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culture et histoire - Page 807

  • La Syrie et le retour de la Russie, de Randa Kassis

    Parfaite francophone, Randa Kassis est une femme politique franco-syrienne, cultivée et compétente. Elle a été membre du Conseil national syrien, un organisme qui a été lancé en Turquie, en octobre 2011, pour coordonner les opérations contre Bachar el-Assad. Elle a été exclue de cette organisation, en août 2012, car elle dénonçait la montée en puissance des groupes islamiques en son sein. Elle a été, ensuite, coprésidente de la délégation de l’opposition laïque et démocratique syrienne aux pourparlers qui se sont tenus à Astana, la capitale du Kazakhstan. Elle préside, actuellement, la conférence de Sotchi, une réunion essentielle où le futur de son pays est en train de se jouer. Elle a co-écrit, en 2015, un livre sur le chaos Syrien en collaboration avec Alexandre del Valle, spécialiste de l’islamisme que les lecteurs de Boulevard Voltaire connaissent bien.

    Mme Kassis est placée au cœur du chaos syrien et son analyse est précieuse. Elle explique les conséquences de l’intervention russe en Syrie : même si cette dernière a été limitée, elle a permis au pouvoir syrien de l’emporter sur les islamistes, d’autant plus que l’Iran et le Hezbollah ont fourni au président Assad des troupes aguerries. Mme Kassis fait, ensuite, le tour du Proche et du Moyen-Orient pour nous montrer les dessous des cartes. Elle nous parle, notamment, de la situation en Turquie et évoque la réconciliation de ce pays avec la Russie. Elle décrit les déboires de la monarchie saoudienne qui a multiplié les fronts militaires et s’enlise dans des conflits interminables. L’auteur évoque, aussi, le problème de l’islamisme dans les anciennes républiques soviétiques et en Tchétchénie et s’étonne que l’Occident, contrairement à la Russie, n’ait pas compris la nature de la rébellion syrienne et ait si longtemps soutenu des groupuscules islamiques qui vomissent pourtant les États-Unis et l’Europe.

    Randa Kassis place beaucoup d’espoir en Vladimir Poutine, dans le processus d’Astana, dans les rencontres de Sotchi qui ont suivi et dans le travail que le groupe qu’elle préside a accompli. En principe, quand les islamistes seront vaincus et que la paix sera revenue en Syrie, on mettra en place une constitution démocratique ; le peuple de l’ancien mandat français décidera alors, par un vote libre, de son avenir. La Russie, en effet, ne soutient pas à tout prix Assad. Elle souhaite simplement qu’il aille jusqu’au bout de son mandat en 2021. Elle semble lui préférer le héros de la reconquête, le général alaouite Souheil al-Hassan. Mais Assad se laissera-t-il marginaliser et écarter du pouvoir ? Rien n’est moins sûr, surtout qu’il dispose du soutien de l’Iran et du Hezbollah. Néanmoins, que Mme Kassis, dont le livre prouve la hauteur de vue et la compétence, joue un rôle dans le gouvernement futur de la Syrie serait une bonne chose et ses lecteurs, que j’espère nombreux, ne peuvent que le souhaiter.

    Christian de Moliner

    http://www.bvoltaire.fr/la-syrie-et-le-retour-de-la-russie-de-randa-kassis/

  • Mathieu Bock-Côté : « L'occupation touristique planétaire est une dépossession »

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    Le Mont Saint-Michel rongé par les masses de touristes

    Mathieu Bock-Côté s'alarme des méfaits du tourisme de masse qui produit une véritable dénaturation tant du voyage lui-même que des villes et des pays visités, en réalité à la manière d'un flot invasif. [Le Figaro, 10.08]. Peut-on « espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé. » Force est de constater que nous n'en prenons pas le chemin. Il faudrait, nous semble-t-il, que l'ensemble de l'édifice social se recivilise après s'être démocratisé...  LFAR

    D'une année à l'autre, la belle saison confirme le statut de la France comme première destination touristique mondiale. On a d'abord tendance à s'en réjouir : n'est-ce pas le plus beau compliment que le monde puisse lui adresser ? On se rue vers elle pour admirer l'incroyable travail des siècles sur un territoire modelé par l'homme, qui a su à la fois fonder villes et villages, élever des cathédrales et dessiner des paysages. Si l'Amérique fascine spontanément qui veut contempler la nature sauvage et les grands espaces, l'Europe attire ceux qui s'émeuvent à bon droit de l'empreinte humaine sur la planète. S'ajoutent à cela des considérations prosaïques élémentaires : le tourisme est une industrie extrêmement lucrative. Qui serait assez bête pour se désoler de son expansion et des milliards qui l'accompagnent ?

    295210242.jpgMais on se désenvoûte assez rapidement de ce beau récit pour peu qu'on pense le tourisme de masse non plus seulement comme une opportunité économique mais comme un phénomène politique. D'ailleurs, dans La Carte et le territoire, Michel Houellebecq s'était déjà inquiété de ce qu'on pourrait appeler le devenir touristique de l'Europe, soit celui d'une civilisation s'offrant à l'humanité comme parc d'attractions, comme si elle n'avait plus que des vestiges monumentaux mais vidés de toute sève à présenter au monde. En se réinventant par sa promotion du tourisme de masse, elle consentirait à sa muséification définitive. Elle ne serait plus qu'un décor déshabité, témoignant d'une gloire passée qu'il ne viendrait à personne l'idée de restaurer. La gloire témoigne de temps tragiques et nous souhaitons plus que tout habiter une époque aseptisée.

    La logique du circuit touristique planétaire est facile à reconstruire. Lorsque le système du tourisme mondialisé happe un lieu, celui-ci est progressivement vidé de sa population, comme s'il fallait effacer une présence humaine résiduelle, datant de l'époque où la ville était d'abord habitée avant d'être visitée. Les derniers résidents sont de trop, sauf s'ils savent se plier à la nouvelle vocation du lieu.

    Globalement, les habitants seront remplacés par des employés convertis à la logique du capital mondialisé qui sont souvent d'ailleurs habitués à tourner dans son circuit. La population locale en vient même à reconnaître implicitement un statut d'extraterritorialité symbolique aux lieux sous occupation touristique. Elle devient elle-même touriste en son propre pays lorsqu'elle fréquente ces lieux.

    Sans surprise, ce sont les plus beaux quartiers qui sont ainsi arrachés de la ville où ils ont été construits pour accueillir les touristes qu'on peut se représenter comme l'armée de la mondialisation, qui partout, impose ses codes. C'est peut-être une figure nouvelle du colonialisme. Paradoxe : d'un côté, la ville vidée de son peuple est invitée à conserver ce qui la caractérise, à la manière d'un folklore pour ceux qui sont en quête d'authenticité, mais de l'autre, elle doit offrir les mêmes facilités et les mêmes enseignes qu'on trouve partout sur la planète, du magasin de luxe au Starbucks. Il ne faudrait surtout pas que le touriste se sente trop loin de chez lui. S'il égrène fièrement les destinations où il est passé, il ne cherche la plupart du temps qu'un dépaysement soft. S'il était vraiment ailleurs, ce serait probablement pour lui l'enfer. Le moderne vante les mérites de l'autre mais ne le voit jamais qu'à la manière d'une copie du même.

    C'est bien une dynamique de dépossession qui caractérise le tourisme de masse. Et ses ravages sont indéniables. Des masses humaines se jettent à un pas rythmé par les chansons mondialisées à la mode sur des destinations choisies et en viennent à les défigurer complètement. Elles n'ont souvent qu'un objectif: « immortaliser » leur passage avec un selfie destiné aux réseaux sociaux, au point même où la première chose qu'on croise aujourd'hui en voyage, ce sont d'exaspérants badauds qui se prennent en photo. Devant cette sauvagerie molle et souriante, certains en appellent à une résistance politique. On apprenait ainsi récemment que Venise, Barcelone, Dubrovnik ou Santorin cherchent activement des mesures pour contenir le flot humain qui les engloutira. Une chose est certaine : si le monde entier devient une destination touristique, plus personne ne sera chez lui et tout le monde sera chassé de chez soi.

    On voit là comment le système de la mondialisation s'empare du monde. On a beaucoup parlé ces dernières années du concept de France périphérique, formulé par Christophe Guilluy, qui sert à désigner les populations laissées de côté par la mondialisation. On pourrait en élargir la signification en parlant plus simplement des populations qui sont refoulées non seulement territorialement mais symboliquement à l'extérieur du système de la performance mondialisée parce qu'elles ne sont pas suffisamment adaptables, mobiles et interchangeables. On les juge mal préparées aux règles du nouveau monde de la mobilité maximale. Ce sont des populations retardataires, attachées à un lieu, une langue et peut-être même une tradition. Un tel enracinement ne se pardonne pas. On ne saurait jamais, sous aucun prétexte, être en décalage avec les exigences de ce qui passe pour la modernité.

    Ici et là, la critique du tourisme de masse se fait heureusement entendre, même si elle peut aussi devenir agaçante. On brandit facilement, en prenant la pose dandy, une éthique du voyageur qui saurait se glisser subtilement dans la ville, en laissant entendre que le voyage devrait être le privilège exclusif du petit nombre. Mais ce réflexe aristocratique porte une leçon intéressante. Le génie du voyageur authentique tient moins dans la consommation des destinations recherchées où il vivra des expériences préformatées que dans sa capacité à habiter plus d'un endroit dans le monde, en y développant ses habitudes, ce qui implique de prendre le temps de se familiariser avec les mœurs locales. Il n'est pas interdit d'espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé et que les hommes se rappellent que le monde n'a pas pour vocation à se plier aux désirs de ceux qui fardent leur pulsion de conquête en sophistication cosmopolite.   

    Mathieu Bock-Côté        

    4047151000.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politiquevient de paraître aux éditions du Cerf [2016].

    Sur le même sujet lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Marin de Viry : « Comment le tourisme de masse a tué le voyage »

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Les Bestofes – Terre de Mission

    Chers téléspectateurs, TV Libertés vous propose de retrouver les meilleurs moments de l’émission “Terres de Mission” 2017-2018. Les invités de Jean-Pierre Maugendre et de Guillaume de Thieulloy vous font revivre une année catholique et cathodique riche en rebondissements.

     
  • Les Bestofes – La France de Campagnol

    TV Libertés a compilé les meilleurs moments de la chronique villageoise de Christian Combaz “La France de Campagnol”. Des sujets brefs sur des scandales ou des questions qui empoisonnent la vie de nos concitoyens.

     

    Interview de Christian Combaz à l’occasion de la réédition de son dernier livre « Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos » aux éditions « Le Retour aux sources ».

    Vous pouvez vous procurer le livre :
    sur le site de l’éditeur, en cliquant ici

    ou sur Amazon, en cliquant ici

    https://www.tvlibertes.com/2018/08/14/24628/bestofes-france-de-campagnol

  • Le vrai Nelson Mandela, décrit par Bernard Lugan

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    Excellente vidéo pour comprendre qui était véritablement Nelson Mandela, dont la bien-pensance mondialiste entretient le culte.

  • Manuel Valls, les intellectuels et l'inculture triomphante

    Plus de trente ans après Max Gallo, Manuel Valls se plaint du silence des intellectuels. Pour Vincent Trémolet de Villers les politiques ne les lisent pas et les utilisent comme des outils de communication. 
    On ne devrait jamais imiter Mitterrand. François Hollande n'est pas Tonton et Manuel Valls n'est pas Max Gallo. En 1983, l'historien, alors porte-parole du gouvernement, publiait à la fin du mois de juillet une tribune de très bonne facture dans Le Monde : «Les intellectuels, la politique et la modernité.» Il y déplorait l'abandon par la gauche de la bataille des idées et le silence des penseurs et des philosophes retirés «sur l'Aventin». Le 5 mars dernier, Manuel Valls lançait à son tour «Où sont les intellectuels ? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter eux aussi au créneau ? Où est la gauche ?» C'est le même qui, pourtant, rejetait dans les rayons de l'enfer un essayiste, un romancier et un philosophe dont les œuvres cristallisent une large partie des angoisses contemporaines et qui à eux trois vendent des centaines de milliers de livres. Le Suicide français, d'Éric Zemmour, selon Manuel Valls, ne méritait pas d'être lu. La France ça n'est pas «celle de Houellebecq» a-t-il affirmé. Enfin, il s'est embrouillé dans ses fiches, sur Europe 1, en estampillant, malgré lui, Bernard-Henri Lévy comme penseur officiel du régime et en tatouant sur le bras de Michel Onfray le signe infâmant de l'extrême droite.
    Si l'on comprend bien le Premier ministre, le silence des intellectuels est révoltant quand ils sont issus de la gauche morale mais impératif quand ils ont emprunté d'autres chemins. Pour savoir qui doit parler et qui doit se taire, s'adresser à l'hôtel Matignon. Cette approche enfantine illustre la place qu'ont véritablement les intellectuels dans l'esprit du gouvernement (et disons-le de la plus grande part de la droite) : des pions noirs ou blancs que des communicants, plus ou moins incultes, placent sur le damier. L'ouvrage de François Bazin, Les Ombres d'un président (Plon), détaille avec cruauté cette paresse et cette indifférence chez François Hollande. 
    La littérature et la vie de l'esprit établissent pourtant des liens indestructibles entre l'homme public et la population. Plus encore que la séance du marché le samedi matin, la lecture de Balzac expose toutes les nuances de l'âme humaine et de l'ambition, celle de Proust des vanités sociales et des intermittences du cœur. Les Particules élémentaires ou Soumission offrent un tableau de la classe moyenne que les sociologues mettront dix ans à établir dans leurs rapports. Mais ceux qui nous gouvernent ou souhaiteraient le faire considèrent le livre comme un meuble. L'ornement secondaire d'une ambition accomplie. Le chef de l'État assume son ignorance et se fait prendre en photo, sourire ravi, avec L'Histoire de France pour les Nuls. Manuel Valls ne sait pas qui est Hélie de Saint Marc, Fleur Pellerin se fout de Modiano, Frédéric Lefebvre confond Zadig et Voltaire, Nicolas Sarkozy s'est longtemps demandé à quoi pouvait bien servir La Princesse de Clèves
    Les journalistes, reconnaissons-le, ne sont pas en reste. Ils classent eux aussi les auteurs chez les blancs ou chez les noirs sans même prendre la peine d'ouvrir leur livre. Christophe Guilluy, géographe de gauche qui ne cesse d'essai en essai d'établir les causes de la dérive identitaire, est qualifié de «pousse» de la droite la plus réactionnaire. L'auteur de L'Insécurité culturelle, Laurent Bouvet, alerte la gauche sur ses impensés : il est renvoyé sur l'autre rive parce qu'il a osé évoquer la crise de l'intégration. L'œuvre d'Alain Finkielkraut, maître de l'inquiétude et de la nuance, est réduite au rang de tract pour le Front national. Leurs noms remplissent les listes noires. Contre eux, le lexique olfactif, «rance», «moisi», est exploité jusqu'à la nausée. Tous sont coupables du même crime : plutôt que de peindre une surréalité heureuse, ils livrent par fragments les peurs et les espérances de l'inconscient collectif. En un mot, ils appellent un chat, un chat. Ce que les sondeurs voient venir, à la veille des élections départementales, ils l'annoncent et le déplorent depuis des années. Ils ne se sont pas contentés de publier des essais et d'attendre «sur l'Aventin». Ils supportent les ricanements, les couleurs criardes des studios de télévision, les comiques pas drôles, les critiques jaloux. En vain. Certes, les politiques les reçoivent, les écoutent, les raccompagnent, leur tapotent l'épaule, mais l'idée ne leur est pas encore venue de jeter un œil sur leurs livres. Pas le temps : le rappeur Joey Starr, fondateur de l'inoubliable Nique ta mère, vient dîner à l'Élysée. 

  • Un printemps éditorial maurrassien

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    LE CENT-CINQUANTENAIRE DE CHARLES MAURRAS Ses adversaires s'inquiètent. On ne saurait leur donner tort : leur principal atout était de voir Maurras condamné non seulement à la dégradation nationale, mais surtout à la mort éditoriale. Une peine de mort qu'on a oublié d'abolir ! Il y eut, certes, des tirages confidentiels, mais les grands éditeurs étaient peu soucieux de laisser ce nom honni compromettre leur image. Or les choses bougent...

    C'est un modeste mais réel printemps éditorial maurrassien qui nous est offert aujourd'hui.

    Une petite flottille d'ouvrages, sortie de l'enfer, a appareillé et vogue vers la haute mer. À vrai dire, seul le vaisseau amiral - l'anthologie publiée dans la collection « Bouquins » - répond directement à l'urgence d'une réédition des textes. Les autres, des navires d'accompagnement, relèvent surtout du commentaire, mais tous profitent du vent favorable suscité par l'affaire du « livre des commémorations ».

    Avant d'entrer au gouvernement, Mme Nyssen dirigeait les éditions Actes Sud : commémorer l'enfant de Martigues, provençal de naissance et de coeur, était pour elle une exceptionnelle occasion d'agir pour le Sud... Elle y a réussi - malgré elle, dirait-on... - au-delà de toute espérance !

    DIVINE SURPRISE : LA COLLECTION « BOUQUINS » CRÉE L'ÉVÉNEMENT

    Mais saluons d'abord la sortie du livre-événement. Le travail effectué par l'universitaire Martin Motte pour réunir en un seul volume de 1200 pages l'essentiel de l'opus maurrassien force le respect. De même que la préface de plus de trente pages de Jean-Christophe Buisson, du Figaro magazine, sous le titre - certes un peu discutable - d'Un prophète du passé, constitue un essai complet sur le sujet, plein de vie et de richesses multiples. À ce double travail, accueilli chez Robert Laffont dans la collection Bouquins, ne manquent sans doute pas les critiques à faire. Elles le seront en temps utile. Mais il s'agit le plus souvent d'observations passionnantes et propres à susciter et enrichir le débat. Or rien n'a plus nui à Maurras depuis un demi-siècle que la conspiration du silence. On l'avait jeté au fond du puits, mais c'était « le puits et le pendule » d'Edgar Poe, les enfouisseurs le vouaient à une mort inexorable. La vérité, cependant, finit toujours par sortir du puits !

    En feuilletant ce livre, en parcourant sa table des matières, en lisant les introductions proposées par Martin Motte avant chaque partie, en consultant les notes en bas de page, on devine déjà le colossal travail consenti pour choisir et ordonnancer les textes d'un homme qui a publié, sa vie durant, plus de pages que Voltaire. Sa vie s'est confondue avec son oeuvre, avec cette conséquence que ses livres pouvaient ne jamais être achevés. Les textes - souvent des articles commandés par l'actualité - se chevauchaient au fil des différentes éditions d'ouvrages, qui semblaient ne jamais le satisfaire. Quand, peu avant sa mort, il conçut ses Œuvres capitales, il pensa qu'elles constitueraient son « avenir total ».

    Erreur : les choix de Martin Motte se révèlent assez largement divergents. Un seul exemple : Mes idées politiques, ouvrage paru en 1937, composé de morceaux choisis et d'une préface inédite (son célèbre texte sur la politique naturelle) n'était pas retenu par Maurras sous cette forme. En revanche, l'édition « Bouquins » a estimé que la popularité de ce livre et de son titre justifiait son maintien : un choix défendable... autant que discutable, comme le sont tous les choix.

    Les lecteurs les plus attachés à Maurras regretteront les manques énormes - aussi inévitables que les regrets qu'ils suscitent -, et les grands livres dont ne figurent que des extraits : mais nombre de jeunes lecteurs, et même de moins jeunes, y trouveront sûrement un accès plus aisé. Il nous faudra revenir sur ce livre, notamment sur la préface de Jean-Christophe Buisson. Ce sera dans les années à venir un indispensable manuel pour découvrir et fréquenter l'oeuvre d'un homme qui, à l'orée du XXe siècle, eut un regard si pénétrant qu'il nous concerne tous encore aujourd'hui. Un dernier mot : le livre s'achève sur le procès de 1945, avec les textes du réquisitoire et de la plaidoirie. Ils sont précédés d'une présentation qui dit, avec une grande précision et une louable modération de ton, toute l'iniquité de ce qui n'a été qu'une parodie de justice.

    AU TEMPS DE LA « REVUE GRISE »

    Parmi les ouvrages qui font le mieux revivre les débuts remuants de l'Action française - comme ceux de Léon S. Roudiez et de Victor Nguyen - L'Âge d'or du maurrassisme de Jacques Paugam a pris toute sa place avec un singulier mélange de vive sévérité critique et de générosité du regard. En cet « entre-deux-siècles » si agité et si fécond des années 1900, la Revue d'Action française - bimestriel vite surnommé la Revue grise - apparaît comme un « think-tank », un laboratoire d'idées tout à fait innovant. Paugam a ce mot qui peut donner une idée du ton de son livre : « À travers cette lutte permanente, le véritable portrait de Charles Maurras se dessine, assez peu conforme à l'idée qu'on se fait généralement de lui : on est frappé par sa modestie. » La réédition de ce livre datant de près d'un demi-siècle, est bienvenue, d'autant plus qu'elle bénéficie d'une très remarquable préface, inédite, de Michel De Jaeghere, dont le long passage consacré à l'antisémitisme d'État maurrassien est exemplaire. Ce sujet qui, sur le fond, n'avait pas une telle importance pour Maurras, est devenu, pour nous, hypersensible. Porter un jugement vrai et pouvant être compris aujourd'hui apparaît toujours très difficile. Il n'est pas sûr que De Jaeghere y parvienne totalement, mais peu ont avancé aussi loin que lui sur ce terrain qui a été systématiquement miné.

    MAURRAS CONDAMNÉ À ÉCHOUER ?

    Un petit ouvrage pédagogique a connu un grand succès chez les jeunes militants depuis les années 70, Maurras et la pensée d'Action française, dû à un juriste universitaire, Maurice Torrelli. En cent pages, l'essentiel est dit sur la démocratie et les libertés, le nationalisme, la monarchie, et les mérites de l'empirisme organisateur. Devenu introuvable, le « Torrelli » vient d'être réédité par les toutes jeunes Éditions de Flore, dont c'est la première publication. En le faisant, lui aussi, bénéficier d'un remarquable avant-propos, dû cette fois à François Marcilhac.

    Il ne faudra pas non plus laisser passer cette « année Maurras » sans avoir lu les douze textes d'hommage réunis par Marc-Laurent Turpin pour les éditions Apopsix. Axel Tisserand décrit la fidélité du Martégal à la Maison de France, Paul-Marie Coûteaux et Christian Vanneste analysent (chacun à sa manière) les influences maurrassiennes sur de Gaulle. D'autres - Anne Brassié, Philippe Prévost, Michel Fromentoux...- témoignent, ou évoquent Maurras, le Provençal, la question religieuse, l'homme... Hilaire de Crémiers, qui passe en premier, a cette phrase qui pourrait être de conclusion (provisoire...) : « Ne fallait-il pas sortir de l'échec répété ? Puisque, malgré le prestige de l'homme et le rayonnement de l'oeuvre, une sorte de fatalité les a condamnés à ne pas réussir. À jamais ? C'est une grave question à laquelle l'homme a répondu, mais à sa manière. Étonnante, mystérieuse ! »   

    4210741701.jpgL'AVENIR DE L'INTELLIGENCE ET AUTRES TEXTES, DE CHARLES MAURRAS

    Édition établie par Martin Motte,
    préface de Jean-Christophe Buisson
    Éditions Robert Laffont,
    coll. Bouquins, 2018,
    1226 p. 32 €

    2062835215.jpgL'ÂGE D'OR DU MAURRASSISME,
    de Jacques Paugam
    Préfaces de Michel De Jaeghere et Jean-Jacques Chevallier Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2018,
    402 p. 25 € 

     

     

    791375562.jpgMAURRAS ET LA PENSÉE D'ACTION FRANÇAISE,
    de Maurice Torrelli
    Avant-propos de François Marcilhac
    Éditions de Flore, 2018,
    104 p. 10€ 

     

     

    2289768155.jpgREGARDS SUR MAURRAS
    (12 auteurs)
    Ouvrage collectif d'hommage
    pour un cent-cinquantenaire
    Éditions Apopsix, 2018,
    284 p.  20 €

     

    Christian Tarente

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • SORTIE DU N°49 (été 2018) DE LA REVUE "SYNTHÈSE NATIONALE"

    1691809348.jpgAU SOMMAIRE DU N°49 (été 2018) :

    P 2 : ÉDITORIAL  Roland Hélie

    P 4 :  SORTIR DE L’EUROPE ? Arnaud Menu

    P 6 : LA DÉSINFORMATION PAR LE DÉTAIL Bernard Plouvier

    P 11: AFFAIBLIR LES MÉDIAS AUX ORDRES 

    P 15 : LEXIQUE ANTI-SUBVERSIF Éric Delcroix

    P 22 :  QUE DEVIENT SERGE AYOUB ? Rencontre avec Basile Tomé

    P 28 : ENTRETIEN AVEC VINCENT VAUCLIN (DISSIDENCE FRANÇAISE)

    P 33 : LA CHRONIQUE BARBARE Philippe Randa

    P 35 : NON AUX ÉOLIENNES Aristide Leucate

    P 38 : L’AVENIR INCERTAIN DES BLANCS SUD-AFRICAINS Jean-Claude Rolinat

    P 44 : ERDOGAN VOILÀ UN ENNEMI Jean-François Touzé

    P 48 : IL Y A 30 ANS : DÉCÈS DE ROMUALDI ET D’ALMIRANTE Massimo Magliaro

    P 52 : UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE Charles-Henri d’Elloy

    P 58 : UN GRAND ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE COUSTEAU Clothaire de La Rue

    P 72 : LES PAGES DU MARQUIS Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

    P 75 : LES EXPOS VISITÉES PAR Scipion de Salm

    P 80 : REÇUS, LUS ET APPRÉCIÉS 

    P 82 : LES PAGES LITTÉRAIRES Georges Feltin-Tracol, Daniel Cologne

    P 93 : LA VIE DE SYNTHÈSE NATIONALE Activités de l’association

    106 PAGES : 12 € (+ 4 € de port)

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  • Le Puy de Fou invente encore un concept bio et utile : le corbeau anti-mégots

    Il fallait y penser : 

    "Certains sont déjà entrés en action, les autres vont commencer leur besogne à partir de lundi… Six corbeaux, spécialement dressés pour le ramassage des mégots et des déchets, participeront dès la semaine prochaine au nettoyage du parc de loisirs du Puy du Fou, a indiqué vendredi son président, Nicolas de Villiers.

    « L’objectif n’est pas simplement de nettoyer, car les visiteurs sont globalement respectueux de la propreté, mais aussi de mener une action pédagogique », montrant que « la nature elle-même peut nous apprendre à faire attention à l’environnement », a-t-il expliqué.

    L’idée a germé, « il y a plusieurs années, dans l’esprit de l’un des fauconniers du parc, à partir de l’observation des oiseaux », a raconté Nicolas de Villiers. Christophe Gaborit, spécialiste de l’affaitage (dressage) des rapaces, a donc « inventé une petite boîte », contenant d’un côté des croquettes, « dont raffolent les corbeaux », et offrant de l’autre un espace vide, destiné à « accueillir des mégots, ou autres petits déchets », a poursuivi Nicolas de Villiers.

    Lorsque le corbeau dépose un mégot dans la boîte, un mécanisme se déclenche, et une croquette lui est délivrée. « Motivés par la récompense », les corbeaux ont « vite compris comment fonctionnait le jeu », s’est-il réjoui. L’installation a ensuite été réorganisée de manière à ce qu’une seule boîte, « de la taille d’une brouette », permette à tous les oiseaux de déposer leur butin et à Christophe Gaborit de jouer les « chefs d’orchestre ».

    L’espèce sélectionnée, le corbeau « freux », est un oiseau « particulièrement intelligent », qui « lorsqu’il est dans une atmosphère affective porteuse, aime communiquer avec l’homme et établir une relation avec lui par le jeu ». Ces oiseaux sont « très rapides » : en moins de trois quarts d’heure, un corbeau est capable « de remplir un seau », a-t-il ajouté".

    Lahire

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