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  • Valérie Bugault répond à Charles Gave sur la loi de 1973

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    Dette des États, la loi de 1973 et le transfert des fonds publics

    Réponse à Charles Gave

    Par Valérie Bugault

    Dans un article relayé par Charles Sannat, Charles Gave s’exprime ouvertement sur ce qu’il pense de la mise en cause de la loi de 1973 et de la dette publique.

    Cet article appelle, à l’évidence, une réponse. Cette réponse, en forme de contre-arguments, se placera sur deux plans différents : un point de vue de nature économique et un point de vue de nature géopolitique.

    Rappelons de façon liminaire que Charles Gave, économiste de formation 1, est un gestionnaire de patrimoine, fondateur du groupe GaveKal situé à Hong-Kong.

    Selon Charles Gave, la loi très décriée, dite « Pompidou-Rothschild » ne serait pas à l’origine de l’enrichissement des banques privées au détriment de l’État. En outre, les gens qui décrient cette loi auraient un « fond assez fort d’antisémitisme ».

    Citons C. G. : « Je ne peux pas aller dans une réunion publique sans qu’un participant ne se dresse pour me parler de la Loi de 1973, dite ‘Pompidou-Rothschild’, qui aurait permis aux banquiers de s’enrichir grassement sur le dos de l’État et de la population.

    La thèse semble être qu’avant cette loi funeste, l’État français pouvait emprunter gratuitement à la Banque de France (BDF), ce qui lui aurait été interdit après, et que ce serait un gros scandale.

    Cette croyance, qui semble partagée autant par une partie de la droite française que par l’extrême gauche de notre beau pays (Mélenchon), outre qu’elle semble impliquer un fond assez fort d’antisémitisme, me laisse complètement pantois tant elle est stupide, et je vais essayer d’expliquer pourquoi dans les lignes qui suivent… ».

    Charles Gave donne ensuite l’argument selon lequel, depuis 1936, le gouvernement français pouvait emprunter dans la stricte limite de 10 milliards de francs, sans payer d’intérêts sur ces emprunts, ce qui lui procurait une facilité de trésorerie. Cette « facilité de caisse » ne fut supprimée qu’en 1992, non par Pompidou et Giscard mais par Mitterrand et Delors, car contraire au Traité de Maastricht. Les Rothschild, « dont la banque était à l’époque nationalisée », n’avaient, selon Charles Gave, « pas grand-chose à voir dans le Schmilblick ».

    Tout d’abord, il est vrai que les Traités internationaux ont désormais une valeur supérieure aux lois internes, obligeant à modifier ces dernières lorsque, malencontreusement, des dirigeants signent des Traités qui leur sont contraires. Les Traités internationaux sont donc, soit dit en passant, devenus un moyen efficace de déresponsabilisation politique des « hommes en charge du gouvernement » ; les Traités sont un moyen facile et gratuit de contourner les lois internes devenues gênantes.

    Sur le fond du sujet, Charles Gave explique que ce n’est pas tant la loi du marché qui appauvrit l’État que la propension extraordinaire et maladive des « hommes politiques » à générer, de façon « naturelle », soit de l’endettement soit de la planche à billets. L’un et l’autre ayant, aux yeux de Charles Gave, des résultats similaires.

    Il importe ici de préciser quelques postulats afin de rétablir quelques vérités.

    D’une part, contrairement à ce que semble croire Charles Gave, personne ne soutient sérieusement qu’il faut remplacer les intérêts d’emprunts par de la planche à billet. Ce raccourci, extrêmement fallacieux, consiste à estimer que les français sont suffisamment idiots pour considérer que la dérive politique consistant à mal gérer le budget de l’État est à mettre sur le même plan que la planche à billet ou l’endettement sur les marchés de capitaux, deux moyens différents de pratiquer l’irresponsabilité monétaire. Il y a en effet deux analyses différentes dont les effets sont, volontairement ou non, confondus par Charles Gave : une analyse de la cause politique et une analyse des moyens techniques mis en œuvre.

    Ce qui est indiscutable est la chose suivante : à dérive monétaire identique – par hypothèse réalisée par un personnel politique irresponsable – les effets de la planche à billets et ceux de l’endettement par taux d’intérêts ne sont pas du tout les mêmes.

    L’utilisation abusive et sans mesure de la « planche à billets » a pour effet de générer une inflation, rapidement incontrôlable, et une perte de substance financière des actifs ; tout le monde souffre mais, toute proportion gardée, ceux qui souffrent le plus sont précisément les rentiers car ce sont eux qui ont le « plus d’actifs à perdre ». Personne, à ma connaissance, n’a jamais prétendu, contrairement aux allégations de Charles Gave, que l’utilisation abusive de la « planche à billets » était « gratuite ».

    L’utilisation abusive de l’endettement à un tout autre effet que celle de la planche à billets, beaucoup plus acceptable pour les détenteurs de capitaux. Cet effet consiste à mettre la politique budgétaire de l’État sous la coupe des marchés de capitaux, et plus précisément, sous la coupe de ceux qui, en sous-mains, contrôlent ces marchés. Il n’est qu’à rappeler le raid hostile que Georges Soros avait mené contre la livre sterling pour se convaincre de la réalité de cette assertion. Plus récemment, Myret Zaki a parfaitement explicité le rôle fondamental des Hedge Funds américains dans le déclenchement, au début des années 2010, de la « crise de la dette grecque ». Un autre effet de la dette, extrêmement intéressant pour les grands détenteurs de capitaux, est que cette dernière permet de concentrer, à bon prix, une grande partie des actifs dans leurs mains. Ainsi, les institutions comme le FMI, la Banque mondiale, la Troïka européenne (Commission, BCE et FMI), le MES européen conditionnent l’octroi d’une « aide » financière aux États n’ayant plus accès « aux marchés » par la cession d’actifs publics – y compris stratégiques – dans le même temps qu’ils génèreront des intérêts engrangés par les pourvoyeurs de l’aide en question ; lesquels seront curieusement les mêmes pris sous des casquettes différentes que ceux qui « contrôlent » les « marchés ». Cette analyse doit être comprise dans le contexte actuel dans lequel la création monétaire relève essentiellement d’une écriture comptable des banques, sans aucune contrepartie réelle. Ainsi, des organismes privés peuvent, au moyen d’une simple écriture comptable, et avec la bonne conscience de faire « œuvre de charité publique », accaparer moyennant un prix déprécié la plus grande part des biens publics acquis avec de l’argent public. Le tour de prestidigitation est remarquable : l’accaparement est justifié par la mauvaise conduite des masses populaires qui ont « les dirigeants qu’elles méritent » !

    En réalité, la loi de 1973, souvent et à juste titre décriée, s’inscrit dans un long mouvement consistant, pour les banquiers privés à reprendre le contrôle de la monnaie française qu’ils avaient en grande partie perdu à la fin de la 2nde Guerre mondiale en raison de la nationalisation de la Banque de France et de l’organisation (par l’État français sous la direction du CNR) du « crédit dirigé » par la mise en place du « circuit du Trésor ». Ce système intégré permettait une gestion saine et rigoureuse du budget de l’État et conditionnait la création monétaire aux seuls besoins réels de l’économie. C’est ainsi que la reconstruction d’un pays ruiné a pu être mis en œuvre ; et non comme trop souvent seriné par les effets du plan Marshall. À la sortie de la 2nde Guerre mondiale, l’État français a, par la grâce du CNR, pu être partiellement repris en main par le fait politique, dans le sens où l’État était, à nouveau, en charge de l’organisation publique pour le développement et l’amélioration du bien commun.

    La reprise en main de la monnaie nationale par les banquiers a été, en effet, achevée, non par la loi de 1973, mais par l’intervention de l’article 123 du TFUE qui a interdit de facto tout financement politique de l’économie par autre chose que l’emprunt sur les marchés.

    La seule question pertinente qui se pose ici est la suivante : comment le processus légitime et vertueux du circuit du trésor a-t-il laissé la place à la perte de souveraineté monétaire de la France par le biais de l’endettement sur les marchés ? Autrement dit, comment une gestion politique rigoureuse de la monnaie a-t-elle laissé la place, chez les élites françaises, à une gabegie institutionnelle débouchant sur un appauvrissement, pour ne pas dire une disparition, des classes moyennes et un enrichissement corrélatif des gros détenteurs de capitaux intervenant sur les marchés financiers ?

    La réponse à cette question ne relève pas de la technique économique ou budgétaire, elle est de nature politique et géopolitique. Afin d’y répondre, il faut interroger l’histoire économique et politique du XXème siècle sous l’angle de l’évolution du rapport de force entre « fait politique » et « fait économique », il faut aussi observer l’évolution de ce même rapport de force sur une durée beaucoup plus longue.

    On découvre ainsi que l’organisation politique de la République occidentale a pour corollaire une dépendance des « hommes politiques » aux « partis politiques »alors que ces derniers dépendent eux-mêmes de leurs « pourvoyeurs de crédit », c’est-à-dire de ceux qui financent les multiples et incessantes « élections ». On découvre aussi que, stratégiquement, la politique au long court échappe aux marionnettes politiques apparentes pour échoir en réalité aux hauts fonctionnaires inamovibles de l’État ainsi qu’aux créanciers des partis politiques.

    Ce qui, fondamentalement, est en cause dans la dénonciation de la loi de 1973, est la perte de substance politique des États. La souveraineté monétaire, économique et politique n’appartient plus aux peuples qui forment les États mais aux banquiers commerçants, aux financiers, qui ont accaparés la création monétaire maitrisant désormais seuls l’affectation des ressources financières pour des objectifs relevant de leur intérêt catégoriel et non plus de l’intérêt général. Ce qui est en cause est le contrôle des économies étatiques que le contrôle des monnaies a permis aux banquiers. Ce qui est aussi en cause est le contrôle et la subversion du phénomène politique par ces mêmes banquiers.

    Pour résumer notre propos, Charles Gave semble souffrir d’une sorte de dissonance cognitive lorsqu’il préconise le retour au RIC tout en dédouanant les auteurs de la loi de 1973. Cette loi n’est en effet qu’une étape dans la longue marche de la perte de souveraineté politique et monétaire de l’État. Or, précisément, cette perte de souveraineté passe par la dépendance financière de l’État et son asservissement aux marchés. La loi de 1973 n’impose pas en effet le recours excessif et indu à l’endettement par des hommes politiques irresponsables, mais elle prépare le terrain au changement de paradigme monétaire : elle met en place la structure qui permettra, lorsque des hommes politiques corrompus interviendront ouvertement, d’enrichir les grands capitalistes en appauvrissant les populations et les États, le malheur des uns réalisant dès lors le bonheur des autres.

    Répétons-le : la loi de 1973 n’est qu’une étape – non décisive à elle seule mais tout à fait indispensable – dans la réorientation des effets des « crises budgétaires »dans un sens qui soit favorable aux très grands détenteurs de capitaux. Or, ces grands détenteurs de capitaux ont, depuis de longs siècles, établi leur quartier général à la City of London (premier paradis fiscal historique) : leur puissance actuelle est due à la stratégie mise en œuvre par Oliver Cromwell consistant à allier le glaive et la banque pour la réalisation d’un empire. Cet empire est en réalité d’ordre strictement financier car « pas de glaive » sans financement par la banque. Comme disait Napoléon : « la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit ». Cet empire financier n’est que conjoncturellement géo-localisable. Il aspire aujourd’hui à établir un gouvernement mondial sur les décombres des États et des empires.

    Lorsque Charles Gave prétend ironiquement que les français sont « partagés sur le sujet de la cueillette des haricots verts ou le ramassage des escargots », nous lui répondons qu’il devrait se poser la question de savoir sur quel sujet il est lui-même partagé : souhaite-t-il l’établissement d’un RIC alors que l’intitulé des questions restera dominé par le personnel politique actuel ? Ou souhaite-t-il un retour du phénomène politique réel, ce qui passe par un changement radical non seulement du personnel politique mais aussi et surtout de la domination des États par les détenteurs des marchés ? Car dans la seconde option, c’est l’intégralité de l’organisation politique des États qu’il faut réinitialiser, pas seulement un « changement conjoncturel » du personnel politique. Dans ce dernier cas de figure, il doit être mis fin à la domination des États par les « marchés », c’est-à-dire que les États politiques doivent à nouveau reprendre le contrôle de multinationales et réguler de façon effective les « marchés » de capitaux, qui échappent aujourd’hui à toute contrainte autre que celles qu’ils se mettent eux-mêmes.

    Qu’en pense Charles Gave et tous les gestionnaires de capitaux, dont un des rôles est justement d’agir sur les marchés jouant, ce faisant, le jeu des « grands capitalistes » qui maîtrisent aujourd’hui toutes les réglementations ?

    Valérie Bugault

    Notes

    https://www.medias-presse.info/valerie-bugault-repond-a-charles-gave-sur-la-loi-de-1973/104852/

  • «Gilets jaunes : assassinat des français par l’oligarchie financière» avec André Gandillon

  • Les Gilets Jaunes face au « vide ensemble »

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    Les injonctions martiales pour plus de « vivre ensemble » en provenance de la caste culturo-politico-médiatique se multiplient.
    Mais leur effet reste malgré tout limité. Face à ce projet déraciné de « vide ensemble », les Gilets Jaunes semblent apporter une réponse lumineuse : parole au peuple et chaleur humaine retrouvée. Un cocktail mortel pour la super classe mondiale.

    Les promoteurs du « vivre ensemble »

    Le « vivre ensemble » fait partie de ces injonctions qui cherchent à s’imposer, comme une évidence,par le biais de la répétition. Nous pouvons identifier, sans souci, les plus prolixes à seriner cet impératif. Tous ceux qui surfent sur la vague de la grande globalisation financière et jouissent des plaisirs de la libre circulation des hommes et des marchandises font, dès qu’ils le peuvent, la promotion de cette vertu qu’ils jugent certainement cardinale. Nous pensons-là au monde médiatico-politique et aux bobos en tout genre.

    Les victimes du « Vivre ensemble » : un ostracisme quotidien

    La candidature de François-Xavier Bellamy nous montre, encore une fois, à quel point l’univers politico-médiatique déteste les catholiques. Notez leurs rictus d’hyène lorsqu’ils disent « versaillais » du bout des lèvres et « chrétiens » en crachant. Que l’on soit pratiquant ou non, c’est toute l’histoire de France qu’ils cisaillent.

    Laurent Wauquiez aurait eu plus de succès en choisissant un musulman fiché S. C’est pathétiquement éloquent ! Le vrai délit de « sale gueule » pris sur le vif ! La grande tolérance des initiateurs du « vivre ensemble » mais pas avec tout le monde. Exit les chrétiens, les versaillais et assimilés, les chasseurs, les bouchers, les amoureux du français, les romantiques, les hommes qui sont des hommes, les femmes qui sont des femmes…

    En définitive, il n’y a pas grand monde dans « leur vivre ensemble ». Je leur propose une autre formule « Le vivre entre soi ».

    « Pour qu’un ordre existe, il n’est pas nécessaire de donner des ordres » (*)

    Un chef qui manque d’autorité naturelle aura tendance à lever la voix et à répéter ses directives, jusqu’à les marteler. Ceci, n’est pas sans nous rappeler le matraquage que nous subissons avec, entre autres, ce « vivre ensemble » obsessionnel déjà si peu respecté par les promoteurs de cette rengaine.

    Bref, tout cela témoigne que ces prescriptions imposées de l’extérieur continuent à vaquer dans leur univers fait de bulles médiatiques et postures de plateaux télévisés… Qu’elles restent artificielles et, en définitive, inefficaces.

    C’est le caractère fabriqué, usiné, médiatisé de ce « vivre ensemble » qui le rend vain. Une société ne se conduit pas par des consignes qui ne viennent pas d’elle-même – ou alors cela s’appelle une dictature. Officiellement, nous ne sommes pas censés être dans ce cas de figure.

     

    Notre société, obsédée par les normes et les principes de précaution, cherche vainement à calibrer les contacts humains comme elle réglemente les productions industrielles. Mais cela ne marche pas ou, plutôt, cela marche mal.

    En effet, ces leitmotiv arbitraires et préfabriqués nuisent à l’émergence et à la circulation des idées personnelles et invitent à utiliser davantage les stéréotypes que la réflexion dans les discussions. Dans nos communications, on se remet à un mode de pensée, on catalogue avant de tenter de comprendre. Bref, on n’entre plus « en relation », on toise son interlocuteur et les propos qu’il tient sur la grille de « la bien-pensance » habituelle.

    Ainsi, nous sommes amenés à ne plus « réfléchir » par nous-même. C’est-à-dire à métaboliser une pensée avec nos émotions, nos souvenirs et la part inconsciente qui nous constitue.

    Ceci signifie que, dans le domaine essentiel de notre rapport aux autres, nous sommes amenés à rétracter ce que nous sommes en vérité. Ce qui peut s’appeler « l’auto – censure » est sans doute la meilleure façon de se perdre de vue au quotidien et de ne plus rien « risquer » dans les relations humaines qui vont, par ce fait, s’étioler.

    Les idées qui, nous le savons, n’appartiennent à personne et sont faites pour circuler, sont camisolées au banc du bien-pensant et surveillées de près par les juges de la pensée.

    C’est en cela que les débats et les réelles disputations se font si rares. En effet, et d’une certaine façon, ils se mènent « hors de nous » et sont essentiellement régulés par les normes sociales du « vivre ensemble » et de la judiciarisation réservée aux éventuels indisciplinés qui franchissent la ligne rouge.

    L’objectif est toujours d’éviter l’expression d’idées, de passions, de sentiments personnels.

    L’objectif est d’empêcher les manifestations, tout simplement, humaines et de s’écarter du naturel et de « l’organique » – élaboré au cœur même de la société.

    Le « vivre ensemble » : source de conflit

    Ce diktat, cette règle de vie imposée à la société, perturbe le champ des relations humaines qui ne peuvent plus progresser librement et sincèrement.

    Encore une fois, son caractère artificiel rend cette chape « comportementaliste » bien fragile. Nous pouvons craindre que, sous le joug de tensions sociales, elle ne se brise lamentablement. Cet écroulement sera précipité par la colère emmagasinée de longue date chez le peuple, née du décalage entre sa vie au quotidien et ce vœu pieux du « vivre ensemble ».

    Les Gilets Jaunes : un retour à l’organique

    Le consensus est clair autour de l’origine des Gilets Jaunes. Tous s’accordent à reconnaître son caractère spontané, rural, terrien. Loin des syndicats et des activités associatives, encore plus distancé des domaines politiques et médiatiques, ce mouvement – né d’une colère salutaire – est, par sa nature instinctive, une turbulence réellement venue du cœur de la société. La recherche de convivialité aux ronds-points et lors des manifestations, les revendications simples et saines de pouvoir vivre de son travail, en attestent.

    Ici, il faut, malheureusement, nous rappeler que notre société est menée depuis des décennies par des êtres dont l’objectif est de démanteler les fondements mêmes des communautés humaines : villages, familles, églises, cafés, quartiers…. Nous le savons : tout est fait pour, en chantant le culte de l’individu, l’isoler de ses regroupements historiques, le rendre ainsi vulnérable et bien plus manipulable.

    C’est par cette prétention à la renaissance de l’échelle locale ancrée que les Gilets Jaunes sont une source d’espoir que nous n’attendions plus.

    Mais, leurs exigences mêmes qui dénoncent la faillite d’un système devenu inhumain, les exposent à un rejet violent de ceux qui ont encore le pouvoir et entendent bien le conserver dans une société de plus en plus aseptisée et indifférente aux besoins des Français.

    Les Gilets Jaunes portent une espérance forte qui les rend vulnérables

    En comptabilisant le nombre de blessés et en évaluant la gravité de ces traumatismes, nous ne pouvons que réaliser, avec stupeur, la violence déployée par l’état contre ce mouvement populaire.

    Nous l’avons vue et nous connaissons les raisons de cette intensité déloyale de la réplique gouvernementale.

    Au regard du « deux poids, deux mesures », les voyous dans les banlieues qui terrorisent les habitants, tuent, violent et investissent ce qui fait les « territoires perdus de la République » sont loin d’être malmenés comme les manifestants du samedi. Ceci atteste qu’ils sont donc moins dangereux pour le pouvoir en place. Il va de soi qu’ils favorisent une partition de notre pays et le fragilisent en imposant une législation et une économie parallèle.

    A l’inverse, les Gilets Jaunes aspirent à un retour à l’enracinement et à une vie basée sur un souci de proximité et d’unité.

    L’équipe « En marche » qui souhaite aller vers une Communauté européenne qui tient sa puissance des grandes métropoles et des groupes financiers internationaux, ne peut que chercher à écraser tous desiderata de retour vers le local et de prise en compte du rôle essentiel, pour les Français, de leur pouvoir d’achat.

    C’est pourquoi les défenseurs de l’explosion des nations sont prêts à :

    Faire subir des blessures de guerre aux manifestants.
    Cultiver l’idée que les Gilets Jaunes sont infiltrés par des antisémites que l’on ne trouve en définitive que parmi les casseurs (**) – peu gênés curieusement par les CRS.
    Donner une image d’antisémite ou encore d’homophobe à ce mouvement, c’est encore une fois utiliser les drapeaux rouges pavloviens qui fonctionnent trop souvent.
    Favoriser la création prématurée de partis politiques au sein des « Gilets Jaunes » pour qu’ils mettent à mal leur caractère organique que la Super Classe Mondiale veut éradiquer.

    Souhaitons que les Gilets Jaunes fassent preuve de courage certes mais surtout de perspicacité et qu’ils puissent se faire aider par des personnes informées et clairvoyantes.

    Laurence Maugest

    Tribune reprise de Polémia

    (*) Friedrich Hayek Droit, Législation, Liberté, PUF 1995 – Propos repris par François Xavier Bellamy Demeure Grasset 2019- P.129

    (**) Ces casseurs sont principalement des membres de mouvements d’extrême gauche. C’est dans cette sphère politique et aussi bien sûr au sein du monde musulman que s’exprime un antisémitisme violent tel que l’explique très clairement Alain Finkielkraut dont les propos viennent d’être analysés sur Polemia : https://www.polemia.com/mediocratie-epreuve-affaire-finkielkraut/

    https://fr.novopress.info/213776/les-gilets-jaunes-face-au-vide-ensemble/

  • Encouragés par Macron, 90 % des jeunes Algériens rêvent de venir en France !

    Le chaos est à nos portes.
    Il  y  a  quelques mois, Emmanuel Macron, qui s’est fait une spécialité de salir la France et le peuple français à l’étranger, était allé se mettre à plat ventre devant les autorités algériennes, nous accusant d’avoir commis un crime contre l’humanité pour avoir fait faire un bond en avant de 1 000 ans à l’Algérie moyenâgeuse.
    Nous avons un président ignoble, qui s’est cru obligé de faire allégeance aux Algériens, insultant nos soldats et les Pieds-noirs, lesquels, en 132 ans, ont transformé un désert en jardin et des marécages en vergers. 
    Ils ont bâti des villes, des routes, des voies ferrées, des ports, des aéroports, des hôpitaux, des usines et des écoles, au point qu’en 1962  l’Algérie avait les plus belles infrastructures de tout le continent avec l’Afrique du Sud.
    Ces Pieds-noirs qui ont chéri l’Algérie bien davantage que le peuple algérien aujourd’hui, ont tracé des milliers de kilomètres de pistes sahariennes, mettant en valeur les gisements de pétrole et de gaz, qui représentent aujourd’hui une rente colossale pour l’Algérie, lui évitant la misère totale, tant l’héritage colonial a été dilapidé par une caste de prédateurs, aussi voraces qu’incompétents.
    Ces salauds de colonisateurs ont éradiqué la dysenterie, la peste, le choléra, le typhus, le choléra, la variole et autres fléaux mortels.
    Mais de tout cela, pour Macron, il ne reste qu’un « crime contre l’humanité », et pour Bouteflika un « génocide culturel ».

  • Didier Maïsto : « Le droit à la différence est l’arme de l’anti-France, qui veut morceler la société française »

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    Didier Maïsto, président de Sud Radio, a accordé un long entretien à Boulevard Voltaire.

    Gilets jaunes, politique, médias, sujets sociétaux : sans langue de bois, il apporte son analyse personnelle et percutante sur ces thèmes d’actualité.

    Peut-on dire que vous êtes pro-gilets jaunes ?

    Je suis le président de Sud Radio dont le slogan est « Parlons vrai ».
    Quand je les ai vus marcher et se rassembler dans la rue, j’ai voulu comprendre. J’avais déjà une sympathie naturelle pour le mouvement. J’ai cherché à mieux comprendre. Je me suis dit que, pour comprendre d’où venait ce mouvement, ce qui était revendiqué et quel changement de société ils voulaient, le mieux était de marcher avec eux.
    Plus je marche avec eux, plus je les comprends. Et moins les médias les comprennent. Je les comprends parce que je suis au milieu de la foule. En fait, ce sont les gens les plus courageux de la société française qui ont envie de reprendre en main leur destin. Ce destin leur échappe. On parle souvent de démocratie représentative, mais ça fait quarante ans qu’on leur fait le coup… Mitterrand, Chirac, « la fracture sociale », « l’ascenseur social est en panne », etc. Ensuite, Sarkozy et, aujourd’hui, Macron. Macron n’est certes pas responsable de tous les maux, mais il récupère un peu tout ce qui s’est fait, sans changer d’un iota la politique. Il y a probablement aussi un peu d’inexpérience et d’arrogance qui viennent mâtiner le tout.
    Les Français, en tout cas ceux-là, ont envie de reprendre en main leur destinée. D’où le succès du RIC, référendum d’initiative citoyenne. Même s’ils ne sont pas d’accord entre eux, ils veulent avoir une prise sur leur destin. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je comprends donc tout à fait ce mouvement. Il est, en fait, assez loin de l’idée qu’on peut s’en faire dans les partis politiques et dans les médias « mainstream », simplement parce qu’on y est le séant sur son fauteuil et qu’on juge le monde tel un procureur divin, pensant qu’on peut trier le bon grain de l’ivraie et décider souverainement ce qui est bien de ce qui n’est pas bien.
    Ce manque d’humilité aboutit à un divorce, à une faille sans cesse croissante entre une partie de la population et les corps intermédiaires (appelons-les comme cela) censés les représenter.

    Avez-vous été surpris par la Ligue du LOL ?

    Je ne suis pas du tout surpris.
    Finalement, aujourd’hui, un journaliste est quelqu’un qui fait de la resucée de dépêches AFP. Il est bien tranquille sur son desk à regarder ce qui se passe à l’infini, à l’envi, voir un peu quelle est la tendance de la profession, qui doit quoi et ensuite se positionne par rapport à l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On décrète que c’est la pensée. Mais non, c’est au contraire la défaite de la pensée.
    Heureusement, il reste un journalisme de terrain qui naît avec les réseaux sociaux et les Facebook live. La Ligue du LOL en est la négation, avec cette espèce de mépris de classe. Parce que certains pensent être devenus quelque chose, ils se permettent de juger ce qui est bien de ce qui n’est pas bien, et de juger nos concitoyens.
    Mais au nom de quoi on devrait juger une partie de nos concitoyens ? Je ne me sens pas capable de juger mes concitoyens. J’essaye de rendre compte du réel. Nous sommes un certain nombre à faire cela, pas nombreux, mais je pense que le nombre va grossir. Les Français s’informent aujourd’hui de manière un peu alternative. Chaque mouvement social voit la naissance, l’émergence de nouvelles formes de communication, beaucoup plus directes, beaucoup moins ampoulées. Là aussi , ces corps intermédiaires bourgeois, au sens primaire du terme, seront balayés par le vent de l’Histoire.

    L’affaire du « fichage des auditeurs d’Europe 1 » ?

    Ni dans le milieu de la radio ni dans le milieu de la télé, de la presse écrite ou des partis politiques. J’ai eu une première vie où j’étais au Figaro. Ensuite, j’ai fait de la politique. J’ai vu de l’intérieur comment fonctionnaient les partis politiques et j’ai vu et je vois aujourd’hui comment fonctionnent les médias. J’ai été témoin de la façon dont est attribué, par exemple, le canal 23. Au nom de toutes les minorités, les Arabes, les Noirs, les homosexuels, soudainement, ces gens qui sont de grands bourgeois, souvent des hommes blancs de plus de 50 ans, se réveillent et s’enthousiasment benoîtement en voulant s’occuper des homosexuels, des Arabes et des Noirs. En fait, tout cela sonne faux. Ça sonne faux parce que ce n’est pas leurs préoccupations, ce n’est que du marketing. Ça fait une dizaine d’années que je le dénonce. L’architecte de tout cela est d’abord les pouvoirs publics qui, au lieu de régler les problèmes, font des lois d’affichage. Le premier des salopards, comme je l’ai dit l’autre fois, c’est François Mitterrand, qui a fait « Touche pas à mon pote ». J’ai grandi dans un quartier populaire de Toulon, je ne regardais pas si les gens étaient noirs, arabes ou juifs. Nous avons tous grandi ensemble. Il y a avait cette espèce de mixité qui est consacrée par la Constitution française, une République indivisible et laïque. « Touche pas à mon pote » a été la première faille. On était dans le droit à l’indifférence. On est parti dans le droit à la différence. Tu es différent de moi, donc tu es un super citoyen et donc je te protège, je te discrimine positivement. Cela a été le début de la faille.
    Ensuite, vous avez des associations comme le CRAN (le Conseil représentatif des associations noires). Il faut battre sa coulpe, remonter à Clovis en passant par Napoléon, etc. Il faut reconnaître qu’on est un salop de Français, reconnaître que « j’ai maltraité les gens de couleur », etc. Mais, justement, la France est ce melting-pot. Ce n’est pas du tout une histoire de couleur de peau ou de religion. C’est quelque part une idée. Des gens de toute origine et de tout pays ont versé du sang pour constituer les frontières de ce qui est aujourd’hui la France. Or, on oppose sans arrêt, aujourd’hui, par des systèmes de clientèle.
    La politique est devenue un métier, le métier de ceux qui n’en ont pas.
    Ils s’inscrivent donc dans des politiques à court terme. On tronçonne, on saucissonne, on fait des petites clientèles, on oppose arbitrairement les gens les uns contre les autres et on aboutit à cela.
    Que fait le CSA ? Je vous parle du CRAN parce que le CSA a un baromètre de la diversité. Cela veut dire qu’il faut voir à la télévision les minorités visibles. Est-ce qu’on se perçoit comme blanc, comme non blanc, comme café au lait, comme gris, grisâtre ? Mais enfin, on est où, là ? On est dans l’eugénisme, dans une société complètement communautarisée.
    Vous avez, sous la pression d’associations comme celles-là qui poursuivent des buts propres, une anti-France en construction. Elles veulent morceler la société française. Et le CSA répond à la volonté du législateur. Le CSA n’est, de toute façon, que la chambre d’enregistrement de la volonté élyséenne. Ce n’est pas propre à Macron. Ça a toujours été comme cela. Du temps de la Haute Autorité jusqu’au CSA aujourd’hui.
    On tronçonne la population française. On compte les Noirs, les Arabes, les gens de différentes confessions, de différentes couleurs de peau. C’est totalement anticonstitutionnel et tout à fait scandaleux. On oppose ces Français qu’on considère comme des clientèles. Ensuite, on s’étonne que les gens suivent finalement ou anticipent cette façon de compter. Lui, il est juif, lui, c’est une vieille pédale, et toutes ces horreurs qu’on peut lire, lui est séropositif, lui a un accent juif tunisien… Mais dans quel pays vivons-nous ?

    Peut-on critiquer ceux qui luttent contre les discriminations ? Le combat semble juste…

    On assiste à une espèce de lutte pour savoir qui est le plus champion de la lutte contre l’antisémitisme, le champion de la lutte contre le racisme. Mais, en réalité, les gens qui font la promotion de cela ne sont pas sincères. Ils s’en moquent ! C’est uniquement du marketing.
    Je n’ai pas attendu les gilets jaunes ou même Europe 1 pour le dire. Ce qui leur arrive, ce n’est pas bien, ils en sont accablés. Mais je ne pense pas qu’il y ait une volonté de la station. Je ne veux pas accabler Europe 1, mais je dis que ça participe de quelque chose de général dans la société française. C’est ce que les gilets jaunes ne veulent plus. Ils le comprennent très bien quand on arrive à parler. Mais il y a toute une intelligentsia, essentiellement parisienne, qui vit dans un monde parallèle.
    J’ai eu un journaliste, hier, dont je tairai le nom. Nous nous sommes engueulés pendant une heure. Il me dit : « Je ne comprends pas que tu aies encore de la sympathie pour ce mouvement. » J’ai essayé de lui expliquer, mais je pense qu’ils sont dans un monde qui ne leur permet pas de le comprendre, ni même de le concevoir ou le ressentir.

    Assiste-on à l’autodestruction d’un camp du bien ?

    Quand le droit diverge de la morale, il y a un problème. Des gens ne sont que dans le droit absolu. Mais c’est un peu l’antinomie entre Antigone et Créon. Antigone est dans les lois naturelles. Ce n’est pas la peine de dire tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne prendras pas la femme de ton frère, pour rester dans la tradition biblique. Les civilisations dites évoluées ont intégré tout cela. Quand il y a ce divorce dans la société et qu’on est uniquement dans la satisfaction de l’ici et maintenant pour une certaine classe dirigeante, on aboutit à un divorce sans cesse croissant, une faille qui s’agrandit et, finalement, une classe politico-médiatique autoproclamée. On voit bien que si les gens sont élus légalement, ils ne sont plus trop légitimes. Macron, par exemple, fait 15 % des inscrits au premier tour, les 85 % qui restent ne se sont pas volatilisés. Ils existent toujours dans la société française.
    L’influence de ce petit monde se rétrécit comme peau de chagrin. Il ne dit plus rien du réel et fait partie d’une démocratie de faible intensité, qui émet des signaux faibles. Ses membres continuent à s’invectiver d’abord entre eux et ensuite donnent des leçons de bien et de mal, etc.
    La société française d’aujourd’hui est mûre pour que des gens de même sexe s’aiment. En revanche, le prosélytisme des minorités, qu’il soit religieux, sexuel, en matière de mœurs, les Français n’en veulent pas. Ils le disent clairement. Ils étaient un million pour la Manif pour tous à manifester lors du mariage homosexuel. Quand j’entends et quand je lis, aujourd’hui, Marlène Schiappa, ministre important du gouvernement Philippe, qui dit que l’idéologie de la Manif pour tous, c’est-à-dire de ces gens-là, c’est à peu près la même chose que les islamistes terroristes. Mais comment peut-on aboutir à cette défaite de la pensée ? C’est une monstruosité de la pensée. Voilà où on en est, aujourd’hui. Ces gens ne sont pas contre les homosexuels. Ils sont simplement dans une société qui doit s’établir de manière ordonnée et calme, avec des mythes fondateurs. On sait bien que nos ancêtres ne sont pas forcément des Gaulois, mais à faire du prosélytisme avec des minorités, on aboutit à une société complètement éclatée, atomisée, balkanisée, et qui se détruit petit à petit avec une élite qui ne dit plus rien de ce que vivent les gens au quotidien. Le problème des gens au quotidien, ce n’est pas les homosexuels, ce n’est pas le sort d’Israël et de la Palestine, même si cela peut les intéresser. C’est quand même très très loin dans leurs préoccupations.

    Didier Maïsto

    http://www.bvoltaire.fr/didier-maisto-le-droit-a-la-difference-est-larme-de-lanti-france-qui-veut-morceler-la-societe-francaise/

  • Les idées à l’endroit n°22 : René Guénon et la Tradition primordiale

    Le métaphysicien René Guénon (1886-1951) est à la fois un auteur célèbre, dont la critique du monde moderne a exercé une influence considérable sur nombre de ses contemporains, et un grand méconnu qu’il était temps de mieux connaître. Quelle place faut-il lui attribuer dans l’histoire des idées ? Quatre spécialistes de sa vie et de son œuvre, Jean-Pierre Laurant, Xavier Accart, David Bisson et Pierre-Marie Sigaud répondent aux questions d’Alain de Benoist.

    https://www.tvlibertes.com/les-idees-a-lendroit-n22-rene-guenon-et-la-tradition-primordiale

  • Frédéric Rouvillois : « Le débat public est forcément une impasse et, au fond, une duperie »

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    4146198561.jpgEntretien avec Frédéric Rouvillois, professeur de droit public et délégué général de la Fondation du Pont-Neuf. 

    Grand Débat National, possibilité de référendum… Les consultations populaires sont-elles un succès, en France, depuis les États généraux convoqués par Louis XVI ?

    La question est double : comment donner la parole au peuple, qui a le sentiment de ne plus l’avoir, et peut-on comparer ce Grand Débat National avec les états-généraux qui se mirent en place à partir du XIVe siècle et se pratiquèrent jusqu’à la Révolution ? La différence fondamentale entre les deux consultations, c’est que dans le cadre des états-généraux chaque ordre, dont le Tiers État, élisait ou désignait des représentants pourvus d’un mandat impératif (les représentants devaient dire ceci ou cela) consigné dans les cahiers de doléances. Les gens qui venaient parler, débattre, choisir des solutions, étaient donc connus, et l’on savait au nom de qui ils parlaient. Dans ce Grand Débat d’aujourd’hui, on ne sait jamais qui parle, de quoi on parle, au nom de qui, si on représente quelqu’un, ou soi-même, ou un lobby quelconque… Cela ressemble en revanche à quelque chose qui fut imaginé sous la Révolution française par l’un de ses pires représentants, celui que l’on surnomma le « mouton enragé », le marquis de Condorcet. En 1792, au lendemain de l’instauration de la république, celui-ci est chargé par ses amis girondins d’élaborer la nouvelle constitution. En scientifique obsédé par la mathématique sociale, il va intégrer dans le projet un dispositif qui ressemble à “notre” Grand Débat à nous, avec tous ses défauts : un système d’initiative législative dans lequel une personne propose une loi à l’assemblée locale dont il est membre, laquelle en débat et, le cas échéant, décide de pousser cette question qui devient alors le sujet de toutes les assemblées locales du département qui, à leur tour, etc. Cela remonte en quelques mois jusqu’au sommet, avec à l’arrivée un objet juridique non-identifiable, la somme pharamineuse des débats et des réponses suscités par la question initiale, qu’il s’agira alors de débrouiller en lui donnant une forme juridique claire. Les ennemis des Girondins expliqueront non sans raison que c’est une idée aberrante : pour établir une seule loi, dit Marat, des millions de personnes auront été tenues sur le qui-vive pendant des mois, éléphant monstrueux accouchant dans la douleur d’une souris dérisoire à la viabilité très incertaine. Selon Marat, qui ne fait pas dans la dentelle, les promoteurs d’une telle méthode mériteraient l’asile ; Condorcet, au Monopoly de la Révolution, ne passera pas par la case prison, ou asile, mais ira directement à la mort, un an et demi plus tard.

    3181049292.jpgQuelques cinquante ans après, un aristocrate allemand, mathématicien lui aussi, Rittinghausen (Photo),imagine un système encore plus farfelu, et encore plus proche du Grand Débat macronien : le peuple est divisé en sections de mille personnes, chaque section s’assemble dans son propre local, nomme son président, débat sur un principe soumis à sa sagacité. La discussion close, le maire de la commune fait le relevé des votes, le communique à l’administration supérieure, etc. L’ensemble des milliers de procès-verbaux remonte peu à peu jusqu’à un Ministère élu par le peuple, dont les services se chargeront d’élaborer une synthèse : « la loi sortira d’une manière organique des discussions mêmes », assure Rittinghausen, d’une manière parfaitement claire et acceptée par tous – puisque toute la population aura le sentiment d’être le véritable auteur de cette loi.

    Dans ces deux cas, deux personnalités imaginent des systèmes qui, à chaque fois, conduisent manifestement dans le mur, et pour les mêmes raisons : ils font confiance à la sagesse des individus, à la bonne foi des gouvernants – comme nous en ce moment… – et aux mathématiques, bien sûr, comme nous le faisons avec les algorithmes pour ce qui va sortir du Grand Débat. Mais au fond, comme à l’époque, l’organisation de ce dernier pose la question de ce qu’il recouvre : de la naïveté, comme dans le cas de Condorcet ? De la folie, comme le prétend Louis Blanc à propos de Rittinghausen ? Ou plus simplement de la duplicité, le Grand Débat comme moyen rêvé d’étouffer la parole du peuple par le déchaînement de cette parole ? Des millions d’opinions plus ou moins divergentes sur des sujets plus ou moins variables finissent par s’écraser les unes les autres, ce qui démontrera en définitive que seuls les experts sont capables de dire quelque chose de sensé et que le peuple doit revenir sagement chez lui, remiser ses gilets jaunes et faire confiance aux dirigeants éclairés qu’il a élus – selon l’idée aussi vieille que Montesquieu que le peuple est incapable de se gouverner mais qu’il sait parfaitement désigner les représentants qui gouverneront à sa place.

    Macron lance une consultation qui n’a aucune valeur légale, purement consultative. Est-ce une manœuvre de tribun de la plèbe ou de César ?

    Chez Macron, le tribun de la plèbe et le César sont les deux faces du même personnage fabriqué, du même Janus artificiel. On est au fond dans la perspective populiste d’un césarisme démocratique : à beaucoup d’égards, Macron est en effet un populiste sans le savoir, ou en le sachant mais ne l’avouant pas, ou juste un peu. Ce terme de jupitérien qu’il a inventé en 2016, n’étant alors pas même candidat, désigne à la fois celui qui incarne le peuple et celui devant lequel le peuple doit se prosterner. Quant au Grand Débat, c’est en définitive le populisme sans les ennuis. César pose des questions au peuple, il le fait parler, mais n’est pas tenu de l’écouter, mais surtout de lui obéir. C’est tout bénéfice, du point de vue politique comme de celui de la communication.

    Le Grand Débat fait le pari que quiconque peut intervenir, y compris sur une plateforme numérique. L’immense masse des contributions, qui se comptent déjà en centaines de milliers, fait apparaître que des associations, ou des groupes de pression, ont mobilisé leurs militants : est-ce odieux ou légitime ?

    Ni l’un ni l’autre, c’est juste inévitable. Interdire aux lobbys d’intervenir dans le Grand Débat National reviendrait à interdire aux partis d’intervenir dans une quelconque élection.

    Le CESE, qui avait lancé sa propre consultation, avait expliqué, après avoir constaté que l’abrogation de la loi Taubira venait en tête des propositions, qu’il tiendrait compte (mystérieuse formulation) d’une évidente action militante.

    En un sens, on peut en effet considérer comme anti-démocratique que des groupes, des coagulations de personnes qui défendent certaines idées ou certains intérêts particuliers (d’où le terme de parti, du reste) puissent intervenir dans le processus de décision populaire : pour Rousseau, c’est parce qu’elle procède directement des décisions que chaque individu aura pris librement, sans aucune interférence extérieure, seul face à sa propre conscience, que la volonté générale est forcément juste et bonne, c’est pour cela qu’elle ne peut « errer ». En revanche, soulignent Rousseau et ses successeurs jacobins, dès qu’il y a des partis, dès lors que l’on crée au sein du peuple des groupes spécifiques qui vont empêcher chaque individu de s’exprimer en son âme et conscience, le jeu est faussé, le processus d’accouchement de la volonté générale est bloqué, bref, on n’est plus en démocratie. Mais si on allait dans ce sens, qui est celui que semblent reprendre le CESE et tous ceux qui reprochent aux conservateurs d’agir de concert, alors on devrait en déduire que tout parti politique est incompatible avec la démocratie – ce qui paraît d’autant plus insoutenable que la démocratie, d’un autre côté, ne peut pas se passer des partis.

    De son côté, le gouvernement a décidé de garder le maximum de contrôle, juge Dimitri Courant, doctorant en science politique à l’université Paris 8 et à l’université de Lausanne, et spécialiste de la démocratie délibérative. Il a volontairement créé une masse de données sans critères de hiérarchisation, et donc quasi-impossibles à traiter autrement que par l’intelligence artificielle et des algorithmes ou bien par un effectif élevé de personnes mobilisées à plein temps. Pour le citoyen lambda, il est impossible de voter, de commenter ou de mesurer le poids d’une contribution. C’est dommageable, notamment pour la crédibilité du débat.

    Pourquoi ajouter un référendum au Grand Débat National, pourvoyeur d’idées superflues pour un dirigeant qui a dit qu’il ne changerait pas de cap ? À quoi sert cette part de démocratie directe, plus contraignante ?

    Ce référendum, qui n’est pas un référendum d’initiative populaire, sera strictement encadré, et les questions qui seront posées sont en réalité celles sur lesquelles on pense que le peuple donnera une réponse favorable, a fortiori si c’est un questionnaire à plusieurs questions. Sur un plan institutionnel, la possibilité pour le peuple de s’exprimer directement, de ne plus être ce « souverain captif » qu’évoquait André Tardieu durant l’entre-deux-guerres, revient souvent dans les revendications des Gilets jaunes, et Macron n’a rien à y perdre. Les Gilets jaunes auront l’impression de s’exprimer tandis que les technocrates auront ficelé le référendum de sorte qu’il n’y ait aucune mauvaise surprise à l’arrivée. Et ceci permettra de laisser de côté les véritables outils de la démocratie directe, comme le référendum d’initiative populaire ou, pire encore (mais encore plus démocratique) le référendum révocatoire, qui permet aux électeurs de mettre fin avant terme au mandat d’un de leurs élus, une perspective qui, comme on l’imagine, fait se dresser les cheveux sur la tête à la totalité de la classe politique.

    On comprend qu’aucun politique français ne propose cette évolution. En revanche, Macron remet en cause le nombre de sénateurs, par exemple, et tout ce qui touche, en fait, l’organisation de la vie politique autour des partis. Un antiparlementarisme sous-jacent se ferait-il jour ?

    Je dirais qu’il y a chez Macron un antiparlementarisme à peine inavoué, comme le montre de manière frappante son projet de révision constitutionnelle du 9 mai 2018, qui représente sur ce point une volte-face spectaculaire par rapport au mouvement de réhabilitation du parlement qui avait été initié par Chirac à partir de 1995. Au lieu de restaurer le corps législatif, on fait marche arrière, notamment sur le droit d’amendement, réduit à la portion congrue. Ensuite, que Macron ait ou non des « convictions » antiparlementaires, peu importe : il sait qu’un antiparlementarisme de bon aloi est assez largement partagé par les Français, qui ne voient plus très bien à quoi servent leurs députés et leurs sénateurs, mais qui en revanche savent parfaitement qu’ils leur coûtent cher. Macron joue donc sur du velours quand il propose de réduire le nombre des parlementaires, et donc de réduire la facture. Sur ce genre de questions, il sait sans risque d’erreur que les Français répondront « Oui », qu’ils soient ou non Gilets jaunes.

    Les dirigeants français ont tendance à considérer que le référendum est un plébiscite et, en conséquence, utilisent peu cet outil.

    La distinction entre référendum et plébiscite est très contestable. Tout référendum est forcément un plébiscite, sauf quand c’est un référendum automatique ou d’initiative populaire, puisqu’alors c’est le peuple qui se pose la question à lui-même. En revanche, dès lors que la question est posée par quelqu’un, on comprend qu’il n’y a pas vraiment de différence entre référendum et plébiscite : on répondra toujours à la question en fonction de celui qui la pose. Maintenant, ce qu’il faut noter, c’est que la dimension tragique du référendum introduite par De Gaulle en rapport avec la notion de responsabilité politique – autrement dit, je pars si les Français ne répondent pas par « un oui franc et massif » –, cette dimension, donc, qui donne un caractère révocatoire au référendum, a été complètement évacuée par tous ses successeurs. Chirac, lors des référendums de 2000 sur le quinquennat et de 2005 sur la constitution européenne, va jusqu’à préciser à l’avance qu’il restera en place quels que soient les résultats, déclarant que ces derniers ne peuvent avoir aucune incidence sur sa situation. En somme, si le référendum a été écarté par les dirigeants, ce n’est pas en raison de son côté « mise à mort », qu’ils ont écarté depuis belle lurette, mais parce que les élus de la république ont toujours eu une sainte horreur du référendum, qui contredit leur sentiment bien ancré que c’est à eux de décider : à eux, et pas au peuple ! On le voit bien en matière de démocratie locale où, depuis 2003, le référendum local aurait dû être utilisé de manière massive, alors qu’il ne l’a quasiment jamais été : le peuple, pensent spontanément les élus, n’a pas à usurper un pouvoir qu’il leur a légitimement délégué. Vous vous souvenez de la formule des cours de récréation : donner, c’est donner, reprendre, c’est voler.

    Dans le cadre d’une démocratie contemporaine où l’on a de plus en plus la faculté de consulter réellement tout le peuple, la forme de ce Grand Débat a-t-elle quelques mérites ?

    Non, car le vrai problème, c’est le fait de choisir, de décider. Autant une question posée par référendum permet de savoir qui est d’accord et qui ne l’est pas, autant un débat ne produit que de l’indécision : on ne peut synthétiser juridiquement le débat, pas plus que, selon Rousseau, on ne peut représenter la volonté. Un débat peut et même doit avoir lieu avant de répondre à la question, mais lui-même, en tant que tel, n’est pas susceptible d’être pris en compte. En clair, le débat public, quel qu’il soit, est forcément une impasse et, au fond, une duperie (on l’a vu avec celui qui vient d’être organisé sur la bioéthique). Ceux qui l’organisent savent ce qu’ils veulent obtenir, et le débat n’est là que pour donner au bon peuple l’impression qu’il n’est pas laissé pour compte, une fois de plus.  

    Propos recueillis par Philippe Mesnard

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Enquête sur Soros

    1635657326.jpgGeorges Feltin-Tracol

    Pour son premier ouvrage, Pierre-Antoine Plaquevent s’attaque à une pointure hors-norme de la criminalité légale mondialisée, George Soros. Dans Soros et la société ouverte. Métapolitique du globalisme (Le Retour aux Sources, avant-propos de Xavier Moreau, postface de Lucien Cerise, 2018, 366 p., 25 €), il examine en détail la vie et l’influence de ce personnage si caractéristique de l’hyper-classe ploutocratique planétaire.

    Pierre-Antoine Plaquevent insiste sur le rôle déterminant du philosophe Karl Popper qui défendait le concept de « société ouverte ». Ce projet tordu réfute toutes collectivités traditionnelles constituées de communautés organiques enracinées et animée par une cohésion holistique. La société ouverte dénie toutes les appartenances supra-individuelles; son prolongement correspond à la « société liquide » de Zygmunt Bauman, cette fluidité sociale qui noie le moindre esprit collectif.

    Multi-milliardaire grâce à des actions spéculatives contre les monnaies européennes au début des années 1990, George Soros finance de nombreuses ONG qui œuvrent en faveur de l’immigration de peuplement, qui favorisent le « Grand Remplacement » démographique de l’Europe, qui encouragent l’avortement, l’homoconjugalité et la légalisation de l’usage des drogues. Face à cette véritable « hydre de Lerne » originaire de Hongrie et naturalisée citoyen des États-Unis, l’auteur croît placer ses espoirs dans le « Konservintern », une sorte d’« Internationale » conservatrice qui associerait des États illibéraux comme la Hongrie de Viktor Orban, la Pologne de Jaroslaw Kaczynski et la Russie de Vladimir Poutine. Or l’auteur semble ne pas connaître les travaux de Pierre Hillard qui démontre avec brio l’ambiguïté intrinsèque des discours officiels russe et polonais.

    Pierre-Antoine Plaquevent ne craint pas d’être qualifié de « complotiste », de « conspirationniste », voire d’« antisémite », parce qu’il désarmorce par avance tout dénigrement de son travail. Il relève  que Soros s’oppose ouvertement au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, probablement un autre antisémite forcené… Sa vision ne colle pas avec le sionisme et encore moins avec la conception sioniste révisionniste dont Netanyahou est le porteur, lui dont le père fut le secrétaire personnel de Vladimir Jabotinski, le « Mussolini juif » selon David Ben Gourion. Dommage toutefois que l’auteur n’entre pas mieux dans les coulisses du judaïsme politique…

    Soros et la société ouverte met en lumière l’ampleur des réseaux de ce triste sire, réseaux qui ne cessent de répandre la subversion contre toutes les identités charnelles. Cet ouvrage remarquable fait comprendre la très grande nocivité de ce magnat de la décadence avancée. Une lecture indispensable et nécessaire !

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°113, mise en ligne sur TV Libertés, le 18 février 2019.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/02/28/enquete-sur-soros-6132283.html

  • Europe : les caciques du Parti populaire européen furieux contre Viktor Orban

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    EUROPE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    Enfant terrible du PPE, le groupe classé à droite et majoritaire sur l’échiquier européen, le Premier ministre hongrois est de nouveau sur la sellette en interne. En cause, la campagne que son parti mène contre Jean-Claude Juncker, président de la Commission et lui aussi issu des rangs du PPE.

    Une affiche de campagne accuse ce dernier d’affaiblir les droits des États membres à défendre leurs frontières et faciliter l’immigration au moyen d’un visa de migrant. « Fake news » a répliqué la Commission. Angela Merkel, dirigeante de fait du PPE, ainsi que Manfred Weber, patron du groupe PPE au Parlement européen s’en sont émus.

    Quant à la tête de liste LR aux élections européennes, Bellamy, il a déclaré être plus proche de Juncker que d’Orban. Problème, si le Fidesz est exclu du groupe majoritaire, Orban sera naturellement tenté de se tourner vers ses soutiens.

    C’est-à-dire la coalition des eurosceptiques qui semble se dessiner en Europe avec le PiS polonais, la Lega italienne, le FPÖ autrichien ainsi que le Rassemblement national, Vox et l’AfD. Un scénario cauchemardesque pour le PPE qui verrait son influence terriblement s’étioler au sein des institutions européennes.

    https://fr.novopress.info/213771/europe-les-caciques-du-parti-populaire-europeen-furieux-contre-viktor-orban/