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économie et finance - Page 479

  • Russie, Iran et Azerbaïdjan d’accord sur un corridor de transport qui bouleverse le Grand Jeu

    Tout à fait négligé par les médias PC[1] occidentaux, davantage focalisés sur le récent regain de tensions militaires entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, au gré du conflit lancinant se déroulant dans l’enclave montagneuse du Nagorno-Karabakh [Sud de l’Azerbaïdjan], c’est l’annonce faite par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, des suites de pourparlers avec son homologue iranien, que le travail va à présent pouvoir commencer sur le Corridor de Transport Nord-Sud en discussion depuis longtemps, le long de la Mer Caspienne. Significatif est le fait que l’Azerbaïdjan a aussitôt accepté de participer à ce projet. Si c’est bien le cas, ceci suggère que la diplomatie ainsi que le développement des infrastructures économiques russes, ont une fois de plus trompé la course à la guerre de Washington qui se déploie partout, afin de s’agripper le plus possible à son hégémonie globale superpuissante qui s’érode.

    Le 7 avril, lors d’une réunion tenue dans la capitale azérie de Bakou, quelques heures à peine après que l’Azerbaïdjan eut renoncé à un assaut militaire à grande échelle contre l’enclave du Nagorno-Karabakh (une attaque urgemment pressée par le Président turc Erdogan de plus en plus désespéré), le Ministre des Affaires étrangères russe a déclaré aux médias que la Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan étaient tombés d’accord afin de débuter des pourparlers concernant la mise en œuvre du Corridor de Transport Nord-Sud [North-South Transportation Corridor]. Aux côtés de Lavrov lors de cette annonce, se trouvaient le Ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif, et le Ministre azéri des Affaires étrangères Elmar mamamdyarov

    Lavrov a déclaré : « nous avons discuté d’enjeux relevant de la sphère matérielle de coopération. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nos agences institutionnelles concernées vont à présent devoir commencer à détailler les aspects pratiques de la mise en œuvre de ce projet de Corridor de Transport « Nord-Sud », le long de la côte Ouest de la mer Caspienne. Ceci implique également d’envisager une coopération entre les services consulaires et coutumiers, et nous nous sommes mis d’accord sur ce point aujourd’hui[2]».

    En complétant le triangle d’or …

    Avec cet accord entre la Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan, un grand pas a été fait afin de sécuriser le plus grand espace économique du monde: le « Coeur de Pays » [HearthLand] Eurasien. Il s’agit de cet espace au sujet duquel le Parrain britannique de la géopolitique, Sir Halford Mackinder, n’avait cessé d’avertir sa vie durant, comme constituant la seule menace majeure contre l’hégémonie de l’Empire britannique, et plus tard de son héritier américain, le Siècle Américain.

    Ce corridor de transport moderne et direct, connu depuis le lancement de ses pourparlers initiaux en 2002 en tant que « Corridor de Transport Nord-Sud » [North-South Transportation Corridor], reliera au final l’Inde, l’Iran et l’Azerbaïdjan jusqu’aux pays et aux marchés de l’Union Economique Eurasiatique qui inclut non seulement l’Arménie, mais également la Russie, Kazakhstan, Kirghizistan et la Biélorussie.

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    Le Corridor de Transport Nord-Sud, depuis l’Inde à travers l’Iran et l’Azerbaïdjan le long de la mer Caspienne jusqu’à Moscou et au-delà, va transformer l’espace économique de l’Eurasie.

    Le corridor de transport va transformer les économies de l’Eurasie tout entière, de la Russie à l’Inde en parallèle au développement de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Les membre de cette OCS à l’importance stratégique croissante sont la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan, et l’Ouzbékistan. En outre, cette année l’Inde et le Pakistan ont accédé formellement à un plein statut de membre de l’OCS, et il est attendu que l’Iran, qui a pour l’instant un statut d’Observateur officiel, se verra offrir une pleine capacité de membre plus tard cette année, à présent que les sanctions qui la frappaient ont été levées. Le Président chinois Xi Jinping a du reste annoncé son soutien à une pleine qualité de membre pour l’Iran, à l’occasion des importants pourparlers de janvier 2016 s’étant tenus à Téhéran: à cette occasion, les deux pays se sont mis d’accord sur une participation iranienne formelle au projet chinois de Nouvelle Route de la Soie Economique « une Ceinture, Une Route« [3], lancé sur l’Eurasie par la Chine de Xi. À présent, ce corridor sera en effet une route moderne par bateau, par rail et par route destinée à acheminer du fret entre l’inde, l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Russie, l’Asie centrale, et potentiellement (si les pays de l’Union Européenne redevenaient enfin sensés en cessant leur soutien au gouvernement belliqueux d’Ukraine, ainsi que leurs sanctions contre la Russie) vers les économies battant de l’aile de l’Union Européenne. Le nouveau corridor va connecter certaines des plus grandes villes du monde incluant Mumbaï, Moscou, Téhéran, depuis le port iranien de Bandar Anzali sur la Caspienne jusqu’au port russe d’Astrakhan, à l’embouchure du grand fleuve qu’est la Volga[4].

    En 2014 des tests furent réalisés sur deux routes sèches. Le premier de Mumbaï à Bakou via un port iranien donnant sur le détroit stratégique d’Ormuz, goulot d’étranglement majeur pour les flux de pétrole et gaz liquéfié du golfe Persique. Le second test fut réalisé de Mumbaï jusqu’au port russe d’Astrakhan via Bandar Abbas, Téhéran puis le port iranien de la Caspienne de Bandar Anzali. Le but de cette étude était d’identifier et d’aborder correctement les principaux obstacles à attendre. Significativement, l’étude comparative démontre que les coûts de transport de l’Inde à la Russie seraient réduits de quelques « 2500$ par 15 t de fret »[5].

    Une étude conduite par la Fédération des associations indiennes des transporteurs de fret conclue que la route serait « 30 % moins chers et 40 % plus courte que les routes traditionnelles habituelles ». La route actuelle part de Mumbaï vers la mer Rouge puis le canal de Suez vers la Méditerranée jusqu’à Gibraltar, ensuite vers la Manche jusqu’à Saint-Pétersbourg, puis Moscou[6]. Un simple coup d’œil sur la carte révèle à quel point cette route existante est stratégiquement vulnérable face à une possible interdiction de l’OTAN ou des États-Unis.

    Le coup d’État* américain de février 2014 en Ukraine, ayant installé toute une brochette d’oligarques « pro-Washington » corrompus et de néonazis à la solde du Département d’État américain, afin de brouiller les relations entre la Russie et l’Union Européenne, força temporairement ce projet de Corridor de Transport Nord-Sud à mettre les bouchées doubles. À présent, tandis que la réalité du Grand Projet eurasien « Une Ceinture, Une Route » de la Chine prend une forme concrète, cette addition d’un axe constitué par ce nouveau Corridor de Transport Nord-Sud Iran–Azerbaïdjan–Russie, achève de créer un espace cohérent économique, politique et militaire, qui pourrait bientôt augurer ce que les historiens futurs appelleront le Siècle Eurasiatique, tandis que le Siècle Américain né de son hégémonie mondiale post-1944, tomberait en ruine de la même manière que l’Empire romain au cinquième siècle de notre ère. Une nouvelle fois, l’Est créé tandis que les seuls succès que l’Ouest semble capable de remporter le sont en matière de destruction…

    Auteur : F. William Engdahl

    Traduit par Jean-Maxime Corneille

    [1]NDT : Médias PC = Principaux Courants (Mainstream) / Politiquement Corrects.

    [2] TASS, Russia Iran and Azerbaijan start working on North South transport corridor Lavrov,

    April 07, 2016,  http://tass.ru/en/economy/867976

    [3] La Ceinture Economique de la Route de la Soie d’une part [Silk Road Economic Belt], et la Route de la Soie Maritime du XXIe siècle [21st-century Maritime Silk Road], dyptique abrégé en tant que « La Ceinture et la Route » (« C & R » [« The Belt and Road », B&R]) ou bien encore « Une Ceinture, Une Route » (UCUR, [One Belt, One Road, OBOR]): nom donné à l’Initiative chinoise pour une Route et une Ceinture  [Belt and Road Initiative], c’est à dire une stratégie et un cadre de développement, proposés par le dirigeant chinois Xi Jinping, mettant l’accent sur la connectivité et la coopération entre la République Populaire de Chine et les différents pays d’Eurasie. Cette stratégie illustre la manœuvre de la Chine vers un plus grand rôle dans les affaires mondiales, ainsi que les besoins d’exporter la capacité de production de la Chine dans certains domaines en surproduction.

    Elle consiste en deux composants principaux :

    – sur terre la « Ceinture Economique de la Route de la Soie » (CERS)

    – sur les océans la « Route de la Soie Maritime » (RSM).

    Voir pour plus de détails :

    – « Construire ensemble la Ceinture économique de la Route de la Soie et la Route de la Soie maritime du XXIe siècle–Perspectives et actions » (Commission nationale du Développement et de la Réforme, Ministère des Affaires étrangères et Ministère du Commerce chinois, Mars 2015),  

    – « L’initiative “Une ceinture, une route” dope le commerce bilatéral » (CCTV, 11 mai 2015).

    – « L’initiative « La Ceinture et La Route » promeut le développement au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe » (Xinhua en français, 19 janvier 2016).

    – « “Une Ceinture, une Voie“ :la nouvelle Route de la Soie chinoise »  (Revue Défense Nationale, Tribune n°694, 2 octobre 2015).

    – « Une ceinture, une route, par Qiao Liang Général Major de l’Armée Populaire de Chine » (LesCrises, 4 octobre 2015).

    [4] Russia & India Report, Transport Corridor offers many opportunities for Indo-Russian trade,  Russia& India Report, 29 November 2012, http://in.rbth.com/articles/2012/11/29/north-south_transport_corridor_offers_many_opportunities_for_indo-ru_19421.

    [5] Business Standard, Dry Run Study of INSTC Trade Route,

    March 20, 2015, http://www.business-standard.com/article/government-press-release/dry-run-study-of-instc-trade-route-115032000589_1.html

    [6] Bipul Chatterjee and Surendar Singh, An Opportunity for India in Central Asia, May 4, 2015,   http://thediplomat.com/2015/05/an-opportunity-for-india-in-central-asia/.

    *En français dans le texte.
    - Source : Réseau International

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/04/24/russie-iran-et-azerbaidjan-d-accord-sur-un-corridor-de-trans-5792048.html

  • Bernard Monot (FN) invité de BFM Business dans l'émission "500 millions d'européens"

  • Énorme manifestation en Allemagne contre le traité de libre-échange transatlantique (TTIP)

    Entre 35 000 et 90 000 personnes ont manifesté dans le centre de Hanovre, samedi 23 avril, dans le nord de l’Allemagne, en opposition au projet d’accord de libre-échange transatlantique, à l’occasion de la visite de Barack Obama demain, 24 avril, qui arrive d’Angleterre.

    Une manifestation pacifique mais impressionnante s’est déroulé dans le centre-ville de Hanovre le 23 avril aux alentours de la place de l’Opéra. Le nombre de participants varie selon les sources. La police a compté 35 000 personnes là où les organisateurs en ont comptabilisé plus de 90 000, mais toutes ont battu le pavé en brandissant des pancartes contre le TTIP, l’accord transatlantique de libre-échange, et en criant des slogans dénonçant la possible conclusion de cet accord entre les Etats-Unis et l’Union européenne.

    Certains manifestants ont même posé sur le sol un petit cercueil noir, symbolisant «la démocratie tuée par l’argent». Les ONG et les syndicats allemands dénoncent cet accord car ils sont persuadés qu’il abaissera les normes sanitaires européennes et laissera la possibilité aux multinationales de porter plainte contre des décisions gouvernementales devant une cour d’arbitrage. (Source RT)

    D’autre part ce traité serait ce qu’est en matière de défense l’OTAN pour les pays qui en sont membres, c’est-à-dire la grande majorité des pays membres de L’Union européenne. En d’autres termes se serait la fin de toute indépendance alimentaire, de commerce et cela impacterait du même coup la production. Malgré cela Angela Merkel, soutenu par Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne, fait tout son possible pour faire avancer les négociations. C’est dans ce but qu’elle va rencontrer demain le président américain; des complices prêts à manger tout cru les pauvres Européens.

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  • Le libéralisme ou l’abandon du bien (par Joël Hautebert)

    L’une des caractéristiques essentielles du libéralisme est qu’il est dans sa nature d’ignorer la notion de bien, avec toutes les conséquences que cela suppose au plan politique. L’idée maîtresse du libéralisme qui irrigue le cœur de toute la modernité consiste à affirmer que l’homme est maître de définir sa propre finalité et de choisir les moyens adéquats pour y parvenir. À la fin du XVIIIe siècle, l’Allemand Wilhelm von Humboldt la résumait ainsi : « L’idéal le plus élevé de la coexistence des êtres humains serait celui où chacun se développerait par lui-même et pour lui-même » (1). Éventuellement étendu au profit d’un groupe, ce principe relativiste se décline de diverses manières, avec ou sans nuances, dans tous les domaines, de la religion à l’économie. Au fil des décennies, au fur et à mesure de l’étiolement inévitable de la pratique de la morale naturelle abandonnée par les institutions et les lois qui ne la soutiennent plus, le relativisme s’est étendu jusqu’aux mœurs puis, en dernier lieu, à l’identité sexuée. La théorie contemporaine du genre n’est qu’une conséquence directe, parmi tant d’autres, du principe libéral initial énoncé à l’aube des temps modernes, et source intellectuelle de la plupart des courants politiques contemporains.

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  • Le coût de l’accueil des réfugiés : les vrais chiffres

    Le coût de l’accueil des réfugiés est littéralement astronomique.

    Vous vous souvenez, à l’été 2015, ceux qui osaient parler du coût de l’accueil d’une nouvelle vague de réfugiés étaient systématiquement rabroués, et pour cause : en Europe, et singulièrement dans les médias français, qu’on se le dise, l’immigration est une chance.

    Mais demandez combien rapporte un immigré ? Vous ne le saurez jamais. Combien coûte-t-il, alors ? Vous ne le saurez pas plus… en France, du moins. Heureusement, dans d’autres pays européens, on a encore le souci de dire (parfois) la vérité aux électeurs ; c’est justement le cas en Suède.

    À l’automne dernier, lors du débat budgétaire, le gouvernement (centre gauche) avait prévu une enveloppe de 15 milliards de couronnes (environ 1,6 milliard d’euros) à renouveler chaque année jusqu’en 2020.

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  • La Révolution française et le triomphe du libéralisme économique.

    Avant de participer à la réalisation prochaine par le SACR (Service Audiovisuel du Combat Royaliste, émanation du G.A.R.) d'une vidéo sur le royalisme social, je travaille sur le texte d'une conférence que je vais donner vendredi 22 avril devant les jeunes del'Action Française, en ce 10, rue Croix-des-Petits-Champs mythique qui vit se succéder tant de générations royalistes depuis le début des années 1950. Cette fois, comme de nombreuses fois précédentes, il s'agit de traiter des royalistes face à la question sociale depuis la Révolution française, et le sujet n'est pas mince s'il est généralement mal connu. Bien sûr, depuis quelques années, le Groupe d'Action Royaliste (dont je suis le vice-président) a publié bon nombre de textes, de brochures et de vidéos sur ce thème, mais c'est un travail de bénédictin qui attend celui qui voudra faire une synthèse complète des positions et des politiques monarchistes qui se veulent sociales, et il ne faudra pas oublier, aussi, les réticences ou l'indifférence de certains de ceux-ci devant des avancées sociales qui, parfois, semblaient « socialistes »... Effectivement, s'il y aura bien un Mouvement Socialiste Monarchistequi, entre 1944 et 1946, fera référence au « socialisme » de René de La Tour du Pin et vantera, furtivement, les expériences sociales des monarchies du Nord de l'Europe, il ne connaîtra qu'un succès éphémère et tout relatif, et sera largement incompris du public qu'il était censé attirer...

    Et pourtant ! Si la question sociale ne naît pas avec la Révolution, loin s'en faut, ce sont des royalistes qui vont, dès la fin du XVIIIe siècle, dénoncer les conditions nouvelles faites au monde des artisans et ouvriers par le libéralisme triomphantà travers le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier. Car la date de naissance « légale » de la condition de « prolétaire » en France est bien cette année 1791avec ses deux textes aujourd'hui « oubliés » des manuels scolaires et qui, tout le XIXe siècle, permettront l'oppression en toute légalité et au nom de « la liberté du travail » (qui n'est pas vraiment la liberté des travailleurs...) des populations ouvrières de notre pays.

    Étrangement, le philosophe maoïste Alain Badiou paraît (mais paraît seulement...) rejoindre les monarchistes sociaux dans leur critique d'un libéralisme triomphant à la fin du XVIIIe siècle, de ce « franklinisme » qui sacralise l'Argent à travers la fameuse formule « le temps c'est de l'argent » écrite et expliquée par celui qui a été reçu comme un véritable héros (héraut, plutôt, et d'abord des idées libérales) à Versailles par les élites du moment et particulièrement par la grande bourgeoisie. Ainsi, dans son dernier essai intitulé « Notre mal vient de plus loin », Badiou écrit, en cette année 2016, ce qu'un Maurras du début du XXe siècle n'aurait pas désavoué : « Depuis trente ans, ce à quoi l'on assiste, c'est au triomphe du capitalisme mondialisé.

    « Ce triomphe, c'est d'abord, de façon particulièrement visible, le retour d'une sorte d'énergie primitive du capitalisme, ce qu'on a appelé d'un nom contestable le néolibéralisme, et qui est en fait la réapparition et l'efficacité retrouvée de l'idéologie constitutive du capitalisme depuis toujours, à savoir le libéralisme. Il n'est pas sûr que « néo » soit justifié. Je ne crois pas que ce qui se passe soit si « néo » que ça, quand on y regarde de près. En tout cas, le triomphe du capitalisme mondialisé, c'est une espèce d'énergie retrouvée, la capacité revenue et incontestée d'afficher, de façon maintenant publique et sans la moindre pudeur, si je puis dire, les caractéristiques générales de ce type très particulier d'organisation de la production, des échanges, et finalement des sociétés tout entières, et aussi sa prétention à être le seul chemin raisonnable pour le destin historique de l'humanité. Tout cela, qui a été inventé et formulé vers la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et qui a dominé ensuite sans partage pendant des décennies, a été retrouvé avec une sorte de joie féroce par nos maîtres d'aujourd'hui. »

    Maurras évoquait « le triomphe des idées anglaises et genevoises » pour qualifier la Révolution française et, comme Badiou, il ne faisait guère de distinction entre libéralisme économique et libéralisme politique, l'un permettant l'autre et réciproquement... J'aurai, quant à moi, tendance à déplacer un peu le curseur de l'autre côté de l'Atlantique, comme je le fais à travers ma critique de la philosophie « profitariste » de Benjamin Franklin.

    Disons-le tout net : la France aurait pu éviter de tomber dans le travers d'un capitalisme que Maurras dénoncera comme « sans frein » quand il aurait pu être maîtrisé et, pourquoi pas, bénéfique s'il avait intégré les fortes notions de « mesure » et de partage en son sein, ce qui ne fût pas le cas, malheureusement. 

    Oui, il y aurait pu y avoir « une autre industrialisation », mais la Révolution a tout gâché et la République plus encore une fois débarrassée de la Monarchie et de ses structures fédératives et corporatives (ces deux dernières étant mises à mal et pratiquement à bas dès l'été 1789). Je m'explique : avant le grand tumulte de 1789, la France est la première puissance d'Europe (voire du monde ?) et elle maîtrise désormais les mers, au moins en partie, depuis ses victoires navales du début des années 1780 face à l'Angleterre, thalassocratie marchande en plein doute depuis sa défaite américaine. Elle est la première puissance industrielle et la première diplomatie mondiale, mais, alors que le pays est riche et apparaît tel aux yeux des étrangers, pays comme individus, l’État, lui, est pauvre et en butte aux pressions de plus en plus fortes des élites frondeuses, aristocratie parlementaire et bourgeoisie économique (même si le pluriel pourrait bien être employé pour cette dernière, plus protéiforme qu'on le croit généralement). Si l'on s'en tient aux aspirations de la noblesse libérale et financière et à celles de la bourgeoisie économique, elles sont simples : prendre le Pouvoir politique, au nom du Pouvoir économique, en arguant que ceux qui font prospérer les capitaux sont les plus aptes à l'exercice de l’État, ravalé (dans leur logique) à un simple rôle de gestionnaire et non plus d'arbitre ou de décideur politique. En somme, indexer le Pouvoir politique sur la seule Économique, au risque d'en oublier l'importance d'une politique sociale d'équilibre... Ce qui arriva dès que la Révolution prit les rênes du gouvernement au détriment de l'autorité royale elle-même, et qui provoqua l'explosion de la pauvreté en France dès le début des années 1790 et l'effondrement de l'économie française, bientôt aggravé par la guerre et la fin de la Marine française. 

    Ainsi, le XIXe siècle que, quelques années avant la Révolution, l'on annonçait « français », sera en définitive « anglais » et c'est le modèle capitaliste « sans frein » qui triompha, la France s'y étant « ralliée », en sa haute (et pas seulement) bourgeoisie et par les textes législatifs de 1791 (aggravés par Napoléon et son fameux « livret ouvrier » si défavorable aux travailleurs), puis par un « mimétisme nécessaire » pour ne pas être décrochée dans la compétition économique mondiale de l'après-Révolution...

    J'en suis persuadé : si 1789 n'avait pas eu lieu tel qu'il a eu lieu, trahissant l'esprit même des états généraux et des cahiers de doléances voulus par le roi Louis XVI, et laissant l’Économique s'emparer du Politique, « 1791 » n'aurait pas été cette défaite du monde du travail et la France n'aurait pas perdu le combat civilisationnel face au « Time is money » anglo-saxon... 

    Est-il définitivement trop tard ? Un disciple de La Tour du Pin, ce penseur majeur du royalisme social et corporatiste, était persuadé du contraire et, crânement, il déclarait que « la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille (la Bourse) » tout en rappelant aussi le « Politique d'abord » (comme moyen et non comme fin) par la formule, simple mais efficace : « l'intendance suivra ! »... Mais c'était toujours la République et l'effort d'un moment n'a pas suffi et ne suffit pas si les institutions elles-mêmes ne l'enracinent pas dans la longue durée, celle qui permet de traverser les siècles et d'aider les générations qui se succèdent. La République n'est pas la Monarchie, tout simplement, même s'il lui arrive de l'imiter, dans un hommage involontaire du vice à la vertu...

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1309:la-revolution-francaise-et-le-triomphe-du-liberalisme-economique&catid=50:2016&Itemid=61

  • Ces Américains qui doutent du libéralisme

    Le traité transatlantique, cheval de Troie des USA pour soumettre l’Europe à sa loi commerciale ? Pourtant les Américains y semblent de plus en plus opposés. Finiraient-ils par réaliser que le traité sert plus les intérêts des transnationales que des pays, y compris les États-Unis ?

    3,2 millions de signatures à l'échelle européenne contre le traité de libre-échange transatlantique (Tafta ou TTIP) ne suscitent que l'indifférence à peine polie des instances bruxelloises chargées de sa négociation avec les États-Unis. L'espoir le plus concret pour les opposants à cet accord est maintenant à chercher... du côté des Américains eux-mêmes.

    À moins - hypothèse assez improbable - qu'Obama réussisse à boucler la négociation et la ratification du TPP avant son départ, le changement à la tête de l'exécutif américain risque en effet d'être fatal au traité honni, quel que soit le résultat de l'élection.

    Côté Républicain, le charismatique - populiste disent ses détracteurs - Donald Trump, s'est déclaré opposé aux traités de libre-échange conclus sous les précédentes administrations. Pour lui, l'Alena, qui ouvre les frontières commerciales entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, le Tisa (l'accord sur le commerce des services, qui est considéré comme la « tête de pont » du grand marché transatlantique de libre-échange), le TPP, pendant Pacifique du Tafta et ce dernier, donc, ne profitent pas aux Américains.

    Hillary aussi

    Le magnat de l'immobilier craint en effet que ces différents accords n'ouvrent trop les frontières américaines aux produits à bas coût - notamment asiatiques et mexicains - et ne détruisent des emplois dans son pays. En cause notamment, les emplois industriels, particulièrement sinistrés,puisque l'industrie manufacturière américaine a perdu près de 30 % de ses salariés depuis 1994.

    Il renoue en quelque sorte avec une certaine tradition isolationniste américaine, qui se retrouve d'ailleurs dans ses projets de politique étrangère, nettement moins interventionniste. Cela irrite les grands donateurs du parti Républicain, qui se recrutent traditionnellement dans les industriels du pétrole et l'armement et explique en partie l'acharnement médiatique dont il est victime, lui que sa fortune met - en partie - à l'abri des pressions des donateurs.

    Chez les Démocrates, l'opposition au TTIP existe aussi, de manière plus surprenante encore. Car ils sont, avec leurs soutiens financiers de Wall Street, les grands promoteurs habituels des traités de libre-échange. Bill Clinton a ainsi paraphé en 1994 l'Alena avec le Mexique et le Canada, tandis qu'Obama est le promoteur des trois grands pactes en cours de négociation ou ratification : TPP, Tisa, TTIP. Mais ses successeurs potentiels sont vent debout contre ces traités. Le socialiste autoproclamé Bernie Sanders parle de ces accords comme d'un « désastre pour les travailleurs américains » qui contribuent à un « nivellement par le bas » favorable aux grandes entreprises. La favorite des Démocrates, Hillary Clinton, a affirmé de son côté que les résultats des accords de libre-échange n'étaient pas toujours « à la hauteur ».

    Après avoir tergiversé, elle a fini par se prononcer en défaveur des traités Transpacifique et Transatlantique, qu'elle juge insuffisamment protecteurs pour l'économie américaine. La représentante des néo-conservateurs, qui, en tant que Secrétaire d'État d'Obama, a contribué à ces traités, les juges maintenant négatifs à l'aune de la protection des travailleurs américains. De fait, une étude indépendante juge que le seul traité transpacifique pourrait détruire 448 000 emplois américains sur les dix prochaines années.

    Si les candidats les plus populaires aux primaires américaines se déclarent contre ces traités, c'est un peu l'épée dans les reins. L'opposition populaire aux traités de libre-échange est très vive aux États-Unis. Et souvent pour les mêmes raisons : opacité des négociations, craintes pour l'emploi et la démocratie... Les mêmes lignes de fracture séparent partisans et opposants de ces accords. Les premiers se recrutent parmi les représentants des entreprises transnationales et de la finance. Les seconds dans les syndicats, les associations de citoyens, de consommateurs et de défense de la liberté d'expression. Ainsi, le principal syndicat du pays, l’AFL-CIO a parlé du traité comme d'un « cadeau aux entreprises, qui met en danger nos emplois plutôt que de créer davantage d'opportunités pour tous ». Et quand Wikileaks lève des fonds sur le Web pour financer une récompense de 100 000 dollars à qui révélerait le contenu du TPP, puis répète l'opération pour le Tafta, il n'a aucun mal à couvrir les sommes promises par les dons des internautes.

    Mais si une part croissante des Américains a compris que le Tafta et le TPP servaient essentiellement les intérêts des compagnies transnationales, aux dépens des leurs et ont pu faire passer le message aux candidats, ces traités ne sont pas morts pour autant.

    « On est habitué », assure M. Murphy, vice-président de la Chambre de commerce américaine, lobby patronal pro-Tafta. Évoquant le candidat Obama de 2008, alors très critique sur le libre-échange, il sourit : « Le nouvel occupant du Bureau ovale se rend souvent compte que le commerce est un outil nécessaire pour la prospérité américaine ». Enfin, de la prospérité des plus grosses sociétés américaines, ce qui n'est pas la même chose.

    Richard Dalleau monde&vie  6 avril 2016

  • Juppé défend Goldman Sachs d’avoir trafiqué les comptes de la Grèce

    Pourtant, en vrac :

    Quand Goldman Sachs aidait la Grèce à tricher pour 600 millions d’euros

    Goldman Sachs avait échangé de la dette grecque à un taux fictif en 2001, permettant à Athènes de maquiller ses comptes publics. Aujourd’hui le pays fortement endetté doit 600 millions d’euros à la banque américaine.

    Le gouvernement grec pourrait poursuivre Goldman Sachs

    Athènes étudierait la possibilité de poursuivre la banque pour avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes afin de cacher sa dette à ses partenaires européens.

    https://susauxbanques.wordpress.com/2015/07/24/juppe-defend-goldman-sachs-davoir-trafique-les-comptes-de-la-grece/

  • "La France va mieux"... Ah bon ?

    Le président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu.

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculturefrançaise est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière...

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle.

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes...

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive,poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ».

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !

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