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culture et histoire - Page 1842

  • Stare Kiejkuty : le « Guantanamo polonais »

    [article de Laurent Glauzy en exclusivité pour Contre-info]

    La promesse du président américain Barack Obama de fermer d’ici un an la prison de Guantanamo et de mettre fin à l’usage de la torture dans les interrogatoires anti-terroristes, pourrait éclabousser la Pologne. Der Spiegel du 27/4/09 apporte de nouvelles révélations sur une prison secrète tenue par la CIA dans cet ancien pays satellite de l’union soviétique.

    L’incarcération du « cerveau d’Al-Qaïda »

    Le 7 mars 2003, 16 heures, le Gulfstream V N379P surnommé « taxi torture » se pose sur le tarmac de l’aéroport de Szymany, dans le nord-est de la Pologne, en Mazurie, la région des quatre mille lacs. L’avion transporte le plus important des prisonniers, Khalid Cheikh Mohammed, le « cerveau d’Al-Qaïda », l’architecte des attentats du 11 septembre 2001. Arrêté par une unité spéciale américaine le 1er mars 2003 à Rawalpindi dans le Penjab pakistanais, il sera transféré deux jours plus tard en Afghanistan, avant selon toute vraisemblance d’être emprisonné en Pologne. Dans des déclarations faites fin 2006 à Guantanamo à une équipe du comité international de la Croix Rouge, il rapporte : « Mes yeux étaient bandés. Ils posèrent ensuite une cagoule sur ma tête. (…) Je m’endormis. (…) C’est pourquoi, je ne sais pas combien de temps ce voyage a duré ». Jerry M., le pilote de l’avion alors âgé de 56 ans, travaillait pour Aero Contractors, une entreprise américaine assurant le transport des prisonniers dans le monde entier pour le compte de la CIA. D’après les plans de vols détenus par Eurocontrol, organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, Jerry M. a décollé à 8h51 de Kaboul. Quelques heures seulement après l’atterrissage en Pologne, l’avion repartira à 19h16 pour Washington.

    Des agents secrets polonais ont prétendu que la CIA possédait bien une prison en Mazurie. Des fonctionnaires, des ministères de la défense et de la justice ont reconnu l’existence de la base secrète américaine de Stare Kiejkuty, à une heure de route au nord de l’aéroport de Szymany.
    Cette base militaire isolée au milieu d’une épaisse forêt de pinède, bordée d’un lac et accessible par une route défoncée, était surtout connue pour être un des centres de formation des agents des services de renseignement militaire polonais, le WSI. La CIA y aurait interrogé des « High Value Detainees » (des « détenus de grande importance »). De février à juillet 2003, le Gulfstream V N379P aurait atterri au moins cinq fois à Szymany et les journaux de vols auraient été falsifiés avec l’autorisation d’Eurocontrol et du gouvernement polonais. A Varsovie, le procureur de la république a entendu un témoin attestant qu’à Szymany des personnes menottées, les yeux bandés, sortaient du même avion civil, assez loin de la tour de contrôle. Si on en croit le récit de Khalid Cheikh Mohammed, les personnes présentes à l’atterrissage étaient masquées : « Le transfert de l’aéroport au lieu d’internement dura environ une heure. On m’a assis sur le sol d’un véhicule qui m’a amené quelque part. A un certain moment, j’ai seulement pu voir de la neige par terre. Tout le monde autour de moi était vêtu en noir, portait des masques et des chaussures militaires. On aurait dit des habitants de la planètes X ».

    Khalid Cheikh Mohammed dit qu’on lui a arraché ses vêtements, qu’on l’a photographié nu et enfermé dans une cellule de 3 x 4 m dont les murs étaient en bois. Une des personnes chargées des interrogatoires lui aurait confié qu’ils avaient reçu le « feu vert » de Washington pour lui préparer un « très mauvais moment » : « Ils n’ont jamais employé le mot de torture. Ils parlaient uniquement d’un dur moment (« a hard time »). On disait qu’on voulait m’emmener au seuil de la mort et que l’on me récupèrerait à temps ». Le « cerveau d’Al-Qaïda » sera interrogé huit heures par jour. Le premier mois, il était attaché jour et nuit, nu, debout, les mains enchaînées au plafond de sa cellule. Khalid Cheikh Mohammed pensait bien être en Pologne : « Je crois que c’était la Pologne. Sur une bouteille d’eau qu’on apporta, sur l’étiquette à moitié déchirée on pouvait lire une partie de l’adresse mail terminée par « pl ». Le système de chauffage était démodé, comme on en voit seulement dans l’ancien système communiste ».

    Les services secrets polonais et la CIA

    Robert Majewski, le procureur de Varsovie enquête depuis plus d’une année sur les abus administratifs et la corruption du gouvernement de Leszek Miller qui dirigea le pays de 2001 à 2004. Il était considéré comme l’artisan de l’adhésion à l’Union européenne. Le procureur voulait savoir si le président Aleksander Kwaśniewski et son premier-ministre social-démocrate avaient mis à la disposition de la CIA une partie du camp militaire de Stare Kiejkuty. R. Majewski a interrogé des témoins ayant collaboré à l’ancien gouvernement. Wolfgang Kaleck du Centre européen pour le droit constitutionnel et les droits de l’homme à Berlin soutient ces investigations : « Aucun pays européens ne s’est investi avec autant de sérieux contre d’anciens membres du gouvernement comme c’est le cas en Pologne ». Le ministère public examine si les services secrets polonais ont mis vingt de leurs agents à la disposition de la CIA, comme l’expose le journal conservateur Rzeczpospolita. Selon un ancien membre de la CIA, il existerait un document émanant des services de renseignements prouvant bien que vingt agents du WSI ont travaillé pour les Américains sur la base militaire de Stare Kiejkuty. Fin 2005, deux responsables de la commission d’enquête parlementaire à Varsovie auraient pris connaissance de ce dossier.

    Mariusz Kowalewski, journaliste de Rzeczpospolita et deux de ses collègues cherchent à prouver l’existence d’une base secrète utilisée par la CIA en Pologne. Dans des registres de vols déclarés disparus, ils ont relevé plusieurs décollages à partir de Szymany, des récépissés sur les pleins en kérosène, la trajectoire des vols avec les changements de cap. Kowalewski possède une documentation particulièrement dense étayant la présence d’une base prêtée à la CIA dans la région de Mazurie et dans laquelle des prisonniers d’Al-Qaïda auraient été interrogés. Un des dossiers serait constitué par des déclarations concernant l’Américain Deuce Martinez, un officier chargé des interrogatoires « sans torture ». Un rapport sur les « déportations » de prisonniers d’Al-Qaïda en Europe a été présenté il y a deux ans au chargé d’enquête du conseil européen Dick Marty, d’origine suisse, qui aboutit aux mêmes conclusions : des agents du WSI auraient été employés dans la police des frontières et dans l’administration de l’aéroport pour assurer les missions de la CIA. « Les dernières découvertes faites en Pologne confirment complètement mes conclusions qui s’appuient sur des déclarations et des documents », avance D. Marty. Reste à savoir qui en Pologne a autorisé une telle coopération. « Les ordres venaient des plus hautes sphères de l’Etat, du président », affirme en 2007 un membre des services secrets militaires de l’équipe de D. Marty. Le président A. Kwaśniewski dément : « Il y a eu effectivement une coopération étroite entre les services secrets polonais et les Etats-Unis, mais il n’y eut aucune prison sur le sol polonais ». Quant à l’ancien premier-ministre, il déclare n’avoir « rien à dire ».

    Cette gêne pourrait contaminer d’autres pays européens. Selon un rapport de D. Marty publié en juin 2006, quatorze nations auraient caché un système de « sous-traitance » de la torture au profit de la CIA. L’Allemagne par exemple a donné aux Etats-Unis l’autorisation de survol du territoire. Dans l’affaire de Khalid el-Masri, notre voisin d’outre-Rhin refusa d’extrader treize agents de la CIA.

    De nationalité allemande et de parents libanais, en décembre 2003, Khalid el-Masri passe ses vacances avec sa famille en Macédoine, quand la CIA l’arrête par erreur : son nom est presque identique à celui de Khalid al-Masri, membre d’Al-Qaïda. Déclarant avoir subi des sévices sexuels, avoir été drogué, interrogé, séquestré en Irak et en Afghanistan, il sera libéré en pleine nuit en mai 2004 sur une route en Albanie. Egalement en 2003, les services secrets italiens ont assisté la CIA dans l’enlèvement de l’Imam Abou Omar à Milan. Accusé de terrorisme et d’activisme au sein du mouvement islamiste armé Jamaa Islamiya (groupe islamiste), il aurait été torturé en Egypte. Le M16, les services secrets britanniques ont livré au Maroc pour la CIA du matériel servant aux interrogatoires.

    Des prisons spéciales auraient aussi existé en Roumanie.

    Cette actualité fort troublante appuyant l’omniprésence des Etats-Unis dans un jeu diplomatique occulte et tortionnaire, met en exergue les desseins visionnaires de l’écrivain roumain Virgil Gheorghiu. Dans De la 25e heure à l’heure éternelle (1965), il dépeint une époque où des forces armées internationales composées de soldats parlant anglais terrasseront et déporteront les populations.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome I)

  • Aux sources des consciences et cultures politiques – Par Hervé Juvin

    Qu’est-ce qui fait advenir la culture politique à une nation ou à un pays ? Le culte de la conformité actuelle, le respect des institutions de papier et même un certain nominalisme conduit à poser très peu souvent la question.

    A partir du moment où des institutions sont données, on considère que la réalité de la politique suit. Dites “démocratie”, et l’ensemble de la vie politique d’un pays semble en découler. Ce n’est pourtant absolument pas le cas dans la réalité. Il est alors intéressant d’examiner pays par pays, pour chaque peuple, ce qui a fait advenir la conscience politique.
    Ce qui se passe actuellement pourrait être une manœuvre stratégique pouvant se traduire par une nouvelle étape de la colonisation du monde.


    Aux sources des consciences et cultures politiques par realpolitiktv

    http://fr.novopress.info/

  • Mise à jour du jacobinisme révolutionnaire par Pierre Gaxotte

    La Révolution d’hier c’est maintenant.

    L’Histoire se répète, et en France le balancier du pendule fonctionne avec la précision de l’horlogerie suisse.

    En relisant l’ouvrage de Pierre Gaxotte La Révolution française, cette période particulièrement bien décrite par l’auteur permet de réaliser que ce que notre pays subit dans l’actualité n’est que le résultat d’échos lointains mais assourdissants de la période révolutionnaire.

    Ce n’est pas seulement l’instauration du mariage unisexe auquel je fais allusion mais bien les travers d’un véritable système révolutionnaire de pensée et de travail de la société. Les réformes ubuesques mettent en lumière l’idéologie révolutionnaire et sont autant de tentatives de raviver l’oeuvre de révolution inachevée ou mal achevée.

    "Veuillez télécharger la mise à jour"

    Nous vivons une sorte de retour dans le passé réviolutionnaire. Le goût de l’inachevé révolutionnaire est resté comme gravé dans la mémoire collective socialiste. Et il prend à ces jeunes pousses du socialisme, l’envie quasi romantique de perfectionner et d’achever l’édifice révolutionnaire. [...]

    La suite sur La drôle de France

    http://www.actionfrancaise.net

  • Dans l'attitude exemplaire du peuple, il y a peut-être cette France « éducatrice des peuples »

    Extrait de l'homélie de l'Abbé Patrick Faure, Curé de St Eugène Ste Cécile, lors de la messe célébrée mercredi à Notre-Dame de Paris :

     

    "Il n’appartient pas à la patrie terrestre de définir et de décider par elle-même, par voix légale, au besoin parlementaire, qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas, qui a le droit de connaître ses origines et qui ne l’a pas. A travers la légalisation de l’avortement, et aujourd’hui la légalisation du mariage homosexuel conduisant logiquement tôt ou tard à la procréation artificielle des enfants, le législateur français construit la patrie terrestre sur le meurtre et la blessure des plus petits des siens. Mais ici, à Notre-Dame, les veillées de prière pour la vie rassemblent des fidèles de toute l’île de France, pour demander à Dieu la grâce de mener le combat pour la vie dans la persévérance, l’énergie et la dignité. C’est ici qu’on prend conscience – en ces jours où nous sommes - que l’amour surnaturel pour la France, pour ses grandeurs et pour sa liberté, veut dire très concrètement le même amour égal pour tous ses enfants, y compris les plus faibles dans leur droit à la vie et à leurs origines.

    Beau combat où il faut écouter, argumenter, réfuter, promouvoir. Beau combat où il faut montrer la vraie vie conjugale et familiale, fondée sur la nature des corps, face à ses contrefaçons fondées sur les besoins de l’ego.

    Lors de l’inauguration des célébrations du jubilé, le 8 décembre dernier, le cardinal archevêque de Paris rappelait que le péché originel a défiguré la relation entre Adam et Eve.

    Disons qu’aujourd’hui c’est bien le péché, mensonger dès l’origine, qui voudrait au nom de la loi dénaturer cette relation entre l’homme et la femme, et sa fécondité. Mais la France résiste, plus que d’autres pays. Et elle résistera encore, dans la durée, avec autant de force que d’intelligence, jusqu’au jour où les lames de fond qu’on veut faire passer pour des feux de paille la remettront debout, grandie par ses épreuves.

    Dans son récent discours à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, le cardinal archevêque de Lyon relève que les autorités romaines ont été impressionnées par l’attitude des catholiques de France face aux réformes du mariage et de la filiation. Et ces autorités romaines ont remercié les évêques en visite ad limina pour leur appel à la prière, au jeûne et à la réflexion menée avec des juristes, des éducateurs, des philosophes, des psychologues et des représentants des autres religions. Et le cardinal de Lyon de voir que dans cette attitude exemplaire il y a peut-être cette France « éducatrice des peuples », comme l’a nommée le pape Jean-Paul II en 1980.

    [...] Si souvent, mes frères, le regard que nous portons sur notre pays et sur notre église gagne à être élargi par le regard que les autres portent sur la France. Que jamais nous ne perdions cet élan et cet appel qui nous ouvrent à l’Eglise universelle et à la vraie vie. C’est là notre vocation de français.

    Nous serons fidèles à cette vocation aussi longtemps qu’aux pieds de Notre-Dame, en ce lieu le plus visité du monde, nous serons les enfants de l’épouse du Christ qui récapitule en lui tout ce qui est humain et tout ce qui est divin, tout ce qui est sur terre et tout ce qui est au ciel. Nous serons fidèles à notre vocation de français, insufflant à leurs compatriotes l’amour de la vérité, aussi longtemps que nous serons les enfants de celle qui a la Vierge Marie pour mère, l’Ecclesia Catholica. Voilà notre assurance et voilà notre avenir. Que Dieu les bénisse et qu’il fasse de nous ses témoins."

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • L’Œuvre française ou le Nationalisme face au Mondialisme avec Yvan Benedetti

    Entretien du 27 mai 2013 entre Yvan Benedetti, président de L’Œuvre française et Florian Rouanet, afin d’évoquer ce qu’incarne le mouvement en question et la doctrine nationaliste.

    Sujet abordés :
    Parcours politique, Partie Nationalsite, l’OEuvre Française, Pierre Sidos, Marine Le Pen, Front National, affaire Gabriac, LDJ, 6 février, Maréchal Pétain, Napoléon Bonaparte, nationalisme, contre-révolution, extrême-France, helléno-catholicisme, croix celtique, passé et avenir, ordre nouveau, militantisme, étatisme, race, francophonie, études nationalistes, héritage et transmission,les 16 principes de la communauté, régime monarchique, Saint-Exupéry, Sainte Jeanne d’Arc, Hervé Ryssen, André Gandillon, Jérôme Bourbon, Jacques Ploncard d’Assac, Henry Coston, Maurice Bardèche, Jeunesses Nationalistes d’Alexandre Gabriac, mondialisme cosmopolite, judaïsme politique, loges maçonniques, révolution-subversion, démocratie, loi du nombre, marxisme et féminisme, ploutocratie, "mariage homosexuel" et "manif pour tous", identité nationale…

    Site officiel

    Musique de fond : compil. de l’album "Chants de France XI" du Choeur Montjoie Saint-Denis

    http://florianrouanet.wordpress.com

  • 987 : Élection d'Hugues Capet, à Senlis.

     Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes.... voir la photo "La situation au début du règne d'Hugues Capet".

             Après des débuts brillants, la première dynastie franque, celle de Clovis et de ses successeurs, les Mérovingiens, sombra dans la décadence et laissa la place à la deuxième dynastie, celle de Charlemagne, et de ses successeurs, les Carolingiens.

             Comme la première, cette deuxième dynastie eut des débuts brillants, mais, comme elle également, elle finit par sombrer dans la décadence (les "rois fainéants"...), à une époque où les invasions des vikings rendaient nécéssaire un pouvoir fort.

             Là sont les origines lointaines de la troisième dynastie, celle des Capétiens, qui va recevoir le pouvoir en 987, avec Hugues Capet.

              Alors que les rois fainéants, descendants de Charlemagne et dépositaires de la légitimité théorique, laissaient les populations dont ils avaient la charge sans défense face aux hommes du nord (les north men, normands...), une famille, celle des Robertiens, s'illustra dans la défense de ces mêmes populations. Ainsi se créa une légitimité effective, fondée sur les services rendus.

              Les Robertiens - ancêtres des Capétiens - durent cependant se montrer prudents, et patients, tant était fort le souvenir de Charlemagne et l'enracinement de la dynastie Carolingienne. Les premières invasions normandes ayant eu lieu un peu avant 850, ils attendirent presque cent cinquante ans....

             Jusqu'en 987, où fut réunie, à Senlis, une Assemblée chargée de désigner le souverain.

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    Monogramme d'Hugues Capet, sur un diplôme du 20 juin 989. Archives nationales, Paris

     "COURONNEZ HUGUES, L'ILLUSTRE DUC..."

                "Le trône ne s'acquiert point par droit héréditaire, et l'on doit mettre à la tête du royaume celui qui se distingue par la noblesse corporelle et par les qualités de l'esprit.... Décidez-vous plutôt pour le bonheur que pour le malheur de l'Etat. Si vous voulez son malheur, créez Charles souverain; si vous êtes attachés à sa prospérité, couronnez Hugues, l'illustre duc. Donnez-vous pour chef le duc, recommandable par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, le duc en qui vous trouverez un défenseur de l'Etat aussi bien que de vos intérêts privés".

                Cette harangue de l'archevêque de Reims, Adalbéron, emporta l'adhésion des grands du royaume qu'on appellait alors "Francie occidentale", et qui sera la France. Ils écartèrent donc le candidat carolingien, Charles de Basse-Lorraine et placèrent Hugues sur le trône.
                Hugues était abbé laïc de Saint Martin de Tours. Le surnom de Capet vient peut-être de la cape (Capa) ou manteau de Saint Martin que celui-ci coupa en deux afin de vêtir un pauvre...
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                Le chroniqueur Richer, moine de Saint Rémi de Reims a raconté en détail le déroulement de l'élection d'Hugues Capet.
                Il rapporte qu'une première assemblée des grands avait été convoquée à Compiègne en mai 987 pour examiner le cas de l'archevêque de Reims, Adalbéron, que le roi carolingien Louis V accusait de trahison. Mais le roi meurt accidentellement, Hugues prend la direction de l'assemblée et fait acquitter Adalbéron. Lequel, d'accusé, devient le personnage-clé de l'élection. Son discours va en décider. 
                Deux candidats sont en présence : Charles, duc de Basse-Lorraine, frère du défunt, et Hugues, duc des Francs. Celui-ci a l'appui de l'Eglise. Gerbert d'Aurillac, écolâtre à Reims (c'est-à-dire directeur des écoles) écrivait : "Le roi Lothaire (Louis V, ndlr) n'est le premier en France que par son titre. Hugues l'est, non par son titre, mais par ses faits et gestes."
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                Agé de 45 ans à son élection, Hugues régnera dix ans. C'est un pauvre roi.
                Bainville écrit des premiers Capétiens (ce qui vaut donc aussi, évidemment, pour Hugues) : "Les premiers règnes furent sans éclat...".
                Le roi ne règne que sur quelques villes (Senlis, sa résidence favorite, Etampes, Melun, le port de Montreuil...); sur une dizaine d'évêchés (Orléans, Laon, Sens, Beauvais, Paris...); et quelques abbayes qui lui assurent un revenu économique mais aussi un appui spirituel (Saint Martin de Tours, Saint Benoît sur Loire, Saint Germain des Prés, Saint Maur des Fossés, Saint Riquier...).
                Mais il aura l'habileté de faire sacrer son fils Robert, de son vivant, à Orléans, le 30 décembre 987. La dynastie est là pour mille ans.....
                Il est à noter que, s'il fut élu à Senlis, Hugues, fort habilement, alla se faire sacrer à Noyon, là où avait eu lieu le sacre de Charlemagne. Il souhaitait ainsi manifester qu'il se rattachait, plutôt que de la combattre, à cette dynastie Carolingienne dont il prenait la suite. De même il se fera enterrer, comme les Carolingiens, à l'abbaye de Saint-Denis, monastère dont ses ancêtres étaient les patrons et où ils étaient également enterrés.
                La nécropole des rois de France est ainsi désignée dès le début de la dynastie....
    SAINT MARTIN.jpg Tableau de la cathédrale de Tours : Martin partage son manteau avec un pauvre.     
            A l'époque de Martin, officier de l'armée romaine, l'équipement des officiers était payé moitié par l'Empereur (c'est-à-dire l'Etat) et moitié par l'officier. Martin ne pouvait donc, malgré son désir, donner tout son manteau au pauvre, puisque la moitié de ce manteau ne lui appartenait, mais appartenait à l'Empereur.
           Par contre, en donnant l'autre moitié du manteau, qui lui appartenait, il a bien donné tout ce qu'il avait en pleine possession. Il est pour cela considéré comme l'un des piliers de la charité. Martin est le patronyme le plus donné en France.
  • Le grain de sel de Scipion : Trop caron !

    grain de sel 1.jpgDepuis que Zemmour et Naulleau ont été évincés de l’émission « On n’est pas couché » présentée par Laurent Ruquier sur TF1, je m’efforce de ne plus la regarder. Hélas, j’ai eu le tort de faire une exception samedi dernier. En effet, le triste sire Aymeric Caron, aussi pâle et terne successeur de l’intelligent Naulleau dans le rôle du critique de gauche que l’est à sa droite sa consoeur Natacha Polony dans le fauteuil du fougueux Zemmour, disait toute sa déception de voir le Pape François, présenté lors de son élection comme l’ami des pauvres, tenir aujourd’hui des propos « rétrogrades » sur l’avortement et l’euthanasie.

    Car pour ce Caron-là, être près des pauvres est sans doute une attitude exclusivement progressiste, de gauche bien sûr, alors que la culture de mort qui pousse les bo-beaux esprits à se prononcer, sans même avoir réfléchi à la question, pour l’avortement ou l’euthanasie lui apparaît évidemment comme une indispensable « avancée sociétale », au même titre que le mariage homo, la PMA, la GPA ou la recherche sur les embryons.

    Une fois de plus, Caron a montré qu’il ne comprenait rien, en particulier à la religion catholique qui, si elle invite à secourir les pauvres nous appelle aussi à défendre la vie, à ne pas tuer les enfants dans le ventre de leur mère et à respecter les derniers instants des mourants.

    Décidément, je jugement cinglant de Zemmour sur Caron s’est encore vérifié lors de cette émission : « Dans le nom de Caron, il y a deux lettres de trop » ! Je vous laisse deviner lesquelles…

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • LES « DISPARUS» D'ALGÉRIE

    Crime sans châtiment... Que sont-ils devenus ?

    L'atroce, lancinante, mais nécessaire mémoire fouaille le cœur et les entrailles de certains d'entre nous au souvenir douloureux de «notre» Algérie. Certains diront : encore l'Algérie ! Mais comment ne pas voir que ces «événements» sont à l'origine de la dégénérescence patriotique et démographique actuelle ? Ces événements funestes et dramatiques ont des dates : 19 mars (cessez-le-feu unilatéral en Algérie à la suite des accords d'Evian) ; 26 mars 1962 (massacres de la rue d'Isly à Alger) ; 7 juin 1962 (assassinat légal du sergent Dovecar et de Claude Piegts) ; 3 juillet 1962 (indépendance de l'Algérie et abandon des populations) ; 5 juillet 1962 (massacres à Oran alors que l'armée française sous le commandement du général Katz, mort dans son lit, restait l'arme aux pieds dans ses casernes) ; 11 mars 1963 (assassinat légal de Bastien-Thiry) ; 6 juillet 1963 (assassinat légal du lieutenant Degueldre). Aucune victoire ? Si, bien sûr, il y en eut, sur le terrain militaire où notre armée avait écrasé le FLN, mais pas sur le «terrain politique», car, depuis le 13 mai, le sort de l'Algérie était entre les mains criminelles de celui aux promesses de qui elle avait cru et qu'elle avait porté au pouvoir : le sanglant De Gaulle... La France était alors un pion stratégique entre URSS et Etats-Unis, jalousée parce que établie sur les deux bords de la mare nostrum, et régnant encore sur de (supposées) riches possessions «coloniales», ces « perles de l'Empire » où nous mesurons et pesons en euros aujourd'hui les conséquences de la lâche démission de l'homme blanc !

    Mais ce calendrier tragique, que voulait rappeler cette stèle de Marignane - provisoirement enlevée (du moins nous l'espérons !) - égrène les étapes sanglantes des lâchetés successives de la France pour le plus grand malheur de ceux qui lui étaient confiés ou qui s'en étaient remis à elle.

    Et c'est pourquoi, à dessein, j'ai repris ce titre de « Crime sans châtiment » sous lequel nos amis pieds-noirs avaient déjà placé, en 2000, leur colloque de Nice. Ces rapatriés dont les ancêtres avaient, de leur sueur, de leurs peines, de leur sang souvent, arrosé et nourri ce sol d'Algérie devenu «leur» patrie et qui souffrirent tant d'épreuves lors de son abandon. Certains même, parmi eux, refusant d'être des «dépatriés» se cramponnèrent encore sur le sol d'Afrique du Nord, le seul qu'ils aient connu : 300 000 Français « de souche » se maintinrent, sur un million de souche européenne, dans un pays de 10 millions de « Français à part entière» jusqu'à l'été 1962. Ils n'étaient plus que 100 000 un an, que l'on ne peut pas tous qualifier de « pieds-rouges » après cet été abominable... n'ayant eu le choix qu'entre « la valise et le cercueil » ...

    Et ce fut pour beaucoup le cercueil ! Et pire : l'absence de toute sépulture chrétienne pour les milliers de ceux (3 300, 6000 jusqu'à 15 000 suivant les sources officielles ou officieuses) qui disparurent à jamais, enlevés, massacrés ou mis en camp de travail ou dans les bordels de l'ALN par un FLN triomphant qui s'ingénia en même temps à faire payer aux 150 000 harkis, moghaznis et autres supplétifs abandonnés par le chef de la Ve République et ses servants, leur fidélité à la France en les dépeçant, ébouillantant, découpant, écartelant, émasculant. Quelques femmes, épouses de militaires, furent extraites de leur geôle, et se suicidèrent lors de leur retour en métropole.

    C'était Pierre Messmer, alors ministre des Armées, ancien légionnaire, qui avait osé déclarer solennellement, au nom du président de la République, le 21 mars 1962 : « L'armée française assurera la protection des Français d'Algérie pendant 3 ans. » Sinistre ministre récompensé de sa lâcheté et de sa félonie par un fauteuil à l'Académie française suivi, quelques années après, sans que nous réussissions à le faire passer en Haute Cour de justice, d'obsèques nationales ! Ce fauteuil d'Immortel est, juste retour des choses, maintenant occupé par madame Veil dont les stigmates de la mort ornent également l'habit vert !

    Je sais, on pinaille, atrocement, sur les chiffres, le flou ayant été soigneusement entretenu des deux côtés de la Méditerranée parce qu'il arrangeait les gouvernements respectifs. Dès le 3 juillet et l'indépendance «célébrée» par plusieurs centaines d'atroces assassinats et disparitions d'Oran, nos ressortissants musulmans ne furent plus que des Algériens soumis à la loi islamique d'un pays musulman. Et les Européens, parfois des familles entières, qui n'avaient pas d'attache familiale en métropole et ne pouvaient, de ce fait, être réclamés par quiconque, pas même par des voisins que l'exode précipité, après l'arrestation en avril du chef de l'OAS, le général Salan, avait séparés, bousculés, paniqués, ne furent réclamés par personne et ne sont évidemment pas comptés dans ces macabres statistiques. C'est dire assez que celles qui nous sont présentées, les officielles, le sont a minima !

    Pourtant, le 23 mai 1962, le problème des enlèvements d'Européens avait été évoqué par Louis Joxe auprès du Comité des Affaires algériennes. Mais l'ardeur des enquêtes, qui ne pouvaient plus être que de police, car après le 19 mars, la paix des braves interdisait toute opération militaire, fut freinée par De Gaulle, Pompidou et Louis Joxe, pour qui le seul combat à mener était celui contre l'OAS.

    Ce fut pire encore après que nous eûmes replié notre drapeau, car s'abattit alors la chape de plomb du silence gouvernemental qui comblait d'aise et d'un lâche soulagement la plupart des métropolitains, mais de désespoir les exilés à la recherche de l'un des leurs. On leur fit rapidement comprendre, et très officiellement, que la mention «disparu» ou «recherché» accolée au nom de celui dont ils espéraient le retour, les priverait du bénéfice des aides qu'ils sollicitaient pour subsister en «mère-patrie», alors que la mention «décédé» leur en ouvrait les droits. D'où la clôture immédiate de toute enquête, la sortie des statistiques et le silence de la mort...

    Jusqu'au jour où Le Monde, L'Esprit Public de Philippe Héduy, L'Aurore, Aux Ecoutes, Itinéraires de Jean Madiran, Rivarol de René Malliavin, réveillèrent les consciences en s'angoissant du sort de nos compatriotes. Le scandale fut dénoncé. Tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat. Des missions parlementaires, en 1963 et 1964, furent envoyées et des enquêtes de la Convention internationale de Genève conduites sur place et qui conclurent, comme le rapport de la Commission internationale des recherches historiques sur les événements d'Algérie, à l'existence des camps dénoncés, mais évidemment vides lors des visites car les prisonniers étaient transférés d'un endroit à un autre... Il s'agissait surtout de ne pas gêner la jeune République algérienne où déjà des règlements de comptes et des exécutions entre «libérateurs» s'effectuaient de manière sanglante. Le délégué de la Croix-Rouge du Secteur Europe dont les yeux s'étaient ouverts, enfin, sera muté en Asie après qu'il eut remis un rapport accablant à Chirac et Mitterrand, puis au secrétaire d'Etat aux Rapatriés (30-12-1986).

    Le capitaine Leclair, le colonel de Blignières et Me François Patrimonio (tous décédés aujourd'hui) remettront à la Cour de La Haye un Livre blanc sur ces disparitions au nom de l'ASFED créée en 1967. Mais une enquête ne pouvait avoir lieu que si les deux parties (France et Algérie) étaient d'accord. Elles l'étaient... mais pour oublier ces victimes bien importunes, victimes de dégâts collatéraux sans doute, en réalité d'une coupable impéritie politique. Là encore, complicité dans l'abomination de ce crime sans châtiment !

    Le 24 décembre 1985, Bernard Antony, député européen, déposera une proposition de résolution, suivie d'une lettre ouverte de Jean-Marie Le Pen à ses collègues députés européens, appuyée par Yann Piat, Guy Herlory, Pierre Descaves, Me Georges-Paul Wagner, Michel Poniatowsky et Roger Holeindre, épaulés par des journalistes comme Philippe Tesson de Combat, le pied-noir et Prix Nobel d'économie Maurice Allais. Et cette liste de défenseurs de la parole donnée serait incomplète si l'on ne rendait pas hommage au magnifique et persistant travail de Présent où les articles fouaillants d'Alain Sanders rafraîchissent les mémoires et, mieux encore, rappellent les responsabilités !

    La LICRA elle-même en 1991, au nom de «l'universalité de son combat» dénonça le maintien dans les prisons algériennes de 500 harkis rescapés du massacre de 150 000. Boumédienne n'avait-il pas lui-même déclaré le 26 janvier 1971, 14 ans auparavant : « A Paris, on semble ignorer que nous détenons un grand nombre d'otages français. Quand il le faudra, nous en communiquerons la liste à la presse. Alors, pour obtenir la libération de ces otages, il faudra y mettre le prix. » La France, héritière du gaullisme, ne releva même pas l'élégance du propos. Elle n'eut que la lâcheté d'accorder... des visas !

    Parmi les écrits et les documents qui m'ont permis de mener - avec passion cette enquête, je me dois de mentionner France Fraternelle (Robert Laffly), Tradition et Progrès (Pierre Poujade), Rivarol (René Malliavin), Le Chardon (François Brigneau), Minute (J .-F. Devay), les ouvrages récents, à la rigueur chirurgicale, de Jean Monneret, du capitaine Leclair, les archives inédites du général Faivre, mais aussi les numéros spéciaux de La Nouvelle Revue d'Histoire et d'Historia. Il semblerait que les Archives du Quai d'Orsay se soit rouvertes récemment à la demande du Haut Commissariat aux Rapatriés... Si je vous cite tant de monde, c'est pour vous montrer que notre famille reste grande et riche de volontés et de talents et qu'un jour, que nous espérons tous prochain, justice sera faite comme s'y emploient, avec autant d'acharnement que de courage et de talent, nos amis de VERITAS et de l'ADIMAD.

    Les peuples sans passé n'ont pas d'avenir. Le nôtre ne s'illuminera qu'à la lueur des consciences réveillées et de l'espérance brandie en étendard.

    C D-T Présent du 14 mars 2009

  • Dominique Venner ou la fondation de l’avenir par Georges FELTIN-TRACOL

    Le 21 septembre 1972, jour de l’équinoxe d’automne, se suicidait Henry de Montherlant. C’est au lendemain de la Pentecôte chrétienne qui marque la montée du Christ au Ciel, un mardi – jour de Mars – et au mois de la Vierge Marie – mai -, que Dominique Venner s’est donné la mort dans « un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre Dame de Paris que je respecte et admire », précise-t-il dans son testament politique.

     

    À 78 ans, Dominique Venner a librement choisi de se retirer définitivement de ce monde dont il voyait poindre l’avènement du nihilisme triomphant. Il est mort comme il a toujours vécu : en homme  debout qui ne plia jamais face à l’adversité. Toute sa vie, il a montré, il a été l’exemple même de la virilité, et pratiqué cette virtu chère à Machiavel et aux vieux Romains. La verticalité faisait sens en lui et a ordonné son existence jusqu’à la fin.

     

    Le jeune parachutiste volontaire qui traquait le fellagha dans le djebel, l’expert renommé des armes, l’activiste pro-Algérie française qui rêvait de renverser par l’opération « Gerfaut » la Ve République naissante, le militant politique qui sut renouer et réinscrire la tradition française dans la continuité européenne, le chasseur réputé dont le patronyme se rapproche si symboliquement de la vénerie, l’écrivain et l’historien à la riche bibliographie, le fondateur et responsable d’Enquête sur l’Histoire, puis de La Nouvelle Revue d’Histoire, l’homme privé, père et grand-père heureux, représentent diverses facettes qui, loin de se contredire, expriment en réalité une cohérence intérieure d’une rare intensité.

     

    En observateur attentif de la longue durée des peuples, Dominique Venner s’inquiétait des signes chaque jour plus visibles de la langueur mortifère de ses compatriotes autochtones. Ce guetteur de l’imprévu historique désirait les voir se réveiller le moment venu. C’est dans cette perspective salvatrice qu’il commit en pleine lucidité un acte ultime.

     

    Par cette action sacrificielle, il a voulu secouer la psyché des Européens, car toute guerre est d’abord psychologique, culturelle, idéologique. Il savait que ce serait le don de soi absolu, l’affranchissement total des siens, de leur amour et de leur amitié, et l’acceptation sereine que son sang vienne, tel un nouveau Saint Chrême, oindre une mémoire collective pas encore amnésique.

     

    « Dans toute guerre, des hommes sont volontaires pour des missions sacrifiées, note-t-il dans Le cœur rebelle (p. 85) ». Cette décision héroïque, Dominique Venner l’a nourrie, méditée, réfléchie patiemment. Dans son billet du 23 avril 2013, « Salut à toi, rebelle Chevalier ! », interrogeant, après Jean Cau, la superbe gravure d’Albrecht Dürer Le Chevalier, la Mort et le Diable, il conclut que « l’image du stoïque chevalier m’a souvent accompagné dans mes révoltes. Il est vrai que je suis un cœur rebelle et que je n’ai pas cessé de m’insurger contre la laideur envahissante, contre la bassesse promue en vertu et contre les mensonges élevés au rang de vérités. Je n’ai pas cessé de m’insurger contre ceux qui, sous nos yeux, ont voulu la mort de l’Europe, notre civilisation millénaire, sans laquelle je ne serais rien ». Il comprend que, au-delà de l’adoption du mariage contre-nature, s’opère un changement d’essence civilisationnelle contre lequel seule peut contrecarrer une ardente et ferme résolution.

     

    S’il a commis le geste irréparable devant l’autel de Notre Dame de Paris, lui le païen qui ne se sentait aucune affinité avec le monothéisme, c’est peut-être parce qu’il a saisi l’urgence du Katékhon, cette figure eschatologique qui retient l’Antéchrist afin de maintenir l’ordre normal du cosmos.

     

    « Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. » Il ajoute dans son ultime billet, « La manif du 26 mai et Heidegger », mis en ligne sur son blogue ce mardi 21 mai dans la matinée qu’« il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes ». Il y souligne en outre qu’on trouvera « dans mes écrits récents la préfiguration et les explications de mon geste ».

     

    Dominique Venner n’était pas un désespéré. Il en était même aux antipodes. Déjà, dans Le cœur rebelle, il insistait, lui l’admirateur de Maurice Pinguet, auteur de La mort volontaire au Japon, sur la haute figure du samouraï et de sa dernière métamorphose historique, le kamikaze, le combattant d’assaut qui, au nom de ses principes, se dépasse une dernière fois. « Mourir en soldat, avec la loi pour soi, exige moins d’imagination et d’audace morale que de mourir en rebelle solitaire, dans une opération suicide, sans autre justification intime que l’orgueilleuse certitude qu’on est le seul à pouvoir accomplir ce qui doit être fait (Le cœur rebelle, p. 85) ». Dans des circonstances qu’il a estimées propices, il a proclamé qu’« il faudrait nous souvenir aussi, comme l’a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l’essence de l’homme est dans son existence et non dans un “ autre monde ”. C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien ». « Je me sens le devoir d’agir tant que j’en ai encore la force. Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable », répond-il par avance à tous ses détracteurs.

     

    « On ne meurt pas chacun pour soi, mais les uns pour les autres, ou même les uns à la place des autres (p. 57) » rappelle Georges Bernanos dans Le Dialogues des Carmélites. L’altruisme héroïque, combattant et radical défendu par Dominique Venner se concrétise par un acte décisif qui transcende toute une œuvre d’écriture et de réflexions pour rejoindre les antiques préceptes des vieux Romains, en particulier ceux du stoïcien Sénèque pour qui « bien mourir, c’est échapper au danger de mal vivre ». Or, ce mal vivre, par-delà la simple condition personnelle, affecte toute la société française et européenne. Arrive le temps que, « le discours dominant ne pouvant sortir de ses ambiguïtés toxiques, il appartient aux Européens d’en tirer les conséquences. À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer, nous avons en partage depuis Homère une mémoire propre, dépôt de toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité, source néfaste de toutes les dérives modernes ». Dans ce contexte mortel pour l’esprit et pour les âmes, « apprendre aux gens à bien mourir est la grande affaire du stoïcisme, écrit Gabriel Matzneff (« La mort volontaire chez les Romains » dans Le Défi, p. 147) ».

     

    Gabriel Matzneff distingue par ailleurs qu’« il y a ceux qui se tuent au nom d’une certaine idée qu’ils se font de la morale privée et publique, au nom d’une certaine idée qu’ils se font de l’homme : ils quittent un monde où les valeurs à quoi ils sont attachés n’ont plus cours et où partout triomphent celles qu’ils méprisent (pp. 164 – 165) ». Dominique Venner appartient à ces derniers. Il récuse en effet avec vigueur l’antagonisme artificiel et fallacieux entre le postmodernisme sociétal hyper-individualiste et le holisme conquérant de communautés allogènes, parfois musulmanes, sur notre continent. Il s’élève contre cette submersion migratoire qui bouleverse la physionomie européenne habituelle. « Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge contre le crime visant au remplacement de nos populations. »

     

    En mettant fin à ses jours, Dominique Venner témoigne qu’une troisième voie autochtone identitaire française et européenne est la seule apte à préserver nos traditions plurimillénaires. Non, ce n’est pas en entérinant l’institution de l’homosexualité, de la famille monoparentale et de l’avortement de masse qu’on fera reculer l’islam et l’immigration extra-européenne. Et ce n’est pas en acceptant l’implantation de minorités étrangères aux mœurs exotiques qu’on rétablira les principes traditionnels de l’Être européen. C’est en les affrontant simultanément que les Européens ne sombreront pas dans le néant de l’histoire. Mais il faudra beaucoup de force morale pour mener de front ce double combat.

     

    Dominique Venner n’a pas manqué de force morale. En allant, une arme à la main, jusqu’au chœur d’un espace consacré, depuis longtemps profané par des masses de touristes, il a resacralisé le lieu. Avait-il en ses derniers instants le souvenir du seppuku du Japonais Yukio Mishima en novembre 1970, et des immolations anti-communistes du Tchèque Jan Palach en janvier 1969 et du militant solidariste français Alain Escoffier en février 1977 ? Plus que marquer l’opinion, Dominique Venner qui savait que toute fondation pérenne exige un sacrifice préalable a surtout semé par sa disparition assumée les germes d’un renouveau continental et poser les assises d’un nouveau cycle boréen au XXIe siècle.

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/