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économie et finance - Page 355

  • Les gilets jaunes, une contestation issue du "pays réel".

    L’État semble ne pas en avoir fini avec les gilets jaunes et le gouvernement paraît inflexible, à défaut de savoir comment gérer ce mouvement de colère désordonné et insaisissable, sans doute plus politique dans sa signification que dans sa formulation. Bien sûr, cette colère retombera ou s'épuisera, et ce que l'on pourrait qualifier de « pays légal », qu'il soit syndical ou politicien, respirera, tandis que la mondialisation poursuivra sa marche en avant, néanmoins ralentie et plutôt déconsidérée ses dernières années dans nos contrées : mais rien ne sera réglé, et le ressentiment des classes populaires et moyennes les moins aisées ira croissant, s'exprimant dans les urnes (sans menacer vraiment l'ordre des choses établi depuis longtemps par la République) et sur les réseaux sociaux, déversoirs de la colère et, en définitive, nouveaux amortisseurs de cette dernière après en avoir été le catalyseur et l'éphémère organisateur.

    Pour l'heure, le gouvernement joue la carte du pourrissement du « conflit », en espérant que « ceux qui se lèvent tôt » se fâchent contre les « fâchés des taxes » : les boulangers privés de farine à cause des blocages alors que les commandes non traitées s'accumulent et profitent aux grandes surfaces, mieux achalandées et préparées à ce genre de situation (au moins pour les premiers jours), ou les commerciaux obligés de patienter des heures dans les ralentissements et perdant parfois de précieux clients, entre autres, n'apprécient guère les formes du mouvement même si, eux aussi, se plaignent de la pression fiscale trop forte. « Diviser pour mieux régner » reste la stratégie privilégiée par une République à court d'idées et d'arguments, mais indique aussi sa fragilité, confirmée par quelques sondages qui, au-delà du président Emmanuel Macron, signalent une sorte de « démotivation démocratique » plutôt inquiétante car possiblement nihiliste.

    Ce qui est certain, c'est que ce mouvement mérite considération et, au moins sur la question du « terreau des révoltes », réflexion, voire approbation et soutien. Cela ne signifie ni aveuglement ni suivisme, bien au contraire, et ce serait gravement impolitique de se contenter de slogans et de ne pas penser des pistes de propositions et de solutions, au-delà de la seule question du diesel ou de celle, plus large, des modes de déplacement motorisés. Plusieurs thèmes peuvent ainsi être abordés sans sortir du sujet : les mobilités et les types d'énergies nécessaires à celles-ci ; la localisation de l'habitat et le lieu du travail (et les formes que peut revêtir celui-ci pour réduire l'éloignement entre ceux-ci) ; l'aménagement du territoire (des territoires, devrait-on dire) et les circulations, et leur gestion, publique comme privée, corporative comme politique ; etc. Dans ces réflexions, les monarchistes ont leur mot à dire et des idées à avancer, et il serait dommage qu'ils restent en marge des discussions.

    Mais il y a une réflexion politique plus large à avoir en ces temps de colère : après tout, cette révolte des gilets jaunes n'est pas, comme le signale Christophe Guilluy une simple jacquerie : « C'est une confirmation de la confrontation entre la France périphérique et la France des métropoles. Nous ne sommes pas en face d'un mouvement marginal et catégoriel. C'est pourquoi le terme de « jacquerie » me semble inapproprié. La fronde dépasse le monde rural et touche l'ensemble des catégories modestes. (…) Surtout, je crois que nous sommes face à un processus de réaffirmation culturelle des classes moyennes. » Certains pourront y voir une définition sommaire du « pays réel » (définition incomplète, voire inexacte car trop limitée à des classes sociales), pays dont les contours restent d'ailleurs à préciser pour 2018, et il n'est pas scandaleux de l'évoquer si on veut bien, justement, le définir et en comprendre les potentialités et les limites, les unes et les autres nombreuses et non moins certaines... Mais, s'il faut la connaître et tenter de la comprendre, se contenter de voguer au gré de la vague jaune ne peut suffire pour ceux qui se targuent de vouloir changer de situation ou de régime politique : le « pays réel » n'est pas, en soi, une avant-garde, mais plutôt « ce pays qui vit, qui travaille, qui produit et consomme » dans un cadre relativement stable sans être immobile, ce pays enraciné qui se reconnaît, au-delà de ses différences multiples, dans une nation historique et « habituelle ». Il ne fait pas les révolutions, s'il peut les suivre et les confirmer, ou non. Dans nos démocraties, il donne droit, par son vote, au « pays légal » de faire la loi. Mais quand ce droit ne fait plus devoir au « pays légal » de respecter le « pays réel », la démocratie perd de sa consistance et, surtout, de sa légitimité : c'est alors le pouvoir de Créon, et cela peut bien encolérer les électeurs-contribuables qui se sentent floués et incompris, voire ignorés. Nous en sommes sans doute là, et le « pays réel », en ses parties les plus insatisfaites, se couvre alors de jaune fluo pour dénoncer l'illégitimité de certaines taxes ou l'usage abusif du recours étatique à l'impôt. Ses maladresses et ses emportements peuvent le décrédibiliser, certes, mais cela n'enlève rien au fond de la colère et au sentiment d'injustice qui le motive pour protester.

    Le rôle des royalistes contemporains est, sans doute, de montrer que c'est par le moyen du politique et par la liberté affirmée et assumée de la magistrature suprême de l’État que les questions sociales, territoriales et environnementales peuvent trouver des débouchés plus favorables au « pays réel » (ou « réels », au pluriel, ce qui correspondrait sans doute mieux à la multiplicité des communautés et des points d'attaches, en particulier sociales et locales), tout en inscrivant l'action politique dans le long terme et la continuité nécessaire à la bonne mise en place des grandes stratégies écologiques, économiques et sociales, entre autres. Si l'instauration monarchique paraît lointaine, il n'en est pas moins utile de rappeler sa nécessité au regard des enjeux, des défis et des attentes de notre temps et pour cet avenir qui dure longtemps, selon l'heureuse expression du Comte de Paris. Loin d'être un « sceptre magique », la Monarchie ouvre la voie à des possibilités multiples que l'actuelle République ne peut développer, prisonnière de son calendrier et d'un « pays légal » sans imagination ni altitude mentale...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Elysée, raffineries, aéroports… le plan des gilets jaunes pour faire plier Macron

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    Alors que le gouvernement pointe la désorganisation potentiellement dangereuse du mouvement des « gilets jaunes » en vue de la journée de blocage prévue le samedi 17 novembre 2018, « Marianne » a contacté ses principaux initiateurs pour voir comment ils préparent la manifestation… et la suite.

    Ne les accusez pas de manquer d’organisation. Si les « gilets jaunes » affirment leur indépendance vis-à-vis des partis et syndicats, ils réfutent l’improvisation dont le gouvernement les accuse dans l’organisation du blocage national, le samedi 17 novembre 2018, contre la hausse des taxes sur le carburant. Depuis des jours, des semaines, plusieurs dizaines de militants préparent ainsi leur manifestation du week-end avec une discipline quasi-militaire.

    UNE CARTE DE POINTS DE BLOCAGE « STRATÉGIQUES »

    Ces citoyens déterminés revendiquent d’avoir mis au point un plan précis pour faire reculer Emmanuel Macron et son gouvernement. Par son ampleur, d’abord. Un site Internet conçu spécialement pour la manifestation (blocage17novembre.com) recense, zone par zone, chaque manifestation prévue en France le 17 novembre.

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  • Gilets jaunes : Acte 2 à Paris le 24 novembre

    Gilets jaunes : Acte 2 à Paris le 24 novembre

    C’est l’appel qui circule sur les réseaux sociaux. Galvanisé par le succès de samedi, le mouvement pourrait s’amplifier. L’appel, lancé sur Facebook, est lancé par la même personne qui avait lancé l’idée des gilets jaunes.

    Rendez-vous place de la Concorde, à pieds, à cheval, en voiture, à scooter, moto, vélo et surtout gilet jaune.

    https://www.lesalonbeige.fr/gilets-jaunes-acte-2-a-paris-le-24-novembre/

  • Politique-Eco n°192 avec Philippe Herlin : Pouvoir d’achat – Le grand mensonge

    En pleine mobilisation des gilets jaunes, Pierre Bergerault reçoit l’économiste Philippe Herlin pour la présentation de son dernier ouvrage “Pouvoir d’achat – Le grand mensonge” aux éditions Eyrolles. Une enquête exclusive pour dénoncer les manipulations de l’INSEE sur le calcul de l’évolution des prix et pour faire de nouveau progresser le pouvoir d’achat des salariés. 

  • La mort d'une femme en gilet jaune, révélatrice d'une nouvelle lutte des classes ?

    La mort d'une manifestante portant gilet jaune samedi matin n'a suscité que quelques lignes dans la plupart des médias et peu d'émotion dans les salons habituels de l'indignation, quand elle n'a pas provoqué l'ironie sur certains réseaux sociaux qui se piquent de modernité et de bon goût : n'était-ce pas elle la fautive qui avait pris le risque de « troubler l'ordre public » et de participer à un barrage de protestation, alors que la liberté de circulation est un droit fondamental de l'homme occidental ? Le ministre de l'Intérieur actuel, qui en viendrait à nous faire regretter le sinistre Manuel Valls aux mâchoires serrées, a même cherché à instrumentaliser ce décès en insistant sur les dangers de manifester hors du cadre légal et préfectoral ; comme il cherchera ensuite à minimiser l'ampleur de la mobilisation tout en insistant sur le nombre élevé de blessés, cela sans évoquer plus avant les raisons d'un tel bilan, et, surtout, en valorisant le nombre de gardés à vue sans indiquer s'ils étaient gilets jaunes ou opposants à ceux-ci : la duplicité de ce ministre, dont nous tairons le nom par respect pour la bienséance, n'est rien à côté du mépris qu'il montre sans pudeur envers une contestation portée par des gens qui, visiblement, ne lui ressemblent pas... Qu'il insiste lourdement sur le fait qu'ils ne forment « visiblement » qu'une minorité au regard des soixante-sept millions de Français, risque bien de provoquer une réponse, sinon plus vive (quoique, qui sait ?), du moins plus désespérée et, du coup, plus périlleuse pour tout le monde. Mais peut-être est-ce d'ailleurs l'effet que recherche ce pyromane qui rappelle un certain Eugène Frot, le ministre « fusilleur du 6 février 1934 » ? Cela permet, à bon compte, d'en appeler alors à la « défense de la République », vieille stratégie habituelle des pouvoirs républicains aux abois, massacreurs des ouvriers en 1848 et 1871, et frappeurs de ceux-ci et de beaucoup d'autres en de multiples occasions, comme s'en indignait, en son temps, le bouillant royaliste Bernanos.

    Chantal Mazet, décédée en ce samedi matin, était une simple retraitée de fraîche date, qui craignait de ne plus pouvoir vivre décemment et dont c'était la première manifestation. Joyeuse, elle espérait, sans doute un peu naïvement et comme tant d'autres, alerter la République sur les difficultés des petites gens et sur le trop-plein fiscal qui fait déborder la colère sur le bitume : elle a fini écrasée par les roues d'un 4x4, de ces véhicules désormais attachés dans l'esprit des gens, à tort ou à raison, à la bourgeoisie aisée et citadine. Faut-il y voir un terrible symbole ? J'avoue ma gêne devant cette question, et certains penseront que j'ai une lecture « classiste » et déplacée de ce drame qui ne m'appartient pas. Mais ce dimanche midi, à entendre certains propos de quelques personnes qui se trouvaient non loin de moi quand je sirotais un bon café, j'ai constaté la détestation éprouvée par d'autres propriétaires de 4x4 à l'égard de ceux qu'ils traitaient de « populistes » pour ne pas les reconnaître, simplement, comme humains dignes de respect. Et j'avoue ma honte de ne pas avoir aussitôt réagi en rappelant, tout aussi simplement, qu'ils parlaient d'une femme tuée pour ne pas s'être écartée assez rapidement de la trajectoire d'un lourd véhicule, de ceux « qui pèsent plus de 1,5 tonnes et consomment 20 % de carburant de plus que les berlines classiques » comme l'évoquait l'hebdomadaire Marianne cette semaine...

    Ce n'est pas moi qui, dès l'abord, faisait une « lecture sociale » de cet accident, mais des inconnus qui revendiquaient, par leur attitude et leurs propos, l'appartenance à une classe aisée, supérieure, et à un monde moderne, à cette « mondialisation » dont, eux, profitent quand tant d'autres, chez nous ou ailleurs, en crèvent, y compris au sens premier et le plus violent du terme ! Ainsi, ces personnes avaient un langage et une idéologie de « lutte des classes » alors, que dans une civilisation honorable, elles auraient dû faire preuve de compassion et d'un minimum de décence à l'égard de cette pauvre retraitée morte en gilet jaune...

    Cela me confirme dans ma défiance à l'égard d'une République qui prend trop souvent les atours maudits d'une oligarchie sûre d'elle-même et méprisante à l'égard des autres, particulièrement quand ces derniers appartiennent au monde des « petits ». Royaliste, je suis hostile à la lutte des classes sans pouvoir nier qu'elle existe mais que, aujourd'hui, ce sont les « possédants », ou plutôt certains d'entre eux (que j'espère, encore, minoritaires), qui la mènent, terriblement et, parfois, atrocement...

    Royaliste, je prône une union des classes dans le cadre de l'unité française, ce qui n'empêche ni les différences assumées ni les querelles sociales, mais qui les « dépasse par le haut ». Mais je dois avouer que, aujourd'hui, le chemin me paraît un peu plus escarpé encore...

    Le Camelot du Roi Maurice Pujo soulignait, avec grande justesse, que la Monarchie devrait être populaire car, sinon, elle ne pourrait « être », tout simplement. Oui, populaire, c'est-à-dire attentive, sans démagogie, aux voix de tous et, surtout, des plus fragiles dans notre société. La République de M. Griveaux et de son acolyte de l'Intérieur paraît bien éloignée de cette préoccupation de justice sociale qui devrait être celle de tout État digne de ce nom et de sa fonction historique en France.

    Je m'incline devant la tombe encore ouverte de Madame Chantal Mazet. Qu'elle repose en paix, et que les personnes de bonne volonté ne l'oublient pas trop vite, tout simplement...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Gilets jaunes : premier bilan provisoire

    Le billet de Patrick Parment

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    Avec plus de 287 000 personnes dans la rue sur la France entière, on ne peut pas dire que ce soit un violent succès. La Manif pour tous avait fait mieux sans parler de l’enterrement de Johnny Hallyday et son million de fans dans les rues. Toutefois, ces 287 000 personnes sont l’arbre qui cache la forêt. Car ce chiffre ne reflète en rien la réalité du phénomène.

    Première remarque : ce mouvement spontané issu des réseaux sociaux n’a aucun leader et ne constitue donc pas une force structurée. Deuxième remarque : ce mouvement est l’expression pure et dure d’une France d’en bas, selon l’expression de Christophe Guilluy, qui en a ras-le-bol de la France d’en haut, celle urbaine de ces élites qui n’en sont pas. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Emmanuel Macron a bénéficié de ce ras-le-bol qui a littéralement implosé les partis politiques traditionnels et son petit personnel.

    Ô surprise, Macron se révèle pire que le mal qu’il était censé éradiquer. La politique libérale de Macron, au prétexte de modernisation des structures du pays, est un bide total. Quoi de plus logique d’ailleurs quand on est issu de la caste énarchique qui prétend gouverner hors sol au pays d’une démocratie sans électeur. Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que ceux qui sont restés chez eux pour suivre – ou non – les événements à la téloche ou ailleurs sont largement plus nombreux que ceux qui ont pris le parti de descendre dans la rue. Or, en démocratie, l’unique sanction, ce sont les élections. Il y a fort à parier que les européennes à venir vont nous réserver quelques surprises.

    Ce ne sera toutefois pas suffisant pour renvoyer Macron à ses chères études. Mais, il a déjà tout faux en voulant porter le combat contre ceux que l’on nomme les populistes, relents de fascisme à ses yeux. Cela prouve bien qu’il n’a rien compris à l’essence même du populisme qui est pour le peuple sa volonté de vouloir rester ce qu’il est au regard de sa propre histoire et de s’inscrire dans la continuité. Et surtout que cesse ces politiques libérales qui sont en train de nous détruire. Un seul mot nous vient à l’esprit : Macron, dehors !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Edition Spéciale Gilets jaunes – Journal du lundi 19 novembre 2018

    Edition Spéciale Gilets jaunes
    La France s’était vêtue de jaune pour la fin de semaine. Partout dans le pays, des rassemblements étaient organisés pour protester contre la baisse générale du pouvoir d’achat. Impôts, taxes sur le carburant et mépris d’Emmanuel Macron, les gilets jaunes entendaient provoquer un signe de l’exécutif. Résultat : Un président parti en Allemagne et un premier ministre qui fait la sourde oreille… Des réactions politiques qui devraient susciter une prolongation du mouvement citoyen, malgré des gros écarts d’organisation.

    – Société / La vague jaune citron contre Macron
    – Politique / L’exécutif entre déni et défiance
    – Société / Gilets jaunes : et après ?
    – L’actualité en bref

    Serveur TVL

    Lien dailymotion
    https://www.tvlibertes.com/2018/11/19/26833/edition-speciale-gilets-jaunes-journal-lundi-19-novembre-2018

  • Éric Zemmour : « Le 17 novembre, la révolte des Français qui voient jaune »

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    Éric Zemmour donne sa vision de la révolte des gilets jaunes : révolte de la France périphérique - dont Christophe Guilluy nous dit qu'elle reste majoritaire - contre la France mondialisée des grandes métropoles, minoritaire. Éric Zemmour y voit une forme nouvelle de la lutte des classes, fil rouge de la présidence Macron [Figaro magazine du vendredi 16 novembre]. Pourquoi pas ? Ou un affrontement Pays Réel / Pays Légal, à la maurrassienne ? Sans-doute les deux. Christophe Guilluy dit encore que la classe dirigeante actuelle parce qu'elle représente et sert la France mondialisée minoritaire est de ce fait condamnée. Si tel était le cas, nous dirions, comme Houellebecq, que nous n'aurions rien à regretter.  LFAR

    C'est une révolution ? Non, sire, c'est une révolte. On pourrait ainsi retourner le célèbre dialogue qui annonça au roi la prise de la Bastille. Non, la manifestation des « gilets jaunes » ne sera pas une révolution. Le 17 novembre 2018 ne sera pas le 14 juillet 1789. Le monarque élyséen n'a rien à craindre, en dépit des cris poussés par les sans-culottes de La France insoumise et du Rassemblement national. On pourrait même dire que cette révolte n'est qu'une jacquerie, c'est-à-dire une rébellion de manants sans perspective politique ; mais cela la rend d'autant plus grave.

    La protestation contre la hausse du prix de l'essence est aussi vieille… que l'automobile. Pendant longtemps, elle fut provoquée par celle du prix du pétrole. Au moins, il y avait une certaine logique. Et puis, le prix de l'essence est devenu une arme au service des idéaux écologiques. C'est en tout cas ainsi que nos gouvernants habillent leurs décisions. Le diesel, voilà l'ennemi ! Il y a quelques années, pourtant, les mêmes nous disaient: le diesel, voilà l'ami ! Allez comprendre. En vérité, les Français ne consomment pas plus d'essence (diesel compris) mais moins. C'est même pour cette raison que l'Etat en augmente le prix. Cela paraît complexe mais c'est simple pour un technocrate de Bercy : plus on achète de l'essence à la pompe, plus on paie de taxes : pour compenser la baisse des recettes fiscales provoquée par la baisse de la consommation d'essence, il faut augmenter son prix ! C.Q.F.D.

    Les technocrates de Bercy sont d'autant plus inquiets que la première année du mandat de Macron a vu les dépenses publiques s'envoler de nouveau. On est loin des promesses du candidat de réduire les effectifs de la fonction publique ; mais on est au plus près des électeurs du candidat Macron: les fonctionnaires d'un côté et surtout, de l'autre, les habitants des métropoles qui n'ont pas besoin d'automobile pour se déplacer, bien pourvus en métros, bus, tramways ou encore vélos, voire trottinettes.

    Les cibles de la politique de Bercy sont les habitants de cette France périphérique des petites villes qui ont besoin de leurs voitures (souvent au diesel) pour se rendre à leur travail ou conduire leurs enfants à l'école. Comme par hasard, cette France-là n'a pas voté Macron. Elle lui a préféré l'abstention ou Marine Le Pen. Ou, pour les plus âgés d'entre eux, François Fillon. Cette France-là, ce sont ceux qui « fument des clopes et qui roulent au diesel », que brocardait récemment un ministre, à la manière d'Hillary Clinton se gaussant des « déplorables » qui votaient pour Donald Trump. Ce « mépris de classe », qui traduit le retour de la «lutte des classes», est le grand non-dit de cette manifestation des « gilets jaunes »: une « lutte des classes » remise au goût du jour par la mondialisation, qui s'exprime géographiquement, socialement, et électoralement. Une lutte des classes qui est le fil rouge de la présidence Macron, quels que soient les efforts de celui-ci pour le dissimuler.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/11/19/d-accord-avec-eric-zemmour-le-17-novembre-la-revolte-des-fra-6106407.html

  • Les gilets jaunes fédèrent les oppositions à Macron

    Les gilets jaunes fédèrent les oppositions à Macron

    Jérôme Sainte-Marie dirige Pollingvox, une société d’études et de conseil spécialisée dans les enjeux d’opinion, fondée en 2013. Dans Le Figarovox, il analyse la contestation :

    Si l’on considère dans leur originalité radicale l’émergence de ce mouvement d’opinion puis la mise en place de modalités d’action déconcertantes, force est d’admettre la réussite de cette mobilisation. Il y avait un doute énorme avant le 17 novembre sur la concrétisation de ce mécontentement virtuel, il est désormais levé. Rappelons que ceux qui sont allés sur les ronds-points, les péages autoroutiers et autres lieux de rassemblement, ne savaient pas très bien qui ils allaient y trouver et comment les choses se dérouleraient. Ils étaient donc dans un contexte plutôt anxiogène, à l’inverse du confort qu’offrent les manifestations habituelles, depuis longtemps assujetties à un rituel bien connu de tous, organisateurs, participants et forces de l’ordre. Bien entendu, il existe un hiatus gigantesque entre le soutien déclaré au mouvement, de l’ordre de trois Français sur quatre, et la participation effective à celui-ci, mais comment pourrait-il en être autrement? Nous sommes donc confrontés à une mobilisation dont l’importance quantitative constitue un message encourageant pour tous ceux qui s’y sont peu ou prou reconnus.

    […] Quant aux participants eux-mêmes, les témoignages disponibles et les échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux attestent du caractère populaire, à tous les sens du terme, de la mobilisation. Rassemblés par des mots d’ordre portant sur des questions d’argent, ils sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian, qui se situe autour de 1700 euros après impôts. Ce n’est pas la France de la misère ou de l’exclusion, sans doute, mais bien celle dont le travail s’accompagne d’une insécurité financière permanente. Ajoutons que dans la circonstance les clivages sociaux supplantent les autres, et que se mobilisent ensemble des personnes aux origines variées. […]

    Rappelons un instant que l’accession au pouvoir par Emmanuel Macron s’est faite par la réconciliation d’électeurs issus du centre, de la gauche et de droite, mais que cette diversité politique s’est accompagnée d’une certaine homogénéité sociale. Il me semble que ce soit alors créé un «bloc élitaire», rassemblant l’élite proprement dite, ceux qui aspirent à en faire partie, et enfin, ceux qui lui délèguent volontiers la gestion des affaires publiques. Cette polarisation a mis en difficulté et le Parti socialiste et le parti Les Républicains, supplantés dans leur vocation gouvernementale. En face, le «bloc populaire» n’existait que sous une forme négative, partagé de manière irréconciliable entre lepénistes et mélenchonistes. L’existence de ces quatre oppositions sans aucune formule d’alliance concevable est la meilleure garantie de pérennité du macronisme. Cependant, le mouvement des «gilets jaunes» peut constituer une rupture décisive. Mobilisation surgie de la base même du pays, ignorant les identités politiques ou syndicales, elle produit sans même s’en soucier une forme de réunification sociale. De ce fait, la polarisation que tente Emmanuel Macron entre «progressistes» et «populistes» prend une dimension sociologique de plus en plus visible. Avec un bloc élitaire bien en place et représenté prioritairement par LREM et un bloc populaire en gestation, la transformation de l’ordre politique français se poursuit et s’accélère.

    https://www.lesalonbeige.fr/les-gilets-jaunes-federent-les-oppositions-a-macron/