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Ce sens est défini par les quatre mots-clés qui sont : les racines, la mission, la tenue et l’exploit.
Hayek montre bien que nous n’avons créé ni notre langage, ni notre raison, ni note civilisation. Comment un individu pourrait-il créer ce qui le précède ? Nous avons donc, que cela plaise ou non, un héritage qui est constitutif de notre être. Sans cet héritage, comme on l’a vu avec les « enfants sauvages » perdus en forêt et élevés par des animaux, notre personnalité et notre raison même seraient inexistantes.
On peut considérer que puisque nous avons un héritage, nous devons en remercier nos ancêtres et notre nation et ne pas être ingrats. Qui dit héritage dit histoire et l’homme pleinement homme a une « conscience historique » à l’inverse de l’animal.
Les racines de l’existence, la fidélité.
Qui dit héritage et histoire dit donc « fidélité ». Les mots « foi » et « fidélité » ont une commune origine. Un homme « sans foi ni loi » est un homme à qui l’on ne peut pas faire confiance. Du point de vue éthique, la fidélité est donc une vertu fondatrice
Mais il y a plus, car les traditions qui constituent notre héritage contiennent un savoir, une sagesse énorme sélectionnée par des siècles de pratique de millions d’hommes. Se priver de cet héritage en voulant faire table rase (Tabula rasa) est donc un acte absurde et suicidaire. La sagesse des traditions est plus grande que celle de l’individu limité dans le temps et dans ses capacités rationnelles individuelles. L’orgueil individuel est donc stupidité. Les tentatives de tout refaire à nouveaux frais et d’éradiquer les traditions s’appellent historiquement des « révolutions ». Les révolutions permettent à la barbarie présente dans le cerveau primitif de l’homme de réapparaitre. C’est pourquoi elles mènent au sang et aux meurtres. L’homme a toujours le choix entre sauvagerie, barbarie et civilisation et la tâche de préserver et d’accroitre la civilisation n’est pas une tâche anodine, elle est vitale. Le rejet des traditions est en effet mortel, mort lente ou rapide selon les cas.
Ce qui fait la différence entre l’animal et l’homme, ce sont donc les traditions, elles-mêmes évolutives par petites touches à travers les événements historiques. Au mot racine, on peut donc associer le mot FIDELITE, condition même de la pérennité de la vie et de l’apparition de l’existence comme mode de vie spécifiquement humain.
La mission de l’existence, la liberté
Comme tous les philosophes existentiels l’ont compris de Pascal à Kierkegaard, de Nietzsche à Heidegger, l’homme peut mener une vie sans existence authentique et se laisser balloter de plaisirs fugaces en plaisirs fugaces. Il peut aussi refuser cette vie limitée au « divertissement » (Pascal) et mener une existence éthique (Kierkegaard). Il peut, comme l’écrit Heidegger, être simplement jeté dans le monde (il l’est toujours d’ailleurs au départ) ou « missionné ». C’est la conscience et le sentiment d’avoir une mission à réaliser sur terre qui distingue le plus l’homme de l’animal. Pour choisir cette mission, l’homme peut tenir compte ou non de ses racines, voire les rejeter au prix d’une énorme perte d’information. C’est en cela que l’homme est doué de LIBERTE.
Mais la liberté conduit, comme l’a écrit le tragédien grec Sophocle, sur le chemin du bien comme sur le chemin du mal. On peut choisir une mission de rebelle (Al Capone) ou de révolutionnaire (Pol Pot, Fouquier-Tinville). On peut aussi choisir une mission humanitaire et croire naïvement que le bien nait seulement du bien à l’encontre d’Héraclite qui proclamait l’unité des contraires. La réalité est que la paix créé la guerre et que la guerre créé la paix. C’est pour cela que le Christ dans Sa sagesse affirme ce qui peut paraitre scandaleux : « Je suis venu apporter non la paix mais l’épée ». On peut enfin estimer que la mission est de faire fructifier l’héritage de sa civilisation au lieu de la renier et s’engager sur la voie du dépassement de soi-même vers le bien, par des actes créateurs, où l’homme devient « co-créateur » du monde (Nicolas Bediaeff). Le fait d’avoir une mission donne du sens à l’existence et la rend plus belle, ce qui n’exclue pas le tragique. Elle permet de s’élever sur le chemin qui va de la bête vers le héros. L’existence peut être comme disait De Gaulle : « sans caractère, morne tâche d’esclave, avec lui, jeu divin du héros ! »
La tenue, l’honneur
La mission, qui est liberté, vous contraint à la tenue, qui est devoir et discipline. La tenue est ce qui vous empêche de déchoir. Elle est associée au sens de L’HONNEUR. Le héros qui a le choix entre se planquer ou affronter un ennemi supérieur en nombre, a de la tenue, il est honorable. C’est pourquoi la condition militaire a toujours été honorée dans l’histoire. Il fallait autrefois faire le métier des armes pour pouvoir être anobli. Le proverbe « noblesse oblige » exprime ce sens de l’honneur. La noblesse ne mendie pas des « droits » mais revendique au contraire des devoirs. Elle permet ainsi à l’homme de sortir de lui-même, de cet égocentrisme de petit enfant car à l’intérieur de l’homme privé de lumière extérieure, il n’a que de la boue, comme l’a justement écrit feu le philosophe Jean-François Mattéi (si l’on entend par « boue » les pulsions incontrôlée du cerveau reptilien).
Nietzsche a écrit : « l’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme » où le surhomme selon lui, devait remplacer Dieu, qu’il croyait mort dans la conscience des hommes. En effet, sans l’idéal apporté par la « mission », la tenue disparait et l’homme régresse vers l’animalité ou vers la barbarie. Mais il est difficile à l’individu isolé, très faible qu’on le veuille ou non, de tenir son poste et sa mission, et de conserver la tenue, sans institutions extérieures pour le pousser à s’élever. L’homme a besoin de traditions, et dans ces traditions, il y a les institutions. C’est pourquoi, lorsque un peuple est vaincu, le vainqueur retire souvent au vaincu ses institutions et traditions propres. Il lui brise ainsi les reins.
L’exploit, l’excellence
Pourvu d’une mission, marque de liberté, et d’une tenue, donc du sens de l’honneur, la personne est appelée à accomplir des exploits. Cela peut être des actes héroïques mais cela peut aussi être des actes créateurs (les symphonies de Beethoven). Les actes en question sont aussi des actes d’amour : l’amour créé du nouveau, des êtres ou des œuvres. Sans amour, l’homme est condamné à la stérilité, dans tous les sens du terme, stérilité biologique ou stérilité culturelle. Pour qu’il y ait exploit, il est nécessaire de rechercher l’excellence, vertu majeure des anciens Grecs. Tout se tient : pas d’excellence sans tenue, capacité de se dépasser. Pas d’excellence sans une mission inspiratrice. Pas d’excellence sans puiser dans l’héritage immense des racines, des traditions. Racines, mission, tenue et exploits forment le quadriparti de l’existence. L’existence est plus que la vie.
Réinfo, journal d’information bimensuel du Parti de la France, présenté par Sylvie Collet.
Au sommaire de ce numéro :
• La formation… C’est la dernière tentative de François Hollande pour sauver sa candidature en 2017. Retour sur un monstre improductif qui engloutit 32 milliards d’euros par an, sans visiblement, aucune incidence sur la hausse du chômage.
• DAVOS La grande réunion des maîtres du jeu politique et économique. Dans ce rassemblement d’égo, on a pu assister à une confrontation Valls/Macron certes, mais c’est surtout l’occasion pour George Soros de faire part de ses préoccupations et de son analyse de la situation économique dans le but, non dissimulé, de réimposer sa vision mondialiste.
• La faillite des départements… Nous l’annoncions en novembre dernier. Les déclarations du gouvernement en fin d’année se voulaient rassurantes comptant sur le déblocage des crédits de début 2016 pour repousser la question à plus tard. Peine perdue, le département de l’Essonne, par la voix de son président, remet ce sujet brûlant sur le devant de la scène.
• Bolivie. Nouvelles tentatives de déstabilisation à la veille d’un referendum sur la modification de la constitution du pays. Le travail d’émancipation des pays d’Amérique latine de la tutelle américaine est un véritable exemple de volontarisme pour tous les souverainistes.
• et, pour finir : L’actualité du Parti de la France, nominations et prochains rendez-vous, la préparation du IIIe Congrès, et les derniers jours pour vous inscrire à la remise du Prix renaissance 2016.
Entre 2000 et 2004, les émoluments des patrons des quarante plus grandes entreprises françaises cotées à la Bourse – dites du CAC 40 – ont doublé pour atteindre une moyenne de 2,5 millions d’euros annuels. Si l’on y inclut les stock-options dont ils bénéficient (il s’agit de la possession d’actions attribuées à un cours avantageux), le chiffre passe à 5,6 millions d’euros en 2004, selon le cabinet d’études Proxinvest, soit plus de 15 000 euros par jour. Les patrons français les mieux payés ont ainsi empoché en 2005 : 22,6 millions d’euros (Lindsay Owen-Jones, L’Oréal), 16,3 (Bernard Arnault, LVMH), 13,7 (Jean-René Fourtou, Vivendi), etc. Arnaud Lagardère (Lagardère SCA) était, hors stock-options, le mieux payé : 7 millions. Il faut descendre jusqu’au 79èmepatron du classement dressé par Capital pour passer en dessous du million d’euros de rémunération annuelle.
Les chefs d’entreprise ne sont pas seuls à bénéficier de la manne. Depuis 1998, les émoluments des 435 membres des comités de direction des sociétés du CAC 40 ont, selon Proxinvest, grimpé de 215%, alors que, durant la même période, le salaire des Français n’a progressé que de 25%.
Au salaire et aux stock-options, il convient souvent d’accorder à nos amis les patrons un cadeau de bienvenue lors de leur arrivée dans l’entreprise – deux ans de salaire –, une prime de sortie, une retraite-chapeau assurant 40% du revenu – par exemple, 1,2 million d’euros par an pour Daniel Bernard, de Carrefour –, les frais payés – carte de crédit d’entreprise, repas, chauffeur, conseiller fiscal –, les jetons de présence pour participation aux conseils d’administration d’autres entreprises que la leur, etc. Ces conseils d’administration sont une coutume permettant à la tribu des dirigeants de raffermir ses liens ; les jetons ajoutent un agrément à la joie de se revoir : ils seraient en moyenne en 2004 de 34 500 euros.
La France n’est pas seule à choyer ses patrons. En 2005, selon une étude de Standard & Poor, la rémunération moyenne des P-DG des 500 plus grandes firmes des Etats-Unis s’élève à 430 fois celle du travailleur moyen – dix fois plus qu’en 1980. Le patron de Sonoco, John Drosdick, reçoit 23 millions de dollars par an, ceux d’ATT, Edward Whitacre, 17 millions, d’US Steel, John Surma, 6,7 millions, d’Alcoa, Alain Belda, 7,5 millions.
Quitter ces entreprises est l’occasion d’emporter un magot. En décembre 2005, Lee Raymond, le dirigeant d’Exxon, la grande compagnie pétrolière américaine, a pu soulager la tristesse de son départ avec un paquet de 400 millions de dollars. Le patron d’Occidental Petroleum s’est contenté de 135 millions de dollars en trois ans. Richard Fairbank, P-DG de Capital One Financial, a mieux joué : 249 millions de dollars quand il a levé ses stock-options en 2004.
En France, les cadeaux de départ sont moins plantureux, mais pas tout à fait dérisoires. Daniel Bernard, patron de Carrefour, part en avril 2005 avec des indemnités de licenciement de 38 millions d’euros auxquelles s’ajoute 0,6% de capital en tant que stock-options, soit quelque 170 millions d’euros. Antoine Zacharias, P-DG de Vinci, quitte cette entreprise en janvier 2006 avec une prime de 13 millions d’euros, pour aider à lui faire oublier son salaire annuel de 4,3millions de 2005, et que complète un matelas de plus de 170 millions de stock-options. Jean-Marc Espalioux, président du directoire d’Accor, part en janvier 2006 avec 12 millions d’euros. Igor Landau (Aventis), qui a perdu l’OPA qui lui a lancée Sanofi, empoche également 12 millions. Havas se sépare d’Alain de Pouzilhac et de 7,8 millions.
En 1989, Jacques Calvet, dirigeant de Peugeot, avait fait scandale parce qu’il s’était accordé une rallonge de 46% en deux ans – avec 2,2 millions de francs (330 000 euros), il pesait 30 fois le salaire d’un ouvrier de son entreprise. Aujourd’hui, ses collègues du CAC 40 gagnent plus de cent fois plus que le smicard. En 2000, rapporte Le Monde, le « gourou du management Peter Drucker » avait lancé une mise en garde : « Il y a trente ans, le facteur multiplicatif entre le salaire moyen d’une entreprise et le salaire le plus élevé était de 20. Maintenant, on avoisine les 200. C’est extrêmement pernicieux. Le banquier J.P. Morgan, dont on ne peut douter qu’il aimait beaucoup l’argent, avait fixé comme règle que le top management ne devait pas avoir un salaire qui excède vingt fois celui d’un salarié moyen. Cette règle était très sage. Il y a aujourd’hui une attention démesurée portée aux revenus et à la richesse. Cela détruit totalement l’esprit d’équipe. » M. Drucker a beau être « gourou », les managers ne l’ont pas écouté.
Le plus étonnant dans cette « bacchanale », pour reprendre le mot deForbes, est que ce ne sont pas les salariés ou les partis de gauche qui protestent le plus vivement contre ce hold-up organisé, mais les actionnaires et les investisseurs, qui jugent que le partage de la plus-value en faveur desdits managers se fait à leur détriment…
Comment les riches détruisent la planète, Hervé Kempf
"[...] Rappelons que, le 15 novembre 2014, Monsieur Sarkozy s’était engagé clairement, d’abord à « réécrire » cette loi, puis, cédant à la foule réunie par le mouvement Sens commun, à l’abroger. Mais, ce jour-là, il avait usé d’une formule un brin méprisante, révélatrice d’un état d’esprit versatile : « Si vous préférez qu’on dise qu’on doit l’abroger pour en faire une autre (…), si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher ». Il faut lire entre les lignes.Dans ce contexte le mot « franchement » signe l’absence de sincérité. L’orateur entendait séduire, voire acheter l’adhésion « pas très cher ». Ce n’était ni le discours d’un homme de conviction, ni celui d’un homme de parole.
Nicolas Sarkozy dit avoir « réfléchi »…
Argument facile. Soit c’est un gros mensonge, soit c’est une preuve supplémentaire de légèreté. Je crois surtout que, comme tant d’autres leaders surannés, l’ancien président n’a rien compris à ce qui monte depuis 2012, ce puissant courant d’écologie humaine attaché aux repères anthropologiques. Comme François Hollande, il occulte la cause des enfants. Dans leur guerre de nombrils, les politiques recherchent la « posture » qu’ils croient la plus favorable à court terme. Les yeux rivés sur la concurrence, ils oublient le service du bien commun. Entretenir le flou reste un mauvais calcul à long terme… L’argument utilisé pour le retournement de veste (« Il ne sera pas question de démarier les mariés et de revenir en arrière ») n’est pas pertinent. M. Sarkozy cède à la dialectique de l’inéluctabilité utilisée par le lobby LGBT. C’est la loi Taubira qui est régressive. Des juristes – ceux de l’Institut Famille et République récemment – ont étudié comment abroger ou réécrire cette loi, pour protéger l’enfant. Au lieu de les suivre, Nicolas Sarkozy se laisse féliciter par Laurence Rossignol… En reniant sa parole, il joue contre son camp. L’impact est désastreux.
N’est-ce pas un camouflet pour ceux qui l’ont alors cru ?
Devant Sens commun, Nicolas Sarkozy était en campagne pour la présidence de l’UMP. Au jeu de la barbichette, la question était : qui tient qui ? Peu de participants furent dupes. Qui peut ignorer que les promesses politique de campagne sont devenues des attrape-mouches jetables ? La perte de crédit de la parole politique est telle que les Français sont habitués aux sincérités successives. Elles alimentent leur mépris pour les partis et leurs chefs. Les citoyens regardent ces derniers comme des acteurs plus que comme des hommes d’État. On raffole des joutes comme on aime le jeu. On assiste au spectacle sans croire à la chanson.
Que faut-il faire pour ne pas désespérer ?
Bien sûr, ne pas se laisser abuser par « La France pour la vie », et autres balivernes hypnotiques en forme de déclaration d’amour. Ensuite, renoncer à la quête éperdue du leader providentiel. Dans notre pays, elle gaspille une énorme énergie. Une maxime de Confucius nous aidera à écarter les inconstants et les inconsistants : « Si un homme sait se gouverner lui-même, quelle difficulté aura-t-il à gouverner l’État ? Mais celui qui ne sait se gouverner lui-même, comment pourra-t-il gouverner les autres ? » Enfin, sans attendre un sauveur chez nos contemporains, continuer la construction de cette « polis parallèle » que décrivait le dissident Tchécoslovaque Vaclav Benda. Tisser des liens et prendre des initiatives de terrain, humanitaires, sociales et culturelles, fondées sur une véritable anthropologie, c’est notre réponse aux démolisseurs de tout poil qui continuent de saper les fondements de la vie en société. Telle est la véritable politique capable d’établir ce que Vaclav Havel nommait « la vie dans la vérité »."
Le philosophe Michel Drac analyse la trajectoire de la France dans des temps incertains. Entretien pour Kernews.
Le système a atteint ses limites, tout le monde le sait. Comme le ferait un mathématicien, peut-on analyser la trajectoire de la France d’après une triangulation à partir de sa politique étrangère, sa politique économique et sa politique intérieure ? Tel est l’exercice auquel s’est attaché le philosophe Michel Drac dans son dernier livre « Triangulation : repères pour des temps incertains ». Michel Drac est essayiste et diplômé décole de commerce. Il a créé le «concept fractionnaire». Il se dit «persuadé que ce sont les minorités qui incubent les systèmes de représentation» et il suggère à la dissidence française de sorganiser en «contre-société fractionnaire», pour prospérer «à lintérieur de la société ordinaire» avant de prendre le contrôle de celle-ci par une stratégie méthodique dinfiltration. Dans cet ouvrage, il invite le lecteur à envisager la France d’après, en estimant qu’il sera plus intéressant pour les Français de vivre après la France, que de vivre avec la France. Il nous explique sa vision de la France de demain.
«Triangulation : repères pour des temps incertains » de Michel Drac est publié par les éditions Le Retour aux sources. Ecoutez l’entretien entre Yannick Urrien et Michel Drac diffusé vendredi 8 janvier 2016 sur Kernews :
« On a des dirigeants qui ne peuvent pas empêcher la catastrophe et, à un certain moment, le Daladier de service va se retrouver devant la catastrophe et il ne pourra rien faire. »
Kernews : Vous analysez l’effondrement du système, tout en semblant dire que ce n’est finalement pas si grave, car on s’en sortira : l’esprit français perdurera. Est-ce le message que vous avez voulu faire passer ?
Michel Drac : J’ai voulu faire passer comme message l’idée qu’il y a un avenir après la fin du monde tel qu’on le connaissait. Aujourd’hui, il y a un certain nombre de gens qui refusent de considérer la fin d’un monde dans lequel ils ont vécu, qui était un monde où l’État-nation, incarné dans une certaine République, pouvait peser dans le monde et protéger sa population de façon efficace. La réalité, c’est qu’aujourd’hui cet État-nation a de plus en plus de mal à protéger sa population. D’ailleurs, on peut se demander dans quelle mesure c’est encore la mission que les dirigeants s’assignent, étant donné la politique qu’ils déploient… C’est une question que l’on peut se poser. D’autre part, il n’est pas certain que l’état, même dégradé, dans lequel se trouve notre État-nation puisse perdurer encore au-delà de quelques années. Mais, après, il y a un avenir. Ou cet État-nation se transforme, paradoxalement en revenant à un certain nombre des fondamentaux qu’il a perdus en s’adaptant à la mondialisation, ou il invente une nouvelle façon de protéger sa population en se refondant, ou il disparaît… Mais dans le cas où il disparaît, la population est toujours là et elle peut toujours faire face à l’avenir. L’État-nation est en train de se briser, mais il n’est pas le seul. La superstructure que les classes dirigeantes ont essayé de construire au-dessus de l’État-nation, en partie pour le délier de ses missions, à savoir l’Union européenne, est aussi en train de se briser. Paradoxalement, le fait que les structures super-étatiques que l’on a voulu construire tombent encore plus vite que les États-nations qu’elles étaient chargées de démanteler peut ouvrir des portes inattendues à la refondation de l’État-nation.
On entend souvent cette phrase : « Oui, c’est foutu… ». Or, les mêmes qui reconnaissent que la France est au bord du gouffre, vous les retrouvez plus tard projetant leurs espoirs sur des gens comme Alain Juppé, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Nicolas Sarkozy… En s’efforçant ainsi de se raccrocher à un sauveur potentiel, le peuple espère-t-il inconsciemment recréer un jour un grand pays ?
Si l’on regarde les fondamentaux de la puissance au XXIe siècle, la France n’a pas les moyens de redevenir un grand pays. C’est quelque chose qu’il faut intégrer. La France n’est pas un pays négligeable, c’est une puissance moyenne qui pourra peser dans le débat au XXIe siècle. Mais, si l’on regarde les fondamentaux de la puissance au XXIe siècle, elle a assez peu de chances de redevenir un grand pays. Je ne vois pas très bien comment une France peuplée par 70 millions de personnes, avec un âge moyen de 45-50 ans, va pouvoir s’imposer dans un monde où les poids lourds sont les États-Unis avec 400 millions d’habitants, une Chine avec 1,4 milliard d’habitants et une Inde à 1,4 milliard d’habitants. Ou encore une Russie, qui a certes des problèmes démographiques, mais qui est appuyée sur son gigantesque potentiel territorial et de matières premières.
Certains vous répondront que c’est l’Europe qui peut porter cet espoir…
C’était en partie l’idée des classes dirigeantes et cette idée n’était pas stupide. On peut imaginer, effectivement, qu’une Europe qui soit vraiment européenne et qui poursuive réellement comme objectif de constituer un pôle de puissance le devienne. Le problème, c’est que ce que nous appelons aujourd’hui l’Europe n’est pas l’Europe. On le voit bien avec le Traité transatlantique. Ce que nous appelons l’Europe, par rapport aux États-Unis, aujourd’hui, c’est un peu ce que la Grèce assujettie à Rome a pu être au début de l’Empire romain. L’Europe des multinationales, l’Europe des lobbyistes, l’Europe de la soumission systématique aux intérêts américains, cela n’offre pas la possibilité de refonder un axe de puissance. Après, on peut imaginer une autre Europe qui serait tout à fait différente dans les visées qu’elle poursuivrait et aussi dans sa Constitution.
«Triangulation» est l’analyse de la situation de la France comme un objet qui effectue une trajectoire dans le cosmos et, lorsque vous évoquez la disparition de la France, vous estimez que cela serait peut-être une chance d’être la France d’après la France…
La France existe encore aujourd’hui, mais elle est en train de se défaire petit à petit. L’un des scénarios possibles pour l’avenir, même s’il y en a d’autres, c’est qu’elle finisse de se défaire. Il existera peut-être encore pendant longtemps un truc qui s’appellera la République française, mais ce ne sera plus une République : ce sera une administration coloniale qui administrera un territoire sur lequel il y aura une population qui n’aura plus grand-chose à voir avec le peuple français. À ce moment-là, les gens qui sont Français parce qu’ils pensent en français, que deviendront-ils ? On va continuer à exister, il y aura toujours des Français, même si la France sur un territoire précis disparaît. Donc, il est assez fascinant de se demander ce que vont devenir ces Français d’après la France. Il y a plusieurs scénarios possibles. Il y a des scénarios assez noirs où, effectivement, nous ne devenons rien. Il arrive que des gens disparaissent en deux ou trois générations…
Comme les Indiens d’Amérique ?
Oui et comme beaucoup de peuples dans le passé. Certains disparaissent par élimination physique, d’autres par la perte de leur héritage culturel ou par un métissage systématique. Mais on peut aussi imaginer un autre avenir. Par exemple, à l’intérieur du territoire français, des enclaves où se constituent petit à petit des isolats spécifiquement français. On peut aussi imaginer un avenir où l’identité française mute en devenant une identité culturelle à caractère diasporique et nous deviendrions l’un de ces nombreux peuples qui ont existé par le passé sur un territoire et qui se sont déterritorialisés. C’est certainement plus difficile que de vivre sur notre territoire, avec la sécurité que nous apporte notre territoire mais, même si c’est plus difficile, d’une certaine manière, cela peut être plus intéressant. En supposant qu’une fenêtre de tir s’ouvre et qu’effectivement arrivent au pouvoir en France des gens qui sont décidés à restaurer le pays, il faut se rendre compte que ces gens vont avoir à gérer la population française telle qu’elle est aujourd’hui. Il va falloir qu’ils gèrent la population telle qu’ils vont en hériter, un système qui existe depuis maintenant quatre décennies et qui est un système totalement malsain qui a contaminé la population en profondeur. C’est un beau défi, mais refaire de la France un pays digne, fort et respecté, avec une population du type «Les Marseillais en Thaïlande», pour reprendre une référence à cette émission de télé-réalité, ce n’est pas gagné… On peut aussi voir quelque chose de complètement nouveau émerger à partir de l’identité française.
Pour la territorialisation de la France, les zones les moins touchées par l’immigration sont celles qui ont le plus voté pour le PS, comme en Bretagne : cela veut dire que tant que les gens ne sont pas confrontés à un problème, ils ne se posent pas la question…
Les populations ne réagissent pas en fonction d’une analyse rationnelle de la situation. Les déterminants du vote, chez la grande majorité des électeurs, ne vont pas chercher aussi loin. Ce n’est pas parce que les gens sont bêtes, c’est simplement parce que la plupart du temps la grande majorité des gens ne s’intéressent pas aux grandes questions politiques, économiques ou sociales. La plupart des gens sont des braves gens, ils veulent faire ce qu’ils peuvent pour faire avancer la cité dans la bonne direction, mais ils ne vont pas passer le temps nécessaire pour s’informer et comprendre la complexité du monde ou de la cité. C’est très compliqué, ils ont un travail, une famille… Très souvent, ils vont voter en fonction de leurs intérêts catégoriels, ou en fonction d’une sorte de sensibilité vague à caractère presque instinctif. De façon très logique, vous avez trois grandes forces qui se détachent. Le Parti socialiste et ses satellites de l’ancienne gauche plurielle, cet ensemble qui se présente encore officiellement comme le grand parti des ouvriers, une vaste bouffonnerie : en gros, c’est le parti des bénéficiaires de la mondialisation, c’est le parti de la classe moyenne supérieure, de la classe moyenne du secteur tertiaire et d’une partie de la fonction publique. Ils vont continuer à être payés comme on était payé dans la France d’avant et ils vont acheter des produits créés par des ouvriers payés à la chinoise. Donc, il sont pour et c’est normal. Ensuite, vous avez un deuxième bloc, Les Républicains, essentiellement un électorat âgé. Cela va d’ailleurs finir par poser un gros problème à cette tendance politique, si elle ne se renouvelle pas. Enfin, vous avez un troisième bloc, dont le cœur est formé par le Front national, mais vous pouvez y adjoindre curieusement quelques sensibilités marginales situées aujourd’hui à l’extrême gauche. Ce troisième bloc est constitué par la rencontre de deux électorats. Il y a les perdants de la mondialisation sur le plan économique, essentiellement les employés et les ouvriers, et il y a également les perdants de la mondialisation sur le plan des flux migratoires, c’est-à-dire les gens qui sont heurtés par l’immigration. Aujourd’hui, vous allez forcément avoir des zones où ce vote de rupture va être moins répandu, tout simplement parce que ce sont des zones que, pour diverses raisons, le choc de la mondialisation a relativement épargnées. La Bretagne a deux caractéristiques depuis 40 ans : d’abord, en termes de flux migratoires, elle a été moins touchée que la plupart des autres régions françaises et, en termes économiques, elle a des taux de croissance qui sont bien meilleurs que dans le reste de la France, même si les choses se gâtent sérieusement. Comme vous avez un tissu économique qui n’est pas plombé par des vieilles industries déclinantes, vous allez trouver beaucoup de gens qui peuvent se penser, pour l’instant, comme de petits bénéficiaires de la mondialisation. Mais cela ne valide pas du tout l’hypothèse d’une territorialisation de la France. Si ce qui s’est passé le 13 novembre dernier à Paris se reproduit tous les six mois – ce que je ne souhaite pas, évidemment – si ce qui s’est passé en Corse se reproduit de plus en plus souvent et de plus en plus fort, si l’on imagine que tout dérape vraiment, si ces braves Bretons qui, pour l’instant, sont un peu loin de tout cela découvrent que leur pays est en train de basculer dans la guerre civile, ce qui peut arriver, je peux vous dire que ces Bretons n’accepteront pas le transfert de 300 000 ou 400 000 migrants parce que la situation devient trop chaude dans les autres régions… À ce moment-là, ils réfléchiront dans des termes très différents.
Vous évoquez également la stratégie de tension menée par le pouvoir, tension sécuritaire ou tension fiscale. Vous avez été l’un des premiers à en parler il y a deux ans : comment analysez-vous l’accentuation de ce phénomène ?
Dans l’histoire, quand un pouvoir n’a plus de cartes à jouer, il renverse la table. Sur la table, le pouvoir a perdu. Les classes dirigeantes actuelles n’ont plus rien à proposer. Le pays tombe lentement sur le plan économique, les chiffres du chômage sont inquiétants, mais si l’on regardait les réalités en face, ce serait bien plus inquiétant. En réalité, le taux d’activité est en train de baisser de façon dramatique en France. Le pays est aussi en train de tomber financièrement. Le pouvoir n’a aucun moyen d’inverser cela parce qu’ils se sont enfermés, notamment avec l’euro, dans une mécanique mortifère dont ils ne peuvent plus sortir. Quand je parle du pouvoir, il s’agit de l’ensemble des classes dirigeantes actuelles, c’est-à-dire les gens qui ont gouverné la France depuis 40 ans. Maintenant, ils savent que c’est cuit, ils ne peuvent plus faire autre chose que gérer la faillite du truc qu’ils ont essayé de constituer.
Certains sont convaincus qu’ils sont capables de redresser les choses… Par exemple, des gens comme Alain Juppé ou Bruno Le Maire savent-ils au fond d’eux-mêmes que c’est plié ? Pourquoi se battent-ils autant pour accéder au pouvoir, si c’est cuit ?
En général, les gens qui s’approchent du pouvoir sont irrésistiblement attirés. Un homme politique est programmé pour avoir le pouvoir et pour le garder. Je crois aussi que ces gens se disent : «On ne sait jamais…». Et c’est vrai, l’histoire est parfois illogique, il y a parfois des échappatoires inattendues. Mais, franchement, dans les années qui viennent, il va se passer en France ce qui s’est passé quand Daladier est arrivé au pouvoir. On a des dirigeants qui ne peuvent pas empêcher la catastrophe et, à un certain moment, le Daladier de service va se retrouver devant la catastrophe et il ne pourra rien faire. Au fond d’eux-mêmes, ils doivent savoir que la situation est extrêmement dangereuse et le seul moyen pour eux de garder le contrôle de la situation, ce sera de durcir le modèle de société, en allant vers une situation de moins en moins démocratique. À partir de là, il fallait s’attendre à voir émerger une stratégie de la tension parce que, quand un pouvoir est dans cette situation, logiquement, il va choisir la stratégie de la tension pour pouvoir durcir le modèle de société. 9 janvier 2015.
Claire Séverac donnera deux conférences, à Avignon puis à Nice, les 23 et 24 janvier 2016 pour présenter son ouvrage La Guerre secrète contre les peuples, publié aux éditions Kontre Kulture.
La bande-annonce :
CONFÉRENCE À AVIGNON LE 23 JANVIER 2016 Claire Séverac donnera une conférence à Avignon le samedi 23 janvier 2016 à 15h. Réservations : en remplissant directement le formulaire de réservation ; OU en envoyant un courriel à cette adresse : severac.avignon@gmail.com La demande de réservation par courriel doit obligatoirement mentionner le nombre de places demandées ainsi qu’une adresse électronique (ou numéro de téléphone portable). Le lieu de conférence sera indiqué par courriel (ou SMS) quelques heures avant l’horaire indiqué. Entrée : 7 euros, à payer sur place en espèces. Les organisateurs se réservent le droit de refuser l’entrée pour des raisons appropriées. CONFÉRENCE À NICE LE 24 JANVIER 2016 L’association Culture Populaire est heureuse de vous annoncer la venue de Claire Séverac en conférence à Nice le dimanche 24 janvier 2016 à 14h. Les thèmes qui seront abordés : la géo-ingénierie clandestine, les armes bactériologiques, les implants, les nanotechnologies, les manipulations mentales, etc. Claire Séverac a mené trois ans d’enquête pour écrire son dernier livre. À l’instar de Sylvie Simon, elle a le courage de chercher des vérités que le pouvoir et les médias dissimulent, ridiculisent et renient. Pierre Hillard, docteur en sciences politiques et dénonciateur connu du nouvel ordre mondial, a préfacé son dernier livre, La Guerre secrète contre les peuples. Une vingtaine d’exemplaires de cet ouvrage seront proposés à la vente le jour de la conférence et dédicacés par l’auteur. L’intervention de Claire Séverac sera suivie d’une séance de questions-réponses avec le public. Pour réserver votre place, rendez vous directement sur : www.cultpop.fr Vous serez informé 48h à l’avance de l’adresse exacte de la conférence. Pensez à réserver rapidement car les places sont limitées. Entrée : 7 euros. Un bar avec des rafraîchissements ainsi que des produits sucrés et salés (gâteaux, quiches, pissaladières, etc.), le tout bio, acheté chez des producteurs locaux et préparé par nos membres, seront à votre disposition. Nos artistes peintres et caricaturistes, membres de l’association Culture Populaire, exposeront leurs œuvres ; certaines seront proposées à la vente. Toutes ces initiatives serviront à financer l’activité bénévole de l’association. Merci pour votre aide et votre générosité !