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  • « L’atomisation du monde »

    Dans le passé, l’Église catholique me paraît avoir surtout condamné le libéralisme philosophique pour son « relativisme » et son « indifférence à la vérité » (ce relativisme étant d’ailleurs lui-même tout relatif : le libéralisme n’a bien sûr jamais tenu pour équivalentes les affirmations libérales et les affirmations anti-libérales !). Malgré les acquis de la doctrine sociale de l’Église, elle a en revanche souvent fermé les yeux sur l’exacte nature du libéralisme économique, apportant ainsi une légitimation indirecte à la domination sociale de la classe bourgeoise. Il me semble que cela est en train de changer, et je m’en félicite.

     

    On ne peut rien comprendre au libéralisme aussi longtemps qu’on en oppose entre elles les formes principales (économique, politique, culturelle, philosophique), de même qu’on ne peut rien comprendre au capitalisme si l’on y voit seulement un système économique et non pas un « fait social total » (Marcel Mauss). L’unité profonde du libéralisme réside dans son anthropologie – une anthropologie dont le fondement est, indissociablement, l’individualisme et l’économisme.

    Sans remonter trop loin, rappelons que l’individualisme est l’héritier du nominalisme, qui pose en principe qu’il n’existe aucun être au-delà de l’être singulier (c’est également de la Scolastique espagnole que dérive la théorie subjective de la valeur). L’individualisme est la philosophie qui considère l’individu comme la seule réalité et le prend comme principe de toute évaluation. Le libéralisme pose l’individu et sa liberté supposée « naturelle » comme les seules instances normatives de la vie en société, ce qui revient à dire qu’il fait de l’individu la seule et unique source des valeurs et des finalités qu’il se choisit.

    Cet individu est considéré en soi, abstraction faite de tout contexte social ou culturel. C’est pourquoi l’individualisme libéral ne reconnaît aucun statut d’existence autonome aux communautés, aux peuples, aux cultures ou aux nations. L’individu est censé venir en premier, soit qu’on le suppose antérieur au social dans une représentation mythique de la « pré-histoire » (antériorité de l’état de nature), soit qu’on lui attribue un simple primat normatif (l’individu est ce qui vaut le plus). Dans l’un et l’autre cas, l’homme peut s’appréhender comme individu autonome sans avoir à penser sa relation à d’autres hommes au sein d’une socialité primaire ou secondaire. La société est elle-même appréhendée au moyen de l’individualisme méthodologique, c’est-à-dire comme simple agrégat d’atomes individuels.[..]

    Par Alain de Benoist

    La suite dans La Nef

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-atomisation-du-monde

  • La popularité de Nadine Morano en hausse

    ...et celle de Nicolas Sarkozy en baisse selon le tableau de bord Ifop-Paris Match :

    "Nadine Morano n’a pas tout perdu. En moins d’un mois, l’eurodéputée gagne 5 points dans notre enquête et monte à 32% (son plus haut score). Si elle recule à gauche (-6), l’eurodéputée gagne 8 points chez les sympathisants Républicains et 30 auprès de ceux de Marine Le Pen. Une vraie percée pour l’ex-sarkozyste qui est donc passée avec sa sortie sur «la France de race blanche» du statut d’élue peu visible à celui d’une personnalité politique soutenue majoritairement par le Front national (...)

    Quant à Nicolas Sarkozy, il laisse des plumes dans ce psychodrame. Après l’avoir sanctionnée, le leader des Républicains recule globalement de 2 points dont 6 points dans sa famille politique passant derrière Alain Juppé et François Fillon."

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • La France des débats interdits

     Les mêmes qui criaient en Mai 68 « Il est interdit d’interdire » expliquent qu’il est interdit de réfléchir, de débattre et d’écorner les derniers totems d’une gauche préhistorique.

     

    L’écrivain Joseph Joubert, qui fut d’abord le secrétaire de Diderot avant d’être l’ami intime de Chateaubriand, disait : » Il vaut mieux débattre d’une question sans la régler que la régler sans en avoir débattu. »

     C’était à une époque où les élites, encore envoûtées par le siècle des Lumières et désireuses de prendre une part active à la reconstruction d’une France abîmée par la Révolution française, pouvaient discuter des heures ou écrire des centaines de pages, comme Tocqueville, sur les grandes questions de philosophie politique, d’organisation de la société, voire même de diplomatie au moment où se déroulait le congrès de Vienne. Ce goût pour le débat, voire pour les grandes joutes intellectuelles a enrichi la France de l’affaire Dreyfus, puis celle des années trente, de l’après-guerre et jusqu’à la disparition de Sartre, d’Aron, de Revel ou de Peyrefitte.

    Curieusement, dans la France d’aujourd’hui où éclôt toute une nouvelle génération de grands esprits comme Michel Onfray, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Nicolas Baverez ou Christophe Guilluy, il est interdit de soulever le moindre enjeu d’une France pourtant en proie à une crise identitaire, politique et économique. Que l’un d’entre eux évoque les risques que les flux migratoires font peser sur la concorde civile, et la bien-pensance de gauche sort l’étiquette Front national, de la même manière que Goebbels sortait son revolver lorsqu’il entendait parler de culture. Michel Onfray vient ainsi de se trouver accusé de faire le jeu de Marine Le Pen pour avoir osé soulever la question du peuple de France face à l’afflux de migrants. Il y a dix-huit mois, Alain Finkielkraut, auteur de cette remarquable Identité malheureuse, n’était pas élu à l’Académie française depuis quelques heures que certains habitués du Café de Flore n’hésitaient pas à hurler avec les loups que le FN venait de faire son entrée sous la Coupole.

    Tous les débats dont une société a besoin pour évoluer, se renforcer et s’adapter à un monde qui bouge sont ainsi systématiquement biaisés, refermés avant d’être ouverts et clos par l’invective et la tyrannie de tartufes qui s’appellent Libération, Bernard-Henri Lévy ou Edwy Plenel. Mais cette chape de plomb ne concerne pas que les grands débats de société comme ceux qui opposaient il y a encore quarante ans Sartre à Aron et il y a vingt ans, Revel à Bourdieu. Il suffit qu’un ministre de l’Économie s’interroge à huis clos sur le statut de la fonction publique — débat qui vient d’être réglé par la loi en Italie —, et c’est toute la classe politique et syndicale française qui sort de ses gonds avec en point d’orgue cette déclaration riche en arguments de Martine Aubry : « Macron ? Ras-le-bol ! » Silence dans les rangs. Les mêmes qui défilaient devant la Sorbonne en 1968 en criant “il est interdit d’interdire” vont sur les plateaux de télévision pour expliquer qu’il est interdit de réfléchir, de changer quoi que ce soit et d’écorner les quelques totems d’une gauche désormais préhistorique.

    Il n’est plus possible de dénombrer tous les débats aujourd’hui interdits en France. Celui des contrôles discriminants à l’entrée des trains afin d’éviter un nouveau drame comme celui du Thalys a valu à son auteur, Alain Vidalies, d’être écarté du ministère du Travail. Celui des statistiques ethniques a valu à Robert Ménard un début de poursuites judiciaires. Celui sur l’ineptie de notre société d’assistanat a valu à Laurent Wauquiez un procès en sorcellerie. Celui sur les 35 heures a placé hors système des représentants de la gauche moderniste comme François Rebsamen ou Emmanuel Macron. Celui pourtant essentiel sur l’assimilation vaut désormais à Nicolas Sarkozy, soutenu toutefois par 95 % des adhérents de son parti, l’anathème d’Alain Juppé. Celui sur l’imbécillité et l’aveuglement de notre politique étrangère, notamment en Syrie ou en Ukraine, a valu à François Fillon des ridicules procès en incompétence. Et l’on pourrait, hélas, poursuivre à l’infini la liste des sujets dont il n’est plus possible de parler sans se faire traiter d’ultradroitier, de fasciste ou d’inhumain.

    C’est parce qu’à Valeurs actuelles nous estimons qu’il faut débattre de tout en toute indépendance que nous avons décidé de créer, à partir de cette semaine, un vaste espace de réflexion où interviendront toutes les grandes voix qui osent transgresser les bornes de l’insupportable pensée unique. Ce cahier, dénommé “L’Incorrect” et placé sous la responsabilité de Raphaël Stainville, créera chaque semaine un ou plusieurs débats, surtout s’ils sont interdits. Parce que c’est la vocation d’un magazine d’opinion comme le nôtre. Parce que c’est notre devoir de donner la parole à ceux qui en sont privés. Et parce que Valeurs actuelles est libre de toute influence, n’est inféodé à aucune obédience et n’a de comptes à rendre qu’à ses lecteurs, chaque semaine plus nombreux.

    Yves de Kerdrel, 02/10/2015

    http://www.polemia.com/la-france-des-debats-interdits/

    (*) Note de la rédaction : ne parlons même pas de la loi Gayssot, promulguée le 13 juillet 1990, dont l’auteur n’ose pas prononcer le nom !

    Source : L’éditorial – Valeurs actuelles

     

  • Les dessous de l’affaire Onfray

    Les hommes ignorent leur place dans l'univers. S'ils la connaissaient, ils prendraient mesure de la démesure du cosmos et de l'insignifiance de leur existence. Nous faisons un événement considérable de notre vie qui importe aussi peu que l'être d'une feuille dans un arbre. Les glissements de l'éphémère sur le miroir d'une mare d'eau croupie résument le destin de chacun qui se croit monde à lui tout seul. Michel Onfray.

    Désormais, tout le monde connaît Michel Onfray. Après la publication chez Grasset de la Crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne en 2005, un essai pour lequel il reçut le prix Renaudot, Onfray subit en réponse à un énorme succès commercial les crachats des membres du petit microcosme psychanalyste voyant alors dans son entreprise littéraire une attaque cryptofasciste d'une redoutable violence. A vrai dire Michel Onfray exprimait de la sorte son vieux côté paganiste qu'il exerce habituellement en louant les plaisirs "mondains", en louant un certain sensualisme, un épicurisme parfois caricatural. Onfray radotait jusque-là, faut-il dire. Jouir de ça, jouir encore, manger ça, s'en délecter, dire zut aux conventions, consommer en fait ce que le Système offre aux ventres et aux cerveaux inféconds de notre temps. Il y avait un gros marché du casse-croûte qu'il a apparemment exploité jusqu'à la lie. S'en est-il lassé ? A-t-il lassé son public ? On ne saurait dire.

    Cependant, paradoxalement, sa démythification de l'idole freudienne ne correspond pas à un changement de paradigme. Pour Onfray, Freud n'est pas un symbole de l'athéisme triomphant et de la religion de la consommation. Si le professeur de Caen souligne les vices, les tares, les méfaits et la véritable cruauté du juif autrichien, mégalomane et cocaïnomane, il ne considère pas la psychanalyse freudienne comme un pur produit de la modernité, un positivisme classique extraordinairement tordu (Freud préconisait des injections de cocaïne sur certains patients et s'adonnait, aussi, à la chirurgie…). Il le place irrationnellement dans la catégorie des religions et le compare d'une façon sous-jacente au christianisme dans une démarche de vengeance toute personnelle. Son athéisme d'adolescent est le fruit d'un puissant ressentiment né d'une vie scolaire et infantile malheureuse baignée dans une institution catholique qui n'en avait que le nom. Comme le christianisme, le freudisme serait une secte qui a réussi pour le plus grand malheur de ses disciples puisque Freud était épouvantable, et selon le "biographisme" d'Onfray (la vie d'un auteur expliquant systématiquement ses idées et ses théories), ce personnage cynique et taré ne pouvait engendrer qu'une méthode, une école, une thèse fondamentalement morbides.

    Aussi pour Onfray et pour tant d'autres, les peuples (composés selon ses dires de personnes ne possédant aucun pouvoir et surtout d'aucun moyen pour exprimer sans biais leurs opinions) sont silencieux malgré eux, sont toujours à la merci de charlatans, d'idéologues, de religieux. Et le plus horrible chez Freud selon Onfray qui ne comprend rien au fascisme, c'est précisément le rapprochement de Freud vers les thèses mussoliniennes, et même doit-on croire sans douter, vers l'antisémitisme ! Brrr ! A l'instar de Nietzsche, l'enjeu consiste donc à déboulonner les idoles dangereuses que l'"on" crée parfois en temps réel devant nos yeux pour le bénéfice d'un Système et de profiteurs et pour la plus grande joie de quelques "demeurés"

    Nul besoin ici de dire que la pensée d'Onfray et ses soubassements sont essentiellement esthétiques. Son athéisme reste une idéologie sectaire. L'homme a beau remplacer ce vocable par celui d'athéologie couché dans un "traité" obscur, son athéisme reste le fruit d'un hédonisme claironné et à bien des égards névrotique. Son athéisme est une idéologie de fanatiques qui s'interdisent absolument toute pensée spirituelle, toute transcendance et toute réelle valeur. Autant dire qu'elle peut se marier avec tout et n'importe quoi, avec tel courant politique démocratique ou tel autre puisqu'elle n'est qu'un borborygme pouvant émaner de n'importe quel ventre. Il est d'ailleurs un bon publicitaire, un bon commercial des idées vulgaires (et non vulgarisées car il n'y a rien à vulgariser), c'est pourquoi son inclination souverainiste à la mode, son goût proclamé pour le bon sens paysan, sa défense bruyante du peuple « old school », font enrager sinon réagir ce qu'on appelle encore la gauche bien-pensante.

    L’amorce d’une querelle

    Le journal Libé, organe transfusé avec la manne des banquiers et magnats israéliens, aurait déclaré la guerre à Onfray à la suite d'une petite entrevue qu'il avait accordée au Figaro comme notre hédoniste en a l'habitude d'en pratiquer généralement pour parler gastronomie et mauvais abats. Cette dernière représenta certainement un prétexte pour Laurent Joffrin qui s'est jeté comme un affamé sur Onfray, un Joffrin sûr de son bon droit après la critique absurde de Valls à l’encontre de notre libertaire en peau de lapin. Joffrin s'est lancé dans une explication de texte (de l'interview de Onfray) comme si ces propos-là avaient l'importance d'un nouveau Mein Kampf. On nous prend pour des buses. Avant son analyse, Joffrin le balance d'emblée : Onfray fait dans le simplisme, le populisme, et fait ainsi le jeu du terrible Front national. Relativiser la photo de l'enfant mort noyé sur la ( plage est chose très dangereuse poursuit-il en commençant son travail d'exégète. « A-t-il réfléchi au fait que la mise en cause systématique des "versions officielles", des "émotions médiatiques", des "discours dominants" est une modalité permanente de la rhétorique complotiste selon laquelle des forces obscures manipulent par définition la conscience publique ? Jeter le doute sur la photo d'Aylan, c'est suggérer que sa diffusion est un acte de propagande subreptice destiné à faire accepter aux Occidentaux quelque chose d'essentiellement néfaste, l'accueil des réfugiés, qui satisfera "les bobos bien-pensants" mais portera atteinte aux intérêts de la nation. » Joffrin reprocherait à sa cible de ne pas participer à la propagande officielle, de ne pas soutenir le mensonge nécessaire, ainsi de ne pas aider le pouvoir à imposer une politique migratoire que l'immense majorité du peuple vomit désormais. Ensuite, Joffrin tente de remettre à sa place le philosophe qui se plaint des limites de la liberté d'expression en France en faisant remarquer que lui, Onfray, n'est en tout cas pas tricard des radios, des journaux, des plateaux télé où il croise poliment BHL ou Sorman quand il ne dîne pas dans les mêmes restaurants que ces derniers. S'il a d'autres choses à dire, qu'il les dise en effet en cessant de se lamenter. Robert Faurisson n'a pas attendu qu'on lui donne la permission de parler pour critiquer l'historiographie officielle. Que craint-il l'hédoniste ? A-t-il peur de perdre une part de son pouvoir d'achat et les petits fours de chez Grasset ? Il a raison sur ce coup-là notre bon Joffrin qui a commis une bévue dans la description de son Golem. c'est facile de jouer à l'intrépide en se gargarisant avec la libre expression, de combler un vide ontologique de cette manière pour ne rien dire pendant des années ! Que veut-il le Onfray ? Qu'on lui déroule un tapis rouge et qu'on le prie de dire la vérité, toute la vérité ?

    Libé contre Onfray ?

    Dans son interview dans le journal de Bloch-Dassault, Michel Onfray insiste sur le fait que le système médiatico-politique chouchoute des micro-peuples vraisemblablement pour divertir les masses et se fabriquer des publics fidèles et reconnaissants, au détriment du peuple qui travaille et qui souffre. Tu parles d'une nouveauté ! Lisons-le en constatant que l’ "intrépide" ne touche pas au tabou des tabous. « Le peuple français est méprisé depuis que Mitterrand a converti le socialisme à l’Europe libérale en 1983. Ce peuple, notre peuple, mon peuple, est oublié au profit de micro-peuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d'après 68 — les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d'Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou. Il fallait, il faut et il faudra que ces marges cessent de l'être, bien sûr, c'est entendu, mais pas au détriment du centre devenu marge : le peuple old school auquel parlait le PCF (le peuple qui est le mien et que j'aime) et auquel il ne parle plus, rallié lui aussi aux dogmes dominants. » Litanie stupide et trompeuse. A côté des étrangers et des homosexuels devenus des symboles par excellence de la gentille république, Onfray place les Palestiniens et les malades mentaux ! Les derniers se suicident en masse dans une indifférence générale après avoir souffert d'une déréliction sortie d'un terreau de néant dont l’ "œuvre" de Michel Onfray est d'ailleurs l'une des composantes. Quant aux Palestiniens qui vivent en Palestine occupée, il nous semble qu'ils occupent une place fort modeste dans les préoccupations de notre Indigénat d'hier et d'aujourd'hui. Les homosexuels ? Onfray les défend comme des petites biches dans son essai sur Freud et régulièrement dans ses interview où il les présente comme les victimes du méchant "fascislamisme"

    Mais Onfray dit tout et son contraire et assurément, nous pouvons croire qu'il a beaucoup de chance que Libé lui consacre 5 pages qui lui donnent une importance imméritée. Et Libé n'a pas l'habitude d'assurer la promotion d'une personnalité que ses propriétaires redoutent réellement. Car les positions souverainistes, chevènementistes et de la gauche d'avant le tournant de 1983 sont certes non conformes à la ligne directrice de Libé mais sont-elles aujourd'hui opposées aux intérêts du propriétaire Drahi (qui finance régulièrement des commémorations holocaustiques) et de ceux de ses amis de la famille Rothschild ? Même si les querelleurs peuvent avoir de bonnes raisons de s'en vouloir (la comédie n'est que mieux jouée), leur dispute leur est à tous les deux profitable. Et insistons sur le fait que Michou Onfray est un pur guignol sans colonne vertébrale qui change d'avis comme de chemises et qui fait passer ses successives trahisons en utilisant les mêmes mots qu'il sait remplir à temps d'un autre contenu sémantique. Ainsi en est-il du terme de libertaire qui provient du vocabulaire anarchiste et qu'il incorpore aujourd'hui dans le registre lexical du souverainisme. Nous aimerions bien savoir comment il définissait le mot libertaire quand il écrivait (il n'y a pas si longtemps), dans Le Monde libertaire ! Onfray s'est fabriqué une nouvelle fraîcheur médiatique en chevauchant des thèmes porteurs, en défendant un courant politique soudainement autorisé par le Système.

    La main du pouvoir occulte ?

    Cette lourde insinuation de Joffrin consistant à voir dans le discours nouveau de l'athée jouisseur une sorte de lepénisation de sa cervelle a fait le buzz pour le plus grand profit de ce dernier. « On » avait fait le coup à Chevènement (avec sa complicité) à une époque, et il apparaît que tous les 5 ans, des journaleux, des éditorialistes, des intellectuels (philosophes souvent se croient-ils) médiatiques essaient de se rassembler pour se faire une belle publicité tout en se donnant de l'importance. Mais cette fois, le Front national étant tombé si bas, son programme devenu totalement républicain « d'obédience maçonnique », pourquoi Onfray ne le rejoindrait-il pas sous l'air des flonflons républicains ? C'est à ce propos très sérieusement que le bras droit de Florian Philippot, le frère Bertrand Dutheil de La Rochère proposa le jeudi 24 septembre à Onfray une sorte de ralliement, au moins un rapprochement afin de constituer « un vaste mouvement »... Mais un vaste mouvement pour faire quoi ? Un énorme trompe-l'œil, bien sûr, comme l'est cette clique qui s'exprimera le 20 octobre à la Mutualité où l'on verra les Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Jean-François Kahn, Régis Debray, Chevènement soutenir leur pouliche Michel Onfray, hérault du peuple jouisseur et athée attendant l'euthanasie pour tous. Il ne manque que l'équipe du Point-Marianne (Onfray est une petite star du Point comme Debray) et les acteurs seront au complet pour parachever la duperie qui partagera, il est vrai, l'esprit et l'essence du néo-Front national. Toute cette agitation est une vaste comédie , il ne faut prêter aucune attention aux propos de ces "artistes" qui ne croient en rien. Les palonodies récentes de l'ineffable Régis Debray, ancien guevariste encore une fois loué par Le Point, témoignent de la bouffonnerie de ces aigrefins. Ce bateleur qui prône ou plutôt prônait un « patriotisme cosmopolite » dit ne plus croire en rien aujourd'hui. Evidemment il dit que cela ne doit pas être facile (de ne croire en rien) pour le bon peuple (ni en Dieu ni en la grande politique) et que dans cette société sous lithium, il faut assurer une laïcité solide qui permet au moins aux hommes de vivre tranquillement et de travailler sine ira et studio... L'horreur. Il faudrait enfin apprendre à vivre sans espoir et sans grandeur. C'est aussi au nom de cet idéal de médiocres que le FN a rompu complètement avec le souvenir fasciste et sa geste théâtrale. Comment avilir et endormir tout un public avec un panhomosexualisme sournois qui devient de plus en plus ostentatoire par la force des choses, une laïcité de demeuré, l'absence de toute transcendance. L'on comprend bien que le nouveau FN soit attiré par un Onfray. Il a été formaté pour ça.

     

    François-Xavier Rochette Rivarol du 1er octobre 2015

  • La bataille des urnes entre le PS et Les Républicains

    Les patrons des deux principaux partis ont des préoccupations inverses : l'un cherche à ouvrir des bureaux de vote, l'autre veut en limiter le nombre.

    Tous les parents redoutent ces robots téléphoniques qui veulent piéger leurs enfants à l'approche de Noël avec des numéros d'appel surtaxés : « Bonjour, si tu veux parler au père Noël, appuie sur la touche étoile de ton téléphone. » Là, il n'y a rien à payer, mais le messager tutoie aussi son interlocuteur : « Bonjour, c'est Jean-Christophe Cambadélis, je viens te parler de notre référendum. [...] L'enjeu, tu le connais : l'extrême droite veut remettre en cause la République. » Non, ce n'est pas un gag, mais la stratégie de saturation téléphonique mise en place par le premier secrétaire du PS à destination des adhérents de son parti.

    Le référendum pour l'unité de la gauche qu'il a inventé il y a quelques semaines, et auquel Manuel Valls a apporté publiquement un soutien appuyé, se tient du vendredi 16 octobre au dimanche 18. Mais la mobilisation est faible, très faible. D'où les appels désespérés du premier secrétaire, qui disait viser les 300 000 participants, et se contenterait désormais de 200 000, voire moins.

    Une pénurie de militants pour assurer les permanences ?

    L'appareil socialiste a pourtant fait les choses en grand : kit de campagne à télécharger contenant un tract à imprimer, un visuel pour les réseaux sociaux, une « cover » Facebook, une autre Twitter ; tutoriel pour parer sa photo sur les réseaux sociaux aux couleurs du « oui à l'unité »… Et bien entendu, une liste des points de vote par département.

    Et là, c'est la panique à bord. Pas un seul lieu, pas un seul créneau horaire dans la Nièvre, ancien département d'élection de François Mitterrand, pas plus que dans la Somme, la Creuse ou les Côtes-d'Armor. Chez François Hollande, en Corrèze, les électeurs de gauche vont devoir viser juste : les trois bureaux ne sont ouverts que le samedi jusqu'à midi. C'est bien entendu le manque de militants pour assurer les permanences qui explique cette pénurie.

    Un message d ' espoir pour Sarkozy ?

    À Neuilly-sur-Seine, où les sympathisants de gauche, il est vrai, ne pullulent pas, les électeurs disposeront de deux heures, le vendredi de 17 heures à 19 heures, pour voter. C'est peu ! Et cela pourrait donner des idées à l'ancien maire de cette ville Nicolas Sarkozy. Celui-ci, qui a dû se résoudre de mauvaise grâce à l'organisation d'une primaire à droite, a déclaré lundi 12 octobre, lors d'une réunion à huis clos au siège des Républicains, qu'il faudrait réduire le nombre de bureaux de vote de 10 000 à 8 000, au prétexte qu'il n'y aurait pas assez de militants pour les tenir. Le PS, pour la présidentielle de 2012, y était pourtant parvenu. Mais là où le patron du PS est prêt à tout pour multiplier les points de vote à son référendum, celui des Républicains préférerait en revanche les limiter au maximum pour la primaire : plus le scrutin sera ouvert, plus ses deux compétiteurs Alain Juppé et François Fillon auront leur chance !

    Sophie Coignard

    source : Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuuuZAAyuVqQkMTfLO.shtml

  • Tant que des politiques seront nommés à la tête de certaines administrations, on n’avancera pas

    Secrétaire général de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP), Claude Choplin a appelé à manifester ce mercredi. Il répond à Minute. Extraits :

    "Comment jugez-vous la politique du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve ?

    2741_page_01On en a vu de plus mauvais – comme Nicolas Sarkozy, qui n’a pas laissé un bon souvenir à la police nationale. Je crois que le ministre actuel est plein de bonne volonté, même s’il a commis certaines erreurs, mais le problème est politique. Tant que des politiques seront nommés à la tête de certaines administrations, on n’avancera pas, parce que le ministre de la Justice et celui de l’Intérieur ne tirent pas dans le même sens.

    Le policier de la BAC a été grièvement blessé par un braqueur qui bénéficiait d’une « permission ». Par ailleurs les prisons sont en nombre insuffisant et surpeuplées. Le système pénitentiaire français est-il trop dur pour ce qu’il a de faible et trop faible pour ce qu’il a de dur ? Faut-il construire d’autres prisons ? Et pour commencer, faut-il interdire les permissions et les sorties ?

    Nous sommes opposés à l’octroi de permissions de sortie aux personnes condamnées pour des crimes de sang ou relevant de la cour d’assises. Les peines devraient être incompressibles et il faut aussi revoir aussi le système de remises de peine. Quant à la construction de prisons, nous y sommes bien sûr favorables, notamment pour pouvoir séparer les primo-délinquants des récidivistes et éviter les phénomènes de « contagion » et l’embrigadement au sein de la criminalité. [...]"

    Michel Janva

  • L’avènement de la démocratie en Syrie est-il l’objectif principal ?

    Le Figaro le rappelait hier,  «Nicolas Sarkozy le répète dans ses meetings », «les Républicains sont engagés dans une guerre à mort avec le FN», reprenant là au mot prés la déclaration,  l’anathème lancé contre le Mouvement national par la secte du Grand Orient il y a plus de vingt ans…  «Guerre à mort» que livrent aussi en Syrie les miliciens islamistes au  régime laïque qui,  fort de l’appui renforcé de Moscou,  est parvenu ces dernières semaines à desserrer l’étau djihadiste  sur plusieurs fronts à l’intérieur du pays. Les   frappes aériennes russes menées contre le Front al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) et l’Etat islamique (EI) semblent efficaces… Pourtant, celles-ci  ont été  dénoncées unanimement par  les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, s’alignant sur Washington,  au motif totalement hypocrite  qu’elles seraient susceptibles de prolonger le conflit et d’aggraver la situation humanitaire! Ce qui ne serait donc  pas le cas des frappes de la France et des  Etats-Unis ? Frappes yankees qui ne sont d’ailleurs  pas toujours chirurgicales  et bien ciblées hélas, comme en atteste une nouvelle fois la bavure qu’a été le  bombardement  par l’US Air Force la semaine dernière  de  l’hôpital de MSF (Médecins sans frontières) de Kunduz en Afghanistan.

    Les Etats-Unis ont parachuté dimanche en Syrie   des dizaines de tonnes de  munitions et d’armements  à des rebelles dits « modérés »  censés combattre à la fois les fanatiques islamistes  et les troupes légalistes de Bachar el-Assad.  Vendredi,   le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a  précisé que  Washington  fournirait désormais  des équipements et des armes à des groupes sélectionnés de l’opposition syrienne. Or, c’est justement là que le bât blesse. Le site du journal  libanais L’Orient-Le Jour  y a consacré un long article,  les Américains «ont commencé à entraîner, en mai dernier, des rebelles modérés,  dans le cadre du  programme Train and Equip Program,  « avec l’objectif d’en former jusqu’à 5.400 par an. »

      « Appelées les Nouvelles Forces syriennes (NFS) par le Centcom (US Central Command), ces recrues n’ont toutefois pas répondu aux attentes occidentales (…).  Échec cuisant , embarrassant ,  fiasco … Autant de termes fréquemment utilisés pour qualifier le programme américain d’entraînement des rebelles syriens modérés, annoncé en 2014 et pour lequel un budget de plus de 500 millions de dollars était prévu. Sur les milliers de candidats promis, un peu plus d’une petite centaine de combattants – soit deux  promotions  de 54 et 70 personnes – ont répondu aux critères américains et réussi leur formation au cours du  Train and Equip Program »… qui ont tous depuis fait défection, abandonné  le matériel fourni aux  égorgeurs islamistes,  ou ont été tués.

    «David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) à Paris et rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques» explique, comme d’autres spécialistes, les raisons de cet échec : «la difficulté de ce programme, c’est tout simplement sa sélectivité. (…) Et c’est toujours le même problème qui n’est pas résolu, à savoir  est-ce qu’il y a des interlocuteurs fiables sur le terrain et qui seraient susceptibles de constituer une alternative à la fois à Bachar el-Assad, et aux groupes djihadistes?  Et pour l’instant la réponse est non, puisque (ce programme) est un fiasco total. On pourrait résumer le manque d’interlocuteur fiable par la formule suivante: « recherche rebelles modérés désespérément.»

    La Russie elle, à l’instar de nombreux observateurs sérieux,   estime  que les modérés en Syrie  se trouvent  surtout dans le camp de soutiens au régime syrien actuel, que la priorité est de consolider le pouvoir en place en Syrie  face au terrorisme djihadiste.  Dans les faits et comme l’a dit Marine, « certains voient d’un mauvais œil cette intervention (de la Russie en Syrie, NDLR) parce que Vladimir Poutine fait ce que nous aurions dû faire il y a déjà un certain nombre d’années ».

    Le Bulletin d’André Noël,  le souligne, «les capitales occidentales et les gazettes s’étonnent de la force de feu sans précédent déployée par la Russie en Syrie et en recherchent la raison… Le coup de force russe laisse l’OTAN sans voix , titre Le Figaro. Réponse : parce que Poutine a déclaré la guerre à l’Etat islamique et qu’en conséquence, il lui fait …la guerre mais pas à moitié car la guerre, ou on la fait ou on ne la fait pas : pas de demi-mesure en la matière! L’étonnement de la coalition occidentale vient de ce qu’elle a aussi déclaré la guerre aux islamistes mais sans aller jusqu’au bout de cette logique guerrière (…).»

    « Deux ans de bombardements ciblés  n’ont pas empêché (les) troupes de tueurs (islamistes) de progresser et de conquérir de nouveaux territoires. La Russie, elle, est décidée à y mettre le paquet. On dit qu’elle frappe surtout les  démocrates, opposants à Bachar El-Assad. Ce n’est pas prouvé mais, même si cela était, la conviction des Russes est que, si Assad tombe, ce ne seront pas les démocrates qui prendront le pouvoir mais les islamistes, les premiers faisant, de fait, le jeu de daech. L’objectif de remplacer un dictateur par un démocrate n’a jamais été atteint par les Occidentaux, ni en Libye, ni en Irak. Cela ne marcherait pas davantage en Syrie. »

    Mais l’avènement de la démocratie  en Syrie est-il  vraiment  l’objectif  principal ?   Comme l’a   noté Bruno Gollnisch,  des  moyens financiers très importants et  une colossale offensive médiatique ont été déployés depuis mars 2011 par le Nouvel ordre mondial, ses alliés européens et des pétromonarchies, pour faire chuter la Syrie.

    Le propos a  souvent été rapporté, il figure dans le livre The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur) paru en septembre  2002,  de Michael Ledeen, un neocon appartenant à cette coterie soutenant alors  Georges W. Bush : « D’abord nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite. … Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire.»

    Susciter le chaos,  diviser pour régner sont des stratégies vieilles comme le monde. Comme  Henry Kissinger avant lui, le géopoliticien  Zbigniew Brzezinski a théorisé dés le début  des années 90 un soutien à l’islamisme, de la   Turquie à l’Afghanistan  pour  fragiliser la Russie et l’Europe,  le morcellement  des Etats du Proche et du Moyen-Orient remplacés par des mini-califats  contrôlés  par Washington.

    Un plan qui rejoint les réflexions  d’un ancien fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien, Oded Yinon, telles qu’exprimées dés 1982 dans une publication parue  dans le cadre de « l’Organisation sioniste mondiale » (World Zionist Organisation).

    «Le Moyen-Orient affirmait M. Yinon,  ne pourra pas survivre dans ses structures actuelles sans passer par des transformations révolutionnaires (…). Il s’agit ni plus ni moins de favoriser la dislocation des pays musulmans. » Il était ainsi  prévu  de partager l’Irak en trois blocs (chiite, sunnite et kurde) et  de pulvériser l’Etat syrien en plusieurs entités. Dans la même veine signalons encore le   rapport rédigé en 1996 par le  Prince des ténèbres , Richard Perle, intitulé A clean break: a new strategy for securing the realm. Ce document, véritable catalogue de déstabilisation des pays musulmans fut présenté à Benjamin Netanyahu dans le cadre d’un think tank israélien : The Institute for advanced strategic and political issues.

    Ce qui ne veut pas dire  que cette stratégie  là,  pas plus que  les cogitations de MM.  Kissinger et Brzezinski,  soient suivies à la lettre par le gouvernement actuel de l’Etat hébreu ou des Etats-Unis. Différentes options sont sur la table et l’on trouve notamment à Washington des partisans  du maintien d’Assad.  Mais au-delà des vicissitudes,  des ajustements, des imprévus,  la situation actuelle  donne cependant  la troublante impression  d’un plan d’ensemble qui fait écho et donne corps  aux propos précités.  Et qui  expliquerait (en partie) l’actuelle campagne de diabolisation dont la Russie  est victime.

    http://gollnisch.com/2015/10/13/lavenement-de-la-democratie-en-syrie-est-il-lobjectif-principal/

  • Le Cid Campeador, héros légendaire de la Reconquista et roycaille du XIe siècle

    L’Histoire de l’Europe est jalonnée par les figures de grands hommes qui surent marquer les mémoires par la puissance de leurs actes, la hauteur de leur âme ou la force de leur caractère. Le récit de leurs hauts faits ou de leurs aventures ont traversé les siècles, alimenté les arts et nourri les imaginaires des générations nouvelles. La vie de Rodrigo Díaz de Vivar, dit Le Cid, en est un parfait exemple. Ce chevalier issu de la petite noblesse sut, par son caractère, son audace et son talent, tirer son épingle du jeu au milieu de ce « far west » du Moyen-Âge qu’était l’Espagne de la Reconquista au point de s’élever jusqu’aux plus hautes cimes et laisser la trace d’une gloire impérissable qui inspira encore plusieurs siècles après sa mort. Retour sur une existence hors du commun qui doit encore aujourd’hui nous inspirer, à l’heure où notre pays, envahi par les masses afro-mahométanes et de plus en plus divisé, ressemble chaque jour davantage à ces terres désolées où seuls les véritables aventuriers peuvent accomplir de grandes choses.

    Une roycaille du XIe siècle

    L’Espagne du XIe siècle, marche occidentale de la Chrétienté face au monde islamique, était alors une zone de guerre continuelle, théâtre de combats entremêlés qui voyaient s’opposer chrétiens et musulmans mais aussi chrétiens ou musulmans entre eux. Le destin d’un jeune chevalier désœuvré en quête d’aventures et de gloire est alors de mettre son épée au service d’un des multiples princes qui dominaient alors la péninsule. Né en 1043 à Vivar en Castille, le jeune Rodrigue se met au service de son roi Alphonse VI et combat pour lui le roi chrétien de Navarre. Se distinguant par ses prouesses militaires au cours desquelles il acquiert le surnom de Campeador (« vainqueur des batailles »), il reçoit de son seigneur la main d’une illustre fille de sa parentée, la belle doña Chimène.

    Banni de Castille à la suite d’une de ces intrigues de palais dont l’Espagne avait seule alors le secret, il se lance à l’aventure, déterminé à se distinguer par ses prouesses et à se faire une place au soleil en profitant des opportunités que l’imbroglio politique et militaire ouvrait alors à tous les hommes de valeur. Il n’hésite donc pas à mettre son épée au service du prince musulman de Saragosse Muqtadir, et à combattre pour lui son ancien ennemi le roi de Navarre ainsi que le comte de Barcelone, tous deux princes chrétiens. Il prend alors le nom de Cid qui vient de l’arabe Sayyad qui signifie « seigneur ». Finalement réconcilié avec Alphonse VI qu’il n’a en définitive jamais trahi, il mène ses armées contre les terribles Almoravides qui envahissaient la péninsule ibérique vers 1094. Ces princes berbères originaires du Maroc s’étaient bâti un véritable empire sur les deux rives de la Méditerranée. Les royaumes chrétiens et musulmans d’Espagne, alors divisés, auraient bien pu être balayés par ces fanatiques et l’Histoire retient que le Cid ne fut pas pour rien dans la défaite de ces envahisseurs.

    Après cet exploit, en véritable aventurier, il décide de s’affranchir du prince musulman allié d’Alphonse VI aux côtés duquel il avait combattu les Almoravides pour conquérir la ville de Valence, établissant ainsi le premier royaume chrétien créé ex-nihilo en territoire musulman, avant même celui de Jérusalem fondé en 1099 après la 1e croisade. « Roi de Valence » il marrie ses deux filles à ses anciens adversaires chrétiens, l’une au roi de Navarre, l’autre au comte de Barcelone. Sa femme Chimène continue à régner après sa mort en 1099 mais sa disparition en 1115 entraîne la fin de ce royaume chrétien, reconquis par les Maures.

    Une légende de la Reconquista

    « Aventurier de la frontière, avide d’exploits chevaleresques et de butins, servant chrétiens et musulmans et dont la guerre assura la promotion sociale » (Denis Menjot, historien), le Cid s’imposa dès après sa mort dans l’imaginaire européen comme l’archétype du chevalier de la Reconquista. Sa figure de héros mythique fut établie à travers un poème, le Carmen Capeadores, qui conte ses exploits. En raison de sa contribution à la guerre contre les musulmans, on le soupçonne lui et sa femme Chimène, d’être morts en odeur de sainteté. Le roi de Castille Alphonse X effectue même au XIIIe siècle un pèlerinage sur sa tombe.

    L’exceptionnel destin de ce couple mythique continua d’alimenter les rêves des générations d’européens jusqu’au XVIIe siècle encore. Là où le Moyen-Âge faisait du Cid un saint de la Reconquista, modèle de vertu chevaleresque, les temps modernes le transforment en héros de la guerre et de l’amour, tiraillé entre respect paternel et sa passion pour la belle Chimène. La pièce de Corneille Le Cid (1636) en est l’illustration la plus magistrale.

    CHIMÈNE  
    Cruel ! à quel propos sur ce point t’obstiner ? 
    Tu t’es vengé sans aide, et tu m’en veux donner ! 
    Je suivrai ton exemple, et j’ai trop de courage 
    Pour souffrir qu’avec toi ma gloire se partage. 
    Mon père et mon honneur ne veulent rien devoir 
    Aux traits de ton amour, ni de ton désespoir. 
    DON RODRIGUE 
    Rigoureux point d’honneur ! hélas ! quoi que je fasse, 
    Ne pourrai-je à la fin obtenir cette grâce ? 
    Au nom d’un père mort, ou de notre amitié, 
    Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié. 
    Ton malheureux amant aura bien moins de peine 
    À mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine. 
    CHIMÈNE  
    Va, je ne te hais point. 
    DON RODRIGUE 
    Tu le dois. 
    CHIMÈNE  
    Je ne puis. 

    Corneille, Le Cid, acte III, scène 4

    Héros historique dont la légende a fait une figure mythique, le Cid a alimenté l’imaginaire des européens pendant près de 1000 ans. Que son souvenir et son exemple continuent de faire de nous des hommes européens valeureux et accomplis, dans une époque chaque jour plus sombre où, selon le mot de Bernanos, il faut plus que jamais « beaucoup de prodigues pour faire un peuple généreux, beaucoup d’indisciplinés pour faire un peuple libre, et beaucoup de jeunes fous pour faire un peuple héroïque ».

    cidreinos

    L’Espagne du temps du Cid, avec l’enclave constituée par son « royaume de Valence » en terre musulmane

    PS. Cet article est rédigé en hommage à une Chimène qui se reconnaîtra.