Comment éviter la faillite des entrepreneurs ?
En bon élève des Jésuites, je vais répondre par une autre question : qu’est ce qu’un entrepreneur, et là, la réponse est toute simple. C’est quelqu’un qui, dans un monde où tout le monde veut de la certitude, accepte de vivre dans l’incertitude la plus totale. Tout ce qu’il doit payer est certain – salaires, charges sociales, coût de l’énergie et des fournitures, impôts – et tout ce qu’il va toucher est incertain – ses ventes, en particulier, qui dépendent du bon vouloir de ses clients. La différence entre ses coûts certains et ses recettes incertaines s’appelle soit un profit soit une perte. Dans le cas de profits, l’État qui n’a pris aucun risque lui en prend une partie alors que, dans le cas de pertes, il doit tout seul remettre au pot. À l’évidence, en tout cas en France, l’entrepreneur est un masochiste qui prend tous les risques que la communauté ne veut pas prendre et qui se retrouve avec une marge brute d’exploitation qui est la moitié de ce qu’elle est en Grande-Bretagne ou en Allemagne, ce qui amène les entrepreneurs français à aller s’installer ailleurs. En 2001, quand je suis arrivé à Hong Kong, il y avait cinq mille Français et quand j’ai été m’inscrire au consulat, le consul m’a dit que jamais un entrepreneur français ne s’inscrivait tant il était effrayé d’avoir un contrôle fiscal en France. Deux ans après, d’ailleurs, j’en avais un. De façon générale, tous les entrepreneurs français considèrent que l’État et les administrations sont leurs ennemis et ils ont bien raison. Aujourd’hui, il y a 25.000 Français à Hong Kong, plus qu’il n’y a de Britanniques, la grande majorité étant des entrepreneurs, et la même chose se passe à New York, à Londres, à Miami, à San Francisco, à Moscou. Partout où je vais, je rencontre des Gaulois. La spécialité des élites françaises a toujours été de virer ses élites en commençant par les protestants sous Louis XIV, en suivant avec la Révolution où intellectuels et hommes d’affaires furent massacrés et les universités fermées, en continuant avec le personnel éducatif sous la Troisième République parce que catholique, en continuant avec les Juifs en 1940 et maintenant en condamnant à l’exil tous ceux qui ne veulent pas être fonctionnaires. Ce qu’il faut faire est pourtant tout simple et fort bien compris par Pompidou, qui disait à ses ministres : « Mais cessez d’emmerder les Français. » Que voilà un beau programme politique pour celui qui devra redresser la France dans les années qui viennent !
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