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  • La finalité de la politique n’est pas la finalité du combat spirituel

    L'avocat Frédéric Pichon a rejoint Souveraineté, Identité et Libertés (Siel) et a été élu dimanche au comité central du FN. Il répond à Minute. Extraits :

    M"[L]’Etat doit intervenir à titre subsidiaire, c’est-à-dire, pour dire les choses simplement, que l’action publique doit revenir de droit à la plus petite entité; l’échelon supérieur ne doit intervenir que si l’échelon inférieur ne peut pas résoudre le problème. Le principe de subsidiarité est un principe essentiel. S’il faut rétablir la notion de politique, notamment eu égard aux impératifs de souveraineté et d’indépendance vis-à-vis de l’UE, du FMI, de l’Otan, que sais-je encore, qui peuvent nécessiter dans certains cas le recours à la notion d’Etat stratège (dans les secteurs de la défense, de la recherche ou de l’énergie), il faut être souple au niveau de l’organisation intérieure. L’Etat n’a pas à se substituer aux autorités subalternes ou inférieures si ce qu’on appelait autrefois les corps intermédiaires font ce qu’ils ont à faire: les collectivités territoriales, les associations, la société civile au sens large. Cela est valable dans tous les domaines, notamment pour les libertés économiques et pour les libertés familiales – je pense notamment à la question scolaire. [...] Autant il faut restaurer la figure et l’autorité de l’Etat dans les domaines régaliens que sont la justice, la police, la défense nationale, autant, pour tout ce qui concerne l’économie à l’intérieur du territoire national ou l’éducation, je suis en effet favorable à la décentralisation."

    "Le combat que je mène est un combat politique. Le fait d’être catholique éclaire mon engagement mais la finalité de la politique n’est pas la finalité du combat spirituel. La finalité de la politique, c’est la recherche du bien commun, c’est la défense de la patrie. Je me bats pour tous mes compatriotes, y compris ceux qui ne partagent pas ma foi. Ma foi peut dicter un certain nombre de comportements mais je ne mélange pas le combat spirituel et le combat temporel."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Souvenirs des luttes pour la liberté du travail indépendant

    On doit se féliciter du succès de la manifestation de ras-le-bol fiscal et administratif des entreprises devant le ministère des Finances, ce lundi 1er décembre. Plusieurs milliers de représentants des petites et moyennes entreprises, voilà qui pèse au moins autant, que les mornes rassemblements cégétistes des jours précédents contre ce que la gauche ose appeler "austérité".

    Il est sans doute plus légitime pour une revendication sociale de s'en prendre à un ministère plutôt que, le jour d'un scrutin, de prétendre faire pression sur les législateurs.

    Mais attention, tout de même. Au même moment l'assemblée finalisait son approbation de la loi de financement de la sécurité sociale. De tels textes de valeur improbable, estampillés chiraquiens, furent coulés dans la constitution par le plan Juppé par une réforme de février 1996. Or c'est bien par cette littérature dégoulinant de philosophie technocratique, que s'écoule l'essentiel du poison que nous appelons "modèle" français.

    Or, dans l'attitude de bien des protestataires, trop de choses semblent se passer comme s'ils avaient affaire à une administration, siégeant de droit divin à Bercy, et non à des représentants élus. Ceux-ci sont supposés dépendre des contribuables et non le contraire.

    Quant aux "assujettis", incorporés de force dans les caisses d'assurances monopolistiques, ils devraient en démocratie disposer du droit de vote pour en élire les conseils d'administration : on le leur a retiré depuis bientôt 20 ans. Tout reste à l'avenant et on nous parle comme si nous nous trouvions dans un système démocratique, alors que les gens qui payent les contributions restent soumis au diktat de ceux qui en encaissent les mille postes de la dépense publique.

    Or, signe des temps, ce 2 décembre, on pouvait presque, d’ailleurs, trouver, pour une fois objective, la recension par Le Monde décrivant comme un succès la manifestation CGPME.

    Oh certes le vocabulaire y trahit toujours la pensée unique : les entrepreneurs sont appelés "petits patrons". Comme d'habitude. Cette agaçante expression demeure destinée à tirer encore vers le bas ce qui s'était appelé autrefois "patronat réel" sous la houlette de Léon Gingembre. Créateur du syndicat des PME, et en grande partie du concept en 1944, il le dirigea jusqu'en 1978. Il s'agissait au départ de fédérer ceux des chefs d'entreprise ayant investi leur propre patrimoine dans l'outil de production.

    Quand le poujadisme apparut en 1953, non pas dans le sillage de l'extrême droite comme on se plaît à l'écrire, mais en accord avec les communistes locaux, il désignera, au départ, pour ses premiers adversaires ces "taureaux à cornes d'escargot" du mouvement des PME. Poujade dira : "je suis pour le biftèque, peu m'importe qu'il soit communiste ou royaliste".

    À ce sujet, une subtilité semble avoir toujours échappé à la plupart des commentateurs agréés : si Jean-Marie Le Pen, alors connu comme ancien président parisien des étudiants en droit, fut élu en janvier 1956, en tant qu'allié, sur une liste "Union et fraternité française", – il n'a jamais appartenu au mouvement Poujade proprement dit. Il rompit définitivement avec le groupe parlementaire en octobre lors de la crise de Suez.

    La politisation en 1955-1956, à la faveur de la guerre d'Algérie, tuera le mouvement poujadiste. En janvier 1956, il avait réalisé un beau score aux législatives, en mai 1958 il se révèle très actif sur le forum d'Alger, mais il commet l'erreur de se rallier à De Gaulle. En 1959, il perd 80 % de ses voix, non sans être entré en force dans les chambres de métiers et de commerce, aux élections consulaires de décembre 1957.

    Malheureusement, ses élus, quoique bien intentionnés, deviendront les agents principaux de l'évolution funeste des régimes sociaux corporatifs des indépendants. Dans les années 1990 il conservait encore beaucoup d'élus, d'amis et de réflexes complaisants dans ces institutions, aux côtés des gens du Cidunati, apparus en 1968 sur des positions à peine différentes.

    D'autres mouvements viendront, en effet, s'entremêler, rivaliser, et parfois se combattre entre eux, sans que les leçons soient tirées de toutes ces expériences. Le poujadisme s'était développé en luttant contre les excès des contrôles fiscaux. Le Cidunati de Nicoud avait pris son essor en raison de l'évolution de l'urbanisme commercial, combattant en bloc le phénomène des grandes surfaces. Ceci d'ailleurs facilitera grandement les groupes d'hypermarchés au détriment des centres commerciaux et des galeries marchandes grâce à l'imbécile loi Royer de 1973.

    De telles poussées démagogiques alertèrent suffisamment la classe politique pour que celle-ci apprenne à les combattre et à les détourner de la vocation véritable d'un syndicalisme entrepreneurial intelligent.

    À partir des années 1980 en particulier il est devenu fort clair que les luttes d'autrefois ne pouvaient plus se remettre en route sur les mêmes bases. Le grand mérite de Christian Poucet, qui devint très vite la figure centrale du CDCA, fut de se situer sur le vrai terrain de ce qui mine, aujourd'hui encore, toutes les entreprises françaises, les petites comme les grandes, comme les moyennes : la question des charges sociales, supposées financer le soi-disant meilleur système du monde, celui que personne ne songe à imiter.

    La particularité du travail indépendant, contrairement à toutes autres formes d'emplois, est que les appels de cotisations sont payés par ceux que l'on affilie de force dans des systèmes d'assurances professionnelles obligatoires et monopolistiques.

    Au début du combat mené par le CDCA, les artisans et commerçants qui se trouvaient en retard de cotisations n'étaient même plus couverts par l'assurance-maladie. parallèlement d'ailleurs leurs systèmes de retraite avaient été conçus en fonction d'une sous-validation des mauvaises années, qui n'étaient plus comptabilisées qu'à hauteur d'un trimestre par an.

    Dans ce contexte il fut vite évident que le syndicat lui-même avait le devoir de créer des produits d'assurance alternatifs. Ce fut à la fois le génie de Poucet, et le mauvais génie des gens résolus à dénigrer d'abord et à détruire ensuite l'édifice qui se construisait, essentiellement dans quelques régions-bastions de l'ouest et du midi. Le nord de la Loire, hélas, restait imperméable à une rhétorique qui lui semblait insurrectionnelle.

    À l'époque, et pendant une dizaine d'années je servis de porte-plume et d'écrivain public dans cette mouvance au sein de laquelle, malgré moi, travaillant le plus souvent à 800 km du centre des décisions, je faisais figure de Martien. Je ne regrette quand même pas ces années-là. Elles me permirent de vraiment mesurer, une fois pour toutes, la véritable nature du mortifère "modèle français".

    Pour paraphraser Mendès-France, disons que la formule paradoxale "plus les problèmes paraissent compliqués, plus les solutions sont simples" s'applique parfaitement à son sujet : le remède ne résidera jamais ni dans l'étatisation (ce que fut le plan Juppé), ni dans une quelconque "réforme" (politique donc étatique) mais tout simplement dans la concurrence. Soumises au libre choix l'assurance maladie et l'assurance vieillesse se verraient contraintes de se réformer, ceci sans que l'État intervienne.

    Pensons toujours à la formule de Reagan : l'État n'est jamais la solution puisqu'il est le problème.

    À Paris en 1992 cependant nous tînmes un congrès fort réussi, où j'espérai rallier la figure la plus intéressante de la contestation du système monopoliste en la personne de Claude Reichman qui intervint à la manière brillante qu'on lui connaît encore 20 ans plus tard. Cette fusion ne se fit malheureusement pas. En se remémorant cet échec je ne puis écarter l'idée que les mêmes réseaux aient toujours voulu empêcher l'unité des protestataires et imposer le silence autour des thèses anti-monopolistes. Aujourd’hui on parle pudiquement de "souverainistes". Dans ma jeunesse, on les appelait des barbouzes.

    À partir de 1993, les déboires s'accumulèrent et c'est véritablement le plan Juppé de 1995-1997 qui radicalisa la situation sans apporter la moindre réponse aux questions qui se posent encore aujourd'hui au monde du travail indépendant. Depuis la "réforme" Fillon de 2003 instituant le RSI les choses ont encore empiré.

    Christian Poucet fut d'abord incarcéré en 1996, pour des paroles jugées subversives, puis mystérieusement assassiné en janvier 2001, sans que la police ne se soit, depuis lors, vraiment préoccupée d'élucider l'affaire et d'identifier les meurtriers. Un gêneur de moins.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/

  • Le grand ménage publicitaire peut-il gagner la France ?

    La ville de Grenoble, dirigée par l’écologiste Eric Piolle, a décidé de se débarrasser de 326 panneaux publicitaires en ne renouvelant pas, à partir de 2015, son contrat avec le groupe mastodontesque JC Decaux. Voilà qui ne devrait priver la commune que de 150 000 euros. Alors pourquoi ne pas imaginer un grand nettoyage de printemps publicitaire qui gagnerait tout le pays ?

    GILE MICHEL/SIPA

    La ville doit être laide, elle doit être passante, elle doit être brillante, elle doit être embouteillée, il doit y avoir des cageots de poireaux pourris qui traînent. La vie, c’est le commerce. Donc on ne peut pas nier la publicité, sans nier le commerce ». Et nier la publicité, si l’on comprend bien, ce serait donc nier la vie ? L’auteur de ce syllogisme façon Laurence Parisot est — ça n’étonnera personne — un publicitaire. Le nom de ce petit génie ? Gabriel Gaultier, président de l’agence Jésus et lauréat, nous a appris France inter qui l’accueillait ce vendredi, de la meilleure affiche de l’année. Selon notre homme donc, la ville devrait être « laide », « embouteillée » et dégueulasse ? Voilà bien la réflexion de quelqu’un qui, probablement, chaque week-end, chaque vacances (et chaque soir même quand il rejoint son domicile douillet dans son quartier douillet), peut fuir la ville.

    Car oui, la ville est laide. Et ce n’est ni jouissif (comme le prétend notre Séguéla version 2014), ni même une fatalité. A partir de janvier prochain, les autorités de la mairie de Grenoble commenceront ainsi à retirer les 326 panneaux publicitaires, dont 227 « sucettes », 20 colonnes et 64 grands panneaux, présents dans le centre-ville. Le but ? « Libérer progressivement l’espace public de la publicité, et multiplier d’autres formes d’affichages, pour les associations et les acteurs culturels, notamment », explique à Marianne Lucille Lheureux, adjointe en charge des Espaces publics à Grenoble. « Aujourd’hui, on n’est plus sur le modèle des années 1960 et 1970, qui ont vu proliférer les panneaux publicitaires. Nos villes ont un caractère, une identité qu’on doit conserver » affirme l’élu.

    Grenoble n’est pas la première ville à tenter de nettoyer les rues, non pas des « cageots de poireaux pourris » chers à notre pubard, mais de ses panneaux publicitaires. Dès juin 2009, le sénateur UMP du Calvados, Ambroise Dupont, produisait un rapport pour la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie de l’époque, Chantal Jouanno, préconisant de réduire l’influence des panneaux publicitaires dans les villes. Quelques semaines plus tard, la commune de Forcalquier (dans les Alpes de Haute-Provence) décidait d’expérimenter la suppression des panneaux publicitaires. La Comunauté urbaine bordelaise envisage, elle aussi, de supprimer les panneaux 4x3 sur son territoire. [ ;; ;;

    La suite sur Marianne.net

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-grand-menage-publicitaire-peut

  • De quoi MM. Cambadélis et Reynié sont-ils le nom ?

    Cherchant à trouver à tout prix des « tiraillements » au sein du FN, le site d’Europe 1 se penchait ces dernières heures sur la reconnaissance de l’Etat palestinien votée en une résolution non contraignante par la majorité de gauche à l’assemblée nationale hier. Gilbert Collard (RBM) y était en effet clairement opposé et Marion Maréchal-Le Pen (FN) plutôt favorable  même si elle s’est finalement abstenue en l’état,  au vu de ce texte porté par Benoit Hamon. Devant le  parlement européen, dans une brève allocution mise en ligne sur ce blogue le 26 novembre, Bruno Gollnisch s’est dit pour sa part  favorable à une reconnaissance de cet Etat palestinien pour les raisons invoquées par lui dans son intervention que nos amis internautes peuvent donc (ré)écouter. Une différence d’analyse dont on peut discuter au FN, qui n’est ni une secte, ni un parti de godillots, alors que le conflit israélo-palestinien, sujet sensible s’il en est, est souvent instrumentalisé à des fins plus inavouables.

     Et Europe 1 de citer Le canard enchaîné qui «rappelle ces propos qu’aurait tenu le député Benoît Hamon: il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat des banlieues et des quartiers, qui n’a pas compris la première prise de position pro-israélienne de Hollande. » Musulmans qui se sont aussi massivement détournés du PS et de la gauche, ajouterons nous, depuis l’adoption de la loi en faveur  du mariage homosexuel.

     Voir dans le vote de cette résolution défendue par les députés de gauche (ou du moins la majorité  d’entre eux)  des « préoccupations électoralistes » n’est bien sûr pas du tout délirant. Il faudrait  être a contrario bien naïf pour ne pas les voir à l’œuvre dans cette caricature de parti communautaro-clientéliste qu’est le PS.

     Un Parti socialiste qui lance son énième dispositif-tour de table-table-ronde- réunion- campagne contre le FN avec leurs deux (mauvaises)  secrétaires nationales,  Elsa Di Méo et Sarah Proust; une offensive confirmée par le premier secrétaire  du PS Jean-Christophe Cambadélis, dimanche  lors de l’émission « Le Grand Rendez-vous » (Europe 1 – i-Télé – Le Monde). Ce dernier  a qualifié le  FN de « parti mutant, qui a des propositions par régions » « difficilement saisissable ». Les Français eux, ont plutôt bien saisi…

     L’ancien trotskyste du PCI n’a pas manqué de relayer la petite chanson du moment sur un FN qui serait financé par Moscou, au motif que le banques françaises et européennes sollicitées lui ayant refusé  un prêt, le FN a dû en contracter un auprès d’une banque  russo-tchèque.

     Disons le tout de go, ce qui gêne M.  Cambadélis, ses amis et les autre pontes bruxellois de la classe politique, c’est le fait que le FN défende un projet de coopération étroite entre nations libres européennes incluant la Russie,  c’est-à-dire préfère l’Europe des patries de  Brest à Vladivostock  à l’Europe babélisée et totalitaire de Bruxelles à Washington. Ce que le patron du PS traduit en affirmant sans rire, comme un porte-parole de la Maison blanche ou du Pentagone, que le FN est sous la coupe «de l’adversaire de la  France et de l’Europe des citoyens européens ». Il est bien connu que le trotskysme mène à tout à condition d’en sortir, mais là,  quand même, Camba fait très fort dans l’allégeance…

     Mais le summum du déchainement haineux et mensonger nous a été offert hier par le politologue proche de l’UMP, Dominique Réynié, invité de l’émission d’Yves Calvi  C dans l’air sur France cinq, en compagnie d’une autre politologue, Virginie Martin, du  journaliste-éditorialiste Claude Weill et de Gael  Sliman,  président de  l’institut de sondage  Odoxa.

     Une émission consacrée au FN, aux perspectives qui s’ouvre à lui après son congrès et intitulée « Marine Le Pen veut gouverner », dans lequel M. Reynié s’est particulièrement distingué dans l’outrance.

     Certes, il est coutumier du fait. Dernier épisode en date, nous évoquions sur ce blogue, les le 18 et 27 novembre, l’enquête à la méthodologie suspecte et pour le moins sujette à caution faite par une officine présidée par Dominique Réynié, Fondapol. Celle-ci  tendait à démontrer que les sympathisants du FN et  électeurs de Marine, (mais aussi dans une moindre mesure les musulmans pratiquants et les électeurs de M. Mélenchon et du Front de Gauche) constituaient la population  la plus « antisémite » ou à tout le moins la plus perméable aux «préjugés antisémites» en France. Une manière de dire que le FN et ses électeurs devaient être maintenus dans le ghetto, n’étaient pas des citoyens éclairés à part entière…

     Hier sur  France cinq, M. Reynié a été encore plus loin. « La Russie de Vladimir Poutine finance des partis nationalistes d’extrême droite pour  déstabiliser» l’UE a-t-il assuré en guise de hors d’œuvre. «Les Russes jouent sur des partis comme Aube dorée en Grèce et le Jobbik en Hongrie, des partis d’extrême droite, racistes, antisémites, violents, (comparaissant) régulièrement devant la justice pour avoir assassiné des personnes. Ce sont d’ailleurs les organisations avec lesquels Marine Le Pen a essayé de créer un groupe au parlement européen. Il y a d’ailleurs des liens entre le FN et le Jobbik,  c’est d’ailleurs Bruno Gollnisch qui s’en occupe ».

     Si les violences entre l’extrême gauche et les partisans d’Aube Dorée ont effectivement conduit au décès d’un militant gauchiste ces derniers mois, il convient d’affirmer que Jobbik, qui était effectivement membre -contrairement à Aube Dorée-  de l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux (AEMN) présidée par Bruno Gollnisch, n’a jamais « comparu devant la justice  pour avoir assassiné des personnes »! En outre,  Marine Le Pen n’a pas pris contact avec Aube Dorée ( !) ni même avec Jobbik pour créer un groupe au parlement  européen, ce que M. Reynié qui suit de prés les activités du FN ne devrait (ne peut) pas ignorer.

     Pourtant, le patron de Fondapol  affirme encore qu’ « il y a des liens entre le FN et Aube dorée donc des néo-nazis, je suis désolé de le dire comme ça, dont le programme est qu’il n’y ait  plus de juifs en Grèce par la méthode violente (…) . Avec ces partis,  le FN a des relations, il arrive au FN  de les inviter à des réunions à Paris ou d’aller les voir. De même  le Fpo (« Parti de la liberté », droite nationale autrichienne, NDLR)  est financé par  la Russie »; Fpo « qui a organisé en 2012 un bal interdit aux juifs, dit des anciens néo-nazis (sic), auquel Marine Le Pen a participé» – cette «qualification» donnée à ce bal  est un gigantesque bobard que Marine a dénoncé plusieurs fois .

     Et Dominique Reynié, d’enfoncer le clou : « ce FN n’a pas changé. On a mené une enquête (« enquête » Fondapol que nous évoquons plus haut, NDLR) sur l’opinion des proches du FN et des électeurs de Marine Le Pen par rapport à tous les autres Français. ,C’est tres spectaculaire  (…), il faut savoir qui sont ces gens là, ils sont restés exactement ce qu’était ce parti à l’origine, c’est un parti raciste, antisémite, à la culture violente, autoritaire qui aujourd’hui nous montre un visage (…) beaucoup plus avenant. Mais le fond est le même, l’histoire de ce parti est là, les réseaux sont là,  les liens avec la Russie », «une puissance étrangère qui finance un parti qui se présente comme un parti aimant plus la patrie que tous les autres mais recevant de l’argent de Poutine». «C’est extrêmement sérieux nous sommes devant des données extrêmement préoccupantes »…

     Est-il possible d’insulter autant  la vérité et les électeurs, adhérents et dirigeants du FN  sans que cela prête à conséquence?  Certainement non affirme Bruno Gollnisch. Libre à chacun d’analyser, d’interpréter, de rechercher les raisons de ce déchainement, mais en toute  hypothèse,  M. Réynié devra  répondre de ses propos …devant la justice?

    http://gollnisch.com/2014/12/03/de-quoi-mm-cambadelis-et-reynie-sont-ils-le-nom/

  • Plus fort que Juppé contre Sarkozy : chiites contre sunnites

    Tout chroniqueur hexagonal qui se respecte doit bien sûr situer le centre du monde à Paris. Il doit aussi considérer, jusqu'en 2017, encore 3 ans, que la seule question qui comptera dans l'univers intergalactique sera de savoir qui aura le privilège de battre Mme Le Pen au second tour d'une élection présidentielle à couper le souffle.

    Et pourtant, n'hésitant pas à désobéir aux consignes, essayons de faire diversion en remarquant qu'il se passe des choses dont nos gazettes ne se préoccupent guère.

    En ce moment, Vladimir Poutine est à Ankara en train de négocier un contournement des sanctions occidentales. Il vient de renoncer au pipeline "South Stream"

    En ce moment, le cours du pétrole est en chute libre, beaucoup plus rapide que la diminution du prix du carburant à la pompe.

    En ce moment l'Arabie saoudite, alliée des États-Unis depuis la fondation du royaume en 1932 et celle de l'Aramco en 1933 accélère ce mouvement en augmentant sa production et en bloquant les pressions du cartel constitué de l'Opep et de la Russie. Le gouvernement le plus menacé dans ce scénario semble le Venezuela, foyer du désordre en Amérique latine. Mais d'autres suivront, si la baisse se confirme.

    En ce moment aussi, la guerre millénaire entre chiites et sunnites déchire plus que jamais le proche orient. Aujourd'hui par exemple les chiites iraniens considèrent qu'ils satellisent au moins quatre centres de pouvoirs alliés de Téhéran, du Yémen à la Syrie, en passant par Bahreïn et le sud de l'Irak. Il faudra compter avec les ramifications de cette force. Elle peut, plus que d'autres, résister à la poussée du Califat terroriste d'Abou-Bakr al-Baghdadi, alors même que les États-Unis et Israël perçoivent encore la menace persistante des ambitions nucléaires de l'Iran et le poids de l'héritage de la révolution islamique de 1979.

    Dans la mouvance chiite on ne doit pas oublier non plus les dispersions, les évolutions séculaires et les multiples versions de cette interprétation légitimiste de la foi mahométane.

    Ainsi au Liban, communauté de moindre importance au moment du pacte national de 1943, elle a par sa démographie pris une importance considérable. Avec le Hezbollah, depuis 1982-1985, il s'agit à la fois d'un parti politique et d'une réalité militaire, placé sur la liste des organisations terroristes.

    En Turquie, il en va tout autrement. Sous le nom de câ'feri (en turc) on désigne les adeptes de l'islam chiite iranien, dit "duodécimain". (1)⇓ Ils comptent peut-être 3 ou 4 millions de croyants, plus ou moins assimilés à une petite minorité nationale. Car la principale version du chiisme en Anatolie est constituée par les "alevis-bektachis" qui tiennent Ali pour l'une des trois personnes d'une trinité sacrée, (2)⇓ dont la représentation trône dans toutes leurs cérémonies. Communauté essentiellement pacifique, reconnaissant l'égalité des sexes, ils sont exécrés par les intégristes du sunnisme. dans les années 1970 à 1990 ils furent à plusieurs reprises la cible de persécutions fanatiques. On a pu y voir la main du fameux "État profond" supposé quadriller le pays.

    Pratiquant leur religion dans des lieux de culte distincts, les "cemevi" ils se trouvent aujourd'hui encore pratiquement niés par les autorités instituées du culte, les dizaines de milliers de fonctionnaires de la Direction des affaires religieuses turques, et ses budgets publics étant voués par la constitution de 1982 à l'entretien de l'islam sunnite et de ses mosquées. Or, il est bien possible que cette "minorité" représente 25 ou 30 % de la population. Persécutés par le kémalisme des années 1930, leurs pratiques de l'achoura étant même explicitement interdites par une loi de 1928, objet de pogroms un demi-siècle plus tard, supposés "de gauche", les alévis ont depuis 30 ans essaimé dans tout le territoire à la faveur de l'urbanisation, à Istanbul comme dans l'ensemble de l'Anatolie.

    Certes donc on doit se préoccuper de la survie des chrétiens du proche orient, mais la question de la liberté religieuse englobe aussi, ou plutôt elle englobera de plus en plus, dans les pays à majorité, ou plutôt à islam d'État, sunnite, la question des droits des communautés chiites, des alévis, des confréries, dissoutes par Kémal et ouvertement menacées par Erdogan dans ses discours de la campagne présidentielle de 2014. En fait, contrairement à l'idée reçue selon laquelle la république turque aurait introduit les principes occidentaux de "la laïcité", laquelle suppose au moins la liberté de conscience et de culte – c'est le point essentiel affirmé aussi bien par le "Bill of Rights" américain du XVIIIe siècle que par la loi de séparation française de 1905 – la constitution turque est obsédée par la question de l'unité nationale.

    Sa prétendue "laïcité" pourrait ainsi faire sienne, horresco referens, la fière devise qui aboutira à la révocation de l'édit de Nantes "une foi, une loi, un roi".

    Il se trouve qu'un épisode récent, autour des tentatives de "repentance" de l'État à propos des massacres de 1937-1938 dans la région appelée alors Dersim, et aujourd'hui Tunceli, dont la particularité est d'être à la fois kurde et alévie, montre que le rapport de forces politique a évolué et évoluera encore. Mis, par le premier ministre Davutoglu, au défi de s'y rendre, le chef du parti nationaliste MHP Devlet Bahceli a voulu crânement y organiser un meeting. Il a dû rebrousser chemin ce 28 novembre.

    Oui, cet antagonisme entre sunnites et chiites, qui remonte à l'an 61 de l'Hégire, 680 de l'ère chrétienne, à la bataille de Kerbala, où les omeyyades l'emportèrent sur les descendants d'Ali, peut sembler à certains plus durable et plus significatif, que les débats internes de la droite que notre gauche française, la plus intelligente du monde pour sûr, persiste à appeler "guerre des chefs" en référence à cette grande création culturelle hexagonale du XXe siècle, "Astérix le Gaulois".

    JG Malliarakis  http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1) C'est à dire reconnaissant la chaîne des Douze imâms descendants du Prophète, le 12e étant "occulté" depuis le IXe siècle cf. Lammens "L'Islam coyances et institutions" pp.144-145. ⇑

    2) cf. Lammens "L'Islam coyances et institutions" pp. 168 et suivantes. ⇑

  • Sanctions contre la Russie : rien ne se déroule comme prévu

    Vladimir Fédorovski répond au FigaroVox suite à la décision du président russe de suspendre le projet russo-italien de gazoduc South Stream :

    S"Cette décision révèleVladimir Poutine est en train de procéder à un changement géostratégique assez significatif. La rupture de la Russie avec l'Occident aujourd'hui est comparable avec ce qui s'est passé dans un autre sens il y a plus de 300 ans sous Pierre le Grand. A l'époque, le tsar avait fait de la Russie une puissance européenne. Désormais, Vladimir Poutine est en train d'en faire une puissance asiatique. Il se rapproche notamment de Chine, avec laquelle il est en train de nouer une vraie alliance militaire, mais aussi de la Turquie. Le président russe a d'ailleurs annoncé que Gazprom allait augmenter de 3 milliards de m3 ses livraisons à la Turquie «afin de satisfaire ses besoins» et lui consentir un rabais de 6% sur ses prix à compter du 1er janvier prochain. Il a même menacé les approvisionnements de l'Europe, suggérant qu'une partie de la production russe pourrait être détournée vers l'Asie.

    Cette rupture géopolitique est aussi le résultat d'un bouleversement politique intérieur. Le but des sanctions économiques américaines était d'influencer l'échiquier politique intérieur. Celles-ci devaient précipiter la chute du rouble et des capitaux et par ricochet la chute de la croissance et l'impopularité de Vladimir Poutine. En réalité, rien ne se déroule comme prévu: la multiplication des sanctions a finalement provoqué la naissance d'une aile nationaliste beaucoup plus radicale que Poutine. Celle-ci exerce une forte pression sur le gouvernement et a entrainé la marginalisation de l'opposition libérale et pro-occidentale. Poutine est donc contraint à une forme de surenchère, ce qui explique le durcissement de son discours. [...]

    Les conséquences économiques sont désastreuses pour l'Europe. Je rentre d'Allemagne où les milieux d'affaires sont affolés. 40 % du gaz allemand venant de la Russie, ces derniers craignent un effet domino: augmentation des tarifs de l'énergie en Allemagne, puis décrochage de la croissance allemande et enfin décrochage de l'Europe toute entière. En réalité, les intérêts vitaux de l'Allemagne sont en jeu et par ricochet les intérêts vitaux de la France. [...]"

    Michel Janva

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  • Les fonds vautours sont l’avant-garde de la politique étrangère des États-Unis

     

    Éric Toussaint est docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII et possède également une formation d’historien. Dans son activité militante, il est président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM), une organisation qui s’efforce d’analyser les origines des dettes souveraines des pays du Tiers-Monde ainsi que leurs conséquences pour ensuite élaborer des alternatives de financement du développement humain.

    Il a également été conseiller du président Rafael Correa au sein de la Commission d’Audit Intégral de la Dette de l’Équateur. Eric Toussaint est l’auteur de nombreux ouvrages sur le système financier international, tels que Les Tsunamis de la dette (2005), Banque mondiale : le Coup d’État permanent. L’Agenda caché du Consensus de Washington (2006), La Dette ou la vie (2011) et Bancocratie, paru récemment.

    En outre, la Chambre des députés d’Argentine l’a invité mercredi 15 octobre 2014 à participer à une conférence sur la dette extérieure aux côtés des députés du Front pour la Victoire (Frente para la Victoria) Héctor Recalde et Carlos Raimundi, et de l’économiste Fernanda Vallejos. Interrogé par le quotidien Tiempo Argentino, Éric Toussaint expose son analyse du conflit avec les fonds vautours.

    Considérez-vous que le verdict du juge Griesa en faveur des fonds vautours soit un jugement juste ?

    Ce sont incontestablement des fonds qui ont fait l’acquisition de titres argentins dans le seul but de poursuivre en justice l’Argentine pour tirer le plus de profit possible via une opération purement spéculative. Pour moi, c’est tout à fait inacceptable et, au regard de la législation américaine, illégal. En effet, aux États-Unis, la loi interdit d’acheter des titres de la dette si le but n’est pas de recevoir des coupons d’intérêt mais de spéculer et d’intenter une action en justice contre l’émetteur. C’est une pratique jugée illégale là-bas.

    Toutefois la Cour Suprême des États-Unis a validé le jugement de Griesa lorsqu’elle a évité d’analyser le recours de l’Argentine…

    Bien sûr, il ne s’agit pas d’un conflit entre l’Argentine et le juge Griesa mais avec la justice des États‑Unis puisque la Cour a donné raison au juge.

    C’est une tentative manifeste de faire revenir l’Argentine et l’Amérique latine à la situation de la fin du XIXe et du début XXe, à l’époque où les grandes puissances dictaient directement aux nations débitrices le comportement à adopter, bafouant ainsi la souveraineté de ces pays.

    Dès lors, pensez-vous que la décision de la justice américaine renferme un dessein politique ?

    Oui, ou du moins, elle a une conséquence politique : donner une interprétation totalement biaisée de la loi car cette interprétation contredit le contenu-même de la législation américaine sur les fonds vautours.

    Peut-on extrapoler cela aux fonds vautours ?

    Les fonds vautours cherchent le profit maximal. Ce qui me paraît fondamental ce ne sont pas les vautours mais la décision d’une juridiction étrangère qui avalise leurs agissements. C’est là un enseignement très important à tirer : il ne faut plus transférer la compétence juridictionnelle – i.e. le pouvoir de trancher en cas de litige– à une juridiction étrangère.

    Les fonds vautours ont-ils une influence sur la politique internationale ?

    Bien évidemment. Il ne fait aucun doute que le fonds NML de Paul Singer fournit une aide financière au Parti républicain, lequel a beaucoup de pouvoir aux États-Unis et, partant, exerce une influence sur la politique américaine.

    Je dirais que les fonds vautours représentent l’avant-garde de la politique étrangère des États-Unis dans le secteur financier, suivis des bataillons qui ont pour nom Goldman Sachs, Bank of America, Citibank et ainsi de suite.

    Exercent-ils également une influence en Europe ?

    Ces fonds portent désormais leur regard sur la Grèce et l’Espagne. Le fond de Paul Singer, NML Capital, a fait l’acquisition de crédits de la dette de la banque espagnole Bankia pour ensuite reproduire le même schéma qu’en Argentine. Aujourd’hui, en Europe, il existe une véritable prise de conscience sur le degré de dangerosité de ces fonds.

    Quelle est votre opinion eu égard au comportement d’institutions telles que le FMI ou la Banque mondiale dans les pays en développement ?

    Elles sont coresponsables de l’endettement frauduleux. Cela apparaît très nettement dans le jugement Ballesteros |1| de l’affaire Olmos en 2000, dans lequel ressort la complicité du FMI, qui a donné son aval à la Junte militaire pour contracter la dette et ensuite dans tout le programme de privatisation de Carlos Menem et la destruction du service public. Ces institutions font partie du problème et non de la solution.

    Les concessions réclamées par le FMI ont-elles un caractère politique ?

    Le FMI et la Banque Mondiale sont des instruments du pouvoir des États-Unis et ce sont les bras institutionnels de la politique étrangère américaine. Ces politiques ont pour but de maintenir les pays du Sud dans un état de soumission face aux pays centraux.

    Que pensez-vous de la proposition émise par l’Argentine à l’ONU concernant une convention de restructuration de la dette ?

    Pour moi, le fait de procéder à une annulation de la dette est un élément positif. Mais j’estime qu’il faudrait mettre au centre du débat des Nations-Unies le thème de l’illégitimité de la dette.

    Le mécanisme de restructuration en soi ne suffit pas. On ne peut restructurer une dette illégitime, il faut l’annuler.

    Mais, dans ce cas-ci, le FMI a appuyé le recours contre les fonds vautours.

    Je pense que c’est un épiphénomène. En fin de compte, les fonds vautours agissent d’une manière qui ne plaît pas au FMI. Mais cette organisation a mené des actions de dérégulation financière dans les pays en développement, actions qui ont favorisé les agissements des fonds vautours.

    Le FMI est complice des fonds vautours. Le fait est que le FMI est en faveur d’un mécanisme de restructuration de la dette en accord avec la majorité des créanciers alors que les fonds vautours ne veulent pas le respecter.

    Vous semble-t-il acceptable que le CIRDI soit compétent pour résoudre les différends relatifs à la dette souveraine, comme l’ont proposé certains fonds vautours ?

    Les détenteurs des titres souhaitent certainement que leurs bons soient considérés comme des investissements, mais à mes yeux il s’agit là d’une interprétation totalement erronée et biaisée. Par ailleurs, le CIRDI appartient à la Banque mondiale, c’est un instrument des États-Unis au service des grandes entreprises multinationales privées, qui obtiennent arbitrairement la plupart des jugements qui leur sont favorables. Je recommande à l’Argentine de se retirer du CIRDI comme l’ont fait la Bolivie, l’Équateur et le Venezuela. Le Brésil n’a d’ailleurs jamais souhaité en faire partie.

    Craignez-vous que la convention de restructuration qui doit être mise en place par l’ONU ne devienne un CIRDI ?

    Oui, cette convention pourrait se transformer en un tribunal en faveur des créanciers. Par conséquent, en ayant à l’esprit le monde dans lequel nous vivons, il est fondamental de comprendre que la résolution d’un conflit avec les créanciers passe par un acte souverain unilatéral de l’État débiteur. On ne peut attendre de jugement favorable de la part d’un tribunal international.

    Est-ce donc une bonne chose que l’Argentine saisisse la Cour internationale de justice de La Haye ?

    Bien évidemment. Ce peut être un des instruments mais il faut rester bien clair : les États-Unis ne reconnaissent plus la compétence de la Cour de La Haye depuis que cette dernière les a condamnés en 1985 pour avoir miné les ports lors du différend avec le Nicaragua sandiniste. En cas de jugement en leur défaveur, les États-Unis ne la reconnaissent pas et ne respectent pas les arrêts. Donc, même si le recours est légitime, il n’est pas sûr qu’il soit assorti d’effets.

    Que devrait faire l’Argentine ?

    Il convient d’aller au-delà de la simple opposition aux fonds vautours. Il est crucial de revenir à la question de la légitimité de la dette. J’exhorte les pouvoirs publics argentins à mener un audit de la dette. Il faut prendre en compte la très lourde histoire de la dette argentine.

    Je parle ici de la dette contractée par la Junte militaire et de la socialisation des pertes des entreprises privées à la fin de la dictature.

    Il est également essentiel de rappeler la dette contractée dans les années 1990 par Carlos Menem et son système de privatisation ainsi que le Megacange (« méga-échange ») de Domingo Cavallo en 2001. Il n’est pas juste que l’Argentine doive payer les créanciers qui ont participé à la fraude ou qui ont soutenu la dictature argentine. D’où l’importance d’un audit citoyen de la dette.

    La loi de paiement souverain appelle à mener un audit de la dette. Qu’en pensez-vous ?

    Ce qui m’inquiète c’est que dans les propositions du nouvel échange on offre la possibilité aux détenteurs de titres de saisir une juridiction française en cas de litige. En fin de compte, on continue avec la même faiblesse, en transférant la compétence à une autre juridiction au lieu de la juridiction nationale.

    Il faut respecter la constitution argentine qui stipule clairement qu’on ne peut déléguer la compétence relative au règlement des différends avec des entités étrangères à une autre juridiction.

    Notes :

    |1| Il s’agit du juge qui a rendu le jugement dit Sentencia Olmos du nom du journaliste argentin qui a porté plainte contre l’accroissement considérable de la dette pendant la période de la dernière dictature militaire (1976-1983). Ce jugement du 13 juillet 2000 démontre clairement le caractère illégal de la dette argentine.

    CADTM

    http://fortune.fdesouche.com/362663-les-fonds-vautours-sont-lavant-garde-de-la-politique-etrangere-des-etats-unis#more-362663

     

  • Toutes les civilisations se valent-elles ?

    Voilà bien un sujet interdit au nom du relativisme politiquement correct. Comparer c’est juger ! Et juger c’est discriminer et discriminer c’est coupable ! Alors ne jugeons pas. Acceptons avec Jean Ousset la « méthode de comparaison quantitative »[i]. L’argument sera probant. Ichtus propose des formations inspirées des méthodes développées par Jean Ousset« Anthropologie et Politique »  à l’école de JP II avec Bruno de Saint Chamas, «  Faire aimer la Civilisation »  par l’Art avec Nicole Buron, «  Les ateliers de l’Histoire » avec Martin Dauch. 

    « Pour l’essentiel l’esprit de cette méthode est assez proche de celui de la « méthode des recoupements ». Esprit de tant de bonnes gens qui, …préféreront toujours ce qui leur paraîtra moins prêter à discussion, … plusquantitativement probant.

    Méthode des comparaisons quantitatives. Méthode simple... et qui consiste à bien délimiter le domaine des éléments à comparer.

    Ne pas chercher à cacher, ni à minimiser ce qui peut ne pas aller dans notre sens…Prendre les devants et de rappeler au contraire ce qui risque de nous desservir. .. Comment serait-il possible que Dieu permette de mentir, de taire la vérité, pour l’honneur de Son Nom ? … Donc n’ayons pas peur. Même ce qui, dans cette méthode des comparaisons quantitatives, peut figurer à notre préjudice ne saurait éclipser la démonstration du résultat final.

    Le tout est d’en bien établir les comptes. Dès lors, quelles que puissent être les taches de l’histoire chrétienne, quelle que puisse être l’humiliation que nous devons en avoir, que cette humilité ne nous fasse jamais sous-estimer l’écrasante supériorité de ce que l’Eglise a apporté, et ne cesse pas d’apporter au mondeCar cette gloire est non seulement certaine, mais elle peut être particulièrement suggérée par l’emploi de cette méthode des comparaisons quantitatives.

    Soit en exemple (parmi d’autres possibles) : celui de la civilisation. Domaine immense, tout en étant suffisamment défini, ainsi que nous le recommandions tout à l’heure ; et dont il est possible de proposer la comparaison selon plusieurs schémasEn nous gardant bien de recourir à des jugements de valeur que le scepticisme contemporain récuse a priori, qu’on se contente d’inventorier honnêtement, froidement, strictement ce qui peut être mis en balance de part et d’autre. Et sans qu’il soit question, surtout, de ménager notre admiration à ce qui la mérite, quels qu’en soient les lieux, les climats, les pays. Autant dire : pas question d’ergoter ou de refuser notre émerveillement, par exemple, au Taj-Mahal d’Agra, cet éblouissant chef-d’oeuvre de l’Inde. Pas question d’un refus de célébrer l’Alhambra des princes maures de Grenade, ni la mosquée d’Omar, ni tels monuments de la « Cité interdite » de Pékin, ni le temple d’Angkor Vat. Car ce n’est pas en méprisant ce qui n’est pas de nous que la grandeur de ce qui est nôtre se trouvera plus digne d’être célébrée ! … Notre intérêt est donc aussi clair que le devoir : être les plus objectifs possible. C’est l’esprit même de la méthode.

    D’où la seule évocation … d’un schéma de comparaison que nous avons pris l’habitude de désigner ainsi : « en tout... pour tous... partout... toujours... »

     

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    Michel Janva