culture et histoire - Page 1687
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JEAN-PAX MEFRET LE VIEUX SOLDAT
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Et toi, tu passes ta vie dans les bouchons…
Le flot est incessant, interminable, infini. Tout autour, ils sont là, nos contemporains, enfin ceux qui bossent. Mines de zombies, lymphatiques ou aggressifs, ils passent une bonne partie de leur vie dans les embouteillages à attendre afin de rejoindre leur boulot, telle une procession de moutons vers l’enclos. Bien peu se questionnent sur leur présence sur ces autoroutes ou périphériques bondés. Le visage crispé, le cerveau vide, ils considèrent ça normal quelque part sans toutefois y trouver un quelconque plaisir, comme les zombies du supermarché dont nous avons parlé ici. Parce que, franchement, se retrouver quotidiennement dans les bouchons sans réaliser que l’on vit dans un monde de fous (et un monde de merde) relève de la métaphysique…
On passera sur le fait que la majorité des emplois actuels sont du vent et ne servent concrètement à rien hormis à enchaîner encore plus l’homme moderne à sa servitude. Mais cela ne suffit pas, tous les jours, il faut passer un temps fou avant de le rejoindre, cet emploi. Pendant ce temps, qui est, quoi qu’on en dise, « un temps de cerveau disponible », la société continue insidieusement à pourrir l’esprit des gens. Dans les bouchons, on écoute la radio du Système, ses mensonges, sa publicité ou alors de la musique de supermarché, produit marchand et non artistique visant simplement à promouvoir les valeurs du libéralisme qu’il soit sexuel ou sociétal. Ce temps perdu dans la bagnole, c’est du pain béni pour le Système et sa propagande, d’autant que l’individu perd aussi l’occasion de davantage aspirer à autre chose qu’à son destin d’homo economicus. Plus le temps de faire du sport, de s’instruire ou de se divertir intelligemment. Non, le soir venu, après le boulot inutile et aliénant, après les heures passées dans la caisse, on est las, complètement las. On a envie de ne rien faire. On est à nouveau disponible pour s’abrutir devant la chose la moins fatigante qui soit : la télé. On n’a plus le temps de voir les gens, de tisser ou d’entretenir des liens sociaux véritables hors les collègues du boulot (qui sont souvent des imbéciles). Et l’on s’étonne de la fin des communautés réelles aujourd’hui ?
Et puis, qui dit communauté, dit avoir un enracinement commun, une vision de la vie proche, vivre dans le même lieu. Aujourd’hui, l’habitat est éclaté comme jamais, la France se couvre de lotissements périurbains sans âme peuplés par des gens sans identité les quittant tous à la même heure pour rejoindre des « pôles d’emploi » où tout le travail est concentré. N’y a-t-il pas un problème entre l’étalement urbain infini et la multiplication de zones entières vides d’activités professionnelles ? Alors que dans le passé, on vivait et travaillait dans la même zone, ce qui simplifiait la vie et permettait à la communauté d’exister, aujourd’hui, on vit rarement près de son travail et, de ce fait, on perd un temps infini dans des trajets occupant au final une bonne partie de notre temps journalier.
Tout le monde (ou presque) utilisant sa voiture, plus par commodité que par désaveu de transports en commun où règnent souvent saleté et insécurité, le marché des carburants par lequel on tient tant les Etats que les simples particuliers, se tient bien, merci pour lui. En plus de l’essence utilisée pour les trajets en eux-mêmes s’ajoute celle que l’on crame inutilement dans les bouchons, tout le monde n’y perd pas, n’est-ce pas ? D’autant que la volonté des pouvoirs publics à juguler le fléau des bouchons qui sévit depuis 40 ans dans certaines zones est loin, on s’en doutait, d’être une priorité. En plus d’être gérée par des traîtres, la France l’est aussi par des incapables sans aucune vision d’avenir et sans aucun remède pour le présent. Prenons l’exemple lillois. Cela fait bientôt 20 ans que l’on parle, que l’on fait des rapports, que l’on se réunit pour traiter du problème épineux de la circulation dans la métropole… Et que fait-on ? On laisse de côté les rapports existants depuis belle lurette sur les moyens possibles de désengorger réellement la métropole et on décide de baisser la vitesse pour soi-disant fluidifier le trafic, de qui se moque-t-on ? Sans compter les larmes de crocodile à propos de la pollution… L’écologie, ça sert avant tout à faire culpabiliser le chaland et à lui faire accepter de nouvelles taxes. La planète et tout et tout, on s’en tape royalement en réalité.
Il ne nous reste plus qu’à repartir travailler en empruntant ces routes encombrées par des gens prêts à se trucider pour une place ou quelques mètres et dont l’âme de voyeur est souvent réveillée par le moindre accident mais qui, en cas de réel problème, vous laisseront crever sur le bord de la route et qui jamais, au grand jamais, ne vous porteront assistance en cas de panne. Notre époque est merveilleuse !
Rüdiger et Ann
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Langue française : Ayrault accélère la décomposition de la France
Dans le droit fil des rapports sur la désintégration de la France demandés par François Hollande et dans lesquels dix ministères sont impliqués – le comte de Paris, duc de France, a publié, sur le sujet, une remarquable tribune dans Le Figaro du 18 décembre –, le premier ministre a décidé d’accélérer le processus législatif visant à la ratification par la France de la charte des langues régionales et minoritaires du Conseil de l’Europe, ratification engagée par Jospin mais toujours au point mort.
Il faut en effet une modification de la Constitution. C’est en Bretagne que le Premier ministre a fait cette annonce, par démagogie, en vue de caresser dans le sens du poil les Bonnets rouges en colère. C’est aussi une des promesses du candidat Hollande.
Cette mesure ne fait que renforcer les conclusions des rapports commandés par le Président de la République, qui visent notamment à retirer au français sa place de langue de la nation pour la fondre dans un multilinguisme dont notre langue, encore internationale – mais pour combien de temps ? –, ne se relèverait pas. Alors que les jeunes Français, et pas seulement ceux issus fraîchement d’une immigration incontrôlée, ont une connaissance de plus en plus approximative du français, ils devront demain acquérir au primaire et au collège, outre l’anglais devenu de facto obligatoire, une langue régionale, la langue arabe et une langue africaine, si du moins le Gouvernement actuel arrive à ses fins.
L’Action française n’est pas opposée aux langues régionales, bien au contraire, et le faire croire serait d’une totale malhonnêteté intellectuelle. Maurras est devenu monarchiste par fédéralisme et il n’a jamais renié la langue provençale. Pour l’AF, la survivance des langues réellement de France que sont les langues historiques de son patrimoine est un trésor infini auquel la république s’est attaquée à la fin du XIXe siècle dans le seul but de déraciner les jeunes Français afin de les rendre plus malléables à sa propagande. Leur perpétuation et leur acquisition est donc légitime. En revanche, la France n’a pas à s’inscrire dans un carcan supranational européen, d’autant que si la notion de « langues régionales » a un sens pour elle, celle de « langue minoritaire », qui ne vaut que pour les empires, n’en a aucun. Car qui dit langues minoritaires dit langue majoritaire, or le français n’est pas la langue (encore) majoritaire parlée en France mais la langue des Français et la langue de la France ...sauf à considérer, comme les indépendantistes de tout poil… et les technocrates européens désireux de détruire la nation, que notre pays n’est lui aussi que le résultat d’une colonisation impériale.
Ce Gouvernement vise chaque jour à retirer une pierre à l’édifice national. En l’occurrence, il s’agit de la pierre d’angle, puisque c’est à la primauté du français qu’il s’attaque Une lutte à mort est engagée entre ce régime et la France.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Communique-Langue-francaise
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En relisant nos maitres
Depuis quelques années les approches conservatrices, réactionnaires, voire contre-révolutionnaires ont connu un renouvellement de leur littérature par la multiplication d'essais, de qualité, variable, dont votre blog préféré a eu régulièrement l'occasion de se faire l'écho. Même si un certain nombre de concepts ont été mis à jour par l'actualisation de leurs modalités d'application dans le monde d'aujourd'hui, leurs fondements philosophiques, ancrés notamment dans la permanence et l'invariance de la nature humaine, demeurent pérennes. Dans ce cadre nous vous proposons, selon un rythme plus ou moins régulier, de rappeler à notre bon souvenir quelques lignes de nos maitres, au fil de nos lectures ou relectures.
Aujourd'hui nous "ferons mémoire" de Jean Ousset, avec ces quelques lignes de "Pour qu'Il règne" (Editions Dominique Martin Morin).
« La neutralité est impossible (…) elle n’existe pas. Il est dans l’ordre que le glaive temporel soit soumis au glaive spirituel… la chose a toujours été et sera toujours. Autrement dit IL EST IMPOSSIBLE QU’UNE DOCTRINE NE REGNE PAS SUR L’ETAT, QUAND CE N’EST PAS LA DOCTRINE DE VERITE, C’EST UNE DOCTRINE D’ERREUR (NDPC : c’est l’auteur qui met en majuscules). Ainsi le veut l’ordre des choses. Il veut que la force obéisse à l’esprit, et, de fait, elle obéit toujours à un esprit : esprit de vérité ou esprit de démence.
A ceux, donc, qui aujourd’hui s’en vont levant les bras et hochant la tête quand on leur rappelle cette doctrine des « deux glaives », refusant d’y croire, en la prétendant « dépassée », nous avons pris l’habitude de répondre ! « Démontrez-nous qu’aucune force spirituelle ne règne plus sur l’Etat et nous vous croirons aussitôt. Démontrez-vous que la Maçonnerie ne règne pas à la place de l’Eglise, et de telle sorte que le magistère de celle-ci n’était qu’enfantillage au regard de la pression de celle-là. Ah ! Vous ne voulez pas que la Sainte Eglise de Dieu règne sur le gouvernement des nations ! Qu’à cela ne tienne ; les nations passeront sous la puissance des sectes. Votre Etat, « libéré » de l’Eglise, ne cessera pas d’obéir à un glaive spirituel, glaive spirituel des forces occultes, autant dire de ces idées de laïcisme, de naturalisme que ces forces font pénétrer partout et en se moquant bien de nos scrupuleuses distinctions sur les domaines respectifs du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. »
Il cite plus loin Pie XII :
« De la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien des âmes, c’est à dire le fait que les hommes, appelés tous à être vivifiés par la grâce du Christ, respirent, dans les contingences terrestres du cours de la vie, l’air sain et vivifiant de la vérité et des vertus morales ou, au contraire, le microbe morbide et souvent mortel de l’erreur et de la dépravation. »
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Un nouvel espace culturel alternatif à Paris !
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Saint Jall "La compagnie de la Grande Ourse"
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Jean Pax Mefret Les oies sauvages
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Renaud Camus : “Parlons d’un art de mettre les pieds dans le plat” (première partie)
PARIS (NOVOpress) – Auteur prolifique aux affinités sélectives, diariste infatigable depuis les années 1970, Renaud Camus a basculé il y a quelques années du monde reconnu de la « culture » à l’enfer des bien-pensants où doit être plongé quiconque blasphème contre la religion officielle des droits-de-l’homme, du mélangisme et du remplacisme. Et en ces différentes matières, Renaud Camus a beaucoup pêché. Convaincus, pour notre part, qu’il lui sera beaucoup pardonné, nous sommes allés à sa rencontre.
Vos premiers lecteurs sont, pour certains, désarçonnés par vos derniers ouvrages (essais comme journaux) et les plus récents s’étonnent de découvrir Tricks parmi la liste de vos œuvres. Quel regard portez-vous sur votre désormais longue production littéraire ? Quels fils directeurs y apercevez-vous ?
Oh, le problème, si c’en est un, a toujours existé. Il ne se pose pas seulement dans le temps, entre telle ou telle période de mes petits travaux, mais aussi, et plutôt, à l’intérieur de chaque période, entre les styles, entre les genres, entre les types d’écriture. Pour dire les choses différemment le phénomène n’est pas seulement diachronique mais aussi synchronique. Comme Pessoa je ne souhaitais pas être un écrivain mais aurais voulu en être dix, vingt, cent, une littérature à moi tout seul (la littérature d’un petit pays, tout de même…). Mon meilleur ami prétend néanmoins, à la lecture récente du Changement de peuple, que tout était déjà dans Passage, mon premier roman, il y a quarante ans : un livre de littérature “expérimentale”, comme on disait alors, constitué pour une grande part de citations, de phrases empruntées ici ou là. J’ai été ravi de cette remarque, bien entendu, mais elle m’a tout de même beaucoup étonné. À un mouvement fortement centrifuge, une production totalement éclatée, s’opposerait donc la résistance archaïque, au centre de cette nébuleuse, d’un auteur constitué, d’une personne véritable, de quelques obsessions majeures, qui sait. Mais les lecteurs de Passage et des premières Églogues ont été très étonnés et désarçonnés par Tricks, ceux de Tricks par Manières du temps ou par Éloge moral du paraître, ceux de Travers par Roman Roi, ceux de Buena Vista Park par La Dictature de la petite bourgeoisie, et ainsi de suite. Rien qu’à l’intérieur du journal les genres et les thèmes d’intérêt les plus éloignés coexistent, parfois sur une même page. J’ai dans mon lectorat de charmantes vieilles dames aux cheveux bleus qui adorent mes jolies descriptions de paysage et de châteaux et que certaines scènes de sexe, jadis, menaient au bord de l’apoplexie et de la fureur. Des jeunes gens intellectuels, passionnés de littérature à contrainte et de recherche formelle, qui ne jurent que par L’Amour l’Automne ou par L’Inauguration de la salle des Vents, ne peuvent pas croire que j’aie pu écrire des romans aussi traditionnels de facture que Roman Roi, déjà nommé, L’Épuisant désir de ces choses ou même Loin. Des puristes de la langue, épris de Syntaxe ou de mon Répertoire des délicatesses du français contemporain, n’entendent mot à Vaisseaux brûlés ou à mes divers hypertextes. Etc. Il me semble — mais est-ce bien à moi de le dire ? — que je me suis toujours intéressé à ce dont une société ne voulait absolument pas que ce fût dit, à ce que j’ai appelé pas trop euphoniquement le reste des opérations comptables du réel. En ce sens-là il n’y a rien d’étonnant que l’auteur de Tricks soit aussi celui du Grand Remplacement. Parlons d’un art de mettre les pieds dans le plat, si vous voulez.Lorsque l’on parcourt vos journaux — que vous tenez avec une courageuse régularité depuis 1976 — nous trouvons plus facilement vos admirations musicales que littéraires, que lit Renaud Camus ?
Ah, vous mettez le doigt sur un point sensible. Je me demande si je n’écris pas plus que je ne lis — pas en temps, ça, bien sûr ; en quantité de texte, en “nombre de signes”. C’est effrayant. Pour mes divers travaux simultanés, et par exemple en ce moment pour les Demeures de l’esprit, je suis obligé de lire un tas de choses diverses et je n’en viens pas à bout. Ou bien je lis pour ce que j’écris, ou bien je lis ce que l’on m’envoie, des amis, des inconnus qui aimeraient que je les aide auprès d’éditeurs (!!!!) ; et presque jamais, jamais, sauf dans une chambre d’hôpital, je ne suis en mesure de me dire : tiens je vais lire ceci ou cela parce que j’en ai envie. C’est terrible. En revanche je feuillette, je feuillette énormément, souvent des livres déjà lus, de la poésie, par exemple : c’est au fond mon rapport le plus ordinaire aux livres, aux livres des autres. Je viens de feuilleter pour la millième fois, avec beaucoup d’émotion, Le Sentiment géographique, le plus merveilleux des livres de Michel Chaillou, qui vient de mourir, dans un silence total du complexe médiatico-policier, et pourtant il n’avait pas péché contre le pouvoir remplaciste, lui. Pour les Vaisseaux brûlés, mon grand hypertexte, je feuillette comme un possédé, à la recherche de tel ou tel passage à citer, ou bien auquel faire presque imperceptiblement allusion. On passe parfois une après-midi à rechercher une phrase pour y faire une allusion en deux mots que personne ne verra, sauf peut-être, par miracle, un très improbable universitaire coréen, ou néo-zélandais, ou frankistanais spécialiste de l’enfer des bibliothèques, dans cent ans…
Un autre rapport très agréable à la lecture, que j’ai découvert sur le tard, c’est la peinture. Depuis que je me suis mis à peindre, j’ai la chance qu’on me fasse la lecture, quand je suis dans l’atelier. En ce moment : Naissance de la noblesse, de Karl Ferdinand Werner, interminable et très confus, mais passionnant.Pouvez-vous revenir, si vous le voulez bien, sur l’importance qu’a la musique pour vous ?
Il y seulement que j’aime beaucoup entendre de la musique. Quand je n’ai personne pour me faire la lecture et que je n’écris pas, je mets un disque. Je ne suis pas musicien, je ne joue d’aucun instrument, je chante quand je suis seul, ou dans l’intimité. Je ne connais rien au solfège ou à l’harmonie. En revanche je m’intéresse beaucoup au répertoire, à l’histoire de la musique, aux œuvres, aux compositeurs des pays que je visite, spécialement à la musique de chambre, au quatuor à cordes.Vous partagez avec Richard Millet une grande déchirure devant ce que vous nommez la “banlocalisation”, la disparition de nos paysages et de nos villages traditionnels, le chaos architectural…
Oui, je ne peux pas me défaire de l’idée un peu folle qu’il y a un lien entre le langage et le paysage, entre la langue et le territoire. L’amour de la langue et l’amour du paysage sont deux amours forcément malheureuses, car leurs objets respectifs sont bafoués, piétinés, mis à sac, par la Grande Déculturation, la Décivilisation, l’effondrement syntaxique, la surpopulation, l’artificialisation, l’industrialisation de l’agriculture, le devenir banlieue du monde. La science la plus avancée a confirmé une intuition que j’avais depuis toujours, à savoir que les gens qui savent lire voient plus, et mieux, plus en détail, que ceux qui ne savent pas. L’œil ne remarque que ce que le cerveau peut nommer. A fortiori, la syntaxe, ce n’est pas seulement une façon d’ordonnancer la phrase, c’est une manière de percevoir la réalité et d’abord de la voir, de savoir qu’on la voit, et comment. C’est une façon de gérer le territoire et d’assurer si possible avec style, d’une façon qui ne soit pas purement utilitaire, qui ne se présente pas uniquement en termes de commodité et d’exploitation, la non-coïncidence entre le site et sa signification, l’écart, l’absence, le vide. Les problèmes que posent la pression démographique continuelle et l’exigence obsessionnelle de retombées économiques sans cesse croissantes sont aggravés par l’absence totale de culture du paysage, en France, contrairement à ce qui est le cas en Angleterre ou au Japon, par exemple. Le Français, contrairement à ce qu’il affirme par convention pure, est très peu sensible à l’espace sensible (qui sans cela n’enlaidirait pas si vite). Toujours il lui superpose l’idée, le concept, le discours, en général purement utilitaire et économique, de nos jours. Si on lui a dit une fois qu’un paysage était beau, il continue de le croire, sans vérifier, même quand le paysage en question est totalement ravagé et qu’il le traverse tous les jours. Ainsi il continue de trouver merveilleux la Provence rhodanienne, cet énorme lotissement de siporex. La dévastation des sites, la montée inexorable de la laideur, sont beaucoup plus marquées dans notre pays qu’en Grande-Bretagne, ou même en Allemagne, dans les pays du Nord. On ne peut pas incriminer le catholicisme parce que l’Autriche ou la Bavière, par exemple, également catholiques, sont beaucoup moins abîmées que l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou la France. Il semble que les civilisations nordiques, plus civiques, dans l’ensemble, mieux prêtes au pacte d’in-nocence, soient plus sensibles au rapport de l’homme avec son environnement urbanistique ou “naturel”.(A suivre…)
http://fr.novopress.info/149517/renaud-camus-parlons-dun-art-mettre-les-pieds-plat/#more-149517
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Entretien avec Maurice Bonnet, auteur de L’empire du mensonge (éditions L’Æncre)
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Pourquoi un titre si violent ?
Je ne suis pas le seul à m’être avisé que nous sommes abreuvés de mensonges, mais je suis, peut-être, le premier à envisager ce problème dans son origine et sa globalité. À le présenter sous l’aspect totalitaire qui est aujourd’hui le sien. Je parle bien entendu du mensonge répandu dans l’espace public sous l’angle politique et sociétal. La plupart des mensonges, quelle que soit la forme qu’ils prennent (arguments biaisés, témoignages à sens unique, fausses représentation, etc.) ne sont pas perçus comme des mensonges par les gens et participent du Mensonge global qui constitue notre atmosphère et forme nos mentalités. C’est de cela qu’il est question, très au-delà de cas particuliers, même graves, qui peuvent être ou sont déjà dénoncés ici et là.
Il y aurait un Mensonge global surplombant tous les mensonges particuliers ?
D’une certaine façon, oui ! Je soutiens et je montre qu’à notre insu le mensonge s’insinue partout aujourd’hui grâce à un système médiatique et des méthodes qui ne cessent de se perfectionner et que le climat dans lequel nous vivons est tout entier mensonger, de plus en plus mensonger, l’empire du mensonge étant conquérant.
C’est un complot ?
Non, un phénomène aux origines déjà lointaines, accéléré par le progrès foudroyant des techniques, la monopolisation des médiats, le grand nombre et l’immensité des conflits d’intérêts. Certains débats sont devenus impossibles, sauf en cercle restreint, et encore convient-il d’être prudent. Vivant sous le règne d’une pensée monochrome et obligatoire, le délit d’opinion étant inscrit dans la loi, la parole n’est plus libre. Et le grand Mensonge, c’est justement de prétendre le contraire avec un certain succès. Ce qui m’anime, c’est naturellement le désir de réveiller le plus possible de nos compatriotes, et ce qui me désole, c’est de constater combien peu réalisent à quel point ils sont infantilisés, inconscients d’évoluer dans une ambiance fabriquée et donc mensongère. Toute l’information qui déferle ruisselle de « bonne foi ». J’explique les méthodes du mensonge et leurs implications. Et le rôle considérable des « idiots utiles ». Il est difficile de combattre à la fois l’indifférence, la paresse, la lâcheté, la sottise et l’incrédulité.
Vous vous attaquez aussi à la démocratie…
C’est un plaisir que je ne me suis pas refusé. Il faut dire qu’elle est si contente d’elle-même, notre démocratie, si donneuse de leçons, dans le temps même où, lamentable, elle se montre incapable de rien résoudre, se contentant d’expédients à la petite semaine. Dans le conte, le Roi est nu. Notre démocratie, elle, est tout simplement une imposture. C’est la seule partie de mon essai où je reconnais avoir cédé à la veine polémique, mais mon opinion est étayée par quelques ouvrages que je mentionne à la fin de mon livre dans mes suggestions bibliographiques.
Et puis, aussi, vous semblez en vouloir beaucoup au féminisme…
Je connais beaucoup de femmes intelligentes et merveilleuses, et je crois qu’aucune ne me donnerait tort. J’appelle un chat un chat et l’état où s’enfonce notre société un désastre, cela par le jeu du mensonge égalitaire, du venin de la mixité, du stupide principe de parité, et autres sottises du même tonneau. La situation est gravissime. L’envahissement de toutes les fonctions par les femmes, jusqu’à la police et aux armées, devrait nous alerter. La folie nous gagne. Ce monde, ces gens, qui ne cessent de parler de leurs « valeurs », sans jamais préciser en quoi elles consistent vraiment, ont perdu la plus précieuse des valeurs, celle du simple bon sens. Cet essai est très fourni en références et arguments…
L’empire du mensonge, Maurice Bonnet, Éditions de L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux ! », dirigée par Philippe Randa, 190 pages, 23 euros.
francephi.com -
Actualité et politique VI Philippe Ploncard d'Assac (avec Florian Rouanet)