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  • La propagande LGBT n’a aucune légitimité scientifique

    L'association REAL Women of Canada, un groupe nord-américain de femmes anti-féministes, a dénoncé les balivernes du lobby LGBT :

    « Nous savons d’instinct qu’elles ne sont pas authentiques, ni dignes de notre adhésion. Cependant, les faiseurs de mythe tentent de nous imposer leurs absurdités par le bras armé de la loi, affirmant qu’il est « discriminatoire » de refuser d’accepter ces mythes comme vrais. Les juridictions qui ne se soumettent pas à leur diktat sont l’objet de punitions économiques, les parents se voient interdire de protéger leurs enfants des monstrueuses « lois toilettes » permettant aux hommes d’utiliser les douches et les vestiaires des filles. C’est une fraude fondée sur une propagande qui n’a aucune légitimité scientifique. »

    L'association rappelle que deux « bombes » ont explosé récemment, réduisant en miettes ces mythes. La première fut celle constituée par l’étude publiée le 23 août  par le journal scientifique The Journal – The New Atlantis. Deux universitaires de renom, le Dr Lawrence Mayer, expert en psychiatrie et en statistiques, et le Dr Paul McHugh, y notaient d’emblée que la communauté LGBT est affectée de manière disproportionnée par des problèmes de santé mentale par rapport à la population dans son ensemble et qu’ils sont opposés à la « discrimination » à l’égard des personnes et de la communauté LGBT. Après étude de centaines d’articles scientifiques sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ils affirment :

    • La croyance selon laquelle l’orientation sexuelle est innée, et constitue une caractéristique humaine fixée par la biologie – le fait que les hommes seraient « nés comme ça » – n’est validée par aucune preuve scientifique.
    • La croyance selon laquelle l’identité de genre est une caractéristique humaine fixe et innée, indépendante du sexe biologique – de telle sorte qu’une personne pourrait être « un homme prisonnier d’un corps de femme » ou « une femme prisonnière un corps d’homme » – n’est validée par aucune preuve scientifique.
    • Seule une minorité d’enfants qui expriment des pensées ou ont des comportements atypiques par rapport à leur genre continueront de le faire à l’adolescence ou à l’âge adulte. Il n’existe aucune preuve selon laquelle de tels enfants devraient être encouragés à devenir transgenres, sans même parler de leur faire subir des traitements hormonaux ou chirurgicaux.
    • Les personnes non hétérosexuelles et transgenres présentent un taux de problèmes mentaux (anxiété, dépression, suicide) ainsi que les problèmes comportementaux et sociaux (toxicomanie, violences sur partenaires) plus élevés que celui de la population en général. La discrimination seule ne rend pas compte de la disparité en son ensemble.

    La deuxième bombe concerne les recherches de l’activiste lesbienne, le Dr Lisa Diamond, de l’American Psychological Association (APA), qui vient de reconnaître que l’orientation sexuelle est « fluide » et susceptible de changer. Ce faisant, elle a confirmé que l’idée selon laquelle « les homosexuels ne peuvent pas changer » est aujourd’hui une théorie dans l’impasse. La recherche, a-t-elle assuré lors d’une conférence à Cornell University, a aujourd’hui établi que « l’orientation sexuelle, y compris l’attraction, le comportement et l’identité perçue, est fluide à la fois pour les adolescents et pour les adultes des deux genres », résume REAL Women. Et pourtant, des lois de divers Etats des Etats-Unis ainsi que de l’Ontario interdisent la « thérapie réparatrice » qui cherche à venir en aide aux patients aux prises avec une attraction homosexuelle dont ils ne veulent pas. Ces lois sont fondées sur l’immutabilité de l’orientation sexuelle, dont la science vient pourtant de confirmer qu’il s’agit d’un mythe.

    Les grands médias n’ont pas donné un grand retentissement à ces études mais la panique gagne les groupements LGBT. Le groupe homosexualiste Human Rights Campaign s’est fendue d’une attaque frontale contre New Atlantis, accusant les auteurs de l’étude, Mayer et McHugh, de faire de l’activisme anti-LGBTQ pour « marginaliser » les gens à travers des « déclarations trompeuses » et des « interprétations tendancieuses ». La réponse n’a pas tardé : l’équipe éditoriale de New Atlantis a tôt fait de démontrer que la plupart des accusations du HRC étaient fondée sur des « distorsions » du texte initial.

    La France vient de lancer un plan de propagande LGBT, sur la base de mythes. Ces vérités officielles ne peuvent survivre qu'avec l'appui de la force publique. On appelle cela le totalitarisme.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Ce vendredi, 23 décembre, de 15 h à 19 h, à la librairie Duquesne diffusion : Ignace dédicace "Apocalypse Flamby", son nouvel album édité par Synthèse nationale

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    Sur Apocalypse Flamby cliquez ici

  • La démocratie du XXIe siècle

    Georges Feltin-Tracol

    La Hongrie, la Turquie, la Russie, Singapour, le Bélarus, voire peut-être bientôt la Pologne, seraient pour leurs détracteurs occidentaux des « démocratures », un mélange plus ou moins subtile de pratiques démocratiques et d’autoritarisme politique. Il serait plus juste de les qualifier de « démocraties illibérales ».

    L’expression revient au politologue étatsunien d’origine indienne musulmane, Fareed Zakaria, qui l’employa pour la première fois dans le numéro de novembre – décembre 1997 de la revue mondialiste Foreign Affairs. En 2003, il développa et étaya sa thèse dans L’avenir de la liberté. La démocratie illibérale aux États-Unis et dans le monde. L’élève de Samuel Huntington y défendait l’indépendance complète des institutions par rapport à l’élection en prenant l’exemple révélateur de la Banque centrale européenne.

    Le 26 juillet 2014, le ministre-président hongrois, Viktor Orban, s’en appropria le concept. Il s’agit pour lui de célébrer le retour du politique et la nécessaire correction des excès du libéralisme politique et économique. Cet « État non libéral, disait-il, ne nie pas les valeurs fondamentales du libéralisme comme la liberté, etc. Mais il ne fait pas de l’idéologie un élément central de l’organisation de l’État. Il applique une approche spécifique et nationale », propre à l’histoire et aux mentalités hongroises, pourrait-on ajouter.

    Si cette expression est récente, la pratique illibérale est pourtant relativement ancienne en Europe. Dans son excellente biographie sur Napoléon III parue en 2004, Pierre Milza définit avec raison le Second Empire comme un régime illibéral. Cette caractéristique méconnue influencera ensuite la fameuse « droite bonapartiste », des boulangistes à certaines tendances du Front national en passant par les « Syndicats jaunes », des non-conformistes des années 30 et le gaullisme de gauche.

    Au XIXe siècle, la France de Napoléon III n’était pas le seul État illibéral d’Europe. Son vainqueur de 1870, la jeune Allemagne forgée par le chancelier Bismarck correspondait aussi à cette catégorie. Sa constitution impériale conciliait en effet fédéralisme politique, autorité monarchique, suffrage universel direct, forte protection sociale, gouvernement indépendant des manœuvres parlementaires et présence massive d’élus sociaux-démocrates.

    Alternative prometteuse à la démocratie représentative épuisée et à la chimérique démocratie participative, la démocratie illibérale ne peut être que la première étape vers une démocratie authentique, la démocratie organique, cette formidable matrice de l’aristocratie populaire européenne.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 14, diffusée sur Radio-Libertés, le 16 décembre 2016.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Journal du Jeudi 22 décembre 2016 - Terrorisme / Berlin : le suspect tunisien identifié

  • Attentat de Berlin : Chasse à l’homme en Europe pour arrêter le terroriste Anis Amri

    A la Une de la presse française, aujourd’hui, l’avis de recherche diffusé hier à l’encontre du Tunisien Anis Amri, le suspect numéro 1 de l’attentat de Berlin.

    Libération annonce une «traque en Europe», rappelant que le gouvernement allemand promet d’offrir 100 000 euros à toute personne fournissant des informations permettant l’arrestation de ce jeune homme de 24 ans – un migrant en situation irrégulière, qui était arrivé en Allemagne en juillet 2015, et était dans le collimateur des services de renseignement depuis plus d’un an, son nom figurant sur le fichier des 949 personnes considérées «menaçantes», susceptibles de passer à l’acte, pour ses «liens présumés avec l’organisation Etat islamique» – une liste équivalente au fichier S français, selon Libé, qui raconte qu’Anis Amri aurait été démasqué par une erreur similaire à celle commise par le commando de Charlie Hebdo: après avoir tout simplement laissé dans la cabine du camion un titre de séjour provisoire, établi à son nom par les autorités allemandes, dans l’attente de son expulsion.

    Celles-ci ont échoué à l’arrêter à temps, ce qui signifie que leur système comporte des «failles», selon le Parisien, qui se demande pourquoi Anis Amri, qui avait préparé un braquage pour se procurer des armes automatiques «et sans doute commettre un attentat avec l’aide de complices», d’après le procureur général allemand, n’a pas été «mieux surveillé». Par «manque de personnel», disent les syndicats de police.

    «L’Allemagne, qui s’était longtemps crue épargnée, se découvre aussi vulnérable que ses voisins», écrit le Figaro, annonçant que «Berlin découvre, (depuis lundi), l’ampleur de la menace islamiste» – une «menace» qui aurait grandi depuis l’engagement de l’Allemagne au sein de la coalition anti-groupe Etat islamique, d’après le journal, qui explique aussi que les djihadistes, «en installant le doute sur l’accueil des réfugiés», ont «atteint leur objectif»: «terroriser» la population, effrayée de se découvrir infiltrée par des individus ayant souvent emprunté les mêmes routes que les réfugiés.

  • La vie n’a pas de prix mais la défendre a un coût

    6a00d83451619c69e201b7c8bf1204970b-200wi.pngVous l’avez déjà noté dans vos agendas, la MARCHE POUR LA VIE aura lieu à Paris le 22 janvier prochain. Et nous avons besoin de vous compter nombreux pour venir défendre la Vie, de sa conception jusqu’à son terme, soutenir Toutes les Vies, du plus grand athlète au plus faible d’entre nous.

    Un tel évènement se prépare et nos équipes de bénévoles sont déjà au travail depuis plusieurs mois pour tout organiser. Mais vous le savez, ce type de manifestation à un coût très important : sécurité, podium, sonorisation, affiches, tracts, publipostage, …. 

    Nous faisons donc appel à vous aujourd’hui pour nous aider financièrement par un don qui nous permettra de faire face à toutes ces dépenses.

    Pour tout don à l’association MARCHE POUR LA VIE supérieur à 10 €, vous recevrez un reçu fiscal vous permettant, si vous êtes imposable, de déduire de votre impôts sur le revenu 66% du montant de votre don (par ex : un don de 60 € ne vous coûtera que 20 €, après déduction fiscale).

    En pratique, vous pouvez adresser vos dons : 

    • par chèque à la MARCHE POUR LA VIE, 3 rue de l’arrivée, 75014 Paris
    • par carte bancaire via notre site internet ICI

    Tout aide sera la bienvenue, à la mesure de vos moyens : pour 5 € nous vous dirons merci, pour 20 € nous le dirons aussi, et pour 100 € nous le dirons encore !

    Merci à ceux qui nous ont déjà apporté leur soutien, et d’avance merci à ceux, nombreux nous l’espérons, qui répondront à cet appel.

    Rendez-vous à Paris le 22 janvier !!!

    Michel Janva

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  • Heidegger

    Heidegger, la tradition, la révolution, la résistance et l’“anarquisme”

    Petit itinéraire très très pédagogique

    Expédier Heidegger en trois pages pour expliquer qu’il est un tenant de la tradition, ou d’une tradition, tient de la gageure. Je vais néanmoins m’y atteler, pour faire plaisir à Eugène Krampon et parce que, finalement, c’est une nécessité pédagogique dans un combat métapolitique comme le nôtre. Tout néophyte qui a abordé Heidegger sait qu’il parle de “Dasein”, terme allemand signifiant la vie ou l’existence mais que les philosophes exégètes de son œuvre préfèrent traduire par “être-là”. Les exercices de haute voltige philosophique n’ont pas manqué pour cerner avec toute l’acuité voulue ce concept d’“être-là”. Ce “là”, pour Heidegger, tout au début de ses réflexions, c’est son enracinement dans le pays souabe, dans la petite ville de Messkirch où il a vu le jour. Au-delà de cet enracinement personnel, tout homme, pour être un homme complet et authentique, pour ne pas être une sorte de fétu de paille emporté par les vents des modes, doit avoir un ancrage solide, de préférence rural ou semi-rural, à coup sûr familial, dans une patrie, une “Heimat”, bien circonscrite. Plus tard, Heidegger, élargira son enracinement souabe à toute la région, du Lac de Constance à la Forêt Noire, aux sources du fleuve central de notre Europe, le Danube. En effet, c’est dans cette région-là, très précisément, que sont nés les grands penseurs et poètes allemands, dont Hölderlin et Hegel. C’est dans leur patrie charnelle baignée par le Danube naissant que le retour subreptice et encore voilé à l’essence grecque de l’Europe s’est ré-effectué, à partir du XVIIIe siècle. La germanité pour Heidegger, c’est donc cet espace de forêts et de collines douces, parfois plus échancrées au fur et à mesure que l’on s’approche de la frontière suisse, mais c’est aussi le lieu de l’émergence d’une langue philosophique inégalée depuis la Grèce antique, plongeant dans un humus tellurique particulier et dans une langue dialectale/vernaculaire très profonde : cette Souabe devrait donc être la source d’inspiration de tous les philosophes, tout comme une certaine Provence — ce qu’il admettra bien volontiers quand il ira y rendre visite au poète René Char.

    La tradition pour Heidegger n’est donc pas une sorte de panacée, ou d’empyrée, qui se trouverait, pour l’homme, hors du lieu qui l’a vu naître ni hors du temps qui l’a obligé à se mobiliser pour agir dans et sur le monde. Heidegger n’est pas le chantre d’une tradition figée, inamovible, extraite du flux temporel. L’homme est toujours “là” (ou “ici”) et “maintenant”, face à des forces pernicieuses qui l’assoupissent, lui font oublier le “là” qui l’a vu naître et les impératifs de l’heure, comme c’est le cas de nos contemporains, victimes de propagandes dissolvantes via les techniques médiatiques, fabricatrices d’opinions sans fondements. Par voie de conséquence, la “proximité” (Nähe) est une vertu, une force positive qu’il s’agit de conserver contre les envahissements venus de partout et de nulle part, du “lointain” (Ferne) qui troublent et désaxent l’équilibre qui m’est nécessaire pour faire face aux aléas du monde. Le meilleur exemple pour montrer ce que Heidegger entend par “Nähe” et par “Ferne”, nous le trouvons dans son discours de 1961, prononcé en dialecte souabe à l’intention de ses concitoyens de Messkirch, de ses amis d’enfance avec qui il jouait une sorte de formidable “guerre des boutons”, où il était le chef d’un clan de gamins armés d’épées de bois. Ces braves citoyens de Messkirch lui avaient demandé ce qu’il pensait du nouveau “machin” qui envahissait les foyers, surtout dans les villes, en plein “miracle économique” allemand : ils voulaient qu’il leur parle de la télévision. Heidegger y était hostile et a prouvé dans un langage simple que la télévision allait apporter continuellement des sollicitations mentales venues du “lointain”, des sollicitations hétéroclites et exotiques, qui empêcheraient dorénavant l’homme de se ressourcer en permanence dans son “là” originel et aux gens de Messkirch de ressentir les fabuleuses forces cachées de leur propre pays souabe.

    Heidegger, malgré son plaidoyer permanent — par le biais d’une langue philosophique très complexe — pour cet enracinement dans le “là” originel de tout homme, n’est pas pour autant un philosophe de la banalité quotidienne, ne plaide pas pour une “installation” tranquille dans un quotidien sans relief. Tout homme authentique sort précisément de la banalité pour “ex-sister”, pour sortir (aller “ex”) de tout statisme incapacitant (aller “ex”, soit “hors”, du “stare”, verbe latin désignant la position immobile). Mais cette authenticité de l’audacieux qui sort des lourdes banalités dans lesquelles se complaisent ses contemporains n’est “authentique” que s’il se souvient toujours et partout de son “là” originel. L’homme authentique qui sort hardiment hors des figements d’un “végétatisme” n’est pas un nomade mental, il garde quelque part au fond de lui-même un “centre”, une “centralité” localisable ; il n’est donc pas davantage un vagabond sans racines, sans mémoire. Il peut voyager, revenir ou ne pas revenir, mais il gardera toujours en lui le souvenir de son “là” originel.

    L’homme de Heidegger n’est pas un “sujet”, un “moi” isolé, sans liens avec les autres (de sa communauté proche). L’homme est “là”, avec d’autres, qui sont également “là”, qui font partie intégrante de son “là” comme lui du leur. Les philosophes pointus parlent avec Heidegger de “Mit-da-sein”. L’homme est inextricablement avec autrui. Même si Heidegger a finalement peu pensé le politique en des termes conventionnels ou directement instrumentalisables, sa philosophie, et son explication du “Mit-da-sein”, impliquent de définir l’homme comme un “zoon politikon”, un “animal politique” qui sort des enlisements de la banalité pour affronter ceux qui veulent faire de la Cité (grecque ou allemande) une “machine qui se contente de fonctionner” où les hommes-rouages — réduits à la fonction médiocre de n’être plus que des “répéteurs” de gestes et de slogans — vivraient à l’intérieur d’une gigantesque “clôture”, sous le signe d’une “technique” qui instaure la pure “faisabilité” (Machenschaft) de toutes choses et, par voie de conséquence, impose leur “dévitalisation”. Contre les forces d’enlisement, contre les stratagèmes mis en œuvre par les maniaques de la clôture, l’homme a le droit (vital) de résister. Il a aussi le droit de dissoudre, mentalement d’abord, les certitudes de ceux qui entendent généraliser la banalité et condamner les hommes à l’inauthenticité permanente. C’est là un principe quasi dadaïste d’anarchie, de refus des hiérarchies mises en place par les “clôturants”, c’est un refus des institutions installées par les fauteurs d’inauthenticité généralisée. Heidegger n’est donc pas un philosophe placide à l’instar des braves gens de Messkirch : il ne les méprise cependant pas, il connaît leurs vertus vitales mais il les sait menacés par des forces qui risquent de les dépasser. Il faut certes être placide comme ceux de Messkirch, vaquer à des tâches nobles et nécessaires, au rythme des champs et du bétail, mais, derrière cette placidité revendiquée comme modèle, il faut être éveillé, lucide, avoir le regard qui traque pour repérer le travail insidieux d’objectivisation des hommes et des Cités, auquel travaillent les forces “clôturantes”. Cet éveil et cette lucidité constituent un acte de résistance, une position an-archique (qui ne reconnaît aucun “pouvoir” parmi tous les pouvoirs “objectivants/clôturants” qu’on nous impose), position que l’on comparera très volontiers à celle de l’anarque d’Ernst Jünger ou de l’“homme différencié” de Julius Evola (dadaïste en sa jeunesse!).

    L’homme a le droit aussi de “penser la révolution”. Heidegger est, de fait, un philosophe révolutionnaire, non seulement dans le contexte agité de la République de Weimar et du national-socialisme en phase d’ascension mais de manière plus générale, plus pérenne, contre n’importe quelle stratégie de “clôturement” puisque toute stratégie de ce type vise à barrer la route à l’homme qui, à partir de son “là” originel, tente de sortir, avec les “autruis” qui lui sont voisins, avec ses proches, des “statismes” emprisonnants qu’une certaine “métaphysique occidentale” a générés au cours de l’histoire réelle et cruelle des peuples européens. Cette “métaphysique” a occulté l’Être (lequel est de toutes les façons insaisissable), dont on ne peut plus aisément reconnaître les manifestations, si bien que l’homme risque d’y perdre son “essence” (Wesen), soit, pourrait-on dire, de perdre sa capacité à ex-sister, à sortir des banalités dans lesquelles on se complait et on se putréfie quand on oublie l’Être.

    Deux solutions s’offrent alors à l’homme authentique :

    • 1) amorcer un “nouveau commencement” (neuer Anfang)
    • ou 2) accepter de faire pleinement connaissance de l’étranger (der “Fremde”), de ce qui lui est fondamentalement étranger, pour pouvoir mieux, en bout de course, s’ouvrir à son propre (das “Eigene”), quand il sera aperçu que ce fondamentalement étranger n’est pas assimilable à son propre.


    Dans le premier cas, il faut rompre “révolutionnairement” avec le processus métaphysique d’“enclôturement”, rejeter politiquement les régimes et les idéologies qui sont les produits finis et applicables de cette métaphysique de l’“enclôturement”. C’est ce que Heidegger a fait en prononçant son fameux “discours de rectorat” qui scellait son engagement national-socialiste en 1933-34. Le ré-alignement du nouveau régime sur des institutions imitées du wilhelminisme d’avant 1914 ou sur certaines normes de la République de Weimar, suite, notamment, à la “Nuit des longs couteaux” de juin 1934, plonge Heidegger dans le scepticisme : le régime semble n’être qu’un avatar supplémentaire de la “métaphysique enclôturante”, qui abandonne son “révolutionnisme” permanent, qui renonce à être l’agent moteur du “nouveau commencement”. C’est alors que Heidegger amorce sa nouvelle réflexion : il ne faut pas proposer, clef sur porte, un “nouveau commencement” car, ruse de l’histoire, celui-ci retombera dans les travers de la “métaphysique enclôturante”, à la façon d’une mauvaise habitude fatale, récurrente au cours de l’histoire occidentale. Au contraire : il faut attendre, faire œuvre de patience (Geduld), car toute la trajectoire pluriséculaire de la métaphysique œuvrant de manière “enclôturante” ne serait qu’un très long détour pour retrouver l’Être, soit pour retrouver la possibilité d’être toujours authentique, de ne plus avoir face à soi des forces génératrices de barrières et de clôtures qui empêchent de retrouver le bon vieux soleil des Grecs. L’homme doit pourtant suivre ce trajet décevant pour se rendre compte que la trajectoire de la métaphysique “enclôturante” ne mène qu’à l’impasse et que répéter les formules diverses (et politiques) de cette métaphysique ne sert à rien. Ce sera alors le “tournant” (die “Wende”) de l’histoire, où il faudra se décider (entscheiden) à opter pour autre chose, pour un retour aux Grecs et à soi. Les éveillés doivent donc guetter le surgissement des “points de retournement” (Wendungspunkte), où le pernicieux travail d’“enclôturement” patine, bafouille, se démasque (dans la mesure où il dévoile sa nature mutilante de l’hominité ontologique). C’est en de tels moments, souvent marqués par la nécessité ou la détresse (die Not), que l’homme peut décider (faire œuvre d’“ex-sister”) et ainsi se sauver, échapper à tout “enclôturement” fatal et définitif. Cette décision salvatrice (die Rettung) est simultanément un retour vers l’intériorité de soi (Einkehr). L’homme rejette alors les régimes qui l’emprisonnent, par une décision audacieuse et, par là, existentielle, tout en retournant à lui-même, au “là” qui le détermine de toutes les façons dès le départ, mais qu’on a voulu lui faire oublier. Pour Heidegger, ce “là”, qu’il appelle après 1945, l’“Okzident”, n’est pas l’Occident synonyme d’américanosphère (qu’il rejette au même titre que le bolchevisme), mais, finalement, sa Souabe matrice de poésie et de philosophie profondes et authentiques, l’“Extrême-Ouest” du bassin danubien, l’amont — aux flancs de la Forêt Noire — d’un long fleuve qui, traversant toute l’Europe, coule vers les terres grecques des Argonautes, vers la Mer Noire, vers l’espace perse.

    La deuxième option, consécutive à un certain “enclôturement” du national-socialisme puis à la défaite de celui-ci (en tant que “nouveau commencement” avorté), implique une certaine dépolitisation, une diminution du tonus de l’engagement, si fort dans les années 30, toutes idéologies confondues. L’échec de la “métaphysique clôturante” ne sera dès lors pas dû à une action volontariste et existentielle, posée par des hommes authentiques, ou des héros, mais par l’effet figeant, étouffant et destructeur que provoquent les agitations fébriles des tenants mêmes de ces pratiques d’enclôturement qui, dès maintenant, arriveront très vite au bout de leur rouleau, buteront contre le mur au fond de l’impasse qu’ils ont eux-mêmes bâtie. Cette fin de règne est notre époque : le néo-libéralisme et les résidus burlesques de sociale-démocratie nous ont d’abord amené cette ère de festivisme (post-mitterrandien), qui utilise la fête (qui pourrait pourtant être bel et bien révolutionnaire) pour camoufler ses échecs politiques et son impéritie, son incapacité à penser hors des sentiers battus de cette métaphysique de l’enclôturement, fustigée par Heidegger en termes philosophiques aussi ardus que pointus. Le sarközisme et l’hollandouillisme en France, comme le dehaenisme ou le diroupettisme en Belgique, et surtout comme la novlangue et les lois scélérates du “politiquement correct”, sont les expressions grotesques de cette fin de la métaphysique de l’enclôturement, qui ne veut pas encore céder le terrain, cesser d’enclôturer, qui s’accroche de manière de moins en moins convaincante : persister dans les recettes préconisées par ces faquins ne peut conduire qu’à des situations de détresse dangereuses et fatales si on n’opte pas, par un décisionnisme existentiel, pour un “autre commencement”. Mais, contrairement à nos rêves les plus fous, où nous aurions été de nouveaux Corps Francs, cet “autre commencement” ne sera pas provoqué par des révolutionnaires enthousiastes, qui, en voulant hâter le processus, mettraient leur authenticité existentielle en exergue et en jeu (comme dans les années 30 — de toute façon, ce serait immédiatement interdit et donnerait du bois de rallonge à l’adversaire “enclôturant”, qui pourrait hurler “au loup!” et faire appel à sa magistraille aux ordres). Le “nouveau commencement” adviendra, subrepticement, par les effets non escomptés de l’imbécillité foncière et de l’impéritie manifeste des tenants des idéologies appauvries, avatars boiteux de la “métaphysique occidentale”.

    Il nous reste à boire l’apéro et à commander un bon repas. Après la poire et le fromage, après un bon petit calva tonifiant, il faudra bien que nos congénères, sortis de l’inauthenticité où les “enclôtureurs” les avaient parqués, viennent nous chercher pour emprunter la voie du “nouveau commencement”, qui sera “là” sans nos efforts tragiques, de sang et de sueur, mais grâce à la connerie de l’ennemi, un “nouveau commencement” que nous avons toujours appelé de nos vœux et que nous avons pensé, à fond, avec obstination, avant tous les autres. Nous avons réfléchi. Nous allons agir.

    ► Robert Steuckers, Forest-Flotzenberg, novembre 2013.

    Bibliographie :

    • Jean-Pierre BLANCHARD, Martin Heidegger philosophe incorrect, L’Æncre, 1997
    • Edith BLANQUET, Apprendre à philosopher avec Heidegger, Ellipses, Paris, 2012
    • Mark BLITZ, Heidegger’s Being and Time and the Possibility of Political Philosophy, Cornell University Press, London, 1981
    • Renaud DENUIT, Heidegger et l’exacerbation du centre – Aux fondements de l’authenticité nazie ?, L’Harmattan, 2004
    • Michael GELVEN, Être et temps de Heidegger – Un commentaire littéral, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1970
    • Florian GROSSER, Revolution Denken – Heidegger und das Politische – 1919-1969, CH Beck, Munich, 2011
    • Emil KETTERING, Nähe – Das Denken Martin Heideggers, Günther Neske, Pfullingen, 1987
    • Bernd MARTIN, Martin Heidegger und das “Dritte Reich” – Ein Kompendium, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1989
    • Michael ROTH, The Poetics of Resistance – Heidegger’s Line, Northwestern Univ. Press, Evanston/Illinois, 1996
    • Rainer SCHÜRMANN, Le principe d’anarchie – Heidegger et la question de l’agir, Seuil, 1982

    Hans SLUGA, Heidegger’s Crisis – Philosophy and Politics in Nazi Germany, Harvard Univ. Press, 1993
    http://www.archiveseroe.eu/heidegger-a48483364