- Page 11
-
-
Véronique Besse – Un député, c’est pas un technocrate !
Pour moi, la vocation d’un député, c’est avant tout de défendre ses concitoyens. Faire les lois à Paris est évidemment essentiel, mais si on écrit des lois sans connaître et partager les préoccupations de ses concitoyens, alors on n’est qu’un technocrate enfermé dans sa bulle…
Et c’est bien parce que je suis loin d’être un technocrate de bureaux parisiens, que j’ai consacré mon week-end à de nombreux déplacements. Tout d’abord, samedi matin, avec l’inauguration de la nouvelle mairie et du nouveau relais d’assistantes maternelles, de Malièvre. Une superbe réalisation, dans un village qui mérite son classement de « petite cité de caractère ». L’occasion pour moi de saluer Guillaume Jean et son équipe.
Toujours samedi, je suis allé visiter l’exposition Légo de Saint-Fulgent, organisée d’une main de maître par Balou et Didier. Au total, les organisateurs ont accueilli pas moins de 6000 personnes dans le week-end, preuve du dynamisme et de la vitalité de nos bénévoles vendéens.
Moins d’une semaine après un débat sur le bénévolat à l’Assemblée nationale, j’ai ainsi confirmé, en direct, sur le terrain, la justesse de ma position : les bénévoles doivent être soutenus et encouragés.http://www.pourlafrance.fr/veronique-besse-un-depute-cest-pas-un-technocrate/
-
Réaction de Philippe de Villiers aux attentats du 13 novembre 2015
-
Le Salon Beige, un site "ultra catholique"
Il aura fallu attendre les attentats islamistes pour que Bruno Roger-Petit ose citer l'entretien avec la bête immonde Marion Maréchal Le Pen sur Radio courtoisie, en partenariat avec Le Salon Beige. Et le grand résistant se fait le héraut de la laïcité républicaine, celle qui a confisqué les biens de l'Eglise, expulsé les congrégations et qui veut aujourd'hui interdire les crèches dans l'espace public :
"[...] la pensée dévoilée de Marion Maréchal-Le Pen est d’essence contre-révolutionnaire. Elle est celle que portent, depuis 1789, tous les courants politiques extrémistes antirépublicains, qui ont tenté, par tous les moyens, notamment sous le régime de Vichy, de restaurer une France catholique au-dessus de tout, y compris et surtout au-dessus de la République bâtie sur la Déclaration des Droits et l’Homme et du Citoyen.
Terrible passage que celui où Marion Maréchal-Le Pen, encouragée par son interviewer [Grégoire Boucher], juge qu’il n’y a pas de raison de mourir pour la République et la laïcité. La certaine idée de la France que se fait la petite-fille de Jean-Marie Le Pen (entre Charles Maurras et son ami Jacques de Guillebon, intellectuel catholique ultra qui serait devenu son inspirateur) est encore plus réactionnaire que celle de l’ancêtre fondateur du Front national qui lui, n’avait jamais subordonné son action à une vision intégriste du catholicisme français appliquée à la sphère publique.
Au-delà de la manifestation de la tradition ultra-catholique, l’entretien est aussi instructif en ce qu’il acte une formidable opération de triangulation et préemption des concepts et droits républicains. [...]"
Heureusement qu'il y a les catholiques pour occuper les laïcistes. Sinon ils devraient se cantonner à parler de la charia.
-
Le capitalisme financier : un jeu de poker menteur ?
Le scandale de la Société générale et de son trader Jérôme Kerviel a tenu l’actualité durant les deux premiers mois de cette année, à la suite de l’annonce de la perte par la banque de 4,9 milliards d’euros, due, selon cette dernière, aux « imprudences » de son collaborateur. Cette triste aventure bancaire montre les limites d’une économie qui se veut ultra-libérale et qui, sans un encadrement politique rigoureux et cohérent, dérive sur un « laisser faire » non contrôlé par un « Etat de droit » et donc préjuciable à l’ensemble des citoyens, et sur une permissivité abusive érodant la responsabilité individuelle.
Le premier réflexe de la Société générale a été d’essayer de se dégager de toute responsabilité pour la reporter exclusivement sur son trader qu’elle qualifia de « fou » et même de « terroriste ». Le 22 avril, une dépêche de l’agence Reuters tombait, apportant un témoignage accablant pour la Société générale : Michel Zollweg, directeur du Trading surveillance office, le « gendarme » officiel d’Eurex, marché de la Bourse allemande, accusait la Société générale de ne pas avoir tenu compte des alertes qui lui avaient été lancées, en vain selon lui, en 2007.
Or, trois semaines avant cette dépêche, dès le 27 mars, sortait en librairie un livre, « Le Joueur / Jérôme Kerviel seul contre tous », sous la signature de Paul-Eric Blanrue, historien, spécialisé dans l'étude des mystifications de l'histoire, et de Chris Laffaille, journaliste à « Paris-Match », qui, très rapidement, s’étaient interrogés sur les mécanismes bancaires qui avaient pu aboutir à une telle déconfiture. A l’issue de leur propre enquête, ils parvenaient à des conclusions différentes de celles avancées par la Société générale. Polémia a rencontré Pau-Eric Blanrue.
Polémia- Polémia - Paul-Éric Blanrue, vous sortez un nouveau livre, écrit avec Chris Laffaille, journaliste à « Paris-Match », consacré cette fois à Jérôme Kerviel et au scandale de la Société générale : « Le Joueur, Jérôme Kerviel seul contre tous » (Scali, 2008). Qu’est-ce que ce livre nous apprend de nouveau sur cette affaire ?
- Paul-Eric Blanrue - C’est la première enquête de l’intérieur sur cette incroyable gabegie. Les grands médias ne sont pas parvenus à interviewer certaines personnes dont nous avons réussi à obtenir le témoignage : des traders, d’anciens agents de la Socgen (aujourd’hui, c’est le black-out total au siège social de La Défense…), des camarades de fac de Kerviel, l’ex petite amie du trader, etc. Par manque de temps, d’envie ou de budget, les journaux traitent l’information de plus en plus vite, presque par-dessus la jambe. Notre « Joueur » veut prendre date et participer au débat dès aujourd’hui en apportant sa pierre à l’édifice, grâce à des témoignages et des aperçus nouveaux. Mais nous avons aussi cherché à lever le voile sur le capitalisme financier, le marché des produits dérivés et l’activité des traders, que nous tentons d’expliquer en termes simples, afin que tout le monde puisse comprendre ces activités obscures qui régissent la vie de nos sociétés. Car c’est souvent sous les termes complexes que se cachent les impostures les plus énormes…
Pol. - Que peut apporter le témoignage d’une ex-petite copine à la compréhension d’une affaire financière aussi nébuleuse ?
P.E.B. - Notre ouvrage présente une alternative à la thèse officielle, qui fait de Kerviel un « fou », un « terroriste » (ce sont les mots employés par la hiérarchie de la banque) voire un « pirate informatique », ce qu’il n’est en aucun cas. L’ancienne fiancée de Kerviel s’est ouverte à nous parce qu’elle savait que nous ne tomberions pas dans le piège médiatique, qui consiste à ressasser les données fournies par les trois agences de communication engagées par la Socgen pour gérer le dossier. Du coup, elle nous a aidés à livrer une image de Kerviel différente de celle qui était véhiculée. Loin d’être un golden boy à la Tom Cruise dans « La Firme » ou un joueur de poker invétéré, Kerviel est un type simple, issu de la moyenne bourgeoisie bretonne (son père était forgeron à Pont-Labbé, sa mère y est coiffeuse), qui allait au boulot en métro et s’habillait sobrement… C’est quelqu’un de sérieux et de discret, qui ne partait pas en vacances, ne sortait pas beaucoup. Ce portrait psychologique nous a été confirmé par les autres témoignages que nous avons réunis, ce qui nous permet d’éclairer les motivations de Kerviel sous un angle absolument nouveau. Kerviel n’est pas celui qu’on a décrit. Nous n’en faisons pas un saint ni un héros, mais il n’est pas non plus le diable !
Pol. - Pour vous, Kerviel est coupable ou innocent ?
P.E.B. - Même s’il a fait environ un mois de prison, tant qu’il n’a pas été jugé Kerviel doit être considéré comme innocent. Question de principe. Le juge van Ruymbecke n’a pas retenu contre lui le chef d’escroquerie : on sait déjà qu’il n’y a pas eu d’enrichissement personnel de la part du trader. C’est fondamental, puisque cela accrédite les dires de Kerviel, à savoir qu’il a travaillé pour sa banque, et pas pour son profit. Le même juge a tenu à ce que Kerviel soit remis en liberté, ce qui n’a guère fait plaisir au Parquet, qui s’est entêté à vouloir le jeter au cachot. De notre côté, nous ne disons pas que Kerviel n’a pas commis de faute. Il a produit de faux e-mails, par exemple, il a explosé son plafond, il a créé un compte parallèle pour pouvoir parier de grosses sommes. Le tout est de savoir si le fait d’exploser ses limites d’engagement est un problème légal ou juste une faute professionnelle, car tel est le fond du dossier. L’instruction le dira. Il conviendrait aussi de savoir si ses managers savaient ce que faisait cet agent et s’ils l’ont laissé faire plus ou moins consciemment. Pour son supérieur direct, Eric Cordelle, par exemple, Kerviel était un « bon trader » : il l’a dit et répété au juge… N’oublions pas que Kerviel a reconnu formellement ses petits arrangements avec le protocole devant ses supérieurs, le juge et la brigade financière, ce qui plaide au moins pour sa bonne foi. J’ajoute qu’il n’a jamais été en fuite après la découverte de sa fraude, contrairement à ce que certains médias ont laissé entendre… On a vraiment dit tout et son contraire sur ce personnage, vraiment !
Pol. - Tout de même, il a fait perdre près de 5 milliards à la Socgen, soit plus du double de ce qu’ont coûté à la banque la crise des subprimes…
P.E.B. - Sans jouer sur les mots, ce n’est pas lui qui a perdu ces milliards directement mais la Socgen qui, une fois informée qu’il avait engagé pour 50 milliard d’euros - soit plus que les fonds propres de la banque - a débouclé ses positions au plus mauvais moment, en pleine crise des subprimes. Ce que peu de gens disent, en revanche, c’est qu’au 31 décembre 2007 Kerviel avait fait gagner 1,4 milliard d’euros à la Socgen et qu’il n’a pas été pris parce qu’il avait perdu mais parce qu’il cherchait à cacher des gains illicites ! Dans notre livre, nous expliquons étape par étape comment on en est arrivé là…
Pol. - Mais la banque était contrainte de déboucler, sinon elle risquait la faillite…
P.E.B. - Pourquoi n’a-t-elle pas stoppé Kerviel avant janvier 2008 ? Tout est là. Pour nous, la banque est co-responsable de ce qui est arrivé. Dès 2005, la Socgen sait qu’il arrive à cet employé de miser des sommes dépassant les limites autorisées. Mais la seule sanction que Kerviel ait encourue, c’est de n’avoir pas vu ces gains intégrés dans ses bonus de fin d’année. C’est un peu juste, non ? Mais il y a pire : tout au long de l’année 2007, il y a eu 93 alertes concernant ce trader et aucun des contrôles n’a réagi. Nous expliquons dans « Le Joueur » qu’il y a un très grave problème de contrôle au sein de la banque. Ces contrôles qui sont prétendument une spécialité de la Socgen ! Savez-vous que les contrôleurs ont des qualifications inférieures à celles des traders, qui les méprisent en retour ? Savez-vous que les mots de passe ne sont quasiment jamais changés pour des raisons banales de pratique ?
Pol. - Tout système n’a-t-il pas ses failles ?
P.E.B. - Encore ne faut-il pas que ce système encourage ses agents à dépasser les bornes. Si on donne des Ferrari à des fans d’automobile en leur faisant comprendre qu’il n’y aura pas de gendarmes ni de radars sur les routes, vous pouvez dès à présent prévoir qu’il y aura des dépassements de la vitesse légale et même des accidents graves ! Or savez-vous que les opérations des traders ne sont vérifiées régulièrement que sur les soldes qu’ils présentent et non sur le détail de ces soldes ? Si les traders veulent inventer de faux comptes avec de fausses contreparties et de faux deals, ils le peuvent ! Comment s’étonner ensuite qu’il leur arrive de mettre leur banque en danger ? Qui dit également qu’il suffit aux contrôleurs d’un vulgaire mail de confirmation pour s’assurer qu’une contrepartie dispose des fonds suffisants pour une transaction ? et que les filières internes de la banque échappent par principe à ce type de vérification pourtant élémentaire ? Quand on pense à ce que les banques font subir à leurs clients qui dépassent les limites de leur compte courant, il y a de quoi se poser de sérieuses questions.
Pol. - Pour vous, Kerviel n’est-il qu’un élément isolé qui a déraillé ou a-t-il une signification plus générale ?
P.E.B. - Kerviel est le résultat de la logique perverse du capitalisme financier et de l’hyperspéculation, qui représente 80% des transactions mondiales. Aujourd’hui, la richesse vient des paris en Bourse. Le système veut des joueurs, il en a : ce sont les traders, ses bras armés. Il n’est pas étonnant que certains d’entre eux se prennent… au jeu et prennent des risques énormes pour réussir à faire gagner beaucoup d’argent à leur banque, même si celle-ci ne le leur demande pas directement. Le jeu est une drogue, et on n’est rarement drogué qu’à moitié. Kerviel est, d’une certaine façon, l’annonciateur du dérèglement fatal d’un système devenu fou, qui, selon de nombreux experts, va imploser tôt ou tard, nous conduisant à une nouvelle crise de 1929. Il serait temps d’inverser cette logique démente.
Propos recueillis par R.S., 25/04/08
Paul-Eric Blanrue et Chris Laffaille, « Le Joueur / Jérôme Kerviel seul contre tous », éditions Scali, mars 2008, 150 p., 14,25 €
Paul-Eric Blanrue
-
Jawad Bendaoud, le « naïf » logeur des terroristes : un caïd qui avait tué à coups de hachoir un adolescent de 16 ans en 2008
Le jour de l’assaut donné par la police à Saint Denis, BFM TV interrogeait la personne chez qui étaient logés des terroristes ayant participé aux attentats du 13 novembre.
Avec un aplomb coutumier chez ce type d’individu, l’homme joue les naïfs comme on peut le voir dans cette video :
On apprend par la suite dans le Figaro que ce Jawad Bendaoud est décrit «dans son quartier, surtout comme «un chef de rue» » et surtout qu’il a été « condamné en 2008 à huit ans de prison pour avoir tué à coups de hachoir un adolescent de 16 ans pour une obscure histoire de portable, déjà dans la rue du Corbillon, décidément mal famée ». Et que « à part ses années de prison pour coups mortels entre 2008 et 2013, il cumule 13 condamnations depuis 2010: stupéfiants, détention d’armes aggravée en réunion, faux et usage de faux, conduite en état d’ivresse et sous l’emprise de stupéfiants, violences conjugales, violences aggravées en réunion. »
Vous ne rêvez pas : il tue un adolescent de 16 ans à coups de hachoir, et il ne prend que 8 ans sans bien sûr être expulsé (avec déchéance de la nationalité le cas échéant), et il n’en fait que 5…
-
Clair voyant Manuel Valls
-
L'agenda des veilleurs et des Sentinelles
-
L'état d'urgence, cette "divine surprise" de la République...
Notre société de communication a tendance à ne pas toujours savoir hiérarchiser les informations, au risque de « distraire » des véritables sujets et débats importants : ainsi, la vague récente d’attentats, désormais bien instrumentalisée par le gouvernement et par le président lui-même à leur profit politique et électoral, a failli nous faire oublier que, durant l’état d’urgence, les problèmes persistent et, même, peuvent trouver dans l’actualité des raisons de prospérer, tandis que les grands dossiers, eux, subsistent malgré l’indifférence à leur égard en ces heures particulières…
Ainsi, du chômage : même s’il reste, a priori, le premier souci de nos concitoyens, il semble désormais passer au second plan des préoccupations de nos gouvernants et des partis, comme s’il s’inscrivait un peu plus dans une « normalité » qui rassurerait presque en ces heures agitées. Vous croyez que j’exagère ? Alors, lisez la presse écrite, réécoutez les bulletins d’informations de ces dernières semaines, et vous pourrez aisément constater par vous-mêmes cette étrangeté ! Pourtant, la lutte contre le chômage est sans doute un des moyens de donner une moindre prise aux discours des islamistes qui se nourrissent aussi, mais pas seulement, du ressentiment social des déclassés et des populations délaissées. Un emploi ne préserve pas de la tentation totalitaire, mais il peut l’éloigner, par la simple satisfaction de l’utilité sociale personnelle.
Autre victime collatérale des attentats et de l’état d’urgence, la question régionale qui, pourtant, aurait dû être au centre des débats électoraux de l’automne, autour des élections qui se dérouleront dans quelques semaines en France. La réforme bâclée de la carte des régions et de leurs attributions, ces dernières années, aurait mérité une vaste contestation et l’ouverture d’un « front » des régionalistes (au sens large du terme, et non seulement des partisans du régionalisme) sur les questions linguistiques, celles des pouvoirs régionaux et de leurs compétences, celles aussi des responsabilités de l’Etat et de son idéologie dominante dans la mauvaise gestion de l’aménagement du territoire et des terroirs. Mais rien de tout cela ne sera évoqué et seul le score du Front National semble intéresser et « inquiéter » avec gourmandise les médias, quand la revendication du rattachement de Nantes à la Bretagne, par exemple, n’arrive plus à traverser le rideau de brouillard des journaux locaux et nationaux…
Est-il nécessaire d’ajouter à cette liste la question environnementale et climatique qui, en prévision de la COP 21, devait être l’occasion de forums, de marches et de manifestations, parfois contestataires, et dont les nombreux débats se résument aujourd’hui à l’évocation de grands principes sans beaucoup de risques d’application concrète ? L’interdiction de toute activité de rue et, donc, de toute manifestation sur la voie publique jusqu’au 30 novembre (avant une nouvelle prolongation ?), évite au gouvernement de la République la crainte d’une remise en cause de son hypocrisie sur ce sujet pourtant majeur pour les décennies et les générations qui viennent.
Je ne dirai pas que les attentats ont servi la République dans ses organes institutionnels et je ne méconnais pas la réelle émotion du Chef de l’Etat devant la tragédie du vendredi noir, ni ne la remets en cause. Néanmoins, je ne suis pas loin de penser que l’état d’urgence proclamé au soir du drame est désormais vu par certains, y compris au gouvernement, comme « une divine surprise » qui permet de limiter, sinon l’esprit critique, du moins l’affirmation trop visible ou bruyante de celui-ci…
Que l’on ne se méprenne pas : je suis partisan de ne rien céder au terrorisme du moment, et je comprends bien la prudence nécessaire de l’Etat et, au-delà, de la nation toute entière face aux risques de nouvelles poussées de violence djihadiste. Mais je ne pense pas que l’état d’urgence soit la seule réponse et la mieux adaptée à la situation actuelle : c’est chaque jour que notre société doit répondre aux défis lancés par la terreur totalitaire, non par le coup de menton, mais par la valorisation de ce qu’est, historiquement et sentimentalement, la France et de ce qui fait son unité profonde, à travers ses racines diverses et ses fleurs originales. Au-delà, il faudra bien, aussi, poser la question de la meilleure réponse institutionnelle politique à cette diplomatie de la terreur de l’Etat Islamique et de ses épigones, et mesurer combien un Etat digne de ce nom, symbole de l’âme de la France et de l’unité de ses communautés comme de ses citoyens, pourrait être le meilleur moyen d’affronter les tempêtes, contemporaines comme futures, qui s’abattent ou qui s’annoncent sur notre terre, sur ce « royaume de France » qu’évoquait Charles Péguy à la veille de 1914, et qui attend, encore et toujours, son Prince français…
-
Guillaume Bernard : L’honneur perdu des politiques (article paru dans L’Action Française n°2920, 19 novembre 2015)
L’Action Française 2000 – François Hollande est-il en train de donner un tour responsable à sa présidence, en dépassant enfin son rôle de chef de parti politique pour devenir le chef de la France ?
Guillaume Bernard – Profitant de la situation gravissime dans laquelle nous sommes, il est certain qu’il essaye de se donner une stature d’homme d’État pour la politique intérieure comme il était supposé l’avoir pour la politique extérieure. Qu’il y arrive, c’est moins certain. Car les circonstances sont plus fortes que la stratégie politique. François Hollande est à la remorque des événements ; il essaye donc d’agir de la meilleure façon (en tout cas, le moins mal possible…) sans oublier de fabriquer son image dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017.
On voit débuter une "séquence", comme disent les communicants, avec ces attentats et la convocation du Congrès. Mais la séquence Charlie, suite aux attentats du 7 janvier, n’avait pas réussi à porter François Hollande plus de deux-trois mois.
Aucune stratégie de communication ne pourrait le porter, à elle seule, jusqu’à une victoire en 2017. En revanche, et c’est horrible à dire, l’aggravation de la situation pourrait le servir, par le biais d’un chantage à l’union nationale. Dans ce cas-là, cela justifierait, pour lui et les partis de gouvernement, de faire une "grande coalition" (sur le modèle allemand) contre le Front national, comme certains en rêvent à haute voix, et ce dès les régionales. L’appel à l’unité nationale permettrait d’ailleurs d’étouffer les velléités de contestation dans son propre camp. On ne peut pas lire l’avenir, mais les mesures qu’il prend, tout en refusant de nommer l’islamisme et de revenir sur la politique d’immigration, ne sont pas celles qui limiteront le plus les risques – et lui assureraient les succès dont il a besoin. En simplifiant, on pourrait dire que, d’un côté, il refuse de traiter la cause principale du délitement du lien social, qui assure un réservoir potentiel au terrorisme, et que, de l’autre côté, il envisage la possibilité de restreindre les libertés (comme cela a déjà été fait avec la loi sur le renseignement) de ceux qui ne sont a priori pas des dangers pour l’ordre public. Sa réussite potentielle dans la lutte contre le terrorisme et sa crédibilité politique sont donc sujettes à caution.
François Hollande et ses ministres prennent un incroyable risque en assumant des positions jusqu’ici tenues par la droite et l’extrême droite. Brusquement, ils piochent dans un arsenal de mesures, qui peuvent apparaître aujourd’hui comme tardives ou insuffisantes.
Les circonstances les y obligent. François Hollande peut difficilement ne pas envisager des expulsions ou des déchéances de nationalité quand certaines personnes sont ouvertement hostiles à la France. Mais, outre que ces mesures ne sont que le minimum requis, le risque est réel que cette politique soit mise en place trop tard. Il traite les symptômes et non la cause : la combinaison de la volonté islamique de conquête et de l’abdication de la République d’exiger de ceux qui prétendent être Français de se convertir à la culture française. Quant à l’aspect politicien, en se faisant le parangon d’une synthèse des propositions des différents partis politiques, il réduit la capacité de nuisance de ses adversaires. Il s’assure, à moindre frais, d’être approuvé par la majorité de la population tout en coupant l’herbe sous le pied de ses concurrents potentiels.
Les Français peuvent-ils se satisfaire de mesures qui visent le peuple entier plus que les principaux responsables, et ne vont-ils pas contester un pouvoir absolu, même pour un temps bref ?
D’un côté, il y a ceux qui ont perdu toute confiance dans les institutions et le personnel politique : ceux-là verront l’atteinte aux libertés publiques ; de l’autre, il y a ceux qui ont peur, et ce sont ceux-là que vise le gouvernement. Une part de l’opinion publique est prête à abdiquer sa liberté contre la sécurité. C’est le mécanisme du supposé contrat social ayant permis de passer de l’état de nature à l’état social. Mais encore faut-il que la sécurité soit effectivement assurée… Si elle n’était pas au rendez-vous, la population pourrait basculer vers des réactions violentes. Il y a eu, ces derniers temps, des contestations tous azimuts : les cathos contre la loi Taubira, les Bonnets rouges contre l’écotaxe ; les agriculteurs, les avocats et même les policiers manifestent. Jusqu’à présent, ces contestations sont disjointes. S’il y a un élément coagulateur, comme une insécurité permanente, le régime pourrait être menacé. Mais nous raisonnons là sur des conjectures. [....]
Vous pouvez lire la suite de l’article en achetant le numéro de l’Action Française 2000 au numéro.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Guillaume-Bernard-L-honneur-perdu