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économie et finance - Page 529

  • Agriculture : enfin on parle des charges

    Il y a maintenant plus de 25 ans, réunissant des amis exploitants agricoles, de toutes régions et de toutes sortes, et cherchant à travailler sérieusement sur les dossiers qui plombaient et qui plombent encore l'agriculture, les agricultures françaises devrait-on dire, notre conclusion unanime était alors que la nuisance centrale était celle des charges et des contraintes imposées à nos entreprises par la réglementation française.

    Ce n'est pas l'Europe en effet qui a institué le monopole de la MSA, qui a développé le surendettement des exploitations, qui taxe le foncier non bâti, etc.

    Au contraire dans le contexte de la concurrence européenne si d'autres pays, autrefois moins riches du point de vue agricole, sont devenus plus compétitifs que la France, même dans ce domaine, c'est précisément, en partie, parce que leurs charges sont moins lourdes, et aussi parce que la culture d'entreprise y est mieux respectée. On compte à Paris plus d'organismes agricoles que de congrégations religieuses à Rome, et ceci n'a pas bougé malgré la diminution phénoménale du nombre des paysans.

    Évidence que tous ces constats.

    Je suis particulièrement reconnaissant aux amis du CDCA de l'époque de m'avoir confié ce travail : je le suis d'autant plus qu'à partir de ce moment le nombre de mes ennemis s'est considérablement élargi.

    Nous avons continué notre chemin.

    Beaucoup d'ennemis beaucoup d'honneur.

    Il ne fallait pas toucher à ces intérêts colossaux que gèrent et protègent les bureaucraties franco-françaises. Le CDCA et à sa tête Christian Poucet combattaient pour la liberté, on les a éliminés.

    Remarquez combien cette question des charges était restée tabou, jusqu'à la crise de ces derniers jours, où le métier de l'élevage s'est dressé de manière courageuse et indomptable pour sa survie.

    Je me félicite d'avoir enfin entendu ce 22 juillet sur France Info, M. Xavier Belin, président de la FNSEA, qui est un entrepreneur, évoquer la question des charges.

    Mieux encore, Bruno Le Maire, qui fut ministre de l'Agriculture du gouvernement Fillon, lequel à ma connaissance n'a rien reformé de ce côté-là, se risque aujourd'hui à mentionner cette question.

    Voilà qui prouve combien la situation est grave. Il déclare désormais : "Nous devons abaisser les charges dans le domaine agricole." (1)⇓

    Mais attention, ces apparitions furtives au gré de paroles qui s'envolent, ne suffiront pas à dépouiller la classe politique de son soutien aux monopoles : aux yeux de nos politiciens, il faut à tout prix trouver d'autres boucs émissaires, d'autres solutions que le libre choix ; il faut encore inventer des interventions étatiques présentées pour salvatrices.

    Comme toutes les entreprises les exploitations agricoles françaises ont besoin de moins d'aides, moins d'interventions, moins de contraintes, moins de charges. Cette évidence pour l'ensemble de l'économie était apparue il y a 30 ans.

    On est pratiquement, depuis, resté à l'écart de ce constat : c'est une des causes principales du déclin français.

    JG Malliaraki

    Apostilles

    1.  cf. Le Monde.fr le 22.07.2015 à 12h47.

    http://www.insolent.fr/

  • Cette Europe-là qui n'est guère aimable ni aimante...

    La Grèce restera longtemps dans les mémoires des Européens, du moins de ceux qui ne se contentent pas du fil continu d'une actualité qui efface la précédente... Bien sûr, la défaite de Tsipras qui, s'il s'est bien battu, n'a pas osé franchir le pas d'une sortie de la monnaie unique audacieuse et risquée, a un goût amer pour ceux qui voyaient dans la résistance grecque aux institutions européennes l'avant-goût d'une « autre Europe » ou, simplement, d'une « autre politique » en Europe et de l'Union européenne. Et la joie mauvaise des gouvernements européens, des libéraux de L'Opinion et des adversaires autoproclamés de ce nouveau monstre, au moins médiatique, que serait le « populisme » (censé relier tous les « extrêmes », c'est-à-dire ceux qui ne sont pas « dans la ligne » de l'Union européenne, nouvelle idéologie plus encore que réalité géopolitique...), n'est pas de bon augure pour la santé et la popularité de cette Union qui, désormais, déchire les peuples entre eux et mène, pour certains, au désespoir et à l'exil, loin du continent qui porte le nom de la belle enlevée par Zeus.

    Je l’avoue : j'ai été, en mes jeunes années, « européiste », comme la majeure partie de ma génération : c'était à la veille de 1979 et de la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct, et l'Europe nous apparaissait comme un bel idéal, que des affiches de « l'eurodroite » (alliance de mouvements nationalistes autour du MSI néofasciste italien) figuraient comme la victoire ailée de Samothrace, et celles de l'artiste Folon comme un immense homme, lui aussi ailé, prenant son envol sur le fond d'un ciel magnifique et ensoleillé, tandis que les partis centristes et une partie des socialistes chantaient les louanges de cette nouvelle Europe qui allait, c’était certain, être « sociale »... Le discours d'un Jacques Chirac sur « le parti de l'étranger » pour désigner les européistes et celui des communistes pour dénoncer « l'Europe de la finance » ne nous touchaient pas vraiment, et ils nous semblaient déjà hors de l'histoire en train de se faire. Sans doute, sans forcément nous en rendre compte, nous avions intégré mentalement que la construction de cette Europe-là allait dans le (bon) sens de l'histoire : la désillusion fut assez rapide et d'autant plus violente !

    Aujourd'hui, et encore plus en cet été meurtrier pour les Grecs, je n'aime guère cette Europe qui se construit depuis les années 50, depuis les Monnet et Schuman, pères peu dignes des peuples car trop idéologues et, d'une certaine manière et d'une manière certaine, si peu « populaires » au sens pratique du terme : cette Europe-là n'aime pas les peuples car elle n'en voudrait voir qu'un seul, « le peuple européen », un et indivisible, unique et uniforme, une sorte de masse de citoyens-consommateurs... Les européistes commettent la même erreur et, en définitive, la même faute que leurs prédécesseurs jacobins de la Révolution française qui voulaient, eux aussi, la République une et indivisible qui faisait disparaître provinces et particularités au nom d'un « ordre » nouveau, voire d'un homme nouveau.

    « Ce n'est pas ce que nous voulions », pourraient dire ceux de ma génération, et ce n'est pas non plus ce qui avait été annoncé et promis : relire les discours des partisans du traité de Maëstricht, au début des années 1990, est tellement révélateur, mais aussi terrible pour les marchands d'utopie ! Un Jacques Delors, dont on célèbre les 90 ans ce jour même, ne fut pas le dernier à raconter bien des bêtises, et à promettre ce monde meilleur que devait être l'Union européenne : a-t-il conscience du gâchis ? Près de 30 millions de chômeurs dans l'Union, une pauvreté qui explose littéralement depuis une demi-décennie, des tensions sociales et une désespérance des classes populaires et moyennes qui se sentent dépossédées de tout pouvoir et de leur droit même à être, des injustices qui se creusent de plus en plus quand s'approfondit le fossé entre les plus riches et les autres, etc. Où est le rêve européen ? Où sont les progrès sociaux ? Pourquoi l'hubris semble-t-elle dominer une Union de plus en plus « hors-sol » ? Pourquoi le malaise des peuples d'Europe se fait-il, chaque jour, de plus en plus prégnant ?

    Cette Europe-là est la trahison de toute l'histoire des nations et du continent européens, elle est la figure du malheur des peuples et des plus faibles... Elle n'est plus (si jamais elle l'a été un jour...) la victoire de Samothrace mais le règne misérable de Créon, légaliste sans transcendance ni honneur. Et, désormais, l'Europe réelle, qui devrait se conjuguer au pluriel, cherche, ou attend son Antigone... Si M. Hollande n'en a guère les traits ni l'esprit, il n'est pas dit que la France, elle, par sa particularité en Europe, ne puisse pas, un jour prochain, incarner les valeurs qui ont fait battre le cœur d'Antigone, cette fois, au-delà du malheur, pour le meilleur...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

     

  • Postures et impostures

    Réagissant à la crise des éleveurs, Marine Le Pen a prôné mardi une « re-nationalisation » de notre politique agricole. Une renationalisation qui, idéalement, devrait être étendue à tous les aspects de notre vie politique largement sous la coupe du parti de l’étranger atlanto-bruxellois. Le 8 juillet, l’ancien élu belfortain, ex ministre et ex dirigeant du MRC, Jean-Pierre Chevènement,  publiait sur son blogue une longue déclaration, intitulée « La France en grand ». Prenant acte de la «  crise historique de longue durée » subie par notre pays, qui « s’est fortement aggravée avec la dérégulation néolibérale, le choix d’une monnaie unique viciée dans son principe même et l’inféodation qui résulte des traités européens »,  il appelait au « rassemblement autour d’un projet réellement alternatif ». «C’est ce projet d’alternative républicaine que République Moderne (RM, une nouvelle structure créée pour l’occasion NDLR),  à travers des rencontres périodiques, se propose de faire surgir.»

     Jean-Pierre Chevènement propose ici  une alliance, allant de l’extrême gauche au petit parti de Nicolas Dupont-Aignan.  Il explique que RM s’adresse « au-delà des partis et des clivages politiques obsolètes, à tous ceux, socialistes, communistes, radicaux, gaullistes, démocrates, républicains, femmes et hommes de progrès (sic) qui croient que la France, loin d’être finie, a encore un rôle majeur à jouer pour équilibrer l’Europe et donner aux idées républicaines leur portée universelle face aux désordres engendrés par la globalisation. »

    Le manque de sincérité de la démarche de Jean-Pierre Chevènement, la faiblesse ontologique de son combat souverainiste, éclate une nouvelle fois ici, constate Bruno Gollnisch, avec sa posture « ni-ni » : ni RPS-ni FN…mais surtout ni FN ! Il est en effet parfaitement absurde de prôner le (nécessaire) rassemblement de tous les patriotes de bonne volonté en en excluant de facto, la première formation qui défend la souveraineté de notre pays, à savoir le Front National. De même, M. Chevènement feint encore de croire que les communistes défendent la nation, lesquels s’échinent en outre, tout comme lui-même, à minorer criminellement la question, pourtant centrale et essentielle, de l’immigration.

     Déjà, lors de la dernière campagne présidentielle, il avait refusé la main tendue par Marine en affirmant caricaturalement  que «  le Front National restera le parti de l’ethnicité et ne deviendra jamais celui de la citoyenneté. » Nous le relevions pareillement, le patriotisme du  jacobin-républicain   Jean-Pierre Chevènement achoppe historiquement   sur la question de l’identité française.

     Il est ainsi tout aussi révélateur que l’ex ministre de François Mitterrand, qui a appelé à voter pour le très bruxellois Hollande en 2012,  s’inquiète dans ce même texte d’une « une gauche et d’une droite interchangeables » qui se « (succèdent) au pouvoir pour y conduire, pour l’essentiel, la même politique néolibérale et inféodée ». Ce qui est parfaitement juste, mais sa crainte découle du fait que cette politique de l’RPS suscite chez notre peuple une réaction de défense immunitaire,  au sens ou les politiciens en question font ainsi,  écrit-il,  « le lit du Front National ».

     Et M. Chevènement, d’en rajouter une louche, en n’hésitant pas à mentir assez grossièrement en affirmant que le FN, qu’il baptise ici d’ « extrême droite », «  se nourrit de la désespérance du peuple mais ne propose aucune alternative crédible, bien au contraire. Son accession au pouvoir, ruineuse pour l’image de la France dans le monde, nourrirait le  clash des civilisations  que souhaitent les fanatiques et serait un mauvais coup porté à notre pays.»

     L’ex sénateur du Territoire de Belfort sera présent lors des universités d’été de la formation de Nicolas Dupont-Aignan a confirmé ce dernier qui vient de donner un entretien au quotidien Nord Eclair. Le dirigeant de Debout la France y présente son candidat  aux élections régionales de Nord-Pas-de-Calais-Picardie, lequel  sera opposé à Marine Le Pen, ce qui fait objectivement les affaires du républicain Xavier Bertrand, même s’il s’en défend.

    «On a énormément de différence» (avec Marine et le FN, NDLR) expose M. Dupont-Aignan dans ce journal. «Nous n’avons pas le même projet politique, pas la même vision de l’Europe ; je n’ai jamais été contre l’Europe mais pour une Europe des Nations et des projets ; je ne suis pas pour le rétablissement de la peine de mort. Qu’il y ait des points communs dans la dénonciation du système qui tue la France à petit feu, oui je l’assume, En revanche vous ne me ferez pas diaboliser le FN, car cela n’a pas de sens. Notre alternative patriotique me paraît plus sérieuse. On veut nous assimiler au FN car la pensée dirigeante ne veut surtout pas qu’il y ait des gens raisonnables capables de changer le système. Le système s’effondre mais les électeurs ne veulent pas confier la France au FN, donc ils s’abstiennent. Nous offrons la seule voie possible, la rupture raisonnable ! ».

     Le FN ne serait donc pas raisonnable –raisonnable pour qui?- capable d’une rupture censée avec ce Système délétère ? Propos qui permettent à M Dupont-Aignan de justifier lui aussi le « ni FN-ni RPS », son refus de faire alliance avec un mouvement  dont il a pourtant repris quasiment mot pour mot des pans entiers de son programme…

     Quoi qu’ils en disent, l’attitude d’ostracisme vis-à vis du FN d’un Nicolas Dupont-Aignan, d’un Jean-Pierre Chevènement ou d’autres souverainistes velléitaires, quels que soient l’intelligence et la pertinence de beaucoup de leurs analyses, revient à légitimer le Système en place en attaquant la formation politique la plus à même de le renverser.

     Sur le site de Polemia dans son avant-propos et la première section publiée du lexique « Cinq cents mots pour la dissidence », il est rappelé la définition politique du mot ami que ces derniers feraient bien de méditer. « La discrimination entre l’ami et l’ennemi est l’acte fondateur de la politique, d’après le politologue Carl Schmitt : on ne peut pas faire de la politique sans désigner son ennemi principal. Ceux qui prétendent fonder une attitude politique sur le  ni-ni  adoptent en réalité une posture impolitique : ils se condamnent à être le simple objet de ceux qui savent faire de la politique, qui sont, eux, de vrais sujets politiques ». Tout est dit.

    http://gollnisch.com/2015/07/22/postures-et-impostures/

  • Pour le PS, les carottes sont cuites !

    Il n'y a pas que les agriculteurs et les éleveurs qui sont en colère contre le gouvernement. Les buralistes donnent également de la voix.

    Après s'en être pris à des radars, ils ont déversé ce matin près de quatre tonnes de carottes - emblème de leur profession - devant le siège du Parti socialiste, rue de Solférino à Paris.

    C

    Michel Janva

     

  • Cette dette espagnole qui peut inquiéter...

    La question de la dette empoisonne l'Europe, et la Grèce vient à nouveau d'en faire les frais, et ce n'est évidemment pas fini : nous en reparlerons dans quelques mois, et la tragédie risque bien d'être, une fois de plus, à l'ordre du jour. Le malheur des uns nous ferait presque oublier nos propres problèmes et défauts : or, notre dette publique équivaut à plus de 97 % de notre PIB, et risque bien d'atteindre 100 % l'an prochain, ce qui n'est guère rassurant. Mais il y a sans doute pire et encore plus inquiétant en Europe : un article des Echos du lundi 20 juillet nous explique ainsi que « la dette extérieure espagnole ne cesse d'enfler », ce qui « augmente la vulnérabilité du pays aux chocs externes ».

    Le plus intéressant dans cette information est que ce n'est pas la conséquence d'une crise qui ne trouverait pas d'issue, mais au contraire d'une « forte croissance espagnole, prévue de 3,3 % en 2015 » : « à mesure que s'intensifie l'activité augmente aussi la dette extérieure espagnole. Ainsi, la dette extérieure brute s'élevait à 1.800 milliards d'euros au premier trimestre, soit 168 % du PIB du pays. Cela représente une hausse de 83 milliards d'euros par rapport à décembre 2014 (…). D'après un rapport du FMI, publié en 2014, l'Espagne est le pays au plus fort endettement extérieur, après les Etats-Unis, en termes absolus. » C'est une logique diabolique : quand la production augmente, la dette se creuse un peu plus, pour quelques raisons simples, dont, particulièrement, la dépendance du pays aux énergies fossiles et aux matières premières importées. Logique de la mondialisation qui se veut fluide et transfrontalière, au risque d'entraîner des interdépendances négatives quand elles ne s'équilibrent pas...

    Ainsi, la croissance espagnole est-elle piégée par ce système mondialisé et son modèle énergétique principalement « fossile », alors même que l'Espagne est un pays qui dispose de ressources importantes et plutôt bien (mais visiblement insuffisamment) exploitées en énergies renouvelables, éolienne et solaire. Mais, au-delà, c'est le pays, ses métiers et ses habitants qui se retrouvent prisonniers d'un cycle infernal et d'une « croissance » en définitive mortifère : cela rompt avec le préjugé fort répandu qui veut que cette dernière soit « la solution » à nos crises économiques actuelles... Il est bien possible que cela soit, en fait, « le problème » de nos sociétés et de nos économies !

    En tout cas, cela doit nous inciter à réfléchir à un modèle d'économie qui rapproche le plus possible les sources d'énergie des grandes unités de production manufacturée, mais aussi des marchés de consommation. Comment ? Entre autres, par l'investissement majeur et massif dans les énergies de proximité et renouvelables, si possibles peu ou pas polluantes, pour se dégager de l'emprise des énergies fossiles qui sont désormais épuisées (ou presque) dans les pays européens et qui sont, de toute façon, trop dangereuses pour la qualité de l'air et la santé des populations. Mais il faudra y rajouter les efforts nécessaires pour diminuer les besoins énergétiques industriels, agricoles et domestiques, de nos sociétés : en somme, engager une forme de décroissance raisonnée et, surtout, ordonnée, celle-là même que le pape François nous invite à penser et à pratiquer dans nos pays précocement et anciennement industrialisés : cette urgence écologique est aussi, à bien y regarder, une urgence économique... Ne serait-ce que pour diminuer le poids de la dette des pays de l'Union européenne, celle que nous sommes appelés, sans le vouloir vraiment, à porter collectivement, Europe oblige !

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1244:cette-dette-espagnole-qui-peut-inquieter&catid=49:2015&Itemid=60

  • Quand gestion rime avec tradition

    Nous étions un certain nombre à pressentir que la mondialisation ne constituait pas seulement un facteur d’uniformisation et de massification, mais provoquait également – et fort heureusement – en retour une réaffirmation, une réappropriation identitaire puisant sa légitimité dans de très anciennes stratifications ethno-culturelles.
    L’originalité de l’essai de Philippe d’Iribarne est d’appliquer cette vision à une sphère qui lui est généralement étrangère, voire hostile : celle de l’économie et plus précisément de l’organisation du travail en entreprise.
    Et son principal mérite est qu’il s’agit non pas d’un pamphlet, mais d’un véritable travail d’enquête.


    A partir de l’exemple de trois usines choisies dans chacun des trois pays retenus (la France, les Etats-Unis et les Pays-Bas), l’auteur reste fidèle à ce rythme ternaire en y effectuant un triple travail : de sociologue pour dépecer la manière dont se comporte le personnel, de la base à la direction ; d’historien pour rechercher dans la culture nationale quelques facteurs explicatifs de ce qu’il a observé sur le terrain ; d’économiste enfin, pour définir quelle sorte de gestion serait la plus adaptée à la sensibilité de chaque pays.

    Si aux Etats-Unis, c’est le contrat qui constitue la pierre angulaire des rapports sociaux, et aux Pays-Bas le consensus (ou à tout le moins sa recherche permanente), en France prédomine ce que l’auteur nomme très justement « la logique de l’honneur » qui fournit la trame autant que le titre de son ouvrage.

    Cette logique est le fruit de nombreux facteurs : l’indépendance d’esprit des ouvriers dans le respect des consignes, un vif amour-propre s’attachant à la réalisation des devoirs de leur état, des conflits ouverts et des ajustements largement informels, mais aussi l’entente sur un certain « devoir de modération » qui permet de travailler ensemble sans être obligé de bien s’entendre. Ce n’est donc pas la centralisation qui apparaît comme une caractéristique générale des rapports hiérarchiques français. Le plus frappant, en revanche, c’est qu’on repère des états qui constituent des sortes de charges donnant par elles-mêmes des responsabilités bien définies.
    Philippe d’Iribarne voit ainsi dans la logique de l’honneur l’explication fondamentale du comportement du Français au travail. Cet honneur, comme l’écrit Montesquieu, est « moins ce que l’on doit aux autres que ce que l’on doit à soi-même » (« ce que l’on se doit à soi-même » répond en écho Dominique Venner dans Le cœur rebelle) : il est intimement lié à la fierté que l’on a de son rang et à la crainte d’en déchoir. Ainsi sont systématiquement stigmatisées, dans les rapports hiérarchiques, les attitudes contraires à ce type d’honneur, du « petit chef » au parvenu en passant par le courtisan qui siège dans les états-majors…
    Rendre service sans être servile favorise la bonne gestion, ainsi que la recherche du meilleur parti à tirer de ce que nous sommes, sans vouloir « casser » les ordres, les états, les corps qui sont consubstantiels à la société française.

    Bien différent est notamment le modèle américain, notre principal adversaire de la guerre économique mondiale.
    Le modèle dont il s’inspire (le « contrat ») n’élimine évidemment pas, dans l’entreprise, les pressions de toute nature auxquelles l’encadrement pourra soumettre les ouvriers, mais il est censé empêcher qu’elles soient « unfair », c’est-à-dire injustes ou déloyales. Vieil héritage du mélange primordial et détonant entre « éthique protestante » et « esprit du capitalisme »…
    Car pour que le système américain fonctionne, il faut que les supérieurs respectent, au-delà de la lettre des textes, les principes moraux d’égalité des personnes qui régissent le credo politique des Etats-Unis. Un homme comme J. Watson, le fondateur d’IBM, avait fort bien compris que « le respect pour les individus » constitue le coeur de la philosophie de l’entreprise, et il précisait que cette orientation « n’est pas motivée par l’altruisme, mais par la simple conviction que si nous respectons nos gens et les aidons à se respecter eux-mêmes, l’entreprise fera le maximum de profit ».

    La modernité ne triomphe donc jamais sans partage : elle doit composer avec les valeurs de toujours qui fondent les sociétés sur lesquelles elle s’est abattue.
    C’est le principal mérite de cet essai remarquable, qui n’a pas pris une ride depuis sa parution il y a plus de 10 ans, que de démontrer que les formes d’intégration des individus à une collectivité donnée (nation ou entreprise) ne relèvent pas d’un sentiment diffus d’appartenance, mais d’une véritable modélisation par des traditions qui conditionnent la structure même de la « conscience morale ».
    Et c’est ainsi que Marx meurt encore une fois, tandis que les traditions sur-vivent.

    G.T., 03/03/2003

    La logique de l’honneur, gestion des entreprises et traditions nationales, de Philippe d’Iribarne, Points Seuil 1993 (épuisé).

    http://www.polemia.com/quand-gestion-rime-avec-tradition/

  • Carl Lang nous parle de la crise grecque….

  • Nos éleveurs victimes de l’embargo sur la Russie ?

    Il y a près d'un quart de siècle, nos éleveurs de poulets se sont retrouvés dans la débine, tout cela parce que de brillants stratèges avaient décrété judicieux de faire la guerre à Bagdad, en 1990, alors que l’Irak ne jurait alors que par la volaille bretonne…

    Quand nous étions plus jeunes, nos camarades communistes avaient pris pour habitude de nous affirmer : « Si tu ne t’intéresses pas à la politique, la politique, elle, s’intéressera à toi. » La maxime vaut toujours pour la géopolitique.

    Ainsi, l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois qui a récemment fermé ses portes, c’était parce que General Motors, géant américain qui détenait alors 5 % de la traditionnelle firme au lion, nous a obligés à abandonner le marché iranien, le deuxième client à l’étranger de Peugeot… Pis : alors que Téhéran s’apprête à commercer avec le reste du monde, les entreprises françaises, jusque-là les mieux placées, risquent bien de payer les pots cassés de l’incompréhensible intransigeance d’un Laurent Fabius dans les récentes négociations menées avec l’Iran.

    Après, on peut toujours prétendre que cela ne nous concerne pas et que nos hommes et femmes politiques seraient mieux inspirés de s’occuper d’affaires plus franco-françaises. Ah bon ? La preuve par nos éleveurs, actuellement au bord d’une nouvelle grande jacquerie. Certes, on ne saurait défendre de manière inconditionnelle des paysans dévoyés qui élèvent des animaux à la chaîne, polluant au passage rivières, plages et paysages. Mais s’ils donnent désormais dans l’élevage aussi intensif qu’industriel, c’est aussi parce que certains technocrates les y ont poussés, à coups de directives européennes et de grasses subventions financées par l’argent des contribuables.

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  • La colère des éleveurs bouscule le gouvernement

    Un plan d'aides d'urgence présenté en Conseil des ministres ce mercredi a pour objectif de faire retomber la pression et de lever les barrages.

    Le gouvernement a dû chambouler son emploi du temps ce mardi, face à la contagion du mouvement de protestation des agriculteurs à l'ensemble de la France. Partie de Normandie ce dimanche, la colère des éleveurs s'est étendue à des sites symboliques comme la grotte de Lascaux II en Dordogne, la Cité corsaire à Saint-Malo en Ille-et-Vilaine et au Mont-Saint-Michel dans la Manche.

    Le président de la République, sitôt la crise grecque traitée, a dû à nouveau monter au créneau pour tenter d'éteindre cet incendie alors qu'il participait au «sommet des consciences» au Conseil économique, social et environnemental à Paris, à quatre mois de la conférence sur le climat. «Je demande à tous les agriculteurs de comprendre que nous sommes tous mobilisés. Nous sommes conscients de leurs difficultés, elles sont très grandes et elles appellent des mesures structurelles. Elles seront prises. Et des mesures conjoncturelles, c'est-à-dire l'urgence, elles seront également décidées demain», a indiqué le chef de l'État.

    Dans la foulée, Manuel Valls a convoqué à Matignon une «réunion de ministres sur les filières d'élevage» à laquelle participaient Emmanuel Macron (Économie), Christian Eckert (Budget), Matthias Fekl (Commerce extérieur) et Stéphane Le Foll (Agriculture). À l'issue de cette réunion un peu avant 13 heures, seul Stéphane Le Foll a pris la parole. «Cette discussion nécessitait un arbitrage du premier ministre puisque c'est une décision qui mobilise différents ministres. Je présenterai demain en Conseil des ministres un plan d'urgence de 16 à 17 propositions et pistes de travail qui ont été évoquées et analysées techniquement», souligne le ministre de l'Agriculture.

    La répartition des tâches dans l'exécutif apparaissait établie: le président de la République fixe la ligne, le premier ministre coordonne, Bercy tente de trouver des marges de manœuvre et le ministre de l'Agriculture agit sur le terrain. C'est ainsi qu'après avoir annoncé qu'il ne se rendrait pas à Caen pour répondre à la convocation des agriculteurs, Stéphane Le Foll a été prestement dépêché sur place. Au point de se contredire en une matinée et de filer en urgence sur l'épicentre de la colère paysanne en Basse-Normandie .

    Rapport du médiateur des prix

    Arrivé en hélicoptère, dans un quartier entièrement bouclé par les CRS, le ministre de l'Agriculture est parvenu sans encombre vers 16 h 30 à la préfecture de Caen où l'attendaient les principaux responsables syndicaux agricoles de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) et des JA (Jeunes Agriculteurs) du Calvados. Il en est reparti deux heures et demie après. «Il me semblait normal qu'une fois les décisions actées par le gouvernement, j'aille sur le terrain en parler avec les intéressés. Je connais les difficultés des éleveurs, je les mesure et les respecte. J'ai un BTS agricole. Ma vie aurait pu tourner autrement, se justifie Stéphane Le Foll à la sortie de la préfecture de Caen. J'ai pris du temps, je voulais venir avec un peu de fond et je m'en excuse auprès des professionnels agricoles.»

    De leur côté, les leaders syndicaux locaux sont restés mitigés. «Il faut reconnaître que le déplacement du ministre et les échanges avec lui ont été particulièrement intéressants. Cependant, on n'est pas dupes, on attend les conclusions du rapport du médiateur et les annonces du plan d'urgence en Conseil des ministres», souligne Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados.

    Justement, ce fameux rapport, celui du médiateur des prix désigné par le ministre pour faire la lumière sur les circuits commerciaux et la fixation des prix agricoles, n'a permis que d'y voir un peu plus clair. «Le verre est à moitié plein. Pour une fois, la grande distribution est à l'heure et respecte l'accord du 17 juin de revalorisation des prix, conclut Jean-Pierre Fleury, président de la FNB (Fédération nationale bovine). En revanche, tous les abatteurs ne le sont pas.» Toutefois, Stéphane Le Foll a refusé de désigner des coupables. «On a des éléments assez détaillés sur la revalorisation des prix, mais je ne participerai pas à la désignation de quiconque entre ceux qui ont joué le jeu des hausses des prix et les autres», estime-t-il.

    Le rapport, dont la remise a été avancée de 24 heures en raison des blocages, devrait être rendu public ce mercredi. Sur le terrain, la pression est maintenue. «Il n'y a pas de raison de lever les barrages qui pourraient même s'étendre à d'autres régions mercredi», constate Xavier Beulin, président de la FNSEA. Le Nord a ainsi vu le déclenchement d'une opération escargot sur l'autoroute A1. En Mayenne et ailleurs, de nouveaux blocages sont apparus.

    Eric de La Chesnais et François-Xavier Bourmaud

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFZVukZulhbrsJXvS.shtml