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anti-national - Page 495

  • Point de vue : Le grand débat peut-il permettre une sortie de crise ?

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    Au moment où les débats se multiplient sur le territoire, le sociologue et philosophe Bruno Latour* salue cette chance d’amorcer ensemble la transition de nos modes de vie. Mais il insiste sur la nécessité de décrire, au préalable et avec précision, tout ce dont nous dépendons au quotidien, à l’instar des Français en 1789.

    Bruno Latour : Le grand débat une occasion qu’il serait idiot de ne pas saisir. Mais pour que cette consultation contribue à refonder notre vie politique, il faut éviter d’en faire un super-sondage ou une boîte à idées. Car dans les deux cas, on part d’une idée fausse : les Français connaissent la situation dans laquelle ils se trouvent. La réalité est tout inverse : quarante ans de néolibéralisme et de mondialisation nous ont rendus incapables de savoir de quoi et de qui nous dépendons au quotidien. Nous ne percevons plus qu’une toute petite partie de la chaîne de dépendances dans laquelle s’inscrivent nos existences. En ce sens, il s’agit bien, comme à la veille de la Révolution française mais différemment, d’une crise de subsistance. Les Français ne meurent plus de faim mais ils échouent à saisir ce qui leur permet de subsister.

    Autre particularité du moment, cette ignorance n’est pas propre au peuple, elle est même aujourd’hui la chose la mieux partagée. Au sommet de l’État comme dans le monde des experts, per- sonne ne sait quelles réformes mener face à la gravité de la situation climatique. Là réside le vertige de notre époque. Cela peut devenir une chance si, au lieu de nous exprimer sur le mode « moi, je pense que », nous acceptons de répondre d’abord à cette question : de quoi dépendons-nous pour subsister ?

    En quoi notre appartenance à un territoire est-elle devenue centrale ?

    L’histoire du Brexit en est l’illustration parfaite. Il a fallu deux ans pour que ceux qui l’ont voté pour des raisons d’identité et ce qu’ils pensaient être un positionnement politique prennent conscience de leur appartenance réelle à l’Europe. Ils ont compris que les. droits sociaux garantis par l’Union étaientplus protecteurs que ceux promis par le parti pro-Brexit. En fait, ils ont compris que leur territoire, c’est-à-dire l’ensemble de leursonditions réelles de subsistance, était européen. Cette histoire en somme confirme à quel point nous sommes aujourd’hui coupés de nos véritables dépendances, et donc de nos véritables intérêts.

    Pour les connaître, il faut donc effectuer un travail qui consisteà lister ce qui nous permet de subsister, ce dont on dépend etce qu’on veut protéger, avec et contre d’autres. Et cette enquête est d’autant plus difficile que la crise environnementale implique d’inclure désormais dans cette liste l’état des sols, le climat... C’est une tâche ardue, voire douloureuse. Mais c’est l’équipement minimal dont nous avons besoin pour débattre réellement : la description de nos conditions de subsistance. Et le prix pour retrouver enfin une parole politique.

    Les gilets jaunes ne représentent-ils pas une prise de parole politique 

    Il faut mesurer combien la dépolitisation dans notre pays est ancienne, et à présent presque complète. Qu’est-ce qu’une parole politique ? Un essai de composer entre des intérêts divergents. Ce qui suppose une adresse d’une personne à une autre et implique la contradiction. Par définition, la parole politique n’est pas anonyme, elle ne se résume pas à un clic. Pour prendre conscience de sa quasi-disparition, il suit de s’interroger : quand avons-nous parlé de politique avec des per- sonnes dont les opinions sont contraires aux nôtres ? En général, nous peinons à trouver une date...

    Dans ce contexte, que représente le mouvement des gilets jaunes? L’impasse dans laquelle nous nous trouvons, qui consiste à appeler à un changement de régime sans connaître précisément nos dépendances.  La généralité comme l’errance des revendications le montrent chaque jour : la in du capitalisme pour les uns, la sauvegarde de la planète pour les autres, en passant par la fin des impôts ou le mot d’ordre « Macron démission »... À défaut de politique, ces plaintes produisent une sorte d’hystérie autour de la transformation totale du système, amplifiée bien sûr par les réseaux sociaux. En exprimant leur opinion sur le Web, certains croient ainsi faire de la politique alors qu’ils s’adressent, de manière anonyme, à la cantonade. Pire, ils pensent trouver là un lieu d’expression, libre et sans médiation, alors qu’une simple modification de l’algorithme de Facebook peut changer les cohésions des groupes. En 1789, le notable le plus borné ne possédait pas ce pouvoir de modifier l’opinion de millions de Français !

    Pour renouer avec la politique, vous avez proposé, bienavant cette crise, l’écriture de nouveaux cahiers de doléances. En quoi permettraient-ils une autre forme de débat national ?

    En1789, dans 60 000 cahiers de doléances, les Français ont décrit tout ce qu’ils subissaient au quotidien et ont proposé des remèdes à ces multiples jougs. C’est d’ailleurs par cet effort de description que la nation a pris conscience d’elle-même. Les Français de la fin du XVIIIe siècle ont mis six mois à effectuer cette tâche, sans Internet et parfois même sans la maîtrise de la langue écrite. Passer de l’expression de plaintes et d’opinions à une telle description, c’est l’exercice que nous avons proposé lors de différents ateliers en France : « Arrêtez de nous parler du capitalisme, de l’État, et parlez-nous de ce que vous vivez, dites-nous de qui vous dépendez pour votre subsistance, sur qui vous pouvez compter... » À chaque fois, nous avons été saisis par la rapidité avec laquelle évolue une assemblée réunie de manière artificielle dès qu’elle se plie à cet exercice.

    Très vite, des alliés et des ennemis se découvrent, se disputent, des alliances se créent. Si l’expérience se poursuivait à l’échelle nationale, des groupes se forme- raient autour d’un même enjeu, comme le maintien des liaisons ferroviaires par exemple. Peu à peu, ils réuniraient des personnes situées dans des départements voire des pays différents et sou- mettraient des propositions aux représentants de l’État pour qu’ils les mettent en œuvre. Et progressivement, c’est toute une société civile qui se mettrait à nouveau à faire de la politique et inventerait, en tâtonnant, la transition vers un autre mode vie.

    (*) Bruno Latour est sociologue et philosophe

    Recueilli par Béatrice Bouniol  pour La Croix 25/01/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/01/25/le-grand-debat-peut-il-permettre-une-sortie-de-crise-6123584.html

  • Acte 11 des Gilets jaunes : Eric Drouet réagit à la blessure de Jérôme Rodrigues

  • Acte 11 : les Gilets jaunes poursuivent leur mobilisation, d'autres videos

  • Des gilets jaunes veulent lancer la première "nuit jaune" ce samedi

    Capture.pngL'un des groupes de protestataires les plus suivis a en effet appelé à une "nuit jaune" à partir de samedi. Et la nuit tombera tôt : rendez-vous est fixé Place de la République, à Paris, dès 14 heures.
    L'initiative rappelle la "Nuit debout", qui s'était installée sur les mêmes lieux, car les organisateurs souhaitent qu'elle s'installe dans la durée.
    Si c'est un certain Thierry Paul Valette qui s'est chargé d'écrire le texte pour l'événement Facebook dédié, l'idée est placée sous l'étendard du "Rassemblement des gilets jaunes citoyens".
    On lit ainsi: 
    "Nous resterons présents toutes les nuits à partir de samedi. Nous maintiendrons ces nuits au moins jusqu'à la fin du Grand Débat. La place de la République sera notre Rond-point géant."
    Ces "nuits jaunes", que l'organisateur promet "pas violentes ni menaçantes" mais "citoyennes et pacifistes", ont pour but de dénoncer "le caractère violent et antidémocratique" de la "répression" dont les autorités se rendraient coupables à l'égard des gilets jaunes.
    [...]
    En savoir plus sur bfmtv.com
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  • La 13ème Marche pour la vie a eu lieu dimanche, en attendant de nouvelles mobilisations contre la PMA

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    FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    La Marche pour la vie est une manifestation annuelle organisée à Paris afin de protester contre l’avortement. Dimanche dernier se tenait la treizième édition de ce rassemblement engagé en faveur de la vie.
    « L’IVG ne supprime que des innocents » pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.

    Le cœur de la lutte reste la banalisation de l’avortement, ainsi que la loi Veil, même si tous les participants, 50.000 selon les organisateurs et 7.400 selon la police, ne souhaitent pas sa suppression pure et simple. L’urgence pragmatique est d’abord d’offrir une autre perspective aux personnes se représentant l’avortement comme la seule solution.

    L’actualité est aussi marquée par les conclusions du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique.

    Ce travail réalisé par le député Jean-Louis Touraine inquiète les organisateurs tant il tend à bouleverser les processus naturels de procréation. Les propositions finales soutiennent l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et son remboursement par la Sécurité sociale, ainsi que la « dérégulation des pratiques sur l’embryon humain », selon les organisateurs.

    Selon le professeur Guillaume Bernard, l’avortement reste la matrice de toutes ces « dérives sociétales ».

    Ce militant de l’union des droites a rappelé que la situation s’était même aggravée en la matière, citant notamment la suppression du délai de réflexion de sept jours ou de la condition de situation de détresse psychologique ou matérielle. Il voit dans l’avortement non seulement une atteinte contre des enfants innocents mais aussi une « agression contre la cohésion intergénérationnelle et culturelle du corps social ».

    https://fr.novopress.info/

  • Rencontre des maires avec Macron : une mascarade selon un maire

    Rencontre des maires avec Macron : une mascarade selon un maire

    A peine sorti de la réunion organisée autour d’Emmanuel Macron, ce maire a tenu à exprimer son désaccord avec le déroulement de ces événements :

    De con côté, Julie Graziani pose une bonne question : 

    Julie Graziani@grazianijulie

    Encore une soirée passée sur le site . Et tout à coup, je me dis: est-il bien normal de payer via mes impôts des politiques et hauts fonctionnaires pour qu'ils administrent le pays et de devoir retravailler leurs dossiers moi même après ma journée de travail ? 

    46 personnes parlent à ce sujet

    Finalement, faut-il garder tous ces fonctionnaires ? Ne serait-il pas plus utile de laisser les Français s’occuper d’eux-mêmes pour des missions qui ne sont pas régaliennes ?

    https://www.lesalonbeige.fr/rencontre-des-maires-avec-macron-une-mascarade-selon-un-maire/

  • Selon le renseignement italien, des passeurs chercheraient à couler volontairement des bateaux de migrants pour émouvoir l’Occident

    Italie – Les services secrets italiens auraient averti que les passeurs de migrants en Méditerranée chercheraient à organiser des noyades afin de gagner la sympathie de l’Occident et d’accélérer les flux migratoires.

    Le renseignement italien met en garde contre la possibilité que les trafiquants d’êtres humains provoquent délibérément des catastrophes en mer afin d’obtenir une vague de sympathie et de reprendre leur commerce illicite, qui a diminué au cours de l’année dernière.

    Une telle manoeuvre pourrait être une répétition d’autres catastrophes humanitaires majeures telles que le naufrage qui a causé la mort d’environ 700 migrants le 18 avril 2015 et qui a conduit au lancement de l’Opération Sophia.

    Selon certains des migrants qui ont survécu au naufrage, les passeurs les avaient forcés à partir en sachant très bien que le bateau allait couler, ce qui a conduit certains à penser que la catastrophe avait été attendue ou même causée intentionnellement par les passeurs.

    (…) Il Giornale

    http://www.fdesouche.com/1147087-selon-le-renseignement-italien-des-passeurs-chercheraient-a-couler-volontairement-des-bateaux-de-migrants-afin-demouvoir-loccident

  • Macron : “Je n’ai pas pris l’engagement qu’il y ait zéro SDF, j’ai dit que je souhaitais que les demandeurs d’asile soient accueillis”

    Macron : “Je n’ai pas pris l’engagement qu’il y ait zéro SDF, j’ai dit que je souhaitais que les demandeurs d’asile soient accueillis”

    La préférence étrangère, c’est son projet :

     

    Vidéo intégrée
    Pierre Sautarel@FrDesouche

    Emmanuel Macron : "Je n'ai pas pris l'engagement qu'il y ait zero SDF, j'ai dit que je souhaitais que les demandeurs d'asile soient accueils" 

    871 personnes parlent à ce sujet

    C’est vrai que sa promesse de 2017 avait été prononcée lors de la visite d’un camp d’immigrés : 

    Vidéo intégrée
    Brut FR
     
    @brutofficiel

    "Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des hommes et des femmes dans la rue".

    J-2. 

    1 326 personnes parlent à ce sujet

    Mais il faut donc comprendre que la priorité est donnée aux autres avant les nôtres. Il ne faut donc pas s’étonner de voir les Français sur les ronds-points.

    https://www.lesalonbeige.fr/macron-je-nai-pas-pris-lengagement-quil-y-ait-zero-sdf-jai-dit-que-je-souhaitais-que-les-demandeurs-dasile-soient-accueils/

  • Alain de Benoist : pourquoi le gouvernement ne comprend pas la révolte des gilets jaunes…

    Pensez-vous qu’on puisse déjà faire un bilan de l’action des gilets jaunes ?

    Le meilleur bilan qu’on puisse en faire est de constater qu’il est encore trop tôt pour en faire un, puisque le mouvement continue et semble même trouver un second souffle. Depuis bientôt trois mois, malgré le gel et le froid, malgré la trêve des confiseurs, malgré les morts et les blessés, malgré les dégâts causés par les brutalités policières (mâchoires arrachées, mains déchiquetées, pieds broyés, yeux crevés, hémorragies cérébrales), malgré les critiques qui ont successivement tenté de les présenter comme des beaufs alcooliques, des nazis (la « peste brune ») et des casseurs, coupables en outre d’avoir ruiné le commerce, dissuadé les touristes de venir en France et même, ô scandale, d’avoir saboté l’ouverture des soldes, malgré tout cela, les gilets jaunes sont toujours là. Ils tiennent bon, ils ne cèdent pas et une majorité de Français continue d’approuver leur action. C’est bien la confirmation que ce mouvement ne ressemble à aucun autre.

    Il y a un autre point sur lequel il faut insister. Les gilets jaunes, auparavant, ne se connaissaient pas. Plongés dans l’anonymat de masse, même quand ils étaient voisins, ils restaient souvent étrangers les uns aux autres. Depuis des semaines, autour des ronds-points, ils se sont mutuellement découverts. Ils ont parlé ensemble, ils ont confronté leurs expériences et leurs espoirs, partagé la même colère et vibré aux même émotions, partagé aussi les mêmes repas, vécu les mêmes journées et parfois les mêmes nuits, bénéficié du même élan de solidarité et de don. Le mouvement des gilets jaunes a, ainsi, fonctionné comme une formidable machine à recréer de la socialité dans une époque où le lien social s’est partout effrité. Il en restera nécessairement quelque chose. Les gilets jaunes savent, désormais, qu’ils ne sont plus seuls à être « invisibles ». Ils ont redécouvert l’importance du commun.

    Mais l’avenir du mouvement ? Peut-on imaginer un vaste front populiste, dont les gilets jaunes pourraient être le creuset ?

    C’est très prématuré, même si certains y pensent. Dans l’immédiat, les gilets jaunes doivent résister à toutes les tentatives de division et de récupération. Ils ne doivent surtout pas présenter de listes aux européennes, ce qui ne manquerait pas d’affaiblir l’opposition. Ils doivent rester insaisissables, nuire le moins possible aux petits commerçants, écarter fermement les casseurs extérieurs au mouvement et, peut-être aussi, concentrer leurs revendications sur les thèmes qui peuvent le mieux fédérer la colère en exigeant, par exemple l’instauration du référendum d’initiative populaire.

    Et le « grand débat national » ?

    Guy Debord disait que, si les élections pouvaient changer quelque chose, il y a longtemps qu’elles seraient interdites. On peut en dire autant du « grand débat » lancé par Emmanuel Macron : s’il était vraiment susceptible de satisfaire les demandes des gilets jaunes, il n’aurait tout simplement pas lieu. Quand les parlementaires veulent enterrer un dossier, ils créent une commission. Pour gagner du temps, Macron propose – c’est à la mode – de « libérer la parole ». Le « grand débat », c’est le divan du docteur Freud : « Allongez-vous et racontez-moi vos misères, après, vous vous sentirez mieux. » Discuter plutôt que décider a toujours été la méthode favorite de la classe bourgeoise. Dans le pire des cas, le « grand débat » finira en eau de boudin. Au mieux, la montagne accouchera d’une souris. On fera des concessions ici ou là (taxe carbone, limitation de vitesse à 80 km/h, etc.) mais on ne touchera pas aux questions qui fâchent. C’est-à-dire à celles qui impliquent un véritable changement de société.

    Ceux qui sont, aujourd’hui, au pouvoir sont incapables de faire face aux demandes des gilets jaunes parce que le monde d’en bas leur est mentalement, culturellement, physiologiquement étranger. Ils s’imaginent qu’ils se trouvent devant des revendications de type classique (des « gens pas contents ») auxquelles on peut répondre par des effets d’annonce et des stratégies de communication appropriées. Ils ne voient pas qu’ils sont, en réalité, confrontés à une révolte proprement existentielle, de la part de gens qui, après avoir perdu leur vie à tenter de la gagner, ont découvert que ce qu’ils gagnent ne leur permet plus de vivre et n’ont donc plus rien à perdre. Au plus fort des manifestations, au moment où un hélicoptère survolait l’Élysée pour exfiltrer Macron en cas de besoin, ils ont pourtant eu peur. Physiquement peur – et cela, aussi, on ne l’avait pas vu depuis longtemps. Aujourd’hui qu’ils ont retrouvé leur mépris de classe, même quand ils s’essayent à l’empathie, ils ne pardonneront jamais à ceux qui leur ont fait peur.

    Les « Gaulois réfractaires » sont les dignes successeurs de ces « Gueux » (Geuzen) qui, dans les Flandres et les Pays-Bas du XVIe siècle, s’étant fait d’un nom péjoratif un titre de gloire, portèrent contre l’autorité du roi Philippe II d’Espagne un mécontentement populaire qui reçut l’appui de Guillaume d’Orange. La guérilla qu’ils menèrent pendant des années, à partir de 1566, finit par aboutir à la totale libération des Provinces-Unies. Un beau chant néerlandais célébrant leur souvenir s’intitule « Vive le Gueux ! » Il mériterait d’être repris aujourd’hui.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    http://www.bvoltaire.fr/alain-de-benoist-pourquoi-le-gouvernement-ne-comprend-pas-la-revolte-des-gilets-jaunes/

  • Certains aimeraient qu’on oublie les gilets jaunes…

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    Dans ses Commentaires sur la Société du Spectacle qui ont plus de trente ans, Guy Debord remarquait déjà : « Le gouvernement du spectacle, qui à présent détient tous les moyens de falsifier l’ensemble de la production aussi bien que de la perception, est maître absolu des souvenirs comme il est maître incontrôlé des projets qui façonnent le plus lointain avenir. » On ne pourra que constater, encore une fois, la justesse du penseur et écrivain situationniste suicidé en 1994.

    Démêler le vrai de l’info

    Pour qui a suivi le mouvement des gilets jaunes et a voulu vérifier ses intuitions après des conversations sur un rond-point, il a forcément été amené à faire un abus de chaînes d’infos en continu qui provoquent la sensation éprouvée par celui qui, faisant preuve de gourmandise devant un paquet de caramels au beurre salé, passe de l’appétit à l’écoeurement puis à la franche nausée.

    C’est que l’apparition des chaines d’infos en continu puis celle des réseaux sociaux puis la merveilleuse communion des deux se sont définitivement substitués au réel et ont modifié notre perception. Il est et il sera désormais impossible de démêler le vrai du faux.

    Pour s’informer, c’est-à-dire pour se renseigner sur le réel, il restera seulement, dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, la fiction et la poésie. Les gilets jaunes et leur neutralisation en cours par le gouvernement ? Voyez le Rimbaud des Illuminations: « Nous massacrerons les révoltes logiques. (…) Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route. » Un vrai programme présidentiel !

    La rebipolarisation par les gilets jaunes

    Les gilets jaunes auront au moins eu un avantage : rappeler à quel point le mépris de classe se porte bien et se mue très vite en pure et simple haine de classe qui touche un prisme politique très large, de droite à gauche ou à cette partie de la gauche passée avec armes et bagages au macronisme dès le premier tour de 2017. Il faudrait aller voir, encore une fois, les pages de Sartre sur le Flaubert de la Commune dans L’Idiot de la famille qui se met à vouloir fusiller de l’ouvrier à tour de bras alors qu’on le pensait contempteur de la bêtise bourgeoise. C’est soit par bêtise d’ailleurs, soit par cynisme, soit par un mélange des deux, qu’on ne ne cesse d’accuser, du côté de la domination, les gilets jaunes d’antisémitisme, de complotisme, de soralisme, en gonflant goulûment le rôle de quelques imbéciles soralo-complotistes qui seraient des « leaders ». Ces mêmes accusateurs, de surcroît, ne cessent de faire des procès en sorcellerie, pour complicité avec le Rassemblement national (RN), à tous ceux qui soutiennent, même d’un soutien critique, ce mouvement, comme votre serviteur.

    Ces gens-là, ce sont pourtant eux, depuis des années, les principaux fourriers du vote RN. Mais encore une fois, les plus cyniques d’entre eux ne rêvent que de ça : la disparition de la gauche de transformation et un paysage politique limité à l’affrontement artificiel entre un protofascisme populiste et tribunicien, et eux, les bourgeois ou petits bourgeois vaguement éclairés, le sel de la terre mais qui ne sont en fait que des larbins un peu moins mal rémunérés que les autres par le capital, qui sont un peu plus près de la table du festin pour manger les miettes dans la main de leurs maîtres.

    Bien entendu, comme ils sont les bons, ils gagneraient toujours à la fin et sauveraient la République chaque semaine, à heure fixe, depuis un compte Twitter ou Facebook et tous les cinq ans aux élections présidentielles avec des taux d’abstention de plus en plus importants.

    Qui vit mieux aujourd’hui qu’il y a trente ans ?

    Au-delà de ce mouvement, de ses revendications sociales plus que légitimes, quand on prend connaissance du dernier rapport Oxfam sur la répartition des richesses, cela est l’occasion, à travers cette souffrance des humiliés et des offensés que sont les gilets jaunes, de nous poser collectivement les questions essentielles qui les concernent mais concernent finalement toute la société, à part une infime minorité toujours plus riche.

    Qui vit mieux aujourd’hui qu’il y a trente ans, à profession identique ? Qui a davantage confiance en l’avenir ? Qui se sent plus aimé ou même pris en compte ? Qui a moins peur ? Qui envisage l’avenir avec optimisme ? Qui n’a pas, à certaines heures crépusculaires, le matin ou le soir, même brièvement, un serrement de cœur qui n’est pas celui que l’on éprouvait jadis devant la rapidité de son existence mais tient davantage au sentiment de participer, malgré soi, à une faillite généralisée ?

    Les réponses ne sont pas forcément très agréables à entendre mais, pour le coup, elles n’auront rien de commun avec la réalité falsifiée et amnésique de l’info en continu.

    Jérôme Leroy

    Texte repris du site Causeur

    https://fr.novopress.info/213357/certains-aimeraient-quon-oublie-les-gilets-jaunes/