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Emmanuelle Gave : « Fraude à la Sécurité sociale, il est temps qu’une certaine transparence soit instaurée ! »
Déficit de la Sécurité sociale dû, selon une rumeur, à la crise des gilets jaunes, lutte contre les fraudes et présélection des maires susceptibles de participer au grand débat organisé avec Emmanuel Macron, autant de questions auxquelles répond Emmanuelle Gave au micro de Boulevard Voltaire.
Le trou de la Sécu serait une des conséquences collatérales du mouvement des gilets jaunes. Cette information vous paraît-elle crédible ?
Oui, bien sûr, je crois que c’est tout à fait crédible… Je pense que le mouvement des gilets jaunes est aussi à la source des invasions de sauterelles en Égypte et de la déforestation au Brésil ! Et je pense que l’on n’en parle pas assez. Je crois que si on était à l’époque des pharaons, les gilets jaunes auraient, aussi, été la cause des sept plaies d’Égypte ! Je ne suis pas tellement surprise, parce que monsieur Le Maire avait expliqué, avant les vacances de décembre, que la baisse ressentie dans l’économie était due à l’activité des gilets jaunes. Il est certain que si l’on bloque des centrales d’achats pendant le week-end, les gens consomment moins. N’importe quel individu de génie ayant raté ou non Normale Sup’ arrive à ce constat. Néanmoins, la baisse de l’économie n’est pas simplement due à cela. Je suis bien désolée pour monsieur Le Maire.
Charles Prats s’était fait connaître en dénonçant, notamment, les fraudes au numéro de Sécurité sociale attribué aux étrangers. Le trou de la Sécurité sociale ne pourrait-il pas être comblé en résolvant ce problème de fraude ?
Je ne maîtrise pas toutes les données sur lesquelles Charles Prats a travaillé, mais je sais très bien que cela a été un travail de fond. Nous savons tous plus ou moins instinctivement qu’il y avait des fraudes à la Sécu. Cela avait, d’ailleurs, été montré dans des rapports que Contribuables associés avait publiés.
Il serait peut-être intelligent d’essayer de trouver où va ce pognon, de confier à la Cour des comptes la possibilité de pouvoir suivre plus avant les dossiers et de porter ces questions devant la juridiction. Pour l’instant, la Cour des comptes remet des rapports qui, la plupart du temps, pointent du doigt des problèmes, mais sans être suivis d’effets. C’est un peu dommage. Pour qu’on reprenne confiance dans ces institutions étatiques, il serait peut-être bien qu’une certaine transparence soit instaurée et que nous ayons accès à ces informations. J’aime bien qu’on me montre les choses et j’aime voir les chiffres.Vous avez suivi les premiers déplacements du Président dans le cadre du grand débat. Qu’en retenez-vous ?
J’étais reçue tout à l’heure par une radio où Robert Ménard intervenait. J’ai appris qu’il fallait passer par une espèce de centrale des maires pour être sélectionné ou non, pour aller à ce fameux grand débat. Ce fameux grand débat n’est donc rien d’autre qu’un village Potemkine.
On assiste à une sorte de débat avec des présélections d’intervenants qui seraient bien habilités au nom du parti qui intervient. On sait qu’ils ne diront pas un mot plus haut que l’autre. Cela dit, le maire de Montauban a été courageux. Elle a posé des questions sur l’immigration et a été pointée du doigt. Sinon, ce ne sont que des apparatchiks ou, au moins, des gens sélectionnés sur dossier pour leur docilité. Je ne vois pas comment de ce débat naîtrait la moindre étincelle. -
Perles de Culture n°197 : « Demain la dictature »
Anne Brassié vous conseille les films « Edmond », « L’heure de la sortie » et « Une affaire de famille ». Philippe Bornet présente ensuite son dernier ouvrage « Demain la dictature », préfacé par l’historien Jean Tulard et publié aux Presses de la Délivrance.
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Oui, les journalistes ont des comptes à rendre, par Ivan Rioufol
Les journalistes seraient-ils inattaquables ? Les imbéciles qui s’en prennent physiquement à des reporters de terrain, lors des manifestations de Gilets jaunes, se comportent comme des petits fachos. Les insultes que reçoivent des personnalités médiatiques laissent souvent voir la bêtise de leurs accusateurs complotistes. Tout ceci est insupportable. Pour autant, l’erreur serait d’ériger le journaliste en une sorte de martyr, ou de vache sacrée. “S’attaquer à la presse, c’est s’en prendre à un des piliers de notre démocratie”, avait déclaré Benjamin Griveaux, il y a un mois. “S’attaquer à la presse procède de la haine des libertés. A quand les autodafés ?“, avait dit avant lui Richard Ferrand, le patron des députés LaRem.
Ce lundi, sur RTL, le ministre de la Culture et de la Communication, Franck Riester, s’est à son tour indigné : “Les attaques répétées contre les journalistes ne devraient pas exister dans une démocratie comme la nôtre (…) On ne peut pas faire siffler les journalistes quand on est en démocratie“. Est-ce à dire que le journalisme serait un nouveau clergé, dont la parole ferait naturellement autorité ? Faudrait-il inventer un délit de blasphème pour punir ceux qui accusent la presse de ne pas toujours assumer sa mission d’information équilibrée ? Evidemment non. Les raisons de la défiance contre les médias et leur suivisme ne peuvent se réduire à des attaques contre la démocratie, comme le soutient le discours gouvernemental. Plaider pour une impunité médiatique reviendrait à assigner la presse à un rôle de caste protégée par l’Etat. Une obligée du pouvoir en somme. Non, merci ! D’évidence, les journalistes ne sont pas des petits saints. Ils ont naturellement des comptes à rendre.
Relire Roland Barthes : “Le fascisme n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire“. Depuis des lustres, le journalisme s’est majoritairement rangé du côté du discours dominant, aseptisé et hygiéniste. Nombreux sont les faux curés à cartes de presse qui prétendent dire le Bien et décréter les excommunications. Alors qu’il n’est détenteur d’aucune légitimité démocratique, le journaliste peut décider de ce qui existe et de ce qui doit être tu. Le syndrome de la grosse tête accompagne souvent cet abus de pouvoir. Celui qui n’entend pas se plier à cette règle d’essence totalitaire se condamne le plus souvent à la caricature et à la marginalisation. Si les Gilets jaunes n’aiment pas la presse, c’est parce que celle-ci n’a jamais eu un regard pour cette société trop enracinée et trop française. “Nous n’avons rien vu venir“, reconnaissent d’ailleurs la plupart des commentateurs.
Cette honnêteté intellectuelle les honore. Mais elle dit le manque de curiosité d’une profession qui s’est laissé envahir par l’idéologie et ses idées fausses. Ce matin, Riester a dit vouloir mobiliser la profession et l’Etat contre la “désinformation”, les “fake news”, les “infoxs”. Le ministre a annoncé que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le gendarme de la pensée officielle, allait “monter en puissance en termes de pouvoir”. Or cette prétention de l’Etat à contrôler des vérités labellisées s’apparente à de la propagande. Cette dérive est une menace pour la liberté d’expression. C’est cette clef de voute de la démocratie que les journalistes doivent défendre, plutôt qu’un grotesque statut d’intouchables.
Ivan Rioufol
Texte daté du 21 janvier 2019 et repris du blog d’Ivan Rioufol
https://fr.novopress.info/213335/oui-les-journalistes-ont-des-comptes-a-rendre-par-ivan-rioufol/
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Les patrons du MEDEF en gilet jaune
Lu ici :
Le patronat partage “intégralement” le sentiment de ras-le-bol fiscal des gilets jaunes, mouvement dont il revendique “d’une certaine manière” la paternité, a expliqué mardi sur RFI le président délégué du Medef Patrick Martin. […]
“Non seulement il les entend, il les comprend, mais il est d’une certaine manière à l’origine du mouvement, il s’y est associé, pourquoi? Parce que ce sentiment de ras-le-bol fiscal, nous le partageons intégralement”. “N’oublions jamais que les entreprises françaises sont au sein de l’OCDE celles qui supportent le plus d’impôts et de charges pour des résultats dans la sphère publique qui ne paraissent pas toujours optimum“, a justifié Patrick Martin.
https://www.lesalonbeige.fr/les-patrons-du-medef-en-gilet-jaune/
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Les malheurs de Macron : même à Aix-la-Chapelle il est sifflé
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Pourquoi Macron et les siens doivent partir
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Le traité d’Aix-La-Chapelle serait inconstitutionnel selon un professeur de droit (MàJ)
Le président français doit veiller « au respect de la Constitution, ce qui est loin d’être le cas » dans ce traité, affirme en effet le professeur à l’université Paris II-Panthéon-Assas, Olivier Gohin. Ce texte est « à travers ‘l’intégration’, la reprise du projet fédéralisant, mis en échec pourtant par le peuple français » quand il a rejeté en 2005 le projet de Constitution européenne, assure encore cet agrégé de droit public, réputé pour ses prises de position souverainistes.
(…) Au-delà de cette grille de lecture politique, que reproche-t-il au traité d’Aix-la-Chapelle? Le fait que la France puisse « être représentée par des politiques ou des diplomates allemands » au Conseil de sécurité de l’ONU serait « une atteinte à la souveraineté nationale », s’inquiète-t-il. Quant au renforcement de la coopération transfrontalière entre les deux pays, il se demande si une « collectivité européenne d’Alsace » sera une des parties de ce traité, « en méconnaissance du caractère constitutionnellement unitaire de la République française ».
En matière de bilinguisme, Olivier Gohin prend ses distances avec les critiques exprimées notamment par le Rassemblement national: il ne « s’agit nullement ici de rattacher l’Alsace à l’Allemagne ou, même, de ‘germaniser la plaine’: il faut savoir raison garder ». Pour autant, « la langue de la République est bien le français », prévient-il en mettant en garde contre l’introduction de l’Allemand dans la sphère publique en Alsace-Moselle.
(…) Si cette requête lui semble parfaitement légitime, l’éminent constitutionnaliste Didier Maus semble toutefois peu convaincu par les risques d’anticonstitutionnalité posés par le traité d’Aix-la-Chapelle. (…) Qu’il s’agisse du projet de renforcement de la coopération bilatérale entre Paris et Berlin ou de la promotion du bilinguisme en Alsace, « beaucoup de ces dispositions existent déjà. (…)
Idem sur la coopération internationale privilégiée que les pays entendent mettre en oeuvre. « Nous avons déjà un système de coopération à l’international avec l’UE. Qu’en dehors de ce cadre, cela s’applique avec tel ou tel partenaire, n’a rien de bien nouveau », conclut le constitutionnaliste qui pointe également le caractère non-obligatoire de plusieurs dispositions.
Plusieurs articles du traité d’Aix-la-Chapelle ne constituent pas de réelles nouveautés mais davantage une promesse d’intégration plus forte entre les deux Etats signataires. Ce que contestent certains élus d’opposition pour qui le modèle économique et social allemand constitue un repoussoir.
« S’il y a des doutes, conclut Didier Maus, alors saisissons le Conseil constitutionnel sur la base de l’article 54. Après tout, c’est bien son rôle de distinguer ce qui relève du juridique et du politique ».
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Thierry Mariani : « Les Républicains n’ont plus de ligne politique cohérente ! »
Thierry Mariani, ancien ministre, ancien membre du parti Les Républicains, figurera en troisième position sur la liste du Rassemblement national aux élections européennes. Au micro de Boulevard Voltaire, il revient sur les raisons de ce choix politique et réagit après la signature, ce mardi 22 janvier à Aix-la-Chapelle, d’un nouveau traité entre la France et l’Allemagne.
Vous êtes n°3 sur la liste RN aux Européennes. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi vous avez rejoint Marine Le Pen ?Sur les questions européennes, je suis à 100 % d’accord avec les positions du Rassemblement national. Je ne peux même pas vous dire que je suis en désaccord avec celles des Républicains, puisqu’il n’y en a plus, ou plutôt il y a toutes les positions à la fois.
Je pense qu’on a, avec ces élections, une opportunité historique de changer le cap de l’Europe. Avec ce qui se passe en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie, en Autriche et bien sûr en Italie, un groupe extrêmement important peut réorienter l’Europe.
Je suis pour que l’on reste dans l’Europe, mais dans une Europe réorientée. On nous dit parfois que nous sommes contre l’Europe. Je réponds qu’il y a une autre solution que de toujours faire la politique voulue par M. Junker.
Contrairement à la liste des Républicains que nous allons connaître dans quelques jours, celle du Rassemblement national a une position claire. Nous souhaitons réorienter l’Europe vers une Europe des nations qui respecte les traditions et rend une certaine autonomie aux États. C’est la raison pour laquelle je l’ai rejointe. Et je m’y sens parfaitement à l’aise.
Chez Les Républicains, le meilleur exemple est ce qui s’est passé avec la Hongrie. Je rappelle que lors du vote des sanctions contre la Hongrie au parlement européen, sur 20 députés des Républicains élus au parlement européen, trois ont voté contre ces sanctions. Les autres, soit se sont abstenus, soit ont voté pour les sanctions soit encore, ont été à la buvette. C’était un peu comme à la Samaritaine, on trouvait n’importe quoi.
La position cohérente pour les Européennes se trouve aujourd’hui au Rassemblement national.Que critiquez-vous le plus à votre ancien parti ? Sa ligne ou son absence de ligne ?
Il n’y en a aucune. Quelle est la ligne ? Celle de madame Morano qui a voté, et je l’en félicite, contre les sanctions pour la Hongrie ? Celle de monsieur Juvin qui a voté pour les sanctions ? Il y a toutes les listes à la fois.
Le drame des Républicains aujourd’hui est que sur beaucoup de sujets, il n’y a plus de ligne. C’est un club sympathique avec des gens brillants et intelligents, mais dont le seul programme est de rester ensemble. Chacun a sa petite chapelle avec de temps en temps son programme. Les Républicains d’aujourd’hui, c’est en fait le retour de l’UDF d’il y a 10 ans.
Vous aviez vivement critiqué le Front national il y a quelques années, notamment pour sa ligne économique. Le Rassemblement national a-t-il changé sa ligne au point que vous puissiez le rallier, ou sont-ce plutôt vos idées qui ont évoluées ?Mes opinions sont restées les mêmes. Je crois en revanche que la situation a changé. La situation a changé à divers titres. Le Front national des années 1990 n’est pas le même parti que le Rassemblement national de 2019. Il n’y a pas qu’une question de vocabulaire. Marine Le Pen a très clairement compris qu’il fallait se rapprocher de tous ceux qui partageaient les mêmes idées. En politique, on gagne lorsqu’on applique ses idées, pas uniquement quand on fait 3 % de plus que l’élection d’avant.
Or, aujourd’hui, je crois que Marine Le Pen a vraiment conscience qu’on peut changer les choses en France, à condition de s’ouvrir un peu et de tendre la main à tous ceux qui partagent les mêmes valeurs.
Si vous regardez mon parcours, j’ai toujours été sur la même ligne. C’est plutôt le parti auquel j’ai adhéré, qui s’appelait à l’époque le RPR, qui s’est centrisé. Aujourd’hui, je n’ai pas pris ma carte au Rassemblement national, mais, soyons clairs, je suis entièrement sur la ligne de ce parti sur les questions européennes et de politique étrangère. J’ai quelques divergences sur le programme économique. Mais un programme économique se bâtit au moment des Présidentielles et des Législatives. Certaines choses sont intemporelles, et notamment la définition de notre civilisation et donc celle de l’immigration, de la sécurité, de l’islamisme, et de la laïcité. Sur ces points-là, je suis entièrement d’accord.
Après, il y a des positions qui s’adaptent au moment, et notamment le programme économique. Le programme économique d’il y a cinq ans n’est pas le même, car la situation change. J’attends donc de voir comment évoluera le programme économique du Rassemblement national.
Sur le plan de la politique étrangère, l’accord franco-allemand signé à Aix-la-Chapelle fait débat. Certains disent même que nous perdrions par ce traité l’Alsace-Lorraine et notre place au Conseil de sécurité des Nations unies. Qu’en pensez-vous ?Jamais personne au Rassemblement national n’a dit que nous allions perdre l’Alsace-Lorraine. Il s’agit de coopération renforcée transfrontalière. Sur ce point, il a toutefois quelques phrases surprenantes sur lesquelles je reviendrai. Mais permettez-moi tout d’abord quelques remarques sur ce traité. On le découvre depuis seulement quelques jours. Soit, c’est un traité commémoratif que Macron a demandé pour pouvoir ressembler à De Gaulle signant avec Adenauer, mais en réalité ce traité n’est rien. Soit, il y a des mesures un peu dangereuses et qu’il faut déchiffrer. Les Allemands sont des gens intelligents. Ils ne signent pas un traité pour se faire plaisir. Lorsqu’ils signent un traité, chaque mot compte.
Quand on me dit que ce ne sont que des mots, j’ai des doutes. Ce ne sont peut-être que des mots pour les Français, mais les Allemands, eux, savent que chaque mot compte et ils ne vont pas oublier de nous le rappeler. Ce qui m’inquiète le plus concerne la politique étrangère et la politique de défense. J’ai siégé pendant cinq ans à la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale. Aussi, je sais que par moment les traités les plus anodins comportent des clauses un peu surprenantes.
Première remarque, le titre du traité devrait mettre un peu la puce à l’oreille. Il s’appelle le ‘’traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes’’. Ou le titre est bidon, ou le traité comporte des mesures inquiétantes.
Concernant la coopération transfrontalière, nous allons par exemple instaurer le bilinguisme dans les zones frontalières. Je croyais qu’il n’y avait qu’une seule langue dans la République ! Mais, excusez-moi, quand on habite dans une zone frontalière, on n’a pas besoin de l’État pour pratiquer les deux langues, notamment quand on est travailleur frontalier. Il y a aussi les eurodistricts, une coopération entre des collectivités territoriales de part et d’autre de la frontière. Certaines existent déjà. En revanche, le texte prévoit des dérogations dans ces eurodistricts. Au besoin, la loi pourra y être adaptée avec des dispositions spéciales et des lois différentes sur chaque partie du territoire. C’est aussi une possibilité donnée aux élus locaux. Ce point est particulièrement inquiétant. Il y a de vrais risques, mais je pense que les élus locaux sauront les éviter.
Concernant votre deuxième point sur le siège au Conseil de sécurité de l’ONU, il y a un vrai et grave sujet, et il est camouflé. Ce siège au Conseil est aujourd’hui tenu par un diplomate français qui prend ses ordres du gouvernement français. On ne laisse certes pas notre siège à l’Allemagne. Je vous rappelle tout de même que l’Allemagne a demandé en décembre dernier à ce qu’on laisse le siège à l’Union européenne. Toutefois, selon l’article 4 du traité, on crée un Conseil de défense et de sécurité de politique étrangère qui devra, sur tous les dossiers importants, prendre des positions communes.
Aussi, si ce traité est appliqué, la position défendue officiellement par la France au Conseil de sécurité sur les questions importantes sera la position franco-allemande. Très souvent, nous avons les mêmes positions, mais nous avons aussi souvent des positions divergentes, notamment sur l’Afrique ou le Moyen-Orient, parce que nous ne partageons pas la même Histoire que l’Allemagne avec les pays de ces régions du monde. Je reproche donc à ce traité l’introduction d’un vrai risque de codécision même si physiquement le siège sera toujours tenu par un diplomate français.Par ailleurs, on rappelle dans ce traité que l’un des objectifs primordiaux de la diplomatie allemande est l’obtention d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Pourquoi pas, mais qu’est-ce qu’on a obtenu en échange ? On sait très bien que si un siège devait être donné aux Allemands, les Indiens, les Mexicains, les Brésiliens, les Africains du Sud demanderaient la même chose. Je suis peut-être imbécile, mais je préfère que nous représentions 20 % des membres permanents au Conseil de sécurité plutôt que 5 %. À l’heure actuelle, il n’y a que cinq membres au Conseil de sécurité. Si demain, il y en a 10 ou 12, le pouvoir de la France sera nécessairement diminué. C’est un héritage du Général De Gaulle, je ne vois pas pourquoi nous devrions le brader. Et je répète, en échange de quoi ? Par le passé, il y avait une expression qui disait : ‘’faire la guerre pour le roi de Prusse’’. On a un peu oublié, c’était pendant la guerre de succession de l’Autriche en 1740-48. les Français avaient fait la guerre et gagné des batailles. Mais au moment de négocier la paix, nos diplomates étaient tellement mauvais, et Louis XV étant occupé à autre chose, on a tout laissé à la Prusse. D’où l’expression.
J’ai envie de dire que ce traité ne va finalement que dans un sens. Qu’avons-nous obtenu en échange ? Rien !http://www.bvoltaire.fr/thierry-mariani-les-republicains-nont-plus-de-ligne-politique-coherente/
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Le mirage d'un islam de France
Ce 21 janvier était annoncée pour imminente la création d'une association des musulmans pour l'islam de France l'AMIF, à vocation officielle. Saluée comme nécessaire et salutaire, aussi bien par les bien-pensants laïcistes, que par le quotidien La Croix, elle est inspirée par un brillant normalien, musulman de nationalité française, de mère protestante, Hakim el Karoui. Cette structure en projet se propose de construire un modèle bien intentionné, et qu’on juge d'avance bien en cour, mais dont on peut se demander s'il existera jamais[1].
L'AMIF militera donc pour un islam de France. Candidate à l'organisation des pèlerinages à La Mecque, qui drainent chaque année quelque 25 000 possesseurs de passeport français, elle se préoccupe également de la gestion du label halal et de la redevance correspondante. Les fonds collectés ainsi serviraient à assurer la formation d'imams français, respectueux des principes républicains et que l'on assimilerait aux ministres des autres cultes.
Première petite objection : une telle fonction ne correspond pas à la foi de Mahomet. Celle-ci ne connaît que des prédicateurs et des docteurs de la loi coranique. Elle englobe d'ailleurs la plupart des aspects concrets de la vie quotidienne. Elle n'opère pas de distinction entre le temporel et le spirituel. Or, cette seule caractéristique pose, comme chacun devrait le savoir, le problème de la citoyenneté. Et celui-ci est inscrit, en théorie, par le gouvernement dans la liste des sujets abordés dans le grand débat national.
Le projet d'AMIF plaît d'autant plus aux pouvoir publics. Ceux-ci ont échoué sur ce terrain depuis 30 ans. Et cependant ils reviennent toujours à peu près aux mêmes schémas, que le ministre de l'Intérieur s'appelle Chevènement ou Pasqua, Joxe ou Sarkozy, Valls ou Cazeneuve.
Or, en face se dessine une autre structure naissante, autour du militant islamiste Marwan Muhammad. Beaucoup plus proche des salafistes, il prend le relais de la défunte UOIF, qui s'appelle provisoirement L.E.S.musulmans. Et, reconnaissons-le, son programme ressemble beaucoup plus aux critères mahométans[2].
Faire coïncider une organisation centrale de l'islam en France, à vocation officielle, avec les principes constitutionnels du régime républicain relève en effet de la gageure.
Il faudrait d'abord contrevenir à des règles réputées intangibles définies par la loi de séparation de 1905. Car cette charte de la laïcité est devenue fondamentale, au gré du préambule de 1946, réaffirmé par la constitution de 1958. C'est son contenu, affirmé comme inamovible, qui institue une république laïque.
Or, la seule définition de ce concept consiste à dire que cette forme d'État ne reconnaît ni ne salarie aucun culte.
Mais, l'organisation projetée de l'islam tendrait, au contraire, à institutionnaliser et subventionner cette prédication.
L'islam français éventuel ne pourrait exister d'autre part sans prendre parti entre les différentes écoles, comme le font ses homologues marocains, sénégalais, tunisiens, turcs ou iraniens, qui se réfèrent dans chaque pays à des jurisprudences particulières. Qui choisira donc à Paris entre les rites hanéfites, malékites, chaféites, hanbalites voire à la Shi'a des partisans d'Ali.
Quelle place enfin pour les confréries ?
Comment prendre au sérieux une administration laïque intervenant dans un domaine pareil ?
On imagine une fois de plus de péremptoires technocrates s'auto proclamant omnicompétents. Votre serviteur pour sa part, les a entendus déjà deux fois dans sa vie dire, sans rire : "je ne connais rien à votre problème, mais je vais vous l'expliquer".
Non, par conséquent, il ne faut pas monter dans leur taxi.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] On ne saurait douter que tout est possible… N'oublions jamais le premier mirâj. Ce voyage nocturne, reconnu comme une vérité de foi par les adeptes de l'islam a conduit un jour précis de l'année 620 Mahomet de La Mecque à Jérusalem. Il serait monté aux cieux puis descendu aux enfers en compagnie de l'ange Gabriel sur une monture appelée Bouraq après s'être rendu sur le mur du temple à Jérusalem. Cet événement, commémoré durant la nuit de l'ascension (lailat al-miraj) est supposée légitimer les revendications islamiques sur la Ville Sainte.
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