culture et histoire - Page 1682
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KOLWEZI, Jean-pax Méfret
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Les rois ont fait la France
Périodiquement, les élections, avec leur cortège de déceptions, ravivent entre Français un esprit de querelle, de rancoeur, voire de haine, tandis que les candidats, préoccupés de leur propre réussite, poursuivent en parallèle la même politique de destruction de l’édifice capétien. Occasion de se souvenir que le salut de la France réside dans le retour de la monarchie.
Personnalité édifiante
Non que l’élection fût un concept inconnu de nos aïeux ; elle amena Hugues Capet au pouvoir, en remplacement d’une lignée carolingienne à bout de souffle qui avait perdu le sens de la nation. Cependant, les critères conduisant à ce choix étaient éminemment patriotiques et aristocratiques puisque, en vue du bien commun, le chef élu était regardé comme le meilleur et issu d’une dynastie, celle des Robertiens, illustre par les héros, les défenseurs et les souverains qu’elle avait donnés à la France depuis un siècle, en alternance avec la descendance de Charlemagne.
Cette alternance, voulue par les Robertiens, loyalistes, avait compromis leurs bons résultats, remis en cause par les princes qui leur succédaient. Ce fut le trait de génie de Hugues d’avoir stabilisé le pouvoir en s’assurant que son fils lui succéderait.
Ivan Gobry continue cette histoire des rois de France initiée par le regretté Georges Bordonove et publie une biographie de Robert II pleine d’intérêt. Ni le règne ni la vie de ce prince ne furent faciles. Son père l’avait, à seize ans, marié à une princesse italienne, Rozala, qui, veuve deux fois, avait passé la quarantaine. Robert, excusable, lui préféra une autre veuve, de son âge, Berthe de Bourgogne. L’Église ne voulut pas admettre cette union, non à cause du renvoi de la première épouse, mais parce que Berthe et Robert cousinaient à un degré prohibé et que le roi était parrain d’un des enfants de la comtesse. Drame affreux pour ce souverain d’une extrême piété mais très épris de sa compagne. Afin d’épargner l’interdit au royaume, il accepta la séparation, puis épousa Constance d’Arles.
Au-delà de ces péripéties conjugales, Gobry, spécialiste de l’histoire et des mentalités religieuses, insiste sur les vertus, chrétiennes et régaliennes, du prince, et sur l’exploitation politique que les clercs tentèrent en lui accolant ce qualificatif de Pieux, équivalent d’une canonisation par la vox populi. Il s’agissait de donner une légitimité à la dynastie, qu’eût glorifiée la sainteté du souverain, et de concurrencer le Saint-Empereur germanique Henri, son contemporain.
L’Église n’approuva pas, ce qui ne retire rien à la personnalité édifiante de Robert. Sa bonté, sa générosité, sa dévotion ne l’empêchèrent pas d’être un habile politique, guerroyant quand il le fallait. Malgré les catastrophes naturelles qui marquèrent son règne, il laissa une France pacifiée, plus riche, mieux protégée, assurée, à travers ses descendants, d’un avenir où l’espoir trouvait sa place. Peu de gouvernants peuvent se vanter d’un pareil bilan.
Angoisse et pragmatisme
Lorsqu’il succède à son père, Louis VII, en 1180, Philippe II a quinze ans. Un siècle et demi plus tôt, cette trop grande jeunesse de l’héritier avait plusieurs fois incliné les barons à lui préférer un homme mûr. Preuve que la lignée capétienne s’est enracinée, personne ne conteste l’accession au trône de cet adolescent.
Philippe Auguste, le vainqueur de Bouvines, l’homme qui permit à la France de gagner sur la scène européenne une place prépondérante, jouit dans l’histoire d’une popularité exceptionnelle ; l’a-t-il méritée ? Telle est la question iconoclaste que pose Gérard Sivéry, spécialiste incontesté de l’époque et de ses princes, dans une biographie de 1993 récemment rééditée.
Philippe Auguste apparaît ici plus complexe et moins sûr de lui qu’on le croirait. Ce n’est pas sans raison que son biographe débute son récit par un étonnant épisode, celui de la fugue du jeune prince saisi de panique, disparaissant en pleins bois pendant quarante-huit heures à la veille de son sacre, avant de ressurgir si malade qu’il faillit en mourir. Philippe, durant cette épreuve initiatique, a pris la mesure de son rôle, et c’est ce qui explique son affolement à la pensée des responsabilités à venir. Mais jusqu’à quel point cet angoissé a-t-il été capable de les assumer ?
Sa vie conjugale révèle ces alternances d’angoisse et de pragmatisme : la première union avec la douce Isabelle de Hainaut, une Carolingienne qui renforça le prestige dynastique, mais à laquelle le jeune roi ne porta pas l’affection idéalisée qu’on lui prête ; la malheureuse Ingeburge de Danemark, répudiée au bout de quelques jours pour avoir manifestement frigorifié son époux ; Agnès de Méranie, épousée en dépit du mariage précédent, que Philippe, pragmatique, sacrifia quand il devint impossible de l’éviter, et qui en mourut.
En politique, le roi fut sujet aux mêmes problèmes, mais sut les utiliser. Ainsi son abandon de la croisade, sévèrement jugé, mais que Sivéry montre nécessaire, l’intérêt de la France passant, pour Philippe, avant celui de la Terre sainte, et qui se révèle diplomatiquement payant, grâce aux ennuis suscités au retour au dangereux Richard d’Angleterre.
Il y a du cynisme dans ce caractère, voire un manque d’esprit chevaleresque, des défauts aussi, nombreux. Tout cela s’efface devant une réussite exemplaire, en partie fondée sur la qualité des conseillers royaux, dont Frère Guérin, chevalier de l’Hôpital, grand stratège qui détermina la victoire de Bouvines. C’est une vérité plus fascinante encore que la légende qui surgit dans ces pages.
Figure exemplaire
Saint Louis avait neuf ans à la mort de son aïeul, dont l’exemple, édulcoré, le marqua définitivement. Il est remarquable de voir comment il sut s’inspirer de la leçon politique, tout en évitant les défauts, pour se tenir dans la même ligne et renforcer l’oeuvre. C’est tout le paradoxe de Louis IX, qui concilia d’une façon unique sa vie spirituelle et mystique, exceptionnelle, et les devoirs de sa charge.
Quoiqu’il soit impossible de dissocier, chez les hommes de ce temps, temporel et religieux, intimement imbriqués, le cas Louis IX demeure à part. Son entourage ne manque pas de figures remarquables, animés d’une foi à toute épreuve, et le sire de Joinville en est un bel exemple, mais lui est d’une autre essence. Véritable gageure pour l’historien, tour à tour tenté de privilégier le roi ou le saint, au risque de ne rien comprendre car les deux ne font qu’un.
Le Saint Louis de Georges Bordonove, paru en 1986 et juste réédité, évita ce double écueil pour livrer du souverain un portrait digne d’une enluminure médiévale, tout en grâce exquise mais historiquement incontestable. Ne sombrant jamais dans l’hagiographie, Bordonove savait que Louis, doté d’une nature ardente et emportée, ne conquit pas l’auréole en un jour et qu’il atteignit à la perfection après un chemin fort rude, semé d’épines et d’embûches. Il l’expliquait magnifiquement. Figure exemplaire, qu’aucune autre dynastie, aucun autre pays chrétien ne mérita, Saint Louis demeure une lumière insurpassée pour éclairer les chemins de la France et lui répéter un message d’espérance et de confiance dont nous avons plus besoin que jamais.
Réussite du travail capétien
Sans doute n’est-il plus politiquement correct de le dire, à l’heure où la croisade appelle les repentances publiques, où la volonté de convertir juifs et musulmans indigne, et où la vertu ennuie ; quel pape oserait aujourd’hui canoniser ce roi trop chrétien ? Jean Markale livrait ces remarques dérangeantes dans une autre biographie, romancée, de Saint Louis, Le chêne de la Sagesse, mais c’était, contre toute attente, pour prendre la défense du roi, en rappelant que l’on ne fait pas « de petits saints avec de grands saints ». Remarque très juste que plus d’un historien actuel devrait méditer, au lieu de prétendre juger le passé à l’aune de ses propres lumières et ses propres idées.
Aveuglés par de tels partis pris, certains condamnent la huitième croisade, achevée il est vrai en désastre devant Tunis, et fustigent ce qu’ils prennent pour l’aveuglement idéaliste du roi. Gérard Sivéry démontre que le plan royal était, au contraire, remarquablement lucide et intelligent, même s’il n’avait pas pris en compte, et pour cause, l’épidémie qui décima le camp français, tuant le roi, son fils Nevers, et contraignant au retour. Le long voyage vers la France fut épouvantable, car la maladie ne lâchait pas prise et la fatalité s’en mêla. Ce fut escorté des cercueils de son père, son frère, sa femme, son fils, son oncle Poitiers, sa soeur Isabelle, et de l’époux de celle-ci que l’infortuné Philippe III regagna Paris. On a longtemps cru que cette série de malheurs, et la dysenterie contractée en Tunisie qui avait failli le tuer, lui aussi, expliquait les mauvais commencements du règne, tout comme la personnalité du roi semblait avoir souffert de la comparaison avec son père et son fils.
Gérard Sivéry pose, quant à lui, un autre diagnostic : et si le roi Philippe III avait été, en réalité, atteint d’une légère arriération mentale, due à une naissance difficile, qui lui interdit de se comporter en adulte responsable ?
Les arguments avancés ne manquent pas de pertinence. Surtout, si l’historien est dans le vrai, par-delà la personnalité troublée et émouvante du souverain, il met en évidence l’immense réussite du travail capétien : la monarchie française fonctionnait si bien en 1270 à la mort de Saint Louis, qu’elle put s’accommoder, quinze ans, d’un roi retardé, non seulement sans souffrir de ce drame, mais en augmentant l’étendue et la puissance du royaume. Quel autre régime en ferait autant ?
Anne Bernet L’Action Française 2000 du 3 au 16 mai 2007
* Ivan Gobry : Robert II. Pygmalion, 230 p., 20 euros. Voir l’article de Michel Fromentoux dans L’AF 2000 du 15 décembre 2005.
* Gérard Sivéry : Philippe Auguste. Perrin, 430 p., 22euros.
* Georges Bordonove : Saint Louis. Pygmalion, 315 p., 21,50 euros.
* Jean Markale : Le chêne de la Sagesse ; un roi nommé Saint Louis. Le Rocher, 305 p., 19,70 euros.
* Gérard Sivéry : Philippe III le Hardi. Fayard, 360 p., 22 euros. -
Un jour un livre : la propagande de la marchandise, vue par Christopher Lasch
PARIS (NOVOpress) - À l’occasion des fêtes de fin d’année, les rédacteurs de Novopress vous proposent de découvrir une sélection de livres à travers des extraits choisis. Dans La Culture du narcissisme, sous-titré La vie américaine à un âge de déclin des espérances (publié en 1979), l’historien et sociologue américain Christopher Lasch analyse les tourments et les contradictions de la vie moderne mais aussi les conditions politiques et culturelles qui en commandent le sens.
À une époque moins complexe, la publicité se contentait d’attirer l’attention sur un produit et de vanter ses avantages. Maintenant, elle fabrique son propre produit : le consommateur, être perpétuellement insatisfait, agité, anxieux et blasé. La publicité sert moins à lancer un produit qu’à promouvoir la consommation comme style de vie. Elle « éduque » les masses à ressentir un appétit insatiable, non seulement de produits, mais d’expériences nouvelles et d’accomplissement personnel. Elle vante la consommation, remède universel aux maux familiers que sont la solitude, la maladie, la fatigue, l’insatisfaction sexuelle. Mais simultanément, elle crée de nouvelles formes de mécontentements, spécifiques de l’âge moderne.
Elle utilise et stimule le malaise de la civilisation industrielle. Votre travail est ennuyeux et sans signification ? Il vous donne un sentiment de fatigue et de futilité ? Votre existence est vide ? Consommez donc, cela comblera ce vide douloureux. D’où la volonté d’envelopper la marchandise d’une aura romantique, d’allusion à des lieux exotiques, à des expériences merveilleuses, et de l’affubler d’images de seins féminins d’où coulent tous les bienfaits.
La propagande de la marchandise sert une double fonction : premièrement elle affirme la consommation comme solution de remplacement à la protestation et à la rébellion. Paul Nystrom, pionnier de l’étude du marché moderne, a remarqué que la civilisation industrielle donnait naissance à une « philosophie de la futilité », à « une pesante fatigue », à un « désenchantement quant à la valeur des accomplissements », lesquels trouvent un débouché dans le changement « des phénomènes superficiels où règne la mode ». Le travailleur fatigué, au lieu de tenter de changer les conditions de son travail, cherche à se revigorer en renouvelant le cadre de son existence, au moyen de nouvelles marchandises et de services supplémentaires.
En second lieu, la propagande de la marchandise, ou de la consommation de celle-ci, transforme l’aliénation elle-même en une marchandise. Elle se tourne vers la désolation spirituelle du monde moderne et propose la consommation comme remède. Elle promet de pallier tous les malheurs traditionnels, mais elle crée, aussi, ou exacerbe, de nouvelles manières d’être malheureux : l’insécurité personnelle, l’anxiété quant à la place de l’individu dans la société, l’angoisse qu’ont les parents de ne pas être capables de satisfaire les besoins de leurs enfants (…). La publicité institutionnalise l’envie et l’anxiété qui en découle.
Christopher Lasch, La culture du narcissisme (chapitre « Décadence du système éducatif »), Flammarion Champs Essais, 1979, préface de Jean-Claude Michéa. Traduit de l’anglais par Michel L. Landa. Acheter sur Amazon.
http://fr.novopress.info/149783/jour-livre-propagande-marchandise-vue-christopher-lasch/#more-149783
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Noël, la beauté dans la vie
Nous approchons des fêtes de Noël (l’autre nom du Solstice d’hiver). Associée au sapin toujours vert, Noël a toujours été célébrée dans le pays d’Europe depuis des temps immémoriaux comme la grande fête présageant le renouveau de la Nature et de la vie après la dormition de l’hiver. On ne peut s’empêcher de penser que l’Europe, elle aussi, sortira un jour de son actuelle dormition, même si cela est plus long que dans le cycle de la Nature.
Noël est la fête des enfants. C’est aussi une fête où la beauté a toute sa place. N’est-ce pas l’occasion de réfléchir sur cette notion vitale, l’une des trois composantes de la « triade homérique » : « la Nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon » ?
Plutôt qu’une dissertation sur la beauté, j’ai envie d’offrir à ceux et celles qui me lisent quelques conseils pratiques, sans oublier cependant une réflexion a méditer : l’esthétique fonde l’éthique (le bien est défini par ce qui est beau) tout comme l’éthique fonde l’esthétique (le bien est inséparable du beau).
Cultivez la beauté (sens esthétique) pour vous-même et pour vos proches. La beauté n’est pas affaire d’argent et de consommation. Elle réside en tout, principalement dans les petits détails de la vie.
Elle est offerte gratuitement par la nature : poésie des nuages dans un ciel léger, crépitement de la pluie sur une toile de tente, nuits étoilées, couchers de soleil en été, premiers flocons de neige, couleurs de la forêt en hiver, premières fleurs du jardin, hululement de la chouette dans la nuit, odeur d’un feu de bois au-dessus d’une chaumière dans la campagne…
Si la beauté de la nature nous est donnée, celle que nous créons dans notre vie demande efforts et attention.
Se souvenir qu’il n’y a pas de beauté (ni de joie) sans harmonie des couleurs, des matières, des formes et des styles. Cela est vrai pour la maison, les vêtements et les petits accessoires de la vie. Proscrire par exemple les matières synthétiques et le plastique au profit des matières naturelles.
Il n’y a pas non plus de beauté sans courtoisie dans les rapports avec les proches et moins proches (hormis les butors).
Je notais que l’esthétique fonde l’éthique. En effet, il n’y a pas de beauté sans tenue au moral et au physique. Par exemple, gardez pour vous peines et tracas, ceux du cœur, du corps, du travail ou des fins de mois difficiles. Vous y gagnerez de l’estime pour votre discrétion et la réputation d’une sociabilité heureuse. Vous y gagnerez aussi de l’estime pour vous-même.
Par avance, joyeux Noël à tous !
Dominique Venner
Source: http://www.dominiquevenner.fr/2012/12/noel-la-beaute-dans-la-vie/
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Présence de José Antonio
Créateur de la Phalange, condamné à mort pour rébellion militaire, José Antonio Primo de Rivera (1903-1936) est une figure incontournable du nationalisme espagnol.
Le personnage central de ce Présence de José Antonio, c’est José Antonio Primo de Rivera y Saenz de Heredia, né à Madrid en 1903. Aîné d’une famille de cinq enfants, il choisit la profession d’avocat après avoir étudié le droit à l’université centrale de Madrid. Fils du général Miguel Primo de Rivera, le dictateur qui gouverne l’Espagne de 1923 à 1930, il se tient à l’écart de la vie politique jusqu’au décès de son père. Il adhère à l’Union monarchique nationale, une organisation éphémère. Son rejet du système droite-gauche le conduit a fonder le Mouvement espagnol syndicaliste (MES), qui entre en contact avec le Front espagnol (FE), qui regroupe les disciples du philosophe José Ortega y Gasset. Il réunit des personnalités venues de droite ou de gauche et fonde un nouveau mouvement : la Phalange espagnole (FE). En février 1934, FE fusionne avec les Juntas de ofensiva nacional-sindicalista (JONS) et devient FE de las JONS. L’organisation est alors dirigée par un comité directeur, qui prend la forme d’un triumvirat constitué par José Antonio Primo de Rivera, Ramiro Ledesma et Julio Ruiz de Alda.
« Dieu veuille que mon sang soit le dernier versé dans des discordes civiles »
Plusieurs procès
José Antonio s’impose comme le principal représentant de FE de las JONS, dont il devient chef national en octobre 1934. Un temps tenté par une sorte de "facisme à l’espagnol", José Antonio trouve une voie propre à l’expression du nationalisme espagnol. Comme député, il dénonce les véritables causes de la révolution d’octobre 1934, et s’oppose à la contre-réforme agraire projetée par les conservateurs ; il critique durement la corruption des politiciens radicaux. Pour s’opposer aux marxistes et aux "vendus" de la droite, José Antonio propose la création d’un Front national. Aux élections de février 1936, la Phalange n’obtient aucun député. Le 14 mars 1936, José Antonio est arrêté avec les principaux dirigeants phalangistes, pour constitution et appartenance à "association illégale". Cette accusation est rapidement abandonnée, mais les dirigeants de la FE de la JONS restent incarcérés sur ordre des autorités gouvernementales du Front populaire. Ils doivent affronter plusieurs procès et ne retrouveront jamais la liberté. Le 5 juin 1936, José Antonio est transféré à la prison d’Alicante.
Offre de médiation
Désireux de mettre fin à la tragédie de la guerre civile, il offre sa médiation dans l’espoir de constituer un gouvernement de concentration nationale. Les républicains refusent. Il sera jugé pour rébellion ; condamné à mort, il est fusillé le matin du 20 novembre 1936. Quelques heures avant de mourir, il écrit dans son testament : « Dieu veuille que mon sang soit le dernier sang espagnol versé dans des discordes civiles. » Sur sa pierre tombale figure le prénom avec lequel il est entré dans l’Histoire : José Antonio.
Un livre collectif qui regroupe de nombreuses interventions d’historiens (Philippe Conrad, Arnaud Imatz, Jean Claude Valla, Arnaud Guyot-Janin...) permet de redécouvrir cette haute figure nationaliste espagnole.
François-Xavier Présent - L’AF 2876
✓ Olivier Grimaldi, Présence de José Antonio, Synthèse nationale, 160 p., 18 euros.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Presence-de-Jose-Antonio
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« Agatha Christie » de Camille Galic
Agatha Christie, « la plus belle enquête » : Une biographie merveilleusement incorrecte de Camille Galic
L’excellente collection « Qui suis-je ?» des éditions Pardès, qui aux côtés de la collection BA-BA conforte une approche encyclopédique non conformiste thématique et biographique, vient de s’enrichir d’un titre qui fera date, l’« Agatha Christie » de Camille Galic. « L’indétrônable impératrice du crime » a trouvé en fait sa biographe sœur. En effet il y a bien des points communs entre « la duchesse de la mort » et la grande dame de la presse qu’est Camille Galic.
Camille Galic a toujours traité l’actualité comme on mène une enquête. Elle a toujours cherché la vérité derrière les apparences et le vrai criminel derrière la présentation officielle. Un style impeccable, une plume affinée comme un scalpel, Camille Galic a été la référence d’un journalisme de l’investigation de l’intelligence, la référence des journalistes de combat, et elle continue à exercer ses talents sur le site Polémia qui dénonce avec force et pertinence le « totalitarisme médiatique ».
On peut facilement l’imaginer, d’ailleurs, dégustant un thé au côté d’Agatha dans un lodge de cette Rhodésie où « les Anglais étaient heureux » devisant autour d’une intrigue de la fin annoncée d’un certain ordre du monde. Comme Agatha, Galic analyse avec un esprit de déduction rationaliste les passions humaines criminelles ou politiques. C’est ce qui fait de cette biographie une biographie de référence, classique dans la forme mais à jamais unique dans le fond. Elle va au-delà de l’œuvre, elle dévoile les secrets de la pensée d’Agatha. Alors, bien sûr, il y a tout, sa vie privée, ses maris, sa disparition mystérieuse, un événement people parmi les premiers médiatisés, ses livres bien sûr, sa passion pour l’archéologie, ses enquêteurs Miss Marple ou Hercule Poirot, son théâtre, etc.
Agatha Christie est, en effet, l’un des écrivains les plus connus au monde si l’on considère le nombre de langues dans lesquelles son œuvre a été traduite (plus de 7.135 traductions, ce qui en fait l’auteur le plus traduit en langues étrangères selon l’Index Translationum), et l’importance des tirages de ses romans qui en fait la romancière la plus vendue au monde selon le Livre Guinness des records.
Agatha Christie a écrit 67 romans (dont 6 romances sous le pseudonyme de Mary Westmacott qui correspond à ses écrits les plus personnels), 190 nouvelles réunies en une quinzaine de recueils, 18 pièces de théâtre (+ 5 adaptations par d’autres auteurs), quelques poèmes et une autobiographie. Une grande partie de ses romans et nouvelles a été adaptée au cinéma ou à la télévision (20 films et plus de 100 téléfilms, en particulier Le Crime de l’Orient-Express, Dix petits nègres, Mort sur le Nil et Le Train de 16h50. La BBC a également produit des téléfilms et des émissions radiophoniques de la plupart des histoires qui mettent en scène Hercule Poirot et Miss Marple. L’une de ses pièces de théâtre, The Mouse Trap (La Souricière), a été présentée pour la première fois à Londres en 1952 au St Martin’s Theatre, et détient, depuis, le record de la pièce jouée le plus longtemps sans interruption.
Le 3 décembre 1926, très affectée par la mort de sa mère et l’infidélité de son mari (amoureux de Nancy Neele, dactylo dans la compagnie d’assurance pour laquelle il travaille, il lui a annoncé son intention de divorcer), Agatha Christie disparaît. Le lendemain, la police retrouve sa voiture, abandonnée près de l’étang de Silent Pool. La presse britannique s’empare alors de l’affaire : suicide d’une femme délaissée, meurtre commandité par son époux voulant retrouver sa liberté, coup de publicité d’une romancière voulant renforcer le succès de ses livres… Les hypothèses ne manquent pas. Elle est retrouvée douze jours plus tard dans le Swan Hydropathic Hotel, hôtel de la station balnéaire d’Harrogate, ayant tout oublié. Agatha devait en retirer à jamais une aversion pour la presse, une crainte panique des journalistes et de la foule qui la poursuivent tel « un renard traqué dans son terrier par une meute de chiens hurlant sans cesse à ses trousses ». Elle avait bien décrit la chasse à courre médiatique, avant l’heure.
Dans cette biographie de Camille Galic, on est aux sources des inspirations de l’auteur et on a les explications pour tout comprendre de son œuvre restituée magistralement dans sa diversité.
Mais il y a plus, bien plus. Derrière une petite jeune fille à la jeunesse dorée d’un autre temps, jusqu’à l’écrivain britannique la plus connue au monde et anoblie par la reine, il y a une vision du monde qui, pour les tenants du politiquement correct, la classerait dans les vieilles dames indignes. Galic a su le comprendre et le révéler.
Agatha est une suprématiste anglaise. Traditionaliste mais libre, femme la plus connue du monde mais antiféministe, elle est une femme de velours au mental de fer. Elle est un produit de la fierté impériale d’un pays qui devait gouverner le monde. Elle éprouvera pour le nazisme une fascination-répulsion partagée par bien plus d’Anglais que la version officielle de l’histoire ne le laisse entendre. C’est un volcan maîtrisé, cette femme… une criminelle née devenue enquêtrice pour peut-être dominer ses pulsions.
Agatha n’a pas toujours été une vieille lady, elle a été une femme amoureuse, jalouse et exceptionnelle. Cela, on le retrouve dans ses romans. Elle n’a aucun complexe du colonisateur, bien au contraire. Elle met l’Anglais au sommet de la chaîne de la civilisation. On tente maintenant de dénaturer parfois son œuvre dans des adaptations pour la faire coller avec le monde d’aujourd’hui, qu’elle aurait méprisé au-delà de l’imaginable. Quand on pense que son livre le plus connu Les 10 petits nègres a vu son titre changé en S’il n’en restait qu’un on voit en effet qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers qui a inspiré Agatha ni de ses valeurs hiérarchisées, un univers où la cruauté et le crime cheminent avec la classe en habits de soirée, où l’on tue en restant un gentleman et une lady dans la fierté de l’empire. La gentry n’est jamais bien loin, l’exotisme non plus, ni l’insolite. L’échec de son premier mariage et la passion réussie avec son second mari font croire qu’un long calme a succédé à une tempête, mais cette biographie montre que l’on peut être l’image de la dignité en étant une rebelle jamais vraiment apaisée.
C’est une criminelle de papier qui reste d’actualité, jamais démodée, un style qui ne prend pas d’âge tout en nous parlant d’un autre monde où les choses étaient à leur vraie place, même les armes du crime. Il y avait de l’aventurière dans cette femme des salons « cosy » bien ordonnés. Ses voyages, sa passion de l’archéologie en sont des exemples frappants. Avant Indiana Jones, il y eut Meurtre en Mésopotamie et La Mort n’est pas une fin, une curiosité d’enquête historique qui nous a donné la passion des romans historiques dans l’Egypte antique.
Demain l’œuvre d’Agatha sera sans doute récupérée et transformée dans des adaptations couleur de notre époque. La récupération chemine avec la trahison. Heureusement il restera ce Qui suis-je de Camille Galic pour ceux qui veulent connaître la vraie personnalité à travers l’œuvre incomparable de l’indétrônable Agatha Christie. Toute vie est une intrigue, toute biographie est une enquête et celle de Camille Galic est fidèle à la lettre et surtout à l’esprit de la Kipling du crime.
Jean Ansar, 17/12/2013
http://www.polemia.com/agatha-christie-de-camille-galic/
Camille Galic, Agatha Christie, Editions Pardès, Collection « Qui suis-je », décembre 2013, 128 pages. -
Le plus beau pays du monde
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Farida Belghoul lance une action nationale pour l’interdiction de la théorie du genre à l’école
Laurence Rossignol, sénatrice PS, déclarait le 5 avril 2013, sur le plateau de l’émission Ce soir ou jamais : « Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils appartiennent à l’État. » Affirmation hallucinante qui va totalement à l’encontre de la déclaration des Droits de l’homme, dont la sénatrice se réclame par ailleurs et qui stipule à l’article 26.3 : « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »
L’heure est grave...
Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, sur les traces de son prédécesseur Luc Châtel, veut généraliser et officialiser l’enseignement de la « théorie du genre » dans les écoles publiques et privées sous contrat à partir de la rentrée 2014.
Vincent Peillon nie totalement l’existence de ce prétendu projet pédagogique. Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, prétend elle aussi que la « théorie du genre » n’existe pas.
En réalité, cette théorie contre nature, sous des formes diverses, intégrera définitivement les programmes officiels de l’Éducation nationale à partir de la rentrée 2014 avec la complicité de plusieurs syndicats d’enseignants.
Des centaines d’écoliers sont déjà victimes de ces programmes à titre expérimental.
Sous couvert de « lutter pour l’égalité et contre les discriminations homophobes », l’Éducation nationale considère que ces questions sont des priorités. C’est pourquoi désormais, enseignants et militants LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels) abordent en classe l’homosexualité, la bisexualité et la transsexualité.
La pudeur et l’intégrité de nos enfants sont profondément attaquées par « la théorie du genre ».
Cette théorie prétend que nous ne naissons pas homme ou femme mais que nous le devenons à cause des pressions sociales. À leurs yeux, c’est la société qui « construirait » le genre masculin ou le genre féminin, la nature n’y serait pour rien.
Cette théorie dissocie ainsi notre corps sexué de notre identité de genre. Un homme qui se sent femme est du « genre féminin » peu importe son sexe... Une femme qui se perçoit homme est du « genre masculin » indépendamment de son corps. Pour les tenants de la « théorie du genre », on peut être par exemple de sexe masculin et de genre féminin ! Ce ne serait au fond qu’une question de choix personnel !
Toutes les institutions sont touchées. Même l’école ! Surtout l’école ! Le pouvoir actuel prévoit de véritablement rééduquer nos enfants en les « arrachant au déterminisme familial » c’est-à-dire à leurs parents.
D’ores et déjà, des militants du lobby LGBT s’invitent en classe et font la leçon à nos enfants, qui sont accusés d’être porteurs de stéréotypes de genre.
Que sont ces « stéréotypes de genre » ? Ce sont les réactions ou les penchants naturels de nos garçons et de nos filles. Si une fille aime jouer à la poupée, pour le lobby LGBT c’est un stéréotype de genre qu’il faut combattre en la conduisant plutôt à jouer aux petites voitures. Si un garçon veut jouer aux petites voitures, le lobby LGBT l’incitera alors à jouer à la poupée.
Les collégiens et les lycéens eux-mêmes sont encouragés à douter de leur identité sexuelle sous prétexte qu’ils doivent être libres d’user de leur corps. Ainsi, pour les inciter à explorer de nouvelles pratiques sexuelles, l’école les dirige vers la Ligne Azur, numéro de téléphone et site Internet à destination des adolescents, pour parler d’homosexualité, de bisexualité et de transsexualité... Allez voir ce site recommandé à nos enfants : www.ligneazur.org...
L’Éducation nationale entend mettre les parents devant le fait accompli.
Nous, Pères et Mères, sommes ainsi déclarés incompétents pour éduquer nos propres enfants. L’État veut s’en charger à notre place. Allons-nous accepter que l’école nous dépossède de ce qui nous appartient en premier lieu, à savoir l’éducation ? Nous devons protéger nos enfants. Coûte que coûte.
Une action nationale pour sauver nos enfants
Le gouvernement a méprisé totalement nos manifestations et nos pétitions lorsque nous avons fait la lumière sur ce projet, qui vise à déstabiliser la famille et la société tout entière. Il nous a ignorés, humiliés.
Aujourd’hui, il nous faut donc envisager une action inédite qui touche le cœur du système : une journée sans école par mois pour montrer au ministre de l’Éducation nationale que l’éducation de nos enfants nous appartient, n’en déplaise à Laurence Rossignol.
Journée de retrait de l’école
pour l’interdiction de la théorie du genre
dans tous les établissements scolairesÀ partir de janvier 2014, retirons nos enfants de l’école un jour par mois : choisissez ce jour en concertation avec le comité local dont vous dépendez sans prévenir les enseignants. Vous justifierez l’absence de votre enfant le lendemain par le motif suivant : journée de retrait de l’école pour l’interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires.
Ce symbole est fort : il dit clairement que nous sommes prêts à tout pour empêcher l’Éducation nationale de désorienter, de traumatiser et de déstructurer nos enfants.
Organisons-nous pour faire de cette journée un moment privilégié entre parents et enfants, entre voisins, entre amis : libre à nous de concevoir maintes activités en ce jour de retrait ! En se regroupant, tout est envisageable : spectacles pour enfants, sorties, rencontres, débats, ateliers créatifs...
Le gouvernement ne nous laisse pas le choix, avec l’introduction à notre insu de la « théorie du genre » en classe : en retirant nos enfants de l’école une journée par mois, nous affirmons nos droits fondamentaux et nous passons à la vitesse supérieure.
Nous, Pères et Mères, sommes les garants de l’innocence de nos enfants. Leur pudeur et leur intégrité sont leurs biens les plus précieux.
Nous, Pères et Mères, sommes les protecteurs de nos enfants. Nous en sommes les seuls responsables.
Nous, Pères et Mères, sommes les authentiques éducateurs de nos enfants, seuls légitimes à décider pour eux en attendant leur maturité.
Nous, Pères et Mères, aimons nos enfants et nous nous sacrifions chaque jour pour eux.
Nous, Pères et Mères, organisons une Journée de retrait de l’école (JRE) une fois par mois pour sauver nos enfants.
Farida Belghoul , Pour le Comité national JRE , 18 décembre 2013
Pour suivre l’action menée par Farida Belghoul : jre2014.fr
Voir aussi, sur E&R : « Ligne Azur : quelle approche de la sexualité M. Peillon propose-t-il à nos enfants ? »
Videos et source=> http://www.egaliteetreconciliation.fr/Farida-Belghoul-lance-une-action-nationale-pour-l-interdiction-de-la-theorie-du-genre-a-l-ecole-22191.html
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Pourquoi les écrivains de droite avaient du style ?
Kléber Haedens aurait eu cent ans
À la fin de l’année, nous célèbrerons les 100 ans de Kléber Headens, disparu en 1976. En dehors d’une polémique désastreuse sur un collège de banlieue qui aurait dû porter son nom, lit-on encore Haedens ? Pour beaucoup d’entre nous, son Histoire de la littérature française demeure un ouvrage essentiel, le maître-étalon vigoureux de tout critique qui a la prétention d’écrire sur les livres des autres.
En 1996, Etienne de Montety avait relevé, dans son « Salut à Kléber Haedens », toute la truculence du personnage, ses foucades comme ses exercices d’admiration. Cet été, j’ai relu Haedens par souci de santé, la rentrée littéraire est un marathon qui mérite quelques pauses gourmandes, mais surtout par plaisir. Plaisir de retrouver Jérôme Dutoit, le héros d’Adios, ou Wilfrid Dorne, celui de Salut au Kentucky. Mon vieux livre de poche (millésime 1970), résumait ainsi le roman, après une courte notice biographique de l’auteur, : « Peut-être y-a-t-il cent façons d’occuper un bel été quand on a vingt ans, mais Wilfrid Dorne n’en voit pas de meilleure que tomber amoureux d’une jeune femme dont le portrait est exposé à la devanture d’un magasin d’antiquités ». Difficile de ne pas poursuivre plus loin cet apprentissage de la vie qui démarre à l’été 1869. Je me suis demandé pourquoi les écrivains de droite, bien que la plupart ne se reconnaissait dans aucun camp politique défini, m’apportaient tant de bonheur de lecture.
Excepté Vailland, Besson, Lacoche ou mon camarade Jérôme Leroy, je (re)lis Haedens mais aussi Blondin, Nimier, Laurent, Perret, Mohrt, Morand, Déon, etc… Je pourrais continuer comme ça la liste des réfractaires comme les appelle Bruno de Cessole dans son merveilleux Défilé (qui vient de reparaître dans la collection Tempus aux éditions Perrin) ou des désenchantés comme les nomme Alain Cresciucci. La gauche humaniste peut manifester, les étudiants se réunir en AG, les professeurs convoquer un conseil de discipline. L’écrivain de droite (jusqu’aux années 80) avait du style, c’est un fait irréfutable, historique. Après les Trente Glorieuses, l’écrivain de droite s’est financiarisé, il a voulu rentabiliser son investissement littéraire, toucher sa part du gâteau. Il avait la volonté de s’en sortir, de ne pas rester un anonyme, un obscur tailleur de mots. Il a perdu ce qui faisait tout son charme réactionnaire, ses emballements de vieux con, sa langue travaillée, son vocabulaire oublié, sa force lyrique, sa mélancolie lancinante, son phrasé intime, ses peurs d’enfant. À l’exigence, l’original, le fracassant, il a préféré le marketing, le commun, le bêtifiant. Aujourd’hui, l’écrivain de droite n’existe plus, c’est une chimère, il forme un même ensemble mou, flou avec son homologue de gauche. Ils partagent les mêmes théories bidons, l’expansion économique et la croissance, comme seuls phares de l’Humanité, l’universel au détriment de l’individuel. En réalité, ils prônent l’appauvrissement généralisé et le déshonneur qu’ils appellent entre eux le progrès et la modernité. Gare à ceux qui osent mettre en doute leurs belles âmes réunies, sous des allures de démocrates débonnaires, ils peuvent se montrer féroces. De vrais tyrans qui auront les moyens de vous faire taire.
Thomas Morales
La suite sur Causeur
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pourquoi-les-ecrivains-de-droite
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Chronique littéraire: Maurice Bardèche, Suzanne et le Taudis, Plon, 1957
« Je rendais grâce au ciel d’avoir fait de moi un cuistre obscur. Et aussi de m’avoir donné un taudis d’une pièce et demie, quand la moitié de l’Europe logeait dans des caves. »
1 – Maurice Bardèche et la politique
2 – Le Taudis, frêle esquif au milieu des flots tumultueux
3 – Un récit sur la condition de l’écrivain dissident
1 – Maurice Bardèche et la politique
La production littéraire de Maurice Bardèche ayant trait à la politique, radicale dans son fond et souvent très attrayante dans sa forme, n’est pas le fruit de l’assimilation particulièrement réussie de la pensée d’illustres prédécesseurs maurassiens, ni même la somme d’un nombre quelconque de réflexions antérieures, forgées à chaud à cette époque désormais révolue où l’expression « presse d’opinion » avait encore un sens. Au contraire, comme le révèle Jacques Bardèche, son propre fils, dans l’entrevue qu’il a bien voulu accorder à nos camarades de MZ récemment, Maurice Bardèche a commencé à vraiment s’intéresser à la politique à partir d’un moment historique bien précis : l’exécution de son ami et beau-frère Robert Brasillach, le 6 février 1945. De fil en aiguille, la pensée politique de Bardèche a donc émergé en réaction à un certain nombre d’événements, qu’il juge insupportables : l’exécution sommaire et injustifiée de son ami, les horreurs de l’épuration, le climat d’hypocrisie exacerbée d’après-guerre… Pour autant, jamais la plume de Bardèche n’accouche de propos haineux, contrairement à ce que laisse souvent entendre une certaine littérature engagée à gauche. Bien loin des pamphlets outranciers de Céline, des présages sombres et du pessimisme de Drieu, des intransigeances de Rebatet ou de Coston, la prose de Bardèche invite souvent le lecteur à entrevoir des rivages plus sereins : la recherche d’une forme d’équilibre, de justice, ou tout simplement de common decency, pour reprendre la formule d’Orwell. La pensée de Bardèche, c’est peut-être d’abord l’expression du bon sens appliquée à la politique. C’est un véritable antidote à la langue de bois.
Suzanne et le Taudis s’inscrit parfaitement bien dans cette forme littéraire très particulière, issue d’une radicalité qui ne sacrifie jamais à l’outrance ou à la provocation. Il en résulte un véritable pamphlet dans un gant de velours
2 - Le Taudis, frêle esquif au milieu des flots tumultueux
D’un point de vue formel, Suzanne et le Taudis se présente comme un récit plein de saveurs axé sur les conditions matérielles de Maurice Bardèche et de sa femme, Suzanne, la sœur de Robert Brasillach, après que le couple, qui habitait jusqu'alors avec celui-ci, se soit vu dépossédé de son appartement, "réputé être indispensable aux nécessités de la Défense nationale" au moment de la Libération.
De logis insalubre en appartement de fortune, en passant, bien sûr, par la case prison, sans jamais d'atermoiements, toujours avec un ton caustique, Bardèche nous livre un florilège de souvenirs où l’on entrevoit pêle-mêle d’indolentes femmes de chambres, de vertueux jeunes garçons animés d’idéaux maudits, d’improbables compagnons de cellules, mais aussi de bien espiègles marmots.
On croise au fil des pages de nombreux intellectuels plus ou moins proches de Bardèche : François Brigneau, Roland Laudenbach, le célèbre dessinateur Jean Effel, Marcelle Tassencourt et Thierry Maulnier, Henri Poulain, ou encore Marcel Aymé, à propos duquel Bardèche écrit : « il a l’air d’un saint de pierre du douzième siècle. Il est long, stylisé, hiératique, il s’assied tout droit, les mains sagement posées sur les genoux comme un pharaon et il fait descendre sur ses yeux une sorte de taie épaisse pour laquelle le nom de paupière m’a toujours paru un peu faible ». Cette icône byzantine incarnée, sans partager nécessairement les idées politiques de Bardèche, engage pourtant une campagne en faveur de celui-ci à l’occasion de son procès, dans un article publié dans Carrefour le 26 mars 1952, intitulé « La Liberté de l’écrivain est menacée ».
On découvre aussi dans ce roman, bien entendu, Suzanne, toute entière dévouée à l'éducation de ses enfants, fière, pragmatique, essayant tant bien que mal d'endiguer le flot continuel de trouvailles plus ou moins bien venues de la part de sa progéniture, au milieu des intellectuels pas toujours fréquentables que Bardèche recevait parfois chez lui. A ce titre, on pourra louer la lucidité de l’auteur quant aux travers récurrents et indéboulonnables des individus, parfois tout à fait valeureux mais bien trop souvent en dehors du réel, qui se réclamaient du fascisme encore après la guerre. Bardèche fustige leurs travers d'alcooliques ou leurs élans despotiques sans pour autant leur tourner le dos, à aucun moment.
A travers ces tranches de vie tour à tour drôles, touchantes, poignantes, Maurice Bardèche, de son style limpide, dresse l’autoportrait d’un écrivain voué à l’exclusion et à la misère, un homme sincère et droit dans ses bottes, volontiers porté sur l’autodérision, terriblement humain, au fond.
3 – Un récit sur la condition de l’écrivain dissident
Maurice Bardèche aurait pu poursuivre la très belle carrière qu’il s’était taillée avant la guerre. Successivement élève de ENS, agrégé de Lettres, docteur ès Lettres, professeur à la Sorbonne puis à l’université de Lille, on lui doit d’admirables ouvrages encore aujourd’hui unanimement reconnus sur Balzac, Flaubert, Stendhal, Bloy et Céline.
En mettant son talent au service d’une cause, Bardèche sait qu’il ne retrouvera jamais le confort matériel, la stabilité, la quiétude de sa vie d’autrefois. A travers Suzanne et le Taudis, Bardèche nous laisse entrevoir ce que la condition des hommes, et plus particulièrement des écrivains, qui osent se compromettre, peut avoir d’instable et de précaire. Le système a bien senti que la plume de Bardèche cherchait à lui chatouiller le menton ; il a donc tout mis en oeuvre, non pas seulement pour ôter cette plume, mais aussi pour rendre l'existence de celui qui la maniait aussi inconfortable que possible.
Il est très intéressant de constater qu’à la fin de son ouvrage, paru en 1957, Bardèche invoque les noms de Bernanos, de Maurras, de Péguy, et aussi de Céline. Il reconnait en effet chez ces écrivains une forme d’engagement absolu, inconditionnel, qui prévaut sur les contingences quotidienne. Or, le même Céline finit par tomber en disgrâce aux yeux de Bardèche, comme on l’apprend dans la biographie remarquable qu’il lui consacre en 1986. Bardèche confirme sa prise de position à l’occasion de son apparition sur le plateau de la mémorable émission d’Apostrophes, le 3 avril 1987, devant un BHL qui manque de s’étrangler d’indignation – mais pas pour prendre la défense de Céline, comme vous pouvez l’imaginer.
Pourquoi cette soudaine volte-face de la part d’un écrivain d’ordinaire si constant dans ses choix ? Il faut dire que le professeur Destouches a bien changé, entre les prises de positions franchement assumées de Voyage au Bout de la Nuit et la surenchère stylistique de Féerie pour une autre fois, dans lequel Céline choisit d’endosser le rôle de la victime qu’on voue aux feux de la Géhenne. On imagine aisément que les persécutions modernes aient été difficiles à supporter pour les écrivains modernes à contre-courant des idées reçues, et bien loin de nous l’idée de jeter la pierre à l’une ou l’autre de ces figures illustres. Bardèche pourtant, dans son dénuement quasi monacal, apparait dans la tourmente avec un éclat bien différent de celui de Céline, exilé au Danemark, tout engoncé, à la fin de sa vie, dans un nombrilisme maladif.
Maurice Bardèche me rappelle toujours Diogène, même si l’auteur de Suzanne et le Taudis est peut-être un peu trop bonne pâte pour être un authentique cynique. Le taudis de l’un valait bien le tonneau de l’autre, en tout cas, et l’image résume fort bien le propos du livre, posé sous forme de morale à la fin de l’ouvrage, mais que les militants d’aujourd’hui devraient sans doute méditer comme une problématique essentielle du combat qu’ils mènent aujourd’hui : celui qui ne pratique pas la langue de bois et qu’anime le désir de lutter contre le système doit s’attendre au retour de flamme. Adopter la position d’un dissident comporte des risques qu’il faut avoir le cran d’assumer, sans chercher à se réfugier derrière de fallacieux prétextes…
Sans aller jusqu’à prendre le radicalisme de Bardèche pour un modèle absolu, on peut lire Suzanne et le Taudis comme une belle leçon d’humilité, et se souvenir que l’engagement le plus total jeté à la face de tous sur Facebook ne vaut strictement rien si c’est une intransigeance de façade qui ne trouve jamais à s’exprimer dans la vie quotidienne.
Lyderic