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économie et finance - Page 589

  • Les « hedge funds » impatients d’en finir avec l’assouplissement quantitatif

    Critiques à l’égard de la politique de la Réserve fédérale, les fonds ont pourtant largement profité de ses largesses.

     

    L’assouplissement quantitatif ou « QE » fait progresser les performances des actifs de manière uniforme, d’après une logique binaire, selon que le fameux interrupteur des risques (« risk on/risk off ») est allumé ou non. Tous les marchés montent indifféremment quand il est enclenché, et inversement. Dans le cadre de ses opérations de soutien, quand la Fed achetait des obligations d’Etat, ce sont notamment les « hedge funds » qui les lui vendaient, d’après une étude (1) Avec cet argent, les fonds ont acheté des obligations d’entreprises ou municipales, des prêts… En clair, c’est la Fed qui a financé la prise de risque des fonds alternatifs pour la bonne cause…

    Pourtant les fonds alternatifs sont loin de lui être reconnaissants, comme en témoigne la levée de boucliers qui n’a cessé d’accompagner ses différentes opérations de soutien. Les « hedge funds » reprochent à la Fed d’avoir annihilé la volatilité des marchés. Ils n’ont d’ailleurs cessé de parier sur son déclin jusqu’à aujourd’hui, le signe qu’ils voient enfin poindre la fin de la politique non conventionnelle de l’institution. De quoi, espèrent-ils, retrouver les « marchés d’antan », plus volatils et moins corrélés entre eux que durant la mainmise de la Fed sur la liquidité mondiale.

    Globalement, les « hedge funds » ont mal anticipé la chute des taux longs américains, son ampleur et sa durée exceptionnelles. A l’inverse, ils ont été pris de court par les brusques regains de volatilité qui ont parsemé l’après-crise. Ce fut notamment le cas en mai 2013, quand Ben Bernanke, alors président de la Fed, laissa entendre aux marchés qu’il ­fallait se préparer à la fin de la perfusion monétaire.

    Levée de boucliers

    Stanley Druckenmiller, l’ancien bras droit de George Soros entre 1988 et 2000, avait déclaré à CNBC qu’en faisant grimper les prix des actifs financiers, la Fed tentait de mener « un des plus grands transferts de richesse des pauvres vers les riches ». Cette stimulation artificielle de l’économie « n’a pas fonctionné pendant cinq ans » et ce sont les générations futures qui « paieront cher » cette erreur de politique monétaire.

    Pour Paul Singer, le gestionnaire du fonds Elliott, « le QE, qui ne prépare pas les conditions d’une meilleure croissance », a en outre « introduit des distorsions majeures dans les valorisations de tous les actifs de telle sorte qu’aucun d’eux n’offre plus un couple rendement-risque attrayant ». Paul Tudor Jones, la star du style « global macro » (qui investit sur tous les marchés) avait été encore plus explicite. La politique monétaire de la Fed en bridant la volatilité des marchés les a rendus trop prévisibles. En clair, « elle est devenue aussi ennuyeuse qu’un discours de Joe Biden (vice-président américain) », selon le fondateur de Tudor.

    George Soros, le parrain des « hedge funds », s’est déclaré inquiet face à l’adoption « systématique et unanime de l’assouplissement quantitatif », qu’il voit comme des « dévaluations compétitives » déguisées.

    Le QE s’avère un « bouc émissaire » commode des contre-performances des fonds alternatifs depuis la crise de 2008. Une contre-performance qui fait débat dans le secteur. Est-ce un tournant historique ou un simple passage à vide ? En faisant diversion, le débat autour du QE évacue cette question de fond.

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    Notes :

    (1) « Analysing Federal Reserve asset purchases : from whom does the Fed buy ? », Federal Reserve Board

    Les Echos

    http://fortune.fdesouche.com/367235-les-%E2%80%89hedge-funds%E2%80%89-impatients-den-finir-avec-lassouplissement-quantitatif#more-367235

  • L’Onu inflige à «Israël» une amende de plus de 850 millions USD à verser au Liban

    Pour la première fois depuis l'agression israélienne contre le Liban en 2006, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté vendredi une résolution non contraignante imposant à l'entité sioniste de payer au Liban une indemnité de 856,4 millions de dollars, pour les dégâts occasionnés par la marée noire ayant frappé les côtes libanaises durant cette guerre.

    170 pays sur 179 ont voté en faveur de la résolution. «Israël», les États-Unis, le Canada,L’Onu inflige à «Israël» une amende de plus de 850 millions USD à verser au Liban l'Australie, la Micronésie et les îles Marshall ont voté contre.

    L'ONU a déjà demandé qu'«Israël» compense le Liban pour le déversement, mais c'est la première fois qu'une valeur monétaire a été fixée par le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

    Cette marée noire avait été causée par le bombardement des réservoirs de fuel de la centrale électrique de Jiyeh (sud de Beyrouth) par l'aviation de l'ennemi israélienne au tout début de son offensive. La nappe de pétrole s'était étendue sur tout le littoral au sud de la ville, emportée par les courants marins et amplifiée par l'incapacité des autorités libanaises à traiter ce problème durant la trentaine de jours qu'a duré la guerre.

    L'ambassadeur permanent du Liban aux Nations unies, Nawaf Salam, a noté dans son communiqué de presse que «le Liban considère cette décision comme une importante réalisation, en raison du fait qu'un chiffre précis a été adopté comme base de l'indemnité». Selon lui, la méthode de calcul est claire et fondée sur des bases juridiques prenant en compte les impacts directs et indirects des dégâts occasionnés par la marée noire, ainsi que l'inflation depuis février 2007.

    Il a précisé par ailleurs que la somme fixée découle des conclusions du secrétaire général des Nations unies dans son rapport du 14 août dernier, qui s'était lui-même fondé sur des rapports d'organisations internationales indépendantes.

    M. Salam ajoute que «le Liban emploiera tous les moyens, notamment juridiques, pour faire appliquer cette décision et obliger Israël à payer ces indemnités le plus rapidement possible».

    alahednews :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuEAElFylyjUbrzKmh.shtml

  • Travail du dimanche : l’expérience danoise.

    Les socialistes font preuve d’une grande schizophrénie dans l’affaire du « travail du dimanche » : opposés à son principe même quand ils étaient dans l’opposition, voici que c’est le Pouvoir socialiste qui, de MM. Macron et Fabius (les plus acharnés à l’ouverture dominicale et nocturne des magasins à Paris et dans les grandes villes) à MM. Valls et Hollande (les actuels « tauliers » de la République), décide de « libéraliser » les dimanches, au risque d’abîmer un peu plus les liens sociaux et familiaux déjà bien éprouvés par cet individualisme de masse qui est le meilleur moyen mais aussi fondement de la société de consommation.

    Bien sûr, il y a la résistance de nombreux socialistes dont certains issus d’une tradition catholique ou d’une tradition socialiste ouvriériste, voire proudhonienne, mais une résistance qui risque de s’effacer devant la peur de la déconvenue électorale en cas de dissolution de l’Assemblée, chantage d’un exécutif aux abois, soumis aux pressions de Bruxelles et de Berlin pour mener des réformes dites « nécessaires » et réduire un endettement public devenu un boulet pour tout gouvernement, mais aussi (et surtout ?) un argument pour tous ceux qui veulent réduire le politique à la soumission au seul domaine économique...

    Or, il est quelque chose qui m’interpelle depuis un bon moment : comment se fait-il, au regard des discours « libéralisateurs » sur le travail dominical, que ceux qui les avancent oublient de rappeler que l’Allemagne, première puissance économique de l’Union européenne, n’use pas de cette ouverture des magasins le dimanche, comme on peut le constater en Bavière, première région économique du pays et au plus haut revenu moyen par habitant en Allemagne ? D’ailleurs, à lire et écouter Angela Merkel, ce n’est pas vraiment la réforme la plus immédiate qu’elle demande à la France ! Je me trompe peut-être, mais il ne me semble pas l’avoir entendu une seule fois évoquer cette question-là, alors que les changements qu’elle demande, parfois peu poliment au regard de notre fierté nationale (qui n’est rien d’autre qu’un amour-propre bien placé et raisonné qui ordonne un sentiment bien naturel), visent bien plutôt la Dépense publique !

    De plus, les promoteurs du travail dominical oublient de regarder l’expérience récente du Danemark qui, depuis octobre 2012, a légalisé cette ouverture des magasins le dimanche : les résultats ne se sont pas faits attendre, et sont significatifs de ce qu’il adviendrait, concrètement, si la France cédait aux sirènes d’un libéralisme qui ne croit pas vraiment en la liberté mais aux profits que l’on peut en tirer, dans la seule logique franklinienne du « Time is money »... Le quotidien La Croix (mardi 2 décembre 2014) évoque cette expérience danoise sous le titre explicite « Place nette pour les enseignes à bas prix » : « Dans d’autres communes du royaume, petites ou grandes, bon nombre de boulangeries, épiceries, magasins de vêtements, d’électronique mettent la clé sous la porte. La concurrence est devenue trop rude face aux grandes structures qui, elles, peuvent se permettre d’embaucher du personnel pour profiter des possibilités données par la loi depuis le 1er octobre 2012. [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Travail-du-dimanche-l-experience

  • CGT l'argent par les fenêtre

    Le patron de la CGT a détaillé son train de vie.

    Lepaon a bien touché du comité régional CGT de Basse Normandie une indemnité de départ de 31 000 euros correspondant à :

    • 26 500 € sur la base de 1 mois par ancienneté sur la base de la rémunération nette moyenne des 6 derniers mois (ndlr : soit 4441 € net mensuel)
    • 1 025 € part du treizième mois pour le 1er trimestre 2013
    • 3 325 € de congés payés en 2013.

    Montreuil a pris à sa charge en 2012, des frais exceptionnels de septembre à décembre d’une hauteur de 8400 € (soit une moyenne de 2 100 euros de frais mensuels, pour des restaurants, tabac…)

    En 2013, les salaires et cotisations de Thierry entre janvier et mars, période où il était à la confédération et toujours payé par le Comité Régional pour 26 600 €. Soit plus de 6 827 euros brut par mois.

    Outre d’importants frais, Thierry Lepaon, révèle en second lieu qu’il s’est fait payé rubis sur l’ongle une voiture par la confédération.

    Son salaire avait été fixé initialement par la confédération à 5200 €. Il a demandé à ce qu’il soit ramené à 4000 euros.  Avec un treizième mois.

    Le secrétaire général a avoué avoir fait acheter des "vélos" à la confédération. Selon une source interne, chaque bicyclette aurait coûté 1 500 euros.

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Le nullissime Moscovici donne des leçons d’économie à la France

    Pierre Moscovici : l’incompétence économique de haute voltige !

    D’après Wikipédia, son CV n’est pourtant pas celui d’un nul : « 

    Après ses études au lycée Condorcet, il obtient un DEA de sciences économiques et un DEA de philosophie. Il sortira ensuite diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et de l’ENA (promotion Louise Michel (1982-1984). À sa sortie de l’ENA, il est affecté à la Cour des comptes, où il est nommé conseiller maître en 2003. Il cesse d’y exercer en 2004. »

    Et pourtant ! Celui qui fut le premier ministre de l’économie et des finances du président Hollande montre une incompétence légendaire en matière économique, et notamment, sa méconnaissance totale du fonctionnement économique des entreprises. L’illustre tirade qu lui infligea Nicolas Doze, éditorialiste spécialisé en économie et en finance le montre de façon magistrale :

    • Ce n’est pas l’Europe qui nous oblige à faire un pas en avant puis un pas en arrière,

    • Ce n’est pas l’Europe qui nous oblige à balancer des bobards dans la tête des gens,

    • Ce n’est pas l’Europe qui nos oblige à dire que 9 Français sur 10 échapperont à la hausse des impôts,

    • Ce n’est pas l’Europe qui nos oblige le président de la République à dire : « je vais baisser la TVA qu’à laissée Nicolas Sarkozy et à l’augmenter en janvier,

    • Ce n’est pas l’Europe qui nos oblige à dire qu’on va baisser les dépenses publiques alors qu’on ne fait juste que réduire son augmentation,

    • Ce n’est pas l’Europe qui nos oblige à dire qu’on augmente les impôts des ménages de seulement 3 milliards d’euros alors qu’on les augmente de 10 milliards d’euros, la même hausse que celle de 2013 !

    y’a un moment, il faut avoir un peu de cohérence. Je vais vous raconter une anecdote :

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  • Pétrole : le calme avant la tempête, d’après l’Agence internationale de l’énergie

    L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévient dans son dernier rapport annuel : la planète pétrole est en passe d’entrer dans une zone à très haut risque, en dépit de ce que pourrait laisser croire la chute actuelle des cours de l’or noir. Conséquence de la révolution du pétrole “de schiste” aux Etats-Unis et du ralentissement de la croissance mondiale, la baisse spectaculaire des prix du baril menace de tarir les investissements indispensables pour repousser le spectre du pic pétrolierconfirme l’AIE.

    Le chef économiste de l’AIE, Fatih Birol, avertit :

    “L’image à court terme d’un marché pétrole bien approvisionné ne doit pas masquer les risques futurs (…), à mesure que s’accroît la dépendance vis-à-vis de l’Irak et du reste du Moyen-Orient.”

    Croissance attendue de la production mondiale de brut. La production actuelle est de l’ordre de 90 millions de barils par jour (Mb/d). Source : Agence internationale de l’énergie, 2014.

    Le Dr Birol ne se risque pas à dire combien de temps pourrait durer la chute actuelle des cours du baril (en marge d’une présentation à Bruxelles, il évoque néanmoins mezza voceune période de deux ans,“peut-être”), mais quoi qu’il en soit selon lui, la tendance à terme est nécessairement à la hausse du prix de l’or noir. Il pronostique :

    “Compte tenu du temps nécessaire pour développer de nouveaux projets d’extraction, les conséquences d’un manque d’investissements pourraient mettre du temps à se matérialiser. Mais des nuages commencent à s’accumuler sur l’horizon à long terme de la production mondiale de pétrole ; ils charrient devant nous de possibles conditions tempétueuses.”

    Le profil de la tempête potentielle se dessine à l’examen du graphe de l’AIE reproduit ci-dessus :

    – le boom de la production américaine devrait prendre fin avant la fin de la décennie (conformément au diagnostic le plus récent de l’administration Obama) ;

    – en dehors des Etats-Unis, il n’y a pas de réplique significative à attendre de ce boom du pétrole “de schiste” (ou de roche-mère, à proprement parler) ;

    – les pétroles non-conventionnels nord-américains (pétrole de roche-mère aux Etats-Unis, sables bitumineux au Canada) ne suffiront pas à eux seuls à apporter une compensation des sources conventionnelles de pétrole en déclin ;

    – déjà plus que délicat à maintenir lorsque le baril était au-dessus de cent dollars(tout particulièrement pour les “majors”), le gigantesque effort d’investissement – de l’ordre de 500 milliards de dollars par an –, nécessaire afin de compenser le déclin naturel de nombre de sources de brut majeures anciennes et parvenues à maturité, apparaît d’autant plus difficile à pérenniser maintenant que le baril est tombé à 80 dollars, souligne l’AIE, en particulier pour ce qui concerne les sables bitumineux et les forages ultra-profonds au large du Brésil. En juin, alors que le baril était encore à 115 dollars, le pétrolier français Totalremisait dans ses cartonsun projet à dix milliards de dollars au Canada, parce qu’il n’offrait pas une rentabilité suffisante.

    Désormais, le Financial Times signale l’émergence de problèmes très substantiels de rentabilisation pour les projets offshore, et rend compte des vives tensions qui partagent les pays membres de l’Opep. Le rythme des forages dans le pétrole de roche-mère au Etats-Unis paraît fléchir ces dernières semaines, constate par ailleurs l’agence Bloomberg ;

    – last but not least (at all), en rouge sur le graphe, ce qui s’appelle“Middle East” correspond pour l’essentiel à la croissance attendue de la production de brut irakienne. On appréciera les implications géostratégiques vertigineuses – glaçantes ? – de l’importance future,bien davantage cruciale encore qu’aujourd’hui, que l’AIE attribue à la production de l’Irak (pays peu ou prou en état de guerre ou sous embargo depuis 34 ans), tandis que le Dr Birol constate, sans surprise, que“l’appétit”des investisseurs pour l’Irak apparaît ces temps-ci un tantinet maigrichon…

    Sur le front du climat, l’accord entre Etats-Unis et Chine intervenu la semaine dernière est à juste titre qualifié d’“historique”par Fatih Birol.

    Le président Barack Obama a engagé les Etats-Unis à réduire de 26 à 28 % leurs émissions de CO2 en 2025, par rapport au niveau de 2005. Le président chinois Xi Jinping, en retour, assure que les émissions chinoises atteindront un pic“vers 2030″.

    Cet accord est historique ne serait-ce que parce qu’il entérine la très forte probabilité d’une altération irréversible du climat (certes là encore sans surprise).

    Infographie New-York Times:

    L’avenir du charbon chinois est l’autre nouvelle majeure que recèle le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie :

    l’AIE table (avec“un niveau élevé de confiance”, précise Fatih Birol) sur l’amorce en cours d’un plafonnement de la consommation chinoise de charbon.

    Agence internationale de l’énergie, 2014.

    Avec quoi la Chine choisit-elle désormais de s’alimenter prioritairement en énergie, tout en réduisant l’intensité de ses émissions de gaz à effet de serre ?

    Le développement du nucléaire en Chine promet d’être non moins spectaculaire que celui des énergies renouvelables planifié par Pékin :

    Evolution de la puissance nucléaire installée d’ici à 2040. Agence internationale de l’énergie, 2014.

    130 gigawatts (GW) supplémentaires en 2040, c’est près du double du parc nucléaire français, et environ un tiers de plus que la totalité du parc nucléaire américain, le premier du monde à l’heure actuelle. La Chine dispose aujourd’hui d’une capacité nucléaire de 12 GW.

    OILMAN

    http://fortune.fdesouche.com/367337-petrole-le-calme-avant-la-tempete-dapres-lagence-internationale-de-lenergie#more-367337

  • Jean-Luc Ginder : « La France est allée trop loin dans la désindustrialisation »

    Le déclin relatif de l’industrie est une tendance naturelle, de la même manière qu’il y a eu un déclin de l’activité agricole remplacée par l’industrie. Ainsi l’activité industrielle tend à être remplacée par le secteur des services.

    Une société qui se développe et se sophistique consomme davantage de services et moins de produits industriels. Mais comme ce sont les produits industriels qui portent les gains de productivité remarquables, les prix de production et de vente sont à la baisse. Des exemples dans notre quotidien : téléviseurs, téléphones..

    Le problème ne vient pas de cette évolution générale mais vient du rétropédalage industriel de la France depuis les 15 dernières années. Il faut en finir avec l’accumulation des politiques contradictoires.

    Les résultats français sont inférieurs à ceux des pays qui ont une fiscalité moindre et à ceux qui ont une fiscalité plus lourde, inférieurs à ceux qui ont des lois sociales plus généreuses ou mois généreuses, et inférieurs à ceux qui ont un État fort ou un État faible. Mauvaise élève face à tous ses voisins depuis 15 ans et même au-delà : le choc de la désindustrialisation a été plus violent en France qu’ailleurs et cela a commencé vers les années 80.

    Entre 1979 et 1984, on remarque une première vague de désindustrialisation. D’une violence extrême, elle fait perdre à la France 1/3 de son potentiel industriel. Pour comprendre ce qui s’est passé il faut prendre en compte le dualisme de l’économie française.

    A côté des très grandes entreprises qui s’étaient formidablement développées, certaines dans le giron de l’État, existaient un tissu fort de PME sous capitalisées, sous investies. Ces dernières ont subi de plein fouet le choc des crises des années 70.

    On a alors assisté à une forte mortalité des entreprises dans les secteurs des biens d’équipement, celui de la machine outil, celui des chantiers naval, et il y e a d’autres. on a assisté à une véritable hécatombe industrielle.

    Les plans de sauvetage mis en place face à l’hécatombe industrielle n’ont eu pour effet que d ‘accompagner le déclin des secteurs en difficulté sans jamais permettre le rebond industriel.

    Et au milieu des années 80, la France a fait le choix européen, du marché unique et de l’euro sans prendre en compte les conséquences de ces choix. Dans un premier temps cela a été un formidable marché, l’euro a même permis d’évacuer les risques de change.

    Sauf que. Il n’a pas été pris en compte que le modèle inflationniste de la France, financé par l’État et régulé par les dévaluations périodiques ne pouvaient plus dès lors fonctionner à partir du moment où la monnaie était monnaie unique dans un marché devenu unique. La France se devait d’appréhender les nouvelles dynamiques de compétitivité, de maîtrise interne, de concurrence fiscale.

    Et que. Ces nouveaux paramètres n’ont pas été pris en compte. Il était capital de maîtriser les dépenses publiques dans un temps où l’on faisait le choix stratégique majeur de la mondialisation, de l’intégration européenne et de l’euro. Il était capital de se demander dans le même temps si on pouvait continuer à gérer comme avant.

    On peut estimer cette situation à l’application d’une politique keynésolibérale. Keynésienne d’un côté car chaque fois qu’il y a une crise conjoncturelle, on dit que c’est une insuffisance de la demande et qu’il faut donc relancer cette dernière, avec bien entendu de la dette publique, de la dépense publique et quand cela devient insupportable on monte les impôts, qui eux pèsent sur les entreprises tout en dégradant la compétitivité

    On assiste bien à l’application d’une solution keynésienne à toutes les crises conjoncturelles et dans le même temps d’une solution de type libéral qui considère que les problèmes industriels et productifs doivent être réglés par le biais du marché et de la concurrence.

    Ce raisonnement et le temps ont eu pour effet d’accumuler un formidable écart au niveau des taux de marge des entreprises. Aujourd’hui, 10 points d’écart séparent les entreprises allemandes et les entreprises françaises. Pour corriger cette situation, il faudrait faire un transfert de 100 milliards de l’État vers le secteur privé sous forme d’aides et d’allègements. Aujourd’hui l’État en promet 40, et en apporte concrètement 5.

    Et jour après jour, secteur après secteur, la rentabilité industrielle s’effondre.

    La solution de la désindustrialisation passe avant tout par de la cohérence ! ….plutôt que de chercher à protéger le caractère national du contrôle du capital des entreprises françaises par des capitaux français. La nationalité du capital prévaut-elle sur le développement des compétences françaises, sur le développement de l’activité sur le sol français ? l’important est de préserver le développement de la recherche française, et des marques françaises.

    Il est donc nécessaire et vital pour l’économie française d’avoir enfin une cohérence et un alignement des politiques.

    Il faut en finir avec l’accumulation des politiques contradictoires (politique fiscale qui dissuade l’investissement dans le même temps que les 34 plans sectoriels…). Il faut en finir avec la politique placebo qui a pour effet d’affaiblir davantage les entreprises par le poids des charges sociales, réglementaires, fiscales pour qui on invente le crédit d’impôt lorsqu’on constate qu ‘elles ne peuvent plus respirer, ou encore la CICE pour colmater les brèches.

    Il faut d’urgence et impérativement à la France un objectif productif qui considère toutes les politiques et qui fixe les priorités.

    Le souhait formulé du pays est d’engager les moyens dans la troisième révolution industrielle, celle du numérique, du digital. Et le pays constate que sa base industrielle a perdu sa compétence manufacturière et n’a plus la capacité de transformer ses innovations en produits, qui seraient aussi les produits industriels de demain.

    Le constat est alarmant, simple : la France est allée trop loin dans la désindustrialisation pourtant avec la science de nouvelles révolutions arrivent. De fait nos enfant ne vivrons pas comme nous. Nous sommes à un moment de notre histoire économique ou les repères vont changer….de révolution technologique en révolution économique avec l’aide de la science (révolution agricole, révolution biotechnologique, révolution énergétique, et révolution numérique).

    Économie Matin

    http://fortune.fdesouche.com/369065-jean-luc-ginder-la-france-est-allee-trop-loin-dans-la-desindustrialisation#more-369065