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  • « Encore et toujours l'axe germano-américain » vu par Éric Zemmour

    L'Allemagne est devenue l'interlocuteur incontournable des États-Unis en Europe, brisant les dernières illusions françaises d'un couple franco-allemand au premier plan. Grand lecteur de Jacques Bainville, Eric Zemmour [Figaro magazine du 29.04] analyse la situation présente à la lumière d'un siècle d'histoire. Dont Bainville a démonté les mécanismes en son époque, qui, à bien des égards, préfigure le nôtre. Zemmour prolonge l'analyse jusqu'à nous avec pertinence. Et, comme au siècle dernier, la faiblesse de la France tient de même en tout premier lieu à son système politique. LFAR            

    Il ne fait même plus semblant. Quand Obama vient en Europe, il ne s'arrête qu'à Berlin. Ne discute qu'avec Angela Merkel. Ne fait l'éloge que de la chancelière. La petite classe française, italienne, et même anglaise, est priée de se déplacer. Comme si les Américains avaient fini par trouver le fameux numéro de téléphone que Kissinger cherchait en vain pour l'Europe ; un numéro à l'indicatif berlinois. Comme s'il y avait la première et la deuxième division. Une hiérarchie qui ruine les illusions françaises sur le couple franco-allemand. Quand on se souvient que le général de Gaulle comptait sur l'Europe des six - dirigée par la France - pour «retrouver la place qu'elle avait perdue depuis Waterloo, la première du monde» - on évalue à sa juste mesure la décadence française. Et l'éclat de la revanche allemande. Obama n'est pas le seul à agir ainsi. Le sultan turc Erdogan a, lui aussi, négocié en tête-à-tête avec Merkel l'affaire des réfugiés syriens.

    Les Turcs ont renoué avec le tropisme berlinois des Ottomans. L'Amérique aussi. Les deux guerres mondiales ne doivent pas nous aveugler. A chaque fois, le ralliement américain aux armées franco-anglaises fut tardif et décisif. Mais il effaçait surtout dans les mémoires le soutien constant que l'Amérique avait apporté à son adversaire allemand. Soutien financier, diplomatique, et idéologique qui renforçait une proximité née de l'immigration allemande en Amérique, et d'une même obsession de la puissance industrielle, qui fonde l'impérialisme des armes. En 1870, les Américains se réjouissaient déjà de la défaite de Napoléon III dont ils venaient de se débarrasser dans leur arrière-cour mexicaine. A la fin de la Première Guerre mondiale, ils empêchaient Foch et Pétain de rentrer victorieux à Berlin. Les Allemands resteront persuadés de ne pas avoir perdu la guerre. Pendant les années 20, les Américains soutiennent financièrement, médiatiquement et diplomatiquement la «pauvre» République de Weimar assaillie et occupée par les «méchants» bellicistes français. Ce soutien, financier en tout cas, se poursuivra encore sous Hitler. Après 1945, les Français et les Anglais ont convaincu les Américains de transformer l'Allemagne en pays agricole. Mais ceux-ci font marche arrière. La menace soviétique fait taire les récalcitrants. En 1963, Kennedy prononce le fameux discours « Ich bin ein Berliner », non pour défendre Berlin contre les chars russes, mais pour couler l'alliance privilégiée des «deux vieillards», Adenauer et de Gaulle, scellée quelques mois plus tôt. Et en 1990, alors que Margaret Thatcher menace Kohl d'une guerre, c'est l'Américain Bush qui donne sa bénédiction à la réunification allemande. La messe est dite. La France a renoncé à se battre. La France de Sarkozy essayait d'être reconnue par le maître américain comme le meilleur élève de la classe otanienne. Ambition dérisoire que Hollande n'a même plus. 

    Eric Zemmour       

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Nuit Debout : Un CRS révèle les ordres qui lui sont donnés !

  • Union des patriotes, réflexes vitaux

    A la Villette hier, le banquet patriote du 1er mai, le dernier avant l’élection présidentielle,  affichait complet. Les militants frontistes étaient venus nombreux en ce jour d’hommage à Jeanne d’Arc et aux travailleurs français, écouter les présidents des groupes régionaux frontistes mais surtout Marine Le Pen.  La présidente du FN  a noté que  le camp patriotique était porté par une dynamique offrant des  motifs d’espoirs  - la montée en France comme dans beaucoup de pays européens des idées nationales, souverainistes - et a placé son discours sous le signe de l’impérieuse nécessité pour la France de retrouver la maîtrise de son destin,  de « bouter l’Union européenne hors de France ». « Dans un an nous aurons l’occasion de retrouver notre souveraineté et c’est la raison d’être de ma candidature à l’élection présidentielle. » Une victoire qui  ne sera possible que par le  rassemblement de toutes les bonnes volontés, au delà de la  sensibilité des uns et des autres, au nom du plus grand dénominateur commun : l’amour de la patrie,  la volonté de préserver et de transmettre à nos enfants  notre identité,  nos  valeurs culturelles,  nos spécificités, nos libertés françaises. Marine a donc lancé de nouveau un « appel » à « tous les patriotes. » « Le besoin impérieux du pays, c’est l’union des patriotes pour constituer cette majorité dont la France a besoin ». « Je continuerai d’en appeler à l’ensemble des Français sans exception, qu’ils viennent de la gauche ou de la droite, pour peu qu’ils aient la France au cœur » (L’intégralité du discours de Marine est consultable sur le site du FN). Si l’opposition nationale est prête à assumer demain la responsabilité du  pouvoir, Manuel Valls  a confessé les erreurs (à l’entendre surtout celles de ses amis, pas le siennes…) de la gauche au gouvernement depuis 2012, dans un long entretien au magazine Society, paru  vendredi,  

    « La gauche s’est mal préparée à l’exercice du pouvoir » et n’a pas été en mesure de se positionner clairement sur  « toute une série de questions : l’Europe, la place de l’État et des services publics, la question migratoire » a affirmé Manuel  Valls. Des  questions qu’il s’agissait de trancher dans quel sens? Le Premier ministre donne un indice en regrettant  que  François Hollande n’ait  « pas tendu la main à François Bayrou »  en 2012. Erreur qu’ « il ne faudra pas répéter » en 2017, M. Valls estimant que Marine a des chances sérieuses d’être élue en 2017. En agitant le « danger Le Pen », le Premier ministre entend souder autour du candidat du PS à la présidentielle les  différentes chapelles de la gauche et autres frondeurs qui dénoncent sa dérive libérale, sécuritaire, voire  ses discours d’exclusions et de stigmatisation des musulmans.

     L’ex maire d’Evry a ainsi tenu ces derniers temps des propos fustigeant le communautarisme,  le voile, les tendances, les  sectes   extrémistes à l’oeuvre au sein de l’islam de France. Invitée mardi sur Radio classique et Paris Première, la présidente du FN n’a pu que constater  que les frontistes  ont eu « raison dix ans trop tôt, comme d’habitude. (Manuel Valls) découvre l’eau tiède. Entre-temps, c’est le chaos qui s’est installé. Quand Manuel Valls découvre le salafisme, il le découvre avec quinze ans de retard. Cela fait quinze ans que nous tirons la sonnette d’alarme, que nous disons que se développent sur le territoire des réseaux de salafisme. »  « Sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, ils se sont organisés, ces salafistes, ainsi que les Frères musulmans, ils ont pris en main des quartiers, imposé la loi religieuse. »

     Un constat qui ne  sous-entend pas  que le FN met tous les « musulmans » vivant en France dans le même panier;  ils sont nombreux à aimer la France, à la respecter, à  vivre leur foi de manière pacifique, dans le respect de notre  culture, de nos coutumes, de nos usages . Marine l’écrivait en  2005 : « Certains posent la question de savoir si l’islam est compatible avec la République, c’est aux musulmans de répondre.  » Propos qui font écho à cette réflexion de Bruno Gollnisch: « il n’y a peut être pas d’islam modéré mais il y a des musulmans modérés. »

    Certes,  la montée en puissance d’une  radicalité mahométane,  à dimension révolutionnaire, au   discours anti-assimilationniste,   se nourrit mécaniquement de la poursuite des flux migratoires légaux ( dont la légitimité n’est jamais remis en cause par la gauche et la droite) laisse  à penser que le pire est à venir si un coup d’arrêt  très ferme n’est pas donné à ce processus.  La présidente du FN a eu raison de rappeler que le  problème de l’immigration est  « prégnant, terrible. »  » Ce n’est pas le seul, mais c’est un problème majeur en France. »

    Jean-Marie Le Pen le disait  aussi il y a déjà fort longtemps, « quand les musulmans n’étaient q’un million en France, l’islam n’était pas un problème. » Bref, répétons cette évidence, sans immigration de masse, le danger djihadiste, les dérives communautaristes ne se poseraient pas  ou de manière très  marginale et facilement  contrôlable . Plus largement le racisme anti de souche,   les délinquances, les  violences ordinaires  qui pourrissent la vie des Français comme de nombreux autres Européens, ne sont pas toutes  réductibles à la présence musulmane.  On l’a constaté de manière emblématique,  lors des  impressionnantes émeutes ethniques qui ont ravagé  plusieurs quartiers de  Londres en 2011, dont la dimension anti blanche n’était pas absente,  qui  étaient menées très majoritairement par des bandes  issues de la communauté haïtienne… qui n’est pas  de religion  musulmane.

    Ajoutons encore que  les casseurs d’extrême gauche  qui l’on voit à l’oeuvre ces dernières semaine dans les manifs contre la loi El khomri qui  saccagent, détruisent,  blessent souvent  gravement de nombreux policiers ( voyous  auxquels les  les dirigeants du Front de Gauche notamment trouvent de nombreuses excuses), hier encore dans les défilés syndicaux du 1er mai, ne sont pas des jeunes musulmans. Les policiers l’ont constaté,  la très grande majorité sont  des de souche,  renforcés par des contingents de militants itinérants  d’ultra gauche  allemands, britanniques, néerlandais…

    Reste que le poids démographique de l’immigration musulmane, la  situation géopolitique, le terrorisme, un extrémisme communautaire en progression   visible  (et   très médiatisée par les « grands » médias) en font un sujet d’inquiétude, ô combien légitime pour nos compatriotes. Le Figaro relayant un sondage Ifop sur l’image de l’Islam en France et chez nos voisins allemands le constate aujourd’hui.  Il y a six ans, 55 % des Français estimaient que « l’influence et la visibilité de l’islam étaient trop importantes dans notre pays. Ils sont aujourd’hui 63 %, soit une hausse de huit points ».  Précision expliquant  (en partie)  les raisons de la  montée au créneau d’une partie du PS sur cette question de l’islam, Le Figaro » souligne que cette hausse vient « de la gauche ». « En 2010, 39 % des électeurs du Parti socialiste pensaient que la place de l’islam était trop importante. Ils sont 52 % désormais, selon l’Ifop. »

    Comme en 2010,  nos compatriotes interrogés  sont 68%  à affirmer que « les musulmans et les personnes d’origine musulmanes ne sont pas bien intégrés dans la société, 32% (=)  pensent le contraire.  Outre-Rhin,   71% des Allemands (-4 par rapport à 2010)  pensent  qu’ils ne sont pas bien intégrés contre 29% (+4). 47% des sondés  Français estiment  que la « présence d’une communauté musulmane est plutôt une menace » (+5, par rapport à 2010), moins d’un sur cinq (19%) considère  que cette présence est « plutôt un facteur d’enrichissement culturel », 34% (-2) qu’elle n’est « ni l’un ni l’autre ». En Allemagne, les chiffres sont respectivement de 43% (+3), 20% (-4) et 37% (+ 1).

    A dire vrai le Système se trouve coincé entre les immortels principes  universalistes, cosmopolites  qui  sont sa boussole, forment  le fond de sauce de son idéologie,   et le dur retour au réel. Il est d’ailleurs assez éclairant qu’un humaniste, qu’un prophète du messianisme internationaliste comme Jean-Luc Mélenchon  tienne sur « les valeurs » exactement les mêmes propos qu’une NKM, qu’un Juppé, qu’un Sarkozy, qu’un Valls.

    Dans un   entretien accordé  à  l’Obs et  diffusé vendredi, M. Mélenchon s’interroge : « Comment combattre Marine Le Pen autrement que par des idées profondément raisonnées ? Deux logiques sont à l’oeuvre. Celle des Lumières, l’humanisme universaliste, l’égalité, la fraternité; et de l’autre côté, celle de l’ethnicisme » (sic). « Tout se joue entre ces deux logiques. Le fond de l’affaire, c’est la question de la souveraineté. Il y a ceux qui pensent que le peuple n’est pas raisonnable, que des vérités s’imposent contre lesquelles il ne peut rien : les lois de la nature, de l’économie, du libéralisme. Moi, je pars des conditions sociales d’existence et de la culture collective des Français pour prôner la souveraineté du peuple. » Mais un peuple abstrait,  fantasmé par M. Mélenchon comme par d’autres figures de ce Systéme   et   qui se détourne d’eux.  Politiciens du sérail  pour qui la fameuse réflexion de   Jules Renard est taillée sur mesure :   « Oui, le peuple. Mais il ne faudrait pas voir sa gueule. » Et même idéalement le priver de ses réflexes de survie vitaux, dont le vote FN est une des manifestations. 

    http://gollnisch.com/2016/05/02/union-patriotes-reflexes-vitaux/

  • Il y a 450 ans, Charles IX achevait son Grand Tour de France

    Le 1er mai 1566, Charles IX achevait son Grand Tour de France

    « Sire, ce n’est pas tout que d’être roi de France,

    Il faut que la vertu honore votre enfance.

    Un roi sans la vertu, porte le sceptre en vain,

    Qui ne lui sert sinon d’un fardeau dans la main … »

        Ainsi Pierre de Ronsard, poète de cour mais non courtisan flagorneur, composa-t-il, en 1563, un long discours, en 186 alexandrins, Institution pour l’adolescence du roi très-chrétien Charles IX. Celui-ci, monté sur le trône en 1560, à l’âge de dix ans, régnait, sous la régence de sa mère Catherine de Médicis, sur un royaume écartelé et dévasté par les guerres de religion.

       Soucieuse de concorde nationale mais n’ayant pas encore trouvé le moyen de la rétablir, la régente mettait beaucoup d’espoir dans ce fils cadet et prometteur qui avait succédé prématurément à son frère aîné, le faible et influençable François II, lequel avait quasiment abdiqué son pouvoir entre les mains du parti des Guise.

        Durant les trois premières années du règne de Charles IX, le conflit entre protestants et catholiques vit alterner phases d’affrontements désastreux et armistices précaires. Conclu le 19 mars 1563, l’édit de pacification d’Amboise ne constituait qu’une côte mal taillée, bourrée de clauses ambigües voire contradictoires, portant les germes de nouvelles confrontations. Mais la régente voulait y croire et entendait consolider ce que certains regardaient déjà comme un chiffon de papier, par une démonstration spectaculaire de l’esprit de réconciliation du royaume autour de la personne du souverain : l’essence même de la monarchie chrétienne. Ce serait le « Grand Tour de France », inspiré d’une pratique déjà bien installée chez les rois d’Écosse (le Great Northern Tour), relevant à la fois du voyage initiatique, lui-même en liaison avec la mythologie homérique (les aventures de Télémaque, dont Fénelon reprendrait le motif cent trente ans plus tard) et de l’exposition aux peuples de l’autorité souveraine et, partant, unificatrice.

       Le départ est fixé au 24 janvier 1564 mais aucune date n’est arrêtée pour l’achèvement du périple. L’itinéraire lui-même demeure approximatif. La place laissée à l’improvisation et à la spontanéité résulte largement des incertitudes quant à la pacification des provinces, la bonne volonté des villes, le comportement des foules comme des seigneurs locaux dans un pays encore en proie à des désordres sur lesquels on est mal renseigné et qui justifient d’autant plus le voyage, en dépit de ses risques.

       C’est toute la Cour – environ deux mille personnes – qui se transporte d’abord du Louvre au palais de Fontainebleau où, pendant quarante jours, s’effectuent, dans un tourbillon de fêtes, les préparatifs du voyage, qui débute véritablement le 13 mars, en direction de Sens. L’interminable cortège déroule, après Charles IX et sa mère, chacun dans son carrosse, le gouvernement royal au complet, dirigé par le chancelier Michel de L’Hospital, particulièrement soucieux d’instaurer une coexistence pacifique entre catholiques et protestants afin d’assurer le développement économique du royaume, son grand dessein.

       Le 11 avril, on signa à Troyes un traité avec l’Angleterre par lequel celle-ci renonçait définitivement à la possession de Calais. Acte fortement symbolique puisque c’est dans cette même ville, le 21 mai 1420, que Charles VI avait reconnu Henri V Lancastre pour successeur au trône de France. 

       Après une longue boucle par les provinces du nord-est, faisant halte à Châlons, Bar-le-Duc, Chaumont, Langres… on prit le « coche d’eau » sur le Rhône pour rejoindre Lyon. Bien que rattachée au royaume de France depuis plus de deux cent cinquante ans, la ville demeurait quelque peu rétive à l’autorité royale. Administrée par de riches marchands, abritant une colonie italienne comportant d’influents banquiers, elle était en outre depuis deux ans dominée par le parti huguenot. L’arrivée de Charles IX se fit donc dans un climat de méfiance et son séjour interrompu par l’irruption d’une épidémie de typhoïde.

       Une semaine plus tard, à Roussillon, le roi signa l’édit fixant au 1er janvier le commencement de l’année : jusqu’ici, cette date variait selon les diocèses.

       Visitant ensuite la Provence, Catherine de Médicis voulut rencontrer Nostradamus, qui vivait alors à Salon-de-Provence, et lui présenter Charles IX. Le mage prédit à ce dernier qu’il vivrait jusqu’à l’âge de quatre-vingt dix ans …

       À Aix-en-Provence, ville fortement catholique, Michel de l’Hospital exhorta le Parlement à faire preuve de davantage de tolérance religieuse, conformément à la volonté du roi et de la régente, sans grand succès.

       Charles IX s’intéressait à la marine, si souvent négligée par ses prédécesseurs et se passionna, à Toulon puis à Marseille, pour les chantiers navals et la navigation des galères.

       On remonta par Arles, Nîmes et Montpellier en recevant des accueils mitigés selon que la ville était dominée par les catholiques ou par les protestants. Nulle part la volonté de conciliation ne s’affichait vraiment. En revanche, l’intérêt manifesté par le jeune roi pour la vie quotidienne et le travail de ses sujets enchanta les peuples. Charles IX possédait ce don inné de savoir parler aux hommes et de donner à chacun le sentiment d’une relation personnelle, aussi brève fût-elle.

       Puis la Cour bifurqua vers Bayonne : Philippe II d’Espagne venait de faire savoir qu’il acceptait enfin cette entrevue avec Catherine de Médicis, qui la réclamait depuis longtemps. Il se ferait toutefois représenter par sa femme, la reine Elisabeth, fille de Catherine. Il s’agissait pour cette dernière de convaincre le roi d’Espagne, d’une intransigeance catholique absolue, chef de file de la Contre-réforme, que la politique française d’apaisement visait à mieux contrôler les protestants et à faire d’eux de loyaux sujets. Dans ces conditions, l’Espagne n’avait aucune raison d’intervenir dans les affaires intérieures de la France. Peine perdue : en dépit du lien de parenté, la reine d’Espagne opposa son rejet complet de la Réforme, réclamant l’extermination des hérétiques.

        Déçu, on reprit la route du nord, s’arrêtant à Nérac chez la reine de Navarre, Jeanne d’Albret, mère du futur Henri IV, puis traversant le Périgord et la Saintonge avant d’arriver à La Rochelle, autre cité protestante qui, elle aussi, réserva aux voyageurs un accueil plutôt froid. Même froideur à Nantes et en Bretagne, non plus pour des motifs religieux mais par nostalgie du temps de l’indépendance du duché.    En revanche, l’Anjou et la Touraine s’enthousiasmèrent au passage du roi, qui poursuivit sa route jusqu’à Moulins, capitale du Bourbonnais, où la Cour séjourna trois mois. Catherine mit ce temps à profit pour imposer une réconciliation solennelle – mais non sincère – entre les familles de Guise et de Coligny puis pour préparer l’ordonnance de Moulins, promulguée en février 1566. Une petite révolution juridique : aux termes de ce texte, les parlements ne pourraient plus refuser d’enregistrer les édits royaux, tout en demeurant libres de formuler des réserves mais postérieurement à l’enregistrement, ce qu’on allait appeler des « remontrances ». L’ordonnance comportait aussi de nombreuses dispositions moins marquantes mais tendant toutes à rogner les pouvoirs que les gouverneurs de provinces s’étaient attribués à la faveur des troubles et au détriment de l’autorité royale.

       Après quelques vagabondages en Auvergne, en Nivernais, en Champagne et en Brie, la Cour regagna Paris le 1er mai 1566.

       Quoique mitigé, le bilan du Grand Tour de France s’avérait largement positif : le roi avait été partout reconnu et son autorité réaffirmée, en même temps que martelé le discours de tolérance et de modernisation du pays. Un succès sans doute éphémère mais néanmoins porteur de solidification de la monarchie légitime. Il faudrait attendre 1958 et le général de Gaulle pour que, de nouveau, un chef d’État comprît le caractère irremplaçable de son rapport direct, et charnel, avec le peuple.

    Daniel de Montplaisir

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/1951-il-y-a-450-ans-charles-ix-achevait-son-grand-tour-de-france

  • Dédicace à Paris, avec Gabrielle Cluzel

    dont le dernier livre est une critique pertinente du féminisme (commandable en ligne ici)

  • Panama Papers, à qui profite le grand déballage ?

    Scandale planétaire, évasion fiscale des puissants dévoilée et les médias en chevaliers blancs : voici le scénario des Panamas papers. Une occasion en or pour la presse ! Quant aux États-Unis, ils détournent à leur profit le marché des paradis fiscaux.

    Il faut être naïf pour croire que des journalistes voient 11,5 millions de documents leur tomber du ciel et qu'ils puissent en extraire la substantifique moelle en moins d'un an. C'est pourtant la jolie histoire que l'on nous conte avec l'affaire des Panama Papers.

    Rappelons à ceux qui reviennent d'un long pèlerinage dans le désert que depuis le 3 avril, des rédactions de grands quotidiens - Le Monde en France, le Suddeutscke Zeitung en Allemagne (premier récipiendaire des Panama Papers), etc. publient les révélations sur l'évasion fiscale de centaines de personnalités du monde des affaires, de la politique, du sport, des arts ou du crime organisé.

    La source de ces révélations massives : des millions de documents volés par un anonyme au cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, spécialisé dans le montage de sociétés offshore. Bref, une bande de preux journalistes met à jour les troubles agissements des puissants de ce monde. Mais dans la vie, la réalité est plus complexe.

    Les preux journalistes contre les méchants puissants

    Le volume des informations volées tout d'abord : 11,5 millions de documents représentent 2,6 Téraoctets, soit 1 566 fois plus de données informatiques que les célèbres Wikileaks (1,7 Go), publiées en 2010 et dont l'exploitation est encore en cours... Traiter un tel volume d'informations n'est pas à la portée du premier PC venu ; il faut employer de gros calculateurs, comme ceux que possèdent les services gouvernementaux ou bien savoir exactement quoi chercher et où...

    L'organe de coordination de cette vaste enquête soulève lui aussi son lot de questions gênantes. Les rédactions exploitant les Panama Papers font partie de l'ICU. Derrière ce club de journalistes d'investigation, on trouve TOCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), une association spécialisée dans les affaires financières et fiscales. Or l'OCCRP est financé entre autres par les fondations Carnegie, Rockefeller et surtout l'Open Society foundation de Soros et TUS Aid, l'agence gouvernementale américaine officiellement chargée du développement international. Ces deux derniers acteurs se retrouvent à des niveaux variés derrière les révolutions de couleur ou les printemps arabes... Une implication qui explique sans doute pourquoi Poutine figure en tête des personnalités citées dans la presse alors que son nom n'apparaît pas dans les Panama Papers, à côté des dirigeants chinois, de Bachar El-Assad... Bref, le choix des cibles médiatiques, chargées de toute la présomption de culpabilité dont savent faire preuve les « honnêtes » médias mainstream, n'a pas l’air de devoir grand-chose au hasard.

    La guerre des paradis fiscaux

    Tordons le cou à ce propos aux soupçons complotistes nés de l'absence d'Américains dans la liste des personnalités citées. Entre la dictature qui a dirigé le pays jusqu'en 1989, date de l'invasion américaine qui a mis à bas Noriega et l'accord de 2010 entre le Panama et les États-Unis, qui prévoit l'échange bilatéral des informations détenues par les institutions financières sur les citoyens des deux pays, le Panama est un paradis fiscal pour tous... sauf les Américains.

    Paradis fiscal, le nœud du problème est bien là. Indispensables soupapes de sécurité (voir page suivante), ils ne vont pas disparaître, mais simplement changer de crémerie. Et la plus accueillante d'entre elles n'est autre que les États-Unis, qui ont su gagner une guerre sans merci au secret bancaire face à la Suisse ou à des îles plus ou moins exotiques. Jersey, Caïmans, îles Vierges... tous ces ex-paradis fiscaux ont fait partie en 2014 des 80 signataires des accords de Berlin sur l'échange d'informations fiscales. Accords inspirés de la loi Fatca américaine, qui impose aux banques étrangères de signaler au fisc yankee les avoirs détenus par des Américains. Autant de contraintes dont l'Oncle Sam se dispense. Les vrais paradis fiscaux à secret bancaire se nomment actuellement Delaware, Nevada ou Wyoming.

    « John Doe », le pirate anonyme qui a dérobé les documents du cabinet Mossack Fonseca pour les remettre à la presse prétend avoir agi pour « rendre publics ces délits » et n'avoir pas touché un sou. Croyons-le sur parole. Il n'en reste pas moins que son action a rudement bien servi les intérêts financiers américains.

    Richard Dalleau monde&vie 27 avril 2016

  • La Russie refuse le dollar lors de la vente de son pétrole

    La Russie s’apprête à lancer son propre contrat à terme s’agissant de son principal produit d’exportation, le pétrole Urals, afin d’augmenter ses profits et de mettre fin au calcul des prix du brut en dollar.
    Une plateforme à terme est en train d’être formée auprès de la Bourse internationale de Saint-Pétersbourg qui mène à l’heure actuelle des pourparlers avec des entreprises de trading étrangères, indique Bloomberg.
    L’objectif consiste à créer un système où le pétrole est évalué et vendu d’une manière juste et ouverte, a déclaré le président de la bourse Alexeï Rybnikov.
    La création de son propre marché à terme permettra à Moscou d’améliorer le mécanisme de formations des prix du pétrole Urals et aux compagnies nationales d’obtenir des profits supplémentaires.
    Aujourd’hui, le pétrole Urals de la catégorie inférieure se vend avec une décote par rapport au pétrole Brent.
    Au cours des deux premiers mois de 2016, le coût du pétrole Urals a été estimé à 29,69 dollars le baril, ce qui est 1,7 fois moins qu’à la même période l’année passée. A l’époque, l’Urals se vendait 51,81 dollars.
    Le pétrole Urals est une sorte de brut extrait en Russie et destiné à l’export. Les gisements se trouvent dans la région de la Volga, dans l’Oural, dans les districts autonomes des Khantys-Mansis — Iougra et de Iamalo-Nénétsie. Les revenus provenant des ventes du pétrole à l’étranger occupent environ 40% du budget russe.

     

    al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuykEpZEVVhujnnKem.shtml

  • Limiter les dépassements d’honoraires… Résultat : le patient paiera !

    Le pire est encore à venir.

    « Les contrats responsables (appellation de type publicitaire, des plus floues) sont des contrats collectifs de complémentaire santé dont les garanties répondent à certaines prescriptions réglementaires destinées à modérer les dépenses de santé. » Ils auraient été créés pour mieux maîtriser les dépenses de santé, éternelle question évoquée depuis plus de 30 ans !

    On sait ce qu’il en est des frais dentaires. Récemment, la focale a été mise sur la question des lunettes et des frais d’optique.

    Dans l’esprit du ministre en charge de ces affaires, les médecins dépasseraient les « tarifs Sécu », étant donné que les patients sont couverts en tout état de cause par des assurances complémentaires. Dans sa logique de premier degré, elle a donc la conviction qu’en plafonnant les remboursements, elle limitera les dépassements.

    Cette approche du problème n’est malheureusement étayée par aucune étude sérieuse. On peut même soutenir le contraire que beaucoup de Français accepteront de payer de leur poche pour consulter le plus grand spécialiste censé améliorer leur durée de vie ou sauver leur enfant d’une maladie rare ; le montant du remboursement de la Sécurité sociale n’y changeant rien.

    Autrement dit, la conviction de Marisol Touraine est d’abord fondée sur une posture idéologique, qui est aussi celle des députés qui défendent son projet.

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  • Norbert Hofer (FPÖ) donné vainqueur de la présidentielle en Autriche

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    Selon l’institut Gallup, Norbert Hofer, le candidat du FPÖ, est désormais le favori du second tour de l’élection présidentielle en Autriche. Un sondage publié le 30 avril le donne à 56 % des voix contre 44 % à son rival, le candidat écologiste Alexsander Van der Bellen. Le candidat du Parti de la liberté est en progression de six points par rapport à la précédente étude qui donnait les deux candidats à égalité.

    Dans une interview à un journal dominical autrichien, Norbert Hofer estime pouvoir être élu avec 55 à 60 % des voix : « Je pense qu’un tiers des électeurs de [la candidate indépendante] Irmgard Griss vont se reporter sur moi, ainsi que des deux tiers de ceux qui ont voté pour [le candidat conservateur] Andreas Khol et jusqu’à la moitié des électeurs [du candidat social-démocrate] Rudolf Hundstorfer. » Norbert Hofer estime également que près de 50 000 électeurs du FPÖ ne sont pas allés voter dimanche dernier.

    Le deuxième tour de l’élection présidentielle autrichienne aura lieu le 22 mai.

    http://fr.novopress.info/