économie et finance - Page 590
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La Grèce va très mal
Olivier Delorme, écrivain français qui, après avoir passé l’agrégation d’histoire et avoir enseigné (à l’Institut d’études politiques de Paris notamment), se consacre à l’écriture, dresse un tableau apocalyptique de la République hellénique. Passionné par la Grèce, il vit entre Paris et Nisyros dans le Dodécanèse.Maintenant que le gouvernement de la France vend à l’encan « ses bijoux de famille » – voir les aéroports de Toulouse et de Lyon – ne peut-on pas s’interroger sur son avenir et distinguer à l’horizon le spectre de la Grèce se profiler sur les Champs Élysées ? Plaise aux dieux que la France échappe à cette destiné. Polémia.La Grèce va très mal. Comme je l’explique dans mes cours et conférences depuis cinq ans, les politiques européennes dictées par l’Allemagne, hélas avec l’appui de la France, ont conduit à une totale désintégration sociale sans le moindre résultat économique autre que cosmétique : près de 30 % de la population active est au chômage officiellement, davantage en réalité, près de 80 % pour les jeunes.On a détruit le droit du travail (on offre aujourd’hui des emplois avec pour seule rémunération le gîte et le couvert), réduit les gens à la précarité et pour certains à la faim : les salaires et pensions de retraite ont été réduits en moins de 5 ans de 40 % à partir de niveaux déjà très inférieurs à ceux de la France, alors que le passage à l’euro avait entraîné une hausse générale des prix qui les a rapprochés très près de ceux de l’Europe occidentale ; les indemnités chômage ont été réduites dans la durée, les conditions d’attribution en excluent la plus grande partie des chômeurs, les indemnités versées sont ridicules. Dans les villes, l’impossibilité économique de se chauffer d’une partie croissante de la population a fait bondir la pollution et les incendies dus à des chauffages de fortune au bois. Les taux de suicide et les affections psychiques ont explosé(alors que les structures psychiatriques publiques sont dans un état alarmant), de même que l’émigration des plus diplômés vers l’Australie ou les États-Unis. 30 % des gens n’ont plus aucune couverture sociale : aujourd’hui, à trois heures de vol de Paris, on ampute des diabétiques qui ne peuvent plus se soigner, deviennent aveugles ou meurent. Toute médecine préventive a disparu, les cancers ne sont souvent plus pris en charge avant la phase terminale… L’OMS a alerté sur la hausse de la mortalité infantile ou l’effondrement des taux de vaccination. Les hôpitaux ont été fermés par dizaines, les listes d’attente pour certaines opérations s’allongent, condamnant à mort plus d’un patient ; à certains endroits, lorsqu’on est hospitalisé, il faut désormais apporter son traitement, ses draps, sa nourriture. Parfois les hôpitaux n’ont même plus de sparadrap et font des pansements au scotch. On a bradé toute la propriété publique, les infrastructures (autoroutes, aéroports, ports, mines…), réduit la mobilité dans un pays qui compte des milliers d’îles et où la hausse des prix des billets de bateau interdit à beaucoup désormais de quitter l’endroit où ils habitent ; on a privatisé ou fermé les deux tiers des établissements supérieurs, les écoles et les lycées ne sont souvent plus chauffés en hiver, le ministère vient de lancer un recrutement de professeurs… bénévoles !Je n’en finirais pas d’énumérer les ravages des crimes commis depuis cinq ans sous prétexte d’Europe et sous les ordres de l’Allemagne.Pour ma part, moi qui connais ce pays depuis quarante ans et qui y vis une partie de l’année, j’ai perçu une rupture à l’automne 2013 : le désespoir est alors devenu palpable. Le désespoir, c’est à dire le sentiment qu’on est enfermé dans une logique implacable qui vous écrase ou vous écrasera si elle ne vous a pas encore écrasé. Les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir depuis 1974 ont perdu toute crédibilité. Une classe privilégiée de dirigeants, souvent corrompus par les entreprises occidentales (armement, travaux publics… le champion de la corruption en Grèce étant l’allemand Siemens) qui ont fait payer les pots de vin versés aux hommes politiques grecs en surfacturant les matériels payés par les contribuables grecs, sont désormais perçus par une grande partie du peuple comme des collaborateurs d’une nouvelle occupation. Tout cela renforce le sentiment d’être dans un état de guerre qui ne dit pas son nom, sous une dictature qui n’a conservé que des apparences de la démocratie. De ce fait, beaucoup manifestent un grand scepticisme par rapport à la gauche dite radicale (Syriza) qui est désormais en tête dans les sondages mais qui refuse de remettre en cause l’euro et le cadre européen dont beaucoup sentent qu’il est le nœud gordien à trancher.Un ami (qui a toujours voté à gauche) m’a dit, à la fin de l’an dernier : « La phrase qui revient de plus en plus souvent dans les conversations, c’est : il va falloir que le sang coule ». Ou encore : « Le premier qui prend le pouvoir , qui fusille un ministre conservateur et un ministre socialiste aura 90 % du pays derrière lui ».En toute occasion, depuis, j’ai tenté d’alerter sur cette désespérance, de dire qu’on emmenait la Grèce, et derrière elle toute l’Europe, au gouffre avec les politiques stupides et criminelles qui sont imperturbablement menées de Berlin et Bruxelles : la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) est de nouveau ces jours-ci à Athènes et exige une nouvelle aggravation de la politique qui échoue depuis cinq ans. Ma conviction depuis un an, et je ne cesse de le répéter, c’est que nous sommes désormais entrés dans une période où tout peut arriver, où il peut suffire d’une étincelle pour faire exploser la poudrière qu’on s’est ingénié à remplir depuis cinq ans. Cette étincelle pourrait être la mort du jeune Romanos, en grève de la faim depuis le 10 novembre.La question qui se pose pour moi est désormais : le gouvernement droite-socialiste, qui a mené le pays au désastre et qui est à peu près sûr d’être écrasé dans les urnes lors des élections qui doivent avoir lieu d’ici à mars prochain, a-t-il choisi la fuite en avant pour provoquer une explosion dont il espérerait tirer un vote de trouille de la part de ceux qui ont encore quelque chose à perdre, ou qui servirait à justifier l’établissement, sous une forme ou une autre, d’une dictature ?Ce serait la première – et sans doute pas la dernière – engendrée par l’Union européenne. -
Huile de palme : la bataille de l’image
C’est la graisse la moins chère au monde et ses qualités techniques en font un ingrédient très employé par l’industrie. Mais l’expansion rapide de cette culture entraîne déforestation massive, déplacements forcés de population et disparition d’espèces sauvages, accusent les ONG. Premier producteur mondial, la Malaisie réagit par un lobbying intense.
« Acheter moins d’Airbus ? Je ne crois pas que nous aurons besoin d’aller jusque-là ! ». Le ministre malaisien de l’Industrie des plantations et des Matières premières, Douglas Uggah Embas, part d’un grand rire, avant d’ajouter, soudain beaucoup plus sérieux : « Mais nous avons besoin que vous achetiez notre huile de palme pour acheter vos avions… ».
L’image déplorable de cette huile végétale en Occident agace autant qu’elle décontenance le deuxième pays producteur au monde. Depuis le début des années 2000, les campagnes des ONG liant l’expansion de la culture de l’huile de palme à la déforestation massive, aux déplacements forcés de population et à la disparition des orangs-outans ont sensibilisé les Européens. Mais la défiance est particulièrement vive en France, où on la juge, en outre, mauvaise pour la santé. C’est dans l’Hexagone qu’on compte le plus d’entreprises agroalimentaires à avoir abandonné l’huile de palme.
Face à ces problématiques, la Malaisie veut se faire entendre. En juin, Douglas Uggah Embas a adressé une lettre au ministre des Finances, Michel Sapin, et à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, au sujet de la mention « sans huile de palme ». L’étiquette a fleuri ces dernières années sur les paquets de gâteaux ou de pain de mie industriels. Label « discriminatoire », selon lui, « action sans fondement de la part des industriels en France », le ministre malaisien n’hésite pas à évoquer « un impact négatif […] sur la relation commerciale à long terme entre la Malaisie et la France ».
La petite phrase n’est pas passée inaperçue. L’an passé, Airbus a été le premier fournisseur d’avions de la Malaisie. Sous-marins, frégates, avions de transport militaire A400M… Kuala Lumpur est généralement un bon client de la France, qui est son premier pourvoyeur d’équipements militaires. Dans les années à venir, le pays pourrait se doter de sous-marins supplémentaires, d’avions de combat et d’hélicoptères. Mais la commission des Affaires étrangères du Sénat, dans un récent rapport intitulé « Reprendre pied en Asie du Sud-Est », prévient qu’il faudra « savoir aplanir les motifs d’irritation susceptibles de nous causer de grands torts commerciaux, telle l’huile de palme par exemple ».
En attendant, la Malaisie a fait appel à un cabinet d’avocats britannique, Hogan Lovells, afin d’évaluer les recours légaux possibles si cette mention « sans huile de palme » n’était pas retirée après une nouvelle réglementation européenne entrée en vigueur samedi. Cette réforme, destinée à améliorer l’information des consommateurs, oblige les industriels de l’agroalimentaire à préciser l’origine des graisses végétales dans la liste des ingrédients. En France, l’huile de palme, qui se cachait la plupart du temps derrière le terme discret d’« huile végétale », doit désormais apparaître clairement. Les opérateurs qui persistent avec le label pourraient bien se retrouver hors la loi, a estimé Hogan Lovells. Pour la Direction des fraudes (DGCCRF), il faudra regarder au cas par cas, la mention « pourrait être jugée licite dans certains, ou en infraction avec la réglementation dans d’autres. » La Malaisie a déjà fait savoir qu’elle se réservait le droit de poursuivre des détaillants en justice.
Un appel aux grands groupes
S’agirait-il alors de menaces ? Évidemment non, a assuré le président du Conseil malaisien de l’huile de palme (MPOC), lors d’une visite à Paris en octobre. Yusof Basiron préfère mettre en avant les campagnes d’information menées par le Conseil. L’organisme promeut la palme jusqu’en Europe, et il a les moyens de son lobbying : outre les conférences, publicités (dont certaines interdites pour manque de véracité au Royaume-Uni et en Belgique), sites Internet, études scientifiques et voyages sur place, le MPOC a ouvert une dizaine de bureaux, dont un à Paris. Avec des relais, comme l’Alliance européenne pour l’huile de palme, qui a des antennes dans différents pays.
En France, l’Alliance française pour une huile de palme durable s’est montée en 2013, avec pour mission de convaincre du bien-fondé de l’utilisation de cette matière grasse. Tous les membres de l’organisation, parmi lesquels Ferrero, le fabricant de Nutella (17 % d’huile de palme), Unilever, le premier acheteur au monde, Nestlé ou Labeyrie, ont promis de n’utiliser que de l’huile de palme 100 % durable d’ici à 2020. « Les grands groupes veulent être irréprochables. Beaucoup ne peuvent pas se passer de cette huile aux propriétés techniques irremplaçables », explique Antoine de Gasquet, président de Baillon Intercor, un courtier en huiles végétales. C’est aussi la graisse la moins chère au monde et les industriels ont nettement augmenté son incorporation ces dernières années.
Redorer l’image de l’huile de palme grâce aux standards de durabilité. A quelques heures de route au nord de Kuala Lumpur, le MPOC aime à faire visiter les plus belles plantations de Malaisie. Elles appartiennent à United Plantations Berhad (UP), une société dirigée par deux frères danois nés en Malaisie, qui l’ont héritée de leur père. La première, expliquent-ils, à avoir été certifiée RSPO, du nom de la table ronde pour la production durable d’huile de palme qui a vu le jour il y a dix ans. Au total, UP détient 58.000 hectares, 7 millions de palmiers, 525 kilomètres de rails pour acheminer les régimes de fruits jusqu’aux usines de transformation autosuffisantes en électricité.
Il y a aussi une usine de biogaz, inaugurée en 2006 par la princesse Benedikte de Danemark, comme en atteste une grande plaque dorée. Carl et Martin Bek-Nielsen ne laissent rien au hasard : « C’est une entreprise malaisienne avec des normes scandinaves. » Ils logent leurs ouvriers, les enfants vont à l’école sur la plantation, jouent sur les terrains de sport, les familles peuvent se faire soigner dans l’hôpital, aller prier au temple, à la mosquée ou à l’église, et les plus âgés peuvent prendre leur retraite dans une maison adaptée. Il y a même une pâtisserie danoise, où l’on fait des gâteaux « pur beurre », s’amuse Carl Bek-Nielsen. Il espère que la réforme européenne sur l’étiquetage va pousser les industriels à montrer qu’ils achètent de l’huile certifiée. Pour lui, c’est aux grands groupes comme Nestlé, Unilever et Procter & Gamble de soutenir la palme durable. Bien sûr, un coup de pouce des consommateurs serait le bienvenu. Car, aujourd’hui, « l’offre d’huile certifiée est là, mais la demande ne suit pas ».
Au sein du Conseil malaisien de l’huile de palme, le sujet irrite également. Les Chinois et les Indiens, énormes consommateurs, se contentent de l’huile « normale », moins chère, qui leur convient très bien. La « durable » est faite expressément pour les Européens et les Américains. « Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour faire de l’huile durable. Maintenant, la question est : où sont les acheteurs ? », s’agace-t-on.
Pour réduire les frais, la Malaisie a décidé de développer son propre standard : le MSPO, pour « Malaysian sustainable palm oil », verra le jour en janvier. Tous les petits planteurs pourront y participer, assurent les autorités. « Autant demander au loup de faire sa propre réglementation », lance Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour Les Amis de la Terre. Ces certifications laissent l’ONG dubitative : elle souligne notamment qu’un herbicide interdit en Europe, le paraquat, continuerait d’être utilisé dans les plantations malaisiennes. Son fabricant, note Sylvain Angerand, est membre de la RSPO.
Le biodiesel en ligne de mire
La Malaisie n’en est pas à sa première bataille contre ce qu’elle considère comme du « palm bashing ». A la fin des années 1980, l’association américaine du soja avait lancé une vaste campagne associant huiles tropicales et risques accrus de maladies cardio-vasculaires, causant une chute des ventes de 40 % en trois ans pour l’huile de palme malaisienne. Il avait fallu à l’association des producteurs malaisiens des millions de dollars et des mois de bagarre, à coups notamment de publicités dans les journaux américains, pour que la hache de guerre soit enterrée.
Aujourd’hui, une querelle de lobbys paraît moins concevable. « Il ne servirait à rien de s’opposer à l’huile de palme, admet Michel Boucly, le directeur général adjoint de Sofiprotéol, le groupe industriel et financier de la filière française des huiles et protéines. Sans cette extraordinaire machine de production, le secteur des oléagineux est incapable de répondre aux besoins toujours plus importants de la planète en huiles. » Car les années 1980 sont loin et il ne s’agit plus désormais uniquement d’alimentation et de santé.
Depuis quelques années, la demande d’huile de palme est tirée par les biocarburants. Entre 2006 et 2012, son utilisation pour du biodiesel a été quasiment multipliée par cinq en Europe : elle a représenté 80 % de la hausse de la consommation, contre 10 % dans l’industrie alimentaire, d’après l’Institut international du développement durable. Or l’Europe, comme les États-Unis, ne veut pas ouvrir son marché des biocarburants à l’huile de palme, peste le président du Conseil malaisien de l’huile de palme. « L’Europe est la région du monde où le protectionnisme commercial est le plus fort. »
Pour la Malaisie, l’enjeu est immense. La palme représente 10 % de ses exportations. Ses dirigeants la voient rejoindre le club des pays à hauts revenus d’ici à 2020, et cette culture s’est imposée comme un moyen efficace de lutter contre la pauvreté. Sur l’île de Bornéo, la transformation de la région du Sarawak est donnée en exemple. Depuis la fin des années 2000, le palmier à huile s’y développe à grande vitesse, remplaçant le riz. C’est là que l’État concentre ses efforts car il n’y a presque plus de terres disponibles sur la péninsule. Les surfaces plantées devraient encore doubler dans les sept ans à venir. « Aucun pays ne peut se permettre d’avoir 80 % de forêts s’il veut se développer », assène Yusof Basiron. Sur une carte, il montre une Amérique du Nord largement couverte de forêts primaires. Elle date de 1620. Puis il en fait défiler d’autres : 1850, 1926 et enfin aujourd’hui. Les forêts intactes, celles qui n’ont jamais été exploitées, ont quasiment toutes disparu.
http://fortune.fdesouche.com/368841-huile-de-palme-la-bataille-de-limage#more-368841
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Bordeaux : 150.000 euros de fraude à la CAF par 4 “chances pour la France”
Si pour le président de la République, qui inaugurait avant-hier la Cité nationale de l’immigration, celle-ci est « une chance pour la France », les inspecteurs locaux de la CAF (caisse d’allocations familiales) ont sûrement un avis bien différent.
Trois Algériens et un Irakien étaient jugés avant-hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux dans le cadre d’une vaste escroquerie qui porte sur près de 150 000 euros.
Selon le journal Sud-Ouest, « deux bailleurs domiciliés à la même et fictive adresse à Talence percevaient des allocations logement au tiers payant pour… seize allocataires inexistants. Fouillant dans les dossiers constitués par ces deux bailleurs, les enquêteurs sont allés de surprise en surprise. Fausses cartes nationales d’identité y compris italiennes, alias, justificatifs (quittances, fiches de paie, factures) falsifiés… 70 dossiers d’Aide personnalisée au logement (APL) ont ainsi été montés rien qu’en Gironde ».
Le procureur a requis quatre ans de prison ferme contre Azédine Sahir, Yazid Hini et Ihab Alkaddouri. Ils écoperont également d’un mandat d’arrêt et d’une interdiction définitive du territoire français, ainsi que l’obligation de rembourser les sommes indûment perçues. Le quatrième compère a 2 ans de prison dont un avec sursis.
Selon le vice-procureur, Jean-Louis Rey ces hommes « renforcent la méfiance à l’égard d’autrui, mordent la main qui les nourrit et donnent une mauvaise image de l’immigré ».
http://fr.novopress.info/180006/bordeaux-150-000-euros-fraude-caf-4-chances-france/
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Recension de « La guerre des monnaies » dans Rivarol
Si la culture générale d’un nationaliste inclut la connaissance de l’histoire, à commencer par celle de son pays, l’étude de la doctrine nationaliste, qui est un outil d’analyse indispensable permettant le décryptage et l’analyse juste des événements, elle doit aussi inclure des éléments d’économie. Et parmi ceux-ci, les questions monétaires occupent une place majeure car la monnaie, en tant qu’équivalent général des richesses produites et outil d’échange des biens et des marchandises, constitue la clef de voûte de l’ordonnancement économique et par suite de l’ordre social. En clair, celui qui maîtrise la monnaie se donne les moyens de maîtriser les peuples. Comme le disait Mayer Amschel Rothschild dans une citation bien connue : « Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font les lois. »
Sous cet aspect, l’époque dite moderne se caractérise moins par le développement des techniques que par la mise sous tutelle des États par les détenteurs de la création monétaire, autrement dit, les banquiers et les financiers. Ce n’est plus un Philippe le Bel qui dicte sa loi mais bien les financiers, à commencer par la dynastie des Rothschild.
Cet aspect de l’histoire des deux derniers siècles est généralement occulté, et pour cause : ceux qui détiennent les principaux leviers de décision n’ont aucun intérêt à apparaître au grand jour. La réussite de leur action passe par la discrétion.
Un utile ouvrage de vulgarisation économique
Jusqu’à présent, des études souvent érudites avaient été publiées sur ces questions mais ne traitaient que de périodes ou d’aspects particuliers du problème. Henri Coston (1910-2001) avec ses nombreux ouvrages tels L’Europe des banquiers, La Haute Finance et les révolutions, Le Secret des dieux, La France à l’encan avait mis en valeur les agissements de la finance cosmopolite en tant que cause majeure de bien des événements du XXe siècle. Plus récemment, par exemple, nous avons eu à disposition l’ouvrage d’Eustace Mullins, Les secrets de la Réserve fédérale, qui apporte un éclairage de première importance sur le pouvoir de la finance aux États-Unis. En ce qui concerne les liens plus ou moins officiels, plus ou moins occultes entre le monde de la finance et celui des cercles de pensée mondialiste issus de la lignée des Illuminatis et autres sociétés sataniques, nous pouvons lire avec profit l’ouvrage d’Epiphanius Maçonnerie et sectes secrètes, le côté caché de l’histoire.
Le public nationaliste, non spécialiste de ces questions, manquait d’un ouvrage général, aisé à lire, qui retraçât sur les deux siècles écoulés les principaux aspects de l’histoire de la finance occidentale et de ses connections étroites avec l’histoire de cette période, les guerres, les crises économiques et les troubles sociaux dont elle a été l’instigatrice pour renforcer son pouvoir et faire avancer son dessein de domination mondiale.
Or, même si ce n’est pas son but premier, cet ouvrage nous est en quelque sorte proposé par un universitaire chinois, Hongbing Song, auteur du livre La Guerre des monnaies publié en 2007 en Chine et qui vient d’être traduit en français et publié par les éditions Le retour aux sources. La « grande presse » n’en fera pas grand écho, nous pouvons nous en douter, tant sa diffusion pourrait provoquer une prise de conscience parmi le grand public, en dépit de son anesthésie mentale et intellectuelle.
En Chine, l’ouvrage a connu un grand succès et cela se comprend aisément lorsque l’on sait que la monnaie est une arme efficace utilisée par les États dans la guerre économique qu’ils se livrent, laquelle n’est qu’un aspect d’une lutte plus générale et plus globale dont l’enjeu est la domination de la planète et, singulièrement, pour les États-Unis, qui ne sont que le bras armé de cercles dirigeants financiers et nourris d’idéologie mondialiste, et qui veulent assurer la position dominante qu’ils ont acquise dans le monde.
Le mondialisme et l’arme monétaire
La monnaie est, cela n’est jamais assez mis en valeur, l’expression d’un rapport de force entre puissances politiques, déclarées ou non comme telles. La Chine est particulièrement consciente de l’enjeu et les dirigeants chinois savent qu’ils ont plus à craindre d’une « guerre sans fumée », à savoir une guerre financière, qu’une guerre armée au sens traditionnel du terme. L’auteur, dans son avant-propos, l’écrit sans ambiguïté : « Même si les attaques militaires visent généralement à détruire des infrastructures et des installations et qu’elles tuent des êtres humains, si l’on tient compte du vaste espace chinois, une guerre conventionnelle aurait beaucoup de mal à occasionner des dommages capitaux aux secteurs vitaux de l’économie. En revanche, une fois l’ordre économique attaqué par la guerre financière, des troubles civils verraient immédiatement le jour… conduisant à une guerre civile » qui serait bien entendu un moyen efficace d’affaiblir la Chine de l’intérieur par effet mécanique.
En Europe, nous savons combien cette guerre financière est la cause de la mise sous tutelle de l’U.E. par la finance cosmopolite et de l’affaiblissement des États qui la composent avec, à terme, leur désintégration si le processus devait se poursuivre.
Quant au Japon, le présent livre rappelle (pp. 290-296) comment l’arme financière a enrayé pour longtemps la montée en puissance du Pays du Soleil levant. Après avoir soutenu la bulle spéculative qui a gonflé au Japon entre 1982 et 1989, les États-Unis eurent recours aux instruments financiers alors nouveaux que sont les marchés à terme sur les indices boursiers, pour transformer l’inévitable dégonflage de cette bulle en une véritable déroute (la Bourse de Tokyo perdit en trois ans 60% de sa valeur) qui, en rendant le système financier japonais incapable de financer les investissements dont ce pays avait besoin pour continuer son développement et par suite, provoquant une récession qui n’est toujours pas achevée, en dépit de l’action de l’actuel Premier ministre japonais, Shinzo Abe.
Nous pourrions continuer avec le pillage dont fut victime la Russie après 1991, de même que les anciens pays du Bloc soviétique, des gens comme Georges Soros et Paul Volker (Président de la Réserve fédérale américaine) étant à la manœuvre.
La connaissance de l’ennemi – qui est ici la finance cosmopolite actuellement centrée sur « l’Axe City/Wall Street » – est donc primordiale et l’ouvrage de Hongbing Song y parvient utilement.
Les Rothschild et l’axe Londres-New York
Le livre commence ainsi par narrer l’origine de la constitution de « l’insaisissable première fortune mondiale », à savoir celle des Rothschild, nous rappelant l’origine de la famille dont l’ancêtre commun avait su placer dans les différents États d’Europe qui comptaient alors chacun de ses fils, comment, à l’occasion de la bataille de Waterloo, l’un d’entre eux, par la qualité de ses réseaux d’informateurs, Nathan, avait pris le contrôle de la banque d’Angleterre, comment un autre, James, avait fait main basse sur la France dès Louis XVIII, etc., au point qu’au « début du XXe siècle, on calculait que la famille contrôlait la moitié de la richesse mondiale totale » (p. 49), ce qui leur donne une puissance considérable. Comme le montre d’ailleurs Hongbing Song au cours des chapitres suivants « les Rothschild ont été les souverains de la City, les fondateurs d’Israël, les ancêtres des réseaux de renseignement, les mentors des cinq plus grandes familles de Wall Street, les décideurs du cours de l’or et, jusqu’à aujourd’hui, les véritables opérateurs de l’axe Londres/Wall Street », ceux-ci ayant « mis Bill Gates et Warren Buffet (deux des plus grandes fortunes mondiales, n.d.r.) sur le devant de la scène pour mieux se cacher derrière, leur fortune dépassant de très loin » celle de ces deux personnages. (p. 298)
Nous passons alors aux États-Unis dont l’auteur résume l’histoire ainsi : « La véritable histoire du développement des États-Unis relève essentiellement de la mise en œuvre de complots par les forces internationales. La pénétration et la subversion de ce pays par les forces financières internationales constituent sûrement le chapitre le moins connu de son histoire mais il est le plus troublant ». (p. 51). Est alors expliqué comment les premiers présidents des États-Unis, Andrew Jackson notamment (1829-1837), firent tout leur possible pour éviter que leur pays ne tombe sous la coupe des financiers et déjoue les manœuvres des banquiers, le tout étant ponctué de la mort étrange des présidents Harrisson et Taylor qui refusaient de créer une banque centrale privée comme le souhaitaient les banquiers. Il faudra attendre 1914 pour que cela devienne une réalité avec la création de la Réserve fédérale américaine à laquelle le chapitre 3 du présent ouvrage est consacré, montrant le rôle joué par J.P. Morgan mais aussi par Paul Warburg, personnage très compétent qui sera la cheville ouvrière de ce projet lancé dans des conditions peu communes.
Entre-temps, aura eu lieu la Guerre de Sécession « guerre d’intérêts entre la souveraineté d’un État et les forces financières internationales concurrentes » et l’assassinat de Lincoln aura été commis. Or Lincoln avait décidé de se passer des services des banquiers en créant sa propre monnaie, évitant la création d’un service de la dette publique, privant ainsi les banquiers d’importantes sources de revenus. Dès son assassinat, les mesures de souveraineté monétaires qu’il avait prises furent supprimées.
Un autre président connut le même sort en 1881 : James Garfield qui avait compris peu avant que le seul moyen pour les États-Unis de mettre fin à la crise économique qui sévissait alors était de mettre la finance au pas. Et, plus près de nous, l’assassinat aux causes jamais officiellement élucidées de John Kennedy (pp. 230-236) : l’intention de Kennedy, concrétisée par le décret présidentiel n°11110, était de reprendre à la Réserve Fédérale le contrôle de l’émission de la monnaie américaine en ne versant plus d’intérêts à cette Banque d’État qui en fait une banque privée. Ce décret fut, on peut s’en douter, très vite abrogé par son successeur, Lyndon Johnson.
Les banquiers fauteurs de crises économiques
L’ouvrage consacre évidemment de nombreuses pages au rôle des financiers transatlantiques dans la guerre de 1914-1918 et surtout à leurs manœuvres au cours de l’entre-deux guerres 1919-1939, traitant entre autres de l’origine de la crise de 1929, de la politique du New Deal américain et des relations financières avec l’Allemagne.
Ainsi est rappelé comment les États-Unis financèrent dès 1914 la France et l’Angleterre, sur une recommandation de la banque Rothschild de France à la banque Morgan de New York, en dépit des fortes réserves du gouvernement Wilson. Mais celui-ci, au bout du compte, cornaqué par le Colonel House (dont le rôle dans la création du CFR est étudié au chapitre 6 consacré aux officines mondialistes), conduisit une politique conforme à celle que voulaient les banquiers et qui aboutit à l’engagement des États-Unis contre l’Allemagne en 1917, les faits tels que le torpillage du Lusitania, paquebot aménagé en transport d’armements, n’étant que des prétextes utilisés pour mieux masquer des intérêts liés à des rivalités économiques.
Ces développements ont l’intérêt de mettre en lumière la nature prédatrice des banquiers dans le phénomène de « tonte des moutons », à savoir la spoliation d’autrui au moyen de l’utilisation de l’alternance « phase de prospérité et récession économique », souvent provoquée délibérément par les banquiers. Sont ainsi passées en revue la dépossession de leurs biens des agriculteurs américains en 1921 et la « crise de 1929 ».
Hongbing Song décrit clairement le mécanisme (p. 126) : « Tout d’abord, il faut étendre le crédit, puis faire éclater la bulle, attendre la frénésie spéculative du public, enfin stopper les financements pour induire une récession économique et un effondrement des actifs. Lorsque le prix des actifs de qualité tombe à 10 % de leur prix initial, voire à 14 %, les banquiers les rachètent pour rien… Après l’invention de la banque centrale privée, l’intensité et la portée de la "tonte des moutons" atteint un niveau sans précédent ».
Toutes les « crises » que nous avons connues au cours du XXe siècle jusqu’à l’époque contemporaine peuvent être ramenées à ce schéma. Le présent livre en décrit un certain nombre.
La crise de 2008 (dont l’histoire « secrète » mais déjà assez bien connue n’est pas décrite ici) n’échappe pas à ce schéma, même si elle est largement liée d’une part à la dérive d’un système fondé sur la création de monnaie ex-nihilo, par ailleurs bien décrit dans les pages consacrées au mécanisme du système de réserves fractionnaires (p. 319 et suiv.), l’institutionnalisation de fait du dollar papier source de l’endettement « infini » des États-Unis, d’autre part à la pratique généralisée de la spéculation institutionnalisée et de ses outils, les « dérivés de crédits » et leur corollaire, la « titrisation » (p. 335 et suiv.), qui, en diluant les risques et en contaminant d’une manière difficilement identifiable la part de « toxicité » que contiennent les effets financiers, tous liés entre eux d’une manière ou d’une autre, créent une situation d’incertitude et de perte de confiance de tous les acteurs financiers qui conduit à une crise de liquidité, chacun hésitant à prêter à l’autre. Sont bien détaillés les mécanismes des CDS, le rôle des agences de notation.
Mais le phénomène de resserrement de la masse monétaire est en fait inéluctable dans la mesure où le dollar, étant une monnaie d’endettement, des sommes de plus en plus importantes doivent être affectées au remboursement des emprunts et assèchent ainsi le circuit monétaire. Les déversements de signes monétaires par les banques centrales, comme l’a fait la Réserve Fédérale avec Ben Bernanke, son président, appelé « Helicopter Ben » (parce qu’il reprenait la formule de l’économiste Milton Friedman qui conseillait d’inonder les marchés de liquidités distribuées par hélicoptères) n’empêcheront pas la contraction déflationniste des circuits financiers. D’aucuns assurent que le chaos ainsi programmé provoquera une telle panique dans le monde que la solution d’un gouvernement mondial apparaîtra comme la bouée de sauvetage à laquelle tous se rallieront dans la panique…
La monnaie et les rapports de force
Mais la monnaie, devons-nous le répéter, est l’expression d’un rapport de forces entre États ou plus généralement entre groupes d’intérêts, ce qui dans le cas des États-Unis et du dollar signifie l’expression du rapport de forces entre le groupement d’intérêts de ceux qui se sont emparé du pouvoir des États-Unis aux fins de se servir de la puissance de cet État afin de réaliser leur objectif messianique de gouvernement mondial, la finance étant le principal levier de ce dessein, et les forces qui s’y opposent ou sont susceptibles de s’y opposer.
Le présent livre ne manque pas de relater comment, depuis la fin des années 1960, les États-Unis ont agi pour maintenir et asseoir la suprématie du dollar dans les échanges économiques internationaux. D’abord avec la rupture du lien entre dollar et or, intervenue le 15 août 1971 ; ensuite avec la remise en selle du dollar grâce à la crise pétrolière de 1973, organisée par les États-Unis en concertation avec l’OPEP et bien décrite dans ses principes (p. 267 et suivantes) qui vit le prix du pétrole quadrupler à condition que ce prix fût libellé en dollars. Le rôle du FMI est bien sûr évoqué.
Dans ce processus de mainmise d’un petit groupe de personnes sur le monde entier, nous retiendrons les pages consacrées à la World Conservation Bank (WCB), créée par Edmond de Rothschild en 1987 avec l’onction de l’ONU et rebaptisée en 1991 Fonds pour l’environnement mondial (FEM – Global Environment Facility en anglais), institution qui regroupe 179 États. Sous couvert de mobiliser des ressources de financement pour préserver l’environnement et mieux le gérer, le projet consiste à terme à s’approprier les terres des pays pauvres endettés en garantie des emprunts qu’ils ne peuvent rembourser : il s’agit de transférer les dettes des pays du Tiers monde à cette banque, ces pays donnant leurs terres en garantie à celle-ci. Bien entendu, tout ceci est présenté comme ayant un but altruiste qui nécessite de mobiliser de sommes énormes : la lutte contre le CO2 qui est la cause du réchauffement climatique, affirmation non prouvée mais dont la contestation déclenche de nos jours des foudres aussi violentes que celle de l’histoire officielle imposée juridiquement.
Cela précisé, arrivons à l’objet premier de ce livre. Hongbing Song n’a pas écrit cet ouvrage pour faire œuvre d’historien mais dans le but politique de prévenir les dirigeants chinois des dangers qui les guettent dans la guerre monétaire en cours et de se donner les moyens d’y parer. La guerre monétaire répond à « deux objectifs fondamentaux des banquiers internationaux en Chine (qui) sont de contrôler l’émission de sa devise et d’organiser la désintégration contrôlée de son économie. La mise sur pieds d’une devise mondiale et d’un gouvernement supranational dirigé par l’axe Londres/Wall Street supprimera le dernier obstacle aux rêves de contrôle absolu des banquiers internationaux… Leur plus grand rêve est de mettre la main sur le monopole de l’émission monétaire dans le monde entier. » (p. 417) Notons qu’en Europe, la création de l’euro fait partie de ce plan et que le futur marché transatlantique en cours de négociation, qui doit à terme déboucher sur la création d’une monnaie transatlantique en constitue une étape plus avancée.
Les ambitions chinoises
Hongbing Song explique comment la Chine peut se retrouver très vite dans les mains des financiers internationaux si elle laisse les banques étrangères développer leurs propres réseaux financiers chez elle et ainsi s’emparer de fait du contrôle de la monnaie chinoise : « Le plus grand danger vient de ce que les banques à capitaux étrangers octroieront des crédits aux entreprises chinoises et aux particuliers, ce qui les impliquera directement dans le domaine de l’émission monétaire en Chine ». (p. 418) Par conséquent il invite les dirigeants chinois à « se prémunir contre les banques à capitaux étrangers, les fonds spéculatifs internationaux et les pirates de la finance qui sévissent de manière coordonnée. » (p. 420)
Pour lui, la solution consiste à mettre fin au système de la monnaie d’endettement et à adosser le renminbi (autre nom du yuan) à l’or, se fondant sur le fait que jadis les monnaies comme la livre sterling et le dollar ont construit leur puissance sur leur convertibilité avec l’or et que la rupture de ce lien les a conduites à leur dévalorisation. Bien sûr, en tant que Chinois, tout en mesurant les faiblesses actuelles de la Chine « qui a encore beaucoup de retard à rattraper en ce qui concerne l’innovation scientifique et technique » (p. 422), il ne peut que proposer un nouvel ordre monétaire mondial fondé sur la devise chinoise ainsi consolidée par son adossement à l’or et à l’argent, invitant le gouvernement chinois à acheter le plus possible d’or pour constituer les réserves les plus importantes possibles. Alors qu’elles sont actuellement faibles. Il précise lui-même que son livre « se concentre essentiellement sur une seule idée : injecter des éléments d’or et d’agent » dans le système monétaire.
Il semble que le gouvernement de Pékin suive ce conseil car la Chine achète massivement de l’or, alors que, dans le même temps, depuis 2004, les Rothschild se sont retirés ostensiblement de cette instance hautement stratégique qu’est le « fixing » londonien qui fixe le cours de l’or physique au jour le jour (p. 356). En 2013, profitant de cours assez bas, la Chine a acheté plus de 1 000 tonnes d’or en une seule année, record absolu en 5 000 ans d’histoire du monde, soit 50% de plus que l’année précédente dépassant désormais l’Inde comme premier importateur de métal jaune au monde. En deux ans et demi, la Chine a acheté 2 500 tonnes d’or, c’est-à-dire l’équivalent de la totalité du stock d’or de la France (2 435 tonnes). De plus, elle conserve à l’intérieur de ses frontières l’or que produisent toutes ses mines, soit plus de 400 tonnes par an.
Le rétablissement d’un système fondé sur l’étalon or (qui n’est pas nécessairement la seule solution) sera néanmoins difficile dans la mesure où, dans la conscience des hommes, l’or a perdu la puissance que lui conférait la croyance en sa nature sacrée en tant que seule monnaie valable : ainsi, même rétabli, à la première difficulté, il est vraisemblable qu’il se trouvera toujours un dirigeant pour s’affranchir de la contrainte de l’or… à moins qu’une terreur panique enlève un jour et pour longtemps une telle idée des esprits. En outre, pour parvenir à un tel accord, il faut un rapport de forces équilibré entre les principales puissances jouant un rôle mondial. Nous n’y sommes pas.
Il n’en demeure pas moins cette réalité : tous les peuples de la planète, à commencer par les peuples d’Europe, sont menacés dans leur existence même par ce projet de pouvoir mondial qui vise à les dissoudre, tant politiquement qu’ethniquement, pour reconstruire un monde qui lui sera soumis. Nous savons que la question monétaire est l’un des éléments du combat à mener et qu’une partie de la victoire des nations contre le mondialisme, à commencer par les nations blanches, passe par le rétablissement de la souveraineté monétaire des États fondée non pas sur la monnaie d’endettement aux mains des banquiers et la spéculation sous toutes les formes qu’elle peut prendre, mais sur une monnaie émise en fonction des seuls besoins de l’économie réelle dans le cadre d’un circuit monétaire contrôlé dans l’intérêt du développement des économies nationales.
L’intérêt de l’ouvrage de Hongbing Song consiste à démonter le système financier mondial et à en montrer toute la dimension messianique et géopolitique qui est la sienne, tout autant que les intentions de la Chine dans ce conflit en cours entre un monde blanc affaibli et asservi à quelques syndicats d’intérêts dont les objectifs ne concordent pas avec les impératifs de vie qui sont les siens, et une Chine qui veut légitimement s’imposer comme pilier majeur d’un nouvel ordre planétaire. Sa lecture ne peut qu’être hautement formatrice pour tout nationaliste digne de ce nom.
Par André Gandillon, président des « Amis de RIVAROL ».
Publié dans RIVAROL, n°3139, 2 mai 2014. -
Le libéralisme : ennemi de la liberté
Il est probable que si Voltaire, Diderot ou Montesquieu avaient pu imaginer à quelle société le succès de leurs idées allait finalement donner naissance, ils auraient consacré le restant de leurs existences à rechercher la formule de l’antidote.
Les Lumières se battaient pour le triomphe de la Liberté et de la Raison sur toutes les formes d’oppression et d’autorité, sociale ou religieuse. En lançant son célèbre cri de guerre « Écrasons l’infâme ! », Voltaire se voulait clair : ce n’est que lorsque l’obscurantisme religieux et le fanatisme moral auront été terrassés que l’Homme pourra accéder au statut d’être libre. D’ici là, il doit traquer l’Intolérance partout où elle se niche. La débusquer. Et l’anéantir.
Notre si précieuse liberté d’expression est le fruit de ce libéralisme voltairien. Un libéralisme philosophique qui place au premier plan le droit de l’individu à penser et à agir selon ses propres désirs et représentations, à l’abri des diktats du Pouvoir et des commandements de l’Église. Un libéralisme qui défend coûte que coûte le principe de « neutralité axiologique » qui récuse à tout gouvernement le droit de juger de la valeur d’une croyance ou d’une pratique, dès l’instant où celle-ci ne nuit à personne. Un libéralisme qui fait des notions de « bien » et de « mal » une simple affaire de vision personnelle, de choix privé, de goût. Des goûts et des couleurs, on ne discute pas… et les ânes seront bien gardés !
Le problème, c’est qu’une liberté bâtie sur les ruines de l’« infâme » est une liberté dont le socle est friable. Et il s’est effrité… Car, à partir du moment où on disqualifie par avance toute position qui se réfère à d’autres critères normatifs que celui du droit individuel ou du désir privé, on ratifie, sans le vouloir, l’adage de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » Belle ironie pour ce pauvre Voltaire ! En appuyant sa défense du libéralisme sur une lutte à mort contre l’autorité, le conservatisme et la tradition, il ne se rendait pas compte qu’il allait, en réalité, contribuer à saper les conditions de la liberté réelle. [....]
Charles Robin
La suite sur Boulevard Voltaire
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Quand les patrons du CAC 40 cumulent les mandats
Et si les grands patrons ne respectaient pas tout à fait les règles qu’ils se sont eux-mêmes fixés ?
Parmi les règles du code de bonne conduite du Medef, il y a l’article 19 qui stipule qu’un administrateur ne peut pas cumuler plus de trois mandats dans des conseils d’administration.
Après analyse de la composition des conseils d’administration de toutes les sociétés cotées à Paris en 2013, on constate que si la plupart des dirigeants respectent la norme, d’autres devraient peut-être songer à repasser leur code… de bonne conduite.
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Notre-Dame-des-Landes : un cas d’école oligarchique
Il n’est pas interdit de se demander si, derrière des prospectives qui mériteraient une réflexion plus approfondie que des proclamations appuyées par des flash-balls et autres grenades lacrymogènes, des intérêts particuliers ne jouent pas un rôle notable dans toute l’affaire Notre-Dame-des-Landes. Car, après tout, il s’agit d’abord d’un grand chantier susceptible de générer une masse d’argent considérable.
Dans les années 1980, la France avait découvert avec surprise que son personnel politique entretenait des liens assidus avec divers affairistes afin de financer les campagnes électorales et, parfois, d’autres gâteries. C’est à Nantes que résidait l’un de ces aigrefins bien utiles pour transfuser l’argent, par d’habiles jeux d’écriture, des marchés publics dans les caisses des partis politiques. René Trager avait ainsi défrayé la chronique, révélant au juge Renaud Van Ruymbeke un certain nombre d’opérations que de providentielles lois d’amnistie allaient plonger dans les oubliettes.
Dans leur livre Un juge face au pouvoir, publié en 1994 et dont les assertions n’ont jamais été contredites, les journalistes Gilles Gaetner et Roland-Pierre Paringaux racontent ainsi : « Profitant des chantiers ambitieux lancés, à l’époque, par les élus socialistes de la région, Trager élargit son champ d’action. Un projet va se révéler particulièrement juteux : celui de la Zac Atlantis, un complexe commercial géant que lance le député-maire de Saint-Herblain, Jean-Marc Ayrault, futur maire de Nantes. Une vraie mine de pots-de-vin. On verra, dans le chapitre suivant, comment Trager y a récolté une commission de 600 000 francs pour le compte d’Ayrault. »
Dans le chapitre suivant, les auteurs rapportent la liste que l’intermédiaire avait communiqué au juge : « Les élus arrosés par Trager et les sommes remises. Ce qui donne, dans le haut du tableau : Jean-Marc Ayrault, 540 000 francs ; Joël-Guy Batteux, 600 000 ; Yves Le Lann, 500 000 ; Jacques Floch, 270 000 ; Yves Laurent, 300 000... » Une autre affaire est mentionnée, celle du bureau d’études Sagès, dont la mission, expliqua en justice son animateur, était de permettre aux entreprises « d’obtenir des rendez-vous avec les élus » dès que se présentait un marché public. Gaetner et Paringaux indiquent « que Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, Jean-Pierre Sueur, député-maire d’Orléans, et André Pinçon, maire de Laval, toucheront eux aussi de beaux chèques à la loterie électorale de la Sagès ». Ces faits concernent le financement politique et non l’enrichissement personnel.
Tout ceci appartient évidemment à l’histoire. C’est aussi le cas du passé de la société Vinci, spécialisée dans la construction et « le service aux collectivités ». Le journaliste Nicolas de La Casinière rappelle qu’elle est née en 2000 du regroupement de deux compagnies vendues par Vivendi, elle-même issue de la Générale des eaux qui, en 1998, avait changé son nom, « trop liée aux affaires de corruption et aux scandales de financement occulte des partis politiques ».
Vinci est une société brillante qui, comme Bouygues ou Eiffage, tire l’essentiel de ses revenus des contrats passés avec l’État et les collectivités locales, 70% selon le consultant Olivier Marteau. Les liens de ces grandes compagnies privées avec l’appareil d’État sont étroits. Celles-ci sont souvent dirigées par d’anciens hauts fonctionnaires, tel Xavier Huillard, président-directeur général de Vinci, polytechnicien passé par le ministère de l’Équipement, ou Nicolas Notebaert, président des filiales Vinci Airports et AGO, lui aussi polytechnicien passé par le ministère de l’Équipement.
L’État leur accorde une grande confiance. Une des marques les plus célèbres de cette confiance est la privatisation des sociétés d’autoroutes en 2005, réalisée à un prix si bas que le gouvernement de Dominique de Villepin dut l’imposer à l’Assemblée nationale sans vote. Vinci acquit ainsi la société ASF pour moins de 6 milliards d’euros – une excellente affaire, puisque cette filiale rapporte maintenant près d’un milliard d’euros par an et, bien que ne pesant que 12% du chiffre d’affaires du groupe, en représente 45% du résultat opérationnel. Incidemment, l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin est devenu avocat d’affaires. Plusieurs fonds d’investissements qataris font partie de ses clients. Le fonds souverain du Qatar, QIA, est le premier actionnaire de Vinci, avec 5,3% du capital.
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Une caractéristique intéressante du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le contrat de concession accordé par un décret de décembre 2010 à la société AGO, la filiale de Vinci. Ce contrat constitue, comme le relève un observateur nantais, « la première concession aéroportuaire à capitaux privés en France », alors que les aéroports régionaux sont « exploités de longue date par les Chambres de commerce et d’industrie dans le cadre de concessions délivrées par l’État » et « restent de la compétence de l’État ».
La concession n’est pas accordée seulement pour le projet de Notre-Dame-des-Landes, mais inclut aussi la gestion des aérodromes de Saint-Nazaire et de Nantes Atlantique, qui génèrent un revenu copieux. Il s’agit donc, avant tout engagement de travaux, d’une bonne affaire pour Vinci, qui développe en outre ses compétences de gestionnaire aéroportuaire. La compagnie lorgne en fait sur un gros morceau : Aéroports de Paris, encore largement contrôlé par l’État, mais dans lequel elle a pu acquérir jusqu’à 8% des actions en juillet 2013 – grâce à la bienveillance du gouvernement de M. Ayrault – obtenant de ce fait un siège au conseil d’administration.
[...]
Le préfet de Loire-Atlantique, entre juin 2007 et juillet 2009, était Bernard Hagelsteen. Dans la foulée de l’enquête publique, il avait préparé « l’avis d’appel public à la concurrence » des firmes intéressées par la réalisation de l’aéroport, qui fut publié le 5 septembre 2008. Quatre groupements d’entreprises furent habilités à y répondre en mars 2009. Il s’agissait du canadien Lavalin, du groupement NGE SAS (spécialiste de travaux routiers et dont le chiffre d’affaires était à peine le double du montant du contrat) et des groupes Bouygues et Vinci.
L’appel d’offres fut annulé pendant l’été, officiellement « pour un problème de forme », et relancé en septembre. M. Hagelsteen quitta la préfecture en juillet 2009, pour rejoindre la Cour des comptes. Ce n’est qu’en juillet 2010 que Vinci a été désigné comme concessionnaire du projet aéroportuaire, après que NGE SAS eut été écarté, que Bouygues se fut retiré et que Lavalin eut émis « quelques doutes sur la régularité du processus ».
Le préfet ne semblait donc pour rien dans ce choix. Après deux ans à la Cour des comptes, il rejoignit, en avril 2011, la société Vinci Autoroutes comme conseiller du président. Je lui téléphonai. « Je voulais un travail plus actif, dit-il. Quand j’étais à la Cour, j’ai contacté diverses entreprises de transport, et Vinci a été intéressé par mon profil professionnel. Il n’y a aucun lien entre ce que j’ai fait comme préfet et ce que je fais ici. » Son transfert, visé par la commission de déontologie des fonctionnaires, créée par une loi de 1993 « relative à la prévention de la corruption », était légal. Tout comme, m’assura-t-il, il est légal de cumuler sa pension de retraite de haut fonctionnaire et les émoluments que lui verse Vinci. Il me dit que « les autoroutes ont beaucoup ont beaucoup de raisons d’avoir des contacts avec des décideurs publics ».
On ne doute pas que le souci de l’intérêt général dicte la conduite des responsables publics et privés. Qui n’en ont pas moins des préoccupations plus terre à terre, que révèlent les documents enfouis sur internet et que de désagréables contraintes légales obligent à y placer. En dépouillant les inventaires du site internet de l’Autorité des marchés financiers, on peut ainsi découvrir à quoi Xavier Huillard passait quelques moments de l’année 2012. Entre les mille occupations d’un président-directeur général de grand groupe et sans doute pas mal de discussions autour de Notre-Dame-des-Landes, il trouva ainsi le temps de réaliser quatorze opérations d’achat et de cession de « stock-options », actions du groupe qu’il dirigeait, à des tarifs avantageux. Une occupation pas inutile, puisqu’il s’avère que M. Huillard a touché en 2012 plus de deux millions d’euros de stock-options, s’ajoutant à son traitement estimé à 1,8 million d’euros.
Hervé Kempf, Notre-Dame-des-Landes
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L'orage gronde dans l'Armée
Antoine Martinez, Général (2S), Président de l’association des officiers de réserve, écrit dans Les 4 vérités :
"[...] Nos forces armées n’en peuvent plus, depuis qu’avec la fin de la guerre froide, nos responsables politiques, manquant de vision à long terme, ont considéré qu’il était temps d’engranger les dividendes de la paix, démontrant ainsi qu’ils n’avaient rien compris à la conduite des affaires dans un monde régi par les rapports de force. « Si vis pacem, para bellum. » C’est parce que l’État consent un effort pour disposer d’une défense efficace que la nation peut vivre en paix avec tous les bienfaits qui en découlent. Car les menaces n’ont pas disparu, bien au contraire. Et, paradoxalement, nos forces armées n’ont, depuis 25 ans, jamais été aussi lourdement engagées à l’extérieur. Pourtant, elles sont confrontées à une baisse drastique et continue de leurs budgets. Et cette baisse affaiblit dangereusement notre outil militaire et met en péril la sécurité de la France. C’est ainsi que, depuis 25 ans, l’armée de terre a perdu plus des deux tiers de ses effectifs, l’armée de l’air plus de la moitié de ses avions et la marine opère avec un porte-avions indisponible au moins dix-huit mois tous les sept ans. Déjà, avec le Livre Blanc de 2008, un lourd tribut était imposé à nos armées avec, notamment, une réduction de 54 000 hommes à réaliser entre 2009 et 2014. On pouvait penser qu’un arrêt serait alors décidé dans le démantèlement de notre outil militaire après cette sérieuse saignée. C’était mal connaître l’inconséquence de nos responsables politiques qui considèrent les budgets de la Défense comme une variable d’ajustement. Finalement, sur le seul plan des effectifs, en dix ans, c’est 80 000 hommes que les armées auront perdus. Ce n’est plus une saignée, c’est une hémorragie insupportable qui pourrait conduire à une réaction dont nul ne peut prédire, à ce stade, la nature.
Une chose est certaine : l’orage gronde. Selon nos autorités politiques, les nouvelles déflations d’effectifs n’entraîneraient pas une diminution de nos capacités. On croit rêver devant un tel déni de la réalité. Et ce déni révèle une méconnaissance totale du fonctionnement d’une force armée au combat. Nos camarades de l’armée de terre sont certainement les plus touchés car, manquant d’un minimum de culture militaire, nos élites politiques les considèrent comme des pions peu spécialisés et donc interchangeables sur le terrain en fonction des besoins, ce qui est complètement faux. Nos forces armées n’en peuvent plus de s’entendre dire que la Défense doit participer à l’effort budgétaire actuel. Faut-il rappeler que la part du PIB consacrée à la Défense est passée, en 30 ans, de 3 % à moins de 1,5 %? En revanche, des milliards sont gaspillés, chaque année, par exemple pour couvrir des dépenses de toutes sortes causées par une immigration extra-européenne incontrôlée ou par l’Éducation nationale incapable de remplir sa mission. Face à ces gaspillages irresponsables comparés au démantèlement suicidaire de notre outil militaire, les langues se délient aujourd’hui pour dénoncer le comportement des hommes politiques. Sous quelle forme se produira ce grand coup de gueule de la Grande Muette qui semble désormais inévitable? Démissions? Manifestations? Désobéissance? Jusqu’à ce jour, les gouvernements étaient sereins quant à la gouvernance des armées; il se pourrait, si les chefs militaires soucieux de l’intérêt général, refusent de nouvelles restrictions, que ce scénario idyllique ne soit plus d’actualité."
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Les Verts veulent créer un centre d’archives LGBT aux frais du contribuable
Le groupe écologiste du Conseil de Paris a déposé un vœu qui «appelle à la création d’un centre d’archives national LGBT». EELV souhaite que le Conseil de Paris propose :
» – dès 2015 un local d’accueil pour stocker et rassembler toutes les archives LGBT collectées auprès d’associations et de particuliers volontaires.
- à moyen terme un lieu parisien où pourra s’établir un véritable centre d’archives et de documentation LGBT de dimension nationale, co-élaboré avec toutes les associations intéressées. »
L’auteur de ce vœu est David Belliard, conseiller de Paris et co-président du groupe des élus écologistes de Paris, mais aussi journaliste et par ailleurs lui-même militant homosexuel et membre de l’Association des Journalistes LGBT (AJL).
Un tel projet avait déjà été évoqué par Bertrand Delanoë lors de son premier mandat comme maire de Paris. La mission avait alors été confiée à Jean Le Bitoux, militant homosexuel et défenseur de la pédophilie, individu aujourd’hui honoré par un square portant son nom !
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Vers une nouvelle crise économique et financière ?
La crise du rouble dépasse les seules frontières de la Russie. Quel est le rôle des Etats-Unis et quelles conséquences pour la France ? Eléments de réponse :
" Le risque est désormais bien réel : la Russie est au bord du krach financier. Mardi 16 décembre, le rouble a encore perdu 20% de sa valeur et la bourse de Moscou a chuté de 17% (...)
La banque centrale a relevé son principal taux d’intérêt à 17% avec pour objectif de freiner la chute de la devise. Face à la baisse des prix du pétrole et de la situation tendue en Ukraine, les investisseurs vendent leurs roubles pour acheter du dollar. Relever les taux était censé relancer l’intérêt pour la devise russe en la rendant plus rémunératrice. Mais qui dit hausse de taux, dit aussi ralentissement économique à terme : les investissements deviennent plus chers et la consommation s'en ressent.
La banque centrale croyait bien faire mais les investisseurs l’ont vu autrement… à moins que d’autres raisons n’expliquent leur attitude. Sans tomber dans la théorie du complot, certains observateurs n’hésitent plus à avancer l’idée d’une possible action concertée et directement pilotée par Washington pour mettre Vladimir Poutine à genoux. Les sanctions internationales décidées contre Moscou après l'annexion de la Crimée n’ont pas eu d’effets ? Qu’à cela ne tienne, passons à l’étape suivante : utilisons le rouble - déjà fragilisé par la baisse des cours du pétrole - comme arme de destruction massive pour faire entendre raison au Maître du Kremlin. Complice des Etats-Unis dans cette aventure : les acteurs financiers anglo-saxons basés, non pas à Moscou, mais à Londres et New-York.
Quel intérêt auraient-ils à agir de la sorte ? Il y a les raisons géopolitiques et, surtout, commerciales. Le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine) sont aux abonnés absents vis à vis des Etats-Unis. Ces pays essaient de trouver la parade pour remplacer le dollar comme monnaie d’échange. Moscou essaie de mettre au point avec la Chine des compensations directes en yuan et en rouble pour contourner le billet vert.Cela ne plait pas à Washington... Barack Obama voit rouge. Le rouble – et par extension la Russie tout entière dont les entreprises et la population sont pénalisés par la crise – subirait-il l’hypertrophie de l’égo américain ? La question est posée. N'oublions pas que les Etats-Unis viennent de se voir dépasser par la Chine en tant que première puissance économique mondiale. La vengeance est un plat qui se mange froid (...)
Cette crise sans précédent surgit à Moscou alors que la situation de l'Europe, en croissance zéro, est elle-même source de vives inquiétudes sur les marchés. Quelles conséquences immédiates ? L'Allemagne, premier partenaire européen des Russes, sera directement impactée. La France exporte de l'ordre de 7 à 8 milliards d'euros vers la Russie et importe près de 10 milliards de produits, principalement pétroliers et gaziers. Notre industrie agroalimentaire a toutes les chances de souffrir. Quant à nos établissements bancaires, leurs engagements se chiffrent en dizaines de milliards."