économie et finance - Page 441
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Christian Kamtchueng Le manifeste de la raison objective 3/3
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Christian Kamtchueng Le manifeste de la raison objective 2/3
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La duperie du revenu universel
Benoît Hamon propose dans son programme un revenu universel défendu aussi bien par les tenants de la gauche radicale que par ceux de l’ultralibéralisme.
Les adversaires de Benoît Hamon, qui réintroduit l’idée du revenu universel dans le débat politique, le taxent d’irréalisme. Peut-être à tort. Après tout, ce revenu a été institué dans des pays aussi différents que l’Iran, le Koweït, la Namibie, Singapour et l’Alaska et, à titre expérimental, au Royaume-Uni, en Finlande, au Canada, cependant qu’il donne lieu à de sérieuses discussions en Suisse, en Catalogne et au Brésil. Et il compte pas mal de partisans.
Maints hommes politiques et économistes y voient la solution au problème insoluble du chômage. Et, bien entendu, beaucoup attendent de lui le renforcement de la solidarité et l’éradication de la misère. Ce « revenu d’existence », dit aussi « revenu de base », serait versé à tout être humain vivant sur le territoire national, de la naissance à la mort, et son montant serait plus élevé pour les adultes que pour les mineurs.
Hamon, pour sa part, préconise de commencer par porter le RSA – versé aux seules personnes sans ressources – à 600 euros par mois, pour finir par instaurer un revenu mensuel d’existence – attribué à tout individu sans conditions de ressources – d’un montant de 750 euros. La Fondation Jean-Jaurès, proche du PS suggère, quant à elle, de commencer à 60 euros pour tout mineur, 120 pour tout adulte, et d’arriver très progressivement à 500 euros par personne.
D’autres, par réalisme, souhaitent limiter l’attribution de ce revenu aux seuls chômeurs et personnes sans ressources, pour commencer, et de moduler le montant du versement suivant les ressources, en ce qui concerne les actifs.
En principe, ce revenu devrait s’ajouter aux autres aides sociales : minima sociaux, aides au logement, allocations familiales, indemnisations de chômage. Mais M. Hamon lui-même n’exclut pas qu’à terme ces aides puissent lui être intégrées. Et, dans ce cas, il serait étonnant que les « bénéficiaires » n’y perdent pas ; le revenu universel jouerait alors comme un rabot sur ces prestations. Et beaucoup de partisans du revenu universel pensent qu’il n’est financièrement supportable par l’État qu’à cette condition.
Autrement dit, ce revenu risque bien de se révéler la pire des illusions, et la pire désillusion. Mais il présente un autre inconvénient, au moins aussi sérieux : celui de reléguer dans un ghetto tous ceux qui se trouvent dans l’impossibilité de trouver ou de retrouver un emploi, et de renforcer la flexibilité de l’emploi, des conditions de travail et des salaires, inévitablement tirés à la baisse.
Oncle Benoît y a-t-il pensé ? Mais il est vrai que depuis plus de trois décennies, les dirigeants socialistes, résignés ou franchement convertis (suivant les cas) au néolibéralisme mondial et sans frein, considèrent le chômage et la précarité comme inhérents au système, et ne voient de solutions que dans l’assistanat généralisé et autres palliatifs.
Emmanuel Macron disait récemment, à l’encontre de M. Hamon : « Le revenu universel existe déjà, il s’appelle le RSA ». Nous nous contenterons d’ajouter ici que, dans la Rome impériale, il prenait la forme de l’annone, versée gratuitement à une plèbe pauvre et oisive, ainsi sauvée in extremis de la misère (et retenue au bord de la révolte) et qui se divertissait à la taverne et aux spectacles du cirque.•
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Christian Kamtchueng Le manifeste de la raison objective 1/3
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A l'origine des allocations familiales
Jean-Marc Proust rappelle qu'avant le monopole de la sécurité sociale, il y a eu des chrétiens qui ont oeuvré pour une politique familiale :
"Dans la mémoire collective, notre histoire sociale se résume à quelques symboles: les congés payés en 1936, la sécurité sociale en 1945. C’est négliger ce qui les précède comme si la loi se faisait en un jour. L’histoire a retenu la généralisation, ignorant la genèse. De même que nombre d’ouvriers bénéficiaient de congés payés avant 1936, les assurances sociales n’ont pas été inventées en 1945, lorsqu’elles ont devenues universelles et obligatoires. Il faut remonter une trentaine d’années plus tôt pour qu’Émile Romanet «invente» les allocations familiales. [...] Fervent catholique, il s’intéresse de près au sort des ouvriers. L’aide sociale est alors erratique et tient souvent davantage de la charité que des droits. Les syndicats se focalisent sur les salaires et la famille est plus une menace qu’un enjeu. Aussi, est-ce à la fois par le secteur public (ainsi du supplément journalier de 5 centimes par enfants accordé aux salariés du ministère de la Marine en 1860) et par le courant chrétien-social que surgit un «mouvement d’aide à la famille.»
Car, tout au long du XIXe siècle, le courant chrétien-social porte des idées novatrices: ainsi de Charles de Montalembert, qui demande l’interdiction du travail des enfants, de Frédéric Ozanam ou d’Armand de Melun, révoltés par l’étendue de la misère ouvrière, ou encore d’Albert de Mun, qui fonde des cercles ouvriers, sans oublier Frédéric Le Play qui publie La réforme sociale en France en 1864. Avec l’encyclique Rerum novarum (1891) qui pose la question de la justice dans le salaire, plusieurs industriels vont mettre ces idées en application.
Peu après, Léon Harmel, industriel champenois, entend créer une «usine chrétienne», où les ouvriers gèrent des caisses de secours ou de crédit, des cercles d’études ou des associations religieuses… Il crée un «supplément familial au salaire».
« Cette institution, bien qu’entièrement alimentée par la caisse patronale, est gérée complètement par une commission ouvrière, qui se réunit chaque semaine, prend connaissance des salaires insuffisants et les complète en nature, au gré des familles. »
Dans le département de l’Isère, où travaille Romanet, les premiers réseaux de protection sociale se sont constitués au XIXe siècle: on y trouve plusieurs sociétés de charité, bienfaisance ou de prévoyance, des caisses de retraites des ouvriers… Entre logement et famille, chez les patrons chrétiens, la fibre sociale est intimement liée à la foi. Ils n’hésitent pas à assumer ce qui nous apparaît aujourd’hui comme du paternalisme. [...]
Avec la confiance de Joya père, puis fils, Émile Romanet s’emploie régulièrement à améliorer le sort des ouvriers, faisant grincer quelques dents dans le patronat… En 1906, il crée un conseil d’usine, préfiguration des comités d’entreprise, et met en œuvres diverses mesures: retraite supplémentaire, salle de lecture, jardins ouvriers, bureau de placement… Pour qu’il devienne le «père» des allocations familiales, il faut juste un déclic. Qui survient le 6 octobre 1916, en pleine bataille de Verdun, lorsque le gouvernement invite les Français à souscrire un emprunt de guerre. Romanet relaie l'information auprès des ouvriers. Ceux-ci lui disent qu’ils n’ont pas les moyens d’y participer, «avec leurs charges de famille.» Et l’invitent à faire une «petite enquête» pour voir «ce qui se passe dans les familles ouvrières». [...]
Peu après, Romanet convainc le Syndicat patronal. En novembre les «bonifications familiales» sont généralisées dans l’Isère, en Savoie et Haute-Savoie –avec quelques mesquineries ici ou là. [...]
Au même moment, et sans se connaître, Émile Romanet et Émile Marcesche ont alors l’intuition des caisses de compensation, alimentées par des cotisations des employeurs en proportion des heures travaillées et des salaires versés. Cette mutualisation des charges donne l’élan nécessaire à la généralisation des allocations familiales. En avril 1918, le Syndicat patronal des constructeurs mécaniciens et fondeurs de l’Isère, Savoie et Haute-Savoie donne l’exemple. Après-guerre, plusieurs branches industrielles s’en emparent: Syndicat national des constructeurs mécaniciens et fondeurs, Union des industries métallurgiques et minières, Bâtiments et travaux publics… En parallèle, sous «l’influence des cercles catholiques et des syndicalistes chrétiens (la CTFC)», les caisses de compensation interprofessionnelles se développent: 81 en 1922 , 160 en 1925, 230 en 1930, pour 1,8 millions de salariés bénéficiaires. Seul le petit commerce y reste hostile.
La suite est plus connue. En 1928 et 1930, sous Poincaré, la loi sur les assurances socialescouvre la maladie, la vieillesse et l'invalidité, puis, en 1932, le dispositif des allocations familiales est généralisé par la loi Landry. Toutes ces mesures seront unifiées en octobre 1945 dans le cadre global et obligatoire de la Sécurité sociale. L'État a pris le relais des initiatives patronales."
L'Etat a surtout confisqué les caisses d'allocations familiales et monopolisé ce système qu'il contrôle désormais et qu'il peut mettre... sous condition de ressource.
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Intervention de Marine Le Pen à la Confédération des PME (CPME) | Marine 2017
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Programme contre programme
Depuis un quart de siècle le peuple de droite, majoritaire en France, aspire à une véritable alternance, incluant une rupture. Cette perspective fut chaque fois sabotée, pour raisons diverses, lors des victoires électorales successives de 1993, 1995, 2002 et 2007. De telles expériences décevantes sont ressenties comme les conséquences d'autant de trahisons, de manœuvres coulissières voire de complots. (1)⇓
C'est en fonction de ce contexte qu'il faut apprécier l'immense rassemblement de ce dimanche pluvieux 5 mars au parvis des Droits de l'Homme du Trocadéro. On peut le considérer comme un signe venu des profondeurs de l'opinion populaire française. Tout en se regroupant autour d'un candidat précis dont le nom fut maintes fois scandé, tout en lui demandant de tenir bon, il ne s'agissait pas d'une rivalité de personnes mais de l'adhésion à un projet.
Lors du choix de novembre 2016, c'est en effet un programme précis, clairement voué à la rupture avec le fil du déclin de la France qui fut choisi, par une majorité écrasante – et c'est le discours faussement habile de la non-rupture qui fut rejeté. Sans appel.
Restent donc deux programmes en lice, si l'on veut bien ne pas s'attarder sur les utopies inapplicables, ruineuses et destructrices.
On se propose dès lors de poursuivre l'examen du programme Macron révélé le 2 mars. (2)⇓
Difficile de ne pas éprouver un terrible sentiment d’enfumage.
Ce candidat que l'on présente comme centriste envisage de procéder à des économies résultant de la suppression d'un certain nombre de députés, arbitrairement fixé au tiers d'entre eux. On reste ici dans une forme d’antiparlementarisme d'un autre âge. Ne serait-il pas plus pertinent de s'interroger sur les moyens dont disposent députés et sénateurs dans les autres grandes démocraties, où l'on découvrira peut-être qu'un député français représente une toute petite entreprise, comparée à son homologue allemand ou américain.
Macron et ses experts restent en revanche peu disposés à remettre en cause la prolifération du mille-feuille territorial et de la fonction publique locale. On supprime cependant dix ou vingt départements. Et allez hop.
Il est vrai que le candidat chouchou des médias avait publié en 2016 un livre (3)⇓ qui se veut révolutionnaire. En 2007, le même personnage avait collaboré en qualité de rapporteur général adjoint de la "Commission pour la libération de la croissance française" voulue par Sarkozy et présidée par Attali. Aujourd'hui, même le mot de réforme, lui fait peur. Il préfère parler de transformation. Depuis le XVIIIe siècle ce mot est associé au principe de Lavoisier, ainsi résumé : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme."
Autrement dit, surtout on ne touche à rien.
À rien... sauf au RSI. Ce régime social des indépendants, effectivement très critiqué par ses assujettis, notamment parce que son invention, en 2003, a mis une bonne dizaine d'années à fusionner les caisses monopolistes de retraite (Cancava et Organic) et de maladie (Canam). Cette "transformation" entraîna un nombre dommageable de dysfonctionnements administratifs. M. Macron a une solution simple : on le supprime et cette disposition figure même en gras dans la brochure programme. Mais nul ne sait par quoi il sera remplacé, sans doute par l'Urssaf pour le recouvrement et le régime dit général, celui des salariés du privé, pour le principe. Le remède sera pire que le mal. L'idée que l'on puisse maintenir le RSI, pour ceux qui souhaiteront y rester, et permettre le libre choix, oui : la libre assurance, pour des gens qui sont précisément les plus à même d'expérimenter cette liberté, qui fait si peur à nos technocrates, cette idée n'effleure pas ce soi-disant social-libéral… ni ses 400 ou 500 experts…
L'étatisation ne s'arrête pas là. Quand il parle de supprimer la taxe d’habitation, presque librement fixée par la commune, et de la compenser par la dotation de l’État, il tue l’autonomie fiscale des communes et renforce l'étatisme. L'idée avait déjà été agitée par Strauss-Kahn, dans le sillage hautement bonimenteur duquel Macron a fait ses première armes.
Dans d'autres domaines on découvre une immense ignorance de l'état des dossiers. Autonomie des universités? pas entendu parler des réformes Sarkozy Pécresse. Multiplication des commissions parlementaires ? Mais si on additionne commissions d’enquêtes, missions d’informations communes, rapports du Comité d’évluation et de contrôle des politiques publiques, missions d’évaluation et de contrôle, travaux de l’Office d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, M. Myard le porte-parole de la droite populaire en recense plus de 70 ces dernières années.
Défense nationale ? on nous propose de renforcer l'arme du Renseignement. Excellente idée! C'est ce qui est fait par les gouvernements successifs depuis une dizaine d'années.
"Solidarité dans la zone euro, dit-il ? A-t-il examiné le dossier de la Grèce ? Quelle solution "solidaire" envisage-t-il?
Ne parlons même pas de propositions risibles : "nous diviserons par deux le nombre de jours de pollution atmosphérique".
L'ISF deviendrait un impôt sur la seule fortune immobilière, mais il demeurera. Excellent pour la fortune anonyme et vagabonde.
JG Malliarakis
Apostilles
- "Moi je dis, écrivait Umberto Eco, qu'il existe une société secrète avec des ramifications dans le monde entier, qui complote pour répandre la rumeur qu'il existe un complot universel". ⇑
- Examen que nous avons effleuré dans notre chronique précédente "Macron demandez le programme". ⇑
- Révolution, c’est notre combat pour la France d’Emmanuel Macron 268 pages,17,90€ XO édition.⇑
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Le journal Présent lance un appel aux dons
Nous sommes dans les cinquante derniers jours de la campagne électorale. Tout s’accélère. Marine Le Pen a viré en tête de la course, alors que les partis traditionnels s’effondrent. Que la gauche et la droite en soient à tenter de s’aligner derrière Macron, l’homme de la très haute finance et des prétendus « crimes contre l’humanité en Algérie », ou derrière Juppé, désavoué il y a trois mois à peine par 70 % des électeurs de droite, en dit long sur l’état de déliquescence de notre classe politique.
Quoi qu’on pense de tel ou tel détail du programme du Front national, quoi qu’on pense de telle ou telle personnalité de l’entourage de Marine Le Pen, quoi qu’on ait aimé ou détesté du Front national d’hier ou d’avant-hier, il n’y a qu’un seul candidat, à droite – et même dans tout l’échiquier politique français – qui ait une stature d’homme d’Etat, c’est elle.
Pour ceux qui ont étudié l’histoire de notre courant politique – le courant identitaire et patriotique, pour faire simple –, jamais nous n’avons eu de tête de file de la qualité de Marine Le Pen. Le moment est tout simplement extraordinaire.
Présent, dès le début de la campagne électorale, l’a dit : parce que la patrie est en danger, comme en 14, comme en 40, notre devoir est de voter et de faire voter pour Marine Le Pen. Parce que Trump, Poutine ou Theresa May ont ouvert la voie, notre devoir est de voter et faire voter pour Marine Le Pen.
Mais, chers lecteurs, vous devez aller beaucoup plus loin avec nous durant ces cinquante derniers jours. Vous devez nous aider à tenir le créneau de l’information, vous devez nous aider dans la bataille des kiosques, vous devez nous aider à fournir des munitions, des arguments, des soutiens visibles à tous ceux qui, actuellement, se mobilisent pour la victoire de Marine Le Pen.
Le navire est formidable. ll est en tête de la course et il continue à avancer très vite. Mais nous devons, nous aussi, sur notre créneau de l’information quotidienne, face au raz-de-marée de la désinformation multi-quotidienne, batailler, ferrailler, donner du canon.
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Contre le Système
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Francis Bergeron dans Présent daté du 7 mars 2017
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Politique & éco n°125 avec Pierre Jovanovic : spéciale Présidentielles (mars 2017)
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Deux agriculteurs américains témoignent des méfaits des OGM
« Les OGM détruiront votre modèle d’agriculture familiale s’ils sont adoptés ! »C’est en substance le message que sont venus porter en France deux agriculteurs américains « repentis » des OGM. L’un, Wes Shoemyer, petite barbichette, grand sourire et chevalière frappée d’un symbole franc-maçon, dirige une exploitation de 1 200 hectares dans le Missouri, l’Etat abritant le siège de Monsanto. Elu démocrate au sénat du Missouri, il est en lutte contre « l’accaparement monopolistique de l’agriculture par une poignée de firmes ». A ses cotés, Wendel Lutz, la cinquantaine débonnaire du typique « mid-west farmer », l’air tragique en plus de l’homme en résistance. Ils ont été invités à témoigner par Greenpeace afin de raconter « leur réalité ».Solidement installé au fond de sa chaise, Wes Shoemyer raconte : « Avant l’introduction des OGM, nous utilisions déjà l’herbicide Roundup pour brûler les mauvaises herbes, c’était miraculeux ! Entre 1996 et 2001, au moins 80% des agriculteurs ont adopté ce système des OGM. » L’élu reproche aujourd’hui à Monsanto d’avoir mis en place une stratégie de capture du marché avec des prix attrayants, en particulier sur le Roundup, pour ensuite organiser l’envolée des prix. Il est inquiet de voir « les agriculteurs payer de plus en plus cher, non plus pour financer la recherche ou améliorer leur production, mais pour s’acquitter d’un brevet contrôlé par une seule compagnie ». Aux États-Unis, la technologie brevetée Roundup Ready de Monsanto est présente dans 94% des variétés de soja génétiquement modifié et 70% du maïs génétiquement modifié d’après le ministère de l’Agriculture.
Des mauvaises herbes résistantes au RoundupAux Etats-Unis, entre 2000 et 2011, la consommation annuelle de glyphosate, la substance active du Roundup est passée dans les champs de maïs de 1,8 million à 30 millions de tonnes dues à l’expansion massive des OGM. Une explosion de la consommation qui s’explique également par l’augmentation des doses pour tenter de contrôler certaines mauvaises herbes devenues tolérantes au Roundup, découvertes pour la première fois en 2000 dans le Delaware. Une mauvaise surprise dure à digérer pour Wendel Lutz : « C’est en 2011, que j’ai observé les premiers plants d’amarantes rugueuses résistants au glyphosate se développer dans mes champs. C’est injuste qu’après seulement cinq ans d’exploitation des OGM mes champs aient été envahis, c’est à ce moment que j’ai décidé d’arrêter et d’alerter mes collègues ! »Au moins 5 millions d’hectares de cultures, d’après l’industrie, seraient contaminés par ces « super adventices », capables de résister à plusieurs classes d’herbicides. L’organisation internationale chargée de leur contrôle (ISHRW), financée par les producteurs de pesticides, a déjà recensé 23 espèces sauvages résistantes, un chiffre sous-estimé selon d’autres experts.
La fuite en avant vers toujours plus de pesticidesWendel raconte : « Certains de mes voisins qui ont le même problème préfèrent continuer en augmentant les doses ou en cumulant plusieurs molécules. C’est une fuite en avant avec le risque qu’à terme la plupart des mauvaises herbes deviennent résistantes à tous les herbicides. »Une tendance que suit l’industrie. Sur 20 nouveaux OGM en cours d’évaluation auprès de la FDA, l’agence de régulation sanitaire américaine, 13 sont élaborés pour résister à de multiples herbicides. La firme Dow pense répondre à ce fléau en réintroduisant d’anciens herbicides comme le Dicamba ou le 2-4 D, ayant servi dans la composition de l’agent orange lors de la guerre du Vietnam et auquel des résistances de plantes sauvages ont déjà été observées.
Un retour aux semences conventionnelles ?Pour Wes, il est encore possible d’agir : « Il faudrait revenir en arrière, vers des semences conventionnelles ; certaines compagnies en ont fait une spécialité. Malheureusement, il y a une vraie dépendance des agriculteurs vis-à-vis de ces technologies que les compagnies ont intérêt à entretenir et cela au détriment des bonnes pratiques culturales. »Pour Wendel il faudrait « une impulsion économique, une plus grande demande pour du non-OGM, pour voir un changement d’orientation » dont l’étiquetage des OGM, actuellement en débat, pourrait être le socle.En guise d’avertissement final, Wes Shoemyer lance : « Si la France ou l’Union européenne adoptaient les OGM, cela aurait un impact majeur sur les campagnes. Si vous voulez de grandes fermes en monoculture, si vous souhaitez vider les zones rurales de leurs habitants, alors vous adoptez le modèle OGM. C’est cela l’expérience américaine : une agriculture sans agriculteur contrôlée par des entreprises multinationales ! »
Source Rue89 planète