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  • La solidarité européenne existe-t-elle vraiment ? Le cas de la Grèce.

    Dans cette campagne présidentielle, il est beaucoup question d'Europe et de sa forme politique actuelle baptisée Union européenne : certains la dénoncent, d'autres, au contraire, l'annoncent comme la nouvelle Terre promise et veulent en renforcer les grands aspects, principalement dans le sens des signataires du Traité de Rome de 1957, c'est-à-dire dans le cadre d'une idéologie libre-échangiste et supranationale que dénonçait dès 1957 Pierre Mendès-France. Autant dire que les points de vue des candidats qui s'affrontent apparaissent, au final, très variés et, souvent même, antagonistes.

    Mais, s'il est souvent question d'Europe, ne serait-il pas utile d'évoquer, au-delà du Brexit qui agite beaucoup les salles de rédaction et les états-majors des candidats, le cas de la Grèce et du traitement qui lui est actuellement infligé, dans une indifférence quasi-générale en Europe et parmi les opinions publiques d'un ensemble « Union européenne » qui se veut « cohérent » et, surtout sous la plume des éditorialistes europhiles, « solidaire » ?

    Cela fait désormais plus de sept ans que la Grèce s'enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme et la misère sociale, depuis qu'il a été démontré que ce pays avait, avec le soutien de la banque états-unienne Goldman Sachs, triché sur ses comptes pour intégrer la zone euro qui devait lui garantir, si l'on en croit les promesses faites depuis le traité de Maëstricht, sécurité financière et prospérité. Il suffit de relire les articles et les livres écrits à la veille de la décennie 2000 pour constater, au regard des réalités de 2017, que l'euro n'a évidemment pas tenu ses promesses, à part celle de pouvoir circuler avec la même monnaie dans près d'une vingtaine de pays de l'Union : maigre consolation pour les Hellènes que de voir la chouette d'Athéna sonner sur les comptoirs parisiens ou berlinois...

    Vendredi dernier, le gouvernement de M. Tsipras, issu d'une Gauche qui a renoncé à sa radicalité présumée pour passer sous les fourches caudines des institutions financières et politiques de l'Union européenne et du FMI, a accepté une dixième ou douzième fois de rogner encore sur les retraites des vieux Grecs et de resserrer encore le licol fiscal sur des populations déjà largement désargentées : cela n'a pas fait les gros titres de la presse française. Qui, d'ailleurs, se préoccupe encore de Grecs dont le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem déclarait il y a près d’un mois, avec cette morgue propre aux riches féodaux, qu'ils ne peuvent réclamer quelque solidarité que ce soit de l'Union quand ces Méditerranéens, forcément paresseux à le lire, ne pensent qu'aux femmes et à l'alcool ?

    Qu'en pensent les quelques européistes qui manifestent aujourd'hui en France ou ailleurs pour dénoncer les atteintes à « leur » Europe ? Je me souviens d'avoir discuté à Saint-Germain-en-Laye et à Rennes avec quelques uns d'entre eux et d'avoir été gêné par leur totale méconnaissance de la situation grecque ou, dans d'autres cas, par leur argumentation et leur virulence contre des Grecs forcément coupables de l'endettement de leur pays : cet ensemble de postures m'a confirmé dans mon dégoût de cette « Europe légale » qui oublie ou méprise « l'Europe réelle » et les plus faibles de celle-ci.

    Or, de nombreux électeurs ont peur d'un changement de l'orientation idéologique européenne, en particulier les plus « mondialisés » pour qui, déjà, l'Europe est trop petite et qui ne pensent plus qu'en termes de rendements et de profitabilité et non en termes d'histoire, de civilisation ou de justice sociale : comme si le monde n'était destiné à n'être plus qu'un vaste supermarché ouvert à tous les vents et dominé par les seuls critères économiques ! Cette conception étroite du monde comme de l'Europe n'est pas la mienne, loin de là.

    Il me semble que le monde et l'Europe en particulier, puisque c'est d'elle dont il est question ici, ne peuvent se définir comme des ensembles économiques homogènes qui seraient obligatoirement ordonnés autour des idées de libre-échange et de libre-circulation « sans frontières ni classes », dans une logique où les lieux et les appartenances culturelles, historiques et sociales, laisseraient la place à un monde unique de consommateurs seulement différenciés par leur capacité financière de consommation. Bien au contraire, le monde et l'Europe sont des mosaïques composées de nations, de provinces, de communes, de métiers, de religions, de cultures, de paysages... qui ont trouvé (ou cherchent encore) leur équilibre et jouent, plus ou moins bien, une harmonie qu'il est parfois dangereux de vouloir remettre en cause pour des « principes » ou des utopies qui oublient la nécessaire humilité devant le réel, y compris pour le changer. Si l'imagination est un moteur de l'histoire qu'il ne faut surtout pas négliger, l'erreur consiste parfois à en oublier les limites et à vouloir imposer les rêves de certains sans considérer qu'ils peuvent devenir des cauchemars pour les autres... L'histoire est fort cruelle à cet égard. 

    Pour en revenir à l'Union européenne et à la Grèce, il est tout de même saisissant de constater que rien ne semble devoir émouvoir les Allemands et les Néerlandais (du moins leurs gouvernants), et que, sous la férule de ces europhiles revendiqués, un peuple entier paye les inconséquences de dirigeants grecs qui, eux, ont fait de l'Union européenne leur fond de commerce et leur alibi pour imposer à leurs concitoyens un traitement qui ignore même les besoins des malades et des plus pauvres, désormais seulement aidés par quelques associations et la puissante Église orthodoxe, « derniers recours » d'une population exsangue...

    Où est donc la solidarité européenne que nous vantent à longueur de colonnes les europhiles urbains ? S'il y a un risque de conflit et de tensions au sein de l'Union européenne, il n'est pas d'abord, ni seulement, le fruit des poussées identitaires, aussi dangereuses puissent-elles être, mais bien plutôt de l'écrasement économique et social des peuples, et de leurs réactions, non de peur, mais de désespoir et de colère.

    « Le pas des mendiants fera trembler le monde », disait Bernanos : aujourd'hui, c'est l'Union européenne qui engendre ces miséreux qui pourraient bien, un jour ou l'autre, risquer de renverser la table de la « mondialisation heureuse » et du « banquet des satisfaits »... Et ce sont les bulletins de vote qui, désormais, se transforment en pavés

    (à suivre : les candidats face à la construction européenne ; faut-il soutenir ceux qui parlent de sortir de la zone euro ou de l'Union européenne ? ; quelle Union européenne possible, et comment y parvenir ? ; etc.)

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Abel Bonnard : un penseur original de l'éducation et de la culture

    Frappé d'une véritable damnatio memoriae en raison de son engagement collaborationniste sous l'Occupation, Abel Bonnard fut pourtant un écrivain brillant et un penseur original en matière de culture et d'éducation.

    Abel Bonnard naît à Poitiers le 20 décembre 1883, fruit des amours du comte Joseph-Napoléon Primoli descendant, par sa mère, de Joseph Bonaparte, et de Pauline Benielli, fille d'un médecin réputé et d'une riche propriétaire d'Ajaccio. Ne pouvant épouser le père de son enfant à venir, Pauline Benielli se résolut à un mariage de raison avec Ernest Bonnard, directeur des établissements pénitentiaires de la Vienne, qui reconnut l'enfant.

    Entre classicisme et germanisme, un grand voyageur

    Après des études à la Sorbonne et à l'Ecole du Louvre, Abel Bonnard, travaillant au Figaro et au Journal des Débats, publie des recueils de poèmes : Les Familiers (1906), bestiaire en vers qui aurait inspiré à Rostand son Chantecler, Les Royautés, sur fond de mythologie grecque (1908), Les Histoires (1908), puis des romans psychologiques de caractère stendhalien : La vie et l'amour (1913) et Le palais Palmacamini (1914).

    Réformé en 1914, il sert tout de même à sa demande, sur le front champenois (1914-11916), puis en mer, à Brindisi (1916-1918).

    Ses œuvres les plus connues seront des essais : La vie amoureuse d'Henri Beyle (1926), L'Enfance (1927), L’Amitié (1928), Saint-François d'Assise (1929), Savoir aimer (1937), L'amour et l'amitié (1939). Sa vocation de moraliste l'inscrit dans la grande tradition du classicisme français. Mais il se découvre aussi une sensibilité germanique. Trente ans après Taine, il découvre les limites de l'esprit classique français : ignorance de la réalité concrète : résumé en maximes sommaires des vicissitudes de l'âme, conception universelle et trompeuse de l'homme, empire absolu de la raison. Mais il reste trop français pour se convertir à une Weltanschauung germanique. En réalité, il conçoit le classicisme français et le germanisme comme les deux composantes de la civilisation européenne et souhaite un rapprochement entre  la France et l'Allemagne.

    Fêté dans les salons, il accomplit, en 1920-1921, un long périple qui le mène en Amérique du nord, en Asie et en Afrique. La Chine l'émerveille, et il en tire un livre, En Chine (1924), couronné par l'Académie Française. En 1923, il entreprend un nouveau voyage en Europe, en Afrique du nord et au Proche-Orient. De ses voyages, il tirera plusieurs livres : Au Maroc (1927), Océan et Brésil (1929), Rome (1930).

    Abel Bonnard flétrit la société contemporaine, à l'économisme destructeur des identités, fondée sur l'idolâtrie du savoir au service d'un idéal égalitaire. Et l'Ecole républicaine est la matrice, la dispensatrice de cet idéal fallacieux. Tel est le thème de l’Eloge de l’ignorance (1926), opuscule de soixante pages, son premier livre politique.

    Bonnard voit la cause de cette situation dans le triomphe d'un faux humanisme démocratique et libéral qui affecte, toutes les classes, tous les individus, même ceux qui s'en instituent les contempteurs; telle L’Action française, dont bien des membres sont des républicains d'éducation et d’habitude, des modérés, des conservateurs à la de Broglie. Aussi Bonnard prend-il ses distances avec L’Action française, qu’il a longuement fréquentée. Il a compris que l’aggiornamento des idées réactionnaires à partir des acquis de la pensée moderne aboutissait à leur altération par acculturation aux normes éthiques de l'élite bourgeoise issue de 1789.

    Pour une Europe aristocratique et socialiste

    Bonnard appelle de ses vœux la formation d'une nouvelle droite dotée d'une vision européenne de la civilisation, ayant une notion plurielle de l'élite, fondée sur la valeur personnelle, le sens moral, la capacité à agir et la sensibilité artistique, expurgée des pesanteurs socio-culturelles.

    Ses modèles, il les trouve chez nos voisins transalpins et transrhénans. Il admire le fascisme et le national-socialisme, qui concilient grandeur nationale et politique sociale, et adjoignent à l'élite traditionnelle de la naissance et de la connaissance, une élite de la culture de l'énergie vitale et de l'action. Il devra attendre 1936 pour découvrir en Jacques Doriot le sauveur providentiel. Il devient un des collaborateurs intellectuels de Doriot, à partir de 1937, aux côtés de Paul Marion, Alfred Fabre-Luce, Bertrand de Jouvenel(1). Abel Bonnard vient alors tout juste de publier Les Modérés, Le drame du présent, au printemps de 1936, critique de la droite parlementaire française. Membre de l'Académie Française depuis 1932(2), il rencontre Alfred Rosenberg (30 avril 1937), obtient de Hitler un entretien à Berlin (4 mai 1937), reçoit la cinéaste Leni Riefenstal, (21 janvier 1938), se lie avec Otto Abetz. Ses maîtres à penser s'appellent désormais Spengler, Évola, Gobineau, Alexis Carrel, Georges Sorel. Il correspond également avec Ernst Jünger. Il est partisan, comme Drieu La Rochelle (Socialisme fasciste, 1934) et Alphonse de Châteaubriant (La Gerbe des Forces, 1937) d'une Europe des nations à la fois aristocratique et socialiste animée conjointement par l'Italie fasciste, l'Allemagne nationale-socialiste et une France rénovée par Doriot et le PPF. Aussi, lors de la guerre d'Ethiopie, prend-il résolument parti en faveur de l'Italie et signe-t-il le manifeste des intellectuels français « Pour la défense de l'Occident et la paix en Europe ». Dès mars 1936, il forme, avec Thierry Maulnier, Jean-Pierre Maxence, Lucien Rebatet et autres, un « Comité de vigilance contre la guerre » qui vise à préserver l'alliance diplomatique franco-italienne scellée à Stresa (avril 1935).

    Après la défaite de 1940, Bonnard se rallie à l'Etat Français malgré ses réserves à rencontre du maréchal Pétain. Il écrit dans La Gerbe, Le Petit Parisien, Je suis partout, et publie deux ouvrages en 1941 : Des jeunes gens ou une jeunesse ? et Pensées dans l’action. Il co-préside la section littéraire du groupe Collaboration, fondé par Châteaubriant. Il est l'un des écrivains français invités pour un séjour culturel en Allemagne, du 5 au 26 octobre 1941. En 1942, il intégrera le comité de parrainage de la LVF. Dans ses écrits, il expose sa conception, nationaliste et socialiste, de la Révolution nationale.

    L’éducation selon Abel Bonnard

    Le retour de Laval au pouvoir permet à Bonnard de devenir, grâce à l'appui de ses amis de Pans et de l'Occupant, ministre secrétaire d’Etat de l’Education nationale. Il sera le dernier ministre de l'éducation de Vichy, et celui qui restera le plus longtemps en fonction : du 18 avril 1942 au 19 août 1944 Nous avons dit les critiques d'Abel Bonnard à l’égard de l’école républicaine.

    Elle diffuse un savoir fait de notions spécieuses et tronquées agencées suivant des idées reçues aberrantes, et transmis par des maîtres demi et faux savants dont le bagage se ramène à un stock d'informations brutes privées de l'éclairage de la réflexion et de la culture.(3) Elle produit des maîtres et des citoyens qui « croient à la science sans rien savoir »(4), pensent que l'univers s'explique par le « jeu des forces les plus grossières » (5) et disposent d'une instruction indigente qui les incite à « oser parler de tout »(6). Elle provoque le délitement du corps social en suscitant en tout individu, un besoin d'affirmation fondé sur le maniement lourd de notions fausses et exprimé par des paroles creuses.

    Comme Taine(7), Bonnard discerne la source du mal dès le XVIIe siècle. Au banc des accusés, le rationalisme cartésien, édifié autour du sujet clos sur lui-même exhalant son trop fameux cogito, et la trop fameuse méthode inductive-déductive. Cette philosophie a étayé l'étatisme déracineur, niveleur et uniformisateur et son pendant, l'individualisme, dont l'expression politique est la démocratie. Bonnard déclare, le 27 avril 1942, dans une allocution : « Parmi toutes ces idoles qu'il nous importe d'abattre, il n'en est aucune dont il soit plus urgent de nous débarrasser que Descartes qu'on a voulu nous présenter comme le représentant du génie français : il faut le faire passer par la fenêtre, » Descartes a ramené la métaphysique à la logique, a dévoyé la raison, et ainsi, a contribué à transformer le peuple français en une nation de sophistes, de rhéteurs, de ratiocineurs. Il est le précurseur direct des soi-disant "philosophes" du XVIIIe siècle et de leurs fausses "lumières" aveuglantes.

    Aussi, Abel Bonnard, devenu ministre, s'attaque-t-il à l'encyclopédisme échevelé des programmes d'enseignement. Concernant l'enseignement primaire, il propose de leur substituer des programmes « simplifiés et concentrés » axés sur les seules connaissances élémentaires et conçus pour « embrasser moins, pour retenir davantage ».

    D'une façon générale, Abel Bonnard préconise une véritable révolution pédagogique. Au rebours des principes et pratiques de la sélection méritocratique par des examens mettant en valeur la mémoire et l'accumulation du savoir, il défend un enseignement progressif adapté à chaque âge de la jeunesse et fondé sur la psychologie des élèves, elle-même liée à leur contexte familial et social ainsi qu'à leur développement physique et à leur santé. De ce point de vue, Bonnard emboîte le pas aux pédagogues d'avant-garde, qu'il s'agisse de Buisson, Dewey, Piaget, Wallon, et à la Commission de l’Ecole unique constituée en 1927 par Herriot. Il convient d'ailleurs de noter que Ludovic Zoretti, co-fondateur du groupe des Compagnons de l'Université nouvelle favorable à l'Ecole unique, longtemps militant socialiste, adhéra au RNP de Marcel Déat en 1941 et soutint Vichy et la politique scolaire d'Abel Bonnard. Comme Déat et autres, Bonnard estime que la fin de l'éducation consiste à produire des têtes bien faites plutôt que bien pleines. Et si, faute de compétence, il ne conçoit pas une pédagogie alternative à la pédagogie magistrale et sélective de l'Ecole républicaine, du moins il s'attache à alléger les programmes, à remettre en cause la tyrannie des examens, et à assigner à l'institution scolaire une autre fin que le dégagement d'élites purement intellectuelles par éliminations successives. Dès le 22 juin 1942, il émet une circulaire destinée à lutter contre le surmenage scolaire, que n'auraient pu, en toute objectivité, désavouer les partisans de l’Education nouvelle. Il y déclare : « Bien loin de ne voir en eux [les élèves] que leur esprit considéré comme un meuble vide qu'on bourre en s’efforçant d'y entasser deux ou trois fois plus de choses qu'il n'en peut raisonnablement contenir, on considérera l’enfant tout entier dans sa nature morale, intellectuelle et physique, dans sa personne authentique de petit Français : au lieu d'abuser de ce que la mémoire des enfants a de prompt, sans prendre garde à ce qu'elle a d'infidèle, on se rappellera qu'ils n'ont vraiment appris que ce qu'ils assimilent. »(8) L'éducation consiste à former l'intelligence, non à l'encombrer.

    De la même manière, l'examen doit jouer un rôle éducatif, d'orientation, non (exclusivement) de sélection. Dans cette même circulaire, Abel Bonnard déplore que l'examen exerce sur l'enseignement « une tyrannie dégradante », s'impose comme « la seule justification des études », et réduise ces dernières à « un fatras de connaissances qu'ils [les élèves] doivent se fourrer momentanément dans la tête pour les oublier par représailles aussitôt l'examen passé »(9) Pierre Giolitto, qui cite ce passage, ne manque pas de relever l'analogie entre la critique bonnardienne des examens et celle de Jean Zay, le ministre de l'Education nationale du Front Populaire.

    L'enseignement nouveau dont Bonnard se veut le maître d'oeuvre, doit donc préparer les jeunes à l'épreuve de la vie, sous tous ses aspects.

    Bonnard demeure fidèle à l'opinion qu'il exprimait dans Les Modérés (1936) : l'intelligence n'est pas tout, et « l'homme a bien d'autres façons de valoir son prix »(10) Il n'existe pas une intelligence, mais des intelligences, variées, innombrables, équivalentes, égales en dignité et en importance. Il existe divers types d'intelligences, et chacun d'eux a son élite. De ce fait, l'élite elle aussi est plurielle. Il n'existe pas une élite unique, celle des plus beaux fleurons de l'Université et des grandes écoles, mais des élites.

    « Une image nouvelle de l'homme exige un système scolaire nouveau », déclare Bonnard le 17 septembre 1942. Cet enseignement nouveau sera diversifié il fera une place plus grande au travail manuel (dans les écoles et les collèges) et aux enseignements techniques et professionnels de tous niveaux. Surtout, il donnera aux jeunes une éducation civique et sportive et éveillera en eux le goût de l'action et des responsabilités au sein d'une Europe remodelée selon des principes nouveaux. Par une circulaire du 13 mai 1942, le ministre exhorte les enseignants à convaincre leurs élèves de l'obligation d'une adhésion morale au nouvel ordre européen qui s'édifie sous la direction de l'Allemagne.

    La fuite et l’opprobre

    À la fin août 1944, Abel Bonnard quitte la France. Il fait partie du gouvernement fantôme de Sigmaringen. Le monde s'effondre autour de lui. Doriot, son héros, est tué le 22 février 1945 ; sa mère s'éteint près de lui le 4 mars. Le 2 mai, Bonnard part pour l'Espagne à bord d'un vieil aéroplane qui emmène Laval, son épouse et Maurice Gabolde, Garde des Sceaux. Le 4 juillet, la Haute Cour de Justice le condamne à mort, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de tous ses biens. Enfin, une ordonnance du 26 décembre décide de sa radiation de l’Académie Française.

    Abel Bonnard va vivre encore vingt-trois ans. Pauvre, habitant une petite chambre dans un immeuble vétusté de Madrid, il subsiste grâce à de rares articles de périodiques. Abattu, il veut pourtant se justifier publiquement. Aussi, revient-il en France en juin 1958. Il est arrêté, puis quelques heures après, remis en liberté tout en étant inculpé. Son procès devant la Haute Cour a lieu les 22 et 23 juin 1960. Les jugés concluent à l'inanité des charges retenues contre lui en 1945. Ils le condamnent à seulement dix ans de bannissement, une peine prescrite puisque prenant effet à compter du 2 mai 1945. Ils annulent la mesure de confiscation des biens et déclarent l'accusé fondé à réclamer une réparation matérielle à l'Etat. Mais Bonnard est un homme brisé. Il regagne donc son pauvre logis madrilène où il s'éteint le 31 mai 1968, âgé de 85 ans.

    Paul-André Delorme Rivarol du 30 mars 2017

    1) Cependant, il n'adhère pas au Parti populaire français (PPF).

    2) Elu le 16 juin 1932, il est reçu sous la coupole le 16 mars 1933.

    3) Eloge de l'ignorance, Hachette, 1926, p. 9-13.

    4) Idem, p. 14.

    5) Ibidem..

    6) Idem, p. 24

    7) Les Origines de la France contemporaine, Hachette, 1878-1894, tome I,L’Ancien Régime, Hachette, 1878.

    8) Cité par pierre Giolitto, Histoire de la jeunesse sous Vichy, Perrin, 1991, p. 93

    9) Idem, p.94

    10) Les Modérés. Le drame du présent, réédité. Ed. du Labyrinthe, 1986, p. 100

  • Julien Rochedy - SCANDALE- Théo n'a pas été violé par la police, mais par des dealers !

  • Jean-Yves Le Gallou : ne pas confondre morale et politique

    Monde-Vie-avril-2017-251x350.jpgDans un entretien au magazine Monde & Vie, Jean-Yves Le Gallou explique qu’il ne faut pas confondre morale et politique, l’un et l’autre appartenant à des champs différents. Extraits de cet entretien avec le président de la fondation Polémia réalisé par l’abbé Guillaume de Tanoüarn.

    Monde & Vie : Jean-Yves Le Gallou, l’organisation de l’élection présidentielle vous a amené à réfléchir sur les rapports entre morale et politique…

    Jean-Yves Le Gallou : Il s’agit assurément de deux plans différents. Bien sûr j’ai admiré le vieux Romain Cincinnatus, le dictateur choisi pour six mois par ses concitoyens. Six mois, c’était, de par la loi, le temps dont il disposait pour sauver Rome en danger. Il a eu en main tous les pouvoirs et, ensuite, son devoir accompli, il a simplement repris sa charrue sans rien demander à personne. J’ai beau avoir été nourri au lait de l’histoire romaine, j’ai pris conscience qu’il s’agissait d’une vision idéalisée des événements. Et quand bien même des hommes de la trempe de Cincinnatus auraient existé, il faut souligner qu’un tel dévouement au bien public trouvait sa place dans une petite Ville, à une époque où les rapports entre l’argent et le pouvoir (l’un permettant l’autre et l’autre l’un) ne s’étaient pas encore développés dans la Cité aux sept collines.

    Si je regarde l’histoire de France, je suis obligé de reconnaître que, du point de vue de l’histoire financière, il est bien difficile de donner un brevet de vertu à qui que ce soit. Mazarin et Colbert sont des corrompus. Richelieu est a priori plus honnête, mais une partie de sa réussite politique repose sur le fait qu’il a produit de l’argent.

    Prenons, plus près de nous, Jules Ferry, qui, outre son rôle dans l’élaboration d’un enseignement laïc, gratuit et obligatoire, a aussi construit une partie de l’Empire colonial français : c’est un affairiste, mouillé dans ce qu’on a appelé l’affaire du Tonkin. Ses adversaires à la chambre des députés l’apostrophaient avec le sobriquet de « Ferry-Tonkin ». Quant à Clemenceau, c’est un « chéquard », qui a été pris dans les remous de l’affaire de Panama…

    De Gaulle ? Il a utilisé les trop fameux barbouzes et a laissé faire ce que l’on a appelé plus tard le « gaullisme immobilier » (les Sanguinetti, Tomasini et autres) pour financer l’UNR. A propos de de Gaulle, on peut dire qu’il n’y a pas eu d’enrichissement personnel, mais des pratiques financières peu recommandables.

    Une campagne ça coûte toujours de l’argent, il faut le trouver ! De ce point de vue, on pourrait dire qu’il n’y a d’hommes politiques vraiment indépendants que les milliardaires : voyez le cas de Trump, qui paie sa campagne sur ses propres fonds.

    […]

    Monde & Vie : Et vous-même, d’où vous vient une telle liberté de ton ?

    Jean-Yves Le Gallou : Je peux me permettre de tenir ces propos car la politique ne m’a pas enrichi et je n’ai jamais eu avec l’argent de rapports de dépendance qui auraient pu me pousser à dériver.

    Mais aujourd’hui, vue la prolifération des lois, il est impossible de rester judiciairement indemne, même en faisant des choix très rigoureux. C’est le cas de répéter avec Péguy que pour avoir les mains pures, il ne faut pas avoir de mains.

    Bienvenus dans la post-démocratie, ce Système dans lequel le pouvoir économique, le pouvoir médiatique et le pouvoir judiciaire remplacent le pouvoir des élus. Nous assistons aux derniers moments de la démocratie représentative.

    Un entretien à retrouver dans son intégralité dans le n° 938 de Monde & Vie daté d’avril 2017

    https://fr.novopress.info/

  • Mélenchon en meeting : "Qu'est-ce qu'ils ont contre les communistes ?"

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    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Conférence présidentielle : « Le rôle de l'Etat dans l'économie » | Marine 2017

  • Zemmour, lui, ne couche pas avec les politiques !

    On comprend qu’Éric Zemmour soit excédé par ces donzelles obsédées par leurs émotions, qu’elles brandissent tels les étendards de vérités absolues.

    Ça, c’est envoyé ! « Je les connais un peu mieux que vous, les politiques. Moi, je ne couche pas avec ! », a lancé Éric Zemmour à Gaël Tchakaloff, venue, toute minaudière, vendre sur Paris Première sa Divine Comédie, une compilation des ses tribulations simili-érotiques avec des hommes politiques.

    Dans Vanity Fair, le 5 avril dernier, elle se vantait, en effet, de « traverser la vie politique comme la vie amoureuse ». Les titres des chapitres sont, d’ailleurs, plutôt suggestifs : « Pénétrer », « Vivre », « Aimer », « Capturer », « Palper », « Trahir » « Frémir », « Détruire », « Extirper ». Et la dame est journaliste ? Romancière, aussi, comme Christine Angot ou Virginie Despentes. En plus glamour, mais pas moins collectionneuse.

    Divine Comédie ne parle jamais de politique. Mais de quoi, alors ? De ses flirts avec des hommes politiques, beaucoup d’hommes politiques, de tous bords, qu’elle harcèle dans leurs QG respectifs et appelle familièrement par leur petit nom : Bruno, Jean-Luc, Alain… Blond, brun ou chauve, de droite ou de gauche, qu’importe ? Elle les aime tous ! Ou presque, car elle connaît aussi des déceptions (« C’est décidé, Manuel, je ne le suivrai jamais plus ») et fait parfois la fine bouche : « [Benoît Hamon] ne m’intéresse pas plus aujourd’hui qu’hier » (il est vrai qu’il n’a pas la cote dans les sondages non plus).

    Elle voue, en revanche, une passion particulière au maire de Bordeaux, à qui elle avait consacré son ouvrage Lapins et Merveilles – 18 mois ferme avec Alain Juppé (on ne rit pas !). Mais sa « plus belle histoire d’amour », c’est Emmanuel Macron, dont les « billes bleues plongées dans les [siennes] » l’ont manifestement envoûtée !

    Bref, les grandes idées, les programmes des candidats, l’avenir de la France, elle s’en tape. La politique, elle ne l’analyse pas, elle la « ressent », elle la vit comme un « road trip », lit-on sur Wikipédia, à cent à l’heure. Un jour en jean et baskets pour plaire à l’un, l’autre en tenue affriolante pour plaire à l’autre. Et des SMS, beaucoup de SMS : « Si toutes les équipes de campagne regroupaient mes messages, il y aurait de quoi me faire interner », confesse elle-même cette « nymphomane politique ». Alors, réfléchir, dans ces conditions…

    On comprend qu’Éric Zemmour soit excédé par ces donzelles obsédées par leurs émotions, qu’elles brandissent tels les étendards de vérités absolues. Son bouquin ? Mais c’est tout ce qu’il déteste, Zemmour ! « Vous êtes, lui assène-t-il, l’incarnation paroxystique et caricaturale de ce que j’appelle le journalisme féminin, c’est-à-dire que vous ressentez, vous aimez, vous sentez, vous embrassez, vous cajolez, vous pénétrez, vous êtes pénétrée, que sais-je ? » Il savait bien où il mettait le doigt, notre Éric national !

    « Quand je vous lisais, je pensais à la phrase de Kierkegaard qui disait “L’homme est raison, la femme est substance” », lui lance-t-il encore.

    Misogyne, Zemmour ? Que voulez-vous, il exècre les femmes qui confondent le journalisme avec la mise en scène de leur pathétique et vulgaire pathos. Celles qui se croient libérées parce qu’elles écrivent avec leur cul en lieu et place de leur cerveau. Ou celles qui font de la promotion canapé la pierre angulaire de leur carrière.

    Si Zemmour est misogyne, alors, moi aussi !

    http://www.bvoltaire.fr/zemmour-lui-ne-couche-politiques/

  • L’attentat contre le Borussia Dortmund commis « au nom d’Allah » ?

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    DORTMUND (NOVOpress) : Selon les médias allemands, la lettre de revendication retrouvée sur le lieu des explosions au passage du bus du Borussia Dortmund débute ainsi : « Au nom d’Allah, le très miséricordieux »… La lettre, qui fait référence à l’attaque islamiste sur le marché de Noël à Berlin, dénonce la participation de l’Allemagne à la coalition contre l’Etat islamique et les raids accomplis par ses avions Tornado.

    Ce document affirme encore que les sportifs et autres célébrités, « en Allemagne et dans d’autres pays croisés », feront désormais partie des cibles de l’Etat islamique, jusqu’à ce que l’Allemagne retire son aviation de la coalition et que la base aérienne américaine de Ramstein soit fermée.

    En l’état des investigations, les autorités allemandes n’excluent pas que ce message soit destiné à brouiller les pistes.