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Autosatisfaction du parti ministériel
La perspective du 5 décembre semble de jour en jour s'alourdir, par l'addition de mécontentements très divers. Aux cheminots et aux salariés de la RATP, qui n'accepteront pas de sacrifier sans contrepartie leurs régimes de retraites, se rallient les personnels aériens, les enseignants, les pompiers, une partie des forces de l'ordre, les mouvements étudiants ou encore les postiers appelés à se mobiliser, et bien entendu ce qui reste des gilets jaunes...
En face de quoi, la communication gouvernementale se complaît à accumuler d'étonnantes maladresses.
Ainsi, le président, en déplacement à Amiens les 21 et 22 novembre, reprochait-il leur pessimisme aux Français dans ce "pays trop négatif sur lui-même, on a l’impression si on s’écoute collectivement, si on branche la radio ou qu’on allume la télé, que tout est terrible". Comme si deux ans de macronisme n'y avait pas contribué.
Malgré leurs échecs les opposants de gauche retrouvent du poil de la bête. Figure montante de la France insoumise, un Ruffin se permet d'apostropher le chef de l'État, et de prétendre que "les gilets jaunes ont ramené sur terre Emmanuel Macron." L'arrogance macronienne a même remis en selle le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Apparatchik agressif, celui-ci développe à nouveau les revendications de la vieille centrale du parti communiste : "partir du régime de retraite que nous avons tous et prendre en compte la pénibilité pour tout le monde. C’est un droit et la question est de savoir comment on étend ce droit à plus de monde", réclamant un âge de départ à la retraite fixé "à 60 ans et plus tôt pour les métiers pénibles".
En haut lieu, on se plaît, pour employer un mot à la mode, à "stigmatiser" à bon compte toutes les critiques, alors que personne ne sait encore vraiment, après deux ans de discussions vaseuses de Delevoye avec les syndicats, si l'intention du pouvoir l'oriente vers ce que les technocrates appellent réformes paramétriques, –l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension à taux plein, – ou, au contraire, avant tout, un changement systémique marqué par un calcul de points.
On trouve même de bons et beaux esprits pour en rajouter.
Au premier rang montent au créneau ses voltigeurs de pointe, gardiens de la citadelle Bercy. Dès le 28 octobre Bruno Le Maire a désigné l'ennemi en déclarant que, "rien ne justifie le maintien de ces régimes spéciaux. (...) Ils ne sont plus défendables."
Autre transfuge de la droite, son ambitieux n° 2 Gérald Darmanin intervenait ce 22 novembre sur RTL[1]. Le ministre de l'Action et des Comptes publics imagine rallier la bourgeoisie, en affirmant d'abord que "jusqu'ici, personne n'a osé faire ce que fait le président de la République pour réformer les retraites"; et, en même temps, il fait miroiter une retraite minimum de 1 000 euros. "Plein de Français, découvre-t-il, ont travaillé, ont cotisé, mais n'ont pas ce minimum." Cette réforme "ne concernera pas les retraités d'aujourd'hui. "Nous parlons pour l'avenir", en confirmant une chose : "Il faudra travailler plus longtemps".
La CFDT son seul allié, se retire-t-elle de la discussion ? "C'est toujours dommage de ne pas venir aux réunions. Il faut bien sûr négocier."
Au premier rang des thuriféraires, sans surprise on retrouve dans son rôle habituel de boussole indiquant le pôle Sud, le Jacques Attali, l'homme que l'on doit consulter en sachant qu'il s'est toujours trompé. C'est bien lui qui, ayant conçu les nationalisations de l'ère Mitterrand, avait intronisé le jeune technocrate Macron comme rapporteur du groupe de travail chargé par Sarkozy de réformer l'économie française.
Anne Fulda lui fait dire[2] :"Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. À partir du moment où je l’ai mis rapporteur, où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective."
Satisfait de sa créature il affirme aujourd'hui "globalement, le mandat de Macron est une réussite"[3]. Globalement positif, donc, comme les pays de l'est selon Marchais.
Le parti ministériel ne change pas. Il n'a jamais su gouverner correctement le pays. Ce parti c'est celui de ceux que Beau de Loménie[4]appelle dans ses "les grands habiles", les alliés centristes des radicaux de la Troisième république.
Ainsi, ce 24 novembre aurait pu servir, aux amis des commémorations et aux admirateurs de Clemenceau, à l'évocation du 90e anniversaire de sa disparition, en 1929. Celui que tant de combattants considérèrent si longtemps comme le Père la Victoire, ou que tant d'autres surnomment, aujourd'hui encore, le Tigre en souvenir des années où ministre de l'Intérieur il se définissait comme "le premier flic de France", mérite-t-il sa statue triomphale au bas des Champs Élysées ?
Un regard objectif sur l'Histoire fait apparaître hélas un tout autre bilan.
Ni vraiment radical-socialiste, mais jacobin, autoritaire, il avait été, dans sa jeunesse l'un des deux principaux disciples de Blanqui[5] C'est bien lui, et ses principaux collaborateurs Tardieu, Klotz et Loucheur qui portent la responsabilité de l'enchaînement de la France victorieuse au schéma des réparations et des dettes, qui empêchèrent toute entente avec l'Allemagne, et conduisirent à la guerre.
À côté de ces géants historiques de l'erreur, le parti ministériel d'aujourd'hui relève de la dérision. Est-ce consolant ?
JG Malliarakis
Mercredi 27 novembre JG Malliarakis donnera une conférence sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles" de 18 h à 20 h au Café du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Châtelet
Tout a été dit au long des débats de 1919 à la Chambre des députés...
TABLE DES MATIÈRES : Note de l'éditeur par JG Malliarakis -- Introduction de 1945 I. Les Préambules [Chappedelaine - Raiberti - Charles Benoist] II. Pour une politique d’après guerre [Maurice Barrès - Albert Thomas] III. Plaidoyer et Réquisitoires [Tardieu - Barthou - Franklin-Bouillon] IV. La prochaine guerre viendra par Dantzig [Marcel Sembat] V. Réparations et organisation économique [Bedouce - Klotz - Dubois - Auriol - Loucheur] VI. Le désarmement [André Lefèvre] VII. Un ténor : Viviani VIII. Travail et Colonies [Colliard et Simon] IX. Du socialisme à l’extrême-droite [Longuet et Marin] X. Clemenceau intervient et XI. Dernières interventions [Renaudel - Lefèvre - Augagneur] La conclusion de l'historien au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
Épilogue : Quelques dates. Quelques chiffrages à propos des réparations.
L'Occupation de la Rhénanie (1923-1930) → Pour en savoir plus sur ce livre, lire aussi "Les cent ans de la fausse paix de Versailles". ••• Ce livre de 204 pages paraîtra courant novembre. Il est proposé au prix de souscription de 18 euros franco de port jusqu'au 30 novembre. Paiement par carte bancaire sur le site de l'éditeur [ou par chèque en téléchargeant un bon de commande]Apostilles
[1] cf. "Le ministre de l'Action et des Comptes publics a assuré que le gouvernement ira jusqu'au bout de la réforme, malgré les contestations."
[2] cf. son livre "Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait", 2017, ed. Plon
[3] cf. L'Opiniondu 21 novembre
[4] cf. notamment le Tome IV des "Responsabilités des dynasties bourgeoises"Du Cartel à Hitler pp 28 sq.
[5] Maire de Montmartre pendant la Commune de 1871, il partageait la qualité de fils spirituel de "L'Enfermé" avec Gustave Tridon. Celui-ci fut le signataire du livre "Du Molochisme juif" publié à Bruxelles en 1884. Dans ce curieux ouvrage , probablement écrit par Blanqui lui-même en page 11 : "Depuis la fixation des nomades hébreux sur la terre de Chanaan, des relations s'étaient ouvertes entre la Judée et le puissant empire d'Assyrie. Là dominaient les races Aryennes et Conschites, bien supérieures aux Sémites par le caractère, les mœurs et les lumières. Là nourissait une religion plus douce et plus humaine,celle de Zoroastre." -
Débat archéologie : Alexis Seydoux - Quentin Leplat
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Élucubrations constitutionnelles
Georges Feltin-Tracol
Au secours, Flamby revient ! On retrouve le calamiteux François Hollande dans les librairies avec un nouvel ouvrage, Répondre à la crise démocratique (Fayard – Terra Nova, 2019, 126 p., 14 €), une série d’entretiens sur le fonctionnement des pouvoirs publics en France.
De ses cinq années passées à l’Élysée, François Hollande en tire une révision complète de la Ve République sans pour autant réclamer l’avènement d’une VIe. Suggestion avancée dès 1995, bien avant Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon, par Jean-Marie Le Pen dans le cadre novateur d’une république référendaire. À l’instar de Dominique Strauss-Kahn et de François Fillon, l’ancien président de la République de 2012 à 2017 propose que le président de la République devienne le seul et unique responsable de l’exécutif. Il nommerait directement le gouvernement et dirigerait les ministres, ce qui impliquerait la disparition du Premier ministre. Le gouvernement ne serait plus responsable devant l’Assemblée nationale, rendant caduc l’article 49 – 3, déjà bien amoindri depuis la révision constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarközy. Si l’Assemblée nationale ne peut plus adopter une motion de censure contre le gouvernement, elle ne risque plus la dissolution. Pour voter une loi, approuver une nomination et adopter le budget, François Hollande table sur une collaboration étroite entre l’exécutif et le législatif à travers d’incessantes négociations. Le mandat présidentiel serait porté à six ans tandis que celui des députés serait ramené à quatre ans comme sous la IIIeRépublique. Le chaud partisan du quinquennat au moment du détestable référendum de 2000 abolissant le septennat se renie.
François Hollande imagine que les institutions françaises correspondent au fonctionnement interne du Parti socialiste avec ses courants, ses sous-courants et sa commission de récolement ! Il veut importer le régime présidentiel dont l’exemple-type reste les États-Unis d’Amérique. Le président y dirige son administration et nomme des ministres qui ignorent toute solidarité gouvernementale, d’où les tensions courantes entre le secrétaire d’État, le Pentagone, le secrétaire à la Sécurité intérieure et le conseiller à la sécurité nationale. Face au Congrès, il dispose d’un droit de veto dissuasif. Outre le caractère fédéraliste des États-Unis, François Hollande oublie que le président est élu pour quatre ans, les représentants pour deux ans et les sénateurs six ans. Entre enfin en ligne de compte la Cour suprême qui joue un rôle politique majeur par ses décisions et tranche en dernier recours les contentieux fréquents entre le Capitole et la Maison Blanche.
La France a déjà connu un régime présidentiel imparfait de 1848 à 1851 avec la IIe République. Cette expérience lamentable fut heureusement interrompue par le futur Napoléon III un 2 décembre 1851 pour ensuite donner au pays des institutions plus appropriées à son génie. En partie d’inspiration latine, de nombreux États d’Amérique centrale et méridionale appliquent le système politique étatsunien, souvent pour leur malheur. Cependant, ils ont été contraints de l’adapter aux circonstances locales.
Il faut aussi savoir qu’aux États-Unis, depuis Franklin Delano Roosevelt, le président dispose d’un chef de cabinet de la Maison Blanche, soit l’équivalent français du secrétaire général de l’Élysée, du Premier ministre et du secrétaire général du gouvernement. Au Brésil, le président et son vice-président sont assistés d’un ministre de la Maison civile, coordonnateur de l’activité ministérielle et principal interlocuteur des parlementaires fédéraux. Depuis 1994, l’Argentine dispose d’un Chef de cabinet des ministres, véritable bras droit du président, qui organise le travail gouvernemental et assure la liaison entre l’exécutif et le législatif fédéral. Ces trois cas démontrent que le bicéphalisme exécutif (chef d’État différent du chef du gouvernement) relève de la nécessité institutionnelle.
Le régime présidentiel ne convient pas à la France d’autant qu’en vrai « M. Bricolage ès-constitution», François Hollande rejette le scrutin proportionnel pour les députés et s’oppose aux procédures référendaires. Quant aux collectivités territoriales, il souhaiterait que leurs échéances électorales concordent. En clair, les élections municipales, intercommunales (ou métropolitaines), départementales (ou cantonales) et régionales se déroulent le même jour et probablement avec le même mode de scrutin. Or, en 2012, à peine installé à l’Élysée, le second président socialiste de la VeRépublique n’a-t-il pas abrogé la réforme sarközyste du conseiller territorial ? Élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours dans une circonscription élargie, le conseiller territorial devait à la fois siéger au conseil départemental et au conseil régional.
Doit-on en être surpris de la part d’un responsable politique incompétent en matière d’aménagement du territoire qui a redessiné un soir entre la poire et le fromage les régions françaises de l’Hexagone ? Par cet ouvrage qui ne marquera pas l’histoire des idées politiques, François Hollande prouve une nouvelle fois qu’il représente pleinement la « gauche américaine » en France.
Bonjour chez vous !
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°148, mise en ligne sur TV Libertés, le 18 novembre 2019.
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lusieurs centaines de Gilets jaunes ont manifesté à Valencienne en soutien à Manuel C., qui a perdu un œil le 16 novembre à Paris (Vidéo)
Plusieurs centaines de Gilets jaunes ont participé ce samedi après-midi à une manifestation en soutien à Manuel C. à Valencienne, ce manifestant qui a perdu l’usage d’un œil après avoir été blessé par un projectile probablement tiré par la police, à Paris le 16 novembre. Cet homme de 41 ans blessé sur la place d’Italie en marge de l’Acte 53 des Gilets jaunes, a été chaudement applaudi par la foule, ce samedi, lors de son arrivée dans le cortège.
« On est tous unis. On a le droit de manifester. Toutes ces mutilations, c’est pas normal, on est en France, on a le droit de manifester », a-t-il notamment déclaré aux journalistes qui l’attendaient.
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Krach boursier de 30 % début 2020 : le Titanic ou le Hindenburg en 2021
Wall Street a terminé en très légère hausse, ce vendredi 22 novembre, porté par un indicateur de confiance des consommateurs jugé satisfaisant, mais oublieux des messages contradictoires en provenance de Chine ainsi que des taux de croissance peu rassurants. Les boursiers américains se raccrochent à la moindre hirondelle, pensant qu’elle fait le printemps…
À Paris, la semaine a été morne, avec des volumes très faibles de 3 milliards d’euros par séance, signe d’un manque d’entrain, après les envols frénétiques des semaines précédentes vers les 6.000 points. La hausse s’est cristallisée sur les seules grandes valeurs du CAC 40, car faciles à revendre, l’indice des petites et moyennes entreprises étant, au contraire, très stable, à 13.000 points, certaines accusant des chutes spectaculaires sur 12 mois : -60 % pour Showroomprivé, -55 % pour Marie-Brizard, -45 % pour Haulotte Group, -34 % pour Bic.
Le système financier, avec ses bulles boursières, obligataires et immobilières, se dirige tout droit vers l’hyperinflation et un effondrement monétaire pour apurer l’hyper-endettement impossible à rembourser, ce qui constituera l’étape ultime d’une crise qui a commencé en 2008. Pourquoi la Serbie vient-elle d’acheter 9 tonnes d’or ? « En cas de crise », répond son président, tandis que Le Revenu titre « Assurance-vie : faut-il sortir des fonds en euros », car l’argent des épargnants placé en obligations d’État ne rapporte plus rien, et que le quotidien économique Les Échos titre « Avis de tempête sur le secteur européen de l’assurance ».
Quelques experts viennent de déterrer deux « indicateurs techniques » de derrière les fagots avec des noms à faire trembler les foules : l’indicateur « Présage Hindenburg », faisant référence au krach du zeppelin Hindenburg, en mai 1937, à New York, et l’indicateur « Syndrome du Titanic », les deux clignotant au rouge. Le premier indicateur se base sur le fait que beaucoup de valeurs atteignent leur plus haut durant l’année, ou bien que ces valeurs atteignent toutes leur plus bas ; le deuxième indicateur clignote lorsque, avec un indice au plus haut depuis un an, le nombre des « nouveaux plus bas » des valeurs boursières dépasse le nombre des « nouveaux plus hauts » pendant sept jours de suite.
Les indicateurs techniques et les méthodes graphiques sont à manier avec précaution, mais ne serait-ce pas un signe de ce qui nous attend ? Lorsque la perte de confiance dans le système aura encore augmenté ? Nous pensons plutôt, tant que les banques centrales peuvent encore réagir en abreuvant le marché de liquidités, à un krach-correction de 20 à 30 %, début 2020, semblable à la correction de 20 à 30 %, fin 2018, avant que la Fed n’intervienne.
Aux États-Unis, le moment de vérité approche. Les nouvelles injections de liquidités ont poussé les marchés américains vers de nouveaux records, tandis que les facteurs sous-jacents de l’économie réelle continuent de se dégrader. Sans les opérations record sur le marché monétaire du « repo » et le nouveau QE de la Fed, Wall Street aurait déjà dérapé. La croissance américaine ne sera que de 0,3 % au quatrième trimestre, selon la Fed, tandis que les Bourses ignorent les déficits publics et commerciaux qui explosent ainsi que la dédollarisation en cours. Un krach des marchés de 30 %, en 2020, et un cours de l’once d’or à 1.900 dollars sont du domaine du possible.
Henry Suttmeier, du magazine Forbes, reproche à Jerome Powell, le président de la Fed, de ne pas voir les bulles qui se forment, et plus particulièrement une nouvelle bulle immobilière, tandis que les dettes des ménages continuent de gonfler dangereusement et que l’OCDE s’inquiète d’un risque de stagnation, à long terme, de l’économie mondiale, avec des taux de croissance qui diminuent partout dans le monde, sauf en Inde.
Le bilan de la BCE est à 4.680 milliards d’euros. Christine Lagarde doit en finir avec la politique monétaire insensée du « QE » et des taux négatifs, quitte à déplaire aux marchés, à Macron et à l’Italie, car ces taux sont contraires au bon sens économique, porteurs de bulles ainsi que d’une catastrophe en 2021, semblable à celles du Titanic et du Hindenburg.
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La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme
Hier, dans une présentation du texte sur la situation bolivienne, nous avions noté combien l’emploi de certains termes politiques courants au XXème siècle donnait une perception faussaire de la situation :
« Si l’auteur l’ignore, nous ne voulons pas pour notre part ignorer une seule seconde que “les progressistes”, incluant les forces sociétales et une part très importantes des gauchismes, ou “marxistes culturels” aux USA, sont de loin, de très loin au sein du bloc-BAO les meilleurs alliés, complices et frères de sang du Corporate Power, dit également woke capitalism...» (Woke capitalism ? “Capitalisme éveillé”, ou “capitalisme avancé” [politiquement, c’est-à-dire et communicationnellement “avancé” ; c’est-à-dire capitalisme doté d’un masque progressiste qui est quasiment l’équivalent d’une “conscience progressiste”, qui lui est gracieusement fourni par tant de fractions progressistes et gauchistes partageant les objectifs déstructurants et dissolvant du Système, – et le passage in extremis à l’emploi de cette dialectique Système-antiSystème étant dans notre chef extrêmement appuyée et intentionnelle.) »... Notre exemple-type et institutionnalisé serait bien entendu Daniel Cohn-Bendit, autrefois plaisamment connu dans les salons et les antichambres des barricades sous le surnom de “Dany le Rouge”. Il fut si populaire qu’ils voulurent tous êtres des “juifs allemands” tandis que “Dany le Rouge” se tirait avec adresse et clandestinement de France au Luxembourg (le 28 mai 1968), couvert par l’actrice motorisée pour l’occasion (MG-B décapotable), Marie-France Pisier qui croyait tourner un film de Godard.
(En fait, ce n’était pas du Godard : tous deux étant un peu lassés de la révolution, ils firent après leur escapade politique, « une escapade amoureuse » selon la délicieuse expression de la Bibliothèque Rose, de quelques semaines en Sardaigne.)
Aujourd’hui, Cohn-Bendit s’affiche comme un soutien affirmé du néo-libéralisme et de tout ce qui l’accompagne, un parfait exemple d’intellectuel-activiste partisan du capitalisme. A-t-il trahi la “révolution” ? Il affiche également, par son comportement, son aplomb, ses poses, ses convictions sociétales évidemment radicales et son caractère joyeusement supranational, le même entrain libertaire qu’on voyait chez “Dany le Rouge”. Aucune contradiction entre ceci et cela, aucune dissimulation, aucun jeu de rôle. Il est le parfait représentant d’une “passion fusionnelle” entre capitalisme et gauchisme ; on parle du capitalisme postmoderne qui se pare volontiers de vertus progressistes qui sont devenues sa marque de fabrique, c’est-à-dire du gauchisme postmoderne dont le courant libertaire s’exprimant essentiellement du point de vue culturel et sociétal est la plus juste référence postmoderne.
Le professeur de Liberal Arts à l’université de New York de 2008 à 2019 Michael Rectenwald, auteur de neuf livres dont le plus récent, Google Archipelago, montre sa connaissance des mécanismes de communication postmodernes, a entrepris d’expliquer dans un article pour RT.com pourquoi le Corporate Power est devenu, notamment aux États-Unis et particulièrement dans sa politique générale de communication qui fait aujourd’hui l’essentiel de la posture politique et des engagements qui vont avec, sociétal-progressiste, – ou dit plus justement “est devenu ‘woke’”, selon le mot qui désigne dans le langage sociétal-progressiste cette posture fondamentale. (Le titre de l’article de Rectenwald : « This is the BIG reason why corporate America has gone woke (plus 4 more) ».)
En termes US, particulièrement à la mode, il s’agit de l’attitude “wokeness” qui, dans cette science dialectique de la postmodernité, a remplacé le terme “cool” et son dérivé “coolness”. D’une certaine façon et si l’on mesure son emprise qui inclut désormais la toute-puissance capitaliste (le Corporate Power), il s’agit de la référence absolue de la structuration de surpuissance du Système. Le Monde , qui n’en manque pas une à ce propos de la fascination qu’il éprouve pour le Système et sa représentation opérationnelle terrestre que sont la dialectique sociétale et le progressisme du système de l’américanisme, nous en a donné il y a un an une appréciation qui fait frissonner de plaisir les conversations des salons, lors des dîners du “parti des salonards” :
« Woke est dérivé du verbe to woke, « se réveiller ». Être woke, c’est être conscient des injustices et du système d’oppression qui pèsent sur les minorités. Ce terme s’est d’abord répandu à la faveur du mouvement Black Lives Matter (apparu en 2013) contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis, pour ensuite se populariser sur le Net. »
Notre auteur Michael Rectenwald expose (en sens inverse dans son article, du n°5 au n°1) les cinq arguments qui expliquent la raison de cette fusion du capitalisme et du gauchisme-sociétal. Les quatre premiers exposés (du n°5 au n°2) sont des arguments de circonstances, qui relèvent d’une politique délibérée :
• les dirigeants postmodernes du Corporate Power sont eux-mêmes “woke”, comme l’on dirait des “enfants de mai 68” ;
• la clientèle la plus intéressante, la plus riche, la plus branchée-consommatrice, est elle-même “woke” (les pseudo-élites des côtes Est et Ouest aux USA, qui composent par ailleurs la clientèle principale du parti démocrate) ; le reste, ce sont les “deplorables” comme les identifia Hillary Clinton, et « les déplorables ont moins d’argent de toutes les façons et ils peuvent aller se faire voir s’ils n’apprécient pas le wokeness du Corporate Power » ;
• « Être woke coûte moins cher que d’augmenter les salaires des employés» : on s’affirme woke, on agit woke, on s’applaudit woke, on fait de la pub woke et tout le système de la communication, la presseSystème, Hollywood applaudissent et travaillent à la promotion des produits ainsi vertueusement fabriqués ;
• l’attitude “wokeness” agit comme un formidable argument face aux élites politiques, aux pressions des gouvernements et à tous leurs relais, terrorisés par tout acte qui paraîtrait mettre en cause un producteur de cette attitude-PC (Politiquement Correcte).Puis l’auteur arrive au cinquième argument, qui est en fait le premier dans l’ordre de l’importance, qui englobe tous les autres et tranche décisivement la question de cette apparemment étrange fusion entre capitalisme et gauchisme. (« Ci-dessous, je passe en revue certaines des explications possibles du capitalisme modernisé avec la tendance gauchiste du ‘Corporate Power’, – les cinq dans l’ordre inversé, de 5 à 1, – quatre étant diversement convaincantes, et une [la n°1] étant la plus décisivement convaincante. »)
Michael Rectenwald nous explique alors pourquoi et comment le “wokeness” est si parfaitement constitutif de cette alliance entre la très-grand capitalisme globalisé et le gauchisme postmodernisé. Cette attitude postmoderne et sans précédent pour qui a l’habitude des classifications politiques classiques, représente en fait une synthèse (postmoderne, cela va de soi) de courants bien connus de cette attitude politique classique tout au long du XXème siècle. Il s’agit d’un recyclage massif de tout ce qui a échoué au XXème siècle, pris sous une autre forme, et donnant au capitalisme globalisé la clef d’accès à son rêve globaliste : c’est la victoire du marxisme (ou “marxisme culturel”) sur le capitalisme et la victoire du capitalisme sur le marxisme (ou “marxisme culturel”), – parce que, finalement, l’un est dans l’autre et inversement, puisqu’il s’agit finalement de la même chose, de la même nature, de la même ontologie-Système, puisqu’il s’agit enfin du Système lui-même...
« L’attitude dite-“wokeness” fait elle-même partie du capitalisme globaliste. La politique de gauche est parfaitement compatible avec les agendas des géants mondiaux de l'entreprise et les soutient. Les multinationales et les militants de gauche veulent les mêmes choses :
» • Le globalisme, – ou, en termes marxistes, l’“internationalisme”, – a toujours été un but de la gauche et il est devenu un but des entreprises multinationales. Les seconds élargissent leurs marchés et les premiers pensent qu'ils font avancer l'objectif marxiste du “Travailleurs du monde entier, unissez-vous !”.
» • Immigration sans restriction : Fournit une main-d'œuvre bon marché aux entreprises et donne aux gauchistes le sentiment d'être politiquement branchés et moralement supérieurs pour être des antiracistes qui accueillent tout le monde, –- quelle que soit leur race, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle, – y compris les membres de gangs mexicains qui vendent de la drogue et des enfants , – tout cela à la campagne, mais pas vraiment pour camper dans leur salon.
» • Le transgendrisme ou le polygendrisme, la pointe de la politique identitaire de gauche, est également bonne pour les affaires. Elle crée de nouveaux créneaux pour les produits d'entreprise, divise la main-d'œuvre et distrait les gauchistes par des arcanes et des absurdités quotidiennes.
» • Se débarrasser des nations, du genre stable, de la famille, de la culture occidentale et (pourquoi pas ?) du christianisme, – la marque du “progrès” gauchiste et de la politique d'avant-garde, – favorise également les objectifs corporatistes mondiaux, éliminant tout obstacle à la domination mondiale des entreprises. »Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”. Petite revue non limitative...
• La plus “pure et dure” de ces forces, parmi nos connaissances et nos fréquentations, est le siteWSWS.org de la IVème Internationale trotskiste, extrêmement bien documenté et très largement suivi et influent. Les trotskistes de WSWS.orgn’aiment pas qu’on leur rappelle que les neocons viennent du trotskisme, et de toutes les façons ils les considèrent comme des déviants pathologiques, des traîtres absolus servant d’avant-garde de l’impérialiste capitaliste et américaniste ; ils considèrent de toutes les façons qu’ils ont trahi le trotskisme. La fureur sinon la haine qu’ils entretiennent à l’encontre du gauchisme-sociétal, palpable dans la façon qu’ils dénoncent le mccarthysme des divers mouvements sociétaux type #MeToo et autres sphères de dénonciation du même type, est incommensurable. La défense furieuse qu’ils assurent du cas Julian Assange, victime expiatoire du Système et du gauchisme-sociétal et artisan d’un antiSystème héroïque, est caractéristique de cette position opposée complètement au néo-“marxisme culturel” complice de l’impérialisme.
• Il y a l’exemple du communisme chinois, qui reste politiquement intraitable à la tête polkitique de cette puissance. Même si la référence marxiste est chez lui purement ornementale, son développement effréné du capitalisme ne nous paraît nullement aller dans le sens du Système, et même au contraire, jusqu’à laisser se développer une finalité qui fait de cette puissance un adversaire potentiel à mort du capitalisme dans sa composante gauchiste-libérale. En Chine, la dimension sociétale caractérisant le gauchisme du Bloc-BAO est traitée par le mépris le plus complet. Nous laissons de côté toutes les tares de l’hypercapitalisme qu’on retrouve chez les Chinois (corruption, immenses fortunes des oligarques) parce que c’est l’inévitable conséquence du Système imposant à tous ses tares, parce qu’enfin il nous paraît probable que cette dimension ne parviendra pas à subvertir la direction communiste, à moins d’un effondrement qui se placerait nécessairement dans le cadre d’un phénomène global et catastrophique d’effondrement emportant tous les rangements actuels pour nous amener devant des perspectives inconnues balayant toutes les analyses et tous les constats présents.
• Le PC russe est un autre exemple de l’évolution d’un mouvement hérité du marxisme soviétique et qui s’est transformé en une force farouchement nationaliste et souverainiste.
... Cette revue de détail nécessairement partielle et non limitative ne signifie en aucune façon qu’il existe, ou que va se créer un front vraiment “marxiste” contre le gauchisme-sociétal qu’on a tendance à assimiler au “marxisme culturel” pour le marier encore plus aisément à l’hypercapitalisme. (Leur “marxisme culturel” est un “marxisme de spectacle”, comme il y a la “société de spectacle” de Debord.) Seule importe cette position d'opposition très diverse à la passion fusionnelle capitalisme-gauchisme-sociétal, comme un socle continuel de critique, de mise en évidence et de dénonciation du simulacre capitalisme-gauchisme-sociétal.
Cela veut dire que l’alliance fusionnelle entre les gauchistes-sociétaux, ou “progressistes-sociétaux”, et l’hypercapitalisme/néolibéralisme est totalement, absolument faussaire par rapport à ses prétentions in fine doctrinales, et qu’elle draine tout ce qu’il y a de pire dans la production du XXème siècle parmi les forces qui ont survécu aux terribles soubresauts de ce siècle. Elle est totalement dépendante du Système, à la fois, enfant et idiote utile du Système, et elle connaîtra nécessairement son sort. Elle est totalement de son temps catastrophique, et comme lui rangement pseudo-politique, faussaire et catastrophique, qui passera à la guillotine de la métahistoire.- Source : dedefensa
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LR : le dernier éteindra la lumière
LR n’a jamais voulu exclure Balkany, malgré tous ses déboires. En revanche, LR veut exclure Erik Tegnér car il est trop à l’écoute de l’électorat de droite. Erik Tegnér compte demander un recours.
Tandis qu’au niveau local certaines digues sont prêtes à céder entre des élus LR et d’autres du Rassemblement national, la direction veut poursuivre le suicide engagé par Chirac et faire savoir qu’aucune porosité ne sera tolérée entre les deux formations politiques. Aurélien Pradié, le nouveau secrétaire général de LR, indique :
«Erik Tegnér sera exclu d’ici la fin de l’année. Ce monsieur est le porte-parole de Marion Maréchal. Il n’habite pas chez nous, donc on va le soulager».
«On lui reproche d’avoir accepté un poste au sein du Rassemblement national, ce que l’on ne saurait tolérer chez LR».
Une information contestée par Erik Tegnér qui, «abasourdi» affirme «ne rien avoir reçu» pour l’heure et avoir appris la nouvelle dans les médias.
Je n’ai évidemment accepté aucun poste au Rassemblement national. On me reproche ma proximité avec une personne (Marion Maréchal) qui n’est pas élue et a indiqué qu’elle ne se présenterait pas en 2022. On ne peut pas m’exclure pour cela. Je déposerai un recours». «C’est une véritable chasse aux sorcières, la droite est censée défendre la liberté d’expression, et pourtant chez LR on sanctionne la liberté de penser».«En m’excluant, on adresse un message aux 57% des militants qui sont favorables à une union des droites»
Julien Aubert, député du Vaucluse, est défavorable à cette exclusion :
«Je suis défavorable à ce qu’on exclue des gens sur leurs idées». «On a aujourd’hui des gens favorables à une fusion avec La République en marche, et on ne les exclut pas pour autant. Il faut sanctionner les actes, pas les idées, et avoir la même rigueur pour tous».
Si LR veut purger, il va y avoir du boulot… Plusieurs élus LR militent pour une union des droites dans le Sud en vue des municipales à Béziers et Sète.
Henri Gas, responsable LR de cette circonscription, a envoyé un message pour prendre la température sur une éventuelle alliance avec le maire sortant Robert Ménard en vue des municipales de mars à Béziers.
« Chers amis, vu le contexte actuel, le moment est venu de se poser des questions et de prendre les bonnes décisions ».
Selon Henri Gas, 90 % des personnes interrogées « veulent qu’on rejoigne Ménard, la messe est dite ! ».
« Les Biterrois en ont assez des divisions et des querelles internes. Si l’on veut vraiment avancer, il vaut mieux être dans la majorité municipale que dans l’opposition. Et pour garder des territoires, on a tout intérêt à s’allier plus largement avec des gens qui ont des convictions de droite. »
Comme lui, plusieurs élus locaux LR sont favorables à un rapprochement avec Ménard. Un repas en ce sens avait été organisé avec des membres de l’UDI, du RN et des Républicains début octobre.
Ce rapprochement n’est pas du goût des Républicains, qui ont investi un candidat : Lewis Marchand, 35 ans, préféré à Henri Gas, qui avait demandé l’investiture, et à Antoine About, qui a décidé finalement d’y aller en solo. Des sanctions pourraient être prises contre les élus acceptant la main tendue de Robert Ménard. « Les Républicains n’existent plus à Béziers », balaye le maire de Béziers :
« Leur électorat vote pour nous, ils sont pour faire tomber les frontières. Et dans les autres municipalités, ils n’en pensent pas moins, seulement, ils n’ont pas le courage de le dire. »
Cette union des droites pourrait également aligner un candidat à Sète, dans le but de faire tomber le maire en poste François Commeinhes, ancien LR et désormais proche d’Emmanuel Macron. Ce candidat pourrait être Sébastien Pacull, président des Républicains de l’Hérault. En juin dernier, il militait déjà pour une ouverture plus à droite :
« Ça ne me dérange pas de parler à des gens qui sont ou ont été au RN pour voir ensuite ce qui peut se passer. Il faut en finir avec les complexes. »
Quand LR aura viré tous ces gens-là, il restera à éteindre la lumière et à jeter la clé.
https://www.lesalonbeige.fr/lr-le-dernier-eteindra-la-lumiere/
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Lettre ouverte à Didier Lallement, chien de garde du système néolibéral déguisé en préfet de police.
Philippe Bailly
Monsieur Lallement,
Il est des jours où la lumière apparaît, où la vérité ose se montrer, telle qu’elle est, sans fard.
Incontestablement la journée du 16 Novembre 2019 est à ranger dans cette catégorie.
À une dame se revendiquant « Gilet Jaune » vous avez, dans une morgue mal contenue, sèchement rétorqué « eh bien, nous ne sommes pas dans le même camp, Madame ».
Ce faisant, vous indiquez que, à vos yeux, et donc aux yeux du pouvoir, nous ne sommes plus dans une logique de lutte sociale ou de lutte des classes mais bel et bien dans une guerre plus ou moins larvée entre deux France qui se font face, deux France irréconciliables.
Dans cet élan de sincérité, probablement à votre corps défendant, vous ne faites, finalement, que dévoiler ce que nous subodorions déjà.
Quiconque dans ce pays a une once de sens politique comprend vite que l’actuel pouvoir est dans une pure logique de répression.
Vous le savez aussi car, en votre qualité de préfet de police, vous êtes à la tête du bras armé de ce pouvoir.
Vous exercez cette fonction avec zèle et surtout sans état d’âme.
Les cris des gilets jaunes éborgnés ou des manifestants aux mains arrachés, les arrestations arbitraires de syndicalistes ou de membres d’association ou de collectifs, les morts d’une femme qui a eu pour seul tort de fermer sa persienne au mauvais moment ou d’un jeune homme qui voulait prolonger un peu plus tard la fête de la musique sur les bords de la Loire, vous touchent la visière de la casquette sans faire bouger le bouton de votre caleçon.
Tout ces gens ne sont à vos yeux que des riens qui doivent subir dans le silence ou être sévèrement sanctionnés.
Fort de l’autorité que vous confère votre poste et du peu de cas que vous faite de la condition humaine des plus modestes, vous-vous en donnez à cœur-joie : des nassages et des gazages de foule, des tirs tendus de flash-ball, des milliers de gardes à vue qui conduisent fréquemment à de la prison pour de braves gens qui, à travers leurs manifestations, ne faisaient qu’alerter sur le drame social qui s’accentue en France, ne faisaient qu’accomplir un devoir somme toute citoyen en nous éclairant sur les injustices de ce pays.
Eclairer, alerter, accomplir un devoir citoyen sont des actes forts de démocratie.
Mais de cela, ni vous, ni ceux qui nous gouvernent n’en veulent.
Il suffit de voir, lorsque vous fûtes préfet de police en Gironde, les chaleureuses félicitations que vous avez prodigué aux force de l’ordre après qu’elles eurent tabassé un député, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un représentant élu du peuple souverain, pour comprendre à quel niveau d’importance vous situez la démocratie.
Vous vous présentez comme un rempart qui protège l’ordre.
Oui, vous êtes un rempart, je n’en disconviens pas.
Vous êtes le rempart qui protège un système économique où une infime minorité se gave au-delà de toute raison, au-delà même du vertigineux et au détriment de l’intérêts général.
Vous êtes le rempart qui protège les délocalisations sauvages et les licenciements boursier qui jettent des centaines de milliers de nos compatriotes dans la misère et la précarité.
Vous êtes le rempart qui protège le démantèlement systématiques de nos services publics dans l’optique à peine voilée de leur privatisation.
Vous êtes le rempart qui protège toutes les dérégulations qui font qu’actuellement, à un rythme quasi quotidien, des salariés du privés et du public, des agriculteurs, des petits artisans, des chômeurs indemnisés ou non, sombrent dans un tel désespoir qu’ils mettent fin à leur jour.
Vous êtes le rempart qui protège la casse du droit du travail qui ubérise notre société et fait que, chaque année, plus de 500 salariés perdent leur vie accidentellement en essayant de la gagner. Vous êtes le rempart qui protège la fraude fiscale des milliardaires, les spéculations boursières les plus obscures et la corruption d’une partie de notre élite politique qui place l’intérêt général à niveau proche du néant.
Vous êtes le rempart qui protège les conflits d’intérêts et les marchés truqués toujours aux profits des mêmes.
Vous êtes le rempart qui protège celles et ceux qui jettent à la vindicte populaire, le noir, le musulman, le migrant ou tout autre bouc-émissaire commode.
Avec un tel pedigree on en arrive presque à se dire que si vous aviez vécu à des périodes plus sombres de notre histoire vous auriez été un monstre.
Mais, ayant le sens de la mesure et de l’honnêteté de ce peuple que vous méprisez tant, je nous ferai pas ce procès d’intention.
Monsieur Lallement, en ce 16 novembre, vous avez, d’un pas guilleret, foulé les tous premiers mètres du sentier, certes encore très long, qui mène à cette guerre civile dont personne, ou presque, ne veut.
Grand bien vous fasse.
Laissez moi cependant vous dire que parfois, ce sont les communards qui gagnent la semaine sanglante, et ce, plus souvent que vous ne le pensez.“Lien permanent Catégories : actualité, France et politique française, insécurité, lobby 1 commentaire -
Jacques Villemain : "Oui, des crimes de guerre, contre l'humanité, et de génocide ont été commis en Vendée"
Au coeur du salon du livre de la Durbelière, Thomas Cauchebrais a reçu le diplomate et juriste Jacques Villemain, qui a mis un point final à la controverse de génocide en Vendée par son ouvrage monumental, "Vendée, 1793-1794" paru en 2017 aux éditions du Cerf. Jacques Villemain a travaillé pendant plusieurs années sur les questions de justice et de droit pénal international. Haut-fonctionnaire du Quai d'Orsay en poste à la Haye auprès des tribunaux pénaux internationaux et de la Cour pénale internationale, grâce à son expertise dans les génocides rwandais ou d'ex-Yougoslavie, il a abordé de manière nouvelle ce qui s'est passé en Vendée en 1793 et 1794.