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culture et histoire - Page 1924

  • Les Gaulois savaient écrire

    Nous ne savons pas si les Gaulois avaient une écriture. Aucun alphabet ne nous est parvenu. Le problème a naturellement intéressé un savant dont l'autorité est reconnue internationalement. Ces pages de Paul-Marie Duval rendent sensible le travail de documentation, de comparaison et de déduction - un travail de policier de l'Histoire ? - qui conduit l'historien à une certitude vraisemblable.

    Les plus anciens Gaulois connaissaient-ils ce que nous appelons « l'écriture » ? Oui, puisqu'ils gravaient des inscriptions dans leur langue sur pierre, sur bronze, sur céramique, mais ce n'est là qu'une forme particulière de l'écriture. Alors, c'est plutôt non, si le mot implique l'utilisation répandue,sinon générale, d'un alphabet par tout un peuple et notamment par des écrivains.

    En effet, ce moyen de transmission graphique mis au service de la littérature ne nous est connu en Gaule préromaine ni par l'équivalent d'un manuscrit, ni par une tradition indirecte. En revanche, une enquête menée depuis deux décennies à travers toute la France sur les inscriptions gauloises, c'est-à-dire en langue celtique, dont le nombre s'accroît chaque année et dont l'inventaire devient révélateur, devrait nous permettre, avec le secours de quelques textes anciens, de cerner cette question aujourd'hui mieux qu'hier.

    Les contemporains des Gaulois encore libres, les Grecs ou les Romains, n'ont pas signalé que ces «barbares» n'usaient pas de l'écriture, et cela déjà est significatif, mais de plus, à l'époque de Jules César - c'est lui qui le dit - les druides utilisaient l'alphabet grec pour ce qui n'était pas l'enseignement de leur doctrine et de leur science, les comptes publics et privés par exemple ; et l'évaluation numérique des soldats, des femmes, enfants et vieillards chez les Gaulois de l'Helvétie était notée sur des tablettes « en lettres grecques ».

    César donne encore un curieux témoignage à propos d'une histoire de correspondance. Quintus Cicéron, le frère de l'orateur, était assiégé dans son camp du nord de la Gaule. Il parvient à faire passer au proconsul un message d'alerte, fixé sur le javelot du porteur. César se dirige alors vers le camp et charge un autre messager de porter une lettre secrète à Quintus, par le même procédé. D'après le texte des Commentaires comparé à celui de l'Histoire romaine de Dion Cassius, le secret aurait consisté dans l'emploi, soit de l'alphabet grec ou de la langue grecque, soit d'un code, soit des deux.

    Suivant les instructions reçues, l'homme craignant de ne pouvoir entrer dans le camp, lance le javelot par-dessus la fortification, mais l'arme se fiche dans le mur d'une tour, y reste deux jours avant qu'un soldat ne l'aperçoive et n'apporte la lettre à son destinataire.

    Peu après, celui-là fait porter une réponse à César, lui annonçant la levée du siège.

    La deuxième de ces trois lettres, le message secret, nous apprend au moins que parmi les Nerviens, qui étaient pourtant les Celtes les plus rudes de toute la Gaule, certains pouvaient être considérés par les Romains comme capables de déchiffrer ou faire déchiffrer un texte, c'est-à-dire d'utiliser l'écriture.

    Il y a mieux. Aux funérailles de Gaulois importants, il arrivait, selon Diodore de Sicile, contemporain de César, que les proches du défunt jetassent dans les flammes du bûcher des lettres à l'attention de leur parent. Cette coutume est touchante : c'est l'affection des siens, leur pensée, le souvenir des vivants que ces tablettes évanescentes allaient confirmer pour toujours au disparu en lui apportant dans sa survie un contact humain, avec un peu de lecture et même, qui sait ? quelque surprise, exprimée avec une inégalable discrétion.

    On peut tout imaginer de ces messages : regrets, tendresse, fidélité éternelle, louanges, gratitude, et aussi souvenirs variés de la vie de tous les jours, douces taquineries, réponses différées à de vieilles questions laissées en suspens, révélations, ultimes mises au point ?… Là, en tout cas, nous sommes bien entre gens qui savent lire et écrire.

    Un alphabet national

    Les inscriptions en langue gauloise sont rares, quelques centaines seulement, mais il faut y ajouter la masse des monnaies à légendes et tout un calendrier d'une savante complexité.

    Les textes les plus anciens, les épitaphes, dédicaces aux dieux, graffiti de propriété sur céramique, malédictions en charabia griffonnées sur du plomb, sont en caractères grecs diffusés par Marseille, principalement dans le Midi, à partir du IIIe siècle avant notre ère, mais adaptés pour rendre certains sons du gaulois, si bien que M. Michel Lejeune, à qui l'on doit l'étude approfondie et singulièrement nouvelle de ces documents, a pu parler à leur propos d'un alphabet national.

    Ces inscriptions « gallo-grecques » (langue gauloise et lettres grecques) sont pour nous d'un grand prix, parce que notre connaissance du celtique ancien leur est due pour une part. Et voilà attesté par l'épigraphie un emprunt à la culture hellénique plus important que celui dont César a témoigné.

    Egalement adaptés, quand les Romains eurent créé la « Province », furent les caractères latins des inscriptions « gallo-latines », dont M. Robert Marichal mène à bien l'édition intégrale et l'interprétation. Là aussi, il y a comme un alphabet national, qui devait rester sporadiquement en usage jusqu'à la disparition de la langue sous l'Empire. Il est, d'ailleurs, seul à nous transmettre quelques phrases du langage parlé, tel cet avertissement intéressé du malicieux convive gaulois, lu sur un vase à boire qu'on se passait à la ronde : « Je contiens la boisson des suivants » - autrement dit : « A bon buveur, salut ; vas-y tout de même doucement, s'il te plaît ». C'est aussi à cette écriture cursive latine, comme calligraphiée sur les comptes de potier de l'Aveyron, que nous devons de savoir compter jusqu'à dix en gaulois.

    Les légendes monétaires forment une catégorie particulière. Inscrites en caractères grecs, latins, gallo-grecs, gallo-Iatins, étrusco-italiques, elles n'ont presque rien de commun, sauf la langue, avec les autres inscriptions. Quelques centaines de textes, reproduits à des milliers d'exemplaires, apportent de nombreux noms d'hommes, quelques noms de tribus et de magistratures. Et puis ces pièces répandaient un usage limité de l'écriture à l'intérieur du pays et jusqu'au-dehors, chez d'autres peuples celtiques. Les savants travaux du Dr Colbert de Beaulieu, qui est bien le seul à pouvoir mener à son terme la publication de l'ensemble hétérogène que forment toutes ces légendes monétaires, nous apprennent notamment que l'alphabet gallo-grec se trouvait pour elles utilisé jusque dans le nord de la Gaulle. Plus nombreuses en lettres latines, portant les noms des chefs au pouvoir, elles étaient d'une certaine manière, des « mass média » pour l'univers des Celtes. Et voici la plus longue des inscriptions gauloises, le calendrier trouvé à Coligny, dans l'Ain, à la fin du siècle dernier, et qu'on peut voir au musée de Lyon. D'époque romaine impériale, cette plaque de bronze mesure 1,50 m sur 0,90 m, Les 130 fragments conservés nous révèlent cinq années consécutives d'un calendrier en langue gauloise ; le texte complet comptait plus de 2.000 lignes gravées en lettres latines et disposées en colonnes comme notre calendrier des Postes.

    Ce document étonnant, avec son décompte des jours plus simple que celui des Romains, était en usage en Bourgogne, avant comme encore après la réforme calendaire de Jules César ! Sans cet immense aide-mémoire, comment reconnaître à leur place les changements entraînés par l'intercalation d'un troisième mois tous les deux ans et demi !

    Lunaire à l'origine, en effet trouvé avec les fragments d'une statue du dieu Mars, il était tenu à jour et ajusté périodiquement, tant bien que mal, à l'année solaire par ceux qui en détenait le secret avec le pouvoir d'une autorité religieuse, car ce fut là d'abord et partout le travail des prêtres. Cette inscription remarquable est ainsi le seul témoin concret que nous possédions de la science très ancienne des druides.

    L'élaboration en effet, de cette mesure des siècles suppose des observations astrales inlassablement répétées pendant de longues années et précisées plus lentement encore car rien n'est plus farouchement conservateur que cc régulateur du temps vécu et à vivre, dont dépend le rythme variable. ou monotone des travaux et des jours. Les observations astronomiques remontent sans doute à l'âge du bronze, peut-être même plus loin, à l'origine de l'agriculture, qui ne peut s'en passer.

    Une masse de données avait donc été recueillie par l'élite intellectuelle des Gaulois. Comment a-t-elle pu être transmise ? Notre mémoire est capable de tours de force que bientôt nous n'imaginerons même plus, trop aidés que nous sommes par nos machines, mais les calculs et les ajustements calendaires ne pouvaient être fixés et repérables d'une année à l'autre, d'un lustre à l'autre, d'un cycle à l'autre, que par un système de notations, sous peine de graves erreurs dangereusement et indéfiniment accumulées. Alors, les plus anciens autours du calendrier gaulois disposaient-ils d'un jeu de signes, d'une « écriture », dont nous ne saurions rien ? C'est la question.

    Il y a bien des suites de signes incompréhensibles gravés sur des tessons trouvés en divers points de la Gaule, qui pourraient appartenir à plusieurs systèmes graphiques très anciens : essais balbutiants, tentatives locales avortées, qui auraient cédé la place aux alphabets empruntés. Un succès obtenu dans cette voie aurait pu aider à la fixation et à la transmission d'un calendrier qui, en tout cas, a dû être noté, inscrit ou écrit, de quelque façon, bien avant la romanisation, pour ne pas sombrer dans l'arbitraire d'un fonctionnement purement empirique.

    A l'inverse des inscriptions, les genres littéraires que nous pourrions attribuer aux Gaulois par comparaison avec d'autres peuples étaient de ceux que se transmettaient oralement poètes, chanteurs. récitants et leurs maîtres les professeur : légendes épiques, généalogies princières, éloges et satires à l'adresse des grands, hymnes religieuses et chants de guerre, cosmogonies, prophéties…

    Les disciples des druides apprenaient un nombre considérable de vers et restaient parfois une vingtaine d'années à cette école : quel bagage était le leur ! Comme les plus anciens aèdes homériques et, de nos jours, les bardes yougoslaves, le barde gaulois devait bien se passer d'écriture et garder pour lui les charmes des vieilles histoires et les sortilèges de la poésie.

    Ainsi l'Irlande de l'âge du fer, qui ignorait l'écriture alphabétique, écoutait ses vieilles épopées païennes, de vers et de prose alternés, qui ne furent écrites avec quelques adoucissements qu'au VIe siècle par les moines. Pourquoi en Gaule une littérature orale aussi brillante n'aurait-elle pas existé, à un niveau de développement intellectuel allant de pair avec l'affinement de la sensibilité que nous révèle un art original, merveilleusement subtil, volontiers abstrait, techniquement avancé, qui s'est épanoui pendant la période de l'indépendance celtique ?

    Par la faute des druides

    Mais, d'une telle production littéraire, aucun vestige original ou traduit ne nous a été transmis ; rien non plus, dans les lettres gallo-romaines, ne rappelle une littérature nationale antérieure. Il est donc vraisemblable qu'une transmission orale s'est arrêtée brutalement lors de la conquête romaine et que la réservation des meilleurs alphabets du monde aux inscriptions et à quelques emplois pratiques fut la cause principale d'un naufrage sans retour. Rien n'interdit toutefois de penser que, comme le calendrier, des textes ont pu bénéficier de la connaissance de cette écriture, dans une mesure qu'évidemment nous ignorons encore.

    La vie de l'esprit étant alors le monopole des druides, cette puissante autorité morale et politique devait garder jalousement le privilège de son savoir. Ils étaient versés, dit César, dans les opérations astronomiques, la mesure de la terre, « les choses de la nature ». Puisque deux alphabets étaient connus et utilisés en Gaule, s'ils n'ont pas été employés pour faire fructifier l'enseignement, c'est qu'il y avait prohibition de la diffusion.

    Les druides ont ainsi, par leur exclusivisme traditionnel, privé d'avenir leur production intellectuelle (à l'exception du calendrier, qu'ils étaient bien obligés de noter d'abord pour eux-mêmes) et ils ont grandement contribué à la disparition de la science et de la littérature, puisque rien de ce qui était transmis oralement n'a pu survivre à la suppression du clergé druidique et que, même si quelques écrits ont échappé à cette sorte d'autocensure, les Romains se sont bien gardés de recueillir, de transcrire et de traduire ces créations du génie indigène.

    Ah ! si les Gaulois avaient été admis à utiliser largement et librement leur écriture pour honorer et perpétuer leur propre langue, ou si ce qu'ils ont peut-être écrit n'avait pas dû être détruit pendant une guerre inexpiable de huit ans et ensuite par le manque d'intérêt des Romains, quels trésors ne nous auraient-ils pas transmis !

    Ces guerriers étaient, de l'avis de leurs contemporains, de fort beaux et intarissables parleurs. Parler, inscrire, mais écrire ? Il est incontestable qu'ils en possédaient tous les moyens ; il paraît désormais probable qu'ils s'en soient servis plus, et depuis beaucoup plus longtemps, que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui. N'est-ce pas déjà beaucoup ?

    Par Paul-Marie DUVAL de l'lnstitut - Historia, février 1984

  • La société - La Sociologie

    La Société
    L'homme n'existe que dans une société. L'enfant sauvage n'a jamais pu être socialisé et apprendre un langage évolué car il a connu trop tard la société. Il n'est jamais devenu « homme ». L'homme est intrinsèquement un animal social, Aristote disait un animal politique. Le solitaire vit en société, la seule chose qui le distingue est de mettre une distance plus forte avec les autres.
    Le fait de vivre en société avec d'autres n'est pas propre à l'homme puisque de nombreux animaux vivent en groupes. À la différence des animaux, les sociétés humaines évoluent sans cesse ; elles sont dans un processus historique.
    L'homme est fondamentalement un être-avec (Mit-sein) et même un être-au-monde-ensemble. L'action politique ne consiste qu'à vouloir transformer ou conserver la société. Les hommes éprouvent un besoin de changement ou de non-changement lié à leur position sociale.
    La société est organisée par des institutions qui régissent les habitudes sociales ou des lois.
    « Aussi l'homme est-il un animal civique, plus social que les abeilles et autres animaux qui vivent ensemble » (Aristote, Politique)
    « L'homme est, au sens le plus littéral du terme, un animal politique ; il est non seulement un animal social, mais un animal qui ne peut s'individualiser que dans la société » (Marx)
    La culture
    On oppose la culture à la nature, c'est-à-dire ce qui est inné ou biologique. La culture est transmise par la société. Elle comporte tous les éléments de la vie humaine : langue, religion, art, coutumes, science et technique.
    L'état de nature est une chimère ou une abstraction rousseauiste. On l'oppose à l'état de société qui lui existe. L'état de nature a une fonction méthodologique pour ceux qui étudient les sociétés. Société et culture sont liées. Ce qui sépare l'état de nature et l'état de société est l'existence de règles.
    « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'état de la culture » (Lévi-Strauss)
    Le passage de la nature à la culture ou à la société est la prohibition de l'inceste. Ce n'est pas toujours le même parent.
    La société individualise les membres d'une même culture. Chaque « pays » peut donc créer des types d'individus au-delà des différences des personnalités.
    « Ainsi, chaque culture refoule, inhibe, favorise, surdétermine l'actualisation de telle ou telle aptitude, de tel trait psychoaffectif, fait subir des pressions multiformes sur l'ensemble du fonctionnement cérébral, exerce même des effets endoctriniens propres et ainsi intervient pour coorganiser et contrôler l'ensemble de la personnalité » (Edgar Morin)
    La sociologie
    On a affaire à une discipline relativement jeune même si des philosophes avaient déjà analysé la société de leur temps, d'Aristote à Montesquieu. Le mot « sociologie » a été repris par Auguste Comte car il existait déjà.
    Sur le plan universitaire, il n'existe pas d'agrégation de sociologie et la plupart des sociologues connus comme Durkheim, Boudon ou Bourdieu ont passé l'agrégation de philosophie, d'histoire pour Alain Touraine.
    La sociologie est très connotée politiquement. Elle est fatalement remplie de présupposés politiques ou idéologiques. En France particulièrement, la sociologie est marquée à gauche si l'on excepte Raymond Boudon (et quelques autres peu nombreux) que l'on pourrait situer du courant libéral. Soit l'on donne la primauté à l'individu, soit l'on donne de l'importance à tous les facteurs sociaux (classes sociales, pressions sociales diverses, institutions,...)
    La société primerait sur l'individu. En tout cas, pour un sociologue, tout groupe humain ne se réduit pas à la juxtaposition de ses individus.
    Il y avait déjà chez Descartes et Pascal une vision de la société. Descartes écrivait : « Larvatus prodeo » (j'avance masqué). Au-delà de sa doctrine philosophique, il y a le désir d'émancipation vis-à-vis de la tradition et donc de la société au nom de la raison. Dans la tradition, il y a les institutions.
    Pascal, adversaire de Descartes (ce n'est pas pour rien qu'Heidegger avait son portrait dans son bureau) respecte les institutions. Sa vision pourrait se définir comme conservatrice. Mais pour Pascal, les vrais devoirs sont au-delà du monde. Il faut obéir aux devoirs terrestres tout en les méprisant. Pascal prône une émancipation envers la société et la raison. On pourrait dire de Pascal qu'il a été déjà un déconstructeur de la raison.
    Les visions de Descartes et Pascal s'opposent à la vision de Leibniz « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Il y a pour ce dernier une rationalité dans la société.
    On peut dire que la sociologie s'appuie toujours sur une pensée philosophique, même si cela se voit moins dans les analyses parcellaires et quantitatives particulièrement en vogue dans la sociologie américaine. Il a existé de nombreux sociologues qui ont laissé une trace dans les principaux pays (Allemagne, France, Angleterre, États-Unis, ...). En langue espagnole et italienne existe aussi toute une littérature sociologique propre ; nous allons étudier les principaux sociologues allemands et français.
    Le savoir sociologique a été remis en question par certains scientifiques et philosophes. Pour Dilthey, la sociologie n'est qu'une gigantesque chimère.
    Tônnies
    L'Allemand Ferdinand Tônnies a fait la distinction pertinente entre Gemeinschaft et Gesellschaft (communauté et société). Le sociologue distingue aussi deux sortes de volonté Wesenwille et Kürwille : la première est la volonté profondément enfouie, basée sur l'instinct, la seconde est la volonté libre qui vient de la réflexion.
    La wesenwille est à la source de la Gemeinschaft (communauté) liée à un cadre rural. La volonté libre s'exerce dans un cadre urbain. On devine l'utilisation politique de ces concepts. La différence entre la patrie charnelle et une société fondée sur le contrat traverse encore le débat politique actuel. Rappelons que le livre de Tônnies, Gemeinschaft et Gesellschaft date de 1887.
    Max Weber
    Max Weber peut être considéré comme le plus grand sociologue allemand. Dans « Economie et Société », nous avons une définition de la sociologie : « Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l'activité sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets ».
    Les grandes idées de Max Weber sont :
        ⁃    il ne croit pas à l'existence de lois universelles pour le comportement humain, comme il en existe pour la physique ;
        ⁃    nous pouvons maîtriser toute chose par la prévision. La rationalisation du monde est intrinsèque à la civilisation occidentale. Cette rationalité aboutit aussi à un désenchantement du monde ;
        ⁃    son analyse la plus célèbre fut celle sut l'éthique protestante très propice au développement du capitalisme (importance de l'individu, goût de l'effort ou du travail poussé jusqu'à l'ascétisme).
    Max Weber a fait des analyses sur les modes de domination et d'autorité qui sont restées en particulier sur le charisme et la bureaucratie.
    Émile Durkheim
    Pour le sociologue, « Un fait sociologique, c'est toute forme plus ou moins définie de l'action qui possède la faculté d'exercer une contrainte extérieure sur l'individu ». Le fait social est supérieur à l'individu.
    « La supériorité de la société n'est pas seulement physique mais également morale et spirituelle ».
    Un des livres les plus connus de Durkheim fut « Le Suicide ». Le suicide est un fait social. Les données statistiques montrent une tendance au suicide dont « chaque société est collectivement affligée ».
    La grande explication de Durkheim sur le suicide est : « Le suicide varie en fonction inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu ... ». En France par exemple, les ouvriers agricoles sont le plus sujets au suicide.
    Raymond Boudon   
    Le sociologue français donne la primauté à l'individu, ce qui le différencie de Durkheim et Bourdieu, et même de la plupart des sociologues français. Sa démarche s'appelle l'individualisme méthodologique. Il y a une rationalité des comportements. Lorsqu'un individu agit, il a pour Boudon des raisons de le faire.
    Bourdieu et Touraine n'ont selon lui qu'une vision hyper socialisée de l'homme. Chez Bourdieu, l'homme n'est que l'expression de son milieu social. Quant à Touraine, l'homme est soumis aux mouvements sociaux qui créent la dynamique de la société.
    On peut dire que Boudon a été à contre-courant des pensées dominantes en France et est relativement peu connu dans notre pays à la différence de Bourdieu.
    Pierre Bourdieu
    Il a été un sociologue consacré puisqu'il a obtenu la chaire prestigieuse du Collège de France. De formation philosophique, le sociologue se revendiquait comme marxiste.
    Il a particulièrement étudié la reproduction sociale. Pour Bourdieu, les « dons » ne sont que le reflet de l'appartenance à une classe sociale privilégiée. On hérite la culture de son milieu. Le terme « héritage culturel » vient du livre « Les Héritiers ».
    Les concepts devenus traditionnels de Bourdieu sont :
        ⁃    l'habitus : façon d'être, disposition d'esprit chez un individu. Bourdieu parlera d'habitus de classe. Il y a chez lui un fort déterminisme social, puisque globalement les classes sociales se reproduisent par l'école qui légitime les hiérarchies sociales ;
        ⁃    en plus du capital économique, Bourdieu analysera le capital culturel reçu par les « héritiers ». Ce capital culturel est officialisé par un diplôme scolaire qui justifie la domination sociale.
    Le livre le plus connu du sociologue fut : « La Distinction ».
    Conclusion
    La sociologie est un projet scientifique et a même une prétention scientifique. Le terme « science » est pourtant sujet à caution dans les sciences de la nature puisque même un scientifique comme Henri Poincaré ne voyait dans la physique qu'un ensemble de conventions. De plus le sociologue est complètement immergé dans son objet d'étude. Comme en Histoire, les travaux du sociologue sont complètement déterminés par ses propres valeurs. Les contours de la discipline sont aussi très flous puisque l'objet d'étude est quasiment infini. En Sociologie plus qu'ailleurs, les présupposés moraux, religieux, politiques et idéologiques sont omniprésents.
    Patrice GROS-SUAUDEAU

  • LA SCHIZOPHRENIE SOCIALISTE

    Depuis la création de la SFIO en 1905, les socialistes ont toujours été écartelés entre le refus du système capitaliste, rituellement dénoncé comme porteur de tous les maux, et la nécessité de s'adapter aux tristes réalités du pouvoir.
    L'expérience du Front populaire avait permis de préserver la mythologie révolutionnaire, mais aujourd'hui, onze ans après l'élection de François Mitterrand, les socialistes ne savent vraiment plus où ils sont.

    Les socialistes sont malheureux. On peut les comprendre, après leur cuisant échec électoral. Mais, si l'on en croit un livre tout récent (1), leur vague à l'âme a des causes beaucoup plus profondes, qui plongent dans l'histoire même du parti socialiste, et ceci depuis 1905.
    Au départ de cette étude, un constat : « Le Parti socialiste ne va pas bien », en raison d'une « crise morale », d'une « interrogation angoissée des socialistes sur l'identité actuelle de leur parti et sur le sens de leur action » ; car « en proie à l'incertitude, le Parti socialiste paraît démobilisé, voire frileux, recroquevillé sur lui-même » et en son sein règne « un malaise diffus ». Ce diagnostic peut paraître paradoxal, onze ans après le triomphalisme qui régnait lors de l'entrée à l'Elysée de François Mitterrand. Et, pourtant, en se penchant sur la longue histoire de leur parti, on comprend mieux pourquoi les socialistes ne savent plus très bien, aujourd'hui, où ils habitent.
    Leur rapport au pouvoir a toujours eu, en effet, quelque chose de maladif : fidèles à une mythologie révolutionnaire quasi obsessionnelle, les socialistes n'ont jamais fait la révolution. Qui pis est, alors même qu'il leur fallait, sous Mitterrand, s'adapter aux tristes réalités du pouvoir, ils ont réaffirmé - plus pour convaincre les autres - qu'ils restaient purs de toute compromission avec un système capitaliste rituellement dénoncé comme porteur de tous les maux. Bref, écartelés entre les impératifs du réel et une utopie congénitale, les socialistes sont schizophrènes. Cette schizophrénie étant d'autant plus tenace qu'elle est ancienne. Simplement elle se manifeste aujourd'hui de façon spectaculaire parce que la fidélité, proclamée, aux origines, est en discordance aiguë avec le vécu de onze ans de pouvoir. Un pouvoir qui porte en lui, par essence, le mal, le pêché - puisque, consciemment ou non, le socialisme perpétue, à sa manière, le vieux dualisme chrétien.
    JAURÈS ET L'AMBIGUÏTÉ FONDATRICE
    Au commencement était Jaurès. C'est lui, en effet, qui a appris aux socialistes français à affronter et à surmonter la contradiction fondamentale qui nourrissait les débats à l'intérieur du mouvement socialiste : comment participer aux institutions démocratiques, en jouant le jeu du suffrage universel, tout en sauvegardant le principe d'une action, d'une nécessité révolutionnaires ? Comment être, pour un député socialiste, à la fois le représentant d'un parti de classe, purement ouvrier, faisant de la lutte des classes le moteur de toute action politique, et le porte-parole d'un électorat forcément plus hétérogène, l'idéal socialiste touchant les électeurs bien au-delà des frontières du prolétariat ? Se faire élire au Parlement, est-ce simplement rechercher une tribune pour prêcher la lutte des classes, la guerre socialiste, ou est-ce se préparer à assumer, un jour, le pouvoir - dans une société restant pluraliste, «bourgeoise» (pour utiliser le vocabulaire de rigueur dans les milieux socialistes) ?
    Cette question, qui se posait dès les dernières décennies du XIXe siècle aux socialistes de tous pays, prenait une intensité particulière, dans une France marquée par la ligne de clivage séparant partisans et adversaires de la République. Autrement dit, dès les années 1880, la référence républicaine était perçue différemment selon les tendances existant chez les socialistes français : pour les uns, «possibilitistes» (2) ou « socialistes indépendants », la défense du régime républicain était prioritaire et justifiait toutes les alliances nécessaires avec des républicains non socialistes (comme les députés radicaux), y compris pour assumer les responsabilités gouvernementales ; pour les autres, socialistes guesdistes (3) et allemanistes (4), la République n'était pas, en soi, une solution satisfaisante et seule comptait la transformation du régime de propriété, que le prolétariat devrait imposer à la bourgeoisie par la Révolution.
    Jaurès réussit à surmonter cet antagonisme. La création de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière), en 1905, permit de créer un cadre organisationnel où pouvaient cohabiter les diverses tendances. Mais au prix de nombreuses ambiguïtés. Ainsi, Jaurès prétendait concilier république et socialisme, nation et internationalisme. En jouant d'un véritable équilibrisme intellectuel: par exemple, selon lui, le mot de Marx « les prolétaires n'ont pas de patrie » ne devait pas être pris au pied de la lettre, puisque ce n'était qu'une « boutade passionnée, une réplique toute paradoxale et d'ailleurs malencontreuse »... 
    En fait, Jaurès put mener à bien l'unification des socialistes en leur faisant admettre qu'étaient conciliables l'accord de tous sur les fins - la fondation d'une société socialiste - et des divergences portant sur la tactique nécessaire pour atteindre ces fins. Intransigeance doctrinale et empirisme dans l'action, donc avec un garde-fou : l'optique militante devra toujours l'emporter sur les préoccupations électoralistes et parlementaires. C'est sur la base de cette cohabitation entre un pôle militant et un pôle parlementaire avec prime, théoriquement, au premier - que devait fonctionner la SFIO. Une cohabitation risquant, à tout moment, de devenir antagonisme... Car Jaurès, en prétendant unir utopie (la doctrine) et réalisme (la pratique politique), ne pouvait faire ainsi le grand écart qu'en polarisant l'attention des socialistes sur la conquête du pouvoir, et non sur l'exercice de ce pouvoir. « L'unité de 1905, écrivent Bergounioux et Grunberg, n'avait été fondamentalement rendue possible que par le refus de l'exercice du pouvoir ». Et le maintien de cette si fragile unité exigeait que fût perpétué un tel refus. Or les bouleversements de l'Histoire allaient condamner les socialistes à devoir choisir entre une pureté doctrinale confortable, car coupée des réalités, et les risques d'une participation à un pouvoir «corrupteur».
    DE BLUM A MlTTERAND
    1914, en révélant la force du patriotisme chez les ouvriers comme chez tous les Français, a montré le caractère factice de l'internationalisme. Et 1917 a provoqué, chez les socialistes français, une crise d'identité dont devait sortir la rupture du congrès de Tours, la majorité des socialistes choisissant l'alignement sur la mythologie bolchevique et donc, la création d'un parti communiste en France, tandis que les minoritaires allaient s'efforcer, avec Blum, de faire survivre cette « vieille maison» qu'était la SFIO ébranlée sur ses bases. Non sans complexe, d'ailleurs, puisque Blum concédait à ses adversaires la nécessité d'une dictature exercée par un parti unique de la classe ouvrière ; ni sans illusion, puisque Blum terminait sa péroraison de Tours en adjurant ainsi les ralliés à Moscou : « Les uns et les autres, même séparés, restons des frères qu'aura séparés une querelle cruelle mais une querelle de famille et qu'un foyer commun pourra encore réunir ».
    Nostalgie de l'unité perdue - et qu'il faudra bien, un jour, retrouver... Nécessité, pour la SFIO, de ne pas laisser au nouveau parti communiste le monopole de la référence révolutionnaire, d'une pureté ouvriériste permettant de prétendre incarner la gauche...
    Ce double phénomène explique que les socialistes aient pratiqué, longtemps, l'évitement du pouvoir. D'autant que, comme le parti de Jaurès, la SFIO de Blum fut, en fait, une coalition de courants, dont l'existence fut rythmée par le conflit des tendances. Avec des phrases de rupture : départ de néosocialistes, conduits par Marcel Déat, en 1933, exclusion de la Gauche prolétarienne en 1938.
    Mais il fallut bien, un jour, qu'ait lieu l'épreuve de vérité qu'était l'accession des socialistes au pouvoir. Bien que retardée le plus possible par Blum, cette épreuve fut rendue inévitable par la victoire, en mai 1936, du Front populaire. Les communistes soutenant Blum comme la corde soutient le pendu, la première expérience du pouvoir fut pour la SFIO une épreuve douloureuse, traumatisante. Dès janvier 1937, l'annonce de la «pause» dans la politique gouvernementale, d'ailleurs plus réformiste que révolutionnaire, était un aveu d'échec. Le malaise chez les militants était profond : au congrès de juillet 1937, Pierre Brossolette exprime un sentiment très majoritaire dans les rangs socialistes : « Le parti a donné l'impression d'être comme les autres, de tomber comme les autres et de pratiquer comme les autres le petit jeu parlementaire »,
    Révolution sociale ou Révolution nationale ? C'est le choix auquel furent condamnés les socialistes devant les malheurs de la patrie, en 1940. Beaucoup purent être, plutôt que des partisans, des patriotes : si 36 parlementaires de la SFIO refusèrent, le 11 juillet 1940, de voter les pouvoirs constituants au maréchal Pétain, 90 acceptèrent (deux socialistes étaient dans le gouvernement formé par le maréchal le 17 juin). Et nombre de socialistes s'engagèrent résolument en 1940-1944, derrière Pétain, voire dans la collaboration. D'où la sévère auto-épuration que s'imposa la SFIO en 1945.
    Une SFIO qui devint vite le pilier central de la IVe République, entre le MRP et le PC. Auriol, premier président de la IVe; Ramadier, premier président du Conseil ; puis Mollet, reprenant à son compte le vieil équilibrisme de Jaurès et de Blum en assurant que la SFIO était, tout à la fois, un « parti de réformes » et « un parti de révolution sociale »... Art de jouer sur les mots. Art poussé à sa perfection par François Mitterrand, qui sut à Epinay, en 1971, prendre le contrôle du nouveau Parti socialiste, après enterrement d'une SFIO discréditée, aux yeux des purs, par son jeu pour le moins fluctuant au sein de la Ve République. A Epinay, Mitterand tint le langage de la rupture avec la société capitaliste, de l'union avec le PC, du refus de toute alliance à droite. Les rites fondateurs étaient respectés ... Alors même que le seul souci de Mitterrand était d'accéder au pouvoir, en utilisant les rouages institutionnels de la Ve République.
    Il apparut en effet, au fil des ans, que cet homme, plus fin joueur, sans doute, que tous ceux qui l'avaient précédé à la tête des socialistes, avait en fait du parti une conception qui apparentait fortement celui-ci à un kleenex ... D'où cette « destruction de l'identité socialiste » que Bergounioux et Grunberg analysent longuement. En concluant que « l'identité socialiste traditionnelle s'est brisée d'elle-même contre les réalités du pouvoir ». Une conclusion en fin de compte rassurante : l'utopie ne peut survivre lorsqu'elle est confrontée au réel.
    ✍ Pierre Vial le Choc du Mois • Avril 1992
    (1) Alain Bergounioux, Gérard Grunberg, Le long remords du pouvoir, Fayard (collection « L'espace du politique »), 554 p
    (2) Fraction modérée, formée au congrès de Saint-Etienne (1882) sous la direction de Paul Brousse.
    (3) Jules Guesde (1845-1992) se veut le représentant, en France, d'un marxisme pur et dur.
    (4) Jean Allemane (1843-1935), ancien communard, entend attribuer aux ouvriers manuels une prépondérance exclusive dans l'organisation socialiste et préconise la grève générale.

  • La Préférence Nationale est-elle immorale ?

    Sur cette question, il est dit et écrit parfois des affirmations les plus folles et les plus délirantes. La ligue des droits de l'Homme écrit : « La préférence nationale est contraire à la Loi Française et aux droits de l'Homme ».
    Si cela était vrai, des millions de Français seraient en infraction, puisque le recrutement dans la fonction publique est fondé sur ce principe de la préférence nationale.
    Ceci est particulièrement vrai dans l'armée, la police, la gendarmerie, l'éducation nationale, l'armement... Le comble du ridicule est atteint lorsque des employés des PTT refusaient de faire parvenir du courrier du Front national car il défendait la préférence nationale. Ces employés s'ils étaient logiques avec eux-mêmes devraient démissionner des PTT, entreprise qui pratique la préférence nationale pour le recrutement comme pour tous les fonctionnaires.
    Lorsqu'on est un professeur de gauche, il est certes plus facile de donner des leçons d'humanisme lorsqu'on appartient à une catégorie très protégée, la concurrence, la précarité, (et le chômage) devant être acceptés pour les autres ...
    La préférence nationale existe aussi dans des moments de la vie d'un individu même parfois sans y penser par son évidence. Pour être un élu de la République il faut être Français. Cette préférence nationale est donc normale et même centrale pour toute nation qui se veut d'exister.
    Tous les pays la pratiquent à des degrés divers, en général plus fortement qu'en France.
    La préférence nationale au cours de l'Histoire a même été maintenue par le Front Populaire, après avoir été votée par un gouvernement de gauche. La situation économique actuelle et son cortège de chômage autoriseraient pour certains l'extension de la préférence nationale à d'autres secteurs de la vie économique puisque paradoxalement les Français comme nous l'avons vu ne sont pas du tous égaux vis à vis de celle-ci, certains en profitant pleinement ; souvent en plus de ce principe qui les protège de la concurrence étrangère leur statut leur donne souvent une sécurité quasi-totale de l'emploi. 
    Le traité de Maastricht a voulu substituer à la préférence nationale une autre préférence, la préférence communautaire.
    Cela va sans doute créer bien des réactions vis-à-vis des nationaux des différents pays mais le principe d'une préférence de certains hommes sur d'autres n'a pas été écarté. Mais la préférence nationale continuera bien sûr d'exister pour des secteurs entiers de la vie économique française (Front National ou pas).
    Il faut donc en finir avec cette hypocrisie qui consiste à dire que les exigences du Front National son immorales, contraires à la loi car en résumant ses idées-forces sont de deux ordres :
    1 - la préférence nationale ;
    2 - le refus du traité de Maastricht
    La première exigence comme nous l'avons vu existe déjà juridiquement et dans les faits.
    En période de chômage aggravée, la seule problématique étant son extension et dans quelles proportions. Quant au refus du traité de Maastricht, le parti communiste ainsi que de nombreux hommes politiques de tous partis prennent la même position.
    Il serait sain que dans un débat politique, on arrête de définir les propositions de l'adversaire comme étant immorales ou celles du mal, et les siennes représentant le bien, ceci n'ayant aucun fondement tant sur le plan juridique, politique ou philosophique.
    Patrice GROS-SUAUDEAU - Statisticien-Economiste.

  • [Paris] Conférence : Jeanne d'Arc , lumière permanente sur le pouvoir politique

    Association Universelle des Amis de Jeanne d’Arc

    Conférence "Jeanne d’Arc Lumière permanente sur le pouvoir politique

    JEANNE D’ARC

    Lumière permanente sur le pouvoir politique Conférence de Bernard SEILLIER, sénateur honoraire

    Dimanche 17 février 2013 à 17h00 Chapelle Notre Dame du Lys 7 rue Blomet 75015 Paris Métro Sèvres Lecourbe

    Avec la participation du

    Choeur Montjoie Saint Denis

    Ouvert à tous, libre participation aux frais

    Association universelle des Amis de Jeanne d’Arc

    http://www.amis-jeanne-darc.org/

    http://www.actionfrancaise.net

  • Nationalisme et lutte des classes, une histoire de marins

    On connaît plutôt bien le drame des mutins du Kronstadt. Tiraillés par la faim et le dirigisme cruel des nouveaux maîtres du Kremlin, les marins jusque là fidèle soutien des bolcheviks s'agitent. Le 28 février 1921, un appel part du cuirassé Petropavlosk, les matelots réclament une troisième révolution après celle de février et d'octobre 1917. Lénine comprend vite tout le danger que représente ce foyer de contestataires pour un nouveau pouvoir encore fragile, malgré le reflux de la réaction blanche. Pour éviter toute contagion, il charge Trotsky et son Armée rouge d'étouffer la sédition - le même Trotsky qui tenait les ouvriers et marins de Kronstadt pour « la fierté et la gloire de la révolution russe ». Toukatchevsky est chargé de la besogne tactique, il prends d'assaut le port-forteresse à travers les eaux gelées du golfe de Finlande. Après deux semaines de combats acharnés les rebelles sont finalement écrasés, ceux qui échappent au carnage sont parqués comme des bêtes dans les camps finlandais (1).

    C'est pour éviter d’autres soulèvements de cette eau que Lénine décide de sortir du communisme de guerre et de distiller, à travers la NEP (Nouvelle économie politique), un libéralisme homéopathique. La révolte de Kronstadt reste un point de référence fondamental pour la plupart des courants libertaires (2), il demeure en tous cas comme une plaie qui tourmente l'extrême gauche militante...

    On connaît par contre beaucoup moins bien l'épopée d'autres hommes de la mer, qui connurent certes une fin moins sanglante, mais non moins tragique.

    Les marins anarchistes soutiennent Fiume

    Au sortir de la première phase de ce que nous pouvons appelé avec Ernst Nolte la « guerre civile européenne », le continent vit dans le tumulte fiévreux du droit des peuples, dans la ligne des préceptes de Wilson. Une majorité de la ville de Rijeka/Fiume (3) réclame à ce moment une traduction politique de son attachement culturel à l'Italie. Si la cité est occupée par un corps expéditionnaire de l'Entente (pour laquelle s'est finalement décidée la monarchie italienne en 1915), les grenadiers de Sardaigne, chauds partisans du rattachement, ont été éloignés de Fiume. Mais les anciens combattants patriotes n'en restent pas là, le 31 août 1919 par le serment de Ronchi, ils jurent que Fiume restera à l'Italie. Sur la route du retour soldats démobilisés, déclassés et aventuriers de toutes espèces se joignent aux grenadiers. Ils sont vingt-mille en arrivant à Fiume, une grosse division bientôt rejointe par le Dante Alighieri et l'Emmanuel Filiberto, bâtiments de la marine italienne ralliés à la cause et par une myriade d'aviateurs, tant militaires que civils, qui amènent leurs appareils. Il faut un chef à cette troupe disparate et c'est le francophile Gabriele d'Annunzio, poète et aventurier, qui met sa verve au service de cette « légion déglinguée ».

    Le principal problème des insurgés est d'inscrire leur coup de force dans la durée. Nous ne sommes déjà plus à l'époque où les hommes pouvaient se contenter de « vivre sur le pays ». Si les nationalistes fournissent le gros de la troupe, ce sont les syndicalistes interventionnistes (4) qui s'attachent à l'intendance. Alceste de Ambris, ami de D'Annunzio mais aussi de Malatesta (5), le disciple de Bakounine (6), se joint à la lutte fiumaine. C'est un autre ami de De Ambris qui s'occupera plus concrètement du ravitaillement de la ville portuaire : le capitaine Giuletti, secrétaire général des syndicalistes révolutionnaires de la Fédération des travailleurs de la mer. En octobre, les marins anarchistes détournent de sa route vers Vladivostok le cargo Persia, rempli d'armes initialement destinées à l'amiral blanc Koltchak.

    L'entourage de gauche du comandante n'est pas sans influence sur l'écrivain nationaliste qui déclare vouloir faire de Fiume « le point de départ de la révolution mondiale ». Ils le prennent d'ailleurs au mot et début 1920 ce sont les anarchistes, les anarcho-syndicalistes et les syndicalistes révolutionnaires qui les premiers le pressent d'effectuer la marche sur Rome qui abattra cet ordre bourgeois honnis par tous les rebelles de Fiume, quelques soient leurs origines politiques. Les fascistes mettront l'idée en pratique, mais ils n'en auront pas la paternité...

    Mussolini joue d'ailleurs un rôle ambivalent dans l'aventure de Fiume. Si son journal Il Popolo d'Italia soutient les insurgés, il voit en D'Annunzio un dangereux rival. Il détourne la souscription du quotidien au seul profit de ses troupes et évente les initiatives des rebelles en leur « offrant » une précoce publicité.

    Depuis le 20 septembre 1920, devant le manque de soutien de l'état italien (qui veut bien de Fiume mais guère d'une révolution des extrêmes coalisés), Gabriele d'Annunzio a élevé le territoire en état indépendant : la régence de Quarnero (Kvarner pour les Croates), où il affermit son pouvoir personnel. Autre déconvenue, l'aile gauche des fiumains qui veut lier le mouvement à la grève générale des cheminots, se heurte au refus du PSI et de la CGL, peu enclins à s'associer à la racaille légionnaire. La population commence elle aussi à se détacher des mutins. De foyer révolutionnaire elle dégénère selon les propre mots de Malaparte en « une seigneurie italienne de la Renaissance, troublée par les luttes intestines, tarée par l'ambition ». Si D'Annunzio semble enclin à collaborer, au moins tactiquement, avec les forces de la gauche radicale (à l'inverse de l'ancien socialiste Mussolini), il ne possède pas cet esprit moderne de calcul, froid et révolutionnaire, que le chef du fascisme a hérité de ses classes marxistes. L'aventure se termine misérablement à la toute fin de l'année 1920, dispersée par l'armée italienne. C'est la fin sans gloire de la Fiumana (7)...

    Les vieux-nationalistes de la botte ont en fait mal suivi, effrayés par les escadrons de déclassés nourris d'injustices et porteurs de progrès social. Effrayés comme la bourgeoisie giolittienne (8) par la faune de Fiume : Bersaglieri démobilisés et caïmans de la Piave, aux passés judiciaires aussi noirs que leurs chemises. La grande fluidité des idées et des forces dans l'immédiat après-guerre explique que ce que nous considérons comme des radicalités inconciliables aient pu cohabiter un temps. Partage des eaux politiques par la suite ou dérive d'un fascisme allié aux puissances réactionnaires de l'armée, de l'Eglise et de l'argent ? Reste les grandes messes où le chef communie avec son peuple, style dont le fascisme usera et abusera. Reste surtout de Fiume un « nationalisme d'un style nouveau, teinté de préoccupations sociales, qui est le produit de la guerre » (9). Il se traduit dans la charte hybride de Quarnero, composée à quatre mains par D'Annunzio et De Ambris (10). Si elle est d'inspiration corporatiste, elle affirme cependant la primauté du travail sur la propriété privée des moyens de production et limite le droit de propriété en général à l'intérêt de la communauté. Les hiérarques de Mussolini, véritable Janus de Fiume, s'en inspireront pour la charte du travail de 1927 du fascisme-régime.

    L’esprit de Fiume se retrouve dans le conseillisme allemand

    Cette socialisation et cet esprit « au dessus des syndicats et des vieux partis », on les retrouve dans le conseillisme de deux allemands : Heinrich Laufenberg et Fritz Wolffheim. C'est parmi les ouvriers des chantiers navals et les marins du port d'Hambourg que les deux amis trouvent le plus d'échos et un soutien fidèle. Mais leur influence sur l'histoire du communisme allemand a été bien plus grande, bien qu'elle fût courte et antérieure à leur période nationaliste (11).

    Apôtres des conseils et héritiers de Lassalle (12) autant que de Marx, ils s'opposent naturellement à ceux qui veulent faire du KPD (Kommunistiche Partei Deutschland/Parti communiste allemand) un parti-régiment sur le mode léniniste, négligeant l'expression organique de l'organisation ouvrière que sont les conseils d'ouvriers et de soldats. En avril 1920, ils participent à la fondation du KAPD (Kommunistische Arbeiterpartei Deutschlands/Parti communiste ouvrier allemand). Plus de la moitié des 107.000 adhérents du KPD leur emboîtent le pas. Leur fief de Hambourg dépasse même en effectif la section de Berlin. Si leur courant n'est pas le seul du nouveau parti, ce sont néanmoins deux meneurs de premier plan, qui contrôlent avec le KA-Z (Kommunistische Arbeiter-Zeitung/Le Journal du travailleur communiste) le principal organe de presse du parti. Le KPD et l'Internationale communiste (13) ne les ménagent pas. Ils attaquent aussitôt les hambourgeois, notamment sur un de leur thème de prédilection : la guerre populaire révolutionnaire face aux puissances capitalistes de l'Entente. Après trois mois, le KAPD se désolidarise de ses deux chefs (14), la pression de l'IC ne contribuant pas à apaiser les débats internes. Malgré cette déconvenue, leur succès ne se dément pas chez les prolétaires de la mer.

    C'est donc l'Union des marins qui constitue le public privilégié et le bras militant des thèses de la Ligue des communistes, créée fin juillet 1920 et officialisée le 9 août, suite au divorce des hambourgeois et du KAPD. Déjà de février à mars (les deux de Hambourg sont encore des « gauchistes » au sein du KPD) ses marins ont refusé de livrer leurs navires de commerce, sacrifiés à la paix de Versailles et à l'appétit des vainqueurs. Puis le 27 mai, les délégués du KAPD au Comité exécutif de l'Internationale (15) ont fait de leur voyage un coup d'éclat. Ils se sont emparés du chalutier Sénateur Schröder et l'ont détourné vers Mourmansk. Le bateau est aussitôt rebaptisé : Laufenberg (16). La fronde navale des communistes du port de Hambourg fait grand bruit dans l'Allemagne de Weimar: Les rapports de Police se multiplient. Ils estiment (non sans excès et alarmisme) qu'à Berlin même, 50.000 des 60.000 ouvriers communistes suivraient ou seraient sensibles à la voie de Wolffheim et Laufenberg. La France qui craint, comme l'a écrit Bainville dans L'Action française le « chantage au Bolchevisme », en réponse au diktat de Versailles surveille également leurs déclarations publiques.

    Les contacts des deux conseillistes avec les éléments révolutionnaires du nationalisme se précisent à partir du printemps. Ils sont sans doute les premiers à avoir utilisé le terme « national révolutionnaire » pour les désigner. Comme ils l'écrivent alors dans Moscou et la révolution allemande : « Le mouvement national révolutionnaire et le mouvement social-révolutionnaire en sont réduits l'un à l'autre ; ils n'ont pas d'organisation commune, mais leur réalisation politique se réalise dans la pratique » (17). La « soudure » avec la révolution conservatrice s'opère par la création avec l'écrivain nationaliste A.E Günther d'une Association libre pour l'étude du communiste allemand. Elle est dans les milieux intellectuels et militaires de Berlin, ce que la Ligue des communiste est aux ouvriers de Hambourg ; concrétisant ainsi l'alliance lassallienne du prolétariat et des classes moyennes paupérisées. Le 25 septembre 1920, sous son impulsion, l'Union des capitaines et officiers de la marine de commerce se mue lors d'un de ses congrès en Association unique des gens de mer. Les cadres navigants, contraints de battre le pavé après la livraison de la flotte commerciale, font cause commune avec leurs matelots. Son trésorier, le capitaine Giesler, y discute de la création d'une « marine rouge » et de l'organisation de la défense côtière. Les armateurs et les milieux d'affaires déchaînent leur presse contre cette affront de la « nation rouge ». Mais, isolé du mouvement ouvrier allemand par le KPD, soutenant l'empire soviétique qui les condamne par la voix de l'Internationale, l'impact des deux amis décline rapidement. Détestés par les milieux bourgeois comme par les socialistes, c'est tout naturellement la sociale-démocratie qui a tout à craindre de ces idées qui menacent de se muer en force nouvelle.

    Laufenberg, déjà malade, s'éteindra en 1932. Wolffheim continuera d'exercer une nette influence dans ce qui est cette fois, à proprement parler, le national-bolchévisme de la Révolution Conservatrice. Détesté depuis toujours par les milieux völkisch pour ses origines juives, Wolffheim sera assassiné par un camp de concentration (18) du nazisme-régime.

    Contrairement à ce dernier, les Hambourgeois n'ont jamais accepté de lier leur sort à la réaction capitaliste, même tactiquement, même pour un temps. Leur foi en la spontanéité des conseils les a poussé à rejeter tout ce qui, à leurs yeux, divise le peuple : syndicats et partis. Leur assimilation du prolétariat à l'écrasante majorité du peuple explique qu'ils ont emprunté au vocabulaire nationaliste l'expression Volksganz : « tout national ». Dans l'URSS de Staline, on parlera « d'état du peuple entier ». Enfin leur théorie de la « guerre populaire révolutionnaire », lutte de libération et non agression impérialiste, leur a permis de converger avec certains milieux de l'armée qui cherchaient la rupture avec une paix humiliante. Loin de vivre dans la crainte de la patrie bolchevique, les militaires allemands ont, en effet, longtemps souhaité l'alliance avec la Russie révolutionnaire (19), notamment contre la Pologne. La décolonisation et ses guerres de libération nationale ont offert une gloire posthume aux deux alchimistes d'un communisme dans la nation. Comme l'a si justement écrit Sébastien Haffner : « La révolution socialiste [du Tiers-Monde] porte partout le drapeau nationaliste » (20).

    Le nationalisme progressiste des marins

    Que le port et ses hommes soient un foyer d'agitation et une matrice de révolutionnaires, l'Histoire nous en livre des exemples nombreux. Le célèbre muet : Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, le cinéaste de Staline, a immortalisé un de ses « orages » à l'écran. Outre l'armée des marins, l'économie capitaliste et son souci rationnel a rapproché les industries de l'arrivée des matières premières, augmentant encore la concentration prolétarienne. Véritable baril de poudre social au premier rang des bouleversements économiques ; des travailleurs à l'esprit de corps et de classe n'hésitent pas à placer une mèche à son sommet. Quant au communisme national des marins de Hambourg et au nationalisme social des flibustiers de Fiume, est-ce plus qu'un hasard ? La préoccupation sociale est une relative innovation du nationalisme des fascismes, même si elle est finalement marginale. Volonté de progrès sincère ? Probablement pour une partie d'entre eux, souvent des socialistes transfigurés par l'expérience de la guerre. En tous les cas cet aspect social a constitué un précieux outil de propagande à destination des masses. Si cette cohabitation dans la misère et la peur des tranchés entre les soldats, paysans et ouvriers, et leurs modestes officiers explique la rencontre du nationalisme et du socialisme ; qu'en est-il de la figure du marin dans cette équation ? Près de nous, la prise de contrôle du Pascal Paoli par les militants du Syndicat des travailleurs corses, lié au nationalisme insulaire, pèse dans le débat. On trouve un début de réponse dans l'organisation hiérarchisée, organique, d'un navire, à la manière d'une unité militaire. Ce qui explique la dimension sociale du nationalisme soldatique (d'Ernst Röhm aux Croix-de-Feu), explique sans doute le nationalisme progressiste de ces marins. En tous les cas si De Ambris et Wolffheim avaient triomphé en lieu et place de Mussolini et d'Hitler, l'Europe aurait écrit une page de son histoire moins tragique...


    http://www.voxnr.com/

    notes

    1 - A lire, l'excellent livre de Jean-Jacques Marie, Cronstadt, Fayard, 2005.

    2 - Quoique pas tous, il s'est trouvé des anarchistes pour justifier ce massacre.

    3 - Rijeka est le nom slave de ce qui est aujourd'hui la troisième ville de Croatie. Elle est appelé Fiume par les italiens et les hongrois. Les deux toponymes dérivent du mot « rivière ».

    4 - Partisans de l'intervention italienne au côté de la France, la Russie et l'Angleterre dans la première guerre mondiale. L'aile gauche de l'interventionnisme est principalement représentée par le syndicat UIL (Unione Italia del Lavoro/Union italienne du travail), dont Alceste de Ambris est un des leaders. Il s'oppose au « pacifisme révolutionnaire » du PSI (Partito Socialista Italiano/Parti socialiste italien) et de la centrale syndicale majoritaire, la CGL (Confederazione Generale del Lavoro/Confédération générale du travail). Il constitue peu ou prou l'expression syndicale du premier fascisme (les débuts des Faisceaux Italiens de Combat), républicain, social et révolutionnaire, dit aussi « 19eiste » (de 1919).

    5 - Malatesta, rentré d'exil courant 1920, soutiendra également la cause fiumaine, mais avec une arrière pensée que n'avait sans doute pas De Ambris : se débarrasser en cours de route des nationalistes... La franc-maçonnerie italienne compta également nombre d'adeptes du rattachement de Fiume à l'Italie, par idéal jacobin.

    6 - Même si il critique l'idéalisme au nom de l'anarchisme, Bakounine ne cache pas dans Dieu et l'Etat sa sympathie pour Mazzini et Garibaldi.

    7 - Sur le sujet : Albert Londres, D'Annunzio conquérant de Fiume, Julliard, 1990.

    8 - Giovanni Giolitti est l'homme d'état symbolique de l'Italie libérale de la première partie du XXe siècle. Il essaya de canaliser le fascisme comme il l'avait fait avec le socialisme.

    9 – Page 53 de Pierre Milza et Serge Bernstein, Le Fascisme italien 1919-1945, Seuil, 1980.

    10 - Ils seront sollicités pour figurer sur une liste du Bloc national (qui associe les fascistes aux libéraux et aux conservateurs) aux élections du 15 mai 1921 (avant la création du PNF en novembre). Les deux amis refuseront. Alceste de Ambris devra fuir l'Italie pour la France en 1926, Gabriele d'Annunzio apportera un soutien critique au régime fasciste (on peut cependant rapprocher son attitude de « l'exil intérieur » d'Ernst Jünger sous le nazisme). Il meurt en 1938.

    11 - On associe trop souvent l'épithète national-bolchévique aux deux leaders de Hambourg. Le terme est impropre puisque justement leur tendance s'oppose au spartakisme « bolcheviste », accusé par Laufenberg et Wolffheim de putchisme et de trop subordonner le destin de la révolution allemande à la sauvegarde du seul pays déjà socialiste (qu'ils soutiennent néanmoins). Louis Dupeux, dont la thèse est la somme la plus complète sur le national-bolchevisme et ses acceptations, qualifie leur idéologie de « nationalisme communiste ». Puisqu'ils ont mûri un développement nationaliste sur une base communiste, il est juste sur un plan historiographique autant que politique de les considérer comme des communistes nationaux, au moins pour l'époque de leur collaboration.

    12 - Ferdinand Lassalle (1825-1864, il fût tué lors d'un duel) est l'adversaire de Marx et d'Engels au sein du socialisme allemand (Marx lui reprochant, entre autres choses, son dialogue avec Bismarck). Son influence la plus notable et la plus durable est sa conception « élargie » du prolétariat qui mord largement sur les classes moyennes. L'ennemi du peuple (le prolétariat regroupant 89% voir 96,25% de la population selon lui) se réduit alors à une mince couche d'exploiteurs et d'ultra-capitalistes. On peut rapprocher sa formule des différents Front populaire qui ont triomphé en Europe longtemps après sa mort.

    13 - Lénine n'épargne pas les deux camarades dans sa Maladie infantile du communisme (ainsi qu'Erler, un pseudonyme de plume de Laufenberg, ce que l'homme d'Octobre ignore). Karl Radek, représentant de l'Internationale communiste en Allemagne, n'est pas moins avare de critiques, et ce bien avant leur évolution « nationaliste ».

    14 - L'histoire « autorisée » du KAPD de B. Reichenbach (Zur Geschichte der KAPD) fait tout pour minimiser, voir occulter, le courant national-communiste.

    15 - Même séparé du KPD, le KAPD reste jusqu'en 1921 sympathisant de l'Internationale.

    16 - Reichenbach rapporte le fait d'armes mais se garde de rappeler le changement de patronyme.

    17 - Cité p.137 in Louis Dupeux, Stratégie communiste et dynamique conservatrice, Paris/Lille, 1976. On songe évidemment à Ernst Jünger : « Toutes les forces révolutionnaires à l'intérieur d'un même Etat sont alliées invisiblement, malgré leur opposition mutuelle. L'ordre est de ce fait l'ennemi commun ».

    18 - Funeste démenti à la Centralverein deutscher Staatbürger jüdischen Glauben, la grande centrale des juifs allemands accusait Wolffeim de collusion avec les nazis. p. 90 de Jean Pierre Faye, Langages totalitaires, Hermann, 2004.

    19 - Le traité de Rapallo du 16 avril 1922 entre l'Allemagne et l'URSS en est une ébauche. L'hostilité double aux communistes et aux russes slaves est donc une particularité du nazisme. La Révolution Conservatrice allemande et l'armée étant plutôt favorable à une collaboration avec la république des soviets.

    20 - Page 294 in Profils Prussiens, Gallimard, 2003, également repris page 55 de l'excellente préface d'Alain de Benoist aux morceaux choisis de l'œuvre de Niekisch (aux éditions Pardès).