culture et histoire - Page 807
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Comment arriva la Crise Agricole de 1920-1921
En 1914, le taux [d’escompte] de la FED était passé de 6% à 4%, puis tombé à 3% en 1916, où il resta à ce niveau jusqu’en 1920. Si les taux d’intérêt étaient si faibles, c’est parce qu’il fallait introduire en bourse les Liberty Loans, les « Emprunts de la liberté ». Au début de chaque campagne d’introduction, le Board plaçait cent millions de dollars sur le marché monétaire par l’intermédiaire de ses opérations sur le « marché ouvert », afin d’apporter un afflux de liquidités et faciliter l’introduction en bourse. Le rôle principal de ces obligations était d’éponger l’augmentation de la masse monétaire qui avait été provoquée par la grande quantité d’argent et de crédit émis durant la guerre. Les ouvriers agricoles touchaient des salaires élevés et les agriculteurs recevaient les meilleurs prix qu’on leur avait jamais versés pour leurs productions. Ces deux groupes sociaux accumulèrent des millions de dollars en liquide qu’ils ne placèrent pas dans les Obligations de la liberté. Cet argent échappait effectivement au groupe de Wall Street qui contrôlait la monnaie et le crédit des États-Unis. Ils voulaient le récupérer et c’est pourquoi les États-Unis ont eu la Crise Agricole de 1920-1921.Une grande partie de cet argent était déposé dans les petites banques provinciales du Middle-Ouest et de l’Ouest, qui avaient catégoriquement refusé de prendre part au Système de la Réserve Fédérale, les agriculteurs et les éleveurs de ces régions ne voyant aucune bonne raison de remettre à un groupe de financiers internationaux sous le contrôle de leur argent. Le boulot principal de la FED fut de casser ces petites banques provinciales et de récupérer l’argent qui avait été versé aux agriculteurs durant la guerre – en fait, de les ruiner. Et c’est ce qu’elle entreprit. Tout d’abord, un Conseil Fédéral aux Prêts Agricoles fut créé. Il encouragea les agriculteurs à investir dans des terres l’argent qu’ils avaient amassé – ce que les agriculteurs étaient désireux de faire – au moyen de prêts à long terme. Ensuite, on fit en sorte que l’inflation prenne son envol, en 1919 et en 1920, aux États-Unis et en Europe. L’objectif de l’inflation en Europe était d’effacer une grande partie de dettes de guerre que les Alliés devaient au peuple américain, et son objectif aux États-Unis était d’aspirer les sommes excessives qui avaient été distribuées aux travailleurs sous la forme de salaires élevés et de primes à la production. Au fur et à mesure que les prix montaient, l’argent des ouvriers perdait de sa valeur, infligeant aux classes laborieuses une hémorragie injuste, tandis que les classes possédantes s’enrichissaient par l’inflation grâce à l’augmentation très importante de la valeur des terres et des biens manufacturés. Les travailleurs furent ainsi efficacement appauvris, mais les agriculteurs, qui constituent une classe plus économe et qui étaient plus autosuffisants, devaient être pris en main plus durement.G.W. Norris a déclaré dans le « Collier’s Magazine » du 20 mars 1920 : « Une rumeur court selon laquelle deux membres du Board ont eu une discussion directe, en décembre 1919, avec quelques-uns des banquiers et des financiers de New York. Immédiatement après les transactions à la bourse ont connu une chute notable et les créations d’entreprises se sont arrêtées. On pense qu’une action générale dans la même direction a déjà été prise pour d’autres secteurs du pays, comme le prouve l’encouragement apparemment abusif du Système de la Réserve Fédérale à spéculer sur les terres [agricoles] et sur les matières premières. »En 1939, le Sénateur Robert L. Owen, Président de la Commission bancaire et monétaire du Sénat, qui apportait son témoignage aux Auditions Monétaires du Sénat, déclarait :« Au début de l’année 1920, les agriculteurs étaient extrêmement prospères. Ils remboursaient leurs emprunts fonciers, achetaient beaucoup de nouvelles terres à la demande du gouvernement – ils avaient emprunté l’argent pour le faire – et ils ont ensuite été mis en faillite par une contraction brutale du crédit et de la monnaie au cours de cette même année. Ce qui s’est produit en 1920 était exactement l’inverse de ce qui aurait dû se produire. Au lieu de liquider sur plusieurs années les excès de crédits créés par la guerre, le Conseil des Gouverneurs de la Réserve Fédérale s’est réuni à huis clos. Ils sont réunis le 18 mai 1920, et c’était une réunion secrète. Leurs discussions ont duré toute la journée : les minutes de cette réunion ont été imprimées sur soixante pages et apparaissent dans le document sénatorial n°310 du 19 février 1923. Les directeurs de Classe A – les membres du Board – étaient présents, mais les directeurs de classe B, qui représentaient les entreprises, les commerces et les agriculteurs n’y figuraient pas. Les directeurs de Classe C, représentant le peuple des États-Unis, n’étaient pas présents et n’avaient pas été invités à se présenter.Seuls les gros banquiers étaient là et leur travail ce jour-là eut pour conséquence une contraction du crédit, laquelle eut pour effet, l’année suivante, de réduire le revenu national de quinze milliards de dollars, jetant des millions de personnes au chômage et réduisant de vingt milliards de dollars la valeur des terres et des ranchs. »Carter Glass, membre du Board depuis 1920 en tant que Secrétaire au Trésor, a écrit dans son autobiographie, publiée en 1928, « Adventure in Constructive Finance » : « Les journalistes n’étaient bien sûr pas présents, ainsi qu’ils ne devaient pas l’être et ainsi qu’ils ne le sont jamais dans aucune réunion de conseil d’administration dans le monde. »Carter Glass avait protesté contre un amendement à la Loi de Réserve Fédérale de 1913 qui avait été suggéré par le Sénateur LaFollette. En effet, si cet amendement avait été voté, il aurait empêché tout membre du Board d’être également directeur, fonctionnaire ou actionnaire de quelque banque, société fiduciaire ou compagnie d’assurance que ce soit. Pour Carter Glass, un tel amendement aurait conduit, in fine, à ce que le Board soit constitué de mécaniciens et d’ouvriers agricoles. Les mécaniciens et les ouvriers agricoles n’auraient certainement pas pu causer plus de dégâts aux États-Unis que ne le firent Glass, Strauss et Warburg, lors de la réunion secrète du Conseil des Gouverneurs.Le Sénateur Brookhart de l’Iowa attesta que lors d’une réunion secrète, Paul Warburg, également président du Comité Consultatif Fédéral, avait obtenu le vote d’une résolution afin d’envoyer un comité de cinq personnes à la Commission au Commerce Inter-Etats pour demander une augmentation des tarifs de chemin de fer. En tant que patron de Kuhn, Loeb & Co, qui possédait la plupart des voies ferrées aux Etats-Unis, il était déjà nostalgique des énormes profits que les Etats-Unis lui avaient versés durant la guerre et il voulait infliger de nouvelles augmentations de prix au peuple américain.Eustace Mullins, Les secrets de la Réserve Fédérale -
Grand texte XXXIX : L'Avenir du nationalisme français
Le tome II des Œuvres capitales de Charles Maurras, sous-titré Essais politiques, s’achève par un texte court au titre prometteur : L’Avenir du nationalisme français. En exergue, on y lit la mention suivante : Ces pages forment la conclusion du mémorial publié sous le titre POUR UN JEUNE FRANÇAIS chez Amiot Dumont, Paris, 1949.
Maurras y démontre comment « le nationalisme français se reverra, par la force des choses…» Force des choses qui, aujoud'hui, semble bien s'exercer sur la France avec intensité, avec caractère de gravité, de divers ordres, intérieurs et extérieurs. Et justifier la permanence ou le retour d'un nationalisme français, tel que Maurras l'illustre et le redéfinit ici. Par quoi ce très beau texte trouve toute son actualité. Lafautearousseau
Rien n'est fait aujourd'hui, tout sera fait demain. 1.
Il ne reste donc plus au Français conscient qu'à agir pour que sa volonté soit faite et non une autre : non celle de l'Oligarchie, non celle de l'Étranger. 2
Reste le rude effort d'action pratique et réelle, celui qui a voulu maintenir en fait une France, lui garder son bien, la sauver de son mal, résoudre au passage ses crises. C'est un service trop ancien et trop fier de lui-même pour que l'œuvre amorcée en soit interrompue ni ralentie. Ceux qui sont de l'âge où l'on meurt savent qu'elle dépend d'amis en qui l'on peut avoir confiance, car, depuis plus de quarante ans, ils répètent avec nous : par tous les moyens, même légaux. Ayant travaillé ainsi « pour 1950 », ils travailleront de même pour l'an 2000, car ils ont dit dès le début : pour que la France vive, vive le Roi !
L'espérance ne se soutiendrait pas si le sens national n'en était pas soutenu en première ligne. Mais là aussi je suis tranquille.
Il est beaucoup question d'abandonner en tout ou en partie la souveraineté nationale. Ce sont des mots. Laissons-les aux professeurs de Droit. Ces messieurs ont si bien fait respecter leur rubrique, intus et in cute 3, ces dernières années, qu'on peut compter sur eux pour ajouter du nouveau à tous les plus glorieux gâchis de l'intelligence 4. Les trésors du réel et ses évidences sont plus forts qu'eux. Ce qu'ils déclarent périmé, ce qu'ils affectent de jeter par-dessus bord ne subira pas plutôt l'effleurement d'une égratignure ou d'une menace un peu concrète, vous verrez l'éclat de la réaction ! Preuve que rien ne vit comme le sens de la nation dans le monde présent. Ceux qui voudront en abandonner une part ne feront rien gagner à Cosmopolis : ils engraisseront de notre héritage des nationalités déjà monstrueuses. Les plus grands faits dont nous soyons contemporains sont des faits nationaux : la prodigieuse persévérance de l'Angleterre dans l'être anglais aux années 1940-1945, l'évolution panslaviste ou plutôt panrusse des Soviets, la résistance que la Russie rencontre chez les nations qu'elle a cru s'annexer sous un double vocable de race et de secte, l'éclosion de la vaste conscience américaine, le retour à la vie du nazisme allemand, sont tous des cas de nationalisme suraigu. Tous ne sont pas recommandables. Nous aurions été fous de les imiter ou de les désirer tous. Nous serions plus insensés de ne pas les voir, qui déposent de la tendance universelle. En France, le patriotisme en avait vu de toutes les couleurs après la victoire de Foch : que d'hostilité et que de disgrâces ! De grands partis caractérisés par leurs « masses profondes », étaient lassés ou dégoûtés du vocabulaire français, il n'y en avait plus que pour le charabia marxiste. À peine l'Allemand a-t-il été campé chez nous, toutes ses offres de bon constructeur d'Europe ont été repoussées et le Français, bourgeois, paysan, ouvrier ou noble n'a connu à très peu d'exemples près, que le sale boche ; l'esprit national s'est refait en un clin d'œil. La patrie a dû avaliser la souillure de beaucoup d'hypocrisies politiciennes. L'usage universel de ce noble déguisement est une preuve de plus de sa valeur et de sa nécessité, qui est flagrante : on va le voir.
Le nationalisme de mes amis et le mien confessent une passion et une doctrine. Une passion pieuse, une doctrine motivée par des nécessités humaines qui vont grandissant. La plupart de nos concitoyens y voient une vertu dont le culte est parfois pénible, toujours plein d'honneur. Mais, parmi les autres Français, surtout ceux du pays légal, distribués entre des partis, on est déjà et l'on sera de plus en plus acculé au nationalisme comme au plus indispensable des compromis. Plus leurs divisions intéressées se multiplient et s'approfondissent, plus il leur faut, de temps à autre, subir le rappel et l'ascendant plus qu'impérieux du seul moyen qu'ils aient de prolonger leur propre pouvoir. Ce moyen s'appelle la France.
Comment l'éviter quand tout le reste les sépare ? Sur quel argument, sur quel honnête commun dénominateur discuter hors de là ? Il n'y a plus de mesure entre l'économie bourgeoise et l'économie ouvrière. Ouvrier et bourgeois sont des noms de secte. Le nom du pays est français. C'est bien à celui-là qu'il faut se référer. Qu'est-ce qui est avantageux au pays ? Si l'on adopte ce critère du pays, outre qu'il est sous-entendu un certain degré d'abjuration des erreurs partisanes, son essentiel contient toute notre dialectique, celle qui pose, traite, résout les problèmes politiques pendants du point de vue de l'intérêt national : il faut choisir et rejeter ce que rejette et choisit cet arbitre ainsi avoué.
Il n'y a certes là qu'un impératif limité. Les partis en lutte feront toujours tout pour s'adjuger le maximum en toute propriété. Mais leur consortium n'est rien s'il ne feint tout au moins des références osant aller plus loin que la partialité collective. S'y refuse-t-il ? Son refus peut donner l'éveil au corps et à l'esprit de la nation réelle, et le point de vue électoral lui-même en peut souffrir. Si ces diviseurs nés font au contraire semblant de croire à l'unité du compromis nationaliste, tout spectateur de bonne foi et de moyenne intelligence en sera satisfait.
Donc, avec douceur, avec violence, avec lenteur ou rapidité, tous ces partis alimentaires, également ruineux, ou périront de leur excès, ou, comme partis, ils devront, dans une certaine mesure, céder à l'impératif ou tout au moins au constat du nationalisme. L'exercice le renforcera. La fonction, sans pouvoir créer l'organe, l'assouplira et le fortifiera. Les doctrines des partis se verront ramenées, peu à peu, plus ou moins, à leurs éléments de Nuées et de Fumées auxquelles leur insuccès infligera un ridicule croissant. Leur foi ne sera bientôt plus qu'un souvenir sans vertu d'efficacité, trace matérielle tendant à s'effacer, car on rira de plus en plus de ces antiquailles, aux faux principes qui voulaient se faire préférer aux colonies et aux métropoles et qui mènent leur propre deuil.
Alors pourra être repris quelque chose de très intéressant : le grand espoir de la nation pour déclasser et fusionner ses partis.
Un mouvement de nationalisme français ne sera complet que par le retour du roi. En l'attendant, les partis se seront relâchés de leur primatie et, par l'effet de leurs abus, les mœurs auront repris tendance à devenir françaises, l'instinct et l'intérêt français auront reparu à leur rang.
Il ne faut pas se récrier à ce mot d'intérêt. Fût-il disgracieux, c'est le mot juste. Ce mot est plein de force pour nous épargner une grave erreur qui peut tout ruiner.
Si au lieu d'apaiser les oppositions et de les composer sur ce principe d'intérêt, on a honte, on hésite et qu'on se mette à rechercher des critères plus nobles, dans la sphère des principes moraux et sacrés propres aux Morales et aux Religions, il arrivera ceci : comme en matière sociale et politique les antagonismes réels de la conscience moderne sont nombreux et profonds, comme les faux dogmes individualistes sur l'essentiel, famille, mariage, association contredisent à angle droit les bonnes coutumes et les bonnes traditions des peuples prospères qui sont aussi les dogmes moraux du catholicisme, il deviendra particulièrement difficile, il sera impossible de faire de l'unité ou même de l'union dans cet ordre et sur ce plan-là. Ou si on l'entreprend, on essuiera une contradiction dans les termes dont l'expérience peut déjà témoigner.
Ces principes contraires peuvent adhérer, eux, à un arrangement, mais non le tirer de leur fond, non le faire, ni se changer, eux divisés, eux diviseurs, en principes d'arrangement.
Ces principes de conciliation ne sont pas nombreux. Je n'en connais même qu'un.
Quand, sur le divorce, la famille, l'association, vous aurez épuisé tous les arguments intrinsèques pour ou contre tirés de la raison et de la morale, sans avoir découvert l'ombre d'un accord, il vous restera un seul thème neutre à examiner, celui de savoir ce que vaut tout cela au point de vue pratique de l'intérêt public. Je ne dis pas que cet examen soit facile, limpide ou qu'il ne laisse aucune incertitude. Il pourra apporter un facteur de lumière et de paix. Mais si, venu à ce point-là, vous diffamez la notion d'intérêt public, si vous désavouez, humiliez, rejetez ce vulgaire compromis de salut public, vous perdez la précieuse union positive qui peut en naître et, vous vous en étant ainsi privés, vous vous retrouvez de nouveau en présence de toutes les aigreurs qui naîtront du retour aux violentes disputes que l'intérêt de la paix sociale aurait amorties.
On a beau accuser l'intérêt national et civique de tendre sournoisement à éliminer ce que l'on appelle, non sans hypocrisie, le Spirituel : ce n'est pas vrai. La vérité est autre. Nous avons appelé et salué au premier rang des Lois et des Idées protectrices toutes les formes de la Spiritualité, en particulier catholique, en leur ouvrant la Cité, en les priant de la pénétrer, de la purifier, de la pacifier, de l'exalter et de la bénir. En demandant ainsi les prières de chacune, en honorant et saluant leurs bienfaits, nous avons rendu grâces à tous les actes précieux d'émulation sociale et internationale que ces Esprits pouvaient provoquer. Si, en plus, nous ne leur avons pas demandé de nous donner eux-mêmes l'accord désirable et désiré, c'est qu'ils ne le possèdent pas, étant opposés entre eux : le Spirituel, à moins d'être réduit à un minimum verbal, est un article de discussion. Le dieu de Robespierre et de Jean-Jacques n'est pas le Dieu de Clotilde et de saint Rémy. Le moral et le social romains ne sont pas ceux de Londres et de Moscou. Vouloir les fondre, en masquant ce qu'ils ont de contraire, commence par les mutiler et finit par les supprimer. Dès que l'unité de conscience a disparu comme de chez nous, la seule façon de respecter le Spirituel est celle qui en accueille toutes les manifestations nobles, sous leurs noms vrais, leurs formes pures, dans leurs larges divergences, sans altérer le sens des mots, sans adopter de faux accords en paroles. Un Spirituel qui ne serait ni catholique ni protestant ni juif n'aurait ni saveur ni vertu. Mais il doit être l'un ou l'autre. Ainsi seront sauvés la fécondité des féconds et le bienfait des bons ; ainsi le vrai cœur des grandes choses humaines et surhumaines. Il existe une Religion et une Morale naturelles. C'est un fait. Mais c'est un autre fait que leurs principes cardinaux, tels qu'ils sont définis par le catholicisme, ne sont pas avoués par d'autres confessions. Je n'y puis rien. Je ne peux pas faire que la morale réformée ne soit pas individualiste ou que les calvinistes aient une idée juste de la congrégation religieuse. On peut bien refuser de voir ce qui est, mais ce qui est, dans l'ordre social, met en présence d'options tranchées que l'on n'évite pas.
De l'abondance, de la variété et de la contrariété des idées morales en présence, on peut tout attendre, excepté la production de leur contraire. Il ne sera donc pas possible à chacun, catholique, juif, huguenot, franc-maçon, d'imposer son mètre distinct pour mesure commune de la Cité. Ce mètre est distinct alors que la mesure doit être la même pour tous. Voilà les citoyens contraints de chercher pour cet office quelque chose d'autre, identique chez tous et capable de faire entre eux de l'union. Quelle chose ? L'on n'en voit toujours qu'une : celle qui les fait vivre en commun avec ses exigences, ses urgences, ses simples convenances.
En d'autres termes, il faudra, là encore, quitter la dispute du Vrai et du Beau pour la connaissance de l'humble Bien positif. Car ce Bien ne sera point l'absolu, mais celui du peuple français, sur ce degré de Politique où se traite ce que Platon appelle l'Art royal, abstraction faite de toute école, église ou secte, le divorce, par exemple, étant considéré non plus par rapport à tel droit ou telle obligation, à telle permission ou prohibition divine, mais relativement à l'intérêt civil de la famille et au bien de la Cité. Tant mieux pour eux si tels ou tels, comme les catholiques, sont d'avance d'accord avec ce bien-là. Ils seront sages de n'en point parler trop dédaigneusement. Car enfin nous n'offrons pas au travail de la pensée et de l'action une matière trop inférieure ou trop indigne d'eux quand nous rappelons que la paix est une belle chose ; la prospérité sociale d'une nation, l'intérêt matériel et moral de sa conservation touche et adhère aux sphères hautes d'une activité fière et belle. La « tranquillité de l'ordre » 5 est un bel objet. Qui l'étudie et la médite ne quitte pas un plan humain positif et néanmoins supérieur. Sortir de l'Éthique n'est pas déroger si l'on avance dans la Politique vraie. On ne se diminue pas lorsque, jeune conscrit de la vertu patriotique, on élève son cœur à la France éternelle ou, vieux légiste d'un royaume qu'un pape du VIe siècle mettait déjà au-dessus de tous les royaumes, on professe que le roi de France ne meurt pas. Tout cela est une partie de notre trésor, qui joint où elle doit les sommets élevés de l'Être.
La nouvelle génération peut se sentir un peu étrangère à ces chaudes maximes, parce qu'elle a été témoin de trop de glissements et de trop de culbutes. Elle a peine à se représenter ce qui tient ou ce qui revient ; c'est qu'on ne lui a pas fait voir sous la raison de ces constantes, le pourquoi de tant d'instabilités et de ruines. Il ne faudrait pas croire celles-ci plus définitives qu'elles ne sont. L'accident vient presque tout entier des érosions classiques d'un mal, fort bien connu depuis que les hommes raisonnent sur l'état de société, autrement dit depuis la grande expérience athénienne continuée d'âge en âge depuis plus de deux mille ans, soit quand les royaumes wisigoths de l'Espagne furent livrés aux Sarrasins ou les républiques italiennes à leurs convulsions, par le commun effet de leur anarchie. La vérification polonaise précéda de peu nos épreuves les plus cruelles, et nos cent cinquante dernières années parlent un langage instructif.
Le mal est grave, il peut guérir assez vite. On en vient d'autant mieux à bout qu'on a bien soin de ne point le parer d'autres noms que le sien. Si l'on dit : école dirigeante au lieu d'école révolutionnaire, on ne dit rien, car rien n'est désigné. Si l'on dit démagogie au lieu de démocratie, le coup tombe à côté. On prend pour abus ou excès ce qui est effet essentiel. C'est pourquoi nous nous sommes tant appliqués au vocabulaire le plus exact. Une saine politique ayant le caractère d'une langue bien faite peut seule se tirer de Babel. C'est ainsi que nous en sommes sortis, quant à nous. C'est ainsi que la France en sortira, et que le nationalisme français se reverra, par la force des choses. Rien n'est fini. Et si tout passe, tout revient 6.
En sus de l'espérance il existe, au surplus, des assurances et des confiances qui, sans tenir à la foi religieuse, y ressemblent sur le modeste plan de nos certitudes terrestres. Je ne cesserai pas de répéter que les Français ont deux devoirs naturels : compter sur le Patriotisme de leur pays, et se fier à son Intelligence. Ils seront sauvés par l'un et par l'autre, celle-ci étant pénétrée, de plus en plus, par celui-là : il sera beaucoup plus difficile à ces deux grandes choses françaises de se détruire que de durer ou de revivre. Leur disparition simultanée leur coûterait plus d'efforts que la plus âpre des persévérances dans l'être et que les plus pénibles maïeutiques du renouveau.
Charles Maurras-
André Chénier, Épîtres, II, Ami, chez nos Français…
Les notes sont imputables aux éditeurs. [Retour]
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L'Avenir du nationalisme français est le titre du chapitre dix (sur douze) de l'ouvrage Pour un jeune Français, écrit par Maurras en 1949, en sa prison de Clairvaux. Un extrait en a été repris dans les Œuvres capitales en 1954 ; c'est le texte que nous publions ici. Il y a eu une réduction significative de taille entre le texte de 1949 et celui, posthume, de 1954. Les coupures portent sur des incidentes diverses concernant l'histoire de l'Action française, dont une longue explication sur l'antisémitisme, ainsi que sur tous les passages polémiques ou évoquant des polémiques passées. L'édition des Œuvres capitales ne mentionne pas l'existence de ces coupures et ne comporte que très peu d'ajouts destinés à en faciliter la lecture, ce qui rend parfois celle-ci malaisée, certains paragraphes encadrant les coupures se succédant sans transition évidente. Nous avons pour notre part choisi de signaler les emplacements des coupures par des […], mais sans donner davantage d'indications sur leur longueur ou leur contenu. Enfin, ce premier paragraphe de transition n'en est pas ; il est emprunté à la dernière page du chapitre neuf. [Retour]
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Littéralement, en dedans et dans la peau. Ces mots sont tirés d'un vers du poète latin Aulus Persius Flaccus (Satires, III, 30), « Te intus et in cute novi », que Félix Gaffiot traduit par « Je te connais profondément et intimement. » Ainsi les deux termes ne doivent-ils pas être vus comme des contraires (à l'intérieur et en surface) réunis pour la circonstance, mais comme deux caractères se renforçant. À laquelle de ces deux interprétations pensait Jean-Jacques Rousseau en plaçant ces quatre petits mots en épigraphe de ses Confessions ? Les explications de texte penchent généralement pour la première ; mais Maurras pensait sans doute ici à la seconde, la même que celle du Gaffiot. [Retour]
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Ce passage polémique vise sans doute et principalement François de Menthon, professeur de Droit et contempteur acharné de la souveraineté nationale, que Charles Maurras poursuivait d'une haine farouche. Mais comme la cible n'est pas nommée, la phrase a été conservée. [Retour]
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« D'après saint Augustin » : explication ajoutée par Maurras dans les Œuvres capitales, mais qui ne figure pas dans Pour un jeune Français. [Retour]
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C'est la seule phrase du texte des Œuvres capitales qui ait été refaite pour la circonstance. Elle résume les deux paragraphes suivants qui font partie du texte coupé :
Elle se reverra par la force des choses. Notre façon de les combattre sera reprise, par le simple effet de la volonté intéressée de la France, de la nôtre, qui durera en elle et qui sera précisément ce qu'ils ne veulent pas.
Nous avons failli leur ôter de la bouche leur sale gagne-pain, le sale butin qu'ils en tirent. Or, si tout passe, tout revient. Leurs précautions ont beau être serrées comme des chaînes. L'espérance est la reine de toute politique ; le désespoir y reste « la sottise absolue ».
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Samedi 1er et dimanche 2 septembre : Fête annuelle de la Ligue du Midi en Petite Camargue (30)
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Samedi 1er et dimanche 2 septembre : Journées chouannes à Chiré en Montreuil (86)
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Traditions • Tout ce qui est racines est bon : Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque...
Marée humaine en rouge et blanc
Tout ce qui est racines est bon ! Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque - où les traditions populaires se sont maintenues, plus qu'ailleurs exceptionnellement vivaces. Ces fêtes s'achèvent en ce dimanche. Elles ont duré cinq longues journées (et nuits...) dans un extraordinaire concours de peuple et une incessante animation (25-29 juillet). Nous les évoquons chaque année, parce qu'elles sont le reflet de la France profonde. On dirait aujourd'hui périphérique.
Les fêtes, c'est aussi le chant. En la matière, le Pays Basque a su maintenir sa superbe et pure tradition. Les choeurs foisonnent au Pays Basque mêlant le répertoire profane et sacré. Les chants sont le plus souvent a capella et les concerts ont lieu fréquemment dans les églises si particulières et belles des villes et villages basques. Lafautearousseau vous offre d'écouter chanter le groupe Oldarra, Egon Atzarririk (Un choeur ... une voix) pendant un peu plus de quatre minutes. Un choeur d'hommes composé de quarante chanteurs amateurs, l'un des plus célèbres au Pays Basque et ailleurs. LFAR
CONTACT : oldarra@orange.fr
Les Fêtes de Bayonne et d'ailleurs ...
Les Fêtes de Bayonne, c'est, sur près d'une semaine, un million et demi de personnes qui se côtoient, se retrouvent et fraternisent, joyeusement, dans le bonheur de la fête et aussi - et surtout - la pleine conscience et la fierté légitime d'appartenir à un peuple, à une nation, héritiers d'une authentique culture, d'une riche et belle civilisation, de traditions plus que millénaires...
Tout a commencé en 1932 : cette année-là, une quinzaine d'amis bayonnais sont à Pampelune, où ils découvrent le concept de la « fête de rue » en assistant aux traditionnelles Sanfermines, les fêtes de la Saint Firmin, et leurs lâchers de taureaux dans les rues de la vieille ville (les encierros). Enthousiasmés, ils décident d'importer chez eux, à Bayonne, en l'adaptant, ce qu'ils viennent de vivre dans la ville navarraise. La couleur traditionnelle, et officielle, en Navarre, est le « rouge et blanc » : au début, à Bayonne, ce fut bleu et blanc, mais, très vite, le rouge et blanc s'imposa. On peut porter l'écharpe rouge avant 22 heures, ouverture officielle de la fête, par exemple au poignet; mais ce n'est qu'à partir de l'ouverture officielle de la fête que l'on peut porter l'écharpe autour du cou, ce qui rappelle le martyre de Saint Léon, décapité à Bayonne vers 890...
A Reims et à Orléans, à Beauvais, les Fêtes Johanniques et celles de Jeanne Hachette exaltent l'histoire de France, la formation du territoire, en même temps qu'elles permettent de rendre hommage, à travers deux héroïnes majeures, à toutes ces femmes d'exception, si souvent présentes à des moments cruciaux de notre Histoire.
En Provence, les deux pèlerinages annuels aux Saintes Maries de la Mer sont un témoignage vivant de nos racines chrétiennes, comme le sont les deux Tours de Ville du Saint Cordon de Valenciennes, les Ostensions du Limousin, les processions de la Sanch à Perpignan, le Catenacciu de Sartène et tant d'autres encore...
Et ainsi de suite, dans toutes les provinces de France, ces fêtes qui font, qui sont la France parsèment l'année de leurs manifestations colorées, qui sont autant de manifestations de l'existence d'un Peuple français, d'une Nation française, n'en déplaise aux idéologues.
Un peuple, une nation, qui se sont lentement cimentés sur le socle commun que représente le peuplement et la culture celtique : le Festival interceltique exalte, comme son nom le proclame fièrement, les traditions de ce peuple celte qui est comme le socle sur lequel est venu se former, peu à peu, notre nation, et qui est bien le fondement connu le plus ancien de ce qui allait devenir la France.
A une exception près, et de taille : le peuple et la culture basques.
Les Basques constituent, en effet, une population autochtone pré-indoeuropéenne, remontant au néolithique, implantée principalement au Sud-ouest de la France et au Nord de l’Espagne, dans le Pays Basque, précisément. Et la langue basque est l’unique isolat européen et la seule langue non indo-européenne d’Europe de l’Ouest (en linguistique, un isolat est une langue dont on ne peut démontrer de filiation - ou « relation génétique » - avec d'autres langues vivantes : la langue basque, le coréen, le japonais sont des isolats).
C'est à cette langue basque, à cette culture, à cette terre, à ce peuple... que sont dédiées, depuis 1932, les Fêtes de Bayonne : en rouge et blanc, pendant cinq jours, les festayres sont si nombreux (probablement plus d'un million de personnes) qu'ils font de cet événement l'une des fêtes les plus suivies, non seulement de France, mais même dans le monde.
Site officiel
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Livres • Un printemps éditorial maurrassien
LE CENT-CINQUANTENAIRE DE CHARLES MAURRAS
Ses adversaires s'inquiètent. On ne saurait leur donner tort : leur principal atout était de voir Maurras condamné non seulement à la dégradation nationale, mais surtout à la mort éditoriale. Une peine de mort qu'on a oublié d'abolir ! Il y eut, certes, des tirages confidentiels, mais les grands éditeurs étaient peu soucieux de laisser ce nom honni compromettre leur image. Or les choses bougent...
C'est un modeste mais réel printemps éditorial maurrassien qui nous est offert aujourd'hui.
Une petite flottille d'ouvrages, sortie de l'enfer, a appareillé et vogue vers la haute mer. À vrai dire, seul le vaisseau amiral - l'anthologie publiée dans la collection « Bouquins » - répond directement à l'urgence d'une réédition des textes. Les autres, des navires d'accompagnement, relèvent surtout du commentaire, mais tous profitent du vent favorable suscité par l'affaire du « livre des commémorations ».
Avant d'entrer au gouvernement, Mme Nyssen dirigeait les éditions Actes Sud : commémorer l'enfant de Martigues, provençal de naissance et de coeur, était pour elle une exceptionnelle occasion d'agir pour le Sud... Elle y a réussi - malgré elle, dirait-on... - au-delà de toute espérance !
DIVINE SURPRISE : LA COLLECTION « BOUQUINS » CRÉE L'ÉVÉNEMENT
Mais saluons d'abord la sortie du livre-événement. Le travail effectué par l'universitaire Martin Motte pour réunir en un seul volume de 1200 pages l'essentiel de l'opus maurrassien force le respect. De même que la préface de plus de trente pages de Jean-Christophe Buisson, du Figaro magazine, sous le titre - certes un peu discutable - d'Un prophète du passé, constitue un essai complet sur le sujet, plein de vie et de richesses multiples. À ce double travail, accueilli chez Robert Laffont dans la collection Bouquins, ne manquent sans doute pas les critiques à faire. Elles le seront en temps utile. Mais il s'agit le plus souvent d'observations passionnantes et propres à susciter et enrichir le débat. Or rien n'a plus nui à Maurras depuis un demi-siècle que la conspiration du silence. On l'avait jeté au fond du puits, mais c'était « le puits et le pendule » d'Edgar Poe, les enfouisseurs le vouaient à une mort inexorable. La vérité, cependant, finit toujours par sortir du puits !
En feuilletant ce livre, en parcourant sa table des matières, en lisant les introductions proposées par Martin Motte avant chaque partie, en consultant les notes en bas de page, on devine déjà le colossal travail consenti pour choisir et ordonnancer les textes d'un homme qui a publié, sa vie durant, plus de pages que Voltaire. Sa vie s'est confondue avec son oeuvre, avec cette conséquence que ses livres pouvaient ne jamais être achevés. Les textes - souvent des articles commandés par l'actualité - se chevauchaient au fil des différentes éditions d'ouvrages, qui semblaient ne jamais le satisfaire. Quand, peu avant sa mort, il conçut ses Œuvres capitales, il pensa qu'elles constitueraient son « avenir total ».
Erreur : les choix de Martin Motte se révèlent assez largement divergents. Un seul exemple : Mes idées politiques, ouvrage paru en 1937, composé de morceaux choisis et d'une préface inédite (son célèbre texte sur la politique naturelle) n'était pas retenu par Maurras sous cette forme. En revanche, l'édition «Bouquins » a estimé que la popularité de ce livre et de son titre justifiait son maintien : un choix défendable... autant que discutable, comme le sont tous les choix.
Les lecteurs les plus attachés à Maurras regretteront les manques énormes - aussi inévitables que les regrets qu'ils suscitent -, et les grands livres dont ne figurent que des extraits : mais nombre de jeunes lecteurs, et même de moins jeunes, y trouveront sûrement un accès plus aisé. Il nous faudra revenir sur ce livre, notamment sur la préface de Jean-Christophe Buisson. Ce sera dans les années à venir un indispensable manuel pour découvrir et fréquenter l'oeuvre d'un homme qui, à l'orée du XXe siècle, eut un regard si pénétrant qu'il nous concerne tous encore aujourd'hui. Un dernier mot : le livre s'achève sur le procès de 1945, avec les textes du réquisitoire et de la plaidoirie. Ils sont précédés d'une présentation qui dit, avec une grande précision et une louable modération de ton, toute l'iniquité de ce qui n'a été qu'une parodie de justice.
AU TEMPS DE LA « REVUE GRISE »
Parmi les ouvrages qui font le mieux revivre les débuts remuants de l'Action française - comme ceux de Léon S. Roudiez et de Victor Nguyen - L'Âge d'or du maurrassisme de Jacques Paugam a pris toute sa place avec un singulier mélange de vive sévérité critique et de générosité du regard. En cet « entre-deux-siècles » si agité et si fécond des années 1900, la Revue d'Action française - bimestriel vite surnommé la Revue grise - apparaît comme un « think-tank », un laboratoire d'idées tout à fait innovant. Paugam a ce mot qui peut donner une idée du ton de son livre : « À travers cette lutte permanente, le véritable portrait de Charles Maurras se dessine, assez peu conforme à l'idée qu'on se fait généralement de lui : on est frappé par sa modestie. » La réédition de ce livre datant de près d'un demi-siècle, est bienvenue, d'autant plus qu'elle bénéficie d'une très remarquable préface, inédite, de Michel De Jaeghere, dont le long passage consacré à l'antisémitisme d'État maurrassien est exemplaire. Ce sujet qui, sur le fond, n'avait pas une telle importance pour Maurras, est devenu, pour nous, hypersensible. Porter un jugement vrai et pouvant être compris aujourd'hui apparaît toujours très difficile. Il n'est pas sûr que De Jaeghere y parvienne totalement, mais peu ont avancé aussi loin que lui sur ce terrain qui a été systématiquement miné.
MAURRAS CONDAMNÉ À ÉCHOUER ?
Un petit ouvrage pédagogique a connu un grand succès chez les jeunes militants depuis les années 70, Maurras et la pensée d'Action française, dû à un juriste universitaire, Maurice Torrelli. En cent pages, l'essentiel est dit sur la démocratie et les libertés, le nationalisme, la monarchie, et les mérites de l'empirisme organisateur. Devenu introuvable, le « Torrelli » vient d'être réédité par les toutes jeunes Éditions de Flore, dont c'est la première publication. En le faisant, lui aussi, bénéficier d'un remarquable avant-propos, dû cette fois à François Marcilhac.
Il ne faudra pas non plus laisser passer cette « année Maurras » sans avoir lu les douze textes d'hommage réunis par Marc-Laurent Turpin pour les éditions Apopsix. Axel Tisserand décrit la fidélité du Martégal à la Maison de France, Paul-Marie Coûteaux et Christian Vanneste analysent (chacun à sa manière) les influences maurrassiennes sur de Gaulle. D'autres - Anne Brassié, Philippe Prévost, Michel Fromentoux...- témoignent, ou évoquent Maurras, le Provençal, la question religieuse, l'homme... Hilaire de Crémiers, qui passe en premier, a cette phrase qui pourrait être de conclusion (provisoire...) : « Ne fallait-il pas sortir de l'échec répété ? Puisque, malgré le prestige de l'homme et le rayonnement de l'oeuvre, une sorte de fatalité les a condamnés à ne pas réussir. À jamais ? C'est une grave question à laquelle l'homme a répondu, mais à sa manière. Étonnante, mystérieuse ! »
L'AVENIR DE L'INTELLIGENCE ET AUTRES TEXTES, DE CHARLES MAURRAS
Édition établie par Martin Motte,
préface de Jean-Christophe Buisson
Éditions Robert Laffont,
coll. Bouquins, 2018,
1226 p. 32 €L'ÂGE D'OR DU MAURRASSISME,
de Jacques Paugam
Préfaces de Michel De Jaeghere et Jean-Jacques Chevallier Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2018,
402 p. 25 €MAURRAS
ET LA PENSÉE D'ACTION FRANÇAISE,
de Maurice Torrelli
Avant-propos de François Marcilhac
Éditions de Flore, 2018,
104 p. 10€REGARDS SUR MAURRAS
(12 auteurs)
Ouvrage collectif d'hommage
pour un cent-cinquantenaire
Éditions Apopsix, 2018,
284 p. 20 € -
Vive l'Europe - "L'origine des génies", Claude Thélot - Daniel Conversano, Hassen Occident
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14 janvier 1918 : l’arrestation de Joseph Caillaux
La quasi-totalité des journaux du 15 janvier fait état de l’arrestation, la veille, de l’ancien président du Conseil, Joseph Caillaux. Déjà surveillé depuis le printemps 1917, le député de la Sarthe est pris « la main dans le sac ». En effet, il est établi, à partir d’un document provenant du gouvernement des États-Unis, que l’ancien ministre des Finances et inventeur de l’impôt sur le revenu a des relations suivies « depuis l’année 1915 avec le gouvernement allemand par l’intermédiaire de M. de Luxbourg à l’époque ministre plénipotentiaire d’Allemagne en Argentine », indique L’Action française du 15 janvier. De plus, on découvre à Florence (Italie), dans un coffre-fort loué sous le nom de Renouard (nom de jeune fille de Mme Joseph Caillaux), des documents diplomatiques compromettants et une somme de plus de deux millions et demi de francs.
Les journaux relatent l’arrestation qui se déroule le 14 janvier au petit matin : « À neuf heures, les autos [s’arrêtent] devant le 22 de la rue Alphonse-de-Neuville. » Le commissaire Priolet, suivi de trois collaborateurs, frappe à la porte de l’appartement. Joseph Caillaux, « en tenue négligée », précise L’Excelsior, les reçoit et les fait entrer. « Vous venez m’arrêter ? dit M. Caillaux. Bien. Il y a beaucoup de personnes qui ne voulaient pas croire à mon arrestation ; moi, je m’y attendais. Avec ces gens-là, il faut s’attendre à tout », rapporte L’Excelsior. Joseph Caillaux est autorisé à emporter des couvertures et un oreiller. Il monte dans la voiture du commissaire. « Pâle et nerveux », il est conduit au Quai des Orfèvres pour un bref interrogatoire. Il est inculpé par le capitaine Bouchardon « d’intelligences (sic) avec l’ennemi et machination avec des puissances étrangères ». Puis, à 10 h 35, il est incarcéré à la prison de la Santé. La presse fait un compte rendu précis de cette mise sous écrou : la manière dont le prisonnier est contraint de se séparer de ses effets personnels, la manière dont il se dirige vers le « Rond-Point du Quartier-Haut » où l’on inscrit, sur sa feuille d’écrou, le numéro de cellule qui lui est attribué : le n° 17. Une cellule carrée et qui fait quatre mètres de côté sur trois mètres quatre-vingts de haut. L’Excelsior apprend même à ses lecteurs que l’ancien président du Conseil a déjeuné vers 11 h 30 « d’un consommé, de deux œufs et d’une demi-bouteille de bordeaux ».
Quelques semaines plus tard, il est transféré à la maison de santé de Neuilly. Georges Clemenceau refuse d’intervenir pendant que l’instruction judiciaire est en cours. Caillaux fait près de vingt-sept mois de préventive. Il est jugé en février 1920 et, finalement, condamné à trois ans d’emprisonnement, à la privation (pendant dix ans) de ses droits civiques pour le seul chef de « correspondance avec l’ennemi ». Clemenceau qualifie ces « rêves d’entente avec l’Allemagne […] de crime […] C’était un petit jeu auquel on pouvait s’amuser jusqu’au 2 août 1914. Passé le 2 août 1914, il fallait se taire. »
Henri Saint-Amand
http://www.bvoltaire.fr/14-janvier-1918-larrestation-de-joseph-caillaux/
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Philippe de Villiers : la gouvernance européenne contre les nations
Philippe de Villiers est intervenu lors de l'université d'été de Renaissance catholique sur le thème de la gouvernance de l'Union européenne.
Durée 1h18 : Ecouter Philippe de Villiers
L'Europe est une idéologie. Il est d'ailleurs notable que l'on parle pour les signataires du traité de Rome des "Pères fondateurs".
La nation conduit à cultiver ses attachements vitaux. Il n'y a rien à craindre des nations. Les européistes ont voulu combattre le pangermanisme et la guerre en détruisant les nations. C'était leur 1e conviction commune : un contre-sens.
Leur 2e conviction était l'importance primordiale de l'ONU sur la nation.
Leur 3e : faire disparaître les profils politiques au profit des ingénieurs sociaux.
En 1964 : arrêt Costa de la cour de justice : supériorité du droit européen sur le droit national ! Nos hommes politiques sont les gardes champêtres du terrain de Bruxelles! En 1992 : tout le monde a cru que le super État serait un État super! Contre la France seule de Maurras, la baguette rassie et l'accordéon, les États unis d'Europe vaincraient ceux d'Amérique ! Mais Maastricht était en réalité un traité contre les nations. Il installa une gouvernance acéphale et l'Europe manqua tous les rendez vous d'après la chute du mur. 2007 : traité de Lisbonne : moment principal où l'Europe passe à l'État de droit. Pour l'État de droit, la nation n'est pas une terre et un peuple mais un ensemble de valeurs.
Et pourtant ! Nous vivons aujourd'hui un réveil des peuples qui va mettre en échec cette idéologie. L'Angleterre, la Hongrie, la Pologne, l'Italie...nous montrent que les peuples refusent leur arrachement à leurs continuités et leurs attachements charnels. Les peuples refusent aussi la société hédoniste. Ils réclament leur droit à la continuité historique. Ils savent que l'Europe ne lutte pas contre l'immigration, mais l'organise. Ils l'organisent notamment grâce à l'avortement. L'immigration de masse est la réponse à l'avortement de masse !
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La Cause du peuple en poche
De Francis Bergeron dans Présent :
"En 2016, le livre de Patrick Buisson, La Cause du peuple, avait été un grand succès d’édition. Mais il faut bien convenir que ce succès était dû en grande partie à un énorme quiproquo. En gros, le livre était présenté comme un ensemble de ragots : l’histoire de la présidence Sarkozy et de sa dernière campagne électorale, vue depuis un trou de serrure, et micros clandestins en poche. Du même coup, le grand public s’est rué sur le livre, qui est en fait un essai politique très complet, très fouillé, sur la notion de responsabilité, de service de l’Etat, de bien public, sur les clivages droite-gauche, sur l’évolution du capitalisme, sur l’identité, les frontières, la notion de civilisation, le fait religieux, le rapport des politiques au peuple. Le tout illustré, souvent en contre-exemple – ce qu’il ne fallait pas faire –, par des épisodes de la présidence Sarkozy, que Buisson a eu l’occasion d’étudier de très près.
Pourtant Jean-François Kahn, par exemple, l’un des rares à avoir lu le livre, ou du moins à l’avoir parcouru avec quelque attention, avait vendu la mèche dans Marianne, résumant le livre par cette formule : « Un type odieux, une idéologie néoféodale, mais un chef-d’œuvre. »
Point de secret d’alcôves : les lecteurs attendaient Carla Bruni, ils ont vu arriver Charles Maurras ! Avec le recul du temps, la fin de l’emballement médiatique, le contraste entre la chasse à l’homme et la nature de l’ouvrage n’en est que plus saisissant.
Enracinement et nomadisme, localisme et cosmopolitisme
Aujourd’hui, le livre est réédité en poche, avec ce sous-titre : « Le livre refondateur de la droite ». L’effondrement des droites à la présidentielle de 2017 accentue bien évidemment le caractère prophétique de l’analyse. Mais c’est la préface inédite de cette nouvelle édition qui attise la curiosité. Deux ans plus tard, Buisson contemple un paysage ravagé, une droite émiettée (ce qui explique le titre de sa préface : « L’art de la débâcle »), et surtout il diagnostique un fossé toujours plus grand entre les gestionnaires et les enracinés : « Avec la grande mutation du capitalisme impulsée par la financiarisation et la globalisation de l’économie, conservatisme et libéralisme apparaissent désormais dans une opposition radicale : celle du sacré et du marché, de l’enracinement et du nomadisme, du localisme et du cosmopolitisme, des communautés naturelles et des sociabilités contractuelles. » Buisson voit une jonction entre la France de la Manif pour tous et la France de Johnny Halliday, tandis que la droite et le centre dits de gestion se retrouvent satellisés.
A tous, Buisson conseille de relire… saint Thomas d’Aquin : « Le bien commun est toujours plus divin que celui de l’individu. »Sans doute une résurgence de cette « idéologie néoféodale » qui semble faire horreur à Jean-François Kahn, pourtant souvent mieux inspiré."