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culture et histoire - Page 1685

  • Entrevue du CNC #8 : Pierre-Antoine, responsable du cercle Les Non-Alignés Deuxième partie

     

     

    4) Quels sont les mouvements politiques français qui vous semblent intéressants ? Pourquoi ?
    J’essaye d’avoir une vision œcuménique de tout ce qui existe actuellement comme « offres » dans la mouvance nationale ou européenne. Et tout ce qui existe en la matière m’intéresse. J’observe aussi tout ce me qui semble pertinent à l’extérieur de notre mouvance, car le génie européen et français n’est pas cantonné aux sphères qui prétendent le défendre ou le ressusciter, loin s’en faut.
    En ce moment, en France, il y a bien-sûr le Front National dont on parle sans arrêts (pour étouffer la visibilité de l’UMP dans un simple calcul politique à gauche ?).
    FN qui va peut-être se dissoudre prochainement dans une recomposition globale à droite par le RBM. Significatif est ainsi le nombre de personnalités ou futurs candidats qui rejoignent Marine mais n’adhèrent pas au FN qui est de toute façon une coquille vide et une étiquette, certes la seule que connaissent nos compatriotes.
    Puis il y a aussi les « tea-partys » français : la « Manif pour tous », le « Printemps français », ou encore les « bonnets rouges » qui mobilisent et incarnent parfaitement la colère des classes moyennes mais qui, avec leurs mots d’ordre anti-hollande peuvent très bien s’intégrer aussi dans un possible scénario de recomposition à droite et de manipulation générale. « Agiter le peuple avant de s’en servir » rappellerait ici Pierre Hillard en citant Talleyrand.
    De tout cela, les « bonnets rouges » semblent les plus intéressants, car laissant plus de marge de manœuvre aux gens comme nous en interne. Mais il ne faut pas se faire d’illusions quant aux possibilités réellement révolutionnaire de ces groupes. Ce qui doit compter le plus, pour les cercles comme nous ou vous, c’est d’accompagner le changement de paradigme en cours et d’essayer de nous constituer en réseau d’influence culturelle et d’entraide sociale. La configuration insurrectionnelle est envisageable uniquement si tout est réuni pour une action préparée et cohérente qui puissent aboutir si les conditions s’y prêtent.
    Il y a aussi ce qui reste d’identitaires encore actifs qui oscillent quant à eux entre coups d’éclats et « buzz » militants et tentatives de s’intégrer au bloc des droites en cours d’édification (bon courage aux architectes de cette construction !). Là encore, de par mon trajet, je considère que la mouvance identitaire a raté l’occasion historique d’unir la droite radicale dans un projet de société commun. Ils avaient –nous avions- enfin réussi une synthèse militante entre action, pensée et mode vie, comme nos camarades italiens de Casapound mais adaptée à la France. Espérons que de cette expérience, ceux des meilleurs éléments identitaires sauront rebondir et participer à l’élaboration de la synthèse nouvelle qui ne manquera pas d’émerger à terme.
    Il y a évidemment aussi la mouvance plus protéiforme encore que l’on désigne comme « dissidence », et qu’incarne Dieudonné et Soral. Chacun, à son niveau accomplissant avec leurs proches, un travail jamais vu en France jusqu’ici. Le « buzz de la quenelle » peut agacer les militants métapolitiques les plus formés mais quelle réussite incroyable sur un sujet aussi épineux que le sionisme, sujet que lâchement, une grande partie de la droite radicale n’osait même plus évoquer. Le travail d’Alain Soral et d’Egalité et Réconciliation est juste révolutionnaire en matière d’intelligence politique. Je trouve très pertinente la remarque d’Alain Soral qui dit dans son dernier entretien ce qu’il répète souvent : « On a remarqué depuis des années en France que les manifestations de rue n’amènent jamais à rien et que le système est tellement bien verrouillé que la politique politicienne nous amène toujours finalement à respecter et à nous soumettre aux règles du système de domination. En réalité, je fais donc de la politique mais différemment, en fonction des deux constats que je viens de vous énoncer. »
    Ceci ne doit pas être pris selon moi comme un encouragement à abandonner le militantisme de terrain pour autant mais bien à apprendre à l’orienter de manière différente. Ainsi, si des groupes de rue efficaces - comme les jeunesses nationalistes par exemple ou les identitaires - s’orientaient vers le social et l’entraide communautaire comme le fait le MAS, ceci en parallèle de la révolution cognitive d‘ER, tout cela dans un climat de droitisation de la France avec le FN, on arriverait alors dans une configuration intéressante où tout le monde trouverait à exercer ses talents et sa volonté de participer au redressement de la France. Depuis les nouvelles élites politiques non-alignés comme Aymeric Chauprade au Front National jusqu’au militant de rue ou de terroir, tout le monde devrait pouvoir exprimer son patriotisme à sa mesure dans nos rangs si nous savions mieux coordonner nos compétences et les différences nécessaires entre mouvements patriotes. Si l’on arrime toutes ces réalités au nouveau « nomos de la terre » en cours de réalisation autour de la Russie, on arrive alors à une configuration réellement « révolutionnaire-restauratrice » comme je la définis dans un texte à paraitre.  
    Après, et plus proche de nous, il y a toute la mouvance métapolitique, qui pour moi est essentiel. Avec surtout « Méridien Zero » : la référence contre-culturelle en France et le mouvement qui est lié, le MAS. Avec aussi tous les cercles comme vous qui gravitez autour ou le journal-réseau Rébellion, qui devient toujours mieux à chaque numéro. On pourrait rajouter aussi le balbutiant réseau « Maison Commune » de Laurent Ozon ou bien encore l’institut Polémia de Le Gallou.
    Il ne s’agit pas d’un mouvement mais dans ce rapide panorama j’inclurai aussi la revue « Eléments » qui jouent un rôle central dans la vie des idées politiques en France et qui devient actuellement la publication la plus intelligente et la plus contemporaine. Un travail fondamental, tout autant, voir plus que celui de nombre de mouvements politiques éphémères.
    Pour autant, dans ce panorama, la droite radicale française brille par son absence en tant que mouvance organisée. Je pourrais en rester là, sur la forme, mais je ne peux pas ne pas évoquer certaines raisons qui ont empêché jusqu’à présent la structuration d’une mouvance radicale organisée et sérieuse en France, à l’image de l’Italie par exemple avec Casapound.
    Vous connaissez peut-être le principe de dissolution et coagulation – « solve et goagula » - qui pour les néo-platoniciens rythment la vie de l’univers ? On a l’impression, en France, qu’au niveau des mouvements alternationaux radicaux, on arrive jamais à rejoindre vraiment la phase de coagulation. On assiste même à un éclatement perpétuel de notre mouvance politique en une multitude de micro-réseaux animés par très peu de personnes et centrés généralement autour d’une ou deux personnes aux idées et au vues un peu plus forte que leurs camarades. Internet, dont le fonctionnement est justement la mise en réseau, ne faisant qu’accentuer ce phénomène. En soi ça ne serait pas un problème insurmontable si l’on savait un peu mieux coordonner nos actions entre nous et entre les différentes initiatives, au moins ponctuellement. Il faudrait peut-être commencer dès aujourd’hui, par exemple en ce qui concerne les manifestations prévues début 2014. Ceci afin de ne pas se retrouver comme au printemps dernier, assez désorganisé et démuni au moment où
    se présenterait peut-être une occasion d’agir.
    Alors qu’est-ce qui empêche l’émergence d’une mouvance nationale-révolutionnaire plus ambitieuse en France ?
    Déjà peut-être est-ce spécifique à l’histoire de la droite radicale française qui n’a jamais pu accoucher d’un réel mouvement  « ni droite - ni gauche » d’ampleur comme le fascisme en Italie. Alors que cette convergence du socialisme avec le nationalisme est précisément apparue en France à la fin du XIX ème siècle, comme l’a très bien démontré l’historien Israélien Zeev Sternhell. Mussolini ayant toujours regardé Georges Sorel comme un de ses maitres.
    Les Français, après avoir irradié leurs voisins européens des idées de 1789 avaient en fait théorisé la solution à leurs maux les plus sérieux : l’alliance du patriotisme et du syndicalisme révolutionnaire contre la ploutocratie bourgeoise.
    Avant la première guerre mondiale il y eu l’expérience du cercle Proudhon, mais dont la plupart des animateurs, hormis Georges Valois, furent sabrés par la première guerre mondiale. Première guerre mondiale qui fût le vrai grand drame de notre civilisation européenne et tout particulièrement de la France qui vit sa jeunesse la plus courageuse disparaître dans les flammes de cette « Apocalypse de la modernité » pour reprendre le titre d’un livre d’Emilio Gentile. De là, alors que l’Italie connaissait après-guerre la fusion du nationalisme et du socialisme – ce qui d’une certaine manière avait été prévu par l’interventionnisme de Mussolini – et allait retrouver comme centralité politique l’idée fondatrice de Rome - dans un pays où l’Etat était encore à construire - le nationalisme français, lui, n’arriverait jamais à renverser ni même à subvertir la république. Cette « république qui gouverne mal mais se défend bien » selon le mot de Maurras. Puis, après la seconde guerre mondiale, la défaite de l’Allemagne allait avaler avec elle ce qui restait de la droite radicale française qui s’était engagée dans le processus de collaboration pour un nouvel ordre européen. Après guerre il ne restait là encore que des décombres et quelques volontaires errants épars au milieu de ce champ de ruines. Là où, à l’inverse, en Italie, dès la défaite, s’organiserait le Mouvement Social Italien (MSI), prédécesseur à bien des égards du Front National de la grande époque.
    Intéressant aussi l’histoire du FN, qui de plateforme des droites radicales dans les années 70 est passé par diverses phases jusqu’à devenir aujourd’hui le défenseur d’une vision de l’Etat gaulliste industriel de la cinquième république après avoir historiquement émergé dans l’antigaullisme et l’Algérie française. L’histoire a de ces détours … Qui sont pourtant bien compréhensibles avec un minimum de vision et de connaissance historique et surtout d’agilité d’esprit. Cette dernière étant la spécificité des Non-Alignés et d’E&R dans notre mouvance je pense.
    Là encore, malgré toutes les expériences tentées en parallèle du FN ou à l’intérieur de celui-ci, il semble bien que la mouvance radicale française ne puisse pas arriver à exister en tant que mouvement politique organisé. Voir là-dessus le passionnant ouvrage de Nicolas Lebourg : « Le Monde vu de la plus extrême-droite ».
    Un sujet que ce transfuge d’Unité Radicale connaît bien …
    Pour ma part j’en arrive de plus en plus à considérer que notre travail métapolitique doit se concentrer sur trois axes : l’influence culturelle, la formation politique et métapolitique, et le volontariat social. 
    L’influence culturelle par la construction de contre-médias contemporains toujours plus pointus et professionnels. La formation, par la création d’une école de cadre indépendante de tout mouvement constitué, un peu comme le fût le GRECE en son temps mais avec une partie plus grande part accordée aux pratiques communautaires et à la formation humaine. Quelque chose qui s’inspirerait du modèle éternel de l’Académie antique mais adapté aux conditions de notre époque. Le projet Métapolis que j’aimerais mettre en place allant en ce sens. Nous verrons bien si cela est réalisable ou chimérique. Enfin le social, à l’exemple du MAS mais avec peut-être plus de visibilité et surtout avec peut-être la participation de groupes au fort potentiel humain qu’ils dispersent dans des actions pas toujours bien ajustées au niveau de la pertinence et de la communication. Je ne néglige rien ni personne, je pense que tout le monde peut-être utile s’il fait preuve de bonne volonté pour aller dans la bonne direction. 
    On ne peut pas non plus ne pas évoquer certaines pathologies lourdes qui affectent un grand nombre de personnes dans nos mouvements : infatuation de l’ego jusqu’au délire, mythomanie légère chez beaucoup, lourde et avérée chez certains. 
    On commence par se faire passer pour plus gros ou plus important que l’on n’est réellement et, à force de petits arrangements répétés avec le réel, on finit par devenir un menteur habituel, voire pire, un manipulateur. Globalement, on constate une difficulté voire même le refus d’un minimum d’autocritique et d’examen de soi.
    Alors, à décharge de nos « milieux », tout cela existe bien entendu ailleurs mais ne sommes-nous pas censés être une alternative, donc être différent ? Tout cela a aussi des causes extérieures indépendantes de notre volonté. Vivre en permanence sous la pression permanente du politiquement correct, comme en apnée au milieu de la société libérale-consumériste et de codes psycho-sociaux que nous rejetons peut évidement rendre un peu fou-fou. C’est étudié pour : l’ingénierie sociale est là pour comprimer et déstructurer notre être de manière radicale et intime. L’incommunicabilité entre les personnes est promue, diffusée, élaborée par des gens qui savent y faire en matière de déstructuration des rapports sociaux. Presque plus aucune famille n’est normale aujourd’hui, mais chaque famille pense son mal-être comme unique et spécifique alors que comprendre les raisons extérieures de ce mal-être aiderait tant de personnes à y voir un peu plus clair et à souffrir un peu moins. C’est d’ailleurs plus cela le vrai but d’une opération comme « le mariage pour tous », plus encore que d’imposer les mœurs des homosexuels : déstructurer un peu plus l’anthropologie naturelle en détruisant le mariage. N’oublions pas que pour ceux qui nous gouvernent, le but est de créer le citoyen-abeille habitant d’une cellule de la ruche globale. Le triomphe de la géométrie et la défaite de l’humain.
    La haine de l’humain et l’amour de la géométrie …
    Face à cela, quand tout est organisé dans le sens de la destruction et de l’anéantissement de la personne humaine (au nom de l’humanisme et des droits de l’homme bien-sûr), il est effectivement difficile de rester normal. Et, on le sait, ce qui est normal n’est pas forcément la norme. Quand la norme est contre nous, quand la dictature soft que nous combattons prend la forme quasi panthéiste de la « concrétude des choses » et de tous les aspects de nos vies, il est difficile de ne pas sombrer dans le chaos et la dépression. L’extrême-droite - comme l’extrême-gauche - n’est pas une force de proposition mais bien une forme avancée de ce chaos contemporain entretenu. Il devient de plus en plus dur d’échapper à la pathologie sociale géante pour tout le monde. Il faut essayer d’être lucide : nous vivons dans l’inverse d’une société, nous vivons dans une « dissociété » savamment entretenue et organisée. On parle beaucoup de dissidence actuellement, la première dissidence actuellement serait de tenter d’être ou de redevenir normal. Plutôt que de se croire autre chose que ce que l’on est parce-que l’on souffre de ne pas être reconnu pour ce que l’on voudrait être. Il faut sortir du vouloir-être quelque chose ou quelqu’un et essayer d’être soi-même, d’aller au bout de soi-même si l’on en est capable, avec les autres ou seul. En gros s’en tenir à des principes tel que : ne pas mentir, ne pas dissimuler, ne pas tromper, dire ce que l’on pense à ceux qui s’engagent à vos côtés ou au moins essayer de le formuler le plus clairement possible. Arrêter de se construire des châteaux d’esprit qui n’existent pas dans le réel, arrêter de comploter à sa propre réussite sur le dos des autres. Reconnaitre les hiérarchies naturelles dans un groupe.  Reconnaître et respecter celui qui t’est supérieur comme celui qui t’est inférieur. Récompenser celui qui travaille le plus et non pas celui qui fait le plus le malin sur internet ou ailleurs. Se mettre à l’épreuve du réel et travailler, toujours travailler. Etre un constructeur, un bâtisseur de cette intelligence collective que tous nous voulons voir émerger pour contrer, celle, diabolique, qui mine nos sociétés et nous empêchent d’être heureux. Viser toujours plus haut que le but.
    Il y a une chose que j’essaye personnellement de ne pas oublier et qui me semble fondamentale : l’assurance d’avoir raison n’annule pas la nécessité de se conformer à la « décence commune », y compris avec nos ennemis, mais d’abord évidemment avec nos proches. Notre prochain, c'est-à-dire celui qui est à côté de nous. Oui cette notion fondamentale de « décence commune » qu’à mis en exergue Jean-Claude Michea, en la reprenant à Orwell et qu’on met souvent de côté au prétexte que l’on pense avoir raison. Mais cette décence commune existe et elle est encore ressentie par une grande partie de notre peuple, qui est celle à qui nous devrions vouloir nous adresser en priorité. Et trop souvent on l’oublie, ou pire on la confond avec le « politiquement correct », alors qu’elle en est l’exact opposé. Le politiquement correct étant basé sur la censure et la dénonciation alors que la décence commune est en fait basé sur le respect et la « philia », l’amitié sociale chez les grecs. On pense, par exemple, que puisque l’on a raison de constater un phénomène énorme comme l’immigration, on est excusé par avance pour les outrances verbales ou physiques que l’on commettrait en exprimant notre mécontentement. On fait alors des provocations faciles ou des blagues potaches totalement contre-productives qui nous discréditent comme possible alternative politique (« Taubira retrouve la banane », Mario Borgezio quant à lui fait le singe etc). Une fois compris que l’on est allé trop loin, on va dissimuler nos pensées ou notre manière d’être, afin d’être respectable ou éligible (le pire). Choses dont se régalent les « médias-menteurs » avec leurs micros et caméras cachées à chaque reportage sur « l’extrême-droite » depuis toujours.
    Pire, tous nos principes sont bafoués chaque fois que l’un de nous parle mal d’un camarade, dès qu’il se fait l’égout vivant de tous les ragots sur les uns ou les autres ; chaque fois qu’un meneur discute en cachette avec un tel ou une telle qui est très influent et qui va peut-être lui permettre d’arriver SEUL, là où il sera enfin reconnu pour ce qu’il vaut vraiment. Loin de tous ces loosers qui l’empêchent de briller et de trôner, seul et fier comme le soleil ! Mais en oubliant que même le soleil a besoin des autres pour être contemplé.
    Tout le cortège d’opposition politique extrémiste doit être rejeté comme un surgeon ultime du libéralisme-libertaire. L’extrémisme politique est une des formes, comme le communautarisme, du libéralisme-libertaire. Tout autre chose est la radicalité, lieu où nous essayons de nous tenir et de nous maintenir contre vents et marrées.
    Dans ce cadre là, pour moi, le monde de la  politique contemporaine c’est le monde de la pathologie et des turpitudes humaines au même titre que celui de la finance mais à un plus niveau médiocre et minable. En face de cela, et pour ne pas sombrer dans le repli total sur la sphère du privé, nous avons un outil que nous devons réhabiliter et redéployer : c’est la métapolitique.  
    La métapolitique, c’est la conjonction de la grande politique avec le quotidien. C’est tout ce qui est politique et culturel mais qui n’est pas dans le champ de la politique politicienne. Ce qui ne signifie pas pour moi que nous ne devons pas avoir de liens avec les mouvements politiciens parlementaires, mais nous ne devons pas en faire l’alpha et l’omega de notre vision du monde comme certains, c’est ridicule. Les mouvements politiques ont leur agenda : les élections. Nous nous avons le nôtre : la vie communautaire que nous devons organiser. On ne peut pas jouer sur deux tableaux à la fois. Ce qu’il faut c’est être soi-même et se constituer en vrai force de proposition autonome et adulte qui puisse montrer à notre peuple des voies politiques alternatives. On ferait bien, dans notre courant, de s’inspirer, comme le font Eléments et Alain de Benoist, de la mouvance protéiforme des écologistes indépendants et du courant pour la démocratie directe, ou encore des travaux d’un Etienne Chouard. Par ses travaux il a effectivement effectué une critique radicale du système parlementaire d’une profondeur et d’une limpidité que rarement un ennemi de la gueuse à droite est capable d’articuler. Pour autant il manque à M.Chouard toute la culture de l’anticapitalisme de droite qui l’empêche de sortir complètement du paradigme gauche/droite. Et peut-être aussi encore quelques illusions sur la capacité des êtres humains à vivre en démocratie sur une vaste échelle. A l’inverse, trop souvent le pessimisme et la misanthropie rampante mine l’homme de droite et l’empêche d’agir. Et l’action est libératrice comme nous rappelle tous les jours nos amis de Casapound.
    Je pense qu’il y a un texte à lire sur toutes ces questions, car il est issue d’une grande expérience militante, c’est « les abeilles et les fleurs » de Gabriele Adinolfi.
    Il figure en fin de son abécédaire : « Pensées Corsaires ». On y trouve exposées de manière limpide toutes les raisons des échecs successifs de la droite radicale, particulièrement au niveau de l’humain. Ce texte devrait être lu par tous cadres politiques de la mouvance actuelle selon moi. Nous en éditerons une version en ce sens dans le cadre des formations Métapolis. Chaque militant devrait connaître ce texte. On peut lire aussi le très intéressant « l’insurrection qui vient » dans le camp d’en face, qui montre un très bon exemple d’autocritique de la part de membres de l’extrême gauche militante, la bande à Julien Couppat. Il faut être réaliste et voir ce que l’on pèse vraiment. Comme moi par exemple qui vous réponds ici et fait le malin mais n’ai en fait que très peu d’influence et de puissance dans mon quotidien où la plupart des actions de ma vie ne dépendent pour l’instant que du bon vouloir des multinationales ou de l’Etat.
    Tous les mouvements et initiatives ne sont que des outils pour le but principal qui est le nôtre : le retour et la résilience de l’esprit de communautés des peuples ethno-européens sur le sol et la terre de leurs pères. Notre principal travail est le lent tissage d’une communauté. C’est tout ce qui compte réellement au-delà des formes politiques transitoires et précaires, plus précaires encore que notre faible mais indestructible condition humaine. Comme le chiendent et la mauvaise herbe des chemins nous renaissons et repoussons toujours. Pour combien de temps encore ?
    5) Quels sont pour vous les auteurs historiques incontournables ? Vers quels auteurs dirigeriez-vous un jeune militant ayant soif d’engagement pour l’aider à se structurer doctrinalement?
    Nous ne sommes ni marxistes, ni sémites, notre vision du monde ne peut être résumé par aucune table de la loi ou livre-programme de manière définitive. Ce que ne comprennent pas par exemple tous les talmudistes de la dissidence qui s’étripent en ligne ou en privé sur des questions doctrinales qui sont certes importantes mais ne constituent pas l’essentiel de ce que nous sommes. Comme disait Bardèche, « on serait bien en peine de trouver la bible du fascisme ». Et c’est normal puisque ce que nous sommes se condensent bien plus souvent en images fortes et en verbe vivant qu’en lettre morte. Nous sommes Esprit et pas lettre morte.
    Notre vision du monde tient plus du mythe en action que d’une théologie absolue. Bien que l’arrière plan théopolitique soit évidement fondamental pour nous. 
    Ce serait justement l’un des objets du cursus de formation du projet Métapolis que de délivrer une formation des idées adéquates. Gabriele Adinolfi conseillait dans un de nos entretiens de commencer par lire les journaux politiques des acteurs des évènements du « siècle court ». On pourrait conseiller entre autres ceux de Drieu la Rochelle, Jünger, Goebbels (plus polémique …), Emmanuel Mounier, ou encore celui de Jacques Benoits Méchin (que je découvre en ce moment). Ce dernier est riche de découvertes hallucinantes. Ainsi que les mémoires du Général de Gaulle par exemple ou de Savitri Devi (plus polémique là encore mais intéressant). Généralement  tout ce qui permet de comprendre de l’intérieur et directement à la source, par ceux qui l’ont vécu, la structure et les ressorts intimes de la crise essentielle que traverse l’Europe depuis le début du XXème siècle et de laquelle notre époque n’est que la suite logique. Je conseillerai aussi les bonnes biographies d’auteurs comme Mircea Eliade ou Mishima, essentielles pour comprendre notre temps.
    Au-delà de cela, je diviserais les lectures à donner à un jeune militant en plusieurs catégories plutôt qu’en titres ou auteurs car il existe une foule d’auteurs intéressants qu’il faudrait lire dans les champs d’idées qui nous intéressent. On ne peut pas tout lire et surtout, mieux vaut maitriser parfaitement un certains nombres de lectures essentielles que de s’éparpiller en tous sens. Je diviserais les lectures militantes ainsi.
    Nature et retour au réel :
    - « Le monde plein » du naturaliste suisse Robert Hainard et généralement la plupart de son travail. Ceci afin de se doter d’une sensibilité à la nature et au monde réellement européenne.
    - « Le sang noir » de Bertrand Hell. Essentiel sur les archétypes les plus profonds de l’animisme européen toujours présent en nous.
    - « Dictionnaire amoureux de la chasse » Dominique Venner
    Formation du caractère et philosophie de l’histoire :   
    - « Ecrits historiques et philosophiques : pensées » Oswald Spengler
    - « Pensées pour moi-même » Marc-Aurèle
    - « Vie des hommes illustres » Plutarque
    - « Journal de prison » Corneliu Zelea Codreanu
    - « Guide spirituel (le chemin des ascètes) » Tito Collander
    - « La guerre comme expérience intérieure » Ernst Jünger
    Géopolitique :
    - « Chronique du Choc des civilisations » Aymeric Chauprade
    - « Géopolitique : constantes et changement dans l’histoire » Aymeric Chauprade
    - « Les empires et la puissance » Jordis Von Lohausen (fondamental)
    -  « Globalia » Jean-Christophe Rufin
    - « Les espérances planétariennes » Hervé Ryssen
    - « les mythes fondateurs de la politique israélienne » Roger Garaudy
    - « le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » Mearshmeir et Watt
    - « Pour une Europe européenne » Henri de Grossouvre
    - « Le grand échiquier » Zbigniew Brzezinski (les objectifs américains sans complexes, le « Mein Kampf » des mondialistes !)
    Vision du monde et histoire :
    - « Doctrine du nationalisme » Jacques Ploncard d’Assac
    - « Pensées corsaires » Gabriele Adinolfi
    - « le Fascisme vu de droite » Julius Evola
    - « Mishima » collection « Qui suis-je » chez Pardès
    - « la droite révolutionnaire » Zeev Sternhell
    - « Orages d’acier » Ernst Jünger
    - « les jeunes fauves du führer » Jean Mabire
    - « le siècle de 1914 » Dominique Venner
    Tradition :
    - « La cité antique » Numa Fustel de Coulanges
    - « Les indo-européens » Jean-Haudry
    - « Les Celtes » Christian Guyonvar’ch
    - « le sacré et le profane » Mircea Eliade
    - « Hagakure » Yamamoto Jôchô
    Je me permets de renvoyer ici à des vidéos de critiques littéraires que j’ai commencé à produire. Je vais essayer à rythme régulier de faire une chronique des livres qui me semblent important à conseiller à nos camarades.
    En fait en tentant d’écrire cette liste, comme à chaque fois,  je me rends compte de la difficulté d’établir une liste succincte de livres à conseiller. De plus en plus je ressens l’absence d’un véritable enseignement empirique et organique que l’on pourrait se transmettre d’homme à homme, de « maître » à élève. Plus les années passent et plus je me rends compte de l’importance de la première fonction dans la tripartition traditionnelle indo-européenne. Toute société a besoin de porteurs de mémoire qui guident et encadrent les combattants. Je me rends compte de la nécessité vitale d’une nouvelle classe sacerdotale contemporaine qui sache porter avec elle tout le temps et partout, les savoirs essentiels de notre civilisation. L’équilibre entre action et contemplation est la chose la plus importante pour un « homme différencié », mais pour la première fonction, la contemplation prime l’action. Pour la première fonction la contemplation est pour elle la forme ultime de l’action et du combat. Un homme seul dans son cabinet comme Guénon, Marx ou Dumézil n’a-t-il pas au fond une action indirecte plus immense que n’importe quel politique ?
    Pour autant que seraient ses vues sans personnes pour les appliquer et vivre et mourir pour ? D’où la nécessité d’appartenir à une communauté car seul on est rien. Et si ça n’est pas le cas, d’où l’importance de tenter d’en constituer une. Ce que je persisterai à faire malgré les impairs et les désillusions. Désillusions nécessaires pour grandir et transmettre. Les années passant je me sens toujours plus proche de cette caste au sens guénonien. J’aimerais, à mon niveau, être un jour un « filid » ou un aède de notre cause comme d’autres en sont les « miles » ou les « dux ». Un porteur de mémoire et de civilisation.
    Je pense aussi que nous devrions réhabiliter une figure, un archétype : le militant-pontifex. Pontifex au sens de celui qui créé des ponts entre les hommes mais aussi des ponts vers le monde des dieux. C’est la figure du Roi-prêtre, ou du Prêtre-guerrier.  L’Empereur en est la forme la plus haute, figure sacrée et politique tout à la fois qui uni à son sommet le pouvoir religieux avec le pouvoir temporel. 
    Très intéressante à étudier aussi est la synergie qui existait dans le monde celte entre la caste des « sachants» (les druides et les filids) avec celles des guerriers qui protège l’ordre de la communauté et partant du cosmos et enfin avec celles des artisans qui eux reproduisent le monde et l’ordre social. 
    Ordre traditionnel tripartite qui se maintiendra jusqu’à la fin du moyen-âge et que nous portons tous en nous malgré tout. Chacun est fait pour quelque chose, l’important est de bien se connaître pour savoir ce pourquoi l’on est fait et de laquelle des fonctions tripartites on se sent le plus proche.
    Comme le dit le « Hagakure », l’entrainement du samouraï ne s’arrête jamais. De même pour la formation de l’esprit. Globalement il faut lire, écrire et faire de l’exercice physique sans cesse pour tout vrai militant. On a pas le choix, qui ne monte pas descend. On est comme les requins : condamné à nager pour ne pas sombrer !
    6) Parmi les auteurs actuels, quels sont ceux qui vous semblent intéressant et vous paraissent renouveler la pensée « dissidente » ?
    Actuels ? Numa Fustel de Coulanges, Franz Cumont, Georges Dumézil … D’une éternelle « actualité ». Non plus sérieusement, je dirais fondamentalement Eric Werner et ses indispensables : « l’avant-guerre civile » et « l’après-démocratie ». Deux livres qui résument tous les aspects du totalitarisme contemporain. Un des plus grands auteurs politiques contemporains. Il avait écrit aussi en son temps un très bon : « ne dites surtout pas que je doute » sur la censure et le révisionnisme. Après plus que des auteurs, c’est peut-être des maisons d’éditions alternatives qui font un travail indispensables comme les éditions « Xénia » de l’essayiste Slobodan Despot, « le retour aux sources » de l’incontournable Michel Drac, et évidement « Kontre Kulture », l’artillerie lourde en la matière. Comme livres non-alignés récemment j’ai particulièrement apprécié « le malaise est dans l’homme » de Pierre Le Vigan et « Pour une théorie du monde multipolaire » d’Alexandre Douguine, une claque géopolitique !
    (fin deuxième partie)

    Lire la première partie.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/12/07/temp-3731f06479b7a891948bf4b62ccb86e6-5240577.html

  • [Moulins] CR de la conférence du Printemps Français du 7 décembre à Moulins

    "Comme annoncé, Résistance Bourbonnaise à tenu ce weekend, à Moulins, sa première conférence sur le thème de la Résistance. Nous pouvons nous féliciter tant de la qualité des interventions de Béatrice Bourges et de Frédéric Pichon que de la forte mobilisation du public (70 personnes). D’autres conférences sont d’ores et déjà programmées. "

    Résistance Bourbonnaise

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Moulins-CR-de-la-conference-du

     
  • L’Histoire de France à la poubelle

    Les Soviétiques n’avaient pas fait pire que ce qu’a entrepris depuis des décennies ce qu’il est convenu de nommer l’Éducation nationale de France : dilapider l’héritage de ‘’notre’’ histoire, la découper en tranche et rejeter ce qui ne correspond pas à la vision idéologique qu’elle cherche à imposer à la jeunesse française, tout autre chose que la simple vérité.

    Car l’histoire de la France, notre patrie, ne lui appartient pas : elle ‘’nous’’ appartient’’, elle est l’âme de ce peuple que nous sommes, comme l’est également sa langue. Notre droit à notre histoire est absolu et la ‘’massacrer’’ – comme l’écrit Fabrice Madouas dans Valeurs actuelles de cette semaine – est à la fois un viol et une sorte de génocide culturel. (La nullité de l’enseignement général comme de la langue française en particulier participe au même crime dont l’État français est responsable ‘’et’’ coupable.) [...]

    Dominique Daguet - La suite sur France Catholique

  • Classes prépa : les excellents propos de Jacques Julliard

    L’AF 2873 avait épinglé Jacques Julliard : aussi est-elle d’autant plus libre de saluer les excellents propos, libres de toute démagogie, tenus par l’éditorialiste de Marianne sur les classes prépas dans le numéro du 7 décembre 2013.

    Malheureusement pour le magazine, Marie Huret (p.42 du même magazine) se livre à cette "vindicte de tous les médiocres" dénoncée par Julliard (p.12). L’honneur de Marianne est sauf !

    " Sous prétexte d’en faire profiter les enseignants des zones défavorisées, on a entrepris de réduire dans des proportions importantes, de l’ordre de 10 %, la rémunération des profs de prépa, c’est -à-dire des classes préparatoires aux grandes écoles. Comme c’est une des rares choses qui fonctionnent bien dans le système scolaire français, rien n’est plus urgent qu’y mettre le bazar. Il y a longtemps que les profs de prépa et les prépas en général sont l’objet de la jalousie mesquine et de la vindicte de tous les médiocres, de tous les besogneux, qui sont légion dans l’administration et dans la secte pédagocratique. Au nom de l’égalité ! Comme si les pays démocratiques n’avaient pas besoin d’une élite du savoir ! Pourquoi, en si bon chemin, ne pas aligner le traitement des directeurs de l’administration centrale sur ceux des instituteurs débutants, qui font un métier non moins utile et même plus fatigant ? Il est curieux que, dans leur zèle justicialiste, les premiers n’y aient pas pensé... "

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Classes-prepa-les-excellents

  • Se repentir ? Vous pouvez toujours courir !

    par Pieter Kerstens, collaborateur de la revue Synthèse nationale.

    Parce que mon devoir de mémoire ne commence pas en 1789, ni ne s’arrête au 11 septembre 2001 à la Grande Pomme…

    J’assume tout l’héritage de mes ancêtres, depuis 40 siècles, quand les premiers celtes développèrent un art exceptionnel dans le travail des métaux. Et, avec le témoignage de l’historien grec Polybe, c’est avec détermination que je défends la remarquable culture celte qui englobait pratiquement toute l’Europe occidentale.

    NON, je ne renie en rien l’œuvre de civilisation que mes aïeux ont réalisé en 4.000 ans et qui, au travers des siècles et de par le monde a contribué à la diffusion des valeurs et de la grandeur de l’Europe. C’est bien grâce à Werner Von Braun, un ingénieur allemand, que les américains ont pu, en 1969, marcher sur la lune.    

    En 2013, nous marchons sur la tête !

    À l’opposée des laquais de la Police de la Pensée et des cloportes du « politiquement correct », j’affirme que le bilan des colonisations européennes dans d’autres continents et sous d’autres latitudes est très positif et que nombre de gouvernements exotiques en tirent toujours profit, 50 ans après leur indépendance.   Il suffit de se rendre sur place pour s’en rendre compte, comme je l’ai fait en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.

    Les incompétents qui nous dirigent, et les journalistes à leurs bottes, doivent cesser d’occulter la réalité, stopper ce révisionnisme de l’Histoire version marxiste et arrêter de nous rendre responsables ou coupables des maux qui accablent la Terre entière.

    Cependant avons-nous encore la possibilité de dire ou d’écrire librement ce que nous estimons être notre conviction ?

    Devra-t-on toujours être d’accord avec les Gouvernants ?

    Ne sommes-nous plus un pays où la liberté d’expression serait garantie ?

    Y aurait-il des anathèmes ? Une police de la pensée ?

    Des tabous ? Une Nouvelle Inquisition ? Un terrorisme « intellectuel » ?

    Sans être raciste ou xénophobe, peut-on encore critiquer et combattre le laxisme des gouvernements et la générosité de notre législation sociale qui dépasse certaines bornes ?

    N’est-il plus toléré de fustiger la politique des autorités concernant la drogue, l’insécurité, la violence dans les écoles, le droit de vote des étrangers, les goulags communistes au XXe siècle ou la dictature des mondialistes et l’arrogance sioniste ?

    Parce que, franchement, depuis 60 ans, les pays sous-développés et « indépendants » devraient chacun ériger un monument en guise de remerciements aux acquis légués par la présence européenne sur  leurs  territoires : exploitations forestières ; plantations de café, thé, bananes, hévéas, etc.; industries diverses (papeteries, cimenteries, tissages, brasseries, etc.) ; mines (charbon, zinc, cuivre, tungstène, diamant, coltran, uranium, phosphate, etc.) ; exploitations pétrolières et gazières ; agriculture variée et élevage divers ; réseaux de communications (voies ferrées, ponts, routes, ports, aérodromes, canaux d’irrigation, barrages, etc.) ; systèmes éducatifs et sanitaires (écoles, lycées, universités, cliniques et hôpitaux ) ; éradication du choléra, du tétanos et autres maladies tropicales ; mais surtout : autosuffisance alimentaire, chassant le spectre de la famine !

    Que reste-il de tout cela aujourd’hui ?

    Des souvenirs, remplacés en 2013 par  l’insoutenable présence des néo-colonialistes chinois qui  pressurent sans vergogne l’Afrique (et d’autres pays, ailleurs).

    Oui, ce que les Européens en général et les Français, en particulier, ont accompli dans les colonies durant plusieurs décennies (et souvent des siècles) mérite le respect et force l’admiration.

    Il est intolérable que certains négationnistes prétendent aujourd’hui que les Occidentaux sont seuls à la source des calamités qui touchent nombre de pays en voie de régression.

    À écouter ces saltimbanques de l’humanitarisme, avant l’arrivée des européens (au XVI ème siècle) dans les pays tropicaux, tous les clans, tribus et peuplades auraient vécu dans un cadre paradisiaque avec une cohabitation pacifique chargée de relations conviviales, alors même que l’esclavage des noirs par les arabes dominait l’Afrique et qu’en Asie la Chine imposait sa culture, son administration et sa spiritualité !

    Arrêtons de croire ces bonimenteurs socialauds-marxistes !

    Il est grand temps, de rétorquer à tous les pays quémandeurs : «  Avant de tendre la main, prenez-vous en main ! »,

    Et qu’ils prennent donc exemple sur d’autres pays qui l’ont mis en pratique depuis longtemps et ont pu ainsi accéder au mieux-vivre (Thaïlande, Mexique, Argentine, Corée du Sud, Philippines, Malaisie, Formose etc.)

    Non, l’homme blanc n’est pas responsable ni coupable  « du-trou-de-l’ozone-qui-va-tous-nous-carboniser », de la faim dans le monde, du prétendu réchauffement de la planète, ni de la concentration de CO2 dans l’atmosphère ou encore de la misère africaine qui pousse les immigrés hors-la-loi à embarquer sur des bateaux pourris, traverser les mers et venir s’installer clandestinement dans nos églises, à la recherche d’aides sociales inexistantes chez eux !

    La volonté progressiste de métissage à tout prix et l’obligation de « société multiculturelle » imposée par les mondialistes depuis 40 ans, n’a plus rien à voir avec l’immigration des années 60 et constitue  le  véritable danger pour l’équilibre et l’identité de notre société, confrontée à l’Islam conquérant.

    Les lois liberticides de 1974, 1981, 1989, 2000 et 2003 confirment une dérive totalitaire du Régime et ouvrent de nouveaux horizons aux ennemis de la Liberté. C’est pourquoi il faudra punir les responsables de ces législations et combattre les collaborateurs de l’invasion musulmane, qui par leur propagande et leur volonté d’imposer la Turquie en Europe nous conduisent vers un choc sanglant de civilisations.

    Il faut le répéter sans cesses : le danger pour notre civilisation et notre identité européennes, ce n’est pas la séparation, le confédéralisme ou l’indépendance des uns ou des autres, le vrai cancer qui menace l’avenir de nos enfants, c’est l’islamisation de nos quartiers, de notre mode de vie, de notre administration et de nos lois. Vidons les ordures politiques qui nous gouvernent.

    http://francephi.com/tribunes-de-notre-invite/se-repentir-vous-pouvez-toujours-courir/

     

  • À propos de « La fin de la mondialisation » de François Lenglet

    Autant le dire tout de suite : à première lecture, le dernier opus de François Lenglet n’est pas sa Neuvième Symphonie; il n’égale pas, par l’éclat et l’originalité du propos, le Qui va payer la crise ? sorti il y a un an sur la signification, les conséquences et les grands enjeux de la crise en cours. Ses conclusions désabusées de la préface n’incitent guère à la mobilisation (« La fin de la mondialisation, ou en tout cas son éclipse, n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Peut-être est-ce même le contraire. »). Pas de quoi fouetter un chat. En grossissant à peine le trait, on dirait qu’il s’agit là d’un bouquin pas folichon sur un sujet austère.
    Ce jugement assez négatif se modifie et même s’inverse à seconde lecture, parce que l’on y retrouve les qualités de richesse d’analyse et de synthèse (presque excessives, car ça fuse de partout !), d’honnêteté, de clarté, d’humour propres à l’auteur. C’est également un discours a priori sympathique à des oreilles de droite enracinée, puisqu’il plaide en faveur d’une dose raisonnable de protectionnisme européen intelligent. Enfin et surtout, le sujet est stratégique et conditionne beaucoup des évolutions économiques, sociales, sociétales et politiques de nos sociétés dans les deux ou trois décennies à venir.
    Ce bouquin mérite donc amplement le résumé que voici.
    Libéralisation et libre-échange tous azimuts
    Tout commence sur un air de rock’n’roll : à la fin des années 60, la vague libérale a ses troupes, les baby-boomers, son credo, la prééminence de l’individu sur la société, et son arme, les nouvelles techniques de communication. Le règne de Milton Friedmann commence. En 1979, le libéralisme sociétal investit l’économie, avec l’arrivée au pouvoir de la « Dame de Fer », suivie l’année suivante de Ronald Reagan. De l’autre côté du monde, Deng Xiao Ping, le « Petit Timonier », lance ses réformes libérales en 1978. Les vents sont favorables : libéraliser, dans les années 80, c’est rompre avec la sclérose qui étouffe les économies développées, sous l’effet de réglementations excessives et paralysantes, dont la Grande-Bretagne travailliste de Harold Wilson et James Callaghan est une parfaite illustration. Cette conquête libérale prend une dimension et une force accrues avec la chute, le 9 novembre 1989, du Mur de Berlin, et l’extension à l’ex-bloc communiste du modèle américain chantée par Fukuyama. Il s’en suit une politique de plus en plus audacieuse de désarmement tarifaire et de déréglementation financière favorisant « l’exubérance irrationnelle » des marchés, l’hypertrophie de la finance, la croissance de l’endettement tant public que privé, la création de valeur au profit de l’actionnaire, le développement des fusions-acquisitions, des privatisations, de la titrisation et des stock options, la concurrence fiscale entre États, l’essor des paradis fiscaux, la prospérité des multinationales, le règne universel des financiers et le bonheur du consommateur. Au tournant du siècle, l’émergence de la Chine et l’avènement de la Zone euro contribuent puissamment à un regain du commerce mondial.
    Les résultats sont spectaculaires : la prospérité est quasi-générale, le Tiers Monde que l’aide publique au développement avait entretenu dans la médiocrité se mue en Émergents, la pauvreté régresse spectaculairement, et le P.I.B. mondial croît à un rythme inégalé dans l’histoire. Le monde s’uniformise comme jamais. On est en plein dans la mondialisation heureuse, et le rêve d’une planète unifiée par le libre-échange, régie par le marché et régulée par la démocratie paraît en voie de réalisation. La victoire du bonheur économique sans frontières et sans date de péremption est célébrée chaque mois de janvier au Forum annuel de Davos. À l’orée de la crise des subprimes, en 2007, la mondialisation a atteint son point le plus avancé de l’Histoire.
    Patatras et gueule de bois : les trois vices de la mondialisation
    Ce bel édifice sombre brutalement avec la crise des subprimes. La faillite, le 15 septembre 2008, de Lehmann Brothers marque une borne et une rupture. L’histoire commencée quarante ans plus tôt avec les mouvements estudiantins et la grande fête de Woodstock s’achève dans un effondrement retentissant. En quelques jours, un demi-siècle de certitudes économiques libérales s’évanouit. Pour enfoncer le clou, fin 2009, un nouveau choc s’abat sur l’Europe, l’Occident et le monde entier, la crise des dettes publiques en Europe.
    On réinterprète dès lors le parcours éblouissant de la planète entre 1990 et 2008. On comprend que la croissance devait beaucoup à l’endettement excessif des particuliers, des entreprises et des États, aux États-Unis, en Europe, et jusqu’en Chine. On comprend également que la mondialisation ne fait pas que des gagnants : l’élargissement du marché mondial, s’il a eu des conséquences positives pour nombre de pays pauvres de la planète, a bel et bien creusé les inégalités au sein des nations développées et dynamité le système social des classes moyennes et populaires. Les systèmes fiscaux occidentaux fonctionnent dès lors en « Robins des Bois à l’envers », prélevant sur les pauvres et exonérant les riches et les multinationales. Ce phénomène touche notamment la France, qui aggrave son cas en pratiquant une politique d’allègement des charges salariales financée par emprunt. « Plutôt que de creuser l’inégalité entre les classes sociales, la France a préféré développer celle qui sépare les classes d’âge. »
    On réalise aussi que la mondialisation n’apporte pas le bonheur, et que l’interdépendance est avant tout une dépendance : la dissuasion économique joue à fond entre partenaires et concurrents, les liens entre causes et effets deviennent plus globaux et plus complexes, et surtout États et personnels politiques sont à la merci de forces de marché capricieuses qu’ils ne maîtrisent pas. L’indépendance des banques centrales, justifiée à l’origine (« Les politiques renoncent à financer leurs dépenses en manipulant la monnaie. Tels des alcooliques repentis, ils confient la clé de la cave au curé du coin »), tourne à l’avantage des épargnants avec la complicité de banques centrales, agents doubles passés du côté de l’épargne. Les États qui s’étaient crus les plus forts (« Rendre les banques centrales indépendantes, c’était une ruse de la puissance publique pour attirer plus facilement le capital destiné à la financer ») perdent l’initiative, au fur et à mesure qu’ils deviennent plus dépendants des marchés. L’internationalisation financière a donc rétréci la sphère d’intervention du pouvoir politique, même dans ses fonctions régaliennes, et dépossédé les peuples de leur destin. Au point qu’un intellectuel de Harvard a pu énoncer un « trilemme de Rodrik » aux termes duquel il n’est pas possible d’avoir simultanément démocratie, indépendance nationale et mondialisation économique. Thèse amusante, intéressante et significative qui, si elle est vraie, ne laisse ouvertes que trois solutions : limiter la démocratie, créer un gouvernement mondial, ou limiter la mondialisation.
    Ce désenchantement brutal s’applique aussi, avec une force particulière, à la Zone euro : contrairement aux attentes, celle-ci n’a pas apporté comme prévu la convergence des économies des pays membres, mais au contraire leur forte et croissante divergence. Elle a en fait fonctionné comme l’équivalent de l’étalon-or du XIXe siècle et de l’Entre-deux-guerres, provoquant de fortes divergences dans les économies réelles. Le taux de change ne pouvant varier, c’est l’économie réelle, la croissance, l’emploi, les salaires, qui au bout du compte doivent subir une forte volatilité. La queue du chien étant bloquée, c’est le corps du chien qui doit bouger tout entier.
    Enfin, on constate avec le recul que la mondialisation a créé la crise permanente : crise du S.M.E. en 1992, crise mexicaine de 1995, crise asiatique de 1997, crise russe de 1998, éclatement de la bulle Internet en 2000, crise des subprimes en 2007, crise des dettes souveraines en Europe en 2010, crise de l’Inde et du Brésil en 2013, on n’en finit pas de répertorier les perturbations du système économique mondial depuis sa libéralisation au long des années 80 et 90.
    L’éternel retour
    Le chapitre 5, intitulé avec humour « L’éternel retour », référence sans doute à Nietzsche et à Mircea Eliade, est la clé du livre. Son ton bon enfant et léger ne doit pas masquer une certaine profondeur du propos. Quatre idées-forces se dégagent :
    — En premier lieu, les sociétés fonctionnent selon la loi du perpétuel retour du Même, de l’alternance entre phases libérales/mondialistes et phases protectionnistes/nationalistes, en un mouvement pendulaire fonctionnant dans les deux sens, vérifié par l’histoire au moins depuis le XVIe siècle occidental. La société oscille perpétuellement entre tentations et pulsions contraires mais immuables, chaque génération posant ses pas dans ceux d’une génération précédente, aiguillonnée par les mêmes désirs et se heurtant aux mêmes obstacles.
    — En second lieu, l’auteur martèle la sympathique thèse, puissamment anti-marxiste et peut-être aussi anti-libérale, selon laquelle ce n’est pas l’économie qui impose sa loi à la société, mais bien le contraire. L’économie ne fait que suivre. « C’est dans la société que […] naissent les pulsions premières, libertaires ou protectionnistes, mondialistes ou nationalistes. Ces directives impérieuses transforment peu à peu la vie en société et commandent à l’économie en imposant le système de pensée qui la gouverne. Aussi l’économie est-elle tantôt libérale, tantôt dirigiste, en fonction de l’humeur changeante de la société. »
    — En troisième lieu, est exposée la thèse de l’alternance contraire des générations comme moteur des grands cycles et du mouvement de balancier idéologique : les générations se structurent sur la base des maux qu’elles ont sous les yeux, prenant régulièrement le contre-pied de la précédente; chaque cycle se décomposant en deux demi-cycles, l’un montant, l’autre descendant, il faut deux bonnes générations successives pour effectuer une révolution complète, soit environ soixante-dix ans.
    — Enfin, est proposée l’image des deux Sisyphe, l’un libéral, l’autre étatiste, se succédant mécaniquement sans le vouloir ni même le savoir, chacun concentré, plus ou moins aveuglément, à faire remonter sa pierre de son côté. Citons la conclusion, qui tangente, avec des mots simples, la grande sagesse : « L’instabilité que provoquent ces deux géants perpétuellement insatisfaits témoigne d’une difficulté fondamentale de la vie en société, impossible à lever durablement : trouver la juste mesure entre la règle et la liberté, entre le groupe et l’individu. Faute de savoir positionner le curseur à l’endroit idéal, nous voici condamnés à l’errance, au roulis d’un excès à l’autre ». On ne saurait mieux dire.
    Et demain ?
    Les signes de reflux surabondent, avec des négociations commerciales en panne, une O.M.C. en désarroi, des politiques de rééquilibrage brutales et douloureuses dans l’Europe du Sud.
    « Nous sommes à la veille d’un gigantesque retournement idéologique comme il en survient un ou deux par siècle, dont l’ombre portée s’étendra sur les décennies qui viennent. »
    Les signes de ce retournement sont nombreux :
    — Côté argent, la mondialisation financière, la plus sensible à l’air du temps, est en panne, les banques se recentrent sur leurs territoires nationaux respectifs, non seulement en Europe, mais dans le monde entier, et les fusions transfrontalières diminuent.
    — Côté marchandises, le commerce perd sa dynamique de croissance des dernières décennies, le libre-échange, et plus spécifiquement le multilatéralisme sous l’égide de l’O.M.C., donnent des signes de faiblesse, et l’Amérique relocalise ses industries.
    Ce retournement a toutes les chances de s’accentuer dans les années à venir sous l’influence d’un faisceau convergent d’évolutions profondes :
    — le mouvement quasi-universel de désendettement des acteurs économiques diminue le flux international des capitaux et s’accompagne d’un retour au bercail de nombre d’investisseurs,
    — le rééquilibrage en cours des comptes extérieurs de nombre de cigales (U.S.A., Europe du Sud) conduit mécaniquement à réduire les échanges internationaux de biens, de services et d’argent,
    — l’État reprend partout ses prérogatives, notamment en matière de contrôle des fusions internationales d’entreprises et de privatisations,
    — les banques centrales recentrent leurs priorités sur la lutte contre la crise et l’aide aux emprunteurs publics, au risque de l’inflation,
    — la « répression financière » des États et des banques centrales limite la liberté des capitaux à quitter leur pays d’origine et renationalise l’épargne,
    — les mentalités évoluent dans le sens d’une moindre tolérance à l’égard des inégalités, de la fraude fiscale et des paradis fiscaux,
    — les mouvements nationalistes en Europe témoignent du désir de frontière allant parfois jusqu’à la remise en cause du rêve européen et de l’espace unique.
    Vers un protectionnisme européen intelligent
    La troisième partie du livre est intitulée « Le protectionnisme, une solution ? ». Après une remarque liminaire sur le caractère quasi-dogmatique du libre-échange dans les élites nées du Baby Boom, elle commence au contraire par démonter une à une trois objections classiques faites au protectionnisme :
    — « Le protectionnisme crée des rentes injustifiées » : exact, mais le libre-échange a aussi ses rentiers et parasites, notamment les financiers, payés de façon absurde pour une activité qui n’a aucune utilité sociale,
    — « Le protectionnisme déclenche les crises économiques » : argument aussi discutable que répandu; en réalité, le protectionnisme n’a pas été une cause de la crise de 1929, il l’a au contraire en partie soignée. On constate au contraire un certain effet curatif du protectionnisme en certaines situations historiques. En réalité, ça n’est pas le commerce qui crée la croissance, mais exactement le contraire. De plus, ce sont les pays les moins dépendants des flux de capital international qui ont connu la croissance la plus forte.
    — « Avec le protectionnisme, la Chine ne se serait jamais développée » : la réponse est foudroyante : « si c’est bien le libre-échange qui a favorisé la croissance chinoise, il s’agit de notre libre-échange, pas du sien ». Au contraire, la Chine a, avec constance, et malgré son adhésion en 2001 à l’O.M.C., pratiqué la dissymétrie de l’ouverture, l’arnaque d’un taux de change sous-évalué sous contrôle, la copie voire le vol à large échelle de technologie, l’ignorance de la propriété intellectuelle, bref une politique industrielle multisectorielle privilégiant l’intérêt national à tout instant et en toutes circonstances.
    Suit un paragraphe intitulé « Conversion d’un libéral », qui est un bilan personnel, honnête, nuancé et mesuré des avantages et inconvénients respectifs du libre-échange et du protectionnisme. Il ne peut en être autrement de la part d’un libéral, en raison des liens constitutifs entre mondialisation et libéralisme économique. La conclusion est la suivante : « Du strict point de vue économique, le libre-échange commercial n’offre pas d’avantage significatif par rapport au protectionnisme […] dans ce système, c’est sur la société que sont reportés tous les efforts d’ajustement : mobilité, flexibilité, baisse des salaires. La mondialisation consacre la domination des mobiles sur les immobiles, des forts sur les faibles, des gros contre les puissants […]. Aujourd’hui, l’époque n’est plus au libre-échange, et pas davantage à la mondialisation financière. Cette époque est révolue. » C’est beau comme du Attali, mais c’est le contraire d’Attali.
    Trois enjeux pour une protection
    Il faut bien comprendre que la mondialisation a partie liée avec les détenteurs de capital, au détriment de plus en plus évident des classes populaires et moyennes, et que les groupes pénalisés par la vague libérale (producteurs, salariés, classes moyennes et populaires, emprunteurs) ont vocation, avec l’alternance, à prendre leur revanche sur les gagnants (riches, financiers et juristes, consommateurs). Dès lors, l’enjeu d’un protectionnisme moderne et tempéré est triple :
    — sauver les classes moyennes, groupe social clé pour la stabilité et la prospérité de nos sociétés, en remusclant l’industrie, monde non seulement plus stratégique, mais également plus égalitaire que celui des services,
    — rétablir la demande finale en faisant monter les salaires, précisément de l’industrie, au détriment de l’actionnaire et du consommateur,
    — laisser filer une inflation de l’ordre de 3 à 4 % par an pour rééquilibrer les échanges entre producteurs et consommateurs, et pour réduire la dette à travers « une faillite partielle, discrète et libératrice ».
    En pratique
    Le dernier chapitre du livre, assez modeste (vingt pages), contient un certain nombre de recommandations pratiques. Comme pour le livre précédent sur la crise, on remarque immédiatement un hiatus considérable entre l’audace des préliminaires et la prudence des recommandations finales. Il faut y voir la cœxistence chez l’auteur d’un brillant intellectuel et d’un économiste libéral  conscient et responsable, ce qui est tout à son honneur !
    On retiendra ce qui suit :
    — Un relèvement sélectif des droits de douane en fonction des produits et des pays s’impose.
    — Même au sein de l’Union européenne, le marché unique du travail doit être amendé; à tout le moins, il conviendrait de prolonger et renforcer la période de transition qui protège certains secteurs, le temps du rattrapage des salaires.
    — Une grande prudence, voire de la circonspection, s’impose sur le projet de traité de libre-échange U.E. – États-Unis, notamment en raison du différentiel de prix de l’énergie lié au gaz de schiste.
    — Une politique industrielle européenne est nécessaire, avec élevage de champions nationaux et européens, mais avec prudence et doigté, liés à la plus extrême méfiance envers l’État comme acteur économique incompétent.
    — Redomestication (et non renationalisation) de l’industrie bancaire, c’est-à-dire son confinement plus strict dans les limites de la nation. Il s’agit là d’une position de repli, à défaut de réforme en profondeur de la finance mondiale auquel l’auteur ne croit guère. Elle  implique : le rétablissement partiel du contrôle international des capitaux, y compris à l’intérieur du Marché Unique européen le temps que s’échafaude l’union bancaire « si jamais elle doit sortir des limbes », le rétablissement rigoureux de la séparation des activités de dépôts et d’investissement comme avant 1990, et le rétablissement des contrôles des flux financiers aux frontières.
    Dans les toutes dernières pages, l’auteur précise, ce dont nous lui saurons gré, que « le bon périmètre de protection est donc l’Europe, plutôt que la nation » et qu’il « ne s’agit pas de refermer l’Europe, mais de trouver le bon équilibre entre le marché et la règle, entre l’ouverture et la protection », dans l’esprit du compromis de Bretton Woods.
    En conclusion
    Ce livre reprend sous une autre forme le thème, très présent dans le précédent opus, de la lutte inégale et injuste du capital contre le travail, des vieux contre la jeunesse, de la finance contre l’économie réelle. Le retour du protectionnisme est une revanche de la classe moyenne vertueuse sur une petite classe dirigeante mondialisée qui a poussé le bouchon un peu trop loin.
    François Lenglet est un esprit libre, l’un des nôtres. Sa vision des cycles de vie des sociétés à elle seule mérite notre adhésion : « Le neuf naît dans le vieux, il s’y loge de façon subreptice. Mais ce neuf lui-même n’est jamais que le retour du plus vieux que le vieux. Dans un cycle, la révolution ressuscite inlassablement les idées qu’on croyait mortes ». Il a du caractère, sans démagogie. Ses diagnostics sont aussi tranchés et sévères que ses propositions sont mesurées, prudentes, nuancées. Sa dénonciation des méfaits de la phase libérale qui s’achève est vive et sincère, mais potentiellement réversible. Le livre est tout sauf manichéen : vus de haut, les cycles contradictoires se succèdent naturellement, unis par une complicité qui transcende les oppositions superficielles. Les deux systèmes ont leurs qualités et leurs défauts, tous deux génèrent leurs rentiers et leurs poisons. Aujourd’hui, c’est le tour du protectionnisme, et c’est tant mieux; demain, ce sera l’inverse, et tant mieux aussi.  Ainsi va le monde, rien de nouveau sous le soleil.
    Bref, on y verra la juxtaposition d’un tempérament vif, d’un sens de la longue durée et d’une honnêteté sans faille, servie par une compétence technique hors de portée du journaliste ou du politicien moyens. Comme suite au « trilemme de Rodrik » dont il a été question plus haut, je propose le « quadrilemme de Lenglet » : peut-on être à la fois compétent, convaincu, énergique, et honnête ? Pas simple. On n’est donc pas surpris de trouver énormément de gêne et de contradictions dans les remèdes proposés, par exemple sur la nécessité d’une politique industrielle sans État !
    Sur le fond, ce point de vue qu’on peut qualifier de « libéral-protectionniste » pourrait servir de référence à une droite européenne et française de conviction, pour deux raisons :
    — si l’on s’en tient à l’économie, un homme de droite de conviction ne va pas spontanément vers le protectionnisme, qui souvent traduit un réflexe de défense et une mentalité défaitiste. Il ne s’y rallie que comme solution provisoire en vue d’une offensive ultérieure, vision proche de celle de l’auteur. Il s’y rallie au fond pour des raisons plus hautes, non économiques : le protectionnisme comme condition de l’identité,
    — il faut bien réaliser que les propositions de l’auteur, assez raisonnables en théorie, sont  extrêmement audacieuses en pratique, et bien plus radicales que celles d’aucun parti institutionnel. Seul grand regret, à titre personnel : l’absence de grand souffle européen.
    Jacques Delimoges http://www.europemaxima.com/?p=3512
    • François Lenglet, La fin de la mondialisation, Fayard, coll. « Documents », 2013, 264 p., 15 €.

  • Priorité du politique

    « Sans la muraille des cyprès que nos jardiniers, laboureurs, vignerons, plantent d’un bout à l’autre de leur plaine battue des vents, qu’est-ce qu’y deviendraient les myrtes et les roses, les souches et les blés, l’herbage des prairies et tout le petit peuple des fraisiers et des fèves, des oignons, des aulx, des piments ? De son rempart de feuille noire, ce guerrier protecteur doit sauver ce qui pointe des précoces végétations, voilà son utilité principale.
    Les poètes et les sages se sont bien efforcés de surprendre et de définir quelques autres symboles exprimés par ce beau tronc odoriférant, ce style fier, ce branchage plein d’harmonie : détourner les coups de la foudre, marquer l’heure au soleil, porter haut dans le deuil l’intérêt porté à la vie, avertir que tout est mortel… Soit ! Mais cela ne vient que fort loin après le grand devoir, qui est de monter la faction contre l’intempérie. Le cyprès dure, endure, il se tient immobile et fort contre tous ces esprits d’éternelle mobilité qui courent nos espaces et déchaînent le trouble sur les frêles semences de l’espérance et de la foi : quelle loi ne serait caduque, quelle constante naturelle ne céderait à l’incessante variation, si le gardien inébranlable ne s’élevait de dures racines qui ne tremblent point ? Solide et sûr, il permet ainsi l’éclosion des plus tendres promesses, il les défend de flotter à vau l’eau, à même le vent…
    De pareils bienfaiteurs ne sauraient être appelés de simples amis. Ce sont des maîtres. »
    Charles Maurras
    Sans la muraille des cyprès Arles, Gibert, 1941 (Préface)
    Maurras aimait à comparer le Politique à une fortification. Une des meilleures anthologies de son oeuvre ne s’intitule-t-elle pas La dentelle du rempart ? (1) Le rôle premier du Politique, le rôle premier de l’État consiste, en effet, à protéger la société et ses activités, à protéger les familles et les personnes. Cette protection est complexe. Le Politique protège contre l’agression extérieure, mais il protège aussi parfois les hommes contre eux-mêmes. Ce qui est différent de faire leur bonheur, tâche qui ne lui incombe pas.
    L’État protecteur exerce donc de multiples fonctions, et Maurras de les rappeler en analysant le rôle de la muraille de cyprès, symbole poétique du Politique : « …marquer l’heure au soleil… avertir que tout est mortel ». Mais il revient vite au rôle essentiel, « monter la faction contre l’intempérie ». Bien que l’idée de défense armée vienne immédiatement à l’esprit, Maurras ne se contente pas de cette qualité évidente pour tout esprit normal. « Le cyprès dure et endure » : Le Politique assure la continuité, la stabilité. Il doit être fort, il doit servir d’arbitre, il protège « contre tous ces esprits d’éternelle mobilité qui courent nos espaces et déchaînent le trouble sur les frêles semences de l’espérance et de la foi ».
    Voici notre cyprès « gardien inébranlable » des lois, des principes de la Loi qui ne sont pas d’éphémères « faits de société » comme dans les régimes où sévissent les moeurs démocratiques, où la muraille a été laissée à l’abandon même quand la fureur démagogique n’y a pas encore porté la hache égalitaire et libertaire.
    Stabilité et continuité
    Le rempart doit être « inébranlable ». Cela implique qu’il fasse l’objet de soins constants. S’il n’est pas entretenu, ou si les soldats se croient derrière lui à l’abri du danger, négligent d’entretenir leurs armes et somnolent, sa protection se révélera illusoire et le Pays connaîtra un jour une invasion étrangère qui ne sera pas obligatoirement militaire : elle pourra être économique, religieuse, culturelle. Songeons aux ravages accomplis par l’Université germanique dans l’esprit public français entre 1870 et 1914, quand la haute intelligence de notre pays se trouvait désarmée face à une organisation supérieure et hostile.
    On peut s’endormir derrière le limes romain, on peut s’endormir derrière une ligne Maginot. Ces exemples, ainsi que bien d’autres que nous pourrions rechercher dans l’Histoire, montrent que le rempart du Politique ne saurait être une fondation établie une fois pour toutes. Comme il n’est pas de satisfaction passive et durable en ce monde, il n’est pas, en politique, de recettes, mais des principes d’une science dont l’application requiert une vigilance de tous les instants.
    D’où la nécessité vitale d’une volonté politique consciente, indépendante, durable, liée au Bien commun du Pays. Et Maurras de conclure son allégorie : « Ainsi vous rendrez-vous un compte clair du principe qui, dans l’ordre des temps, passe avant tous les autres, celui de la défense et de la protection, le Principe du rempart, le Théorème du cyprès, le plus humain de tous, puisque tout homme doit être d’abord défendu, et par conséquent gouverné : Politique d’abord ».
    Gérard Baudin L’Action Française 2000 du 19 avril au 2 mai 2007
    (1) La dentelle du rempart, Paris, Grasset, 1937. Le livre a pour préface d’excellentes Notes pour un hommage à Charles Maurras de l’éditeur Bernard Grasset, publiées peu avant dans La Revue universelle.

  • « La Nation Frankenstein/ Un plaidoyer pour s’en libérer » de Antonin Campana

    La République doit reconnaître le peuple autochtone de France !
    À l’égard de l’immigration, les concepts officiels ont évolué, passant de l’assimilation à l’intégration, puis à l’insertion, en attendant l’adaptation du pays d’accueil à l’accueilli. Le « modèle républicain » continue pourtant d’être promu verbalement par la classe politique (toutes tendances confondues). Mais un nombre croissant d’intellectuels (Camus, Tribalat, Millet, Juvin, notamment) prennent conscience qu’il serait plus exact de parler d’illusion républicaine. Le très officiel Commissariat général à la stratégie et à la prospective préconise d’ailleurs « d’adapter le modèle républicain à la société plurielle » (*). Cela conduit naturellement à poser la question des droits collectifs des autochtones. Pourquoi n’auraient-ils pas le droit de voir leur identité reconnue au même titre que les Kanaks en Nouvelle Calédonie ? Voilà ce qui se trouve au cœur du livre iconoclaste d’Antonin Campana, « La Nation Frankenstein ». Le cycle des Lumières approcherait-il de sa fin ?
    Polémia.
    Après le « coup d’Etat » de 1789, la République définit frauduleusement le peuple français comme un « corps d’associés vivant sous une loi commune » (Sieyès).
    Le peuple français ? Un corps d’associés : du pur intellectualisme
    Cette définition absurde, intellectualisme pur, réduit le peuple qui habite alors la France, peuple de lignée européenne, de culture européenne et de religion chrétienne, à une sorte de club constitué d’adhérents sans identité reconnue, soumis à un règlement intérieur qui se veut désamarré de toute référence identitaire particulière. Deux objectifs sont poursuivis :
    – d’une part, rendre possible le projet républicain d’associer, par la grâce des « valeurs universelles » de la République, « tous les hommes de la terre » (Saint-Just), les « musulmans, les Chinois même, les hommes de toutes sortes » (Duport), jusqu’à constituer une véritable « République universelle ». Ce projet prendra corps à travers la politique républicaine de colonisation, puis d’immigration, d’intégration et de naturalisation, politiques qui découlent directement du « principe d’universalité » de la République, qui sont donc dans la « nature » de cette dernière et n’ont aucunement un caractère « accidentel » ;
    – d’autre part, et comme à titre d’essai, «intégrer » pour commencer les quelques milliers de membres de la « nation juive » résidant alors au milieu du peuple français.
    Cette intégration des juifs est révélatrice du schéma général, extensible à l’humanité entière. Clermont-Tonnerre donne le principe de base : « Il faut tout refuser aux juifs comme nation, et tout accorder aux juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. »
    En fait, la République ne reconnaît aucun « corps intermédiaire » entre elle-même et l’individu judicieusement esseulé. Elle disloque les ordres, les corps de métier comme les peuples pour ne considérer que des citoyens qu’elle veut sans appartenances.
    Ce qui est valable pour la « nation juive » l’est donc aussi pour le peuple français autochtone. Autrement dit, la République va tout accorder aux autochtones comme individus, tout leur refuser comme peuple particulier.
    En 1789, cela n’a aucune importance et paraît sans doute bien théorique à nos ancêtres. Peuple autochtone de France et « corps d’associés » se recoupent parfaitement : tous les associés, ou peu s’en faut, sont des autochtones de lignée européenne, de culture européenne et de religion chrétienne.
    Le mondialisme républicain
    En 2013, le mondialisme républicain a rendu les choses bien différentes. Des millions d’individus extra-européens ont adhéré au club conformément au projet de 1789. « Corps d’associés » et peuple autochtone sont devenus deux réalités physiques complètement différentes qui ne recouvrent plus le même périmètre, d’autant que le peuple autochtone est en passe de devenir minoritaire au sein du « corps d’associés ».
    Cet écart grandissant entre peuple autochtone et « corps d’associés » pose un sérieux problème de démocratie et de droit : les élus républicains sont, et se veulent, les représentants du « corps d’associés » et non du peuple autochtone, dont par ailleurs ils ne se privent pas de nier l’existence. Autrement dit, le peuple autochtone ne jouit pas du droit à disposer de lui-même puisque son destin dépend de plus en plus largement d’individus qui n’en font pas partie.
    Alors de deux choses l’une : soit le peuple qui habitait la France avant 1789 a été exterminé, véritablement disloqué, et la République doit répondre de ce crime ; soit il ne l’a pas été et alors il faut convenir que ce peuple est aujourd’hui prisonnier d’un « corps d’associés » artificiel et instable qui l’étouffe, le masque et constitue une menace grandissante pour ses libertés et même son existence.
    Si notre peuple n’a pas été disloqué, et des millions d’autochtones conscients de leur appartenance sont là pour le prouver, alors la République doit le reconnaître officiellement. Elle doit le reconnaître et le doter d’un statut particulier qui le protège et lui permette de jouir de droits spécifiques en tant que peuple autochtone, sur le modèle de ce qui a déjà été concédé au peuple kanak. La République n’est-elle pas égalitaire ?
    Correspondance Polémia, 5/12/2013
    Antonin Campana, La Nation Frankenstein/ Un Plaidoyer pour s’en libérer, éd. Oghama (oghama.fr), 150 pages.
    Note :
    (*) http://www.strategie.gouv.fr/blog/wp-content/uploads/2013/09/Synthese-FR10A-modelerepublicain.pdf

    http://www.polemia.com/la-nation-frankenstein-un-plaidoyer-pour-sen-liberer-de-antonin-campana/