De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
anti-national - Page 494
-
La répression ne calmera pas la colère
-
Le coût de la crise : et si on ne s’en remettait pas ?
Pendant qu’on spécule sur les itinéraires des manifestations de gilets jaunes et qu’on suppute sur les manipulations de l’opinion et la provocation de certains candidats au martyre, la nation fait ses comptes. Et dans un État en faillite, l’économie du commerçant et de l’artisan moyen pourrait bien ne pas se relever de la crise qui s’éternise.
Les chiffres tombent. Ils sont plus qu’alarmants. En huit semaines, l’activité économique du pays en a pris un grand coup dans le buffet, si je puis m’autoriser l’expression. On estime, en ce lundi 7 janvier, que « plus de quatre millions d’heures de travail ont été perdues depuis le début du mouvement des “gilets jaunes” », dit-on au ministère du Travail.
Je sais bien qu’évoquer cette source la rend d’emblée suspecte pour certains, mais je pense qu’on est proche de la vérité. Ainsi, 58.000 personnes sont actuellement et très officiellement en chômage partiel, lequel est très souvent l’antichambre du chômage total. Dans ce dispositif qui permet aux entreprises de suspendre ou réduire l’activité de leurs salariés, l’État – c’est-à-dire vous et moi, il faut le rappeler avec insistance – prend en charge une partie du salaire. Le salarié, lui, ne touche que 70 % de sa rémunération habituelle.
Faut-il préciser que les salariés actuellement dans cette situation ne sont pas les plus aisés ?
Ainsi en est-il, par exemple, des chauffeurs routiers. La Fédération nationale des transports routiers estimait, la semaine passée, que sa perte d’exploitation dépassait les deux milliards d’euros. Nombre d’entreprises dont les camions ont été bloqués et empêchés d’effectuer leurs livraisons sont au bord du dépôt de bilan.
Idem pour de nombreux commerçants et artisans dont le chiffre d’affaires de décembre s’est envolé en fumée au milieu des manifs.
Selon la Banque de France – autre source qu’on jugera évidemment suspecte –, « tout compris, la facture pour cinq semaines de mouvement des “gilets jaunes” s’élèverait déjà à 4,4 milliards d’euros ». On en est à huit semaines et ce n’est pas fini…
À la crise intérieure s’ajoute l’image désastreuse d’un pays secoué par les dépressions saisonnières. On l’a déjà oublié sans doute, mais la grève perlée qui a touché la SNCF durant trois mois, au printemps 2018, a coûté 790 millions d’euros à l’entreprise. Celle d’Air France, d’une durée de quinze jours, a crevé le plafond des 400 millions. Pour ceux-là, employés du rail ou rois du ciel que l’État – c’est-à-dire nous, une fois encore – perfuse et entretient, d’autres, infiniment plus nombreux, n’ont que leurs propres forces pour se maintenir à flot. Le véritable poumon économique du pays, ce sont les PME et les TPE. Les petites et très petites entreprises. Celles, naissantes, où le « salaud de patron » ne dégage même pas assez pour se verser un salaire et n’a pourtant d’autre solution que de se retrousser les manches pour survivre. Ce sont tous ceux-là qui vont crever.
La faute aux gilets jaunes ? Non, bien sûr. La faute à un système à bout de souffle où – désolée de le dire, mais Macron avait raison – on balance « un pognon de dingue » dans la nature pour aucun résultat.
À quoi, à qui sert-il, ce pognon ? Où va-t-il ?
Seule certitude : ce n’est pas en privant les smicards de leur boulot et en gonflant les rangs des chômeurs qu’on va régler le problème.
http://www.bvoltaire.fr/le-cout-de-la-crise-et-si-on-ne-sen-remettait-pas/
-
Vandalisme, violences, voyoucratie
On faisait état, ce 8 janvier, venant après l’effondrement du mois précédent, d'une légère remontée de la popularité du chef de l'État, et plus encore, de celle du chef de gouvernement dans les sondages d'opinion.[1]Emmanuel Macron gagnerait ainsi 5 points et Édouard Philippe 7 points.
Il faut, selon toute vraisemblance, attribuer cette double embellie, et aussi la préférence inhabituelle pour le Premier ministre, au désir d'un véritable retour à l'ordre public. Elle reflète en fait la lassitude face aux violences.
Celles-ci ont été largement commises au nom, ou plutôt aux marges, d'un mouvement de protestation, initialement populaire. Mais on doit bien se représenter que les forces du désordre ne se limitent ni aux gilets jaunes, ni même aux black blocs. Les incendies rituels de voitures pendant la nuit de la Saint-Sylvestre ont commencé il y a quelque 20 ans dans les quartiers islamisés de la banlieue de Strasbourg. Ils ont essaimé, depuis, d'année en année, sur l'ensemble des grosses agglomérations de l'Hexagone. Le phénomène dépasse désormais les 1 000 départs de feu recensés. On en dissimule de plus en plus le chiffrage qui avoisine probablement celui de 1 200 cette année.
Nous ne nous trouvons pas en présence de violences marginales mais d'un vandalisme volontaire, systématique, largement communautaire. Et le nihilisme destructeur des casseurs choque de plus en plus nos concitoyens, qui n'entendent pas se soumettre au bon vouloir de la voyoucratie.
De son côté, le pouvoir actuel se sait démonétisé, déstabilisé, divisé. Ses revirements ridicules sur la taxe d'habitation l'ont encore montré incapable de tenir sur une ligne d'action constante, cohérente et positive. Il se réclame donc maintenant de la lutte contre le désordre.
On ne cherchera même pas à rappeler ici en détail la manière dont il a été élu. Ni la destruction concertée de la candidature Fillon, dont les propositions dérangeaient les intérêts des grands habiles, ni les promesses de réformes d'un candidat, lui-même inventé de toutes pièces, ne doivent cependant être oubliées.
Une impressionnante statistique fait état de 5 339 gardes à vue de manifestants appréhendés entre le 17 novembre et le 5 janvier, qui pourront être fichés comme émeutiers. Les interpellations ont connu un pic enregistré le 8 décembre, 2 000 dans toute la France – dont la moitié à Paris. Sur le nombre, 815 ont été jugés et 152 incarcérés sur l'ensemble du pays. Environ 900 personnes ont fait l'objet de convocations ultérieures, tel Éric Duret qui doit comparaître en février pour port d'arme et organisation d'une manifestation non déclaré.
La masse de procédures qui en résulte submerge en ce moment des institutions judiciaires pauvres en moyens matériels. La magistrature syndiquée s'emploie de son côté à saboter le rétablissement de l'ordre public. Elle s'appuie dans cette manœuvre instinctive surtout une armada de commentateurs, d'inspecteurs administratifs des travaux finis, de donneurs de leçons, et de brillants sophistes. Aux yeux de ces gens, les policiers représentent la méchanceté intrinsèque d'une société inégalitaire par essence. Au contraire les pillards, les briseurs de vitrines bénéficient d'une indulgence systématique, eu égard à leurs enfances malheureuses, aux manques de soins, à la maltraitance, que sais-je encore.
L'un des arguments servis en boucle, dans ce pseudo-débat, invoque à l'envi un sacro-saint droit de manifester. Précisons quand même qu'un tel principe n'existe pas en droit et n’est pas mentionné dans la Constitution.
Il ne saurait être assimilé à la liberté d'expression. Or, on entend même invoquer la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789. On gagnerait à se souvenir de la rédaction même de ce texte de référence plus rhétorique que concrète. Elle proclame en effet, dans son article 4 que "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui" et elle précise : "article 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi." Et "article 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi."
Le droit de bloquer la circulation et, encore moins celui de saccager, ne sont évidemment pas prévus dans la législation positive. Celle-ci permet certes de se rassembler librement mais elle soumet l'organisation d'un défilé à une déclaration préalable des responsables de la manifestation. Aujourd'hui certains ministres communiquent sur leur adhésion à une proposition de loi de Bruno Retailleau. Celle-ci a été adoptée par la droite majoritaire au Sénat. Elle tend à renforcer ces obligations et à mieux définir et sanctionner les désordres. Rien ne devrait s'y opposer. Mais la mission du pouvoir exécutif, celle d'appliquer les lois existantes, s'est depuis deux mois soldée par un échec. Les Français ne devraient pas l'oublier, sauf à témoigner une fois de plus de leur mémoire courte.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio.
https://www.insolent.fr/2019/01/vandalisme-violences-voyoucratie.html
-
Médias traditionnels contre réseaux sociaux : une guerre de l’information ?
Découvrez cet entretien avec Jean-Gabriel Ganascia, professeur d’informatique à l’université Pierre et Marie Curie, et président du comité d’éthique du CNRS.
Il réagit à la décision du CSA d’examiner la couverture médiatique des manifestations des Gilets jaunes.
https://fr.novopress.info/213140/medias-traditionnels-contre-reseaux-sociaux-une-guerre-de-linformation/
-
Gilets jaunes armés
-
Quand Macron évoquait la force illégitime de l’Etat et défendait un voyou contre les policiers
Cette archive sur le compte facebook d’Emmanuel Macron, où il dénonçait les violence policières et défendait la crapule Théo, tombe bien mal :
Les violences policières qui ont eu cours il y a deux jours à Aulnay-sous-Bois nous rappellent à cette exigence absolue. Les enquêtes en cours diront précisément comment il faut qualifier juridiquement ces faits. Mais comment ne pas être choqué par ce qui est arrivé à Théo ?
Parce qu’à Aulnay, c’est la force illégitime de l’Etat qui a eu cours et la dignité d’un jeune garçon, d’une famille et d’un quartier, qui a été mise en cause.
Je tiens à rendre hommage à Théo et à son entourage. Alors que tout semble les pousser vers la haine et la révolte, ils font preuve d’un formidable sang-froid. Depuis plusieurs jours, ce sont eux qui incarnent la responsabilité. Ce sont eux qui refusent l’escalade de la violence. Ce sont eux qui en appellent à la patience et à la confiance dans nos institutions. Ils sont habités par un grand esprit de responsabilité. Je leur souhaite un retour à la vie normale le plus rapide possible.
-
Emmanuel Macron, premier des pyromanes, par Ivan Rioufol
Dans une France inflammable, il est irresponsable de jouer avec les allumettes. Or c’est ce que fait Emmanuel Macron depuis le 17 novembre 2018, date de la première manifestation des Gilets jaunes. Le crescendo dans la violence est attisé par un pouvoir incapable de se résoudre à l’apaisement et à la bienveillance, ces mots portés naguère par la macronie. Il est évidemment choquant d’avoir vu, samedi à Paris lors d’une énième manifestation, un gendarme pris à partie par un boxeur. La porte d’entrée du porte-parolat du gouvernement, laissé sans protection policière, a également été enfoncée par un porte-palette. Benjamin Griveaux a fui par une porte dérobée. C’est lui qui, le 4 janvier, avait promis : “Nous allons aller plus loin dans le changement, être plus radicaux. Peut-être avons-nous trop composé avec certains conservatismes. Nous allons changer cela“. C’est Griveaux qui avait également qualifié les Gilets Jaunes d’”agitateurs” accusés de vouloir “renverser le gouvernement”. Mais à quoi rime d’agiter le chiffon rouge ? Le chef de l’Etat est le premier des pyromanes.
Dans ses vœux du 31 décembre, il ne s’est pas contenté d’associer les Gilets jaunes à “une foule haineuse“. Macron a aussi assuré que cette France enracinée s’en prenait “aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels“, dans un amalgame qu’il interdit quand il s’agit de juger les dérapages des minorités protégées. Ce choix de la rupture avec son peuple est une stratégie démente. L’observateur ne compte plus les insultes présidentielles contre “ceux qui ne sont rien” ou la “lèpre qui monte”. Les blessures narcissiques de Macron ne l’autorisent pas à ces montées aux extrêmes. Les Français révoltés ne sont sans doute pas toujours adroits ni délicats. Mais ce ne sont pas des brigands, ni des canailles, ni des sous-hommes.
Ce lundi, Gérald Darmanin a concédé sur RTL qu’il fallait “distinguer” entre les Gilets jaunes et les ultra-violents. A la bonne heure ! C’est ce ministre qui avait dit il y a peu avoir vu “la peste brune” dans des mobilisations sur les Champs-Elysées. Bruno le Maire avait parlé, lui, de “dérives homophobes et racistes“. Dès dimanche, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, avait tempéré : “On fait très clairement la distinction entre ceux qui manifestent de façon légale et ceux qui se sont engouffrés dans la brèche des désordres”. Faut-il voir dans ces tardives réflexions de bon sens l’aveu de l’échec de la diabolisation des Gilets jaunes ? Il est en tout cas navrant d’avoir assisté, durant près de deux mois, au naufrage d’un pouvoir à ce point incapable d’entendre la voix du peuple d’en bas. Celui-ci ne pardonnera pas avant longtemps d’avoir été si injustement assigné à un rôle d’abruti ou de fasciste.
Ce terrorisme intellectuel à front de taureau, relayé par des commentateurs réduits à insulter des malheureux, restera une tache sur une macronie qui se prétendait exemplaire. Il est à craindre que cette caste désormais assiégée ne poursuive dans sa fuite en avant suicidaire, en gardant ses œillères. Il y a une incohérence à inviter les Français à participer désormais au “grand débat”, tout en laissant comprendre que le président n’en fera encore qu’à sa guise. A l’issue du conseil des ministres de la rentrée, vendredi, Macron a fait savoir qu’il entendait aller “plus loin, plus vite, plus fort, plus radicalement dans les changements”. Plus loin, plus vite, plus fort, plus radicalement : le désir mimétique, décrit par René Girard, va-t-il poursuivre son terrible engrenage ?
Ivan Rioufol
Texte daté du 7 janvier 2019 et repris du blog d’Ivan Rioufol
-
Le mythe de la Cinquième – La République sans la Révolution ? En finir avec l’idéologie républicaine
Lu ici :
C’est un précepte évangélique que l’on reconnaît un arbre à ses fruits. Nos républicains sincèrement amoureux de la France devraient en prendre graine, car il n’est pas certain que leur position fasse montre d’une cohérence à toute épreuve. La République a plus d’un siècle maintenant, et un retour sur expérience est non seulement possible, mais sans doute bienvenu. Or, que montre un simple regard rapide ? Deux guerres mondiales, dont la première a connu une paix boiteuse, et dont la seconde a été perdue en trois semaines ; une décolonisation bâclée et entachée de crimes, dont nous payons encore aujourd’hui les conséquences en ce qui concerne l’Algérie et l’Afrique noire ; un large mensonge sur les « conquêtes sociales », dont les plus significatives ont été le fait des catholiques sociaux antirépublicains au XIXe siècle, avant l’avènement de la République, et contre la gauche, qui craignait que cela fasse mentir son dogme de la lutte des classes ; une pérennisation de la division des Français par l’anticléricalisme ; une contradiction mortelle entre la prétention de maintenir une morale chrétienne et l’effort constant pour détruire la religion qui la justifiait ; enfin, une double soumission, après 1945, au pouvoir américain et à l’idéologie marxiste, qui a conduit à faire de la France la couveuse de beaucoup des grands criminels du XXe siècle, de Hô Chi Minh à Khomeiny – et rappelons que le Parti communiste chinois a été fondé dans la Concession Française de Shanghaï. Sur le plan institutionnel, cinq républiques en cent cinquante ans, pour une monarchie en huit cents ans ; sur le plan international, le passage du premier rang parmi les pays, disputé avec l’Angleterre, au cinquième ou sixième. La République a dilapidé en quelques décennies le patient acquis de la Monarchie. Si l’on est honnête, il n’y a franchement pas de quoi pavoiser !
Oui, mais voilà, nous avons la Cinquième, la République gaullienne avec ses institutions stables et solides, des institutions à toute épreuve, aptes à répondre à toutes les crises.
Parlons-en. On peut faire remarquer tout d’abord aux chantres de la Cinquième que, née de la crise algérienne qui a emporté la Quatrième, elle-même n’a été confrontée jusqu’ici qu’à une crise majeure, mai 68, alors qu’elle n’avait que dix ans d’âge et que son fondateur était toujours au pouvoir. La preuve de sa solidité est donc mince.
Quant à sa stabilité, rappelons que la Constitution a connu depuis 1958 une vingtaine de modifications : les lois fondamentales de la Monarchie étaient autrement plus stables. A ceci, on répond communément que la plupart des modifications sont dues à l’intégration européenne, et c’est vrai, et que cette intégration a été initiée sous la Quatrième, et c’est encore vrai. Mais si la stabilité des institutions républicaines est incompatible avec l’Union Européenne, il ne fallait pas entrer dans l’Union, ou plutôt, puisque c’était fait, en sortir ; si on accepte cette Union en perpétuelle construction, on accepte le principe d’une instabilité chronique de la constitution. Or, si la constitution définit les institutions, son instabilité rend celles-ci instables, et la République avec elle.
Qui plus est, le passage du septennat au quinquennat, pour le mandat du Président, n’a pas été, que l’on sache, commandé par l’Union Européenne.
De surcroît, l’instabilité institutionnelle s’est toujours doublée d’une forte instabilité juridique : la République, de quelque numéro qu’elle soit, a toujours été en insurrection permanente contre sa propre légalité, et elle ne peut pas ne pas l’être étant donné qu’elle repose sur un principe révolutionnaire, c’est-à-dire un principe de changement permanent. Or, qu’on n’aille pas nous dire qu’il en va autrement avec la Cinquième : sa constitution l’inscrit ouvertement dans l’héritage de 1789. Il arrive un temps où il faut assumer ses choix : 89, ou la stabilité, mais on ne peut pas avoir l’un sans l’autre.
Tout ceci n’a pas échappé au regard des plus sagaces, ou des moins prévenus. Mais on entend souvent dire alors que la Cinquième souffre du fait qu’elle a été faite sur mesure pour le général de Gaulle. A la bonne heure ! Imagine-t-on une Monarchie taillée, telle une cotte de mailles, pour le seul Louis XIV, ou pour son aïeul saint Louis ? Un régime serait donc fait pour une personne ? Si telle a été la pensée de de Gaulle, c’est assurément la plus grande injure qu’il ait faite aux Français. Nous laissons les historiens éclaircir ce point.
Mais cette histoire de République couturière va loin, car ne faut-il pas voir l’origine du mythe de la stabilité de la Cinquième dans le fait qu’elle a survécu… à son fondateur ?! Quel exploit en vérité, quelle gloire pour des institutions que de perdurer plus que dix ou quinze ans ! Le père Ubu n’est pas loin.
Il ne faut pas oublier, enfin, que, sur un plan politique et social, la Cinquième, c’est celle qui a vu la plongée à vitesse accélérée de la France dans le matérialisme le plus effréné – c’était l’heure du Concorde. Le terrain était préparé, certes, l’emprise de la société de consommation à l’américaine a joué pleinement, c’est vrai. Mais à tout le moins faut-il constater que la Cinquième a été impuissante à s’y opposer, si elle ne l’a pas encouragée positivement. Et le grand homme lui-même, pourtant adversaire farouche des américains, qu’a-t-il fait, sinon assimiler le progrès à la machine à laver et au frigidaire, et l’ordre au fait de ne pas bambocher et de se tenir bien à table ? Quelle grandeur en effet, quelle hauteur de vue !
De manière plus grave encore, peut-être, de Gaulle et la Cinquième, c’est le maintien du pouvoir communiste sur les esprits, à travers le monde de l’éducation et de l’édition. On pourra une nouvelle fois trouver des excuses : cette fois, c’était l’URSS qui était puissante…
De quelque manière qu’on l’envisage, cette « monarchie républicaine » n’est en réalité qu’une République monarchique, c’est-à-dire un régime qui concentre, et de plus en plus, le pouvoir entre les mains du Président, avec charge à lui de prendre en main la Révolution. La Cinquième République, c’est la Révolution par le monarque – quand la Troisième, c’était la Révolution par le Parlement, comme à la belle époque, la guillotine sur la place publique en moins ; les autres ne comptent pas.
En définitive, la Cinquième est bien l’achèvement de l’idée républicaine : c’est la Révolution installée dans les dorures des palais. Son triomphe.
Peut-on être amoureux de la France et être républicain ? Oui, si l’on ne sait pas ce que l’on dit, d’un côté ou de l’autre. Ou, ce qui revient au même, si l’on confond, une fois de plus, le réel avec une idée. Comme le dit si bien de nos jours un certain locataire, « on ne bâtit rien sur des mensonges. » Sur des illusions non plus.
-
Femmes Gilets jaunes : «On manifeste pour le logement, les mères isolées, les femmes précaires»
Au lendemain de l’ Acte 8 du mouvement, des centaines de femmes Gilets Jaunes ont décidé de manifester aux quatre coins de la France.
Sophie Tissier, 40 ans, « mère isolée de deux enfants », explique ainsi au mégaphone être au RSA depuis deux ans et demi :
C’est très difficile pour nous d’être mises en lumière dans la société en tant que femmes. Or nous sommes plus pacifiques que les hommes et on veut mobiliser de façon pacifique. (…) On est très nombreuses dans les manifestations, sur les ronds-points, car on est plus touchées par le travail précaire.
Les slogans visaient principalement le président de la République : « Macron démission », « Macron, t’es foutu, les gonzesses sont dans la rue » ou encore « Macron, si tu ne viens pas, c’est nous qui venons chez toi ».
« Le gouvernement veut nous faire passer pour des casseurs, mais aujourd’hui nous sommes des mères, des grands-mères, nous sommes les filles, les sœurs de tous les citoyens, et nous voulons dire que (…) notre colère est légitime. C’est lors des crises sociales que les droits des femmes sont le plus en danger », a déclaré pour sa part, la manifestante Chloé Tessier.
-
Près de Toulouse, deux gardiens de prison fichés « S » sont soupçonnés de radicalisme islamiste
Deux surveillants de la maison d’Arrêt de Seysses, près de Toulouse, et de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Lavaur (Tarn) embarrassent l’administration pénitentiaire.
L’affaire fait plus qu’embarrasser l’administration pénitentiaire. Selon les informations de Mediacités, deux gardiens de prison, l’un travaillant à la maison d’Arrêt de Seysses (Haute-Garonne), l’autre à l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Lavaur (Tarn), sont suspectés de radicalisation islamiste. Les deux surveillants font l’objet d’un suivi étroit par la Sous-Direction Anti-Terroriste de la Direction Nationale de la Police Judiciaire, en lien avec la section anti-terroriste du Tribunal de Grande Instance de Paris, qui a une compétence nationale.
Ces deux gardiens de prison sont non seulement fichés « S » mais inscrits au Fichier de traitement des Signalements pour la Prévention de la Radicalisation à caractère Terroriste (FSPRT), bien plus sélectif