Le terme « ensauvagement » est controversé. Il dérange les bien-pensants, dont notre nouvel apprenti ministre de la Justice, encore tout émoustillé par sa nomination inattendue qui l’a amené à renier sa parole publique de ne jamais accepter ce poste ministériel. Le mot ne date, pourtant, pas de la multiplication récente des actes exutoires de barbarie perpétrés par des factions de frustrés et d’illuminés sur des innocents et des monuments.
En 2005, la philosophe et politologue Thérèse Delpech (1948-2012) signait, avec L’Ensauvagement – le retour de la barbarie au XXIe siècle, un essai lucide et prospectif, à l’horizon 2025, qui se révèle prophétique. Traitant de l’ensauvagement des relations internationales depuis 1905 et de ses débordements dans les sociétés – on y est –, il pose en filigrane la question, plus que jamais d’actualité, de savoir quelles idées méritent encore que nos « sociétés post-héroïques » prennent des risques pour les défendre.