Mais voici qu’il se prend pour le père et veut donner des leçons au président des États-Unis. Ce que l’intéressé n’apprécie guère : il le lui fait savoir !
Macron, qui se croit un leader, non seulement de l’Europe, mais aussi du monde, s’entretient régulièrement avec son homologue iranien, Hassan Rohani, et rêve de jouer le rôle de médiateur dans la crise en cours.
Il aurait même envisagé, selon la presse, d’inviter l’Iranien au sommet des dirigeants du G7, qu’il doit accueillir à Biarritz, du 24 au 26 août.
Encore faudrait-il qu’il s’entendît avec la Maison-Blanche sur la tactique à suivre.
Mais notre Président, comme dans sa politique intérieure, veut jouer seul, comme un grand.
Trump vient de le remettre à sa place, dans un tweet humiliant, si l’on en pèse tous les mots : « Je sais qu’Emmanuel veut bien faire, comme tous les autres, mais personne ne parle pour les États-Unis, à part les États-Unis eux-mêmes. »
Dans le bras de fer qui l’oppose à l’Iran, Trump, qui est entré en campagne électorale, n’aime guère qu’on vienne le chatouiller pour lui faire lâcher prise.
« L’Iran a de graves problèmes financiers. Ils veulent désespérément parler aux États-Unis, mais reçoivent des messages contradictoires de la part de tous ceux qui prétendent nous représenter, parmi lesquels le président français Macron. » »
Autrement dit, mêlez-vous de ce qui vous regarde, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ou, si l’on préfère, on n’a pas gardé les cochons ensemble.
Connaissant Trump et ses écarts de langage, n’importe quel chef d’État prendrait la juste mesure de cette réprimande.
Mais notre Président, toujours sûr de lui-même, doit être vexé comme un pou.
Ce n’est pas la première fois qu’il est ainsi tancé.
À l’automne, Trump avait ironisé sur sa faible popularité, alors qu’il était aux prises avec les manifestations des gilets jaunes : « Le problème est qu’Emmanuel Macron souffre d’une très faible cote de popularité en France, 26 %, et d’un taux de chômage à près de 10 % », avait-il déclaré. Ce qui n’est pas faux, même si, depuis, la situation s’est légèrement améliorée.
Les partisans inconditionnels de Macron doivent se réjouir de voir leur idole tenir tête à Trump.
Ils y voient la marque d’un grand chef d’État.
D’autres, peut-être plus lucides, y décèlent plutôt une attitude de matamore, plus courageux en paroles qu’en actes.
Ce qu’il a le plus appris de son professeur de théâtre, c’est l’art de la communication, de faire prendre des vessies pour des lanternes.
On aimerait que les remarques désobligeantes de Trump lui fissent prendre conscience que la politique n’est pas destinée à satisfaire des caprices d’enfant gâté, fussent-ils parrainés par le pouvoir financier, mais consiste dans l’art de construire des alliances, pour faire triompher des objectifs communs.
Philippe Kerlouan
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