économie et finance - Page 541
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Affaire Kerviel/Société Générale : Nouvelles révélations accablantes pour la banque
Selon le site Mediapart, la commandante de police en charge de l’enquête sur l’affaire Kerviel a affirmé lors d’une récente audition que la Société générale avait été alertée des agissements de l’ex-courtier en 2007.
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Politique & Eco n°43 - Ivan Blot et la conférence internatIOnale de Valdaï
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Quand le boycott occidental de la Russie devient une consécration des « EurAsies » et des BRICS
Les dirigeants nord-américains et européens n’ont pas participé au 70e anniversaire de la victoire, incapables qu’ils étaient à la fois de résister aux pressions américaines, de dépasser provisoirement leurs différends avec la Russie qui fut pourtant représentée en la personne de son président Vladimir Poutine à la 70e commémoration du Débarquement allié en Normandie en juin 2014.
De nombreux journalistes, intellectuels et hommes politiques de par le monde ont vivement critiqué ce boycott… qui en dit long sur la nature profonde et l’orientation latente des chancelleries occidentales au regard des usages diplomatiques et de l’histoire la plus communément partagée. Toutefois, l’Amérique et l’Europe ont probablement commis une lourde faute que n’espérait guère Vladimir Poutine…
« Les dirigeants de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique du sud, de plusieurs pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’anciennes républiques soviétiques (membres de l’Union eurasiatique et/ou de l’Organisation de Coopération de Shangaï) qui ont assisté à cette commémoration moscovite représentaient 50% du PIB mondial et les 4/5e de la population planétaire ».
Afin de punir la Russie pour « l’annexion de velours » de la Crimée et pour son soutien aux séparatistes ukrainiens, le G8 avait décidé de redevenir le G7 après l’adoption d’un train de sanctions économiques. Lors du G20 en Australie, le président russe avait essuyé l’incivisme de dirigeants occidentaux comme le Canadien Harper, l’Australien Abbot, le Britannique Cameron et l’Américain Obama, et avait passé plus de temps avec ses homologues des pays émergents avant de quitter ce sommet plus tôt que prévu.
Entretemps, la féroce diabolisation de la Russie par la communication stratégique (propagande ?) et l’influence (manipulation ?) des gouvernements et des médias occidentaux offrit aux BRICS un aperçu de ce qu’ils subiraient en cas de volte-face trop marquée contre la puissance dominante ou de contestation prolongée de l’ordre (ou du désordre) établi.
En moins d’un an, le monde entier a vu une Russie qui multipliait les contrats et les alliances stratégiques, résistait solidement aux sanctions européennes et américaines et accélérait le développement du condominium économique et stratégique avec la Chine ; toutes deux forgeant ce projet très porteur qu’est la Nouvelle route de la soie, améliorant les synergies tous azimuts au sein des BRICS et augmentant considérablement leur attraction gravitationnelle grâce à la création de la New Development Bank (NDB) et de l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), big banks crées sous l’égide des BRICS et de la Chine.
Pendant ce temps, les Etats-Unis et l’Union européenne s’enlisaient en Ukraine et Washington contemplait les dégâts de ses incohérences politiques et l’échec de ses projets : relation dégradée avec Israël, la Turquie et la Chine, soutien à des factions rebelles syriennes flirtant de près avec Daech et Al-Qaïda, effondrements simultanés de la Syrie, de l’Irak et de la Libye en proie à de féroces guerres civiles et envahies par des factions djihadistes, bombardement du Yémen par « l’OTAN arabe », mort dans l’oeuf du traité transpacifique (TTIP) face au rayonnement solaire de l’AIIB sur toute l’Asie, fin de la suprématie du dollar et des institutions de Bretton Woods…
Victime secondaire du « cordon sanitaire autour de la Russie » (merci George Friedman alias Mr Stratfor), l’Union européenne n’a pu qu’assister impuissante à sa vassalisation complète aux intérêts américains et à son effacement progressif de la scène géopolitique. Fera-t-elle l’amer constat d’une divergence croissante des destins de part et d’autre de l’Atlantique ?
Entre chaos stratégique et redistribution des cartes économiques, l’Amérique a hésité, louvoyé, accumulé les mauvaises décisions et multiplié les injonctions et les rappels à l’ordre auprès de ses alliés proches ou éloignés. Les maîtres mots de la politique étrangère américaine se résumaient à des sanctions, des interdictions, des boycotts, des pressions, des opérations militaires et des révolutions plus ou moins colorées. L’Amérique n’était plus perçue comme une force motrice mue par une vision porteuse mais comme une force d’inertie et/ou un facteur de risques systémiques.
Les dirigeants de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique du sud, de plusieurs pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’anciennes républiques soviétiques (membres de l’Union eurasiatique et/ou de l’Organisation de Coopération de Shangaï) qui ont assisté à cette commémoration moscovite représentaient 50% du PIB mondial et les 4/5e de la population planétaire. Aux yeux des dirigeants américains et européens enfermés dans un canevas géocentrique, la Russie a été « isolée » et « bannie » de la communauté internationale.
Obnubilées par la figure de Vladimir Poutine, leurrées par la « réinstallation d’un logiciel stratégique » datant de la guerre froide, les chancelleries occidentales sont d’autant plus obsédées par cette Russie présumée ou supposée qui, a fortiori, hérite de certains « codes » et de la personnalité morale de l’URSS mais a profondément évolué vers autre chose. Dès lors, Washington et Bruxelles s’enferment dans des schémas imprégnés de naphtaline et perçoivent trop peu ou trop mal la nouvelle tectonique des plaques géoéconomiques et stratégiques qui s’opèrent à l’Est et au Sud… avec grand « E » et grand « S ».
En réalité, cette grandiose commémoration de la victoire contre le nazisme fut aussi la consécration politique des BRICS et des Eurasies c’est-à-dire l’interconnexion imminente de l’Union eurasiatique et du condominium Chine-Russie. Elle marque officiellement le pivot réussi de la Russie vers les Asies en général et vers la Chine en particulier, et celui de la Chine vers les Eurasies. Cette consécration ne fut pas celle des Non-Alignés ou des Anti-Occident mais celle des pays qui veulent construire « autre chose » ou « quelque chose de plus ».
Gardons-nous de toute uchronie et de toute confusion entre visibilité et réalité des faits, et imaginons un scénario dans lequel Obama, Merkel, Cameron, Hollande et compagnie auraient assisté à cette commémoration moscovite. Les journalistes et les analystes internationaux auraient focalisé sur les poncifs habituels de la relation Russie-US/UE, les dirigeants occidentaux auraient été en première ligne et leurs homologues BRICS et asiatiques auraient nettement moins bénéficié des projecteurs médiatiques, et le défilé des troupes indiennes et chinoises sur la Place Rouge n’aurait pas obtenu autant d’attention. En quelques mots, la présence des dirigeants occidentaux aurait sérieusement « parasité » la consécration tant politique que symbolique des Eurasies et des BRICS. Où sont donc les conseillers en communication de la Maison Blanche, de l’Elysée et du 10 Downing Street ?
En commettant cette faute inespérée, l’Amérique et l’Europe ont offert à la Russie un piédestal inattendu sur la scène des Asies et des BRICS. Vladimir Poutine n’en demandait pas tant…
Anna Markonova, 10/05/2015
Source : TheoRisk
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Rejet du fast track au Sénat : grâce aux américains, le TAFTA a du plomb dans l’aile
Ce mardi 12 mai, les sénateurs américains ont refusé de donner l’autorité spéciale de négociation, ou « Fast Track Authority » au président Obama, mettant un sérieux bâton dans les roues du TAFTA. Il s’agit d’un véritable revers pour le président, forcé de s’allier aux républicains contre son propre parti. Hier, seul un sénateur démocrate a voté pour le fast track, tous les autres se sont opposés au texte.Grâce à la très large alliance d’organisations de la société civile et de syndicats opposée à l’accord transpacifique (TPP) et à l’accord transatlantique (TAFTA), le débat sur les traités a véritablement décollé aux États-Unis ces dernières semaines.La semaine dernière, le président Obama a choisi le siège de Nike pour s’adresser au congrès et l’exhorter à lui donner l’autorité spéciale de négociation. Tout un symbole.L’accord transpacifique (TPP), bien plus avancé que le TAFTA, est au cœur des débats. L’opacité des négociations, les menaces sur l’emploi, l’ISDS, les dangers du chapitre propriété intellectuelle pour l’accès aux médicaments et pour les libertés sur internet ont cristallisé l’opposition au fast track.Le projet de loi doit maintenant passer devant la chambre des représentants.Lien permanent Catégories : actualité, économie et finance, géopolitique, international 0 commentaire -
Une enquête sous la régence : Recherche et développement économique
La France pré-industrielle savait déjà, grâce au Régent, mettre la connaissance des sciences et des techniques au service de la politique. En témoigne l'enquête commandée aux intendants en 1716, afin de dresser un panorama complet de l'activité et des ressources du royaume.
Vers la fin du règne personnel de Louis XIV, une grande enquête portant sur la vie du royaume avait été demandée aux intendants. Ses résultats devaient être présentés au duc de Bourgogne, le fils aîné du Grand Dauphin. Mais celui-ci mourut en 1712. Les intendants, accablés de multiples tâches au cours de la guerre de Succession d'Espagne, n'avaient pu rendre dans la plupart des cas que des mémoires essentiellement administratifs, n'apportant que peu d'informations sur la vie économique et les ressources du royaume.
Le rôle de l'Académie des Sciences
La Régence (1715-1723) ne devait laisser, dans beaucoup d'esprits, qu'un souvenir mitigé : difficultés puis catastrophe financière avec le système de Law, fin de la contrainte morale qu'avaient imposée les dures années de la guerre de Succession d'Espagne. La vie privée du jeune Philippe, duc de Chartres, puis duc d'Orléans, promu régent, n'avait pas été exempte de critiques. En fait, les sottises et les calomnies n'avaient fait que dissimuler une vive intelligence, un esprit critique et une soif de connaissances scientifiques exceptionnelle. Sa formation, due à Guillaume Homberg, son médecin, mais aussi son professeur de chimie, a compris des études dirigées par celui-ci ainsi que des expériences dans le laboratoire qu'il avait fait aménager dans sa résidence du Palais-Royal. Il participait à des réunions de l'Académie des Sciences qu'avaient fondée, en 1666, Louis XIV et Colbert.
On s'y demandait quels services les sciences pouvaient rendre à l'État. L'une des premières décisions du Régent, dès qu'il eut assumé le pouvoir, avait été de consulter l'Académie des Sciences sur les moyens de restaurer la situation économique du royaume. Il décida qu'une nouvelle enquête serait effectuée selon des principes fixés par l'Académie. Or, celle-ci avait commencé une Description des arts et métiers, dans le dessein de mettre à la disposition d'un large public des informations concernant les méthodes, les techniques utilisées dans de nombreux domaines, agricole, industriel et commercial.
Les académiciens étaient sollicités de tous côtés. L'abbé Jean-Paul Bignon, académicien depuis 1691, s'appliquait à faire renaître l'institution. Il avait gagné à son projet René-Antoine Serchault de Réaumur, son collègue depuis 1708. Tous deux avaient l'intention, au moins pour commencer, d'utiliser les réponses des intendants à l'enquête antérieure et de les compléter. Puis, dès la fin de 1715, à la suite de conversations avec l'abbé Bignon, le Régent prit la décision de lancer une nouvelle enquête. Aux intendants, il ferait adresser un formulaire rédigé par Bignon et Réaumur. Leurs réponses seraient utilisées pour faire avancer le projet de description des Arts et Métiers.
Les intendants devraient collecter, entre autres, des informations sur les ressources naturelles de leur généralité, particulièrement sur leur sous-sol et les éventuelles richesses métallurgiques. Ils devraient envoyer à l'Académie des échantillons des minerais dont leur rapport ferait mention, également des dessins présentant la structure des mines et des manufactures de leur généralité, les outils qu'employaient les ouvriers et même les attitudes de ces derniers lorsqu'ils étaient au travail.
Quelles ressources naturelles ?
Au début, quelques intendants se contentèrent de renvoyer au Régent les rapports que leurs prédécesseurs avaient rédigés vingt ans auparavant pour l'enquête dédiée au duc de Bourgogne. Réaumur, poliment mais fermement, exigea des informations supplémentaires et détaillées. Car le Régent voulait tout voir personnellement. Cette enquête était vraiment sienne. Les Instructions aux intendants, quoique rédigées par l'Académie, étaient expédiées sous son nom. Il les lisait, et annotait toutes les réponses avant de les transmettre à l'Académie.
Ainsi, durant trois ans, une sorte de conversation eut lieu entre le Régent, les intendants, Bignon et Réaumur. Conversation qui prit de l'ampleur à mesure que l'enquête progressait. Dans leurs réponses on distingue les méthodes employées par les intendants pour glaner leurs informations. Certains se renseignent directement au cours de leurs chevauchées. d'autres interrogent leurs subdélégués, des notables, ou des ecclésiastiques. Leurs lettres mentionnent assez souvent les obstacles rencontrés : difficultés dues à la géographie ou aux saisons, méfiance des administrés, tentatives d'escrocs qui prétendent avoir connaissance de gisements d'or ou d'argent, dont ils ne révéleront l'emplacement que contre récompense, mais aussi d'authentiques propriétaires de mines ou d'usines, qui pensaient profiter de l'occasion pour obtenir des privilèges, en vain.
L'enquête achevée en 1718 aura duré trois ans. Saumure l'utilise dans ses Mémoires présentés à l'Académie ainsi que dans son livre L'Art de convertir le fer forgé en acier (1722). Plus tard, lorsque l'Académie commence à publier les Descriptions des Arts et Métiers, elle utilise largement les papiers légués par Saumure. D'autres se trouvent dans les archives de l'Académie.
Lorsque le Régent meurt le 2 décembre 1723, cette enquête avait révélé chez lui l'idée d'appliquer les connaissances scientifiques à une politique gouvernementale. Les documents élaborés à sa demande ont été publiés en un volume de mille pages par Mme Christiane Demeulenaere-Douhyère, conservateur général du Patrimoine, et le professeur David J. Sturdy, de l'université de Coleraine (Ulster). Ce nombre de pages ne doit pas décourager le lecteur. Le plan de l'ouvrage est géographique. Les trente-et-une généralités y sont classées dans l'ordre alphabétique de leur ville capitale (Aix pour la Provence ou Riom pour l'Auvergne), sauf pour l'Alsace, la Bretagne, la Franche-Comté, la Lorraine, la Navarre et Béarn (puis Auch et Béarn), la ville (et généralité) de Tours qui clôt la liste. Des index facilitent les recherches. Dans chaque notice, la priorité est donnée, autant que possible, à la recherche de métaux précieux. Mais les intendants et leurs collaborateurs ont, en fait, étudié l'ensemble des ressources économiques de leur circonscription, et indiqué aussi les particularités et les aspects humains de la vie économique. Le dossier le plus fourni est celui de l'Auvergne. Dans la généralité de Lyon, on retiendra le cas de Saint-Étienne où « à la réserve de quelques familles aisées, et qui se sont formées par le commerce, ce n'est qu'un peuple de petits artisans et d'ouvriers infatigables au travail, car ils continuent jour et nuit ». C'est après Lyon, la meilleure ville de cette généralité.
Aspects humains
De multiples renseignements épars concernent les trouvailles archéologiques, l'origine des coquillages trouvés dans le sol. Certains touchent parfois à l'histoire de l'art, par exemple avec la description des albâtres transparents qui servent de vitraux à l'église d'Île-sur-Têt en Roussillon, et également aux trois lucarnes de l'église des pères Cordeliers, lesquels ont offert l'un d'entre eux. Et Réaumur écrit de ces albâtres, « qu'on n'en saurait trouver d'échantillons dans tout Paris ».
Pour l'Auvergne, le rapport évoque les migrations : « L''industrie des habitants consiste au grand nombre qui en sort pour aller travailler en Espagne, aux offices vils que les Espagnols tiennent au-dessous d'eux, comme porter de l'eau, panser les chevaux, faucher les prés, couper les blés et autres de nature. » On sait que ces sortes d'offices se font en Espagne, uniquement par des Français qui y passent tous les ans de l'Auvergne, du Limousin, de la Marche, de l'Armagnac, Quercy, Rouergue, Périgord, Chalosse et autres pays. De l'Auvergne seule, ou plutôt des montagnes d'Auvergne, du côté d'Aurillac, Mauriac et Saint-Flour, il va tous les ans en Espagne cinq mille ou six mille travailleurs qui rapportent dans le pays, par estimation, sept à huit mille livres. Ils rapportent autant d'argent que les scieurs, travailleurs de la terre et chaudronniers d'Auvergne qui vont dans toutes les provinces du royaume. Quant aux eaux thermales, exploitées depuis l'Antiquité, elles sont toujours renommées.
Métiers manuels
L'étude, au début de la Régence, rappelle parfois les fondations de Colbert. Ainsi fut créée, en 1678, près de Clermont de Lodève, une ville de tisserands, Villeneuvette, spécialisée d'abord dans la fabrication de draps fins, de couleur vive et destinée aux pays du Levant. Au XIXe siècle, elle produisit des draperies pour l'armée : elle cessera toute activité en 1954.
Cette belle édition critique, fort bien illustrée, très maniable, révélera non seulement les aspects très divers des provinces françaises, la longue histoire de métiers manuels, les relations proches ou lointaines de leurs habitants, mais aussi l'intérêt porté par les élites et le gouvernement à la recherche scientifique, susceptible d'aider au développement économique du royaume..
RENÉ PILLORGET L’Action française 2000 du 2 au 15 avril 2009
* Christiane Demeulenaere-Douyère et David Sturdy : L'Enquête du Régent - 1716-1718 - Sciences, techniques et politique dans la France préindustrielle. Ouvrage publié avec le concours de la région wallonne ; Éditions Brépols, Turnhout, 2008, 1 008 p., 100 euros environ.
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La croissance revient mais l'emploi attendra
Même avec une croissance du PIB de 0,6% au premier trimestre, la France a encore perdu 13.500 emplois. Le redressement de l'emploi ne semble pas encore d'actualité.
Certes, il n'est pas question de bouder son plaisir, avec une progression du PIB de 0,6% au premier trimestre, l'économie française connaît une véritable embellie. Il faut remonter au deuxième trimestre 2013 pour trouver une meilleure performance (0,7%). Ce taux de 0,6% est même supérieur aux prévisions de différents instituts économiques qui tablaient plutôt sur 0,4%.
Pourtant, il est bien trop tôt pour crier victoire. C'est essentiellement la consommation qui tire le PIB , pas l'investissement... Du moins pas encore. Or, sans investissements, l'emploi ne suivra pas et l'inversion de la courbe du chômage ne se produira pas. D'ailleurs, dans le même temps où l'Insee annonçait les bons résultats de la croissance au premier trimestre, la Dares (service statistiques du ministère du Travail) publiait ses dernières données montrant que la France a encore perdu 13.500 emplois sur ce même trimestre et les statistiques sur le travail temporaire également restent désespérément mornes, du fait, notamment, de l'effondrement de l'intérim dans le bâtiment.
Le ministre des Finances Michel Sapin en a bien conscience et préfère faire profil bas. Intervenant sur BFM, il a déclaré :
"Ce n'est pas 0,6% de croissance sur un trimestre qui va permettre de faire baisser le chômage. Il faudra encore de la croissance sur des trimestres et des trimestres. Comme vous le savez, le chômage a peu augmenté, mais il a augmenté. En somme 0,6% sur un trimestre c'est bien, 0,6% sur tous les trimestres de l'année, c'est mieux".
Extrêmement prudent, le ministre sait également que l'inversion du chômage est liée à la reprise de l'investissement des entreprises "Quand ce sera le cas, on pourra regarder la courbe du chômage, car c'est le moment où on la verra se stabiliser et reculer".
Pas de créations suffisantes d'emplois à court terme
D'ailleurs l'Insee ne dit pas autre chose, selon ses propres statistiques, la France perdrait encore 13.000 emplois marchands au premier semestre mais le solde devrait redevenir positif au second semestre. Souhaitons-le car, sur l'année 2015, la population active devrait s'enrichir de 120.000 personnes. Or, si elles ne trouvent pas un poste, le chômage augmentera automatiquement. Et la partie n'est pas gagnée sachant que, selon les statistiques de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), il y aurait actuellement un sureffectif d'environ 170.000 salariés dans les entreprises. Ce qui signifie que même en cas de redémarrage des carnets de commandes, les entreprises n'auront pas nécessairement besoin de recruter pour faire face. Il va donc falloir prendre son mal en patience.... Mais dans cet océan de prudence, les prévisions de l'OFCE dénotent.
L'OFCE voit le bout du tunnel pour la fin 2015
Pour cet organisme, la décrue du chômage pourrait se produire dès cette année si un certain nombre de conditions sont réunies : un prix du baril du pétrole stabilisé vers les 60 dollars, un maintien à un niveau faible des taux d'intérêt, quasi parité euro/dollar, etc. Avec ces hypothèses favorables, la France pourrait alors connaître une progression du PIB de 1,4% en 2015 (après 0,4% en 2014). Mieux, avec une accélération attendue du rythme de croissance au cours de l'année - on connaitra les premiers résultats du deuxième trimestre à la fin juillet - , on arriverait alors à un rythme de progression du PIB égal à 2% en glissement annuel. Le second semestre 2015 marquerait alors le tournant de la reprise avec la hausse du taux d'investissement des entreprises et, enfin, le début (très timide) de la décrue du taux de chômage qui s'établirait à 9,8% à la fin de l'année contre 10% fin 2014. L'OFCE estime que 205.000 emplois pourraient être créés cette année, dont 178.000 dans le secteur marchand. Alors qu'en 2014, ce même secteur avait perdu 37.000 postes. In fine, le nombre des demandeurs d'emploi diminuerait de... 54.000.
Pour l'OFCE, 2016 sera la vraie année de la reprise avec une croissance de 2,1%, une hausse de l'investissement productif de 4% et la création de près de 220.000 postes dans le secteur marchand permettant une nouvelle diminution du nombre des chômeurs de 70.000. Le taux de chômage redescendrait alors à 9,5%. Il était de 10% en mai 2012 quand François Hollande est arrivé à l'Elysée. Si l'hypothèse de l'OFCE s'avère exacte, alors François Hollande pourra dire qu'il a tenu son objectif d'inverser la courbe du chômage. Mais on n'en est pas encore là.
Jean-Christophe Chanut : La Tribune :: lien
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Lettre à Mme Hidalgo
Madame la Maire,
De nombreux adhérents parisiens de nos associations ont eu connaissance par la presse de l’organisation le 20 mai prochain à l’Hôtel-de-Ville de Paris d’une manifestation destinée aux entreprises dites « start-up », en français : « jeunes pousses ».
Leur attention a été attirée sur les conditions de déroulement de cette manifestation, plus particulièrement sur l’utilisation de la seule langue anglaise, cette information figurant notamment dans un article publié le 27 avril 2015 dans la rubrique « économie » du site internet du journal « Le Parisien ».
De fait, cet événement est présenté sur un site internet « dédié » (http://www.hackinghoteldeville.paris/) sur lequel les entreprises intéressées sont invitées à s’inscrire avant le 1er mai, et qui est entièrement rédigé en anglais. Il y est indiqué que les organisateurs sont l’agence de développement économique de Paris, « Paris & Co », et la Mairie de Paris elle-même. Vous comprendrez, nous en sommes certains, que nous puissions être fort étonnés, voire profondément choqués, par l’absence complète de la langue française de cette manifestation.
S’il est normal que des facilités soient offertes sur le plan linguistique aux personnes présentes à cet événement ne maîtrisant pas ou pas bien le français, il serait paradoxal d’observer que celles n’ayant pas une connaissance suffisante de l’anglais seraient, elles, désavantagées et victimes d’une forme de discrimination.
Par ailleurs, sur le plan politique au sens le plus élevé du terme, vous conviendrez avec nous que l’éviction de la langue française d’une manifestation organisée par la Ville de Paris au sein même de l’Hôtel-de-Ville comporte une charge symbolique désastreuse. Comment imaginer que la capitale de la France, à la fois berceau historique de la francité et ville au rayonnement mondial, puisse délibérément éliminer le français d’une manifestation publique soutenue et parrainée par sa Municipalité, aux frais des contribuables parisiens ?
Le « message » envoyé à tous, Français comme étrangers, est particulièrement négatif, et d’autant plus incompréhensible que vous présidez l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) et avez fêté le 20 mars dernier la journée internationale de la langue française en recevant à l’Hôtel-de-Ville Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Par ailleurs, sur le strict plan juridique, il importe de rappeler que la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française pose, en son art. 6, notamment les règles suivantes : « Tout participant à une manifestation, un colloque ou un congrès organisé en France par des personnes physiques ou morales de nationalité française a le droit de s’exprimer en français. Les documents distribués aux participants avant et pendant la réunion pour en présenter le programme doivent être rédigés en français et peuvent comporter des traductions en une ou plusieurs langues étrangères ».
Il est précisé au même article que « lorsqu’une personne morale de droit public ou une personne morale de droit privé chargée d’une mission de service public a l’initiative des manifestations visées au présent article, un dispositif de traduction doit être mis en place ».
Le Conseil constitutionnel, pour sa part, a constamment réaffirmé dans sa jurisprudence qu’en application de l’article 2 de la Constitution (" la langue de la République est le français ") l’usage du français s’impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l’exercice d’une mission de service public et les particuliers ne peuvent, dans leurs relations avec les administrations et les services publics, être contraints à l’usage d’une langue autre que le français.
Pour toutes ces raisons, qui nous semblent particulièrement fortes, nous vous demandons – en un recours gracieux - de bien vouloir faire prendre le plus rapidement possible toutes dispositions utiles permettant de traiter le français au moins à égalité avec l’anglais, tant pour la préparation de cet événement (publicité, site internet, inscription) que pour son déroulement proprement dit (faculté d’usage du français, traduction simultanée). Nous sommes certains que notre démarche répond au sentiment de l’immense majorité des Parisiennes et des Parisiens et sommes convaincus que vous serez sensible à notre point de vue.
Vous remerciant vivement d’avance de votre attention et des suites que vous pourrez donner à ce courrier, nous vous prions de croire, Madame la Maire, à l’assurance de notre haute considération.
Associations signataires : Alliance Champlain (Nouvelle Calédonie) ; président : Daniel MIROUX ; Association C.O.U.R.R.IE.L. ; président : Georges GASTAUD ; Association des Professeurs de Lettres (APL) ; président : Romain VIGNEST ; Association Francophonie Avenir (AFRAV) ; président : Régis RAVAT ; Association francophone d’Amitié et de Liaison (AFAL) ; président : Jacques GODFRAIN ; Association pour la Sauvegarde et l’Expansion de la Langue française (ASSELAF) ; président : Philippe de SAINT ROBERT ; Avenir de la langue française (ALF) ; président : Albert SALON ; Carrefour des Acteurs sociaux (CAS) ; directeur ; Joël BROQUET ; Cercle littéraire des Écrivains cheminots ; v-président : Maurice LELOUS ; Conseil international de la Langue française (CILF) ; Secrétaire général : Hubert JOLY ; Forum francophone international (FFI-France) ; président : Albert SALON ; Forum pour la France (FPF) ; Secrétaire général : Henri FOUQUEREAU ; France bonapartiste ; président : David SAFORCADA ; Groupe d’études et de recherche sur le français langue internationale (GERFLINT) ; Président : Jacques CORTÉS ; Institut Culture, Économie, Géostratégie (ICEG) ; président : Yves MONTENAY ; Observatoire européen du Plurilinguisme (OEP) ; président : Christian
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Le programme économique du Front national
Ces derniers temps, Les commentateurs de la presse régimiste se sont intéressés au programme économique du Front national, le qualifiant d'irréaliste ou encore de gauchiste. Plutôt que de pratiquer l'invective ou le dénigrement, étudions le contenu réel de l'actuelle potion économique que le Front national propose aux Français.
Au fil des ans, le programme du Front national a connu des variations dans ce domaine. Jusqu'à l'assassinat de François Duprat et le départ de militants nationalistes de la première heure comme Pierre Bousquet, Pierre Barthélémy et Jean Castrillo, inquiets de manière prémonitoire des dérives du Front national que nous vivons actuellement, celui-ci défendait un programme de défense des classes moyennes. Puis il vanta au cours des années 1990 la politique ultra-libérale menée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher avant d'évoluer vers une conception plus interventionniste de l'Etat à l'époque où Bruno Mégret en était devenu le numéro 2.
De nos jours, sous la direction de Marine Le Pen, prétendant faire pièce à la mondialisation, a été adoptée une position d'inspiration socialiste proposant par exemple une augmentation de 20Ô euros pour les rémunérations inférieures à 1,4 fois le SM1C. C'est ce programme économique que nous allons à présent analyser trop succinctement, dans ses grandes lignes.
Nonobstant les concessions politiques faites au Système afin de se "dédiaboliser", autrement dit de se normaliser, et la part faite entre un programme à vocation électoraliste et la confrontation avec la réalité présente si d'aventure le Front National arrivait aux affaires, il convient tout d'abord de constater que nombre de ses propositions veulent aller dans le sens d'une politique de redressement national. Toutefois, comme nous allons le voir, les moyens affichés pour y parvenir ne permettent pas d'atteindre les résultats souhaités.
LES PROBLÈMES DEPEUPLEMENT
Au préalable, abordons ce qui constitue « le fonds de commerce » électoral du Front national, à savoir les questions afférentes à l'immigration. Bien entendu, nous le suivrons dans la suppression du regroupement familial, la remise en cause des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes, la suppression du droit du sol,la suppression des « pompes aspirantes de l’immigration » comme PAME (aide médicale d'Etat) pour les immigrés illégaux, la lutte contre l’immigration clandestine (encore qu'il vaille mieux l'appeler "illégale", voire "délinquante") avec, à la clé, leur expulsion systématique.
Or rien de précis ne figure concernant le retour au pays d'origine des populations installées en France et inassimilables parce que cela leur est impossible ou parce qu'elles le refusent. Il est bien question d'établir des accords de coopération entre la France et les pays d'Afrique, notamment, afin de régler les flux migratoires, mais il aurait été du plus haut intérêt que ce domaine fut développé par le Front National, car nous ne pourrons arriver à des résultats tangibles que lorsque ces populations seront fixées sur leur sol natal parce qu'elles pourront y vivre grâce à un développement économique certain et adapté à leur réalité. Toutefois, nous n'irons pas plus avant sur ce sujet primordial (qui nécessite une sorte de "re-colonisation") car il dépasse le cadre de cet article.
En outre, il faut être circonspect envers la proposition de « réduction en 5 ans de l'immigration légale de 200 000 entrées par an à 10 000 entrées par an (division par 20) », même « s'il faut privilégier les talents qui permettront le rayonnement de la France et l'innovation ». Pourquoi fixer un objectif quantitatif ? Pourquoi doit-on maintenir une immigration de 10 000 personnes et non pas de zéro, ou de 1 000, 5 000... ? Les règles de l'immigration doivent être simples : les mouvements migratoires doivent essentiellement être issus des peuples d'Europe, autrement dit concerner des personnes de même civilisation, comme cela a toujours eu lieu, et en petit nombre. Pour le reste du monde, l'obtention d'autorisations de séjour se fera selon une législation appropriée.
Toutefois, le redressement de la natalité des naturels Français est encore le meilleur moyen d'éviter toute tentation de recourir à l'immigration. Sur ce point, accordons au Front National qu'il propose des mesures natalistes, avec notamment le salaire maternel, qui contrastent avec les politiques anti-natalistes des gouvernements en place. Toutefois, sans en aborder ici le détail — discutable —, elles manquent d'ambition, ignorant par exemple des mesures hautement efficaces comme l'attribution en pleine propriété d'une habitation aux familles françaises ayant quatre enfants.
LA QUESTION DES RETRAITES
Le programme du Front National promet de « garantir le financement des retraites sans en faire peser la charge sur les seuls salariés » et de ramener la retraite à 60 ans.
Les contempteurs du programme dénoncent cette dernière mesure comme étant démagogique et irréaliste. Qu'en penser ?
Ledit programme veut élargir l'assiette des retraites en l'étendant des revenus du travail aux revenus du capital. Il est sûr que, sous l'effet du néolibéralisme, la répartition de la valeur ajoutée s'est scandaleusement déplacée d'un quart depuis les années 1980 en faveur des revenus du capital au détriment de ceux du travail. Il est donc nécessaire de procéder à un rééquilibrage. Mais cela dépasse le cadre de la France dans un monde où les capitaux se jouent et se rient des souverainetés nationales : généralement, ce type de mesures "attrape" les PME mais rarement les sociétés transnationales. Il faut préalablement œuvrer à modifier le rapport de forces que nous subissons.
Mais la question fondamentale qui doit être posée est de savoir si la production nationale est suffisante pour satisfaire les besoins des populations. La question est d'ordre physique, matérielle, avant d'être financière. Il existe diverses possibilités de financer des retraites convenables sans repousser inconsidérément l'âge de la retraite — car après 65 ans, ce sera 61 ans, puis 70 ans et ainsi de suite —, tel le système du « crédit social » dont le théoricien fut le Major Douglas au Canada et dont des éléments peuvent être assez rapidement mis en place, pour peu que l’on retrouve une communauté nationale homogène. Mais les idéologues du Front National semblent en ignorer l'existence.
Dans le cadre du système international actuel, le recours à la capitalisation, c'est-à-dire à la participation à « l'industrie financière » est, aussi longtemps que le système ne s'effondre pas, un moyen d'apporter aux populations les revenus que l'économie ne fournit plus... car lorsqu'il s'effondre, ne serait-ce que partiellement, comme cela s'est déjà produit, les fonds de pension font faillite, les retraites sont réduites à néant, tout autant que dans un système de répartition simple comme celui que nous connaissons actuellement (et mis en place en 1941 lorsque le système de capitalisation d'alors s'est effondré avec la guerre de 1939) lorsque la population vieillit par absence de renouvellement des générations laborieuses. Or, cela n'est pas abordé.
Le programme du Front national n'envisage rien de tout ce qui vient d'être trop succinctement mentionné et qui nécessiterait des développements à part entière. Il lie le déséquilibre du système des retraites à un « déséquilibre démographique provisoire ». Mais de quel provisoire s'agit-il lorsque l'on sait qu'en termes de simple démographie, tout est déjà joué à trente ans et que les mesures natalistes du Front National sont incapables de faire face à l'enjeu présent ? Il se trouve dans ces propos, pour le moins, une méconnaissance de la question. Certes, proposer de supprimer le minimum vieillesse accordé automatiquement aux étrangers résidant en France sans y avoir nécessairement cotisé et résidé est une mesure qui « va de soi » car de simple bon sens. Toutefois, mettre fin à l'invasion migratoire qui, au bas mot nous coûte 60 milliards d'euros chaque année (l'étude d'André Posokhov — Polemia 13/05/2014 retient 84 milliards d'euros) améliorerait plus sûrement encore les comptes ; mais cet aspect du problème n'est pas traité dans le programme du Front qui se contente de proposer de financer les déséquilibres des retraites par le recours à des « droits de douane sociaux et environnementaux » : cela relève du mirage, surtout lorsque il n'existe aucun indice claire d'une réelle volonté de sortir du système en place. De même, comment « taxer le capital » dans le monde ouvert que nous subissons ?
Des changements partiels, porteurs d'améliorations, sont possibles ; mais des changements radicaux, permettant de réaliser les buts ambitieux affichés par ledit programme, ne seront réalisables qu'en dehors du cadre du système mondialiste actuel : il faut avoir le courage de le dire et non pas de bercer les gens de promesses démagogiques.
MONNAIE ET ENDETTEMENT
Mais continuons. Dans le domaine monétaire, figure un point positif, essentiel, car portant sur un attribut principal de la souveraineté nationale, à savoir la dénonciation de l'enchaînement du financement des politiques publiques aux intérêts des marchés financiers institué de facto par la loi du 3 janvier 1973 qui prive l'Etat de la possibilité de se financer par les avances de la Banque de France, autrement dit, la banque centrale de la France.
De même, autre bon point, il est prévu de sortir de l'euro, la monnaie unique européenne qui est, comme chacun le sait, l'aiguille utilisée par le mondialisme pour coudre une Europe dénationalisée et intégrée ensuite à un bloc transatlantique dont le traité en cours de discussion est une étape prochaine de constitution. En outre, l'euro est une monnaie inadaptée à la réalité de l'Europe marquée par les fortes disparités économiques existant d’un État à un autre. Les tiraillements internes toujours plus forts, comme le montrent la Grèce, cas limite, mais aussi la situation des Etats de l'Europe du sud permettent de penser que la zone euro éclatera — par délitements successifs ou brutalement —, en dépit de la ferme volonté du mondialisme politique de la maintenir, peut-être même à cause de l'Allemagne qui en sortira tout simplement avant tout le monde — cela sans compter le risque croissant d'effondrement du système financier mondial toujours plus menacé par la fausse monnaie d'endettement qu'il suscite.
Il est à noter que les attaques contre le programme économique du Front national portent pour une bonne part sur cette sortie de l'euro. Il est symptomatique de constater que, si l’on en croit des études d'opinion, cette proposition est considérée comme un repoussoir pour nombre d'électeurs potentiels. Comme quoi, la propagande médiatique et télévisuelle porte ses fruits. Une telle propagande s'explique tout simplement parce que la sortie de l'euro s'oppose au dogme de l’intégration européenne et, au delà de l’U.E., à l’intégration mondialiste dont l'euro est un premier élément. Pourtant, contrairement aux propos alarmistes diffusés à propos d'un éclatement de la zone euro, il est possible de sortir d'une monnaie unique, comme l’a montré la séparation monétaire au sein de l'ancienne Tchécoslovaquie, pour peu, évidemment, que les acteurs de l'événement ne jouent pas la politique du pire...
Mais le programme du Front National, prévoit en même temps une « maîtrise de la durée de l'endettement public (inscrite) dans une loi cadre instaurant à terme l'obligation d'un déficit structurel égal à zéro afin qu'aucune mesure budgétaire ne soit gagée par la croissance ». La première remarque qui vient à l'esprit consiste à se demander s'il est nécessaire de recourir à un tel formalisme, d'autant plus que, pour atteindre un tel objectif, il faut repenser l'État et son fonctionnement. Il faut agir et ne pas s'embarrasser de textes qui, comme chacun sait, sont modifiables à tout moment « devant la force majeure » qui se présente toujours opportunément
Bien sûr, le programme précise qu’un plan d'action volontariste sera mis en oeuvre pour identifier et réduire drastiquement les dépenses inutiles et néfastes pour le pays : fraude sociale et fiscale, niches fiscales inefficaces, coûts de la décentralisation, poids de l'immigration incontrôlée sur les budgets sociaux ».
Notons ici une redondance : il est écrit « un plan d'action volontariste ». Si l'action n'est pas l'expression d'une volonté qu'est-elle alors ? Ensuite il est étonnant qu'il faille être aux affaires pour identifier les postes de dépenses inutiles et inefficaces. Lorsque l'on prétend gouverner un pays, il est préférable de savoir où se trouve le mal afin d'être prêt à y porter le fer : le Front National n'a-t-il pas d'"experts" pour faire ce travail ?
LA DECENTRALISATION
Mais allons plus loin. S'il est évident qu'il faut repenser les « coûts de la décentralisation » dans la mesure où ils pèsent sur les finances publiques, il faut nécessairement, avant tout, repenser cette décentralisation. Le programme apporte sur ce point un ensemble de réponses qui paraissent aller dans le bon sens mais qui demeurent fâcheusement incomplètes, laissant bien des aspects dans l'opacité.
Que lit-on ? « Une décentralisation non maîtrisée d'abord (lancée en 1981 et accentuée en 2004) a privé l'État de compétences stratégiques : transports régionaux, routes nationales, action économique notamment. Beaucoup, parmi lesquels nombre d'élus locaux, jugent que nous sommes allés trop loin dans le transfert de compétences. Cette décentralisation, c'est un creusement des inégalités entre les territoires et les Français, une complexité accrue de la décision publique, une corruption aggravée, et la reconstitution de féodalités locales dépensières au détriment d'un État stratège. » Le constat est juste. Le Front National préconise en conséquence de rétablir « un État fort qui impose son autorité aux féodalités locales ». Sont alors détaillées un ensemble de mesures techniques dont nous ne pouvons discuter en détail ici. Mais il en ressort qu'elles ne peuvent régler le problème posé. Ainsi, en quoi une baisse de 2 % (et pourquoi 2 % et non 3 %, 10 %?) des dotations de l'État aux conseils généraux et régionaux, assortie d'une interdiction législative d'augmenter les impôts locaux va-t-elle sortir les pouvoirs publics du pétrin dans lequel ils se trouvent actuellement ?
Les gâchis engendrés par la décentralisation et le « mille-feuille administratif », les déséquilibres territoriaux, en population, en moyens, en fiscalité, bien que constatés et déplorés par le Front National, ne seront en rien résorbés par les mesures préconisées. Pour y parvenir il faut recourir à des mesures bien plus drastiques, à commencer par la refonte de la carte territoriale, qui supprimera les gaspillages (et bien au delà de 2 %) à moyen et surtout à long terme. Bien sûr, cela remet véritablement en cause le cadre du présent régime dans lequel le Front National — qui se proclame "républicain" lorsque l'on sait ce que la "république" signifie en France — ne cesse de vouloir s'insérer avec, finalement, pour seule ambition, de tenter de colmater les brèches d'un édifice aux lézardes multiples et toujours plus élargies au fil du temps. En témoigne le fait que rien n'est prévu afin de réduire de manière significative le nombre de personnels des fonctions publiques de l'État et des collectivités territoriales ; et pour cause le rôle de l'État n'est pas repensé, sauf, comme nous le verrons ci-après, pour lui rendre un rôle de direction économique, renouant alors avec la période 1945-1975.
Cependant nous ne pouvons que soutenir pleinement la volonté d'arrêter le démantèlement du réseau ferré avec le développement de la complémentarité entre les LGV (lignes à grande vitesse) et les lignes régionales, la restauration du rôle directeur de l'Etat, le rétablissement d'une société de transports ferroviaires intégrée, le développement du transport fluvial. Toutefois, il est à craindre que tout cela demeure en grande partie au stade des vœux pieux car il est précisé, notamment à propos du rétablissement des transports en zone rurale, que ce « sera un objectif du quinquennat dans la mesure où la situation budgétaire le permettra ». Quelle valeur peut-on accorder à un programme d'action qui ne prévoit pas les modalités de son financement ? Il ne semble pas ici, que le programme soit très "volontariste" il tient plus de l'effet d'annonce.
Tout cela laisse une impression d'amateurisme fâcheux. En fait, répétons-le, de telles mesures ne peuvent être prises que dans le cadre d'une refonte de l'organisation des pouvoirs publics, ce qui n'est nullement envisagé par le Front national.
POLITIQUE INDUSTRIELLE
Mais poursuivons. Le présent programme insiste sur la nécessité de réindustrialiser la France et de mettre fin aux dérives et abus des tarifs de certains services publics, comme celui de la distribution d'eau (qui relève souvent du scandale). Nous ne pouvons qu'approuver.
L'accent est justement mis sur la nécessité de renforcer, sinon de créer, un tissu de PME et PMI qui sont « le fer de lance de l’activité économique et de l'emploi », et donc de favoriser le développement de l'esprit d'entreprise. Sachons à ce sujet que c'est de la création de nouvelles entreprises que vient la création d'emplois. Mais comment y parvenir ?
Le Front National insiste pertinemment sur la nécessité de se défaire des « contraintes absurdes » imposées par l’UE qui « interdisent, au nom d'une politique de la concurrence dévoyée, toute politique industrielle réelle ». De même souhaite-t-il avec raison rétablir des barrières douanières pour rétablir une équité dans la concurrence internationale qui, au moins dans l’UE. et singulièrement en France, a quasiment disparu.
Il propose une « planification stratégique de la ré-industrialisation » associant universités, grandes écoles, filières industrielles et représentants de l'État. Il est sûr qu'il faut établir des cadres d'orientation de l'économie assortis des canaux de financement. Cela nécessite de recourir aux principes d'économie orientée. Mais ledit programme n'apporte aucune précision.
Notons aussi un bon point : le redressement de la part du budget de l'Etat consacré à la défense nationale joint au rétablissement d'une industrie d'armement dont nous avons le rôle moteur dans la recherche et le développement des industries de pointe. De même, nous ne pourrons qu'approuver la volonté de doter la France d'une politique maritime mondiale qui est depuis longtemps un mirage.
Cependant, une telle ambition nécessite de disposer d'une main d'oeuvre formée et riche d'un savoir-faire de qualité.
Que propose le Front National ? « L'État stratège reprendra en main la politique de formation professionnelle et instaurera un véritable service public de la formation tout au long de l’existence (chèque formation). Afin de montrer l’exemple, l'Etat et les collectivités locales valoriseront l'expérience des seniors et s'engageront, dans la limite qu'impose la prise en compte du critère de la compétence, à réserver une embauche sur trois dans la fonction publique aux personnes déplus de 45 ans issus du secteur privé. »
Tout cela est fort inquiétant. Si l’on comprend bien ce texte, il s'agit de continuer sur la même voie qu'actuellement où l'État s'occupe de tout, a dépossédé les corps de métiers et les filières industrielles de la formation. Autrement dit, a dépossédé les corps intermédiaires professionnels de la formation de leurs personnels, avec le peu de succès que nous savons puisque le taux de chômage des jeunes est parmi les plus élevés d'Europe, les formations n'étant pas en adéquation avec les emplois dont l'industrie a besoin, ce qui l'affaiblit encore plus.
Si l'État doit superviser, il n'a pas à se substituer aux entreprises. En outre, demander aux collectivités locales de donner l'exemple, il faut se demander quel exemple : celles-ci n'ont pas de compétences industrielles particulières et, d'ailleurs, ce n'est pas leur rôle. En outre, embaucher des "vieux" dans l'administration venant du secteur privé n'a aucun sens : s'ils ont une expérience réelle, qu'ils soient reconvertis dans des centres de formation pour transmettre leur savoir aux jeunes générations ! En tout cas, ce n'est pas de cette manière que l'on réduira le nombre des fonctionnaires (mais, répétons-le, ce ne semble pas être la préoccupation du Front National)
ETAT ET FISCALITE
Or, pour inciter les entreprises à travailler et de nouvelles à se créer, il faut leur faciliter la tâche. Un indispensable programme de simplification de la paperasse est prévu et est le bienvenu. Toutefois, il n'innove pas car il ne fait que suivre les politiques lancées par les actuels gouvernements, avec des succès contrastés, d'ailleurs, dans la mesure où l'emprise de l'Etat sur la vie des Français ne diminue pas, bien au contraire et le Front National n'apporte aucun démenti à ce sujet. En outre, cette surveillance et cette entrave à l'activité des gens risquent d'être encouragées puisqu'avec le « big data », (à savoir des techniques d'exploitation accélérée des données en tous genres et toujours plus nombreuses recueillies sur les personnes et l'activité humaine), il sera possible de multiplier les contrôles, mais de manière simplifiée, et gageons que la technocratie et la bureaucratie ne se priveront pas de cette possibilité.
Mais il faut aussi une fiscalité qui n'écrase pas. Or rien, dans le programme du Front National ne va dans ce sens. Et pour cause : une fois encore, répétons-le, il n'y a de la part du Front National aucune réflexion sur la refonte du rôle de l'État.
Certes, il est précisé que « l'impôt doit rester aussi faible que possible pour que le consentement à l'impôt demeure et que la pression fiscale ne soit pas ressentie comme un véritable fardeau ». Comment y parvenir ? Nous souscrirons à la critique relative à l'opacité de la taxe d'habitation , mais nous pourrions dire la même chose de l'impôt foncier. Justement, le Front National, propose de le remplacer par un impôt progressif sur le patrimoine, fruit de la fusion entre taxe foncière et ISF « sur des bases rénovées ». Lesquelles ? Cela demeure bien flou.
Or l'ISF constitue une véritable spoliation des patrimoines et les Rétais, souvent de simples paysans, en savent quelque chose ! Son maintien est plus qu'inquiétant. Quant à la suppression des droits de succession, qui était naguère au programme du Fn, il n'en est plus fait mention. Non plus d'ailleurs que de la suppression autrefois envisagée de l'impôt sur le revenu des personnes physiques.
En outre, il n'y a aucune réflexion sur la question de la progressivité de l'impôt alors que, par nature, ce n'est pas le rôle de la fiscalité de traiter un tel sujet et que, généralement, ce type de disposition se révèle plus préjudiciable a l'activité économique que son abandon. De même, il est indiqué que « la fiscalité doit devenir un outil au service de notre projet économique de redressement ». Or la fiscalité n'est pas naturellement un outil de politique économique. c'est un outil de financement de l'Etat. Il y a là une confusion dommageable. Et si l'on veut quelque progressivité, la variation des taux de TVA est une possibilité (ce qu'envisage d'ailleurs le Front National).
S'il faut remettre à plat le maquis inextricable de la fiscalité française (avec un Code des impôts de plus de 6 000 pages), s’il faut éviter la surimposition des PME-PMI (le Front National relève cette remarque du Conseil des Prélèvements obligatoires, selon lequel les PME payent presque trois fois plus d'impôt sur leurs bénéfices que les sociétés du CAC 40), la véritable réponse fiscale dont a besoin la France réside avant tout dans la diminution des impôts et non pas dans un réaménagement de ce qui existe. Et pour cela, il faut, répétons-le repenser le rôle de l'Etat et de son organisation. Le Front National n'y est pas prêt. Tout ce qu'il ambitionne, c'est d'assurer un meilleur fonctionnement de leur République en décrassant le moteur. Autrement dit, il ne faut rien attendre de ce parti qui puisse assurer le redressement de la France.
D'ailleurs, à lire attentivement les déclarations faites dans les autres domaines politiques par les dirigeants du Front National, nous sommes en présence d'un parti politique qui se veut d'une pureté républicaine plus grande que les autres partis du système et se propose de la rétablir, il précise « l'assimilation, via l'école notamment, doit redevenir la règle et le communautarisme banni. La France inscrira dans sa Constitution « la République « reconnaît aucune communauté » » ce qui est un vœu pieu ou une malhonnêteté dans la mesure où le communautarisme se développera aussi longtemps que vivront sur le sol de la France des populations inassimilables, de par leur nombre et leur éloignement civilisationnel et que rien ne sera pensé puis entrepris pour les renvoyer dans leur pays d'origine. Tout cela semble loin des préoccupations des actuels dirigeants de ce parti avant tout soucieux de complaire au magistère du système mondialiste et de leur République pour mieux lui servir la soupe, voire d'en récolter une assiettée.
Il faut choisir : demeurer un parti réformiste, visant à pérenniser de fait le système mondialiste et matérialiste, même amodié de quelques aménagements, ou bien être un parti révolutionnaire, ancré dans une tradition millénaire, préparant l'exploitation de la rupture qui se produira tôt ou tard du fait des contradictions de ce système destructeur qui n'est en aucun cas réformable.
André GANDILLON, Président des Amis de RIVAROL.
Rivarol du 24 avril 2015
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Vous êtes étranger en situation irrégulière ?
Pas d'inquiétude, la République française s'occupe de tout : simulations, explications...
Capture d'écran du site cmu.fr :
Philippe Carhon http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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A l’horizon 2030, modes de vie frugaux et incantations pour de nouvelles valeurs
Une étude prospective conduite par le Commissariat général au développement durable annonce un monde plus empathique et plus soutenable en raison de modes de vie plus sobres et plus collaboratifs, liés à une moindre consommation d’énergie, dans les prochaines décennies.
Conduit par la Mission de prospective du Commissariat général au développement durable (CGDD) pour le ministère de l’écologie, nourri du travail de chercheurs, sociologues et de prospectivistes, le programme « Penser autrement les modes de vie à horizon 2030 » se veut « innovant et inédit tant dans la méthode prospective employée que dans sa manière d’appréhender les nouvelles manières de penser, de se mouvoir, de s’éduquer, d’habiter, de produire et de consommer ».
L’étude qui en résulte, publiée en décembre 2014, souligne, dans un premier volet consacré au diagnostic des modes de vie de notre époque, que l’accélération des rythmes entraîne, paradoxalement, un sentiment de « pénurie de temps », voire de « harcèlement » qui peut déclencher l’aspiration à des modes de vie alternatifs – vie en solo, slow food, décroissance – afin de récupérer du temps pour soi.
Aux États-Unis, les « Unplug challenges » ne connaissent-ils pas une vogue croissante ? L’enjeu est de tester sa capacité à rester 24 heures sans Internet. Pour le sociologue Hartmut Rosa, largement cité, « c’est une erreur culturelle de penser que la vie est bonne si elle va vite, si elle offre plus d’options, de possibilités », puisque « notre vie est réussie dans les moments de résonance ». Ce terme de résonance peut être compris comme « le sentiment que nous agissons dans un contexte qui nous répond, qui s’adresse à nous ».
Prospérité sans croissance
Une nouvelle conception de l’économie, mais aussi de la technologie et de l’humain, émerge face aux excès du productivisme : une prospérité sans croissance, selon les termes de l’économiste britannique Tim Jackson, qui vise l’épanouissement personnel plutôt que l’accumulation.
« L’idée se répand dans le grand public que l’économie productiviste, à la recherche permanente de gains de productivité, génère du chômage de masse, appauvrit des franges croissantes de la population et aggrave la crise écologique », écrivent les co-auteurs de l’étude, parmi lesquels les sociologues Michèle Dobré et Roger Sue.
De fait, la décroissance est déjà là, consécutive à la délocalisation des industries, la montée des inégalités, la précarisation des classes populaires et d’une fraction grandissante des classes moyennes inférieures.
Toutefois, ce processus décroissant n’apparaît pas simplement de nature socio-économique. C’est aussi un phénomène culturel fondé sur un nouveau rapport au temps, à l’utilité, au statut de l’objet, qui sert d’abord à communiquer, signe de relation et d’ouverture. Coopératives de travail, filières locales et équitables, crèches associatives, finance éthique en sont des exemples précurseurs.
Renversement du paradigme productiviste, « l’économie du vivant » appréhende la société comme un écosystème où tout s’emboîte – humains, sociétés et nature. Cette économie épousera les spécificités des territoires.
Exemple, la transition énergétique, qui « impliquera davantage la société civile et se fera à partir de micro-réseaux énergétiques décentralisés à l’échelon local. Il ne s’agira plus de distribuer une énergie unique à partir d’un réseau national centralisé, mais de combiner différentes sources d’énergie renouvelable en fonction des particularités locales, de leurs conditions climatiques particulières, des ressources permanentes disponibles (biomasse, biogaz, géothermie) dont elles disposent. L’enjeu est alors de constituer des territoires énergétiques autonomes ».
Vers une économie de la frugalité
A l’horizon 2030, l’hypothèse la plus probable est celle d’une « économie de la frugalité » fortement incitative de pratiques décroissantes, selon l’étude du CGDD. Cette économie de la frugalité se caractérisera par « une nécessaire évolution de la logique individualiste et matérialiste actuelle et le passage à des formes de consommation plus collectives. » Sera également plus collective la conception de la mobilité, davantage fondée sur le partage et l’usage que sur la propriété. L’innovation « frugale » se traduira par des pratiques de récupération, de recyclage et de réutilisation des objets. De nouveaux modèles de distribution iront vers les consommateurs, s’adapteront à leur parcours, plutôt que l’inverse. L’alimentation urbaine citadine se développera à travers l’aménagement de ceintures vivrières autour des villes, ou le développement du micro-jardinage.
Au cœur de cette évolution, le paramètre énergétique sera déterminant. Sous la contrainte de la raréfaction de l’eau et du pétrole bon marché, on assistera à une mutation des pratiques agricoles, qui déterminera une évolution des modes de consommation alimentaires actuels. « L’idée d’auto-suffisance alimentaire a constitué le principe de départ d’actions collaboratives inspirées du mouvement international du « Do It Yourself » : jardins communautaires improvisés, entraide pour l’isolation des maisons, recyclage et réutilisation de l’existant. Progressivement, une agriculture urbaine, sous la forme de fermes et de jardins partagés, a pu se développer, transformant le paysage de l’ancienne cité industrielle », décrit l’étude à propos de la ville de Detroit (Michigan), aux Etats-Unis. « Des potagers se sont installés le long des parkings désertés. Chacun peut y participer aux travaux de culture, sans y être obligé pour consommer. Le matériel nécessaire était fourni par des associations ».
Habiter, vivre, consommer, vieillir autrement, sont au coeur des enjeux et des débats actuels de société, traduisant les transitions et les difficultés actuelles, mais également les aspirations montantes à vivre « autrement ». « Ainsi, une logique écosystémique prend lentement le pas sur la logique linéaire de nos institutions, bien que les inerties institutionnelles et les avancées citoyennes ne soient pas encore en phase, ce qui donne l’impression d’une société bloquée », écrivent les auteurs. Il semble que nous soyons dans un moment intermédiaire où « l’ancien monde » ne veut pas mourir et où le « nouveau monde » ne parvient pas à naître.