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culture et histoire - Page 1927

  • La Solitude

    Elle est à la fois la plus belle et la pire des choses. La société n'aime pas les solitaires suspectés d'être des subversifs ou même dangereux comme ceux qu'on appelle les loups solitaires prêts à passer à l'acte pour les pires choses. Elle n'a pas de contrôle sur eux. Plus prosaïquement il existe des termes méprisants pour les qualifier : « vieux gars », « vieille fille », « ours »...La solitude est associée à la misère affective, sexuelle, sociale, à quelqu'un en souffrance, à un mal-être...Elle peut conduire à la dépression et même au suicide. Le solitaire serait aussi s'il choisit sa solitude un misanthrope qui ne cherche pas à plaire et quelqu'un d'insensible aux autres, bref un a-social. La société de façon totalitaire n'aime pas ceux qui se mettent en marge d'elle même. Elle organise sans cesse des spectacles où il faut être là et vibrer avec les autres comme au téléthon, à toutes les soirées « charité » ou ailleurs. Les hommes et les femmes veulent donc sans cesse parader avec d'autres pour montrer leur force dans la société et sentir qu'ils existent. Être esseulé signifie qu'on est incapable de plaire et qu'on n'existe pas dans la société. Le gouvernement a décrété la lutte contre la solitude comme une maladie à guérir. De façon différente elle a été chantée par Barbara et Léo Ferré.
    Schopenhauer (Aphorismes sur la sagesse dans la vie)
    Avec ce philosophe nous avons le plus bel hymne à la solitude écrit par un misanthrope et misogyne. Il a écrit sur les femmes des pages célèbres qui font encore frémir les féministes et même les non-féministes. Schopenhauer a certes décrit les femmes comme il les a vues à son époque et sans faire de la psychologie au rabais, sa relation avec sa mère a été conflictuelle. Il était quand même attiré physiquement par les femmes car il n'était en rien un homosexuel. Les créateurs, les hommes supérieurs ont besoin de solitude car de toute façon l'intelligence isole comme elle a isolé Nietzsche et d'autres. Plus on a de l'être plus on est bien dans la solitude. Inversement ceux qui ne sont rien ont perpétuellement besoin d'être entourés. Le plus beau compliment qu'un homme de valeur puisse dire à une femme est qu'il se trouve aussi bien avec elle que s'il était seul. Bref la solitude développe son intériorité et crée son moi.
    « La solitude offre à l'homme intellectuellement haut placé un double avantage : le premier est d'être avec soi-même et le second de n'être pas avec les autres. On appréciera hautement ce dernier si l'on réfléchit à tout ce que le commerce du monde apporte avec soi de contrainte, de peine et même de danger "Tout notre mal vient de ne pouvoir être seul" a dit La Bruyère. La sociabilité appartient aux penchants dangereux et pernicieux, car elle nous met en contact avec des êtres qui en grande majorité sont moralement mauvais et intellectuellement bornés ou détraqués. L'homme insociable est celui qui n'a pas besoin de tous ces gens là. Avoir suffisamment en soi pour pouvoir se passer de la société est déjà un grand bonheur, par là même que presque tous nos maux dérivent de la société, et que la tranquillité d'esprit, qui après la santé forme l'élément le plus essentiel de notre bonheur, y est mise en péril et ne peut exister sans de longs moments de solitude... » (Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie)
    « La sociabilité de chacun est à peu près en raison inverse de sa valeur intellectuelle ; dire de quelqu'un "il est très insociable" signifie à peu de choses près : c'est un homme doué de hautes facultés. »
    « En outre, plus l'homme a en soi, moins les autres peuvent lui apporter », « La solitude est le lot de tous les esprits supérieurs ; ils leur arrivera parfois de s'en attrister mais il la choisiront toujours comme le moindre des maux... » A.S
    Nietzsche
    « Fuis mon ami, refugie-toi dans la solitude ». Le philosophe a été profondément solitaire, ce qui a été une condition sine qua non de son œuvre. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, le « héros » est séparé par un abîme du reste des hommes.
    Zarathoustra méprise la foule au plus haut point. La solitude est liée à la supériorité ou tout au moins son sentiment. Il existe le mépris du solitaire vis à vis du reste de l'humanité. La solitude mène à la pensée ; elle accouche de l'être. Chez Nietzsche elle est la voie vers le surhomme. « Ô solitude, solitude ma patrie !... »
    « Car chez nous la solitude est une vertu en tant qu'inclination et penchant à la propreté, qui devine l'inévitable malpropreté nécessairement attaché à tout contact des êtres humains - "en société" ».
    Rousseau
    Chez Schopenhauer et Nietzsche la solitude est intrinsèquement liée à la supériorité de certains hommes, de ceux qui ont la force de la supporter et même plus y goûter. Cette supériorité s'accroit même dans la solitude.
    Rousseau hypersensible proche de la paranoïa ne peut supporter les autres et leur méchanceté. « J'aime mieux fuir les hommes que les haïr ». Et puis haïr est fatiguant et la haine relie aux autres.
    La solitude permet de rêver, de penser, de communier avec la nature quand la solitude se trouve à la campagne. Le bonheur se trouve en nous et non chez les autres.
    « Mes heures de solitude et de méditation sont les seules où je sois pleinement moi et à moi ». La solitude permet de découvrir son moi. Être seul à la campagne est propice à la contemplation, nous met en osmose avec la nature. On ne retrouve pas dans Les rêveries d'un promeneur solitaire le mépris schopenhauerien ou nietzschéen vis à vis des hommes même si Rousseau avait du mal à les supporter. Il y a chez lui un romantisme de la solitude.
    On est passé d'une vision misérabiliste de la solitude pour l'homme du commun à un pathos de la supériorité. Elle permet une élévation intellectuelle ; elle nous libère du regard des autres et de leur mesquinerie. Elle élève spirituellement et moralement. Elle est un dépassement de soi. Elle construit un homme nouveau ce que Nietzsche nommait « surhomme ». La solitude rend immenses les hommes qui la méritent.
    PATRICE GROS-SUAUDEAU

  • Contre les nationalistes et les révisionnistes tout est permis !

    Rivarol12.pngSI vous ne disposiez que de la télévision pour vous informer, vous ne sauriez pas que l’établissement privé, le Yacht Espace Saint-Germain, où devait se réunir le 16 février, au nord de Lyon, à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, le XVe Forum de la nation a été la cible, dans la nuit de samedi à dimanche, d’un incendie criminel l’endommageant gravement et le rendant inapte à recevoir quelque manifestation ou réunion que ce soit pendant de nombreuses semaines. Cet acte criminel est survenu quelques jours seulement après que la LICRA eut officiellement demandé l’interdiction de ce rassemblement nationaliste où étaient invités entre autres personnalités sulfureuses les révisionnistes Jean Plantin et Vincent Reynouard et l’écrivain Hervé Ryssen. Il est difficile de ne pas faire le lien, même si la LICRA condamne officiellement l’incendie, tout en prenant soin d’ajouter : « Cela n’enlève rien à notre volonté d’interdire ce type de rassemblement de négationnistes et de révisionnistes », dixit Patrick Kahn, porte-parole de la Licra Rhône-Alpes.

    Pour Yvan Benedetti, organisateur du Forum et président de l’Œuvre française, la responsabilité morale des organisations dites antiracistes est écrasante : « Il y a depuis quelque temps un véritable lynchage des nationalistes, notamment par la Licra et le collectif d’extrême-gauche Vigilance 69. Ce sont ceux qui ont allumé la mèche », accuse le dirigeant nationaliste qui a d’ailleurs déposé plainte. Dans un commentaire comme toujours très judicieux, le professeur Faurisson remarque que cet incendie criminel et le silence médiatique total qui l’a suivi « ne sont pas sans rappeler, à Lyon, un incendie criminel survenu dans la nuit du 11 au 12 juin 1999 et qui avait détruit 300 000 des 450 000 ouvrages de la bibliothèque commune aux universités Lyon-II et Lyon-III, réputée contenir des ouvrages révisionnistes et, en particulier, le mémoire d’études approfondies (DEA) rédigé par Jean Plantin sur “Les épidémies de typhus dans les camps de concentration nazis”. Le juge d’instruction Stéphane Noël ouvrait un mois plus tard (juillet 1999) une information contre X pour destruction volontaire par incendie. Les experts désignés avaient établi que la localisation du premier feu, le mode de propagation de l’incendie et, enfin, des traces d’une certaine espèce d’hydrocarbures avaient confirmé l’emploi d’un accélérant. Le ou les criminels savaient que les livres sont matière difficile à détruire par le feu et que, sans accélérant, leur projet était voué à l’échec. Or, le 5 décembre 2001, était rendue une ordonnance de non-lieu ! » Robert Faurisson note que les autorités de l’époque (Raymond Barre, Jack Lang, Claude Allègre et surtout Anne-Marie Comparini) étaient restées étonnamment silencieuses, ainsi d’ailleurs que l’ensemble des media audiovisuels, à l’annonce au bout d’un mois du caractère criminel de l’incendie. Un silence qui persiste encore en 2013. « Une thèse volumineuse pourrait être écrite sur “La violence physique dans le combat mené contre les révisionnistes, en France et à l’étranger” » conclut le courageux professeur qui considère que « la violence de ces maffieux souligne leur impuissance et marque l’inéluctable progression du révisionnisme historique ».

    IL est quand même frappant que ce soient ceux-là mêmes qui accusent l’extrême droite en général et les fascistes en particulier de détester la culture, de vouloir brûler les livres qui ne leur plaisent pas, d’intimider et de violenter leurs adversaires politiques ou idéologiques qui utilisent des méthodes criminelles. Détruire 300 000 ouvrages d’une bibliothèque universitaire au motif que parmi ces livres en figure un seul de Jean Plantin convaincu de révisionnisme, cela dépasse l’entendement. C’est un véritable crime contre l’esprit. [...]

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  • La jeunesse, les beats et les anarchistes de droite

    On a beaucoup écrit, trop même, sur le problème de la nouvelle génération et des “jeunes”. Dans la plupart des cas, cette ques­tion ne mérite pas du tout l'intérêt qui lui a été accordé, et l'impor­tance que l'on reconnaît parfois, aujourd'hui, à la jeunesse en général, avec pour contrepartie une espèce de dépréciation de ceux qui ne sont pas “jeunes” est absurde. Il ne fait pas de doute que nous vivons dans une époque de dissolution, si bien que la condi­tion tendant toujours plus à prévaloir est la condition du “déra­ciné”, de celui pour qui la “société” n'a plus de sens, de même que n'en ont plus les rapports qui réglaient l'existence et qui, du reste, pour l'époque qui nous a immédiatement précédés et qui se continue encore en différentes zones, n'étaient que ceux de la morale et du monde bourgeois. Naturellement, la jeunesse a res­senti de façon particulière cette situation, et dans cette perspec­tive se poser certains problèmes peut être légitime. Mais il faut met­tre à part et considérer avant tout le cas où l'on vit simplement cette situation, où l'on ne s'y trouve pas en vertu d'une quelcon­que initiative active de l'individu, comme ce pouvait avoir été le cas pour les rares individualistes rebelles de type intellectuel de l'époque précédente.
    Une nouvelle génération, donc, subit simplement l'état de choses ; elle ne se pose aucun vrai problème, et de la “libération” dont elle jouit, elle fait un usage à tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prétend qu'elle n'est pas comprise, la seule réponse à lui donner c'est qu'il n'y a justement rien à comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre à sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupidité devient fatigante, envahissante et impertinente.
    Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalité, suit du reste une espèce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit précisément du contraire d'une manifestation de liberté. Pour différents phénomènes envisagés par nous dans les pages précédentes, tels que par ex. le goût de la vulgarité et certaines formes nouvelles des mœurs, on peut se référer, d'ans l'ensemble, à cette jeunesse-là ; en font partie les fana­tiques des 2 sexes pour les braillards, les “chanteurs” épilep­tiques, au moment où nous écrivons pour les séances collectives de marionnettes représentées par les ye-ye sessions, pour tel ou tel “disque à succès” et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-là, du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser à eux-mêmes et à leur stupidité et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polémiques en ce qui concerne, par ex., l'émancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief.
    Les années passant, la nécessité, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problèmes matériels et économiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-là, devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simple­ment d'une forme de nullité à une autre forme de nullité. Aucun problème digne de ce nom ne vient se poser.
    Ce type de “jeunesse” défini par le seul âge (parce qu'ici il ne s'agit pas du tout de parier de certaines possibilités caractéristi­ques d'une jeunesse au sens intérieur, spirituel) est fortement repré­senté surtout en Italie. L'Allemagne fédérale nous présente un phé­nomène très différent : les formes stupides et décomposées dont nous avons parlé y sont beaucoup moins répandues ; la nouvelle génération semble avoir accepté tranquillement le fait d'une exis­tence dans laquelle on ne doit pas se poser de problèmes, d'une vie à laquelle on ne doit réclamer ni sens ni but ; elle pense seule­ment à utiliser les aises et les facilités que le nouveau développe­ment de l'Allemagne a procurées. On peut ici parler du type du jeune “sans problèmes”, qui a éventuellement laissé derrière lui de nombreuses conventions et acquis de nouvelles libertés, sans se créer de conflits, sur le plan de cette “factualité” bidimension­nelle à laquelle tout intérêt supérieur, pour des mythes, une disci­pline, une idée-force, est étranger.
    Pour l'Allemagne, il ne s'agit probablement que d'une phase tran­sitoire, car si le regard se tourne vers des nations où l'on est allé plus loin dans la même direction, où le climat d'une “société du bien-être” est presque parfait, où l'existence est sûre, où tout est rationnellement ordonné — on peut se référer en particulier au Danemark, à la Suède et, en partie, à la Norvège — à la fin, de temps en temps, des réactions se sont produites, sous forme d'ex­plosions violentes et inattendues. Celles-ci ont été provoquées sur­tout par la jeunesse. Dans ce cas le phénomène est déjà intéres­sant et il peut valoir la peine d'y prêter attention.
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    Mais pour en saisir les formes les plus typiques il faut peut-être se référer à l'Amérique, en partie aussi à l'Angleterre. En Amérique des phénomènes de traumatisme spirituel et de révolte d'une nou­velle génération sont déjà apparus très clairement et sur une grande échelle. Nous faisons allusion à la génération qui s'est donnée le nom de beat generation et dont nous avons déjà parlé, du reste, dans les pages qui précèdent : les beats ou beatnicks, ou encore hipsters, selon le nom d'une de leurs variantes. Ils ont été les repré­sentants d'une sorte d'existentialisme anarchiste et antisocial, mais de caractère pratique plus qu'intellectuel (à part certaines mani­festations littéraires de faible niveau). Au moment où nous écri­vons, la période de vogue et d'épanouissement du mouvement est déjà passée, celui-ci a pratiquement quitté la scène ou s'est dis­sous. Toutefois, il conserve une signification propre car ce phéno­mène est intimement lié à la nature même de la civilisation actuelle ; tant que cette civilisation subsistera, il faudra donc s'attendre à ce que des manifestations analogues se représentent, fût-ce sous d'au­tres formes et sous des dénominations différentes. En particulier, la société américaine représentant plus qu'aucune autre la limite et la réduction à l'absurde de tout le système actuel, les formes beat du phénomène de révolte ont revêtu un caractère spécial, paradigmatique, et, naturellement, ne sont pas à mettre sur le même plan que cette jeunesse stupide dont nous avons parlé plus haut en pensant surtout à l'Italie (1).
    De notre point de vue, examiner brièvement certains problèmes dans ce contexte a une raison d'être parce que nous partageons ce qui a été affirmé par certains beats, à savoir qu'à l'opposé de ce que pensent psychiatres, psychanalystes et “assistants sociaux”, dans une société et une civilisation comme celles d'au­jourd'hui et, spécialement, comme celles d'Amérique — dans le rebelle, dans celui qui ne s'adapte pas, dans l'asocial il faut voir en général l'homme sain. Dans un monde anormal les valeurs se renversent : celui qui apparaît anormal par rapport au milieu exis­tant, il est probable que c'est justement lui le “normal”, qu'en lui subsiste encore un reste d'énergie vitale intègre ; et nous ne suivons en rien ceux qui voudraient “rééduquer” des éléments de ce genre, considérés comme des malades, et les “récupé­rer” pour la “société”. Un psychanalyste, Rober Linder, a eu le courage de reconnaître cela. De notre point de vue, la seule pro­blématique concerne la définition de celui que nous pourrions appe­ler “l'anarchiste de droite”. Nous verrons quelle distance sépare ce type de l'orientation problématique propre, presque toujours, au non-conformisme des beats et des hipsters (2).
    Le point de départ, c'est-à-dire la situation qui détermine la révolte du beat, est évident. Un système est mis en accusation qui, bien que ne présentant pas de formes politiques “totalitaires”, étouffe la vie, frappe la personnalité. Parfois on fait intervenir l'in­sécurité physique dans l'avenir, étant donné que l'existence même du genre humain serait remise en cause par les perspectives (d'ail­leurs exagérées dans un sens apocalyptique) d'une éventuelle guerre nucléraire ; mais surtout on ressent le danger de la mort spirituelle inhérente à l'adaptation au système en vigueur et à la force diversement conditionnante (“hétéroconditionnante”) de celui-ci. L'Amérique, “pays pourri, cancer qui prolifère en chacune de ses cellules” — “passivité (conformisme), anxiété et ennui : ses trois caractéristiques”, affirme-t-on. Dans ce climat est res­sentie très vivement la condition de l'être déraciné, unité perdue dans la “foule solitaire” : “la société, parole vide, privée de sens”. Les valeurs traditionnelles ont été perdues, les nouveaux mythes sont démasqués, et cette “démythisation” frappe tous les nouveaux espoirs : “liberté, révolution sociale, paix — seule­ment des mensonges hypocrites”. “L'aliénation du Moi comme état habituel”, telle est la menace.
    Ici, cependant, on peut déjà indiquer le trait distinctif le plus important par rapport au type de “l'anarchiste de droite” : le beat ne réagit pas et ne se révolte pas en partant du positif, c'est-à-dire en ayant une idée précise de ce que serait un ordre normal et sensé, en s'appuyant fermement sur certaines valeurs fondamentales. Il réagit d'instinct, selon un mode existentiel confus, contre la situa­tion dominante, à la manière de ce qui arrive dans certaines for­mes de réaction biologique. Par contre, l'anarchiste de droite sait ce qu'il veut, a une base pour dire “non”. Le beat, dans sa révolte chaotique, non seulement n'a pas cette base, mais il y a même fort à parier que si on la lui indiquait, il la repousserait probable­ment. C'est pourquoi la définition de “rebelle sans drapeau” ou “sans cause” peut valoir pour lui. Ceci entraîne une faiblesse fon­damentale dans la mesure où le beat et l'hipster, qui craignent tant d'être “hétéro-conditionnés” c'est-à-dire déterminés par l'ex­térieur, au fond, d'un autre côté, courent justement le danger de l'être, parce que leurs attitudes sont provoquées, sous la forme d'une simple réaction, par la situation existante. À tout prendre, l'impassibilité, le détachement froid seraient une attitude plus cohérente.
    Ainsi, lorsque le beat, en dehors de sa protestation et de sa révolte tournées vers l'extérieur, se pose le problème positif de sa vie intérieure personnelle pour chercher à le résoudre, il se retrouve nécessairement sur un terrain chancelant et insidieux. Manquant d'un solide centre intérieur, il se jette à l'aventure, obéissant à des impulsions qui le font rétrograder plutôt qu'avancer lorsqu'il cher­che à combler de quelque façon que ce soit le vide et le non-sens de la vie. C'est une solution illusoire que celle d'un des précurseurs des beats, Thoreau, lequel avait déterré le mythe rousseauiste de l'homme naturel, de la fuite dans la nature : formule trop simple et, au fond, insipide. Mais il y a ceux qui ont suivi la voie d'une bohème nouvelle et plus crue, du nomadisme et du vagabondage (comme les personnages de Kerouac), du désordre et du caractère imprévisible d'une existence qui a horreur de toute ligne de conduite préétablie et de toute discipline (on peut se référer aux premiers romans, non privés d'un certain fond autobiographique, d'Henry Miller), avec la tentative de saisir d'instant en instant une plénitude de vie et d'existence (« brûlante conscience du présent, sans un "bien" et sans un "mal" »).
    La situation s'aggrave dans le cas des solutions extrémistes, c'est­-à-dire lorsqu'on cherche à combler le vide intérieur et à se sentir “réel”, lorsqu'on veut se prouver à soi-même une liberté supé­rieure (“le Moi sans loi et sans nécessité”) au moyen d'actions violentes et même criminelles, auxquelles on donne donc le sens d'une confirmation de soi-même, et pas seulement le sens d'ac­tes de résistance extrême et de protestation contre l'ordre établi, contre tout ce qui est normal et rationnel. On a affirmé de la sorte un fond “moral” du crime gratuit, accompli sans motivations matérielles ou passionnelles, pour un “besoin désespéré de valeur”, parce qu'on veut “se prouver qu'on est un homme”, qu'on “n'a pas peur de soi”, “jeu de hasard avec la mort et l'au-­delà”. L'emploi de tout ce qui est frénétique, irrationnel et violent — le « désir frénétique de créer ou de détruire » — peuvent ren­trer dans le même cadre.
    Ici, le caractère illusoire et équivoque de solutions de ce genre apparaît assez clairement. Il est évident, au fond, que dans de pareils cas la recherche d'une sensation vitale exaspérée sert pres­que toujours de succédané illusoire à un vrai sens du Moi. En fait d'actes extrêmes et irrationnels, il y aurait lieu, du reste, de relever que peuvent revêtir ce caractère non seulement, par ex., le fait de sortir dans la rue et de tirer sur le premier venu (comme André Breton l'avait proposé, en son temps, au “surréaliste”) ou de violenter une jeune sueur, mais aussi, mettons, le fait de don­ner ou de détruire tout ce qu'on possède ou le fait de risquer sa vie pour sauver un imbécile inconnu. Il faut donc être capable de voir si ce qu'on pense être un acte extrême “gratuit” n'est pas par hasard dicté par des impulsions cachées dont on est esclave, plutôt que par quelque chose attestant et réalisant une liberté supé­rieure. En général, là est la lourde équivoque de l'individualiste anar­chiste : “Être soi-même sans liens”, alors qu'on est esclave de soi-même. L'observation d'Herbert Gold pour les cas où manque cet examen intérieur est sans doute juste : « L'hipster est victime de la pire forme d'esclavage, c'est l'esclave qui, inconscient et orgueilleux de sa condition servile, l'appelle liberté ».
    II y a plus. De nombreuses expériences intenses qui peuvent don­ner au beat une sensation fugitive de “réalité”, le rendent au fond encore moins “réel” parce qu'elles le conditionnent. Wilson met très clairement en lumière cette situation dans un personnage de son roman déjà cité. Celui qui accomplit, dans un climat plus ou moins beat, une série d'assassinats de type sadique sur des fem­mes pour se “réintégrer”, pour échapper à la frustration, “parce qu'on a été frustré du droit d'être un dieu”, finit par se révéler comme un être défait et irréel. « Comme un paralytique qui a besoin de stimulants toujours plus forts et pour qui rien n'a d'importance ». « Je croyais que le meurtre n'était qu'une expression de révolte contre le monde moderne et ses engrenages, car plus on parle d'or­dre et de société, plus augmente le taux de criminalité. Je croyais que ses crimes n'étaient qu'un geste de défi... Ce n'était pas ça du tout : il tue pour la même raison que celle qui pousse l'alcooli­que à boire, parce qu'il ne peut pas s'en passer. » Ceci vaut aussi, naturellement, pour d'autres expériences extrêmes.
    Au passage, pour établir de nouveau des distances précises, on peut rappeler que le monde de la Tradition a connu lui aussi la “Voie de la Main Gauche” — voie dont nous avons parlé ailleurs (3) [cf. tantrisme], qui envisage l'infraction de la loi, la destruction, l'expé­rience orgiaque elle-même sous différentes formes, mais en par­tant d'une orientation positive, sacrée et “sacrificielle”, “vers le haut”, vers la transcendance qui est incompatible avec toute limite. C'est le contraire de la recherche de sensations violentes seulement parce qu'on est intérieurement défait et inconsistant, seulement pour arriver à rester debout d'une manière ou d'une autre. C'est pourquoi le titre du livre de Wilson Ritual in the Dark est très approprié : c'est une façon de célébrer de manière ténébreuse, sans lumière, ce qui pourrait avoir, dans un autre contexte, le sens d'un rite de transfiguration.
    Dans la même direction, les beats ont souvent recouru à certai­nes drogues, cherchant ainsi à provoquer une rupture et une ouver­ture au-delà de la conscience ordinaire. Cela selon l'intention des meilleurs. Mais un des principaux représentants du mouvement, Norman Mailer, en est arrivé à reconnaître le « jeu de hasard » qu'implique l'usage de drogues. À côté de la « lucidité supérieure », de la « perception nouvelle, fraîche et originelle, de la réalité, désor­mais inconnue de l'homme commun », auxquelles certains visent en recourant aux drogues, il y a le danger des “paradis artificiels”, de l'abandon à des formes de volupté extatique, de sensation intense et même de visions, privées d'un quelconque contenu spi­rituel et révélateur, et suivies d'un état dépressif lorsqu'on revient à l'état normal, ce qui ne fait qu'aggraver la crise existentielle.
    Ce qui décide ici, c'est de nouveau l'attitude fondamentale de l'être :  elle est presque toujours déterminante pour l'action dans un sens ou dans l'autre de certaines drogues. L'attestent par ex. les effets de la mescaline décrits par Aldous Huxley (écrivain déjà orienté dans le sens de la métaphysique traditionnelle), lequel put penser établir une analogie avec certaines expériences de la haute mystique, par opposition aux effets tout à fait banals rapportés par Zaehner (l'auteur que nous avons cité en note à l'occasion de la critique de Cuttat), qui avait voulu répéter les expériences d'Hux­ley pour les “contrôler” mais en partant d'une équation person­nelle et d'une attitude complètement différentes. Or, quand le beat se présente à nous comme un être profondément traumatisé qui s'est jeté à l'aventure dans une recherche confuse, il ne faut pas s'attendre à grand-chose de positif de l'usage des drogues. Pres­que fatalement, l'autre alternative prévaudra, renversant l'exigence initiale (4). Du reste, le problème n'est même pas résolu par d'éven­tuelles ouvertures fugitives sur la “Réalité”, après lesquelles on se retrouve dans une vie privée de sens. Que les prémisses essen­tielles pour s'aventurer dans ce domaine soient inexistantes, cela ressort clairement du fait que dans le cas des beats et des hips­ters, il s'est agi en grande partie de jeunes privés de la maturité nécessaire et fuyant par principe toute autodiscipline.
    D'aucuns ont affirmé que ce que les beats, ou du moins une partie d'entre eux, ont obscurément cherché, c'est, au fond, une nouvelle religion. Mailer, qui a dit : « Je veux que Dieu me montre son visage », a carrément affirmé qu'ils sont les porteurs d'une nou­velle religion, que leurs excès et leurs révoltes sont des formes tran­sitoires, qui « demain pourront donner naissance à une nouvelle religion, comme le christianisme ». Tout cela fait assez discours en l'air et, aujourd'hui, alors qu'on peut faire un bilan, rien n'est encore apparu. Certes, on peut reconnaître que ce qui manque à ces forces, ce sont justement des points de référence supérieurs et transcendants, semblables à ceux des religions, capables de four­nir un soutien et une juste orientation. « Recherche d'une foi qui les sauve » — a dit quelqu'un. Mais « Dieu est en danger de mort » (Mailer), ce qui se rapporte au Dieu de la religion théiste occiden­tale. C'est pourquoi celui qu'on a appelé the mystic beat a cher­ché ailleurs, a été attiré par la métaphysique orientale et, comme nous l'avons signalé dans un autre chapitre, par le Zen surtout. Mais, sur ce dernier point, il y a lieu de s'interroger en ce qui con­cerne les motivations. Le Zen a exercé une attirance sur les élé­ments en question surtout sous ses aspects de doctrine qui envi­sage des ouvertures illuminantes, soudaines et gratuites, sur la Réa­lité (par le satori), que l'explosion et le rejet de toutes les supers­tructures rationnelles, l'irrationalité pure, la démolition impitoya­ble de toute idole, l'usage éventuel de moyens violents pourraient produire. On peut comprendre que tout cela attire beaucoup le jeune Occidental déraciné qui ne supporte aucune discipline, qui vit à l'aventure et se révolte. Mais le fait est que le Zen suppose tacite­ment une orientation précédente liée à une tradition séculaire, et des épreuves très dures (il suffit de lire la biographie de certains maîtres Zen — Suzuki, qui a été le premier à faire connaître ces doctrines en Occident, a pu parler littéralement d'un « baptême du feu » comme préparation au satori) ne sont pas exclues. Arthur Rimbaud a parlé de la méthode pour devenir voyant par un dérè­glement systématique de tous les sens, et nous n'excluons pas que dans une vie absolument, mortellement aventureuse, même sans guide, procédant seule, des “ouvertures” du genre de celles aux­quelles fait allusion le Zen puissent se produire. Mais il s'agira tou­jours d'exceptions ayant vraiment le caractère d'une sorte de mira­cle : comme si l'on était prédestiné ou protégé par un bon génie. On peut soupçonner que la raison de l'attirance que le Zen et des doctrines analogues peuvent exercer sur les beats consiste en ceci : les beats supposent que ces doctrines donnent une sorte de justi­fication spirituelle à leur disposition pour une anarchie négative, pour le pur dérèglement, éludant la tâche première, tâche qui, dans leur cas, reviendrait à se donner une forme intérieure.
    Ce besoin confus d'un point de référence supérieur, métaration­nel, et, comme quelqu'un l'a dit, de saisir « l'appel secret de l'être », est d'ailleurs complètement dévié quand cet “être” est confondu avec la “Vie”, sous la suggestion de théories comme celles de Jung et de Reich, et quand on voit dans l'orgasme sexuel et dans l'abandon à cette espèce de dionysisme dégradé et paroxystique parfois offert par le jazz nègre d'autres voies valables pour “se sen­tir réel”, pour prendre contact avec la Réalité (5).
    Au sujet du sexe, il faudrait répéter ce que nous avons déjà dit plus haut, au chapitre XII, en examinant les perspectives des apô­tres de la “révolution sexuelle”. Un des personnages du roman déjà cité de Wilson se demande si « le besoin d'une femme qu'on éprouve n'est pas seulement le besoin qu'on a de cette intensité », si une impulsion plus haute, vers une liberté supérieure, ne se mani­feste pas obscurément dans l'impulsion sexuelle. Cette demande peut être légitime. Nous avons déjà rappelé que la conception non biologique ou sensualiste, mais d'une certaine manière transcen­dante, de la sexualité a, en effet, des antécédents précis et non extravagants dans les enseignements traditionnels. Mais il faut se référer à la problématique étudiée par nous dans Métaphysique du sexe, où nous avons aussi mis en évidence l'ambivalence de l'expérience sexuelle, c'est-à-dire les possibilités soit positives, soit régressives, “déréalisantes” et conditionnantes, qui y sont ren­fermées. Or, quand le point de départ est une sorte d'angoisse exis­tentielle, au point que le beat apparaisse obsédé par l'idée de ne pas atteindre “l'orgasme parfait” sous l'influence des vues déjà signa­lées de Wilhelm Reich et, en partie, de DH Lawrence, lesquels y ont vu le moyen de s'intégrer à l'énergie primordiale de la vie confondue avec l'Être ou l'esprit, dans ce cas il y a lieu de suppo­ser que ce seront les contenus négatifs et dissolvants de l'expé­rience sexuelle qui prédomineront — une fois de plus parce que les conditions existentielles préliminaires afin que l'opposé se véri­fie, sont inexistantes : le sexe et la force débordante de l'orgasme posséderont le Moi, et non vice versa, comme il le faudrait pour que tout cela puisse servir de voie. De même que pour les dro­gues, ce n'est pas une jeune génération à la dérive qui peut affronter des expériences de ce genre, par ailleurs envisagées en principe aussi par la Voie de la Main Gauche. Quant à la pleine liberté sexuelle comme simple révolte et anticonformisme, elle est banale et n'a rien à voir avec le problème spirituel.
    La direction négative se précise lorsque les beats font du jazz une sorte de religion et y voient un autre des moyens positifs pour surmonter leur “aliénation”, pour saisir des moments d'intensité libératrice. Les origines nègres du jazz (lesquelles, en tant que base, ne disparaissent même pas dans les formes élaborées de ces rythmes, lorsque s'établit le climat du swing et des be bop ses­sion), au lieu de faire réfléchir, sont mises en valeur. Nous avons déjà indiqué, dans un autre chapitre, comme un aspect de la “négrification” spirituelle de l'Amérique, le fait que Mailer juste­ment, dans un essai fameux, ait pu assimiler la position du beat à celle du Noir, parler du premier comme d'un « nègre blanc », admirer certains aspects de la nature nègre irrationnelle, instinc­tive, violente. En plus, il y a eu parmi les beats une tendance affi­chée à la promiscuité, y compris sur le plan sexuel, avec des jeu­nes fille blanches qui ont défié les “préjugés” et les conventions en se donnant à des Noirs. En ce qui concerne le jazz on peut recon­naître, dans ces milieux, une compréhension plus sérieuse que celle propre à l'engouement de cette jeunesse stupide non américaine dont nous avons parlé au début de ce chapitre ; mais c'est précisément pour cela que la chose est beaucoup plus dangereuse : il y a lieu de croire que dans l'identification à des rythmes frénétiques et élé­mentaires se produisent des formes d'“autotranscendance des­cendante” (pour employer cette expression précédemment expli­quée), des formes de régression dans l'infra-personnel, dans ce qui est purement vital et primitif, des possessions partielles qui, après des moments d'une intensité et d'un déchaînement paroxystique avec des passages semi-extatiques, laissent plus vides et irréels qu'avant. Si l'on considère l'atmosphère des rites nègres et des cérémonies collectives auxquelles le jazz renvoie par ses origines et ses premières formes, cette direction semble assez évidente parce qu'il est clair qu'on se trouve, comme dans la macumba et dans le cadombé pratiqués par les Noirs d'Amérique, devant des for­mes de démonisme et de transe, devant d'obscures possessions auxquelles échappe toute ouverture sur un monde supérieur.
    Malheureusement, il n'y a pas beaucoup plus à recueillir d'une analyse de ce que beats et hipsters ont cherché, sur le plan indi­viduel et existentiel, comme contrepartie d'une révolte légitime con­tre le système existant, pour remplir un vide et résoudre le pro­blème spirituel. La situation de crise subsiste. En des cas excep­tionnels seulement, on se rapproche de ce qui pourrait avoir une valeur positive quand il s'agit d'un “anarchiste de droite”. En défi­nitive, le problème est celui du matériel humain. Pour tout ce qui est anticonformisme pratique, démythisation, froide désidentifica­tion par rapport à toutes les institutions de la société bourgeoise : pour cela uniquement il n'y a rien à objecter, quand cette ligne est sérieusement suivie par la nouvelle génération. Selon le souhait de certains représentants de la beat generation, nous n'avons pas considéré ici leur mouvement comme une mode passagère. Nous nous sommes arrêté sur ce mouvement à travers ses aspects typi­ques ; sa problématique est une expression naturelle de l'époque contemporaine. Sa signification demeure, bien que ces formes aient cessé d'être actuelles en Amérique et d'avoir un mordant particulier.
    3
    Nous voulons maintenant envisager un cas particulier, en ce qui concerne la jeune génération. Il y a des jeunes qui se révoltent con­tre la situation politico-sociale existant en Italie, et qui s'intéres­sent simultanément aux horizons propres à ce que nous avons l'ha­bitude d'appeler, en général, le monde de la Tradition. Alors que, d'un côté, ils s'opposent sur le plan pratique aux forces et aux idéo­logies de gauche qui avancent dangereusement, de l'autre ils regar­dent vers des horizons spirituels, ils s'intéressent, au moins sur le plan théorique, aux enseignements et aux disciplines d'une anti­que sagesse en des termes plus positifs que ce qui s'est vérifié dans les approches confuses du mystic beat.
    Nous avons donc des forces qui, potentiellement, sont “à dis­position”. Le problème, c'est celui des directives capables de don­ner une orientation positive à leur activité.
    Notre livre Chevaucher le tigre, considéré par certains comme un “manuel de l'anarchiste de droite”, résout le problème jusqu'à un certain point dans la mesure où il s'adresse essentiellement — chose que, souvent, on n'a pas relevé suffisamment — à un type humain différencié bien précis, ayant en propre un haut degré de maturité. Par conséquent, les orientations proposées dans ce livre ne sont pas toujours adaptées et, en général, réalisables, pour la catégorie de jeunes à laquelle nous avons fait allusion.
    La première chose qu'il faut recommander à ces jeunes, c'est la méfiance pour des formes d'intérêt et d'enthousiasme qui pour­raient n'être que d'origine biologique, c'est-à-dire dues à leur âge. Il faudra voir si leur attitude restera inchangée avec l'approche de l'âge adulte, quand ils devront résoudre les problèmes concrets de l'existence. Malheureusement, notre expérience personnelle nous a montré que c'est rarement le cas. Au tournant, disons, des trente ans, bien peu restent sur les mêmes positions.
    Nous avons déjà parlé d'une jeunesse qui n'est pas seulement biologique, mais qui a aussi un aspect intérieur, spirituel, donc pro­pre à n'être pas conditionnée par l'âge. Mais cette jeunesse supé­rieure peut se manifester dans l'autre jeunesse. Nous ne dirons pas qu'elle est caractérisée par “l'idéalisme”, car le terme est galvaudé et suspect et car la capacité de “démythifier” les idéaux en s'ap­prochant même du point zéro des valeurs courantes devrait être une qualité que ces jeunes partageraient avec d'autres courants d'une orientation éventuellement très différente. Nous parlerons plutôt d'une certaine capacité d'enthousiasme et d'élan, de dévouement inconditionné, d'un détachement de l'existence bourgeoise et des intérêts purement matériels et égoïstes. Or, la première tâche con­sisterait à assimiler ces dispositions qui, chez les meilleurs, affleu­rent parallèlement à la jeunesse physique, pour en faire des quali­tés permanentes résistant à toutes les influences contraires aux­quelles on est fatalement exposé avec l'avancement de l'âge (6). Quant à l'anticonformisme, la première chose requise c'est un style de vie fermement antibourgeois. Durant sa première période Ernst Jünger n'eut pas peur d'écrire : « Mieux vaut être un délinquant qu'un bourgeois » ; nous ne disons pas qu'il faut prendre cette for­mule à la lettre, mais une orientation générale y est indiquée. Dans la vie quotidienne il faut aussi prendre garde aux pièges représen­tés par les affaires sentimentales concernant le mariage, la famille et tout ce qui appartient aux structures subsistantes d'une société dont on reconnaît l'absurdité. C'est là un point fondamental. Par contre, pour le type en question, certaines expériences, dont nous avons reconnu tout le caractère problématique dans le cas des beats et des hipsters, pourraient ne pas présenter les mêmes dangers.
    Comme contrepartie, chez lui devrait se manifester un goût pour l'autodiscipline sous des formes libres, détachées de toute exigence sociale ou “pédagogique”. Il s'agit, pour les jeunes, du problème de leur formation, au sens le plus objectif du terme. Ici une diffi­culté se présente, du fait que toute formation suppose, comme point de référence, certaines valeurs, alors que le jeune révolté repousse toutes les valeurs, toute la “morale” de la société exis­tante et de la société bourgeoise en particulier.
    Mais, à cet égard, il faut établir une distinction. Il y a des valeurs qui ont un caractère conformiste et une justification tout à fait exté­rieure, sociale, pour ne pas parler des valeurs devenues telles parce que leurs fondements originels ont été irrévocablement oubliés. Par contre, d'autres valeurs se proposent uniquement comme des appuis pour assurer à un être une véritable forme et une fermeté. Le courage, la loyauté, la franchise, la répugnance pour le men­songe, l'incapacité de trahir, la domination de tout égoïsme mes­quin et de tout intérêt inférieur peuvent être comptés au nombre des valeurs qui, d'une certaine façon, surplombent le “bien” comme le “mal” et se tiennent sur un plan non “moral”, mais ontologique : précisément parce qu'elles donnent un “être” ou le renforcent, contre la condition présentée par une nature insta­ble, fuyante, amorphe. Il n'y a ici aucun impératif. Seule doit déci­der la disposition naturelle de l'individu. Pour prendre une image, la nature nous présente aussi bien des substances parvenues à une complète cristallisation que des substances qui sont des cristaux imparfaits et inachevés, mêlés à une gangue friable. Certes, nous n'appellerons pas “bonnes” les premières, “mauvaises” les autres, dans un sens moral. Il s'agit de différents degrés de “réa­lité”. La même chose vaut pour l'être humain. Le problème de la formation du jeune et son amour pour l'autodiscipline doivent être considérés sur ce plan, au-delà de tout critère et de toute valeur de la morale sociale. F. Thiess a écrit justement :
        « Il y a la vulga­rité, la méchanceté, la bassesse, l'animalité, la perfidie, tout comme il y a la pratique imbécile de la vertu, le bigotisme, le respect con­formiste de la loi. La première chose vaut aussi peu que l'autre ».
    En général, tout jeune est caractérisé par un trop-plein d'éner­gies. Le problème de leur emploi se pose, dans un monde comme le monde actuel. À cet égard, on pourrait envisager d'abord tout le développement ultérieur sur le plan physique du processus de “formation”. Nous nous garderons bien de conseiller la pratique des sports modernes dans leur quasi-totalité. Le sport est en ef­fet un des facteurs typiques de l'abrutissement des masses moder­nes, et un caractère de vulgarité lui est presque toujours associé. Mais certaines activités physiques particulières pourraient entrer en jeu. Un exemple est offert par l'alpinisme de haute altitude, à condition qu'il soit ramené à ses formes premières, sans la technicisation et les débouchés sur un acrobatisme qui l'ont déformé et matérialisé ces derniers temps. Le parachutisme peut offrir lui aussi des possibilités positives — dans ces 2 cas la présence du facteur risque est une aide utile pour le renfor­cement intérieur. On pourrait donner comme autre exemple les arts martiaux japonais, si l'on avait la chance de pouvoir les apprendre selon la tradition d'origine et non sous leurs formes désormais si répandues en Occident, formes privées de cette contrepartie spiri­tuelle grâce à laquelle la maîtrise de ces activités pouvait se rat­tacher étroitement à des formes subtiles de discipline intérieure et spirituelle. En des temps assez proches, certaines corporations estudiantines d'Europe centrale, les Korpsstudenten qui prati­quaient la Mensur — c'est-à-dire les “combats” sous la forme cruelle de duels non mortels suivant des normes précises (comme traces, des cicatrices sur le visage) — dans le but de développer le courage, la fermeté, l'intrépidité, la résistance à la douleur physi­que, tandis qu'on honorait certaines valeurs d'une éthique supé­rieure, de l'honneur et de la camaraderie, sans fuir éventuellement certains excès, ces corporations offraient différentes possibilités. Mais les cadres socio-culturels y correspondant ayant disparu, on ne peut pas penser aujourd'hui, en Italie spécialement, à quelque chose de semblable.
    Le trop-plein d'énergies peut aussi mener à diverses formes d'“activisme” dans le domaine politico-social. Dans ces cas-là serait essentiel, en premier lieu, un examen sérieux pour s'assurer que l'engagement éventuel en faveur d'idées opposées au climat général n'est pas seulement le moyen de déverser des énergies (d'autant plus qu'en d'autres circonstances même des idées très différentes pourraient également servir au même but) ; donc que le point de départ et la force motrice sont une véritable identifica­tion due à la reconnaissance méditée de leur valeur intrinsèque. Cela étant, pour un quelconque activisme la difficulté est que si le type de jeune auquel nous nous référons peut avoir clairement compris pour quelles idées il vaut la peine de combattre, il pourrait difficilement trouver, par contre, dans le climat actuel, un front, un parti, un groupe politique défendant vraiment, avec intransi­geance, des idées de ce genre. Une autre circonstance — à savoir qu'étant donné le stade où nous sommes la lutte contre les courants politiques et sociaux qui dominent désormais a peu de chan­ces d'aboutir à des résultats globaux appréciables — pèse peu en dernière analyse, car ici la norme devrait être de faire ce qui doit être fait en étant disposé à se battre, éventuellement, même sur des positions perdues. De toute manière, affirmer aujourd'hui une “présence” par l'action sera toujours utile.
    Quant à un activisme anarchiste de simple protestation, qui pour­rait aller de certaines manifestations violentes jugées “délictueu­ses” du genre de celles de la jeunesse de certaines nations (nous avons déjà parlé du cas de pays d'Europe du Nord où règne la “société du bien-être”) jusqu'à des actes terroristes comme ceux auxquels s'adonnèrent les anarchistes politiques nihilistes du siè­cle dernier, si l'on exclut — et on devrait les exclure — les motiva­tions de certains beats, c'est-à-dire le désir d'une action violente quelconque simplement parce qu'on a besoin de la sensation qu'elle procure —, même dans le cadre d'un simple exutoire d'énergies cet activisme apparaît peu sensé. Certes, si l'on pouvait organiser aujourd'hui une espèce de Sainte Vehme agissante, capable de tenir les principaux responsables de la subversion contemporaine dans un état d'insécurité physique constante, cela serait une excellente chose. Mais ce n'est pas une chose qu'une jeunesse peut organi­ser, et, d'autre part, le système de défense de la société actuelle est trop bien construit pour que de semblables initiatives ne soient pas brisées dès le départ et payées à un prix trop élevé.
    Un dernier point doit être envisagé. Dans la catégorie des jeu­nes dont nous sommes en train de parler et qui, par rapport au monde actuel, pourrait être définie comme celle des anarchistes de droite, on en trouve un certain nombre sur lesquels, en même temps, les perspectives de réalisation spirituelle qu'ont fait con­naître les études de sérieux représentants du courant traditiona­liste, avec des références à d'anciennes doctrines sapientielles et initiatiques, exercent une attraction. Il s'agit ici de quelque chose de plus sérieux que l'intérêt ambigu suscité par l'irrationalisme d'un Zen mal compris chez certains beats américains, ne serait-ce qu'en raison de la qualité différente des sources d'information. Cette attraction est compréhensible si l'on pense au vide spirituel qui s'est créé à la suite de la décadence des formes religieuses qui ont dominé en Occident et de la remise en cause de leur valeur. On peut donc concevoir que, détaché de ces dernières, on aspire à quelque chose d'effectivement supérieur, et non à de vains succé­danés. Toutefois, quand il s'agit de jeunes, il ne faut pas nourrir d'aspirations trop ambitieuses et éloignées de la réalité. Il n'est pas seulement nécessaire d'arriver à la maturité requise ; il faut aussi tenir compte du fait que la voie dont nous avons indiqué le sens ici, dans des chapitres précédents (XI et XV), exige et a toujours exigé une qualification particulière et quelque chose d'analogue à ce qu'on appelle la “vocation” au sens spécifique dans le domaine des Ordres religieux. On sait que dans ces Ordres un certain temps est laissé au novice afin qu'il vérifie la réalité de sa vocation. En rapport avec ceci, on doit répéter ici ce qui a été dit au sujet d'une vocation plus générale que l'on peut ressentir lorsqu'on est jeune : il faut voir si, à mesure que passent les années, elle se renforce au lieu de s'affaiblir.
    Les doctrines auxquelles nous avons fait allusion ne doivent pas faire naître les illusions favorisées par de nombreuses formes impures issues du néo-spiritualisme contemporain — théosophisme, anthroposo­phie, etc. —, à savoir s'imaginer que le but le plus élevé est à la portée de tous et réalisable avec tel ou tel expédient ; alors qu'il doit apparaître comme une lointaine ligne de crête vers laquelle seule peut conduire une voie longue, âpre et périlleuse. Malgré tout, on peut toujours indiquer à ceux qui nourrissent un intérêt sérieux certaines tâches préliminaires non négligeables. En premier lieu, on peut se consacrer à une série d'études concernant la vision géné­rale de la vie et du monde, vision qui est la contrepartie naturelle de ces doctrines, pour acquérir une formation mentale nouvelle qui corrobore, sur la base de quelque chose de positif, le “non” dit à tout ce qui existe aujourd'hui, et pour éliminer les multiples et profondes intoxications dues à la culture moderne. La seconde phase, la seconde tâche, serait de dépasser le plan purement intel­lectuel en rendant “organique” un certain ensemble d'idées, en faisant en sorte que cela détermine une orientation existentielle fon­damentale et suscite par là même le sentiment d'une sécurité ina­liénable, indestructible. Une jeunesse qui arriverait peu à peu à ce niveau serait déjà allée très loin. Elle pourrait laisser indéterminés le “si” et le “quand” de la troisième phase, dans laquelle, avec le maintien de la tension originelle, certaines actions “décondition­nalisantes” par rapport à la limite humaine peuvent être tentées. À cet égard, des facteurs impondérables entrent en jeu, et la seule chose sensée qu'on puisse atteindre, c'est une préparation adé­quate. S'attendre à quelque chose d'immédiat, chez un jeune, est absurde.
    Diverses expériences personnelles nous ont convaincu que ces dernières brèves considérations étaient nécessaires, bien qu'elles concernent évidemment un groupe très différencié de la jeunesse non conformiste : le groupe de ceux qui ont ressenti de manière juste le problème proprement spirituel.
    Par-là même nous sommes allé assez au-delà de ce qu'on appelle communément le problème des jeunes. On peut concevoir “l'anar­chiste de droite” comme un type suffisamment défini et plausi­ble, à opposer soit à la jeunesse stupide, soit aux “rebelles sans drapeau” et à ceux qui se jettent à l'aventure et se livrent à des expériences qui n'apportent aucune vraie solution, aucune contri­bution positive, si l'on n'a pas, déjà, une forme intérieure. En toute rigueur, on pourrait objecter que cette forme est une limitation, un lien, qu'elle contredit l'exigence initiale, la liberté absolue de l'anarchisme. Mais puisqu'il est bien difficile que celui qui formule cette objection le fasse en ayant comme point de référence la trans­cendance au sens propre et absolu — le sens que ce terme a, pour nous faire comprendre par un exemple, dans la haute ascèse —, il faut seulement répondre que l'autre alternative concerne une jeu­nesse “brûlée” à un point tel qu'on peut la considérer — aucun noyau solide n'ayant résisté à l'épreuve représentée par la dissolu­tion générale — comme un pur produit existentiel de cette même dissolution, de sorte que cette jeunesse se fait beaucoup d'illusions quand elle pense être vraiment libre. Une pareille jeunesse, révol­tée ou non, nous intéresse bien peu et il n'y arien à faire avec elle. Elle peut seulement être un sujet d'étude dans le cadre général de la pathologie d'une époque.
    ► Julius Evola, L'Arc et la massue, ch. XVI, 1968.
    • Notes :
    (1) En ce moment même cette jeunesse italienne niaise et carnavalesque s'est qua­lifiée de beat et applique ce terme à n'importe quoi. Pour problématique qu'ait été le mouvement beat américain, sur le plan de l'engagement il n'y a aucune compa­raison entre lui et les attitudes et les velléités risibles de “protestation” de ces épigones beat italiens.
    (2) Dans ce qui suit nous utiliserons en partie le matériel formé par les témoigna­ges et les essais recueillis dans le volume anthologique de S. Krim, The Beats – les essais les plus importants sont ceux de H. Gold, de Mac Reynold et de N. Podho­retz ; on peut ajouter le livre de Norman Mailer, Advertisements for myself. Mailer a aussi été un porte-parole des beats et des hipsters, et il semble qu'il ne se soit pas arrêté à la seule théorie, puisqu'il serait allé, par ex., jusqu'à poi­gnarder “gratuitement” sa femme. Pour le climat général on peut recourir aux romans de Jack Kerouac, On the road et The Dharma Boom, auxquels on peut ajouter le roman de Colin Wilson (anglais) Rituel in the Dark, qui aborde en par­tie la même problématique ; dans un livre qui suscita beaucoup d'intérêt, The Out­sider, Wilson avait étudié en général la figure de « celui qui est en dehors » – en dehors de la société et du monde “normaux” (Les romans de J. Kerouac sont disponibles en traduction française. Le livre de C. Wilson, The Outsider, a été publié en français, sous le titre L'homme en dehors, par les éditions Gallimard en 1958, NDT).
    (3) Métaphysique du sexe, Payot, 1976, § 28.
    (4) Un beat, Jack Green, a fait (dans l'anthologie signalée plus haut) certaines descriptions intéressantes de ses expériences avec une drogue spéciale, le peyotl. Il finit par reconnaître que cette substance peut donner « une euphorie mais non la grande libération » et que s'il avait eu « l'œil exercé il n'aurait pas eu besoin du peyotl ». Par ailleurs, pour ce qu'il peut avoir recueilli de positif, il y ale fait qu'il possède une certaine connaissance de la doctrine Zen du satori. À la fin il rap­porte que pendant une longue période il « n'a plus vécu d'expériences authenti­ques » et qu'il « les cherche rarement ». Il reconnaît en outre la diversité des effets possibles. Il écrit entre autres : « Il est possible que la préparation intense et, en partie aussi, la préparation inconsciente qui vient de la vie contemplative, provo­quent une fracture soudaine qui est sentie comme une unité inattendue ». Même après le déclin du mouvement beat, la jeunesse américaine, universitaire spéciale­ment, a été loin d'abandonner la voie des drogues. Au moment où nous écrivons, l'inquiétude suscitée par la diffusion toujours croissante, parmi cette jeunesse, du Lsd 25 (acide lysergique diéthylamidique), l'atteste.
    (5) Quelques affirmations faites avec beaucoup de désinvolture sont typiques, comme dans cette phrase de Mailer : « L'hipster a un respect incident (!) pour le Zen, il ne nie pas l'expérience du mystique parce qu'il l'a connue lui-même (?), mais préfère tirer l'expérience du corps d'une femme ».
    (6) Dans ce contexte une référence à l'ancienne civilisation arabo-persane pourra présenter un certain intérêt. Cette civilisation a connu le terme futâwa qui, dérivé , de fatà = jeune, désigne la qualité « être jeune » justement au sens spirituel indi­qué, non défini par l'âge mais par une disposition particulière de l'âme. C'est ainsi que les fityân ou fityûh (les jeunes) ont pu être conçus comme un Ordre, et un rite particulier (avec une libation rituelle) consacrait cette qualité “être jeune”, et comportait en même temps une sorte de voeu solennel de la maintenir. Une termi­nologie semblable fut employée dans le milieu des partisans d'Ar et dans les milieux soufis.

  • Soral, de Marx à Maurras

    La publication des Chroniques d'avant-guerre confirme le talent de pamphlétaire d'Alain Soral. Ce recueil réunit des chroniques publiées, deux ans durant, dans la revue Flash, le « journal gentil et intelligent » créé par des dissidents du Parti communiste et de National Hebdo.
    J'ai juré de vous émouvoir, d'amitié ou de colère, qu'importe ! Cette formule de Bernanos, Alain Soral aurait pu la mettre en exergue de chacune de ses œuvres. Aucun de ses essais ne peut en effet laisser indifférent le lecteur de bonne volonté et tous ont contribué, d'une manière ou d'une autre, à entretenir la grande peur des bien-pensants ! La publication récente chez Blanche et Kontre-Kulture, sous le titre de Chroniques d’avant-guerre, d'un recueil de ses articles parus dans le bimensuel Flash entre 2008 et 2011, ne fait pas exception à la règle. On y retrouve avec plaisir son talent de pamphlétaire, son flair de sociologue de terrain, son aisance à manier le concept, à faire bouger les lignes et à prendre le réel dans les mailles d'une dialectique qui n'hésite pas à s'inspirer des traditions intellectuelles les plus diverses.
    La forme brève
    La forme brève qui est ici imposée par le genre du recueil d'articles n'est pas dépaysante pour le lecteur familier de Soral dont les ouvrages, même les plus construits, comme le roboratif Comprendre l'Empire, paru en 2011, se présentent généralement sous la forme d'une succession de textes brefs qui épuisent en quelque sorte leur sujet à la manière du boxeur enchaînant les directs, les crochets et les uppercuts pour mettre KO son adversaire. La spécificité de ces Chroniques d'avant-guerre n'est donc pas à proprement parler la forme mais plutôt la composition générale. Là où des ouvrages comme Sociologie du dragueur ou Comprendre l'Empire (qui de l'aveu de l'auteur aurait pu s'intituler Sociologie de la domination) rassemblent les textes courts dont ils sont composés dans une progression logique en sept ou huit parties, les Chroniques d'avant-guerre progressent, elles, au fil de l'actualité des deux années et quelques mois de collaboration d'Alain Soral à Flash. Si l'impression de cohérence est moindre que dans Comprendre l'Empire, on prend un réel plaisir à revivre les événements grands ou petits de cette période. Le fait d'être parfois en désaccord avec l'auteur sur telle analyse de circonstance ou de ne pas épouser tous ses goûts et dégoûts ne nuit en rien à ce plaisir. Alain Soral a d'ailleurs lui-même l'honnêteté de montrer ses propres évolutions sur des sujets comme les printemps arabes ou sur des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon ou Éric Zemmour. Sur ce dernier, nous appelons pour notre part de nos vœux une réconciliation entre les deux talentueux essayistes et polémistes. Sur le fond, et au-delà du cas particulier des Chroniques davant-guerre, le principal intérêt de la lecture d'Alain Soral réside dans sa capacité à produire des axes à la fois politiques et stratégiques toujours cohérents, souvent audacieux, à travers lesquels il va pouvoir donner une intelligibilité aux événements.
    Gauche et droite
    Le premier de ces axes est bien résumé par le slogan de son association Égalité et Réconciliation : « gauche du travail, droite des valeurs ». À la manière de Christopher Lasch, de Jean-Claude Michéa, et à la suite de son maître en marxisme Michel Clousclard, Soral dénonce la collusion entre les libéraux et les libertaires, entre la droite et la gauche du capital comme dirait cet autre marxiste original qu'est Francis Cousin ; la gauche sociétale, soixante-huitarde, en fait libérale, ne faisant que s'acharner à détruire les reliquats de la société pré-capitaliste (« mettre une claque à sa grand-mère » selon l'expression de Marx) au nom d'un progressisme qu'elle partage avec la droite libérale, la droite des affaires, la droite du commerce ; la fonction objective de cette gauche étant de briser les moyens de résister au système que sont les solidarités traditionnelles comme la famille, la communauté, la nation. L'acharnement actuel du PS et des Verts à liquider le mariage civil en est une bonne illustration. Face à cette alliance des deux rives du libéralisme, Soral appelle à une unité militante de la gauche réellement sociale et de la droite contre-révolutionnaire. De Marx à Maurras en quelque sorte. Rappelons au passage que ce dernier écrivait qu'« un socialisme libéré de ses éléments démocratiques et cosmopolites peut aller au nationalisme comme un gant bien fait à une belle main ». Le second axe soralien est une ligne de crête un peu comparable à celle sur laquelle s'était installé Maurras entre 1940 et 1944 quand il critiquait à la fois le camp des "Ya" et le camp des "Yes". Elle consiste aujourd'hui à dénoncer la politique d'immigration voulue par le patronat et les libéraux de gauche comme de droite, autant d'un point de vue marxiste (l'armée de réserve du capital, la pression à la baisse sur les salaires, la destruction de l'esprit de solidarité et de lutte du prolétariat autochtone) que du point de vue de la défense de l'identité nationale, tout en refusant absolument toute forme d'islamophobie, et même en tendant la main aux musulmans. La thèse de Soral et de son mouvement est la suivante : il y a beaucoup de musulmans en France, une bonne partie d'entre eux a la nationalité française. Il est dans l'intérêt des Français de souche de s'entendre avec la partie la plus saine de cette population. Pour cela, il faut combattre énergiquement tout ce qui peut s'opposer à cette réconciliation : l'islamophobie laïciste de la gauche, l'islamophobie xénophobe de la droite, la poursuite de la politique immigrationniste, principale pourvoyeuse du racisme que ses propres promoteurs prétendent hypocritement combattre, la repentance coloniale permanente, qui entretient la haine entre les communautés et qu'il faudrait remplacer par une valorisation de notre histoire commune, les tentatives de puissances étrangères de financer ou de manipuler la population musulmane de France, le refus par la République de reconnaître la dimension catholique traditionnelle de la civilisation française, préalable pourtant indispensable à une discussion sur la place de l'islam en France.
    Un troisième axe est actuellement développé par Alain Soral qui n'est pas sans rapport avec le précédent. Il s'agit cette fois d'une synthèse entre Marx et l'école traditionaliste de René Guenon et Julius Evola. Sensible aux convergences entre son analyse marxiste de l'économie, en particulier de la crise financière que nous traversons, et les analyses de l'école traditionaliste comme de certains maîtres spirituels musulmans contemporains, Soral semble orienter sa réflexion vers une lecture plus spiritualiste, voire plus eschatologique des événements.
    Conspirationnisme
    Cette veine plus récente dans son œuvre, mais qui est associée à un souci chez lui beaucoup plus ancien de toujours chercher à débusquer les hommes et les intérêts derrière les idées, souci en lui-même très utile du point de vue méthodologique, peut parfois le conduire à s'intéresser à une lecture conspirationniste de l'Histoire, illustrée il est vrai par des personnalités éminentes, mais sur laquelle nous avons pour notre part quelques réserves. Cela dit, comme l'écrivait Balzac : « Tout pouvoir est une conspiration permanente. » Il faudrait en effet être bien naïf pour imaginer que le monde fonctionne sur le seul mode du pilotage automatique ! Les analyses développées par Soral mais aussi par Michel Drac ou Aymeric Chauprade sur les stratégies conduites au niveau de l'État profond américain par les conseillers du Prince, néo-conservateurs ou autres, qui gravitent dans les sphères dirigeantes de l'Empire, sont d'ailleurs du plus grand intérêt pour comprendre la géopolitique du monde contemporain.
    Pour finir, nous ne pouvons qu'encourager nos lecteurs, quelles que soient leurs réticences à l'égard de l'un ou l'autre des axes de la pensée soralienne, que nous avons tenté de résumer brièvement, à se faire une idée par eux-mêmes en lisant ces textes qui présentent une forme toujours attrayante et une réflexion toujours stimulante. Ils y goûteront un climat intellectuel qui n'est pas sans rappeler celui des premiers années de l'Action française.
    Stéphane Blanchonnet www.a-rebours.fr Action Française 2000 février 2013
    ✓ Alain Soral, Chroniques d'avant-guerre, éd. Blanche, 280 p., 16 €.

  • Bernard Lugan - Mythes et manipulations de l’histoire africaine

    L’indispensable outil de réfutation des mythes 
    qui alimentent la repentance
    28€
    Depuis un quart de siècle les connaissances que nous avons du passé de l’Afrique et de l’histoire coloniale ont fait de tels progrès que la plupart des dogmes sur lesquels reposait la culture dominante ont été renversés.
    Cependant, le monde médiatique et la classe politique demeurent enfermés dans leurs certitudes d’hier et dans un état des connaissances obsolète : postulat de la richesse de l’Europe fondée sur l’exploitation de ses colonies ; idée que la France devrait des réparations à l’Algérie alors qu’elle s’y est ruinée durant 130 ans ; affirmation de la seule culpabilité européenne dans le domaine de la traite des Noirs quand la réalité est qu’une partie de l’Afrique a vendu l’autre aux traitants ; croyance selon laquelle, en Afrique du Sud, les Noirs sont partout chez eux alors que, sur 1/3 du pays, les Blancs ont l’antériorité de la présence ; manipulation concernant le prétendu massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 etc.
    Le but de ce livre enrichi de nombreuses cartes en couleur, est de rendre accessible au plus large public le résultat de ces travaux universitaires novateurs qui réduisent à néant les 15 principaux mythes et mensonges qui nourrissent l’idéologie de la repentance.
    Source : Bernard Lugan
    http://alter-natife.blogspot.fr

  • La France, une nouvelle Athènes ? (archive 1998)

    Lors d'un récent colloque organisé à Paris par l'association Nation et Humanisme, Jean-Marie Le Pen a disserté sur les valeurs humanistes classiques à la base de notre identité nationale. Extraits.
    La question posée ici n'est pas nouvelle puisqu'elle remonte à Charlemagne. En effet, une chronique du Moyen-Âge raconte que le moine Alcuin, conseiller de Charlemagne pour les cultes et pour l'éducation, aurait ainsi interpellé son souverain : « Majesté, si vous le voulez, vous pourrez faire de la Francie une nouvelle Athènes, et sans doute plus belle que l'ancienne, car elle sera chrétienne ! »
    Toutefois, Alcuin aurait pu prendre Rome pour modèle. Il ne l'a pas fait sciemment, pour une raison de haute politique franque. À l'époque, l'empire franc est en rivalité directe avec Byzance, capitale de ce qui reste alors de l'Empire Romain.
    Acte fondateur
    Charlemagne va réagir contre cette prétention impériale, fera alliance avec le Pape à Rome afin d'être couronné lui aussi Empereur. Cet acte de Charlemagne, ne pas se soumettre à l'Empereur Romain, fut-il situé à Byzance, est un acte fondateur de la politique française éternelle. Être Français, ce sera toujours un acte de résistance contre la prétention d'un Empire se voulant politiquement universel ! C'est le Saint Empire Romain Germanique, issu aussi des fils de Charlemagne, qui Jouera ce rôle menaçant jusqu'à sa dissolution par Napoléon, l'empereur français !
    Charlemagne face à Byzance, Louis XIV face à l'empereur germanique, Napoléon face à ce même Empire conduit par l'Autriche, telle est la continuité de notre histoire. Les deux dernières guerres mondiales également se caractérisèrent par la résistance française à la tentative du nouvel empire allemand constitué par Bismarck pour assurer sa domination sur le continent européen ! La France est une nation qui a dû toujours combattre des empires, et je ne voudrais pas oublier l'Empire britannique au siècle dernier, ni l'Empire espagnol au temps de Charles Quint. L'Allemagne n'a pas eu le monopole de la prétention politique impériale.
    Donc, Alcuin propose à Charlemagne Athènes, et non Rome, comme modèle pour deux raisons :
    Première raison : il s'agit de s'opposer à Byzance, héritière politique de Rome. En quelque sorte, le flambeau de Vercingétorix va être repris par les Carolingiens !
    Deuxième raison : Athènes dans l'Antiquité reste le symbole de la plus haute culture humaniste. À Rome même, Cicéron, l'homme à qui l'on doit l'expression « humanitas », « les humanités », pour désigner la culture classique, considérait Athènes comme la capitale culturelle de l'Empire. L'aristocratie romaine envoyait ses bons élèves étudier la philosophie à Athènes, la rhétorique à Rhodes et le droit à Beyrouth, à l'époque, 3 villes de langue et de culture grecques !
    Il est bien vrai que la vocation éternelle de la France, outre la résistance à l'empire pour maintenir la souveraineté de la Nation, c'est aussi la promotion de la plus haute culture humaniste.
    L'humanisme, vertu française
    Au 13e siècle, Paris possède la plus vieille université d'Europe et la plus importante, devant Bologne en Italie et Oxford en Angleterre, cette dernière née d'une scission de l'université parisienne d'ailleurs.
    Pendant tout le Moyen-Âge, nos rois vont croire au mythe de leur origine troyenne. On racontait que Francion, un descendant de Priam, avait fondé la tribu des Francs après la destruction de Troie et s'était réfugié en Germanie avant de venir en Gaule.
    C'est le Saint Empire Romain Germanique qui adopte l'aigle romain. Pour se démarquer, les souverains et les clercs français évoqueront souvent la mémoire d'Athènes. Louis XIV recourt largement à la mythologie grecque pour sculpter sa propre image : tout le château de Versailles est un hymne à Apollon, à tel point que, parait-il, cela finissait par agacer Bossuet. Le « Roi Soleil » était un symbole emprunté à Philippe II et à Alexandre le Grand !
    Avec la Révolution Français, la mode est plutôt à l'austérité romaine. Mais il y a des exceptions. Camille Desmoulins, voyant au Carrefour de l'Odéon des citoyens en grande discussion politique dans la rue, s'exclame : « Ce sont des Athéniens ! »
    Napoléon, évidemment, voudra incarner la renaissance de Rome avec l'empire français et adopte l'aigle pour emblème. Mais c'est de courte durée. Le 19e siècle français, tout en constituant un immense empire colonial au-delà des mers, comme Athènes l'avait d'ailleurs fait sous Périclès avec « la ligue de Délos », se veut national. Or, Athènes préfigure la Nation alors que Rome est un empire.
    Athènes incarne dès lors dans notre tradition française un double modèle : un modèle politique et un modèle culturel.
    Politiquement, Athènes est la démocratie par excellence, la ville qui a résisté aux tyrans de la dynastie de Pisistrate. Athènes est le symbole de la liberté. Par ailleurs, et tout est lié, Athènes est le symbole de la résistance nationale face à l'empire perse, puis face au royaume de Macédoine.
    Juste mesure
    Charles Maurras lui-même, tout royaliste qu'il est, prend également Athènes pour modèle. Mais, après tout, si Athènes était une république, elle a toujours compté dans ses rangs des amoureux de la monarchie, minoritaires mais de talent, Platon étant l'exemple le plus célèbre !
    On sait que le classicisme français, celui de Boileau, de Corneille, de Racine et de Molière, fut toujours attaché à la notion toute grecque de la juste mesure. Pour les Grecs, l'excès était une caractéristique des Barbares. Cela reste vrai aujourd'hui. Qu'en est-il de cet héritage athénien dans la France d'aujourd'hui ? Le Front National peut-il, doit-il le reprendre à son compte ?
    « Du passé, faisons table rase », tel est l'une des paroles les plus célèbres de l'hymne communiste mondial « L'internationale ». C'est logique, car la nation c'est notamment un héritage, donc un passé, à assumer et à faire fructifier pour l'avenir. Les internationalistes antinationaux ne veulent plus du passé, ou alors, ils tolèrent un passé tronqué.
    La France, pour eux, n'existe pas avant la déclaration des droits de l'homme. Quelles que soient les bonnes choses que contient cette déclaration qui fait partie désormais de nos textes constitutionnels, et il y en a, - la défense des libertés, de la sûreté, de la propriété, la résistance à l'oppression sont nôtres ! - quelles que soient ces bonnes choses, disais-je, il est absurde de rayer d'un trait de plume l'histoire de France de Clovis jusqu'à 1789 avec ses héros Du Guesclin et même des saints comme Jeanne d'Arc ! Pour les marxistes, mais aussi à présent pour les représentants de la fausse droite tel Toubon, la France commence paraît-il avec la Révolution !
    On ne retient de notre histoire que les périodes où les Français se déchirent entre eux : la Révolution et la seconde guerre mondiale. N'est-ce pas parce que l'on a secrètement le projet de diviser encore à nouveau les Français, de rejeter les patriotes de la République en les diffamant sous les noms de racistes et de xénophobes, comme l'a fait récemment, ignoblement, le Président de la République française lui-même, Jacques Chirac ?
    En fait, la droite a capitulé, là comme ailleurs, devant les grands prêtres de la gauche. Sartre a dit qu'il ne fallait plus enseigner Rome aux enfants. Car, qu'est-ce que Rome, disait-il, sinon les fascistes de l'Antiquité ? Quant aux Grecs, c'était pire encore, car ils ne se mêlaient pas aux barbares et pratiquaient une sorte de ségrégation : des racistes avant la lettre en somme ! Jean-Paul Sartre est mort, mais son programme éducatif demeure au pouvoir !
    Les Grecs étaient patriotes, comme Yvan Blot le rappelle dans son livre « La politique selon Aristote » (1). Le grand philosophe de Stagire, qui fonda à Athènes l'école du «Lycée», a eu cette formule célèbre : « La cité fait partie des choses naturelles et l'homme est par nature un animal politique. Celui qui est sans patrie est, soit un être dégradé, soit un être au-dessus des normes humaines. Il est comme celui qui est injurié par Homère, sans lignage, sans loi et sans foyer ».
    La politique d'Aristote dépend de son éthique et l'éthique aristotélicienne dépend avant tout des bonnes habitudes, car elle dépend en partie de la partie irrationnelle de l'âme, qui fournit l'énergie nécessaire à l'action. C'est l'habitude et non le sermon qui rend l'homme bon moralement. On peut en effet comprendre ce qu'est le bien sans avoir envie de le pratiquer. C'est pourquoi un bon sermon doit s'adresser aux trois parties de l'âme, la partie rationnelle, la partie sentimentale et la partie instinctive comme l'exige Cicéron : « docere, movere, delectare »: enseigner, émouvoir, et faire plaisir. Aussi chez le Platon tardif, auteur du livre « Les Lois » comme chez Aristote, les bonnes lois donnent de bonnes habitudes, d'où le rôle essentiel des législateurs.
    Tout ceci reste vrai aujourd'hui !
    Convergences
    C'est l'éducation, l'usage et les lois qui doivent unifier la société, selon Aristote et non le communisme des biens. Le programme du Front National retrouve les idées de nos grands ancêtres grecs, ceux de la glorieuse époque classique des 5e et 4e siècles avant notre ère.
    Certes, les Athéniens ne sont pas nos ancêtres par le sang, car les Grecs n'habitaient pas la France à l'exception notable des cités de Massalia (Marseille) et de Nikaia (Nice), par exemple.
    Mais ils sont nos ancêtres par l'esprit, en ayant inventé la science, la philosophie, la médecine, les genres littéraires que nous utilisons, la politique avec les catégories que nous utilisons : monarchie, aristocratie, démocratie, démagogie. L'art français des origines jusqu'au début du 20e siècle leur doit aussi une dette immense.
    Je voudrais donc souligner quelques points de convergence entre les institutions de l'ancienne Athènes et notre programme politique.
    Parlons de l'économie : notre programme veut réduire les impôts. À Athènes, l'impôt direct n'existait pas. Il était considéré comme tyrannique et ne frappait que les étrangers. Il y avait, en effet, une taxe de séjour mensuelle, le Metoïkon réservée aux «métèques» comme son nom l'indique, c'est-à-dire aux étrangers résidants. Le mot chez les Grecs n'avait aucune connotation péjorative ! L'important c'est que notre programme contre le fiscalisme soit tout à fait dans la ligne de l'Athènes classique.
    Parlons de l'éducation : nous voulons redonner à l'humanisme, fondement de la culture générale, sa vraie place. Or cette éducation humaniste fut créée par les Grecs et transmise par Rome à notre pays.
    Du point de vue des institutions, Athènes a connu des conflits entre deux conceptions : ceux qui voulaient une république oligarchique, dans les mains de quelques-uns, et ceux qui voulaient une république démocratique donnant réellement la parole au peuple ! On assiste au même débat aujourd'hui. Nos adversaires veulent une république sans le peuple, une république oligarchique sans référendum et avec des lois-électorales truquées !
    La conception d'une république démocratique est la nôtre.
    À vrai dire, l'idéal humain des Grecs, celui du Kaloskagathos (de l'homme à la fois noble et beau d'une part, excellent dans tout ce qu'il fait d'autre part) les portaient plus à insister sur les devoirs que sur les droits. « Noblesse Oblige ». Or, la cité démocratique grecque a étendu l'éthique aristocratique jusqu'au plus modeste des citoyens.
    De plus, les Grecs avaient profondément réfléchi sur la nature de l'homme. On connaît la fameuse formule reprise par Socrate : connais-toi toi-même. Cette maxime était inscrite sur le temple d'Apollon à Delphes.
    Mais pour les Grecs, les devoirs avaient leur contrepartie dans les droits. Hérodote explique dans son «Histoire» que c'est même cela qui fait la différence essentielle entre les Grecs et les Barbares. Les uns sont libres. Les autres sont les esclaves du « Grand Roi ».
    Les Grecs ont inventé la préférence nationale !
    Les Grecs ont aussi inventé la préférence nationale ! C'est ce même Périclès, chef du parti démocratique qui durcit le code de la nationalité des Athéniens. Désormais, il fallait que les 2 parents soient athéniens pour que les enfants héritent automatiquement de la nationalité athénienne. Il n'y avait pas de « droit du sol » et on reprochait aux tyrans de naturaliser des étrangers pour submerger le peuple comme ce fut tenté à Syracuse.
    Aristote, athénien d'adoption, fit même la théorie de cette préférence nationale. En effet, la fraternité grecque, la «Philia» est une bienveillance hiérarchisée. C'est une vertu de concorde, une sorte d'amitié, la philia qui unit les citoyens entre eux.
    Mais, cette bienveillance elle-même, obéit à des lois. Il est naturel qu'elle s'exerce en priorité au sein de la famille, puis à l'égard des amis, puis des compatriotes. Selon Aristote : « Il est clair qu'il vaut mieux passer la journée avec des amis et des personnes excellentes qu'avec des étrangers et des premiers venus ».
    Ne pas hiérarchiser la bienveillance est contre-nature, relève d'une laideur morale va jusqu'à dire le philosophe ! On peut donc bien conclure que la fraternité grecque est une bienveillance hiérarchisée, conforme à l'ordre naturel.
    Aristote a écrit aussi sur l'immigration des paroles que nous ne renions pas : « Est aussi facteur de guerre civile, l'absence de communauté ethnique tant que les citoyens n'en sont pas arrivés à respirer d'un même souffle.
    Car de même qu'une cité ne se forme pas à partir d'une masse de gens pris au hasard, de même ne se forme-t-elle pas dans n'importe quel espace de temps. C'est pourquoi parmi ceux qui ont, jusqu'à présent, accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux ou pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles ».
    Une cité doit donc être homogène dès lors qu'elle repose sur la liberté des citoyens. Seules, les tyrannies, comme les empires d'Orient ou d'Egypte peuvent se permettre d'avoir des peuples hétérogènes sous leur autorité.
    Enfin, les Grecs furent les défenseurs de l'Indépendance Nationale, d'abord contre les barbares perses (bataille de Marathon, de Salamine, de Platée) et contre les barbares carthaginois en Sicile (victoire d'Himère) mais aussi contre les rois de Macédoine qui prétendaient fusionner les Grecs dans un grand état fédéral.
    Défendre la patrie
    Cela vous rappelle quelque chose ? A l'heure où l'on veut dissoudre la France dans une Europe fédéraliste et soumise aux États-Unis, où l'on veut dissoudre le Franc dans l'Euro, nous trouvons un modèle de résistance, qui fut d'ailleurs cité par Clémenceau en 1914-18, celui du grand orateur athénien Démosthène.
    « Défendre la patrie, si l'on estime que cela exigera beaucoup d'argent, beaucoup d'effort et de travail, rien de plus juste (...).
    L'honneur de défendre sa patrie et sa liberté, quoi de plus actuel ? »
    La volonté de défendre la France qui inspire le Front National se situe donc bien dans la ligne de la tradition de l'humanisme classique, telle que Démosthène l'a incarnée avec tant de talents.
    Vive la démocratie, mot grec, bien entendu.
    Vive la nation, mot latin qui appartient aussi à la tradition classique.
    Vive la France qui a repris cette tradition des peuples classiques pour la faire briller avec nos grands tragiques Corneille, Racine, nos grands rois, François 1er ou Louis XIV, nos grands généraux, dignes des anciens stratèges, notre empereur Napoléon digne d'Alexandre !
    Quant à moi, je resterai fidèle aux leçons d'Homère, et je vais pour conclure vous compter un passage de l'Odyssée. Fils de marin, comment ne serais-je pas sensible au personnage d'Ulysse ?
    Au chant 5e de l'Odyssée, la nymphe Calypso révèle au dieu Hermès, le dieu des voyageurs, la promesse qu'elle a faite à Ulysse pour le garder près d'elle :
    « Quand les vagues et la tempête le jetèrent sur les bords de mon île, c'est moi qui l'accueillis, le nourris, lui promit de le rendre immortel et jeune à tout jamais ». Et se tournant vers Ulysse, elle lui dit : « C'est donc vrai qu'au logis, au pays de tes pères, tu penses à présent t'en aller, tout de suite ? Alors adieu ! Mais si tu pouvais savoir les malheurs qui t'attendent avant ton arrivée dans ta patrie, tu préférerais rester chez moi et devenir un dieu ».
    Ulysse répondit à Calypso la tentatrice : « Je sais tout cela ! Pénélope ma femme n'est qu'une mortelle alors que toi ne connaîtras ni la vieillesse ni la mort ! Et pourtant le seul vœu que je fasse est de rentrer là-bas, de voir en ma patrie la journée du retour (...) 

    Je tiendrai bon ! J'ai toujours ce cœur endurant qui supporte tous les maux. J'ai tant souffert, sur les flots, à la guerre ! S'il faut de nouvelles épreuves, qu'elles m'adviennent ! »
    Et plus tard devant le roi Alkinoos, Ulysse déclare avec passion : « Ma patrie, mon Ithaque n'est que rochers, mais elle nourrit les hommes de belle allure : cette terre ! Il n'est rien à mes yeux de plus doux ! Calypso m'enferma et voulut m'avoir pour époux ! Jamais mon cœur n'a pu y consentir. Car rien n'est plus doux que les parents et la patrie. Dans l'exil, loin des parents, parmi les étrangers, à quoi bon la richesse ? »
    Ce patriotisme d'Ulysse, il s'est retrouvé tout au long de l'histoire de France. C'est parce que nos ancêtres ont chéri la France et ont combattu pour elle que celle-ci existe encore ! Nous voulons une France encore plus belle à l'avenir, digne du titre de « Nouvelle Athènes » que le moine Alcuin lui donna à l'adresse de Charlemagne ! Que la France soit une nouvelle Athènes, un nouveau berceau de l'humanisme classique rayonnant sur le monde, tel est aussi notre projet, notre projet à la fois humaniste et national !
    Jean-Marie Le Pen Français d'Abord! juin 1998
    (1) Y. Blot - La Politique selon Aristote

  • Bonne route, Votre Sainteté !

    Le pape se rétracte¹, mais reste élu de l'Esprit Saint jusqu'au bout. S'il peut laisser à d'autres les inconvénients écrasants de la fonction séculière, nul ne peut se démettre d'une dignité in eternam telle que pontifex, celui qui forme pont entre les hommes et Dieu. Du souverain pontife il reste le pontife. Cette situation inédite dans les temps modernes d'un pape, volontairement reclus dans sa dignité spirituelle, priant en silence pour un pape en pleine charge de ses pouvoirs au balcon de la place Saint-Pierre, en étonne plus d'un dans l'Eglise romaine. Une jurisprudence se crée sous nos yeux jusqu'au 1er mars. Les exégètes autorisés livrent d'abondance motifs et circonstances, nous en retiendrons pour notre part la solitude, générée peut-être par la timidité, et l'incompréhension contingente des ouailles qui veulent du "neuf" au supermarché de la Foi et ne renvoyaient pas d'écho. Ce pape d'une grande hauteur de vue et d'une perception théologique insondable est inadapté aux évolutions à la mode qui ne sont pour lui que des sursauts d'orgueil de prélats en attente, de théologiens réformistes, d'agitateurs en conférences, soutenus par des médias largement hostiles à maintenir la maison sur ses fondations. C'est un patriarche qu'il faut lire plus qu'écouter, c'est un secondaire déstabilisé par les questions à brûle-pourpoint. Son projet était de ramasser l'Eglise d'Europe "en petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants agiraient selon leur foi, ainsi se perpétuerait-elle. C’est précisément ainsi qu’elle redeviendrait le sel de la terre". Durcir et non étendre, approfondir soi-même, convertir à l'excellence, tout l'opposé du mouvement du monde qui marche au Nombre.

    Après l'homélie du conclave (publiée sur Royal-Artillerie le 19 avril 2005), nous éliminions alors le pronostic d'un pape cool : Que ceux qui réclament l'aggiornamento, croyant quelque part conquérir les âmes en quantités, regardent bien le fond des choses. C'est des âmes qu'il s'agit, pas des ventres ! Si l'écoute et l'humanitaire sont les seules vertus qui vaillent dans ce bas monde, qu'ils décampent et créent alors Evêques-Sans-Frontières où ils pourront à loisir faire le bien en pleine concurrence avec toutes les sectes humanitaires qui mangent sur la misère et quelques structures de purs et de fous de l'Homme avec lesquels vite ils se disputeront. Mais qu'ils laissent l'Eglise à son orthodoxie, sauf à la vouloir périe !

    Nous voyons la presse aujourd'hui en faire des tonnes sur les prétendues ratées du pontificat de Benoît XVI et lister des soi-disant bévues comme le discours de Ratisbonne recadrant l'islam historique entre violence et raison, le doute émis à haute voix sur l'efficacité de la promotion du préservatif dans le combat contre le sida en Afrique (doute dont les Africains l'ont remercié de ne pas être pris pour des animaux en rut), l'explosion des affaires de pédophilie alors que cette mise au jour procédait de sa politique de nettoyage de la "pourriture de l'Eglise" qu'il avait dénoncée dans l'homélie du pallium.
    Sans parler des insultes récurrentes des organes réputés satiriques et minables, la presse audio-visuelle, pour des raisons banalement anticléricales, a généralement cherché à entraver la politique de Benoît XVI qui n'était pas assez spectaculaire pour elle, jusqu'à user de sa germanité contre lui, en diminuant systématiquement la portée de ses décisions, les rapetissant à des affaires de sexe. Elle n'attendait que le mariage des prêtres ou l'ordination des femmes. La presse écrite fut plus honnête mais moins entendue. Les catholiques qui se répandent dans les micro-trottoir ne comprennent rien, qui veulent un pontife sociétal dirigeant une ONG mondiale vouée à servir la soupe aux miséreux !

    Dans les armes pontificales provenant de la goupille de Munich & Freising, Benoît XVI avait choisi la coquille de saint Augustin. Méditant sur le mystère de la Sainte Trinité, la légende dit qu’il vit un enfant sur la plage jouer avec un coquillage, à l’aide duquel il essayait de puiser l’eau de la mer pour emplir un trou de sable : « il est plus difficile à ton intelligence de saisir le mystère de Dieu que de transvaser toute la mer dans ce petit trou ». Entre les scandales de la Curie, l'administration des « lobbies » qui profitent de sa moindre vigueur, le harcèlement de lourdes obligations fonctionnelles, il en a conclu que sa coquille était bien trop petite pour l'oeuvre qui lui restait à accomplir. Nul doute qu'il sortira de cette innovation un beau roman de Jean Raspail, lui qui a commis l'Anneau du Pêcheur autour de "Benoît".

    Joseph Ratzinger était un phare dans la tempête du monde. Le monde n'en voulut pas voir l'éclat mais ne s'est inquiété que du battage des vagues à son enrochement.
    Ce monde le méritait-il ?
    http://royalartillerie.blogspot.fr/
    (1) Benoît XVI exerce ses pouvoirs et se rétracte en vertu des canons 331, 332 et 333 du CODEX IURIS CANONICI 1983 qui disposent au Livre II que... :
    Canon 331
    – L’Évêque de l’Église de Rome, en qui demeure la charge que le Seigneur a donnée d’une manière singulière à Pierre, premier des Apôtres, et qui doit être transmise à ses successeurs, est le chef du Collège des Évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église tout entière sur cette terre ; c’est pourquoi il possède dans l’Église, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu’il peut toujours exercer librement.
    Canon 332
    §1.- Le Pontife Romain obtient le pouvoir plénier et suprême dans l’Église par l’élection légitime acceptée par lui, conjointement à la consécration épiscopale. C’est pourquoi, l’élu au pontificat suprême revêtu du caractère épiscopal obtient ce pouvoir dès le moment de son acceptation. Et si l’élu n’a pas le caractère épiscopal, il sera ordonné aussitôt Évêque.
    §2.- S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit.
    Canon 333
    §1.- En vertu de sa charge, non seulement le Pontife Romain possède le pouvoir sur l’Église tout entière, mais il obtient aussi sur toutes les Églises particulières et leurs regroupements la primauté du pouvoir ordinaire par laquelle est à la fois affermi et garanti le pouvoir propre ordinaire et immédiat que les Évêques possèdent sur les Églises particulières confiées à leur soin.
    §2.- Dans l’exercice da sa charge de Pasteur Suprême de l’Église, le Pontife Romain est toujours en lien de communion avec les autres Évêques ainsi qu’avec l’Église tout entière ; il a cependant la droit, selon les besoins de l’Église, de déterminer la façon personnelle ou collégiale d’exercer cette charge.
    §3.- Contre une sentence ou un décret du Pontife Romain, il n’y a ni appel ni recours.

  • Vincent Peillon ou le concept de la neutralité partisane

    Le 4 janvier 2013, les recteurs de France recevaient un courrier du ministre Vincent Peillon les enjoignant à « la plus grande vigilance à l’égard des conditions du débat légitime qui entoure le Mariage pour Tous dans le cadre du projet de loi prochainement soumis au Parlement ». Quoi de plus sage en effet que de permettre les « meilleures conditions » d’un « débat légitime » concernant le projet de loi sur le "Mariage pour Tous" ? 

    Neutralité ?

    Mais la surprenante suite du courrier semblait renier aussitôt cet appel à la neutralité nécessaire à un juste débat, puisqu’on pouvait y lire que le Ministre souhaite que « vous accompagniez et favorisiez les interventions en milieu scolaire des associations qui luttent contre les préjugés homophobes ».

    Pis encore, M. Peillon invite les recteurs à « relayer avec la plus grande énergie (souligné par nous) la campagne de communication relative à la “Ligne Azur”, ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur identité sexuelle » !

    Ligne Azu

    Penchons-nous dès lors sur cette fameuse « Ligne Azur » :

    Créé en 1997, Ligne Azur est à la fois un service d’écoute et un site Internet qui informent et soutiennent toute personne (jeune ou adulte) qui se pose des questions sur son attirance et/ou ses pratiques sexuelle avec une personne du même sexe. Qu’elles se définissent, ou pas, comme homo -, bi - ou hétérosexuelle, certaines personnes n’ont pas la possibilité d’échanger librement et en toute confiance sur les difficultés qu’elles rencontrent ou pourraient rencontrer dans le cadre de leurs relations affectives et sexuelles (santé sexuelle).

    Certes, les plus progressistes d’entre nous n’y verront peut-être pas à redire, mais est-ce le rôle de l’école de promouvoir un lieu d’écoute des préférences sexuelles de nos enfants, si ce n’est un lieu de promotion des pratiques sexuelles minoritaires voire déviantes comme le démontre cette campagne 2012 :

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Vincent-Peillon-ou-le-concept-de-la-neutralite-partisane-16393.html

    Alternative ?

    Finissons sur une note optimiste, puisqu’il ne nous reste que cela, et rappelons que si l’enseignement est obligatoire jusqu’à 16 ans, l’école ne l’est pas. Il vous reste donc toujours la possibilité d’éduquer votre enfant chez vous, à l’abri de tout cela !

    Lettre in extenso de M. le Ministre Vincent Peillon :

    Pour aller plus loin avec Kontre Kulture :