    La notion de tradition dans la pensée de Benjamin occupe une place comparable à celle de l'être chez Heidegger. Dans les deux cas l'idée d'un abîme joue un rôle essentiel. Cet abime se définit "par la séparation qui règne entre deux mondes, dont l'un des deux seulement est en toute rigueur celui de l'être"(24). Le point de vue heideggerien est que cette séparation nait avec Socrate et Platon, et se creuse avec ce que Beaufret nomme le "déclin même de la philosophie ou, si l'on veut, son virage stoïcien" (id.). L'opinion de Benjamin ne semble pas éloignée. Pour lui, la tradition remplit le rôle de réserve d'authenticité de l'être, même si, pas plus que chez Heidegger, on ne trouve chez lui de définition tranchée de l'authentique et de l'inauthentique. Ainsi, avec la mort de la tradition se perd la capacité de connaitre ce que Benjamin appelle le bonheur et qui est sans doute un autre nom de l'allégresse définie comme "la coincidence du désir et du réel" (Clément Rosset).

    La modernité a commencé avec Faust. Elle finit avec ce que Forget et Polycarpe appellent l'homme-machinal. Ce qui ne parait pas très éloigné de l'homme réifié de Marx. Au 19ème siècle, l'idéal des temps est, note alors Stendhal, la capacité métamorphique: le bal le soir, la guerre le lendemain. (Bonaparte en fut une illustration étonnante: les soirées de la campagne d'Italie de 1796-97 étaient consacrées aux lettres à Joséphine et aux plans d'opérations militaires contre l'Autriche). Mais une fois détruit l'ancien ordre des choses (25), les temps modernes sont ceux du mimétisme et de l'alignement. La civilisation dont l'idéal est la mise au travail aboutit au chômage de l'être. Vient alors le stade de l'ahurissement de l'homme.

    Pour le flaneur, fasciné par le marché,  ayant "peur de s'arrêter" (Maxime Du Camp), la ville comme la femme apparaissent sous l'aspect d'un labyrinthe, "la patrie de celui qui hésite". "Le labyrinthe, écrit Benjamin, est le bon chemin pour celui qui arrive bien assez tôt au but. Ce but est le marché". Et encore: "Le chemin de celui qui appréhende de parvenir au but dessinera facilement un labyrinthe. Ainsi fait la pulsion sexuelle dans les épisodes qui précèdent sa libération" (26).

    Benjamin n'est pas seulement un remarquable décripteur de la modernité. Très lucide quant à la profondeur des racines de l'ordre bourgeois, il inscrit ses recherches dans une conception novatrice du temps historique (surtout par rapport à une certaine culture marxiste): "Chasser toute évolution de l'image de l'histoire et présenter le devenir comme une constellation au sein de l'être grâce à un déchirement dialectique entre la sensation et la tradition; telle est aussi la tendance de ce travail" (27). Brecht, peu complaisant pour Benjamin, notait de son coté dans son Journal de travail (Août 1941): "Benjamin s'oppose à la conception de l'histoire comme déroulement linéaire, du progrès comme entreprise énergique menée à tête reposée, du travail comme source de moralité, de la classe ouvrière comme la protégée de la technique, etc. Il se moque de la phrase, si souvent entendue, qu'il puisse y avoir, "encore en ce siècle" quelque chose comme le fascisme (comme s'il n'était pas le fruit de tous les siècles)" (28). Dans cette conception du devenir, le détail et l'instant apparaissent "le cristal de l'évênement total". L'instant oscille entre le "toujours nouveau" et le "toujours identique".

    Influencé par certains mystiques, notamment Weigel, Benjamin imagine que pour une humanité "délivrée", "chacun des instants qu'elle a vécus devient une citation à l'ordre du jour - et ce jour est justement le dernier" (29). Bien que se dégageant avec difficulté de l'idée de "délivrance" (qui implique une critique radicale du monde et est donc au fond anti-constructiviste et anti-révolutionnaire), il conclut ses "thèses sur la philosophie de l'histoire" en notant que l'ancien messianisme juif est moins "appel à l'avenir que commémoration d'un passé toujours présent", chaque seconde s'offrant à la libre discussion des hommes comme "une porte étroite".

    Un jour de septembre 1940, Walter Benjamin tente de passer en Espagne, quittant cette France qu'il a tant aimé. L'affaire se présente mal, et l'échec serait sans doute l'arrestation par la Gestapo. Alors, Benjamin franchit une dernière fois "la porte étroite". Il se tue.

    Nous n'oublions pas: l'Andenken, c'est la pensée fidèle et remémorante. C'est au courage devant la détresse, qui est la préoccupation - le souci - commun d'Heidegger et de Benjamin qu'il s'agit d'être fidèle.

    Pierre LE VIGAN

    (1) M. de Gandillac, Génèse de la modernité. Les douze siècles où se fit notre Europe. De "La cité de Dieu" à "La nouvelle Atlantide", CERF, 1992. Abstraction faite de son sous-titre "vendeur" Les douze siècles..., l'ouvrage est d'importance.

    (2) A. Touraine, Critique de la modernité, Fayard, 1992.

    (3) Chemins qui ne mènent nulle part, Idées-Gallimard, 1980, p.364.

    (4) Le principe de raison, préface de Jean Beaufret, Tel-Gallimard, 1962, p.211, souligné par nous. 

    (5) Heidegger distingue bien sûr "raison" (fond, sol) de "Raison" au sens d'Intelligence. L'intelligence est nommée, en allemand comme en français, par un autre mot que raison. Le terme allemand Grund renvoie au motif des choses, à ce qui fait qu'elles "sont comme cela". La notion d'"intelligence" relève plus de la mesure et de la quantification que celle de "raison" au sens de motif: on est plus ou moins intelligent que quelqu'un, alors qu'un motif est "le bon motif" ou "un faux motif". Dans un cas, une logique de la graduation, dans l'autre, une logique binaire. Pour autant, les notions sont parentes: l'intelligence des choses n'est pas autre chose que la compréhension de ce qu'elles sont. La ratio est simultanément raison et Raison. Nous employons simplement ici "raison" au sens de "principe de raison", incluant les deux sens pré-cités. C'est parce que l'apparentement entre les deux notions est très fort que le "dire" les met "l'un avec l'autre".

    (6) Dialogue avec Heidegger, Philosophie moderne, Minuit, 1973.

    (7) L'être et le code. Le procès de production d'un ensemble précapitaliste, Mouton, 1972.

    (8) Hegel est ici dans la lignée de Parménide d'Elée disant: "Même chose que le penser (de l'être) est ce par quoi s'accomplit ce penser".

    (9) in Heidegger, PUF, 1965.

    (10) Trotignon, op. cit.

    (11) L'imagination symbolique, PUF, 1964.

    (12) Critique, janvier-février 1985.

    (13) Enfance et histoire, Payot, 1989.

    (14) Martin Heidegger, Essais et conférences, Tel-Gallimard, 1980.

    (15) Heidegger, "Bâtir, habiter, penser" .

    (16) Essais et conférences, op. cit., p. 181.

    (17) Balandier, Le détours. Pouvoir et modernité, Fayard, 1985.

    (18) in Sens unique, précédé de Enfance berlinoise, et suivi de Paysages urbains, p. 258, Maurice Nadeau éditeur, 1988.

    (19) W. Benjamin trouve chez Carl Schmitt l'idée, si importante dans ses propres travaux, que l'art est l'expression des tendances philosophiques et religieuses d'un époque. Sur l'influence du C. Schmitt, cf. Bernd Witte, W. Benjamin une biographie, CERF, 1988.

    (20) W. Benjamin, Ecrits français, Gallimard, 1991, p. 142.

    (21) Fragments, José Corti, 1992. 

    (22) Tombeau de l'intellectuel et autres papiers. Galilée, 1984.

    (23) voir le chapitre consacré à cette "invention" in Yves Barel, La ville médiévale, système social, système urbain, PUG, 1977. Du même auteur, lire aussi un ouvrage stimulant: La société du vide, Seuil, 1984.

    (24) Dialogue avec Heidegger, Philosophie moderne, Minuit, 1973, p. 16.

    (25) cf. François Crouzet, la modernité commence en 1815, in Analyses de la SEDEIS, n°89, septembre 1992.

    (26) cité par Catherine Perret, le concept de critique chez Walter Benjamin in numéro hors série sur Benjamin de la "Revue d'esthétique", Jean-Michel Place, novembre 1990. Voir aussi de C. Perret, Benjamin sans destin, La Différence, 1992.

    (27) W. Benjamin, Paris, capitale du XIXème siècle, Le livre des passages, CERF, 1989, cité par G. Petitdemange, Citoyenneté et urbanité, p. 97, éd. Esprit, 1991.

    (28) cité par Philippe Ivernel, article Benjamin de l'Encyclopédia Universalis.

    (29) W. Benjamin, Essais 1 et 2, Denoël/Gonthier, 1983.

    http://vouloir.hautetfort.com/archive/2014/12/12/benjamin-heidegger-et-la-naissance-de-la-modernite.html

  • NAISSANCE DU GROUPE XAINTONGE NATIONALISTE

    Ce samedi 6 décembre, les nationalistes radicaux du département de la Charente-Maritime, lassés des nouveaux bricolages conceptuels approximatifs du FN, dont les élus tentent vainement de s’approcher de la mangeoire républicaine, se sont réunies pour jeter les bases de leur mouvement.

    Parfaitement étrangère à la frilosité intellectuelle répugnante de 1789, la cinquantaine de militants actifs et décidés ont délibéré quant à la constitution d’un groupement de patriotes qui prend le nom de « Xaintonge nationaliste ». Sous la présidence d’Yvan Benedetti, cette proposition a été adoptée à l’unanimité.

    Éloignés de la bigoterie islamique, du tribalisme zoulou et du charlatanisme sémite, les Xaintongeais œuvreront à la mise en place du nationalisme intégral et à la subversion du carcan de la pensée orthodoxe républicaine et son accompagnement exotique de boniment électoral, d’arbitraire démocratique et de balivernes égalitaires.

    Pendant le dîner qui a suivi, les discussions amicales se sont égarées sur le secrétaire départemental du Front national. Des cataclysmes de rire se sont élevés. Quant aux deux conseillers municipaux FN, gloires du canton, leurs spéculations intellectuelles hasardeuses et leur timide vitalité font s’esclaffer l’ensemble du conseil municipal et la bonne ville de Royan.

    Ces trois utopistes bonimenteurs politique pleins d’énormes insignifiantes pensées font plus de dégâts au corps électoral que vingt épidémies d’Ébola chez les Noirs affables et les furieux babouins du Sierra-Léone.

    Au dessert, les résultats tant attendus de l’élection législative partielle de l’Aube (second tour UMP-FN) sont arrivés, entre la tarte tatin et le digestif, et nous ont fait lever les verres d’enthousiasme… 75 % d’abstention !!! 27,64 % des suffrages exprimés pour le FN, soit à peine 6,91 % des électeurs inscrits… Encore un peu de patience et l’on pourra, dans un futur proche, confondre Marine Le Pen et Arlette Laguiller dans l’ossuaire des velléités politique et s’amuser de leur détermination à échouer.

    Pour XN, le secrétaire.

    Pour découvrir et contacter le groupe: https://www.facebook.com/xaintongenationaliste.

    http://www.jeune-nation.com/politique/natio-france/12903-naissance-du-groupe-xaintonge-nationaliste.html