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  • « Eloge des frontières », de Régis Debray

    Régis Debray, venu d’une ultra-gauche mondialiste marxiste, ne cesse d’étonner. De livre en livre comme dans sa remarquable revue Médium il évolue vers un national populisme tranquille et solidement argumenté. Bousculant avec allégresse ses utopies d’origine, il établit de nouvelles frontières intellectuelles. A lire, faire lire, commenter, réfléchir, diffuser. Après Didier Marc c’est au tour de Claude Lenormand de nous y inciter avec un article à paraître dans Livr’Arbitres, la revue du pays réel.
    Polémia

    Médecins sans frontières, proxénètes saxophonistes sans frontières, sosies d’Elvis Presley sans frontières, arrêtons-nous ici, la liste est longue et la pauvre frontière semble passée de mode. Dans une Europe fatiguée, Euroland – capitale Bruxelles – ne sait même pas où sa frontière s’arrête. Les doses de Valium du Borderless World bercent des vieillards gâtés. La ville monde du libéralisme marchand et l’hyper-classe mondiale rêvent d’un monde enfin unifié (exact pendant de la bonne vieille société sans classes marxiste) où enfin hommes et marchandises, réduits à leur valeur d’échange, circuleraient librement.

    La frontière se rebiffe

    Mais la frontière se rebiffe ! Vingt-sept mille kilomètres de frontières nouvelles ont été tracées depuis 1991. Le droit international – pétrole et gaz obligent – territorialise la mer. La frontière est insubmersible tant sont profondes ses racines. Religieuses tout d’abord. Jéhovah sépare la lumière des ténèbres puis sépare la terre et les eaux. Zeus coupe l’androgyne primitif (tant regretté par Platon) pour en faire un homme et une femme. Toute création implique partage et toute frontière a un fond sacré. Sacré comme sanctuaire viennent du latin sencire : délimiter, entourer, interdire. Par la frontière le politique rejoint le religieux. Là où il y a du sacré, il y a aussi une enceinte. Ce que la communauté perd en superficie elle le gagne en durée et en intensité. La séparation nous protège comme elle nous prolonge, rejoignant Paul Valéry : « Ce qu’il y a de plus profond chez l’homme c’est la peau ».

    La frontière déclenche la guerre et établit la paix

    La frontière est par essence ambivalente. Elle déclenche la guerre et établit la paix. L’exemple du conflit israélo-palestinien en est une vivante illustration. Faute de limites territoriales clairement établies, deux peuples – aux racines historiques mais antagonistes – s’affrontent entre oppression quotidienne et défense par le terrorisme. Elle inhibe la violence et peut la déclencher. Elle dissocie et réunit. Janus, le dieu du passage, a deux faces. C’est la membrane qui détermine la cellule. La membrane, couche isolante, protège et en même temps régule l’indispensable échange entre le dedans et le dehors. Notre première maison c’est la matrice maternelle. En japonais fukuro, sac, poche, désigne aussi bien la mère que la communauté de naissance. Cette même communauté érige des frontières culturelles visibles ou invisibles. Dans L’Empire des signes Roland Barthes établit un catalogue du Japon, de ses signifiants, les corps, les visages, l’écriture et leurs entrelacs. Tous ces traits circulent et forment délibérément un système, le Japon, et un peuple, les Japonais. Le chaos initial pour le nouvel arrivant se décrypte en ordre symbolique qui forme un peuple. Nos drapeaux, nos chansons (aussi ce que Deleuze appelle la ritournelle, l’air que l’on sifflote dans le noir), nos comptines, nos hymnes, notre manière de faire la cour, de faire l’amour, ce que nous buvons, ce que nous mangeons sont des référents implicites ou explicites qui établissent autant de frontières culturelles.

    Par ces frontières culturelles la population devient un peuple

    Par ces frontières culturelles la population devient un peuple. La question en apparence secondaire de la nourriture halal est culturellement fondatrice pour le vécu le plus ordinaire de chacun : ce que les peuples européens mangent tous les jours. Manger halal et réclamer son extension (déjà faite dans nombre de cantines collectives et chez certains traiteurs) c’est marquer clairement son appartenance à une autre communauté, elle-même porteuse d’un grand nombre de valeurs culturelles implicites ou revendiquées ni inférieures ni supérieures mais clairement autres. « La religion sans la culture devient une façon économique de rentrer au village tout en restant sur place », une manière élégante de faire sécession tout en tirant profit de certains avantages culturels – notamment sociaux et financiers – de la cellule d’accueil.

    L’idéologie transfrontiériste

    Que veut en réalité l’idéologie transfrontiériste ? Quelles sont ses perspectives concrètes affectant tant notre vie individuelle que notre devenir commun ? Tout d’abord masquer un économisme ontologique défendant les intérêts matériels et moraux de l’hyper-classe mondialisée. Avalisant le moins d’Etat, conférant à la libre circulation des hommes et des marchandises l’onction d’un dogme, le transfrontiériste déguise les multinationales en autant de fraternités. L’exception culturelle, voilà la barrière à abattre pour le bobo mondialiste figure emblématique de la classe médiatique. Ouvrir les vannes, c’est à coup sûr renforcer encore le rôle de l’argent. Là où tout est monnayable, seuls les dépossédés ont intérêt à la territorialisation. « Leur seul actif, c’est leur territoire ». Les très riches n’ont pas de frontières, d’un coup d’avion ils se transfèrent avec leur famille vers le « bon territoire », entendez celui où la fiscalité est la plus favorable. D’un coup de clavier les banques leur transfèrent leurs avoirs, la vie est belle et sans frontières. Mais les autres ? Les classes moyennes, les pauvres ? « Le faible n’a pour lui que son bercail ». Economisme donc mais aussi absolutisme et affadissement des saveurs du monde. Les terroirs (pour le vin la lutte entre les appellations européennes par terroirs et les américaines par cépages est révélatrice), les patois – et toute autre langue que le Globbish English est un patois –, les rites, les cérémonies, les rythmes propres à chaque culture sont des obstacles à la société comme marchandise, au monde comme monnaie. Cet absolutisme se transforme volontiers en impérialisme compassionnel. « Justice sans limites » fut le nom initial donné par les Etats-Unis dans leur première opération contre l’empire du mal, le terrorisme. Le devoir d’ingérence était difficile à digérer même pour les estomacs néo-colonialistes les plus robustes. Il s’est donc mué en un charmant « devoir de protection » qui est la même chose mais en plus chantant. Il va de soi que ce devoir sacré de protection des peuples s’applique à la Libye. Pour des raisons inexpliquées à ce jour il ne s’applique pas à Bahrein. Gageons que la présence de la base centrale de la VIe flotte américaine en Méditerranée n’y est pour rien. Pour le Tibet, le peuple Karen, l’Algérie, la Tchétchénie et d’autres les paris sont ouverts mais soyez prudents dans votre mise et mesurez bien les rapports de force avant d’engager votre chemise.

    La bonne frontière

    La bonne frontière, c’est celle qui permet des aller-retour, des échanges fructueux sans que chacun renonce à être soi-même. Qu’y a-t-il de plus agréable que de franchir une frontière pour découvrir de l’étranger, de l’inconnu, de l’autre. Qu’y a-t-il de plus doux que le devoir d’hospitalité ? Cette hospitalité qui est détruite dès que le franchissement de frontière se transforme en colonie de peuplement. Pour les juristes et les spécialistes du droit une priorité s’impose :

    « Le droit à la frontière… un droit ? Non : le devoir de frontière est une urgence ». Merci, Monsieur Debray.

    Claude Lenormand , 1/04/2011

    Régis Debray, Eloge des frontières, Gallimard 2010, 96 pages
    A retrouver sur Livr’Arbitres, la revue du pays réel

    http://archives.polemia.com/article.php?id=3717

  • Reims : un homme menace « d’égorger les passagers d’un train »

    Selon le site de L’Union , dimanche en fin de matinée à la gare de Reims, un voyageur a été arrêté par la police après avoir tenu des propos quelque peu « inquiétants.
    Le journal rapporte que l’individu, qui était dans un train assurant la liaison entre Strasbourg – Roissy-Charles-de-Gaulle, a verbalement menacé le personnel de bord du restaurant, en affirmant qu’il allait « égorger » des passagers!
    Un contrôleur, qui se situait près de l’homme, lui a demandé son billet. N’étant pas en règle, le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années l’a menacé , avant de lâcher  :« Je vais tout faire exploser. La France entendra parler de moi. Je vais tous vous égorger ».
    Quelques heures seulement après le drame évité de justesse dans le Thalys, ces menaces ont été prises très au sérieux.
    L’agent SNCF a réussi avec quelques passagers à le maîtriser et l’isoler. Il n’avait aucune arme sur lui.

    Après avoir été placé en garde à vue au commissariat central de Reims, il aurait été examiné aujourd’hui par un expert psychiatre. Son identité est en cours de vérification.
    Selon les premiers éléments fournis à nos confrères, l’individu « ne jouit manifestement pas de toutes ses facultés mentales. Après son arrestation, le TGV a pu repartir en direction de l’aéroport de Roissy. »

    Le parquet décidera des suites judiciaires à donner en fonction des résultats de l’expertise.

    Source

    http://www.contre-info.com/

  • TAFTA / TTIP : rejoignez l'initiative de Wikileaks!

    Wikileaks propose une récompense de 100 000 € pour le secret le plus recherché par l’Europe : Le traité de libre-échange transatlantique. Et procède pour cela à une première levée de fond. A l'appui de cette initiative, ce document video de 10 minutes, sous-titré en anglais et dont le script intégral est ici. Elle complète opportunément les documents que votre blog préféré a déjà relayés à ce sujet.

    Une fois encore, rappelons que le TAFTA/TTIP est tout aussi dangereux pour l'avenir de nos vieux pays que le "grand remplacement" et la menace islamique, car il est plus insidieux, moins immédiatement tangible. Comme eux, il est une conséquence de la trahison permanente de l'oligarchie libérale-libertaire qui nous mène à notre perte.

     

    Paula Corbulon

  • Les Européens doivent faire plus d’enfants pour éviter une catastrophe démographique

    C'est le titre d'un article qu'il faut mettre en parallèle avec le post de ce matin sur le grand remplacement :

    "Les taux de natalité se réduisent de plus en plus en Europe ce qui pourrait conduire à une tempête démographique, et par extension, compromettre la croissance économique du Vieux Continent. L’Espagne possède en effet l’un des taux de fertilité les plus faibles de l’Union européenne, avec une moyenne de 1,27 enfant par femme en âge de procréer, contre une moyenne européenne de 1,55 (...)

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    En parallèle, le nombre de migrants économiques et de demandeurs d’asile qui cherchent à pénétrer dans les pays de l’UE au péril de leur vie n’a jamais été aussi important, atteignant des niveaux records. Paradoxalement, les autorités tentent de les repousser, quand bien même une crise démographique sans précédent menace le continent. L’Europe a un besoin croissant de gens jeunes, dont le travail pourra financer les services de santé, les retraites, s’occuper des personnes âgées et peupler les zones rurales (...)

    Seuls les pays scandinaves semblent résister à cette tempête démographique. C’est certes partiellement grâce aux congés parentaux généreux et à la stabilité économique qui caractérise ces pays. Mais pour la Suède et la Norvège, une forte immigration nette contribue à ces bons résultats (...)

    L’immigration est aussi l’un des moyens qui permet de soutenir, voire de stimuler, le taux de fécondité en Grande-Bretagne et en France qui ont permis à ces populations de croître en termes absolus (...)."

    La teneur générale de l'article et sa conclusion en particulier ont le mérite de reconnaître que les taux de natalité élevés en Europe (France, Suède, Notvège) s'expliquent par la population immigrée ou d'origine étrangère présentes sur leur sol... Quand à la solution souhaitée par l'auteur, elle ressemble au grand remplacement qui n'existe pas... 

    Philippe Carhon

  • Nouvelle École, Oswald Spengler

    Nouvelle_Ecole_3.jpegLa densité et la longueur de cet article de Marc Didier, consacré à la dernière livraison annuelle de Nouvelle Ecole, nous contraignent à n’en présenter, ci-après, qu’une première partie. Le lecteur pourra prendre connaissance de l’ensemble du texte, édité en PDF tel qu’annoncé in fine.
    Polémia

    La revue annuelle que dirige Alain de Benoist vient de publier un numéro consacré en grande partie au philosophe allemand Oswald Spengler (1880-1936), un des représentants les plus éminents de la Révolution Conservatrice. L’ensemble proposé est d’une grande densité et il ne saurait être question ici d’en rendre compte d’une manière exhaustive, notre propos sera donc d’en présenter les principaux thèmes et de dégager ainsi les aspects essentiels d’une pensée particulièrement riche.

    Jusqu’à cette livraison de Nouvelle École, l’œuvre de Spengler demeurait largement méconnue en France. C’est bien sûr la traduction du Déclin de l’Occident (1) en 1931-1933 qui l’a fait connaître, elle sera suivie en 1934 de celle de l’essai Années décisives. L’Allemagne et le développement historique du monde (2), puis il faudra attendre 1958 pour L’homme et la technique (3), 1979 pour lesÉcrits historiques et philosophique (4) et 1986 pour Prussianité et socialisme (5). Nombre de ses ouvrages, dont sa correspondance et ses écrits posthumes, n’ont a ce jour jamais été traduits.

    Peu de livres lui ont été consacrés, hormis quelques thèses universitaires, dont celle, en 1980, de Gilbert Merlio Oswald Spengler, témoin de son temps ». Son nom apparaît seulement, que ce soit pour le contester ou pour l’approuver, dans des ouvrages d’historiens ou de sociologues. Henri-Irénée Marrou a vu ainsi en lui « un maître d’erreurs sombres », et Lucien Febvre a défini sa philosophie comme « opportuniste ». Moins hostile, Raymond Aron, dans son Plaidoyer pour une Europe décadente(1977), évoquera « une philosophie de l’histoire […] qui dénonce les idoles modernes annonciatrices de la décadence », tandis que Julien Freund et Gilbert Durand lui emprunteront certains aspects de sa pensée politique.

    Hors de France, Spengler a certainement beaucoup influencé l’historien anglais Arnold J. Toynbee qui, dans sa conception de l’histoire universelle, accorde une place centrale aux « cultures » mais refuse l’idée qu’elles sont des « organismes vivants ». Il a également marqué le sociologue russe Pitrim Sorokin pour qui l’auteur du Déclin de l’Occident « s’est d’un seul coup placé au premier rang de la pensée sociologique du XXe siècle ».

    Plus récemment, l’américain Samuel Huntington, auteur du Choc des civilisations, essai dans lequel il distingue huit grandes aires civilisationnelles, a remis Spengler au goût du jour, bien qu’à ses yeux les cultures ne soient pas des organismes vivants et qu’il ne reprenne pas à son compte l’opposition entre culture et civilisation (The clash of civilisations a été traduit en allemand par Der Kampf der Kulturen).

    Une chose est sûre, Spengler est essentiellement connu pour son « grand œuvre » Le déclin de l’Occident (sous-titré Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle), dont le premier volume est paru en avril 1918 et le second en mai 1922 Cette publication, peu avant la fin de la Première Guerre mondiale, fut un véritable événement, notamment en Allemagne où elle suscita, dans des articles et des livres, maints commentaires, favorables ou hostiles. Par exemple, si Walter Benjamin l’attaqua violemment, Georg Simmel le salua comme le créateur de « la philosophie de l’histoire la plus importante depuis Hegel ».

    L’idée centrale du livre est que « l’humanité n’a aucun objectif, aucune idée, aucun plan », elle n’est qu’« un concept zoologique, ou bien alors un mot vide de sens ». Il n’existe donc pas d’« histoire de l’humanité » mais une « histoire mondiale […] des grandes cultures » qui en constituent la « propre substance » et en constituent le « phénomène originaire ». De même, il n’y a pas une « histoire mondiale linéaire », mais une « multiplicité de cultures puissantes » qui correspondent aux grandes cultures historiques.

    Après la culture primitive qui est apparue au début de l’ère glaciaire et s’est achevée il y a 10.000 ans, l’auteur distingue huit « grandes cultures » : celles de Sumer, de l’Egypte, de la Chine, de l’Inde, de l’Antiquité (Grèce et Rome), du Mexique, de l’Occident et du monde arabe. Dans la vie de ces cultures, il discerne trois grandes phases qui, comme cela se produit pour les plantes et les animaux, correspondent à la naissance, au développement, à la vieillesse, puis à la mort. Chaque culture est un « être vivant », un organisme doté d’une « âme » spécifique, et chacune atteint son plus haut degré de développement lorsque cette âme leur donne, et devient elle-même, une « forme ». Quand l’âme « a réalisé la somme entière de ses possibilités », la culture meurt, et lorsque l’âme dépérit, la culture devient civilisation. Celle-ci est « le destin inéluctable de toute culture », c'est-à-dire le temps du déclin. C’est ce qui s’est produit au IVe siècle pour le monde gréco-latin et au XIXe siècle pour l’Occident, c’est ce qui correspond à la phase de « mécanisation du monde », selon la formule de Walter Rathenau. L’Occident va alors exporter sa civilisation, sous la forme de la « mission civilisatrice » des peuples européens, que Jules Ferry définit, le 28 juillet 1885 dans un discours à la Chambre des députés, comme « le devoir de civiliser les races inférieures ». De fait, Spengler ouvre sur l’histoire universelle une perspective organiciste et morphologique inspirée de Goethe. L’histoire doit être considérée de manière « physiognomique », c'est-à-dire en cernant la « physionomie » de leurs formes historiques, ce qui implique « la décision du sang, la connaissance des hommes étendue au passé et à l’avenir, le sens inné des personnes et des situations »… Comme l’écrit Alain de Benoist dans son introduction, « Spengler ne cherche pas à expliquer, mais à comprendre l’histoire », à en déchiffrer le « secret » qui est celui d’une « unité organique à structure périodique ».

    Si l’on s’arrête un instant sur le titre de l’ouvrage qui a fait florès, on observe que le mot « déclin » (en allemand Untergang) a le sens de « crépuscule »mais aussi celui d’« accomplissement », et que le mot « Occident » (Abendland) signifie la terre du couchant. Toutefois Spengler aura beau dire que la notion d’Untergang renvoie à l’image d’un très beau soleil couchant, c’est l’idée de « déclin » que retiendront les commentateurs, et avec elle, le constat du pessimisme de l’auteur. Si celui-ci se veut avant tout « réaliste », il ne nie pas un certain pessimisme, mais demande qu’il ne soit pas confondu avec celui « des petites âmes fatiguées qui craignent la vie et ne supportent pas la réalité ». Pour mieux convaincre, il écrira dans L’homme et la technique : « Nous devons poursuivre avec vaillance, jusqu’au terme fatal, le chemin qui nous est tracé. […] Notre devoir est de tenir […] à l’exemple de ce soldat romain […] qui, durant l’éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu’on avait omis de venir le relever. Voilà qui est noble, voilà qui est grand ».

    L’intuition fondamentale de Spengler fut celle de la non-continuité de l’Histoire et de l’irréductibilité des cultures (idée que l’on retrouvera plus tard chez Claude Lévi-Strauss). Mais son apport sans doute le plus fructueux est sa critique de la conception linéaire de l’histoire, autrement dit de son « sens », selon les deux acceptions de ce terme. C’est une critique de l’idée de progrès, de la vision classique du déroulement de l’histoire, mais aussi de l’universalisme et de l’ethnocentrisme. L’ensemble des cultures, notamment celles d’Asie et d’Orient, ne doit pas être considéré à la seule aune de l’Occident.

    Didier Marc, 21/03/2011

    Notes :

    1. 1ère édition en français, vol 1-2. : Forme et réalité, vol. 3-5 : Perspectives de l’histoire universelle, coll. « Bibliothèque des idées », Gallimard, 1931 et 1933. Depuis, l’ouvrage a connu dix rééditions, dont la dernière en 2002.
    2. Mercure de France, réédition coll. « L’Or du Rhin », 2, Copernic, 1980.
    3. Coll « Les Essais », 89, Gallimard, réédité en 1969.
    4. Coll « L’or du Rhin », 3, Copernic.
    5. Actes Sud.

    Texte intégral en cliquant ici http://www.polemia.com/pdf_v2/Nouvelleecole.2.pdf

    Nouvelle École, numéro 59-60, années 2010-2011/29 €. 
    242, boulevard Voltaire, 75011, Paris.

    http://archives.polemia.com/article.php?id=3723

  • Compte-rendu des portes ouvertes d'Academia Christiana (21 au 23 août 2015)

    La semaine dernière se déroulait à Sées, en Normandie, une université d'été catholique, Academia Christiana. Sées, située dans le sud de la Normandie, entre Argentan et Alençon, est une ville riche d'histoire avec entre autre la cathédrale Notre-Dame.

    C'est au sein des locaux de la Fraternité Saint-Pierre, catholique traditionaliste, que se sont regroupés une soixantaine de jeunes catholiques de différents horizons ayant la volonté de recevoir une formation religieuse, intellectuelle et politique. Ils ont pu entendre entre autre Gilles de Beaupte, Frédéric Pichon ou Philippe Maxence. A partir du vendredi étaient organisées des portes ouvertes pour lesquelles Jean Terroir, responsable du C.N.C., Arnaud Naudin, qui y collabore et Julien Langella, auteur de l'ouvrage La jeunesse au pouvoir, paru aux Éditions du Rubicon, sont intervenus. Nous avons été accueillis chaleureusement et avons été positivement impressionnés par la qualité du public et de l'organisation. Une autre jeunesse existe bel et bien.

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    C'est au C.N.C. et au réseau M.A.S. par le biais de Jean Terroir qu'il revenait d'inaugurer en quelque sorte le dernier week-end de formation. Un propos sur « Résister au capitalisme dans un système capitaliste » qui donnait des pistes et qui a reçu un bon accueil en raison de certaines habitudes de nombreux paroissiens en ce qui concerne l'entraide par exemple. Samedi matin, c'était à Arnaud Naudin qu'il revenait de traiter un sujet singulier : Une autre vision de Mai 68. Arnaud aura pointé qu'il existe un « bon Mai 68 » qu'on pourrait retrouver dans les réflexions actuelles d'une frange catholique sur la décroissance et la limite. Il a aussi noté combien la droite gaullo-pompidolienne avait contribué au moins autant aux changements de la société française que l’intelligentsia gauchiste. Enfin samedi, Julien Langella a tenu un propos sans concession sur l'engagement politique, qu'il soit électoral ou associatif, où il aura insisté sur la nécessité d'agir et de défendre une ligne identitaire. Le samedi a également été l'occasion d'écouter l'Abbé de Nedde sur « charité et politique », un propos intéressant où nous avons pu déceler certains points communs avec notre approche comme l'importance de l'action locale et enracinée.

    Ce week-end aura été placé sous le signe des échanges et des rencontres. Les contributions d'Arnaud Naudin et Jean Terroir seront publiées prochainement. Pour le reste, il faudra attendre les versions audio ou video des différentes interventions. Nous avons également procédé à l'enregistrement d'une émission de Méridien Zéro qui, espérons le, n'aura souffert d'aucun soucis technique. Nous y traitons de la dernière Encyclique du Pape et d'Academia Christiana. Une petite « surprise » musicale se glisse aussi au cœur de l'émission. Vous y entendrez Jean Terroir (C.N.C./M.A.S.), Arnaud Naudin (C.N.C./M.Z.), Victor Aubert (Academia Christiana), Pierre Saint-Servant (Présent), Guillaume Le Carbonel (C.N.C. / Rébellion), Julien Langella (Academia Christiana) mais aussi des jeunes participants qui ont accepté de s'exprimer lors de cette émission.

    Souhaitons que cette première participation du C.N.C. et du réseau M.A.S. ait pu nourrir le débat et la réflexion et que cette session de formation débouchera chez les jeunes sur un engagement dans le réel.

    Le Cercle Non Conforme

    Liens:

    - Le site d'Academia Christiana pour en savoir plus sur cet événement.

    - Le site des Éditions du Rubicon pour commander l'ouvrage de Julien Langella.

    - Le blog de Méridien Zéro pour ceux qui voudraient découvrir la radio.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Histoire, culture, islam…Alain Finkielkraut : « L’école des savoirs cède la place à l’école de la thérapie par le mensonge »

    Le philosophe Alain Finkielkraut dénonce la dernière réforme des programmes scolaires.

    Au sujet de la réforme du collège, Najat Vallaud-Belkacem a affirmé dans Le Point: «il y a une différence essentielle entre les progressistes et les conservateurs. Les premiers combattent les inégalités quand les seconds en théorisent la nécessité». La réforme qu’elle promeut est-elle selon vous conservatrice ou progressiste ?

    Il n’appartient pas à l’école républicaine de combattre toutes les inégalités, mais d’assurer, autant que faire se peut, l’égalité des chances pour donner à chacun sa juste place selon ses aptitudes et son mérite.

    Mais il ne s’agit plus de cela : c’est au scandale ontologique d’un partage inégal de la pensée entre les hommes que s’attaque, depuis quelques décennies, l’Éducation nationale.

    Confondant l’ordre de l’esprit, où prévaut la hiérarchie la plus stricte, et l’ordre de la charité, où règne l’amour universel, elle promet la réussite pour tous et rabaisse continuellement le niveau d’exigence afin de ne pas déroger à son serment. Les sociologues lui ayant de surcroît révélé que les «héritiers» avaient accès par droit de naissance à la culture que l’école a pour mission de transmettre au plus grand nombre, l’institution a pris le taureau par les cornes et décidé de mettre l’essentiel de cette culture au rebut. L’école est devenue la nuit du 4 Août permanente de ce que Malraux appelait «l’héritage de la noblesse du monde».

    Voici, une fois cet héritage liquidé, la liste d’objectifs assignés aux classes de français de 4e et de 3e: «se chercher, se cons-truire» ; «vivre en société, participer à la société» ; «regarder le monde, inventer des mondes» ; «agir sur le monde».

    Et François Dubet, l’un des initiateurs de ce remplacement, prévient : «On ne peut concevoir que certains élèves aient plus de culture commune que d’autres.»

    [...]
    L’interdisciplinarité a pour objet d’apprendre aux élèves à «mener ensemble des projets». Les disciplines appartiennent-elles au passé ?

    La télévision a donné en exemple deux professeurs d’histoire et d’espagnol invitant ensemble leur classe à rédiger un tract sur les vertus du développement durable. Là où il y avait les œuvres, il y a maintenant les tracts. Mais on aurait tort de s’inquiéter: c’est pour la bonne cause. [...]

    Les programmes d’histoire conservent l’étude obligatoire de l’islam quand celles de la chrétienté médiévale et des Lumières deviendront facultatives. Que vous inspire ce choix ?

    Il ne s’agit pas simplement d’imposer l’étude de l’islam, mais de lutter contre «l’islamophobie», à travers une présentation embellissante de la religion et de la civilisation musulmanes.

    Convaincus, avec Emmanuel Todd, que Mahomet est «le personnage central d’un groupe faible et discriminé» et que le vivre-ensemble passe par le redressement de l’image de ce groupe dans l’esprit des autres Français, nos gouvernants proposent, en guise de formation, un endoctrinement aussi précoce que possible des élèves. On ne veut plus les instruire, mais les édifier afin de les rendre meilleurs. Le reste – l’essor des villes, l’éducation au Moyen Âge ou la pensée humaniste – est facultatif. |…]

    L’accent est mis aussi sur les périodes sombres de l’histoire de France. Comment aimer et faire aimer un pays toujours coupable ?

    Les nouveaux programmes ne se préoccupent absolument pas de faire aimer la France. Ils appliquent à la lettre le dogme de la critique sociale: le mal dans le monde résulte de l’oppression ; c’est l’inégalité qui est la source de toute violence. Le fanatisme islamique, autrement dit, est le produit de la malfaisance coloniale et de sa continuation postcoloniale.

    Si l’on aborde l’histoire du XVIIIe et du XIXe siècle sous l’angle: «Un monde dominé par l’Europe, empires coloniaux, échanges commerciaux, traites négrières», le nouveau public scolaire retrouvera sa «self-esteem», l’ancien perdra son arrogance et tous les problèmes seront réglés. L’école des savoirs cède ainsi la place à l’école de la thérapie par le mensonge.

    Que peuvent encore dire à notre temps Racine, Baudelaire ou Mauriac ? Quand la connaissance est accessible en un «clic», l’idée de transmission n’appartient-elle pas au passé ?

    Ce que peuvent dire à notre temps Racine, Baudelaire ou Mauriac c’est qu’il y a autre chose que lui-même: d’autres mots, d’autres formes, d’autres visages. Ce temps qui se prétend si ouvert ne veut rien savoir. Allergique à l’altérité, il ordonne aux enseignants de choisir des «problématiques» proches des élèves.

    source

    http://www.fdesouche.com/637953-histoire-culture-alain-finkielkraut-lecole-des-savoirs-cede-la-place-lecole-de-la-therapie-par-le-mensonge

  • Nécessité de l'antiaméricanisme - Emmanuel Ratier reçoit Martin Peltier (juin 2015)