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  • Quatre livres concernant l’Ukraine, la Russie et l’Occident

    Ce ne sont pas seulement quelques sites Internet et des petits éditeurs alternatifs mais également un certain nombre de maisons d’éditions qui se sont décidées de fournir des informations critiques complémentaires aux contributions usuelles des médias sur l’Ukraine, la Russie et l’Occident. Nous présentons brièvement quatre d’entre eux, en en conseillant la lecture, car il ne suffit pas de les recommander. Malheureusement, il n’y a pour le moment pas de traductions françaises sur le marché.

    Krone-Schmalz: comprendre la Russie

    Ce livre, paru il y a quelques semaines, ayant rencontré un important écho, est le premier à recommander. «Comprendre la Russie. La lutte concernant l’Ukraine et l’arrogance de l’Ouest» est l’unique livre à avoir été publié par une maison d’édition allemande importante. L’auteure est Gabriele Krone-Schmalz, ancienne correspondante allemande bien connue, de la première chaîne de télévision allemande ARD. Actuellement, elle est professeure de TV et de journalisme et membre du comité directeur du Dialogue de Saint-Pétersbourg. Son nouveau livre occupe la deuxième place de la liste des meilleures ventes de la revue Der Spiegel. 
    Mme Krone-Schmalz, journaliste corps et âme, est sidérée par la façon dont les médias allemands informent sur la Russie. L’obligation de diligence et les principes de l’éthique journalistiques sont violés de manière fondamentale. Mme Krone-Schmalz le démontre par de nombreux exemples, pas seulement depuis la crise ukrainienne, et confirme ce que le Conseil consultatif de l’ARD lui-même, avait constaté en été 2014: «A la suite de ses observations, les reportages de la première chaîne de télévision concernant la crise en Ukraine donnaient l’impression, du moins partiellement, de parti pris s’orientant essentiellement contre la Russie et les prises de positions de ce pays. […] Des constats fondamentaux pour comprendre les tenants et les aboutissants du développement de cette crise n’apparaissaient pas dans les reportages ou n’étaient qu’à peine évoqués.»
    Mais le livre «Comprendre la Russie» est beaucoup plus qu’un débat sur la façon des médias occidentaux de traiter le sujet. C’est même plus que les excellents conseils donnés à la fin du livre pour illustrer ce que pourrait être un véritable reportage. Le livre respecte son titre en tentant de faire comprendre la position russe au lecteur de langue allemande. Et réfléchir à une phrase comme celle tirée de l’avant-dernier chapitre, est vraiment judicieux: «Si l’on avait pris au sérieux à temps les intérêts russes et si l’on avait choisi une attitude coopérative plutôt qu’agressive, il n’y aurait pas eu de morts et de blessés, de personnes traumatisées, ruinées et en fuite.»
    Dans les chapitres «L’Ukraine, la Russie et l’Occident» ainsi que «Le combat pour l’Ukraine», elle rappelle soigneusement les faits ayant mené le pays depuis 1991 à la situation actuelle.

    Espoirs déçus – chances manquées

    Les chapitres «Espoirs déçus – chances manquées» et «L’idée de la paix» sont particulièrement marquants. Mme Krone-Schmalz met en relief les réussites de la direction du pays au temps de l’Union soviétique dans la deuxième moitié des années 80 en précisant que «Ce fut une réussite particulière de mener l’Union soviétique à l’effondrement sans faire couler la moindre goutte de sang. Mais au lieu de soutenir ce processus, on renvoya cette partie du monde vers le néant.» La Russie n’obtint «aucune chance de repartir avec quelque succès et se trouva en butte aux feux croisés de la ‹communauté internationale› qui voulait à tout prix imposer ses règles à cette partie du monde.»
    Mme Krone-Schmalz rappelle une fois de plus la confiance initiale de la Russie envers l’Occident, après 1991 et combien cette confiance fut bafouée, transformée en humiliation et pillage du pays, en lui refusant toute égalité politique et économique, réduisant ainsi la confiance à néant: «Les gens devaient affronter un capitalisme sauvage et non pas bénéficier de l’économie sociale de marché qui aurait permis un passage en douceur. […] La situation avait pris un caractère pervers du fait qu’on n’osait pas introduire des mesures de protection sociale en Russie, de crainte que l’Occident n’y voie une renaissance du socialisme ou du communisme et se retire entièrement.»

    Poutine a cherché la collaboration avec l’Occident mais n’a pas été pris au sérieux

    Lorsque Vladimir Poutine fut nommé président du pays, son objectif était de remettre le pays sur pied, et cela en collaboration avec l’Occident. Mais toutes ses propositions pour une collaboration plus intense et plus étroite furent ignorées: «Poutine fut un des premiers à parler d’un monde multipolaire et d’un ‹Espace commun de sécurité› de Vladivostok à Vancouver. Mais ni l’une ni l’autre de ces propositions ne fut retenue, ce qui lui aurait donné l’impression d’être entendu.» Finalement: «La longue série de refus occidentaux et d’ignorance parfaite des intérêts russes est comprise du côté russe de la manière suivante: l’OTAN bombarde la Yougoslavie, donc la Serbie, à la fin des années 90, bien que la Russie ait protesté là-contre au Conseil de sécurité; les Etats-Unis et la Grande-Bretagne lancent une offensive contre l’Irak en 2003 sur la base de preuves falsifiées; en 2011, l’Occident abuse d’une résolution de l’ONU destinée à la protection des populations, pour faire tomber Kadhafi. En Syrie, on soutient des bandes de rebelles peu crédibles en leur fournissant des armes pour se débarrasser du régime d’Assad. A chaque fois que le ‹coup d’Etat› sous l’intitulé ‹démocratisation› réussit, la Russie est éliminée de tous les anciens accords et le plus souvent les nations industrielles occidentales, notamment les Etats-Unis, s’approprient les affaires les plus lucratives.»

    «C’est pourquoi il n’y a qu’une solution: la paix» – et qu’a fait l’OTAN?

    Dans le chapitre «L’idée de la paix», l’auteure décrit de manière émouvante la mentalité de la population, telle qu’elle l’a connue à la fin des années 80 lors qu’elle travaillait en Russie. En premier lieu sa volonté de paix: «Sans la paix rien n’a de la valeur, exprima une étudiante en économie de 22 ans. […] Pour une retraitée de 64 ans seule comptait la volonté commune de paix de ‹notre Michail Sergejevitch [Gorbatchev] et le président des Etats-Unis›. Elle déclara: ‹La jeunesse ne peut pas s’imaginer ce que nous avons souffert pendant la guerre. J’ai été horriblement maltraitée, mais je m’en suis sortie. C’est pourquoi, il n’y a qu’une solution: la paix.›»
    Peu après la fin de la guerre froide, il y a eu des tentatives d’aller à l’encontre des vœux de paix des populations, en concluant des accords. Mais ces derniers restèrent lettre morte du fait de la volonté d’étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. «C’est ainsi que l’Occident se conduisit comme le vainqueur de la guerre froide, s’imaginant pouvoir ignorer les intérêts de la Russie.» Mme Krone-Schmalz cite d’un discours qu’elle a présenté en 1998: «Nous avons donc survécu avec peine à la guerre froide, sans toutefois nous en débarrasser, et voilà qu’on prépare déjà une nouvelle mouture, avec des frontières légèrement modifiées. Tout en comprenant parfaitement le désir de sécurité des Polonais, mais aussi des Lituaniens, et d’autres – c’est un très mauvais signal que de vouloir intégrer ces pays dans l’OTAN. Rien que d’en parler a déjà causé un tort incommensurable.»
    Mme Krone-Schmalz rappelle aussi le «péché originel»: «La guerre du Kosovo a eu une importance énorme en ce qui concerne la relation de la Russie avec l’Occident. La Russie a dû vivre le fait que le Conseil de sécurité de l’ONU a été totalement ignoré et que personne ne s’en est ému dans la communauté des Etats occidentaux.» En ce qui concerne la guerre en Géorgie de 2008, l’auteure fait appel à une citation personnelle: «En tant qu’observateur politique, on ne peut s’étonner qu’il y ait eu une guerre en Géorgie, mais en raison du fait que la Russie ait toléré si longtemps les provocations et les humiliations occidentales sans réagir.»
    «Comprendre la Russie» est destiné avant tout au public allemand. Dans le texte de la jaquette, on peut lire que «Les ressentiments antirusses ont une longue tradition en Allemagne et ont été renforcés par deux guerres mondiales. On le remarque aussi dans la crise ukrainienne. En fait, il ne s’agit pas seulement de la relation entre la Russie, l’Occident et l’Ukraine, comme le prétend la presse, mais de l’histoire depuis la fin de la guerre froide. Il est de toute première importance pour l’UE d’avoir la Russie comme partenaire. Dans la mesure où on s’en passerait, l’Europe risque d’être écrasée dans les conflits de pouvoir opposant les grandes puissances futures.»

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  • Les Etats-Unis préoccupés par... ce que va faire l'Allemagne

    George Friedman, fondateur et PDG de Stratfor, société privée américaine qui œuvre dans le domaine du renseignement, fondée en 1996, était invité le 4 février dernier du The Chicago Council. Il explique comment Washington peut conserver sa domination sur la planète. Partisan d'une géopolitique cynique, selon l'adage "diviser pour régner", il explique :

    "La politique que je recommande est celle adoptée par Ronald Reagan envers l’Iran et l’Irak : il a financé les deux côtés pour qu’ils se battent entre eux afin de ne pas nous combattre. C’était cynique, et ce n’était certainement pas moral, mais ça a marché. Et c’est le point essentiel. Les Etats-Unis ne peuvent pas occuper l’Eurasie : dès le moment où les premières bottes touchent le sol, la différence démographique est telle que nous sommes totalement en infériorité numérique. Nous pouvons vaincre une armée, nous ne pouvons pas occuper l’Irak. L’idée que 130 000 hommes puissent occuper un pays de 25 millions… eh bien, le ratio policiers/civils à New York est supérieur à celui déployé en Irak. Donc nous n’avons pas la capacité d’aller partout mais nous avons la capacité de, premièrement, soutenir diverses puissances rivales afin qu’elles se concentrent sur elles-mêmes, en leur procurant le soutien politique, quelques soutiens économiques, un soutien militaire, des conseillers et, en dernière option, faire comme avec le Japon, je veux dire au Vietnam, en Irak et en Afghanistan, par des mesures de désorganisation. L’objectif des mesures de désorganisation n’est pas de vaincre l’ennemi mais de le déstabiliser.

    "C’est ce que nous avons fait dans chacune de ces guerres : en Afghanistan, par exemple, nous avons fait perdre son équilibre à Al Qaïda. Notre problème, car nous sommes jeunes et stupides, est que, après avoir déstabilisé l’ennemi, au lieu de nous dire « C’est bon, le travail est fait, rentrons chez nous », nous nous disons : « Ce fut si facile ! Pourquoi ne pas y construire une démocratie ?! » Et c’est à ce moment que la démence nous frappe. La solution est que les Etats-Unis ne peuvent pas constamment intervenir dans toute l’Eurasie. Ils doivent intervenir de manière sélective et très rarement ; cela doit être fait en dernier recours. L’intervention militaire ne peut pas être la première mesure à appliquer. Et en envoyant les troupes américaines, nous devons bien comprendre en quoi consiste notre tâche, nous limiter à elle et ne pas développer toutes sortes de fantasmes psychotiques. Donc j’espère que nous avons retenu la leçon cette fois : il faut du temps aux enfants pour apprendre les leçons. [...]

    Alors, comment cela va-t-il se jouer ? Eh bien, les Etats-Unis ont déjà joué cartes sur table : c’est la ligne de la Baltique à la mer Noire. Quant aux Russes, leurs cartes ont toujours été sur table : ils doivent avoir au moins une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale. La Biélorussie est une autre question.Maintenant, celui qui peut me dire ce que les Allemands vont faire me dira ce que seront les vingt prochaines années de l’histoire. Mais, malheureusement, les Allemands n’ont pas pris leur décision. Et c’est toujours le problème récurrent de l’Allemagne, avec son économie très puissante, sa géopolitique très fragile, et qui ne sait jamais trop comment concilier les deux. Depuis 1871, la question de l’Europe a été la question allemande. Comme la question allemande ressurgit, c’est bien la question que nous devons régler, et nous ne savons pas comment l’aborder, nous ne savons pas ce qu’ils vont faire."

    Voici son intervention sous-titrée : 

    Michel Janva

  • Ukraine : une guerre mondialisée

    Depuis l'entrée en vigueur du protocole de Minsk, le 5 septembre dernier, protocole censé organiser le cessez-le-feu en Ukraine, celui-ci a été violé à diverses reprises. Fin janvier, les combats ont cependant redoublé d'intensité. Une situation qui n'étonne apparemment personne : Minsk ne fut qu'un chiffon de papier, une décision d'ordre humanitaire, ne réglant - et ne voulant régler... - ni les questions de droit, ni les questions politiques. Comme si ce conflit n'était qu'un pion sur un échiquier plus vaste.

    Du redoublement des combats, ces derniers jours, ces dernières semaines, en Ukraine, Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité. « La lumière au bout du tunnel » entrevue à l'automne ne s'est pourtant pas éteinte; mais elle éclaire d'un jour différent la situation, selon qu'on l'observe d'un bout du monde ou de l'autre. La réalité, de fait, veut que la paix proposée il y a cinq mois n'en était pas une - tout juste une parenthèse humanitaire qui ne celait pas le fait que l'opposition demeurait entière. Tant en ce qui concerne la question immédiate de l'indépendance des régions pro-russes de l'Ukraine que de la toile de fond qui oppose chaque jour davantage, sur le plan politique, la Russie de Vladimir Poutine aux Occidentaux.

    Le droit pour la guerre

    Ceux-ci ont immédiatement brandi sous le nez de Moscou la menace de nouvelles sanctions, sans vouloir admettre que cette stratégie, largement dictée par les Etats-Unis, ne pouvait avoir l'effet escompté. Bien au contraire ! En étranglant davantage encore Vladimir Poutine, ce chantage, « absolument destructeur » selon le Kremlin, ne peut le pousser que davantage dans ses retranchements. Surtout que, de part et d'autre, on parle de bon droit - fort éloigné, au demeurant, de celui des Ukrainiens. Un argument qui, comme l'observait Péguy il y a plus d'un siècle, n'est pas générateur de paix, mais bien de guerre...

    C'est la seule évidence de ce conflit : sur le terrain, le sang coule ! Que ce soit à Marioupol, que ce soit à Donetsk, les civils - les civils d'abord - paient le tribut du sang. Les morts s'ajoutent aux morts sans qu'on puisse arrêter un chiffre, avec une espèce de rage systématique. Sans surtout savoir pourquoi ils meurent...

    Une raison anonyme de mourir...

    Ni même par qui ils meurent. Car, de part et d'autre, on se renvoie la responsabilité du massacre. L'état-major de l'armée ukrainienne accuse bien sûr les « rebelles », assurant que ceux-ci ne veulent pas la paix : « Ils exécutent les ordre du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass. » Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Olexandre Tourtchnov, va plus loin en accusant Vladimir Poutine d'être personnellement responsable du drame qui se joue en Ukraine. En face, les combattants pro-russes nient avoir ouvert le feu sur Marioupol, ou dans la région. Du moins à ce moment-là. Et même les autorités de Marioupol semblent impuissantes à nommer l'ennemi qui les frappe.

    Cette confusion des responsabilités ne signifie nullement que les adversaires cherchent la paix. Le président de la République populaire autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, l'a clairement affirmé en rejetant l'idée d'une trêve, et en promettant, au contraire, de lancer une offensive dans toute la région pour en chasser son adversaire. Le droit contre la paix encore !

    Moscou se réfugie aussi derrière le droit, celui des Ukrainiens pro-russes, pour dénier toute responsabilité dans cette escalade. Pour autant, la Russie n'entend pas, aujourd'hui plus qu'hier, céder à la pression occidentale.

    D'une hégémonie l'autre

    On ne peut rien comprendre, en fait, à la situation en demeurant au niveau local de l'Ukraine. Les antagonismes vont bien au-delà. L'Amérique dénonce clairement, par la voix de son ambassadeur aux Nations unies, Samantha Power, une volonté hégémonique de la Russie: « (...) l'objectif final de la Russie reste le même : accaparer davantage de territoires, et déplacer la ligne des territoires qu'elle contrôle de plus en plus loin dans le territoire ukrainien. »

    Une question de droit encore, qui justifie toutes les extrémités. Le président polonais Bronislaw Komorowski n'a pas hésité à le dire : « La riposte du monde occidental doit être très ferme. »

    Sans hésiter, la Russie renvoie la balle. Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, accuse : « Nous observons des tentatives visant à faire dérailler le processus de paix, et des tentatives menées encore et encore par la direction de Kiev pour résoudre le problème par un recours à la force. »

    Un conflit mondialisé

    Tout cela signifie clairement que le conflit s'est internationalisé. Sinon sur le terrain, du moins en droit. Le pape François n'a pas hésité à le dire à plusieurs reprises ces derniers mois en évoquant « une troisième guerre mondiale par morceaux ». Vladimir Poutine ne dit pas autre chose lorsqu'il dénonce l'existence d'une « légion étrangère de l'OTAN » engagée aux côtés de l'armée ukrainienne. En deux mots, le président russe souligne les raisons américaines d'aller au clash : l'Ukraine est, à l'est, le dernier point où s'exerce l'influence des Etats-Unis, le dernier où ils défendent leurs « valeurs ».

    Dans ce conflit généralisé, les questions du gaz ou du pétrole ne sont que des épiphénomènes. Chaque bloc en présence semble convaincu qu'il ne peut vivre, ni même survivre, sous les ambitions, les revendications de son adversaire. C'est la seule raison sans doute pour laquelle Vladimir Poutine, à la limite de l'asphyxie économique, ne peut accepter, comme l'y engage Bruxelles, de condamner les agissements des « rebelles » pro-russes. Les questions nationales, en l'affaire, et pour estimables qu'elles soient par ailleurs, ne sont qu'un paravent...

     

    Olivier Figueras monde & vie 4 février 2015 

  • Guerre de l’information : la fréquentation des sites Internet des médias subventionnés s’effondre

    Il s’agit peut-être du deuxième effet kisskool de l’avalanche de propagande médiatique post #jesuischarlie. Les attaques répétées, aussi bien du gouvernement que de ses relais médiatiques subventionnés, contre les sites d’information alternatifs et la « complosphère », ont-elles créées une prise de conscience des citoyens concernant la propagande d’état à l’oeuvre dans les médias subventionnés ?  La chute de fréquentation des principaux médias mainstream recensée par le site Info contre Info est en tout cas vertigineuse.

    A titre d’exemple, le site du Monde.fr a perdu plus de 10 millions de lecteurs mensuels entre novembre 2014 et janvier 2015, le Figaro et l’Express.fr  plus de 2 millions, ainsi que le site du journal Libération.

    Dans le même temps, les deux plus importants médias d’information alternatifs en terme de fréquentation, le site d’Alain Soral Egalité et Réconciliation, et celui de l’humoriste Dieudonné Quenelplus, ont vu leur fréquentation exploser, et on peut supposer qu’il en va de même pour les autres  médias de « contre-information », indépendamment de leurs orientations politiques.

    On comprend mieux, dans ce contexte de grand effondrement de la presse traditionnelle, l’acharnement du système politico-médiatique contre le système d’information parallèle diffusé via Internet. Plusieurs médias, dont l’hebdomadaire l’Express ou encore Marianne, se sont ainsi fait le relais du pouvoir politique en dressant des listes de sites Internet jugés « complotistes » ou « conspirationnistes » et accusés de promouvoir l’antisémitisme, comme il ressort des conclusions du rapport commandé par la fondation Jean-Jaurès au théoricien du complotisme Rudy Reichstadt. Le président François Hollande a personnellement annoncé lors des commémorations de la libération d’Auschwitz, un vaste plan de lutte contre le racisme qui articule des volets répressifs, éducatifs, et de régulation des contenus diffusés sur Internet en ciblant plus particulièrement les « thèses complotistes [qui] prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux ».

    A cet effet, la nouvelle loi de programmation militaire adoptée en novembre 2014, permet la censure administrative, à la demande des services de renseignement français, de tout site Internet répertorié comme faisant l’apologie du terrorisme. Elle a été mise en application pour la première fois au début de l’année 2015, entrainant le « blocage administratif » de cinq sites par les fournisseurs d’accès hexagonaux. Cependant, cette première décision a soulevé un premier cas problématique quant à  l’évaluation de l’apologie du terrorisme par les services du ministère de l’intérieur. Un des cinq sites bloqués, Islamic-News.info, se définit comme un média d’information opposé au régime du président syrien Bachar-al-Assad et qui a pris comme ligne éditoriale la dénonciation des atrocités commises par la coalition chiite opposée à l’état islamique. Le responsable du site, dans un courrier publié par Numerama, a ainsi dénoncé un acte de censure politique. On voit donc bien ici toutes les dérives que peut entrainer un tel outil répressif, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien ou ukrainien, où la résistance palestinienne et novorusse est considérée par l’appareil médiatico-politique occidental comme relevant du terrorisme.

    L’arsenal législatif déployé par le gouvernement vise ainsi un encadrement et une surveillance renforcée des comportements et des expressions déviants à la ligne et à la narrative officielle. Les condamnations en série ayant suivi les attentats contre le journal Charlie Hebdo ont en effet montré que l’arsenal législatif « anti-terroriste » avait pris pour cible en priorité les citoyens français qui ne se « sentaient pas Charlie ». Il faut rappeler que des déficients mentaux,  ou encore des personnes en état d’ébriété avancée, ont en effet été condamnés à des peines de prison ferme pour « apologie du terrorisme » dans les mois ayant suivit les attaques terroristes à Paris.

    Malgré des aides à la presse pharaoniques de près de 400 millions d’euros en 2013, les médias subventionnés semblent cependant avoir perdu la bataille de l’information dans le contexte de la nouvelle guerre froide avec la Russie. La faute à une mise en scène bien trop orientée, partiale, voir tout simplement grotesque, de moins en moins susceptible de tromper les lecteurs qui ont aujourd’hui accès aux contre narratives et analyses diffusées aussi bien par les médias alternatifs et citoyens que par les médias internationaux « non alignés », comme Sputniknews ou Russia Today.  Le résultat de cette pluralité de l’information a été une perte de crédibilité probablement irréversible de la presse subventionnée pour une partie de son lectorat, particulièrement en ce qui concerne les sujets touchants à la politique internationale, dont le conflit ukrainien a servit de révélateur.

    L’OTAN a récemment pris conscience des dégâts que cette perte de crédibilité avait occasionnée  à son système narratif en mettant en place un contre système de propagande au niveau européen, sous la supervision de la chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini. Il est notamment prévu de relancer des grands médias en langue russe à destination des populations russophones, du type de ceux opérés durant la guerre froide, comme Voice of America ou Radio Free Europe, mais également de mettre en commun les compétences à l’échelle des grands quotidiens nationaux au sein d’une plate-forme commune de mutualisation des contenus dénommée Leading European Newspaper Alliance, et qui comprend pour l’instant Le Figaro, La Republica pour l’Italie, El Pais pour l’Espagne, Le Soir pour la Belgique, La Tribune de Genève et Tages-Anzeiger pour la Suisse.

    Cette uniformisation et ce formatage des contenus à l’échelle européenne s’accompagnera cependant d’un rejet encore plus massif de la part des citoyens de l’UE,  et d’un détournement vers les médias dits alternatifs. La réponse du pouvoir politique à sa perte d’influence croissante ne pourra alors être que plus radicale et répressive. Les régimes politiques basés sur le mensonge et la collusion n’ont en effet pas d’autre moyen de maintenir leur narration officielle et d’imposer leur vision idéologique déformée de la réalité que la coercition, c’est à dire la censure et la criminalisation des narrations et des opinions divergentes. Toute émancipation des citoyens dans la guerre de l’information qui se livre aujourd’hui se fera donc probablement au prix de nouvelles censures à venir…


    - SourceGuillaume Borel

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Des féministes font retirer un carnet de santé « sexiste », 33.000 euros à la poubelle

     La bêtise féministe n’a décidément aucune limite…

    Le visuel de la première page du carnet de santé remis aux parents dans les maternités des Bouches-du-Rhône a provoqué une levée de bouclier : on y voit une petite fille inquiète pour son tour de taille et un petit garçon ravi de se mesurer… Verdict : les féministes l’ont jugé « sexiste ».

    Résultat : Tous les carnets de santé vont être réédités.

    « Le coût de chaque carnet est d’un euro, comme nous éditons environ 33.000 exemplaires chaque année, le coût de cette réédition est de 33.000 euros », indique une porte parole du Conseil départemental qui souligne que le carnet a été validé par le précédent exécutif. 33.000 euros à la poubelle, pour satisfaire la bêtise totalitaire de quelques hystériques…

    http://www.contre-info.com/

     

  • Réforme du collège : la novlangue obligatoire

    Les nouveaux programmes scolaires dévoilés le 13 avril sont riches en jargon pédagogiste estime Julia Sereni. Elle y voit le produit d’une idéologie qui s’attaque à la transmission du savoir.

     

    « Aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs ». Non, ce n’est pas le titre de la brochure d’une secte post-Raélienne mais bien celui des nouveaux programmes de collège pour les langues étrangères et régionales (cycle 4, page 17). Ce jargon « pédagogiste » fait son grand retour dans les nouveaux programmes scolaires pour l’école primaire et le collège.

    Ainsi, dans la section consacrée à l’éducation physique et sportive le lecteur apprend avec bonheur que l’élève ne nage pas, non, il « traverse l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête » (page 22). Pas question non plus de s’adonner à de vulgaires jeux de raquettes, l’objectif c’est de « rechercher le gain d’un duel médié par une balle ou un volant » (page 23). Toujours dans cette section l’élève est invité lors des activités de combat à « vaincre un adversaire en lui imposant une domination corporelle symbolique et codifée ». Une prose digne des plus belles pages de Cinquante nuances de Grey.

    Au-delà de ces citations absconses qui amusent et inquiètent les réseaux sociaux, ces programmes sont le révélateur d’une réalité bien plus inquiétante : la déconnexion consommée entre ceux qui les rédigent et les autres, qui les subissent au quotidien. En effet, comment ne pas s’inquiéter du fait que personne, au sein du conseil supérieur des programmes, n’ait perçu le caractère risible des intitulés et la vacuité du vocabulaire employé ?

    Choix conscient ou non, l’emploi d’une telle novlangue est par essence le produit d’une idéologie déréalisante, c’est également un moyen de tenir à l’écart les parents en rendant, par l’utilisation d’un charabia scientiste, extrêmement compliqué ce qui pourrait être simple et clair. Au fond, les programmes sont réalisés non pas pour les élèves et les enseignants, mais bien au nom d’une certaine conception du système éducatif, d’une certaine idée de l’enfant. [....]

    La suite dans le Figarovox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Reforme-du-college-la-novlangue

  • Hollande dixit : contre l’UMPS, le FNPC ?

    Malgré son passé complexe, George Marchais a toujours conservé la tripe française.

    Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi.com.

     

    Il s’agit évidemment d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme le chantait si bien Charles Aznavour. Soit l’époque où notre Parti communiste qui, prenant ses ordres en URSS tout en touchant l’argent de Moscou, était paradoxalement l’un des partis les plus patriotes de France. Étonnant, non, comme aurait dit Pierre Desproges ?

    Et pourtant, il en fut ainsi. Point de détail qui fait mal aujourd’hui, mais sur lequel François Hollande a mis le doigt, ce week-end dernier, volontairement ou pas, en affirmant sur Canal+ que « Marine Le Pen parle comme un tract communiste des années 70″. Certes, et ce dès 1974, le Front national est le premier à placarder des affiches dénonçant « l’immigration sauvage » ; mais qui écoute alors ce qui n’est que la voix d’un groupuscule, alors que le très puissant PCF tient globalement le même discours, mais avec un peu plus d’écho ?

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  • Cet ignare de François Fillon

    Voilà ce que l'ancien Premier ministre a osé twitter :

    En 1940, l'URSS était alliée d'Adolf Hitler et en France, les communistes sabotaient les usines d'armement avant l'armistice et, au lendemain de l'armistice ils demandaient aux nazis le droit de faire paraître L'Humanité.

    Ce n’est que le 22 juin 1941, lorsque l’Allemagne lance l’opération Barbossa destinée à envahir l’URSS, que ce pacte germano-soviétique prend fin.

    Add : François Fillon vient de supprimer son tweet. Copie :

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    Michel Janva

  • Lutte contre les filières djihadistes : entre incompréhensions et interrogations

    Regard critique sur les propositions du Sénat.

    Le Sénat a publié début avril, dans un rapport intitulé « Filières "djihadistes" : pour une réponse globale et sans faiblesse », ses propositions visant à lutter contre la radicalisation, nouvel ennemi désigné du gouvernement Valls, suite aux attentats contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo perpétrés en janvier dernier.

     

    Si l’Exécutif semble découvrir ce phénomène, le rapport sénatorial, quant à lui, s’inscrit dans la logique républicaine scandée par"Charlie" , la "fée Zizolée" et le "Pasdamalgame", au point que tout être sensé peut y apercevoir le franchissement absurde du point Godwin. Alors que l’écrivain Albert Camus disait : « mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde », la commission d’enquête du Sénat a cru bon, en guise de préambule, de donner quelques précisions d’ordre sémantique au goût de la novlangue. On parlera, en effet, de terroristes « se réclamant de l’islam », et non « d’essence islamique », de « mouvance radicale salafiste », voire de « salafisme djihadiste », et l’on mettra un point d’honneur à ne pas froisser les musulmans. Loin de nous, cependant, l’idée de faire peser une quelconque responsabilité sur tous les musulmans. Mais il n’est pas sans intérêt de rappeler que la mouvance djihadiste prône une lecture littérale du Coran, une lutte acharnée contre les « infidèles » (1), l’instauration du califat (2), l’application de la charia, etc.

    S’agissant des propositions proprement dites, elles se répartissent principalement en deux axes, promouvant notamment une action a priori mais également a posteriori. Leur mise en œuvre présenterait le danger de conforter l’omniprésence de l’État dans les affaires privées et de remettre en question des libertés individuelles, passant par un renforcement accru du renseignement intérieur et de la censure. Cela fait écho à la loi "Renseignement" de Bernard Cazeneuve, dont la finalité ne semble pas tout à fait claire.

    Il s’agit également de promouvoir l’enseignement laïque et la laïcité, alors que le djihad est, en lui-même, une contestation de la laïcité – si bien que cela reviendrait, en définitive, à conforter les candidats au djihad dans leur voie.

    Comment ne pas citer Bossuet, selon lequel « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » ? En effet, le Sénat préconise ce à quoi les partis souverainistes appellent depuis des années, à savoir un meilleur contrôle aux frontières. De la même façon, la politique pénale en vigueur, observée dans sa globalité, véritable fontaine de clémence, témoigne d’une incohérence flagrante – « on prend plus soin des auteurs que des victimes », rappelait un général de gendarmerie (3).

    Nous nous attacherons également au traitement psychiatrique des individus à risque en prison, car ces derniers, loin d’être des déséquilibrés, sont souvent des jeunes en manque de repères, qui cherchent, dans le combat que propose l’islam, une voie existentielle supérieure à ce que leur offre le monde marchand et matérialiste.

    En définitive, même si ce rapport propose de bonnes solutions en matière de renseignement intérieur et quant au milieu carcéral, celles-ci sont généralement déconnectées de la réalité du terrain, et souvent noyées dans les méandres idéologiques de la classe politique. De plus, elles sont présentées dans l’urgence, alors qu’une véritable réflexion de fond serait nécessaire afin d’apporter à l’islamisme une réponse efficace et soucieuse du bien commun.

    Louis de la Fère

    (1) « Lorsque les mois sacrés seront terminés, tuez les polythéistes là où vous les trouvez ; capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. » Sourate 9, verset n° 5.

    (2) « Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul. » Sourate 3, verset n° 193.

    (3) Audition du général de corps d’armée Bertrand Soubelet, directeur des opérations et de l’emploi de la Gendarmerie nationale, commission de lutte contre l’insécurité de l’Assemblée nationale, 18 décembre 2013.

    NB – A lire également, « Insécurité : le rapport des préfets qui dénonce le laxisme judiciaire », Le Figaro, 29 janvier 2014.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Lutte-contre-les-filieres