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culture et histoire - Page 1909

  • Schopenhauer

    Schopenhauer, philosophe de la volonté et archétype du solitaire méprisant la politique

    Il y a 150 ans mourrait Arthur Schopenhauer (1788-1860)

    « L’absence d’esprit prend toutes les formes pour se dissimuler : elle se camoufle en pathos, en emphase ; elle prend le ton de la supériorité et se donne des grands airs et tout cela de cent autres façons. »

    La philosophie allemande classique du XIXe siècle peut se subdiviser, grosso modo, en 2 courants majeurs qui, tous 2, commencent avec Kant. Celui-ci avait accompli dans sa Critique de la raison pure une « révolution copernicienne » passant ainsi de l’ontologie à la théorie de la connaissance ; il avait aussi affirmé que la capacité humaine de connaître était intrinsèquement liée aux formes de la représentation que sont le temps et l’espace [formes a priori de la sensibilité], d’une part, les 12 catégories de la raison, d’autre part, parmi lesquelles le principe de causalité. Pour faire en sorte que la raison ne produise pas elle-même ces propres objets, Kant s’était vu contraint d’accepter une « chose en soi » transcendantale [qui concerne les conditions de possibilité de la connaissance], qui, pour le sujet connaissant, n’était pas connaissable au-delà de cet appareil fonctionnel.

    Côté subjectif de ce monde coupé en 2 par Kant, nous trouvons vers 1800 la philosophie idéaliste, qui culminera dans les grands systèmes de Hegel et de Schelling, puis, sous le signe du matérialisme, sera poursuivie par Marx et Engels. L’autre courant est moins visible, il est plutôt souterrain et cherche à saisir la face objective, en dépit de la césure kantienne. Ce courant-là commence avec Arthur Schopenhauer et nous amène, au-delà de Nietzsche, vers la modernité, une modernité qui n’est pas seulement philosophique.

    Schopenhauer, né le 22 février 1788 à Dantzig dans le foyer d’un négociant, est un penseur et une personnalité de la transition. Selon la tradition philosophique allemande, et surtout selon cet idéalisme allemand contre lequel il engage la polémique, Schopenhauer participe lui aussi à cette volonté de systématiser, c’est-à-dire de chercher à expliquer les principes métaphysiques du monde en un seul ouvrage : en effet, c’est ce qu’il tentera de faire dans son ouvrage principal, Die Welt als Wille und Vorstellung (Le monde comme volonté et comme représentation), dont le premier volume paraît dès 1819 et dont le second ne paraitra qu’en 1844. Il amorce ses réflexions au départ du principe fondamental de Kant, celui de la subjectivité de la faculté de connaître, et le soumet à une métaphysique volontariste, dans la mesure où il identifie la « chose en soi » avec la volonté (Wille), qu’il interprète comme une pulsion d’existence [une force vitale], agissant derrière tous les phénomènes. Contrairement à l’usage habituel, il entend la volonté comme un principe irrationnel, que l’on n’expérimente pas seulement lorsque l’on procède à une analyse introspective de soi et, partant, comme une pulsion vitale et sexuelle, mais qui se manifeste, compénétrante, à travers la nature toute entière voire aussi dans le déroulement causal non vivant.

    En dépit du caractère universel de la volonté qui se combat elle-même éternellement par le truchement des phénomènes qu’elle génère et qui détermine ainsi tout élan individuel de volonté, comme l’explique Schopenhauer dans un écrit de 1839, qui lui vaut un prix de la Société Royale Norvégienne des Sciences, et qui a pour titre Über die Freiheit des menschlichen Willens (De la liberté de la volonté humaine), eh bien, en dépit de cela, il existe tout de même 2 portes dérobées par lesquelles l’homme peut se dégager de la souffrance que lui inflige le monde : l’une est constituée par la morale, l’autre par l’esthétique. Par empathie avec les autres créatures souffrantes, l’homme peut dépasser son isolement apparent et reconnaître la même volonté de vivre (et en fin de compte se reconnaître lui-même) en tous les autres êtres, ce que Schopenhauer exprime par les mots « tat twam asi » (« cela, tu es »), empruntés aux Upanishads de l’Inde ancienne. Dans son éthique de la compassion, qu’il explicite dans Über das Fundament der Moral (Du fondement de la morale), il se tourne, de manière radicale, contre l’impératif catégorique de son maître Kant, dont il mésinterprète l’appel à toujours penser aux conséquences de sa propre action pour l’universalité (pour la chose publique), comme une obligation à se soumettre à une pensée obéissante à l’autorité. Tout anti-étatiste pourrait, en se soumettant à une telle pensée, considérer que les lois ne sont que contraintes et non par autant de formules dont la validité est universelle.

    L’autre échappatoire vers le paradis (toutefois sans Dieu) est la « contemplation détachée de tout intérêt » qu’offre la contemplation esthétique : en jouissant d’une œuvre d’art, surtout une œuvre musicale, l’homme peut aussi dépasser le principium individuationis et s’unir au fond cosmique de l’univers.

    Schopenhauer comme précurseur de la psychanalyse freudienne

    Aujourd’hui on ne juge pas tant l’importance de Schopenhauer à la teneur de ses principales idées philosophiques qu’à ses multiples influences postérieures. De son vivant, son ouvrage principal n’a quasiment pas été pris en considération. Il a fallu attendre le der nier tiers du XIXe siècle, donc après la mort de Schopenhauer, pour assister à une réception de son œuvre d’une rare intensité. Schopenhauer a amorcé ses réflexions philosophiques à l’époque dite des Biedermeier en Allemagne ; dans sa jeunesse, il a encore connu Gœthe. Sa mère, Johanna Schopenhauer, écrivait des romans et tenait un salon littéraire à Weimar. Sa célébrité posthume, Schopenhauer la doit au fait qu’il fut un contemporain de Richard Wagner, dont L’Anneau des Nibelungen avait été fortement imprégné par la pensée de notre philosophe. Il la doit également à Friedrich Nietzsche qui, dans ses Considérations inactuelles, évoque « Schopenhauer comme éducateur » et fait l’éloge de sa « volonté de vérité » et de son pessimisme héroïque. C’est justement au départ de cette réflexion nietzschéenne sur Schopenhauer qu’un filon s’amorce en direction de la critique révolutionnaire/conservatrice du XXe siècle. En effet, l’archétype du solitaire et du précepteur oisif, méprisant la politique, se repère dans le philosophe grognon des Considération d’un apolitique de Thomas Mann. Celui-ci reconnaît encore sa dette à l’endroit de Schopenhauer dans quelques-uns de ces récits, dont la nouvelle Tobias Mindernickel, où il traite de l’éthique de notre philosophe.

    L’œuvre de Schopenhauer a eu un impact considérable sur des écrivains aussi importants que Hermann Hesse, Samuel Beckett et Thomas Bernhard. Dans l’univers des philosophes, l’impact a d’abord été moindre et ce sont, dans un premier temps, des figures marginales du monde universitaire du début du XXe siècle qui se sont intéressées à lui : songeons à Georg Simmel et à Max Scheler qui, tous 2, font démarrer leurs réflexions à la suite de Schopenhauer. La plupart du temps, les philosophes universitaires l’ont considéré d’abord, et souvent à raison, comme un disciple original de Kant ou comme un précurseur de Nietzsche. Certes, il fut l’un des principaux précurseurs de Nietzsche mais il fut surtout l’une des principales figures anticipatrices de la psychanalyse. La réduction freudienne de la vie sentimentale à la pulsion sexuelle se retrouve, bien avant Freud, dans l’œuvre de Schopenhauer, et sans la moindre ambiguïté. Dans la conception schopenhauerienne de la volonté comme une puissance irrationnelle dépassant la conscience individuelle, nous trouvons les prémisses essentielles de l’inconscient collectif de Carl Gustav Jung.

    Schopenhauer nous a transmis aussi la sagesse indienne, ce qui ne fut pas le moindre de ses mérites. Le premier contact qu’il a eu avec l’univers mental indien date de 1813, lorsqu’il séjournait à Weimar et qu’il y rencontra pour la première fois l’orientaliste Friedrich Majer, disciple de Herder. Sous l’influence des études de Majer, Schopenhauer finit par se considérer comme « le premier bouddhiste d’Europe ». Ainsi débuta l’histoire d’une méprise créatrice, comparable à l’interprétation quiétiste de l’antiquité classique, dont on vantait « la noble simplicité et la grandeur tranquille ». Les conséquences de cette méprise résident surtout dans une interprétation fausse du bouddhisme comme nihilisme, un nihilisme qui reposerait sur une rétention vis-à-vis de tout agir et verrait le but le plus élevé de l’existence dans une immersion dans le “néant”. On a vu l’effet de cette mésinterprétation du bouddhisme sévir dans la décennie qui suivit la Grande Guerre, où régnait une ambiance de déclin, comme, plus tard, dans la vogue bouddhiste qui se retrouve en Occident jusque aujourd’hui.

    Petit bourgeois réactionnaire et ennemi des bourgeois étriqués

    Schopenhauer est lié à son temps quand il exprime son système philosophique basé sur la volonté ; il l’est également dans l’insouciance relative dont il fait montre à l’endroit de toute recherche empirique, ainsi que dans sa prétention à pouvoir présenter une interprétation générale du monde qui sera à jamais irréfutable. Mais les impulsions qui partent de son œuvre pour aboutir à notre temps sont fort nombreuses. Parmi elles : son habitus non académique de philosophe artiste et de littérateur. Il y a aussi son attitude ambivalente face à la classe bourgeoise : d’une part, Schopenhauer est très nettement un petit bourgeois réactionnaire qui méprise la période prérévolutionnaire d’avant 1848, le Vormärz ; d’autre part, en tant que demi bohémien, il est un ennemi de la mentalité bourgeoise étriquée (le Spiessertum), qui se manifeste surtout dans l’institution du mariage, cible de sarcasmes perpétuels pour ce misogyne grognon et animé par ses pulsions. Pour s’assurer un certain équilibre émotionnel, notre célibataire endurci s’est flanqué pendant toute sa vie d’un compagnon canin, un caniche : dès que l’un de ces animaux favoris mourrait, il s’en procurait un nouveau qu’il baptisait invariablement « Atman », comme tous ses prédécesseurs. Ce nom signifiait en sanskrit “souffle de vie” ou “âme individuelle”, car, croyait-il, il y avait, actif, dans chaque caniche un seul et même principe de vie, le Pudels Kern, le « noyau du caniche ».

     Arthur Schopenhauer meurt le 21 septembre 1860, comme un vieil original, peu célèbre et bizarre, à Francfort sur le Main, ville où, après ses années de pérégrination et d’études, il s’était fixé pour y passer la seconde moitié de sa vie. Quelques années après son passage de vie à trépas, Léon Tolstoï le nomme « le plus génial de tous les hommes ».

    ► Baal Müller (article paru dans Junge Freiheit n°38/2010, Berlin).

    http://vouloir.hautetfort.com

  • La date maudite du 19 mars

    Signés la veille avec les représentants du FLN, les accords d'Évian ont mis fin à la guerre d'Algérie le 19 mars 1962. Du moins officiellement, car leur conclusion engendra de multiples souffrances.
    Le 18 mars 1962, les négociateurs d'Évian signaient un accord de cessez-le-feu entre l'armée française et le FLN qui dirigeait la rébellion indépendantiste. Le texte était accompagné de "déclarations gouvernementales" censées garantir la sécurité des Européens présents en Algérie, comme de ceux, de toutes origines, qui s'étaient opposés au FLN. Les harkis 1, supplétifs de l'armée française, n'étaient pas mentionnés. La promesse, toute verbale, du FLN qu'il n'y aurait pas de représailles contre eux fut jugée suffisante par Louis Joxe 2.
    Violences sans précédent
    Le texte d'Évian fut publié le 19 mars. Depuis, certaines organisations "anticolonialistes" considèrent cette date comme celle de la fin da la guerre d'Algérie. Il faut pour cela tout le cynisme dont sont capables les tenants du marxisme, leurs alliés et compagnons de route, car, loin que le conflit s'apaisât à partir du 19 mars, il s'ouvrit une période de violences sans précédent. Il en fut ainsi non seulement jusqu'au 3 juillet, où Paris reconnut l'indépendance de l'Algérie, mais ensuite également, jusqu'à l'automne de 1962 et au-delà. La période suivant l'indépendance fut marquée d'un surcroît d'enlèvements et d'horribles massacres. Les victimes musulmanes du FLN furent probablement plus nombreuses durant ces six mois qu'elles ne l'avaient été durant les huit années précédentes. Le nombre des Pieds-Noirs enlevés quintupla 3, contraignant l'immense majorité d'entre eux à un exil définitif résultant d'une épuration ethnique pure et simple. Ajoutons que durant ce semestre abominable, nombre de militaires français furent tués ou enlevés ; 177 d'entre eux demeurent portés disparus à ce jour (chiffres provisoires sans doute inférieur à la réalité 4). Donner la date du 19 mars comme nom à des places, des rues, des ponts (prochainement à Toulouse), fêter cette journée, prétendre y voir la fin du conflit algérien, est donc une insulte à toutes les victimes de cette époque, un outrage à l'Armée française, un défi au sens national le plus élémentaire et une injustice criante.
    Contrairement à ce qui s'affirme parfois avec légèreté, le FLN, représenté par Krim Belkacem, à l'époque homme fort de ce mouvement, a bien signé et paraphé les accords d'Évian. Cette organisation a donc délibérément violé le texte auquel elle avait souscrit (et qu'elle négocia durement). Elle a totalement engagé sa responsabilité morale et matérielle dans ce qui suivit. La participation ouverte de ses commandos, de son armée et de ses militants aux enlèvements massifs et aux exécutions durant les neuf mois postérieurs au 19 mars devrait inspirer une condamnation unanime. Ce n'est pas le cas, ce qui illustre le relativisme troublant de l'idéologie des droits de l'homme, devenue le fondement de l'univers occidental actuel. L'opprobre ne devrait d'ailleurs pas épargner certains responsables politiques français de l'époque.
    Terrorisme silencieux
    Dès le 17 avril 1962, l'encre d'Évian à peine sèche, le FLN inaugura le terrorisme silencieux, les enlèvements massifs d'Européens à Alger, à Oran, dans la campagne oranaise et en Mitidja. Ces rapts prenaient pour prétexte la lutte contre l'Organisation armée secrète (OAS) 5. Après l'échec du putsch des généraux en avril 1961, les partisans de l'Algérie française avaient en effet tous rejoint cette organisation clandestine. Ils usaient de méthodes violentes. Les "anticolonialistes", qui donnent le ton aujourd'hui dans les médias et les milieux officiels, font de l'OAS le responsable de l'échec d'Évian et de l'exil des Pieds-Noirs. C'est un procédé commode mais malhonnête. L'organisation secrète, surtout en fin de course, en juin 1962, n'avait plus ni stratégie, ni tactique. Il en résulta des dérives diverses et une confusion chaotique terminées par une (pseudo) négociation avec le FLN 6. À ce stade, l'OAS menaça de pratiquer la "terre brûlée". Des historiens de pacotille lui imputent cette politique depuis sa naissance, alors qu'elle ne dura qu'une semaine. L'histoire de l'OAS s'étend sur seize mois, de mars 1961 à juin 1962. Quelles que furent ses errances finales – elles furent indéniables et eurent des conséquences –, en faire le bouc émissaire de tous les échecs ultimes des autorités françaises n'est qu'une manière peu subtile d'exonérer le pouvoir d'alors et de blanchir le FLN de ses crimes vis-à-vis de l'Algérie, des harkis et des Pieds-Noirs.
    Car après le ratissage de Bâb El Oued, ceux-ci subirent aussi la fusillade du 26 mars 1962 rue d'Isly 7, puis la longue succession des crimes des nouveaux maîtres du pays. Un exemple en donnera une idée : en mai 1962, 272 Européens furent enlevés en Alger contre 44 en avril. A la fin du mois de juin, on évaluait à près de mille les victimes européennes de rapts dans le seul département d'Alger. À partir du 17 juin, à la suite d'un accord FLN-OAS, les enlèvements ralentirent. Ils reprirent de plus belle après le 3 juillet, date de la proclamation de l'indépendance. Deux jours après, le 5 juillet, à Oran, une manifestation venue des quartiers musulmans submergea le centre-ville européen. Quelque sept cents Pieds-Noirs et une centaine de musulmans (sans doute pro-français) furent massacrés 8. Ceci accentua l'exode et le rendit irréversible.
    Représailles sanglantes
    Les victimes les plus nombreuses se situent toutefois parmi les musulmans. Dès la signature des accords du 19 mars, des harkis furent attaqués à Saint-Denis-du-Sig. À Saïda, des membres du commando Georges furent enlevés et tués par l'organisation indépendantiste alors même que plusieurs d'entre eux étaient des officiers français. Après le 3 juillet, les représailles contre les musulmans ayant combattu le FLN s'intensifièrent. Des dizaines de milliers furent assassinés, emprisonnés ou persécutés de diverses manières 9. Quelque quatre-vingt-dix mille harkis, familles comprises, furent transférés en France grâce à l'action clandestine de quelques officiers.
    Les autorités militaires, tout en signalant les épreuves subies par nos compatriotes musulmans, n'en relayèrent pas moins des recommandations insistantes et répétées de ne pas les faire venir en France. Ces faits, largement établis historiquement n'en sont pas moins dissimulés, voire niés aujourd'hui par quelques chercheurs "engagés". Ceux qui ont vécu les événements de ce vilain temps en sont marqués à jamais. La date du 19 mars 1962 demeurera celle d'une ineffaçable forfaiture.
    Jean Monneret L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 15 mars au 4 avril 2012
    Chronologie
    ❏ 19 mars 1962 : publication des accords d'Évian.
    ❏ 17 avril : le FLN lance une campagne massive d'enlèvements d'Européens.
    ❏ 3 juillet : le gouvernement français reconnaît l'indépendance de l'Algérie.
    ❏ 5 juillet : massacre à Oran de plus de sept cents Européens et d'une centaine de musulmans ; l'exode des Pieds-Noirs s'accentue.
    ❏ Automne : le tandem Ben Bella-Boumedienne prend le pouvoir en Algérie ; les enlèvements ralentissent puis cessent progressivement.
    1 - Les harkis étaient les supplétifs mobiles de l'armée française ; par extension, le terme tout musulman ayant combattu le FLN.
    2 - Ministre d'État chargé des affaires algériennes, Louis Joxe dirigeait la délégation française à Évian.
    3 - Jean-Jacques Jordi chiffre à 332 les Européens disparus avant le 19 mars et à 1253 après. S'y ajoutent 123 personnes dont les corps furent retrouvés et 170 cas incertains. Cf. Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État, éd. Soteca.
    4 - À ce jour, le gouvernement français a refusé d'ouvrir les archives concernant ces militaires disparus ; seuls les civils ont été étudiés.
    5 - Cf. Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique algérienne, éd. L'Harmattan ; collectif, Vers la paix en Algérie, éd. Bruylant ; les pages signées y sont reproduites.
    6 - L'OAS fut créée à Madrid le 10 février 1961 et devint active en mars et surtout à l'automne suivant. Le FLN et ses séides prétendent aujourd'hui que les enlèvements ciblaient ses militants. Dans La Phase Finale de la Guerre d'Algérie (L'Harmattan), nous avons montré que les rapts pouvaient toucher aveuglément n'importe quel Européen.
    7 - Voir notre ouvrage Une Ténébreuse Affaire - La Fusillade du 26 mars 1962, éd. L'Harmattan..
    8 - Cf. Jean-Jacques Jordi, op. cité.
    9 - Maurice Faivre, Les Combattants musulmans de l'Armée française, éd. L'Harmattan.

  • [Exclusivité Novopress] Le prologue de “Sale Blanc” de Gérald Pichon

    PARIS (NOVOpress) - “Sale Blanc, chronique d’une haine qui n’existe pas” de Gérald Pichon est la dernière publication d’Idées éditions. Il est préfacé par Pierer Sautarel de Fdesouche.

    Comme l’affirme la quatrième de couverture : « Longtemps dénoncée comme un fantasme, assimilé à un outil de propagande de l’extrême droite, la haine antiblanche était jusqu’à récemment déconsidérée par nos élites politiques et médiatiques. Pourtant, cette douloureuse réalité touche un nombre grandissant de Français. Agressions, insultes, viols… Cette forme particulière de haine raciale existe bel et bien. Mais aux yeux de ses détracteurs, affirmer en être victime est une erreur, c’est refuser le sacro-saint vivre-ensemble érigé en valeur suprême de la société multiculturelle. A l’heure où de grossières et opportunistes tentatives de récupération politicienne se font entendre, l’ouvrage “Sale Blanc” vient, témoignages et chiffres à l’appui, rendre compte d’une réalité méconnue, volontairement dissimulée par les gouvernements de droite comme de gauche. »

    En attendant un entretien avec l’auteur – qui tiendra une conférence samedi 2 mars à Tours à l’invitation du Cercle Jean Royer – et les bonnes feuilles du livre, en exclusivité pour Novopress vous trouverez ci-dessus le prologue.

    « Trop seul, trop pâle,
    Trop seul pour qu’on te craigne
    Trop pâle pour qu’on te plaigne »
    Vae Victis

    C’est un petit garçon rentrant en sang chez lui, une adolescente terrorisée à l’idée de sortir, un jeune homme tombé sous des coups d’une violence inouïe, une grand-mère martyrisée que sa famille n’oubliera jamais. Tous ont connu la détresse, la peur, les sanglots étouffés, la solitude. Aucun ne pourra oublier ces scènes de violences maintes fois rejouées. Ces souvenirs qui restent et ceux qui s’envolent, ce traumatisme que l’on n’oubliera jamais. Combien de fois revoit-on la scène ? Et si, en fin de compte, nous l’avions provoquée ? Pourquoi moi, pourquoi nous ? Pourquoi toi et pourquoi vous, les agresseurs, les violeurs et les violents ? Pourquoi cette rencontre entre toi et moi, entre nous et vous ? Pourquoi moi et nous et pas lui et eux ? Pourquoi moi et pas toi ? Le hasard ? Le destin ? Dieu ou le diable ? Qu’a-t-on fait ou pas fait pour mériter ça ?

    Tu brandis un poing vengeur, tu as l’air énervé, tu as juste le temps de maugréer un « sale Blanc » avant de lui couper le fil de la vie, de lui enlever sa confiance dans les hommes ou de le laisser vieillir en paix. Devant les policiers, les tribunaux, vous, les agresseurs, justifierez votre acte. Tout y sera et même plus. Nous vous écouterons avec attention, avec une inquiétude mêlée d’espoirs : nous pourrons alors enfin comprendre cette agression, ce viol, cette mort… Procès, prison, amendes pour vous. Perte de confiance, peur et parfois oubli pour nous. Plus tard, vous vous moquerez de la victime, vous vous jouerez d’elle. « Victime ! Victime ! », c’est devenu la nouvelle insulte à la mode dans les cours de récréation. Vous ne regrettez rien, ou si peu. Vous êtes en guerre, nous sommes en pleurs. Si on ne t’a rien dit sur moi alors pourquoi nous ? C’est notre gueule, notre visage, notre faciès qui ne vous reviennent pas ? Oui…. trop pâle, trop blanc, trop simple… pas assez couleur locale dans ce quartier, cette ville. Cette époque ?

    Alors, t’as pas compris encore « petit Blanc » ? Je t’ai brisé car tu n’es pas comme moi et je te l’ai fait payer cher. Cette haine, elle est là. Elle est en moi et cette haine, c’est de toi, de ta couleur de peau : je prends ma revanche, je t’écrase, je t’humilie. Tu ne comprends pas, je te frappe, tu comprends, nous te frappons. Moi, on m’excusera ; toi, on t’oubliera. T’as rien compris encore. Regarde-toi dans le miroir, tu es faible dans tous les domaines, tu n’as même pas la force de réagir à tout ça. Mais regarde-toi, nous sommes forts, nous sommes forts de vos faiblesses. C’est vous qui nous avez appris à vous détester, on a bien retenu la leçon. Vous êtes nos défouloirs, la vie n’est pas tendre avec nous, alors on vient se servir sur votre dos, passer nos nerfs et oublier. Oublier quoi ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est qu’on vous oublie rapidement, vous les victimes. Ne sois pas blanc de peur, car pour nous ce serait un nouvel appel du sang…

    http://fr.novopress.info

  • Le professeur Jean Tulard (la Révolution) « Ce fut la revanche des humiliés, pas celle des opprimés »

    Jean Tulard est le grand spécialiste de Napoléon. Membre de l’Institut (Académie des Sciences morales et politiques) après avoir été directeur d’études à l’École pratique des hautes études, professeur à l’université de Paris-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages.
    Il a collaboré au Livre noir de la Révolution française à paraître ce lundi aux éditions du Cerf. Ouvrage collectif regroupant les noms des plus grands spécialistes, ce pavé jeté dans la mare de la mémoire nationale fait le bilan des destructions révolutionnaires qui ont pesé et à bien des égards pèsent encore sur les destinées de la France. Il a bien voulu répondre à nos questions.
    L’ACTION FRANÇAIS 2000 - Ce Livre noir de la Révolution française paraît presque vingt ans après les célébrations du bicentenaire qui avaient donné lieu à de nombreuses publications. Certains se souviendront du livre de René Sédillot, Le coût de la révolution française, ou encore des ouvrages de Reynald Sécher sur le génocide vendéen. Depuis lors, nous avons vu émerger une querelle autour des travaux de François Furet, puis comme une suite à cela un débat autour du Livre noir du communisme. Que s’est-il passé depuis lors ?
    JEAN TULARD - Il faut d’abord remarquer que, paradoxalement, le bicentenaire a donné lieu à un réquisitoire contre la Révolution, y compris pour des gens venus de la gauche comme Furet : la révolution était décrite comme un dérapage, une perte de contrôle qui, si elle n’était pas entièrement condamnable, ne méritait pas une telle commémoration. Après le bicentenaire on a pu constater un tarissement des publications qui abondaient précédemment.
    De Robespierre à Lénine
    A.F. 2000 - Vous avez évoqué le nom de François Furet. Sur ses traces d’autres historiens ont entamé un véritable examen critique du communisme et partant de sa paléontologie, la Terreur jacobine : le directeur du Livre noir du communisme, Stéphane Courtois a également collaboré à ce Livre noir de la révolution française. Comment envisagez-vous cette collaboration ?
    J.T. - Je ne suis pas surpris de voir des personnalités abusées par l’idéologie communiste, qui ont commencé leurs recherches sur le communisme les poursuivre par des travaux sur la période révolutionnaire. C’est le même réflexe qui est à l’oeuvre dans les deux révolutions. Des liens très étroits unissent le communisme à la Révolution française. Lénine admirait Mathiez, le grand robespierriste de la Sorbonne. Des noms de révolutionnaires ont été donnés à des navires soviétiques. Il était nécessaire que le rapport Krouchtchev, critiquant le modèle stalinien de la révolution communiste conduise à une révision de la révolution française, tant la révolution russe s’était constituée en héritière de la Révolution française.
    A.F. 2000. - Pourquoi la Révolution a-t-elle été si sanglante ?
    J.T. - Tout d’abord il y a les excès de la foule révolutionnaire avec ses débordements sanglants. Enfin et surtout la Terreur. En effet la Terreur est irréductible à des “débordements”. La Terreur est voulue pour terroriser les adversaires : dès le 14 juillet, lorsque la foule promène la tête de Launay cela n’a pas d’autre but. Il s’agit dès lors d’annihiler les résistances. La guillotine est dissuasive, mais lorsque l’on promène les condamnés dans une charrette au pas sur des kilomètres avant d’arriver à l’échafaud nous avons déjà à faire à un système terroriste. Les noyades de Nantes aussi sont dissuasives, lorsque les pêcheurs à la ligne sur les bords de Loire ont vu passer les cadavres au fil de l’eau ça a dû tempérer leurs sentiments contrerévolutionnaires.
    La haine et l’envie
    A.F. 2000 - Vous avez écrit il y a plus de dix ans Le Temps des passions : espérances, tragédies et mythes sous la Révolution et l’Empire. À quelles passions la Révolution a-t-elle donné libre cours ?
    J.T. - La haine et l’envie. Je vous répondrai en citant un mot de Napoléon : « Qu’est-ce qui a fait la Révolution ? La vanité. La liberté n’a été qu’un prétexte. » Il s’agissait de détruire une société bloquée, dont la mobilité sociale s’était réduite. Il y eut la haine de Marie-Antoinette entretenue par les gazettes et les chansons évoquant sa toilette et sa brioche. La Révolution trouve sa source dans la lutte de la vanité des uns contre l’arrogance des autres. Ce fut la revanche des humiliés, pas celle des opprimés. Avec la nationalisation des biens du clergé émerge une nouvelle classe dominante, celle des bourgeois acquéreurs de biens nationaux : l’aristocratie laisse sa place à la ploutocratie. En effet, les révolutions sont toujours une bonne occasion de faire fortune.
    A.F. 2000 - N’est-ce pas d’abord la passion de l’égalité comme l’a dit si justement Tocqueville ?
    J.T. - Il faut appeler les choses par leur nom. Ce à quoi se refusent le libéral fumeux Tocqueville et ses disciples. Préférez lui l’ultra Fiévée, ce contre-révolutionnaire qui rejoindra Bonaparte d’ailleurs, qui dans son merveilleux roman La dot de Suzette rend si bien compte de ce que j’évoquais à l’instant : l’envie, la vanité, l’ambition et la cupidité. J’ai jadis écrit un petit livre sur Fiévé, mais je vous renvoie surtout à la conclusion de mon livre Les révolutions paru chez Fayard.
    A.F. 2000 - Croyez-vous ces passions toujours à l’oeuvre dans la société française ?
    J.T. - C’est évident. Elles sont partout à l’oeuvre. On ne change pas l’homme, et s’il n’y avait pas l’envie il n’y aurait pas d’histoire. C’est l’éternelle histoire d’Iznogoud.
    Corruption
    A.F. 2000 - Comment expliquer le contraste entre la réalité de la Révolution française et sa perception à l’école, dans les médias et dans la vie politique ?
    J.T. - On ne peut pas dire que la déclaration des droits de l’Homme procède des iniquités révolutionnaires, l’on retient plutôt Valmy que la Terreur. C’est le fruit d’une politique. Voyez Mitterrand. Cet homme cultivé qui devait d’ailleurs connaître Fiévée, (il lui succéda sur le fauteuil de préfet de la Nièvre) a choisi de célébrer le bicentenaire de la fausse bataille de Valmy en 1989 alors qu’elle eut lieu en 1792 ! Il savait ce qu’il faisait. ! En célébrant Valmy il gommait les massacres de septembre, que pourtant cette fausse victoire, achetée par Danton à Brunswick avec les joyaux de la couronne, rendit plus odieux encore, leur ôtant toute justification. Avec Valmy tout le monde est content, cette bataille, qui n’a pas versé de sang, est une victoire française remportée avec les canons de la monarchie ; Louis-Philippe y était, ce qui contente les orléanistes, ainsi que Kellermann que Bonaparte fit duc de Valmy, ce qui satisfait les bonapartistes.
    A.F. 2000 - Quel est selon vous l’aspect le plus noir de la révolution française ?
    J.T. - Il y en a tant… Je serai tenté de dire la Terreur, qui ajoute au sang la corruption. L’aspect le plus noir est peut-être d’avoir inventé le régime parlementaire et son corollaire, la corruption. Prenez l’exemple du décret de la compagnie des Indes.
    Se dessine dès les débuts de ce nouveau type de tyrannie qu’est la dictature des Chambres le désir effréné de se maintenir. Le décret des deux-tiers est là pour l’attester. On assiste à la destruction de la démocratie que l’on croyait instaurer. La brigue, la corruption et la banqueroute (l’assignat…) en plus de la Terreur.
    Un nouveau regard
    A.F. 2000 - Quel changement positif peut-on directement attribuer à la Révolution française ?
    J.T. - La vente des biens nationaux… Cela a permis l’avènement des notables (notaires, magistrats, médecins…) qui ont assuré une certaine stabilité. Ils se sont substitués à des nobles à bout de souffle.
    A.F. 2000 - Le livre noir de la Révolution française contribuera largement à l’inversion de tendance depuis le départ des Mathiez et des Soboul… Quels progrès historiographiques sur la période révolutionnaire discernez-vous ?
    J.T. - Quelques progrès notables, en réalité. Pour l’essentiel un regard moins complaisant sur l’événement. Vovelle, personnage très sympathique au demeurant, héritier de Soboul et Mathiez a été très largement marginalisé et ses ouvrages n’ont plus le succès qu’ils connaissaient avant le bicentenaire et la chute du communisme.
    A.F. 2000 - Comment faire changer le regard du plus grand nombre à qui l’on enseigne encore la Révolution française comme un temps fondateur et même enchanté de l’histoire de France, en particulier dans les écoles ?
    J.T. - C’est très difficile. Pour arriver à un tel résultat il faudrait une terreur blanche. La déférence à l’égard de la Révolution est tellement ancrée dans les moeurs, c’est la formation même des enseignants qui est en jeu, beaucoup ont été formés à l’école de Soboul. Je note tout de même un progrès, Furet commence à faire son effet, ils n’en sont pas encore à Tulard ! (rires).
    A.F. 2000 - Vous qui êtes un passionné de cinéma, ne croyez vous pas que cela puisse être un moyen d’articuler l’histoire savante avec la culture populaire ?
    J.T. - Je constate que le traitement de Bonaparte au cinéma est très contrasté, de même pour Marie-Antoinette. La Marie-Antoinette du Front populaire, de Renoir, produite avec l’argent de la CGT et dont Mathiez fut le conseiller historique et technique n’est pas celle de Delannoy incarnée par Michèle Morgan, ni celle de Sofia Coppola. Le cinéma est dans ces matières plus un reflet de l’époque et de ses préoccupations. Les films témoignent de la manière dont le regard sur la Révolution a changé plus qu’ils n’y contribuent.
    A.F. - 2000 - Quel regard l’historien que vous êtes jette-t-il sur l’enseignement de l’histoire à l’école, au lycée voire à l’université ?
    J.T. - Désabusé. J’en suis en partie responsable. Je n’ai que très peu enseigné au lycée. Et j’ai consacré tous mes efforts à dégager l’histoire napoléonienne de l’anecdote d’une part et à le prémunir de la nouvelle histoire de l’autre. Entre Castelot et Braudel ça n’a pas été simple. Voilà quelle fut ma contribution à la discipline.
    A.F. 2000 - Vous avez dit « L’historien est au service de la vérité et non de la morale », l’histoire révolutionnaire n’est-elle pas une annexe de la morale « républicaine » ?
    J.T. - C’est tout à fait cela…
    Propos recueillis par l'A.F 2000 L’Action Française 2000 du 17 janvier au 6 février 2008

  • [Paris] cercle d’étude : Application de la pensée d’Action Française vendredi 01 mars

    L’école de pensée qu’est l’Action Française ouvre ses portes trois vendredis par mois pour la tenue du cercle des étudiants animé par Pierre de Meuse pour les parties initiation et application de la pensée d’AF.. C’est l’occasion d’apprendre les bases ou de se refamiliariser avec la pensée nationaliste maurrassienne !

    RDV 18h

    10 rue Croix des Petits Champs Paris 1er (2ème étage)

    Métro : Palais Royal - Musée du Louvre.

    Renseignements : etudiants.paris@actionfrancaise.net