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économie et finance - Page 659

  • Sortir de l’euro…et le plus vite possible ! (1/2)

    « Est il donc nécessaire d’insister sur l’incohérence fondamentale d’un pacte budgétaire qui, (…) qui considère que, en cas de choc asymétrique touchant certaines provinces, la solution consiste à leur imposer de maintenir malgré tout leur budget à l’équilibre ? »

    « Changer l’Europe » …Quand, le temps d’une campagne électorale, la priorité du moment est d’éviter que l’électeur ne vote mal, tout, ou presque, peut être osé par des représentants des partis du système en place depuis quelques décennies : même demander la sortie de Schengen, ou le rétablissement du protectionnisme.

    Il est pourtant une ligne rouge à ne pas franchir : demander la sortie de l’euro.

    Pourtant, certes cela ne résoudrait pas tous les problèmes de la France, mais, en la remettant au plan monétaire sur un pied d’égalité avec l’immense majorité des nations de la planète, cela lui donnerait une chance de s’en sortir. Dans l’immédiat le problème de la dette serait désamorcé, et une dévaluation lui apporterait une extraordinairement précieuse bouffée d’oxygène.

    De plus il ne tient qu’à la France de décider, seule s’il le faut, de retrouver sa souveraineté monétaire, et cela peut être fait du jour au lendemain.

    Mais n’est-ce pas justement pour éviter qu’une majorité de Français n’en prennent réellement conscience que tout débat sur l’euro est interdit ?

    C’est ce qu’explique Antraigues, polytechnicien et auteur de précédentes contributions à Polémia.

    Du fait de contraintes de mise en ligne, cette étude est présentée en 2 parties. La première (« Un échec absolu, prévisible, et qui avait été prévu ») fait le point de la situation actuelle ; la seconde (« La sortie de l’euro ») traite plus particulièrement de cette opération et de ses conséquences. Après une présentation séparée, elles sont regroupées dans un format pdf unique.

    Enfin cette étude s’appuie sur des analyses plus détaillées fournies par un dossier associé en pdf (www…),en y faisant référence tout au long de la lecture.

    Polémia

    1ère partie : Un échec absolu, prévisible, et qui avait été prévu

     Elle s’appuie sur des analyses plus détaillées fournies par un dossier associé en pdf, pour y accéder cliquer ICI

    Remarque préliminaire : la création monétaire

    Le dossier associé (chap.A) présente le mécanisme actuel de création de la monnaie, qu’il faut absolument avoir présent à l’esprit.

    Il est très peu connu de l’immense majorité des Français que la création de monnaie se fait pour l’essentiel par les banques privées, par le mécanisme du crédit, de façon d’ailleurs fort peu maîtrisable.

    Une composante fondamentale de la souveraineté monétaire est la possibilité pour un état de créer lui même la monnaie, non seulement pour assurer la liquidité des banques privées (sa Banque Centrale jouant le rôle de prêteur en dernier ressort), mais aussi pour son propre compte, par des prêts de sa Banque Centrale à lui-même, à un taux très faible ou nul.

    C’est évidemment un moyen d’alléger les impôts et la dette (puisque sans cela, les seules ressources de l’Etat sont les impôts et les emprunts sur les marchés financiers, cette fois ci aux taux du marché).

    Il est de plus structurellement impossible de prendre au piège de la dette un état qui a gardé cette possibilité.

    Sur ce dernier point, comme on le verra, une création par l’Etat de monnaie de quelques % du PIB, soit un volume très inférieur à la monnaie créée par le système bancaire privé, suffirait pour désamorcer le problème de la dette de la France. Contrairement à ce qui est asséné à la moindre évocation d’une telle démarche, cela n’est pas susceptible d’avoir le moindre effet inflationniste, sauf à considérer que la « planche à billet » ne serait inflationniste que lorsqu’elle fonctionne au bénéfice de l’Etat. L’observation de la réalité confirme d’ailleurs que, effectivement, il n’en est rien.

    1-Introduction

    Dans une précédente contribution  à Polemia, Le piège mortel du mondialisme de l’Union européene, j’ai décrit les mécanismes qui font qu’une nation ne peut plus se défendre contre quoi que ce soit, dès lors qu’elle avait abandonné les attributs essentiels que sont la souveraineté monétaire, les frontières et la possibilité, par des dispositions appropriées, d’imposer qu’un minimum de la consommation nationale soit effectivement produite sur le territoire national.

    Si presque tout le monde fait le lien entre la disparition des frontières et les conséquences jugées de plus en plus négatives qui en résultent, si la plupart des Français ont compris, malgré les démonstrations du contraire qui en sont régulièrement présentées dans « C dans l’air », qu’il y a tout de même un lien entre la désindustrialisation accélérée de la France et le fait qu’elle soit mise en vases communicants avec des pays comme la Chine, il ne sont toujours qu’une minorité à avoir pris pleinement conscience de ce qu’a d’existentiel pour une nation d’avoir gardé sa pleine souveraineté monétaire.

    C’est la monnaie d’une nation qui doit s’adapter à son économie, et non l’inverse, tant l’économie est liée à des éléments structurels, dont la démographie n’est sans doute pas la moindre.

    Une nation qui a abandonné sa souveraineté monétaire n’a ni la maîtrise de la valeur de sa monnaie, ni la possibilité d’en créer, et ses chances d’être mise sérieusement en difficulté financière en sont donc considérablement accrues. Elle se retrouve alors inexorablement prise au piège de l’endettement, et en situation d’être mise en faillite, comme une vulgaire entreprise, au niveau duquel l’abandon de sa souveraineté monétaire l’a ravalée : avec comme conséquence la perte de son indépendance politique, sa mise sous tutelle, sa dislocation économique, et la mise à l’encan de son patrimoine.

    Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre, d’observer ce qui se passe à des degrés divers depuis maintenant plus de cinq ans au sein de la zone euro (et spécifiquement au sein de cette zone), et qui concerne non seulement la Grèce, dont le « sauvetage » s’apparente à celui d’une entreprise par un liquidateur judiciaire, mais aussi le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne, et la France.

    Il n’y a pour la France qu’un moyen de sortir de ce piège infernal : reprendre sa souveraineté monétaire, et cela le plus vite possible.

    Comme on le verra, cela peut être effectivement fait du jour au lendemain. En outre, cela ne tient qu’à elle: elle peut certes le faire dans un cadre concerté, mais elle peut aussi, si nécessaire, le faire à sa seule initiative.

    Contrairement à ce qui nous est asséné en permanence, nulle catastrophe n’est susceptible d’en résulter.

    Les problèmes qui ne pourraient survenir ne sont en effet que des problèmes de transition, vers une situation qui ne pourrait être qu’infiniment supérieure, et dans laquelle la France se retrouverait simplement dans la même situation – et donc enfin à nouveau sur un pied d’égalité – avec l’immense majorité des autres nations de la planète. Pour prendre des exemples au sein de l’Union européenne, sa situation serait celle de la Suède, du Danemark, et de la Grande-Bretagne.

    Remplacer une monnaie par une autre est une opération qui n’a rien d’exceptionnel, et qui a été réalisée à de multiples reprises ces derniers siècles – et, récemment, lors de l’éclatement de l’Union Soviétique, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie.

    Il est évident que l’impact politique d’une sortie de la France de l’euro serait considérable. L’euro en tant que monnaie unique n’y survivrait probablement pas. Mais cela mettrait fin à une situation où les 18 états et les 333 millions d’habitants de la zone euro se trouvent impliqués dans une crise économique structurelle, ainsi que, au sein de cette zone, à une inéluctable montée des antagonismes entre les peuples.

    Lorsque des états ont des économies structurellement divergentes, comme cela est à l’évidence le cas, le fait de partager une monnaie commune implique de très importants transferts financiers. Lorsque, de plus, ils ne sont pas liés par un très fort sentiment de solidarité (c’est-à-dire, disons le mot, parce qu’il n’y en n’a pas d’autre, par un sentiment national), de tels transferts sont évidemment inconcevables : ils se retrouvent alors en compétition, et cela avec des atouts qui ne sont pas du tout les mêmes. C’est ainsi que l’Allemagne, dont l’inflation structurelle est très faible, a été placée dès le départ en situation de laminer la France et tous les pays méditerranéens, et c’est bien ce qui s’est passé : son excédent commercial s’est nourri de l’augmentation du déficit commercial de ses concurrents de la zone euro.

    On nous présente aujourd’hui une éventuelle reprise de la branche énergie d’Alstom par Siemens comme une contribution positive de la France à la construction d’un champion européen mondial, et donc à la « construction européenne ». Mais est-il bien certain que les Français le ressentent ainsi ?

    2-L’écrasante responsabilité des gouvernements qui se sont succédés depuis vingt ans.

    ▪ Une constante de la politique internationale du gouvernement français a été de se présenter en champion de la « construction européenne » : tous les abandons de souveraineté dont la France est aujourd’hui victime l’ont donc été à son initiative.

    On en est de plus au stade extraordinairement préoccupant où toute difficulté nouvelle nous est présentée comme la conséquence d’une intégration européenne insuffisante, et l’amène donc à proposer des abandons de souveraineté supplémentaires.

    ▪ Si l’euro a été profondément néfaste pour un certain nombre de pays, dont la France, il a été jusqu’à présent bénéfique pour d’autres, l’Allemagne principalement, et cette dernière en tire aujourd’hui une supériorité politique et économique écrasante .

    On ne peut pas toutefois lui reprocher d’avoir fait en sorte que le traité de Lisbonne et le récent « pacte budgétaire européen» aient été taillés à sa mesure, puisque c’est Nicolas Sarkozy qui en a été l’initiateur.

    Rappelons tout de même, parce qu’on ne le fera jamais assez, que le traité de Lisbonne a consisté à réintroduire par voie parlementaire – avec la complicité des partis « de gouvernement » – des dispositions rejetées par le peuple français à une large majorité par le référendum du 29 mai 2005. Rappelons aussi, comme on le verra ci après, qu’il était évident dès le début que le « Pacte de stabilité budgétaire », qui nous vaut aujourd’hui d’avoir été mis « sous surveillance renforcée » par la Commission européenne, était une absurdité économique, et que, en la ligotant encore un peu plus, il ne laisserait à la France strictement aucune chance d’échapper aux sanctions qu’il instituait.

    On ne peut pas non plus reprocher à l’Allemagne que la situation financière de la France ait été encore aggravée par le soutien qu’elle a apporté et devra continuer à apporter aux pays de la zone euro en plus mauvaise posture qu’elle : là aussi, depuis le début de la crise, c’est le gouvernement français qui a tenu à se mettre en première ligne dans la défense de l’euro.

    Rappelons enfin, pour faire bonne mesure, que si l’Allemagne a effectivement signé en l’état le traité de Lisbonne, ce n’est que parce ce qu’elle a affirmé solennellement, par l’arrêt du 30 juin 2009 de la Cour de Karlsruhe, que la constitution allemande (dont elle est évidemment maîtresse du contenu et de l’interprétation) lui restait de toutes façons supérieure.

    3- L’euro, facteur d’optimisation économique et de rapprochement entre les peuples ? Un échec absolu.

    Voir aussidossier associé, chap.B

    ▪ Lorsque le principe d’une monnaie unique pour les Etats de l’UE a été inscrit en 1993 dans le traité de Maastricht, il était bien connu qu’une monnaie devait être adossée à une nation : seul l’existence d’un véritable sentiment national peut rendre acceptables les transferts financiers qu’implique le fait de partager une monnaie commune.

    De toutes les unions monétaires qui ont vu le jour ces deux derniers siècles, seules ont d’ailleurs survécu celles qui se sont retrouvées adossées à des Etats nation : la lire italienne, le mark allemand, et le franc suisse.

    Ce qu’a de vital pour une nation indépendante de disposer de sa propre monnaie est au demeurant si unanimement reconnu que, depuis la disparition des anciens empires coloniaux, de l’Union Soviétique, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie, la règle est que chaque nation ait sa monnaie propre, à l’exception de certains pays très petits et qui sont en général dans une situation particulière (les Bahamas ont le dollar, etc…).

    Il n’y a eu à ce jour, dans l’histoire récente, en dehors du cas des états de la zone euro, qu’une exception : celle de l‘Argentine qui, croyant y trouver un moyen pour lutter contre une trop forte inflation, avait décidé en 1990 de garantir la convertibilité peso-dollar. Il en est résulté en 1997 une terrible crise économique, dont elle ne s’est sortie qu’en décidant, en 2002, de s’affranchir de la contrainte qu’elle s’était imposée.

    Il était évident que, même réduite à sa composition initiale, la zone euro était très loin de constituer une nation : la mise en place d’une union monétaire s’est donc faite sur un pari extrêmement risqué : celui que l’union politique suivrait. Ce pari était d’autant plus crucial que cette zone, du fait de l’hétérogénéité des pays qui la composaient, n’était absolument pas une « zone monétaire optimale », et qu’il était donc certain que les transferts financiers nécessités par le fait de partager une monnaie commune devraient pouvoir être importants.

    L’euro a donc été « vendu » non seulement en tant qu’outil d’optimisation économique, mais aussi comme un facteur puissant de rapprochement entre les peuples, hâtant ainsi la transition vers un véritable Etat fédéral, pendant des Etats Unis d’Amérique.

    Des économistes de tout premier plan, ainsi qu’un certain nombre de personnalités faisant simplement preuve de bon sens, ont attiré l’attention sur la totale inconséquence de cette démarche, L’ignorance, le dogmatisme et l’aveuglement collectif étaient toutefois tels que ces avertissements solennels n’ont servi strictement à rien.

    Il faut absolument lire et relire le manifeste « L’euro, une chance pour la France, une chance pour l’Europe » paru dans Le Monde du 28 octobre 1997 (ainsi d’ailleurs que la liste de ses signataires) : voir dossier associé, chap.D

    ▪ L’Union européenne a aujourd’hui vingt ans, et l’euro quinze ans.

    L’échec économique est patent : non seulement la zone euro est en crise structurelle ouverte depuis la crise financière de 2008 (laquelle n’a joué qu’un rôle de détonateur : le problème de fond est l’inéluctable divergence des économies de pays fortement différents), mais elle a de plus été, au sein de l’OCDE, la zone de plus faible développement économique (de 2001 à 2011, 1,1% par an, contre 1,8% pour l’ensemble de l’OCDE).

    Alors même que l’euro était censé protéger, c’est dans cette zone que se trouvent les pays qui ont été plus touchés par la crise financière de 2008.

    Personne n’ose plus d’ailleurs invoquer les gains économiques qu’aurait apporté l’euro.

    Quant à l’euro facteur de rapprochement entre les peuples…

    Il est faible de dire que, pas plus qu’en 1993, il y de sentiment national européen, avec tout ce que cela impliquerait d’esprit de solidarité, parmi les peuples de la zone euro.

    A supposer, pour prendre bien conscience de la situation, que l’UE se réduise à ce qui en est présenté (du moins par les médias français) comme sa « locomotive », à savoir le « couple » franco-allemand, pourrait-elle constituer un Etat fédéral ? Poser la question, c’est y répondre: les deux peuples n’en voudraient absolument pas, et en 2014 beaucoup moins qu’en 1993.

    On n’aura pas la cruauté d’évoquer une union politique entre l’Allemagne et la Grèce.

    4- L’euro, puissant instrument de destruction des nations et d’asservissement politique et économique ?

    ▪ Si l’échec de l’euro vis-à-vis de ses objectifs affichés est total, il n’en disparaîtra pas de lui-même pour autant.

    Techniquement, de multiples artifices et manœuvres (le « Pacte budgétaire européen » en est une) peuvent continuer à le maintenir en vie pendant encore bien des années, d’autant que ce qui se passe dans la zone euro depuis 2008 montre qu’il semble parfaitement possible, avec la complicité des gouvernements en place, de ne pas tenir compte de ce qui en résulte pour les peuples concernés, de les traiter s’il le fallait avec la brutalité nécessaire, et qu’il était de plus en plus hors de question de leur demander leur avis.

    Le dogmatisme, l’ignorance, l’absence de toute réflexion d’ensemble et le panurgisme qui ont été à l’origine de l’euro sont loin d’avoir disparu.

    Les institutions réputées compétentes dans le domaine monétaire sont celles qui ont mis en place l’euro et qui dépensent une énergie considérable pour sa survie : il est peu probable qu’elles proposent sa suppression.

    Quant à l’Allemagne, elle s’opposera à l’abandon de l’euro tant qu’il lui restera favorable..

    ▪ Il se trouve de plus que l’euro a placé les nations prises dans le piège de l’endettement dans une situation d’extrême vulnérabilité : en les paralysant politiquement, en les mettant à la merci des marchés financiers et des investisseurs et clients étrangers, il est un puissant accélérateur de la mondialisation, dont il n’est un secret pour personne que les bénéficiaires disposent d’une influence considérable.

    Il est aussi en soi un très puissant instrument d’asservissement politique et économique. Serait il concevable, dans la situation actuelle, que la France et les pays dits du « GIPSI » (de leurs initiales en anglais : Grèce, Italie, Portugal, Espagne, Irlande) fassent preuve d’indocilité vis à vis de l’UE, ou aient des positions internationales opposées à celles des Etats Unis ?

    L’acharnement actuel à maintenir l’euro en place, voire à étendre son champ d’application malgré le caractère structurel de sa crise (depuis 2008 sont entrés dans l’euro en 2009 la Slovaquie, en 2011, l’Estonie et, pas plus tard qu’en janvier 2014, la Lettonie, alors même d’ailleurs que sa population y était défavorable) est donc extrêmement inquiétant.

    5- L’absurde « Pacte budgétaire européen »

    Voir pour plus de détails, et pour des données chiffrées le dossier associé, chap.C

    ▪ Officiellement appelé « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance », il a été signé le 2 mars 2012, en tant que solution à la crise de la dette dans la zone euro.

    Sa principale disposition est l’institution de contraintes juridiques, assorties de sanctions, imposant à chaque état de limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB (ce qui est le critère de Maastrich correspondant).

    ▪ L’absurdité de ce pacte est évidente : aurait-il été mis en place en même temps que l’euro, il n’aurait en rien permis d’éviter la situation actuelle.

    En 2007 le déficit budgétaire de la France était de 2,7 % du PIB, la dépense publique en % du PIB était stabilisée depuis une dizaine d’années, et le montant de sa dette stabilisé depuis plusieurs années à un peu plus de 60 % du PIB.

    Quant aux pays « du GIPSI » ils s’activaient avec détermination à réduire leur endettement, qui n’avait cessé globalement de décroître de 1999 à 2007. Celui de la Grèce était certes à un niveau élevé, mais il était stabilisé. L’Espagne et l’Irlande étaient même en excédent budgétaire.

    C’est la crise qui a fait exploser les dettes et les déficits budgétaires, et en aucune façon un quelconque laxisme.

    Dans le cas de la France cette explosion est directement liée au fait que 200 000 emplois industriels ont été perdus en France en 2010 (contre « seulement » entre 50 000 et 100 000 par an les années précédentes) : du fait de l’effet de ciseau qui en est résulté, par diminution des recettes et augmentation des dépenses sociales et de soutien de l’activité. Ce n’est pas une quelconque explosion du « train de vie de l’état », ou le fait que le système de protection sociale serait brusquement devenu plus protecteur.

    Si l’analyse montre que chacun des pays précités est un cas particulier (voir par exemple, en ce qui concerne les pays du GIPSI, Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008 « Sortez nous de cette crise…MAINTENANT), ils ont toutefois tous un point commun , en sus du fait que, ligotés par l’euro comme ils l’étaient, ils se sont trouvés dans l’impossibilité de réagir au choc de la crise des subprimes : au bout d’une dizaine d’années leur compétitivité s’était considérablement dégradée, non seulement vis à vis de l’extérieur de la zone euro, du fait d’un euro trop fort, mais aussi au sein de la zone euro, du fait de différentiels d’inflation qui n’ont pu être compensés par l’ajustement de la valeur de leur monnaie.

    L’Allemagne a en outre aggravé la situation en transférant une partie des charges patronales sur la TVA, ce qu’elle n’aurait pas fait si elle avait gardé le mark : une réévaluation de ce dernier aurait pu annuler la diminution du coût du travail qui en serait résulté.

    Le résultat en est, au bout de dix ans, un considérable avantage compétitif de l’Allemagne, qui est le grand bénéficiaire de cette situation et qui, au sein de la zone euro, a littéralement laminé la France et les pays méditerranéens.

    ▪ On peut certes déplorer que la France n’ait pas été aussi « vertueuse » que l’Allemagne, considérer qu’elle a bien mérité ce qui lui arrive, et se féliciter que l’on cherche à lui imposer de suivre enfin son exemple.

    C’est d’ailleurs très exactement aujourd’hui la position « de droite ».

    Le problème est malheureusement infiniment plus complexe que cela (voir sur ce point  dossier associé, chap. B, §4)

    Observons simplement que ce n’est pas d’aujourd’hui que le taux d’inflation de la France est supérieur à celui de l’Allemagne : cela date de la fin de la dernière guerre mondiale.

    Observons aussi que cela n’a pas empêché la France, tant qu’elle était restée maîtresse de la valeur de sa monnaie, et pouvait donc dévaluer de temps en temps, d’avoir une croissance économique au moins égale à celle de l’Allemagne. Pendant les « trente glorieuses » sa croissance – ainsi d’ailleurs que celle de l’Italie- a même été nettement supérieure.

    Il faut donc bien admettre, bien que cela heurte bien des dogmatismes, qu’il n’y a aucune raison de considérer qu’elle était plus mal gérée que l’Allemagne.

    En ce qui concerne plus précisément l’inflation, qui a toujours été régulièrement supérieure en France, il faut bien admettre qu’il existe un taux d’inflation optimum, qu’il n’est pas le même pour toutes les nations, et qu’il dépend de facteurs structurels (la démographie étant l’un d’entre eux)

    Au vu de l’expérience, c’est donc une erreur fondamentale de considérer que des nations profondément différentes doivent avoir le même taux d’inflation.

    ▪ Pour résoudre le problème présent des dettes publiques, qui n’est que l’une des conséquences du problème structurel de la zone euro, il n’y a que 2 démarches cohérentes

         - que chaque nation reprenne sa souveraineté monétaire. Le problème structurel ayant disparu, chaque nation retrouve des marges de manœuvre rendant enfin possible la solution du problème de la dette actuelle (avec évidemment plus ou moins de facilité : cela dépend du montant de la dette). Observons simplement qu’à peu près tous les pays ont été touchés par la crise financière de 2008, et certains même nettement plus que la France : tel est le cas notamment de la Grande Bretagne. Certes, six ans après, les conséquences de cette crise sont souvent loin d’être effacées, mais il n’y a que dans la zone euro que les dettes publiques demeurent un problème politique et économique existentiel. Et que dire de la minuscule Islande, totalement isolée politiquement et économiquement – mais aussi totalement libre – qui s’est retrouvée du fait de l’imprudence de ses banquiers avec une dette se montant à plus de 7 fois son PIB, et qui, elle, est aujourd’hui tirée d’affaire ?

         - à l’opposé, le basculement dans le fédéralisme complet, avec donc une intégration budgétaire totale, et donc une mutualisation des dettes passées et à venir. On se trouve alors dans la situation tout à fait banale d’un Etat nation qui, en cas de coup dur, fait ce qu’il faut pour sortir d’affaire ou maintenir à niveau ses provinces en difficulté.

    Notons que l’on ne peut se limiter à une simple intégration budgétaire : si on réfléchit tant soit peu, pour que ce soit viable, il faut aussi qu’il y ait une police commune, une justice commune, une administration fiscale commune, etc…On en arrive ainsi à tous les attributs d’un Etat nation fédéral

    Est il nécessaire d’insister sur le fait que, non seulement on en est institutionnellement très loin, non seulement les transferts financiers qui en que cela impliquerait seraient tout à fait considérables, mais que, à horizon visible, les peuples n’en voudraient absolument pas ?

    ▪ Est il donc nécessaire d’insister sur l’incohérence fondamentale d’un pacte budgétaire qui, certes, se place sur un plan fédéral en ce que les états de la zone euro, comme les provinces d’une nation, sont dépourvus de toute liberté d’action monétaire, mais qui considère que, en cas de choc asymétrique touchant certaines provinces, la solution consiste à leur imposer de maintenir malgré tout leur budget à l’équilibre ?

    On chercherait bien sûr en vain la présentation d’un scénario de sortie de crise axé sur le respect de ce pacte.

    Tous les économistes de renom et tous les prix Nobel d’économie qui se sont exprimés sur une telle démarche (il n’y a pas que Paul Krugman !) ont évidemment fait preuve d’une extrême sévérité. Mais est-il réellement nécessaire d’être prix Nobel pour aboutir à cette conclusion ?

    ▪ Ce pacte est par contre parfaitement cohérent si l’on considère que son seul objectif est le maintien de l’euro, quelles qu’en soient par ailleurs les conséquences pour les états concernés : c’est en effet la seule démarche qui demeure à partir du moment où toute intégration budgétaire – c’est-à-dire en fait toute véritable union politique – est exclue.

    Il est en outre taillé sur mesure pour l’Allemagne, puisqu’il lui permet de continuer à profiter de l’euro sans l’impliquer dans une assistance financière aux pays en difficulté.

    ▪ Il a été ratifié par la France le 12 octobre 2012 , la quasi-totalité des députés et sénateurs UMP et PS ayant voté pour à l’Assemblée et au Sénat.

    A suivre.

    Antraigues, 6/05/2014

    http://www.polemia.com/sortir-de-leuroet-le-plus-vite-possible-12/

  • Le Grand rabbin de France par intérim au coeur d’un scandale financier

    Faut-il qu’il ait exagéré pour se faire épingler ? Car dans ces sphères de chefs, qu’ils soient politiques, religieux ou d’entreprises, les renvois d’ascenseurs, les menus « services »  ou autres (rien n’étant gratuit), trafics d’influence, etc.,  sont monnaie courante. A moins qu’il n’y ait d’autres raisons cachées, émaillées peut-être de luttes internes… En tout cas, le Grand Rabbin de Paris ne tombe pas comme ça sans qu’il y ait de raisons puissantes derrière.

    Michel Gugenheim, qui est aussi Grand rabbin de Paris, est accusé d’avoir cautionné un chantage au divorce. 90 000 euros et un faux témoignage au civil ont été exigés à une femme en échange de « sa liberté ». 

    Moeurs et . Deux ingrédients au coeur d’une affaire qui éclabousse le service des divorces du Consistoire de Paris, ce lieu où s’organise le culte juif.

    Le 18 mars dernier, une femme de 28 ans se présente à son audience devant le tribunal rabbinique (le « beth din »). Cela fait cinq ans qu’elle est en attente de son « guet », ce document qui stipule qu’elle est désormais divorcée aux yeux de la religion et qu’elle peut donc se remarier. Dans la stricte tradition juive, seul le mari peut le délivrer. Un procédé unilatéral qui donne parfois, en cas de conflits, des délais incroyablement longs. Comme c’est le cas de cette jeune femme alors même qu’elle n’a été mariée que huit mois. « C’est une personne très pieuse, qui a beaucoup de foi », décrit son frère, joint par L’Express.

    Repères

    Selon Avenir du judaïsme, 200 à 300 femmes en France pourraient être en attente de leur « guet », ce document qui les autorise à divorcer religieusement. Mais il n’existe pas de statistiques officielles. A en croire l’association, certaines attendent toute une vie. Avec parfois des conséquences terribles: les enfants nés d’une mère « agouna » (littéralement, « enchaînée », sans « guet ») ne peuvent pas non plus se marier religieusement.

    Trois rabbins du service des divorces sont présents à l’audience, ainsi que Michel Gugenheim, qui cumule les hautes fonctions de Grand rabbin de Paris et de Grand rabbin de France par intérim. 30 000 euros en espèces sont exigés par le mari en échange du divorce. « C’est le prix de sa liberté », approuve Michel Gungenheim, en réponse aux protestations de l’épouse. Il lui demande également de revenir sur ses témoignages dans la procédure de divorce au civil, comme le veut le mari. Autrement dit de mentir et de retirer ses plaintes, déposées au cours des cinq dernières années.

    Une audience filmée en cachette

    Le frère de l’épouse propose alors de faire un chèque. « Comment retirer en 24 heures une telle somme en cash? », justifie-t-il auprès de L’Express. C’est à ce moment là qu’intervient un rabbin, Betsalel Levy, qui l’exhorte à faire un chèque d’un montant de… 90 000 euros sous forme de don aux oeuvres Sinaï, une institution d’obédience Loubavitch – un courant juif qui incarne une ligne orthodoxe – et qui gère des crèches et des centres aérés à Paris. Et pour cause, Yossef Itshak Pevzner, directeur des institutions Sinaï et proche du mari, est également présent à l’audience. Or, tout don à des oeuvres d’utilité publique, ce qui est le cas de son institution, ouvre droit à une réduction d’impôt à 66% des sommes versées.

    « Chacun pourra toucher sa part », argue Betsalel Lévy. Faut-il comprendre que cette somme doit être reversée en toute  au mari? « Certainement », selon le frère de la victime. Ni réaction, ni indignation du côté des autres rabbins et de Michel Gugenheim.

    La famille, qui possède cette somme, signe le chèque. Mais ce qu’ignorent les rabbins, c’est que par précaution, les proches de la jeune femme ont filmé la cérémonie et ont déposé, le matin même, une main courante au commissariat du 19e arrondissement de Paris. Après avoir reçu le « guet », la famille exige qu’on lui restitue le chèque, menaçant de déposer  pour « extorsion de fonds », preuves et images à l’appui.

    Une mentalité « rétrograde et misogyne »

    L’histoire aurait dû s’arrêter là: la famille, très pratiquante, souhaite que toute l’affaire ne s’ébruite pas hors des frontières de la . Mais c’était sans compter sur les réseaux sociaux et les sites , qui s’indignent et relayent les faits. « Ma soeur est encore très choquée. Ca a été très douloureux pour elle. Nous ne voulons pas que cette affaire serve à attiser l’ et les clichés sur les juifs et l’argent », prévient le frère de l’épouse.

    Le think-tank progressiste Avenir du judaïsme, qui a visionné le film, a été l’un des premiers sites à lancer l’alerte. « Depuis des années, nous entendons parler de ce genre de cas », confie un de ses membres. « Je ne pense pas qu’il y a enrichissement personnel du Consistoire. C’est une situation dramatique, où le tribunal répercute les exigences du mari. C’est le fruit d’une vision conservatrice incarnée par le Grand rabbin de Paris et le tribunal rabbinique de Paris ». « En termes juridiques, on appelle ça de l’escroquerie en bande organisée. C’est contraire à la religion et à la justice française », s’indigne un proche de la victime, qui lui aussi a visionné le film. « Un guet doit être donné sans contreparties. »

    Pour le frère de la victime, ces 90 000 euros n’auraient pas servi à enrichir le tribunal rabbinique. Il impute plutôt ce scandale à une mentalité « rétrograde et misogyne » des religieux mais refuse de jetter le discrédit sur l’ensemble du Consistoire.

    « Un stratagème » pour Michel Gugenheim

    Reste que l’affaire met en cause le Grand rabbin de France par intérim. Interrogé par L’Express, Michel Gugenheim se retranche d’abord derrière son « droit de réserve ». Avant de confier: « La seule erreur que j’ai commise, c’est de n’avoir pas vu l’attitude outrancière et provocatrice de la famille. C’est un stratagème pour déstabiliser le beth din de Paris. » Selon le religieux, le couple s’était mis d’accord à l’amiable sur les contreparties financières avant l’audience et il n’a fait que le constater. « J’ai été étonné par l’accord certes mais à l’audience, elle a accepté. Que pouvais-je dire si tout le monde est d’accord? Il n’y a eu ni pression ni racket! »

    Le frère de la victime dément toute machination. « Michel Gugenheim a cautionné. Il a pris fait et cause pour cette extorsion de fonds! » Le scandale pourrait encore prendre une tournure judiciaire: la famille se réserve le droit de porter plainte contre l’ex-mari et les rabbins mis en cause. L’image du Consistoire pourrait alors s’en trouver ternie. Car si Michel Gugenheim assure l’intérim, avec Olivier Kaufmann, du Grand rabbin de France, c’est parce que son prédécesseur, , a démissionné après un scandale de plagiat et de mensonges.

    Source : www.lexpress.fr

     

     

    Source Article from http://reseauinternational.net/le-grand-rabbin-de-france-par-interim-au-coeur-dun-scandale-financier/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=le-grand-rabbin-de-france-par-interim-au-coeur-dun-scandale-financier

  • Piketty : « Le capitalisme se mord la queue »

    Un nouvel économiste crée aujourd’hui la polémique et il n’est pas de droite. Début avril, à la conférence de l’Institute of New Economic Thinking, à Toronto, l’ouvrage de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, a été mentionné au moins une fois à chacune des séances auxquelles j’ai assisté. Il faut remonter aux années 1970, avec Milton Friedman, pour trouver un économiste ayant suscité un tel débat.

    Comme Friedman, Piketty est un homme de son temps. Si durant les années 1970, les inquiétudes portaient sur l’inflation, aujourd’hui elles sont liées à l’émergence de ploutocrates et à leur impact sur l’économie et la société.

    Piketty est convaincu que le niveau actuel des inégalités de richesse, qui est vouée à augmenter, compromet l’avenir du capitalisme. Et il le démontre. Cette thèse étonnante est très mal accueillie par ceux qui considèrent que le capitalisme et les inégalités sont interdépendants.

    Selon cette idée, soutenue par le centre droit, le capitalisme a besoin des inégalités de richesse pour stimuler la prise de risques et les initiatives.
    C’est pourquoi David Cameron et George Osborne plaident pour une diminution des droits de succession et se flattent du faible niveau d’imposition des plus-values et des sociétés, un système favorable aux entreprises.

    Des « superpatrons », royalement rémunérés

    Piketty déploie deux siècles de données pour prouver qu’ils ont tort. Le capital, dit-il, est aveugle. Quand son rendement – par l’investissement dans des secteurs allant de l’immobilier à la construction automobile – dépasse la croissance réelle des salaires et de la production, comme il l’a toujours fait, à l’exception de quelques périodes comme les années 1910-1950, le stock de capitaux augmente beaucoup plus rapidement que l’ensemble de la production. Et les inégalités de richesse explosent.

    Ce processus est exacerbé par les héritages et, aux États-Unis et au Royaume-Uni, par l’augmentation du nombre de « superpatrons », royalement rémunérés. Les inégalités de richesse en Europe et aux États-Unis ont déjà atteint les niveaux d’avant la Première Guerre mondiale et s’orientent vers ceux de la fin du XIXe siècle, quand la chance de pouvoir compter sur un héritage jouait un rôle crucial dans la vie économique et sociale.

    Les dépenses excessives et les terribles tensions sociales qui ont marqué l’Angleterre édouardienne [1901-1910], la France de la Belle Époque et les États-Unis des magnats de l’industrie semblent à jamais derrière nous, mais Piketty montre que la période comprise entre 1910 et 1950, durant laquelle ces inégalités ont été réduites, était anormale.

    Il a fallu une guerre et une récession pour mettre un coup d’arrêt à la dynamique des inégalités et pour mettre en place des impôts élevés sur les hauts revenus, en particulier ceux du capital, pour préserver la paix sociale. Aujourd’hui, le processus inéluctable de multiplication du capital aveugle au bénéfice de quelques privilégiés est à nouveau à l’œuvre, et qui plus est à une échelle mondiale.

    L’explosion des investissements immobiliers

    Il n’existe pratiquement pas de nouveaux entrepreneurs, hormis une ou deux start-up de la Silicon Valley, qui puissent gagner suffisamment d’argent pour concurrencer les concentrations de richesses incroyablement puissantes qui existent déjà. En ce sens, on peut dire que « le passé dévore l’avenir ».

    Le fait que le duc de Westminster et le comte de Cadogan soient deux des hommes les plus riches de Grande-Bretagne est révélateur. Ce phénomène s’explique par les terrains que leurs familles possèdent depuis des siècles à Mayfair et à Chelsea et par les réticences à éliminer les possibilités d’évasion fiscale qui permettent à ces familles de faire prospérer leur patrimoine.

    Aujourd’hui, on est davantage encouragé à devenir rentier qu’à prendre des risques. Il suffit de voir l’explosion des investissements immobiliers. Nos sociétés et nos riches n’ont pas besoin de soutenir des innovations audacieuses ni même d’investir dans la production.

    D’autres forces se conjuguent contre le capitalisme. Piketty note que les riches savent très bien protéger leurs richesses de l’impôt et que la proportion du fardeau fiscal supporté par les ménages à revenus moyens a progressivement augmenté.

    En Grande-Bretagne, 1 % des ménages les plus riches paient effectivement un tiers de la totalité de l’impôt sur les revenus, mais ce dernier ne représente que 25 % des revenus du Trésor public : 45 % viennent de la TVA, de droits d’accises et de diverses contributions sociales payées par l’ensemble de la population.

    Les sociétés s’efforcent de se protéger

    De ce fait, la charge de dépenses publiques comme l’éducation, la santé et le logement incombe de plus en plus aux contribuables moyens, qui n’ont pas les ressources financières nécessaires pour les payer. Et c’est ainsi que les inégalités de richesse deviennent un facteur de dégradation des services publics et des conditions de travail.

    L’enseignement que l’on peut tirer du passé est que les sociétés s’efforcent de se protéger en fermant leurs frontières ou en menant des révolutions, voire des guerres.

    Les solutions – un taux d’imposition sur les revenus allant jusqu’à 80 %, des droits de succession réels, un impôt sur la propriété adéquat et une taxe mondiale sur les richesses – sont actuellement inconcevables. Mais comme l’écrit Piketty, la tâche des économistes est de les rendre plus concevables. Et c’est ce que fait Le Capital au XXIe siècle.

    Courrier International

    http://www.europe-identite.com/index.php/Actualite/A-lire/-Le-capitalisme-se-mord-la-queue.html?mosmsg=Merci+d%60avoir+vot%E9.+Pour+voir+les+r%E9sultats%2C+cliquez+sur+le+bouton+R%E9sultats

  • Le torchon brûle entre la Bulgarie et la Commission sur South Stream

    Ex: http://www.euractiv.fr

    Le ministre bulgare de l'Énergie compte maintenir la construction du gazoduc South Stream, malgré les mises en gare de Bruxelles sur ses incompatibilités avec la législation européenne.

    Le projet South Stream ne sera pas arrêté, a affirmé le ministre bulgare de l'Énergie, Dragomir Sotynev à l'issue d'une entrevue avec le commissaire européen Günther Oettinger. 

    À la suite de la crise ukrainienne, le Parlement a décidé de susprendre l'autorisation du projet de gazoduc paneuropéen. Selon les eurodéputés, l'UE doit s'approvisionner auprès d'autres fournisseurs que la Russie.

    Mais le ministre bulgare, un économiste proche de Sergueï Stanichev, chef du parti socialiste bulgare, a assuré que le chantier allait commencer en juin, comme prévu, repoussant ainsi les demandes du Parlement européen de suspendre la construction.

    Il a par ailleurs accusé l'opposition de centre-droit d'avoir apporté de fausses informations à la Commission européenne sur le projet afin de faire capoter sa mise en oeuvre. 

    Le ministre bulgare a déclaré que la première station terrestre du South Stream serait construite à deux kilomètres de la côte de la mer Noire, et non à vingt kilomètres comme l'a affirmé l'opposition aux services de la Commission. Ce qui fait une « énorme différence », a-t-il indiqué.

    Dragomir Stoynev a expliqué que les directives européennes sur la libéralisation du marché de l'énergie ne sont applicables qu'aux tronçons terrestres et non à ceux situés en mer. Il a certifié que Sofia informera, le cas échéant, la Commission sur les amendements apportés à une loi nationale controversée sur South Stream, avant qu'elle ne soit définitivement adoptée.

    En effet, le 4 avril, le Parlement bulgare a adopté en première lecture des amendements à loi sur la politique énergétique qualifiant South Stream d'un interconnecteur et non de gazoduc. Grâce à cette modification, le projet porté par Gazprom échapperait au champ d'application du troisième paquet énergie.

    Autre problème de taille, plusieurs pays européens - l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie et la Slovénie - avaient conclu des accords bilatéraux avec la Russie dans le cadre de la construction du gazoduc. Mais le 4 décembre dernier, la Commission européenne a affirmé que ces accords enfreignaient la législation européenne et devaient être renégociés dans leur intégralité.

    Gazoduc maritime ou pas ?

    Les explications du ministre Bulgare ne semblent pas avoir apaisé les craintes de la Commission au sujet de l'impact de la loi énergétique en cours de discussion. Selon le texte législatif, le projet South Stream serait « un gazoduc maritime » qui ne serait donc pas couvert par les directives européennes. 

    Mais pour la Commission, la loi européenne s'applique aux infrastructures qui tombent sous la juridiction européenne, a insité Sabine Berger, porte-parole du commissaire à l’énergie. Et les eaux territoriales bulgares en font partie, ainsi que les zones économiques exclusives du pays.

    « La longueur du tronçon terrestre du « gazoduc maritime » n'est pas pertinente dans le cadre de l'évaluation de la Commission de l'amendement proposé [par le Parlement bulgare] au regard de sa compatibilité avec les modalités de la directive sur le gaz », a-t-elle clairement expliqué. L'argument du ministre bulgare sur le lieu de construction par rapport à la côte serait donc irrecevable.

    Selon la porte-parole, la Commission s’inquiète également de l'accord intergouvernemental de la Bulgarie signé avec la Russie dans le cadre du projet. L’exécutif européen le considère non conforme à la législation européenne, comme ce fut le cas pour tous les autres accords intergouvernementaux signés par les autres États membres engagés dans South Stream.

    Les griefs de la Commission

    EurActiv a consulté la lettre envoyée par la Commission aux autorités bulgares, datée du 14 août 2013, qui apporte une analyse détaillée de l'accord conclu entre la Bulgarie et la Russie. Le document de six pages adressé à la vice-ministre de l'Énergie bulgare, Evgenia Haritonova, n'a jamais été rendu public, malgré les pressions exercées par certains députés bulgares.

    Cet accord enfreint non seulement les règles relatives au marché européen de l'énergie qui interdisent aux producteurs d'énergie d'être aussi à la tête d'un réseau de transmission, selon le principe de découplage. Cet élément est un point litigieux récurrent dans les sept accords intergouvermentaux conclus avec la Russie. Outre ces griefs, la lettre isole d’autres infractions :

    • La Bulgarie s'est engagée à assurer un régime fiscal privilégié à Gazprom, ce qui, selon la Commission, n'est pas conforme aux règles sur les aides d'État de l'UE ;
    • L'accord intergouvernemental stipule, selon les cas, que la sous-traitance s’applique aux entreprises grecques et bulgares ou que la préférence est donnée aux entreprises des deux parties signataires (la Bulgarie et la Russie), ce qui enfreint là encore aux règles de concurrence européenne ;
    • L'accord intergouvernemental énonce que les tarifs d'exploitation du gazoduc seront fixés par la société établie, ce qui entre, selon la loi européenne, en contradiction avec l'existence même des organes de surveillance nationaux chargés d’approuver les tarifs de transmission.

    La porte-parole de la Commission européenne a mis en garde la Bulgarie et a assuré que si les conditions de construction ou d'exploitation du gazoduc n'étaient pas conformes à la législation européenne, alors la Commission se réservait le droit de faire en sorte que la Bulgarie applique la législation européenne.

    Liens externes: 

    Press articles:

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : "Южен поток" няма да бъде спрян, обяви Стойнев след разговор с Йотингер

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : Вигенин пред ИТАР-ТАСС: България ще направи всичко, зависещо от нея, за да бъде реализиран "Южен поток"

    Dnevnik, partenaire d'EurActiv en Bulgarie : Според Вигенин евродепутатите са реагирали емоционално с призива да се спре "Южен поток"

    Georgi Gotev | EurActiv.com - traduction de l'anglais

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/05/05/le-torchon-brule-entre-la-bulgarie-et-la-commission-sur-sout-5362460.html

  • Maastricht : l’héritage désastreux de François Mitterrand.

    Un cliché entretenu parla gauche et même au delà est que F. Mitterrand était un fin politique. Il faut reconnaître que pour se faire élire, réélire et durer, il a été un roublard hors pair.

    En revanche sa vision géopolitique sur l’Europe a été catastrophique. Il a pensé, ceci étant lié à une peur sénile de l’Allemagne que la construction européenne et l’euro allaient asphyxier l’identité allemande et sa capacité d’agir selon ses propres intérêts. On a connu en France durant cette période un véritable délire européiste avec des slogans du genre : 

    « L’Europe levier d’Archimède de la France »

    « L’Europe : la France en plus grand ! »

    « L’Europe : un démultiplicateur de puissance »

    Les slogans franco français ridicules font sourire à présent puisqu’ils peuvent s’appliquer maintenant de façon quasi absolue à l’Allemagne. Les industries françaises et italiennes ont été laminées par l’euro.

    L’Allemagne a utilisé la construction européenne et sa monnaie unique l’euro pour dominer et diriger l’Europe. La France quant à elle n’est devenue qu’un membre parmi vingt-huit.

    D’ailleurs, l’Allemagne tout en dominant l’Europe a une stratégie mondiale pour son économie qui fait fi de l’Europe.

    On a aussi beaucoup argumenté sur la paix en Europe qu’aurait créée l’Union européenne. Or l’Union européenne a pratiqué une politique impérialiste en voulant ajouter des pays de l’Est les uns après les autres. Son impérialisme vis à vis de l’Ukraine a même déclenché un début de guerre civile en piétinant les intérêts de la Russie et les désirs des habitants pro-Russes de ce pays.

    On peut aussi constater que les rêveries de certains hommes politiques sur l’Europe continuent. Leurs arguments relèvent de la méthode Coué. Lorsqu’on implore comme des danses pour faire pleuvoir qu’il faut faire baisser l’euro, l’Allemagne torpille immédiatement ce projet comme de toute initiative les dérangeant. Dans le concert des nations de l’Union européenne, Paris supplie, Berlin ordonne.

    Patrice Gros-Suaudeau

  • Escroquerie : La pêche à la carte bancaire

    C’est une nouvelle forme de vol à domicile qui passe directement par votre ordinateur. Ça commence par un mail que vous croyez envoyé par votre banque : « Veuillez entrer votre numéro de compte ou de carte bancaire. » Et hop, vous voilà délestés de 3.000 euros. Vous venez d’être victime de « phishing », hameçonnage en français.

    Les escrocs utilisent aussi le nom des services publics qui vous sont familiers comme EDF ou les allocations familiales… En France, chaque année, on compte 120.000 victimes de cette escroquerie.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Libéralisme, croissance, mariage gay, les trois faces d’une même pièce (mais si, ça existe, une pièce à trois faces…) par FIKMONSKOV

    Je suis toujours effaré de voir mes camarades de lutte contre le mariage gay, la G.P.A. et la « théorie du genre » ne jurer que par le libéralisme. J’ai l’impression de voir des gens qui crient – à raison – au feu tout en déversant de l’essence par camions-citerne entier.

    Le libéralisme est une théorie certes plaisante, voire convaincante, mais elle ne l’est que dans un contexte donné : celui d’une communauté de personnes à faible étendue. Un pays, par exemple, mais idéalement à échelle encore plus réduite, tout simplement parce que cette théorie a été établie à une époque où l’homme vivait dans un monde immense, trop grand pour lui, et où les échanges ne pouvaient donc globalement se faire qu’à des distances réduites. Le pétrole a fait sauter ce mur de la distance; on va plus rapidement aujourd’hui de Paris à Tokyo qu’on allait il y a un siècle de Paris à Marseille.

    Ça change tout : alors que le mécanisme de régulation naturelle sur lequel repose le libéralisme fonctionnait dans un espace uni, où la concurrence pouvait jouer pour maintenir des prix raisonnables, et où les prix ne pouvaient pas monter en laissant les salaires trop à la traîne, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Ceux qui achètent ne sont pas ceux qui produisent, et on peut donc payer une misère ceux qui produisent tout en vendant le produit une fortune, parce que les producteurs et les acheteurs n’ont pas le même référentiel. La régulation naturelle ne marche plus.

    On m’objectera qu’il y a toujours eu des échanges internationaux, et que ça s’appelait le commerce. Certes, mais la différence est que dans le commerce, les deux parties y gagnent : le vendeur écoule sa marchandise, s’enrichit et fait travailler ces proches; l’acheteur acquiert un produit qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Le régulateur naturel dans ce cas est celui de l’espace-temps, qui fait augmenter la valeur du produit. Si ce produit est trop cher, l’acheteur fera mieux de le produire lui-même, s’il le peut. Et s’il ne peut pas, il n’achètera plus, et le vendeur aura intérêt à baisser le prix, mais pas trop pour que lui et ses proches continuent à y gagner dans l’échange. Aujourd’hui, les échanges internationaux ne sont plus gagnant/gagnant, ils sont perdant/gagnant-puissance-dix/perdant. L’acheteur paie au prix fort ce pour quoi le producteur a été payé au prix faible, et c’est l’intermédiaire qui se remplit les poches.

    Précisons également que ces libéraux ont raison de faire remarquer que la France n’est pas un pays libéral : c’est vrai. Mais ils oublient justement que cette notion de pays, au niveau économique, ne veut plus rien dire. L’économie est mondiale, et à ce niveau-là le libéralisme est bien en place. Les rares instances de régulation mondiales sont bien faibles et complètement dépassées.

    Enfin, ils semblent ne pas voir une dernière chose, qui me semble pourtant fondamentale : dans un monde sans morale, le libéralisme ne peut que mener au libertarisme. Quand plus rien ne vient poser de limites et de cadre, la seule règle qui reste est celle de l’offre et de la demande. L’infidélité existe, pourquoi ne pas en faire un business ? L’homosexualité existe, pourquoi ne pas faire de business autour ? Les couples homosexuels ont aussi envie d’avoir des enfants, pourquoi ne pas leur donner la possibilité d’en avoir contre rémunération ?

    Ce cadre moral est d’autant plus difficile à trouver à l’échelle du monde que les repères peuvent changer selon les civilisations. À une époque où globalement on échangeait entre gens d’une même culture et d’une même religion, les cadres étaient les mêmes pour tout le monde et les dérives soit étaient évitées, soient mourraient vite sous l’opprobre publique. Aujourd’hui, un habitant d’un pays résolument féministe pourra très bien aller vendre des pierres pour lapider les femmes dans un pays où ça se fait encore, en les faisant fabriquer dans un pays où on n’est pas tellement regardant sur ce genre de choses. L’exemple est exagéré, évidemment, mais le mécanisme n’en est pas moins vrai.

    Bref, le libéralisme contient en lui-même ses propres dérives, que ses penseurs n’ont peut-être pas anticipées mais qui n’en restent pas moins inévitables, surtout dans le contexte actuel, qui n’a plus rien à voir avec celui que ces théoriciens avaient sous les yeux.

    ***

    J’évoque également la croissance dans mon titre, pour une raison très simple : elle est un dogme absolu pour ces mêmes camarades de lutte. Pour leur défense, je précise qu’elle l’est pour absolument tout le monde, de François Fillon (j’en parlais ici en octobre 2012 [cf. http://fikmonskov.wordpress.com/2012/10/15/lettre-ouverte-a-monsieur-francois-fillon-candidat-a-la-presidence-de-lump/]) à Arnaud Montebourg (qui a déclaré qu’il sera « un militant de la croissance » pas plus tard que ce matin [cf. http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/04/03/97002-20140403FILWWW00155-montebourg-des-militants-de-la-croissance.php]) en passant par Marine le Pen en 2013 [cf. http://www.marinelepen.fr/2013/04/01-de-croissance-en-2013-reaction-de-marine-le-pen/]. Bref, tout le monde ne parle que de croissance, qui serait absolument la seule solution pour nous sortir de là. Tout le monde sauf Mélenchon [cf. http://www.reporterre.net/spip.php?article2779].

    En clair, aujourd’hui, dans le petit cercle des opposants au gouvernement, si tu n’es pas complètement acquis au libéralisme et que tu ne rêves pas toutes les nuits d’un retour de la croissance, tu as intérêt à continuer à faire rouler la discussion sur le thème « Hollande démission Valls aux chiottes franchement la gauche c’est des salauds ». (Heureusement – ou peut-être pas -, ce n’est pas trop compliqué…)

    ***

    Eh bien j’affirme aujourd’hui que c’est complètement contradictoire de lutter contre le mariage gay, la G.P.A. et le genre tout en ne jurant que par le libéralisme et en invoquant la croissance comme le Peau-Rouge invoque le grand Nanabozo.

    — Nous combattons le mariage gay, la G.P.A. et le genre au nom du réel. Nous croyons que les choses ont une essence, contre laquelle on ne peut pas aller. Un couple homosexuel ne sera jamais le point de départ d’une famille, et n’a donc aucune raison de voir son amour reconnu par la société; une enfant n’est pas un dû mais un don, et un don à la valeur inestimable, on ne peut donc pas le produire sur commande et le vendre; le sexe de la personne le défini bien plus que n’importe quoi d’autre, et les deux sexes sont différents, on ne peut donc faire comme si être un garçon ou une fille ne changeait rien au fond.

    Et dans le même temps, on promeut une vision du monde en refusant de voir ce que son application produit dans le réel. On continue à s’agripper à des théorie formulées à une époque révolue en feignant d’ignorer qu’un changement aussi absolu de contexte ne peut que remettre en cause le réalisme de cette théorie. On refuse de constater que ce qu’on défend et promeut conduit invariablement à ces choses qu’on combat par ailleurs.

    — Nous combattons le mariage gay, la G.P.A. et le genre parce qu’ils forgent – autant qu’ils en découlent – une vision de l’homme libéré de toutes ses limites, celles que nous avons exposées juste ci-dessus : un homme n’est pas et ne sera jamais une femme, un couple homosexuel n’aura jamais d’enfants. Et dans le même temps, nous pleurons parce que le réel nous rappelle soudainement que le monde est limité, que la richesse est limitée, que l’énergie est limitée. Le dogme de la croissance, c’est justement cette idée que rien n’est limité, qu’on pourra chaque année avoir un peu plus que l’année précédente. On aurait même voulu que « la croissance ne diminue pas », c’est-à-dire qu’on croyait à une croissance exponentielle. Or, par définition, une exponentielle tend vers l’infini.

    On voudrait tendre vers l’infini, avoir chaque jour plus que la veille, et dans le même temps on gueule parce que les homosexuels eux aussi voudraient abolir leurs limites, ou parce que Najat et Peillon veulent abolir les limites de nos enfants, limites dont la plus évidente est celle-ci : je suis né garçon, je ne serai jamais fille, et inversement.

    ***

    Je le dis donc clairement, officiellement, solennellement : je suis anti-libéral et décroissant. Et ce n’est pas en dépit de mon engagement pour la famille, engagement parait-il « bourgeois » et « de droite », mais bien en raison de cet engagement. C’est cet engagement qui m’a amené à cette conclusion.

    Je précise que d’autres ont fait le cheminement inverse : partis de la décroissance et de l’anti-libéralisme, donc de « la gauche » et de « la révolution », ils ont fini par combattre contre le mariage gay, la G.P.A. et le genre. C’est le cas par exemple de Patrice de Plunkett [cf. http://plunkett.hautetfort.com/] ou de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal La Décroissance, qui a publié il y a peu ce bouquin [Décroissance ou décadence, Le pas de côté, 2014, 192 p., 12 €], que je ne saurais trop vous conseiller d’acheter (c’est possible en cliquant ici [cf. http://www.lepasdecote.fr/?p=767])

    Fikmonskov

    • D’abord mis en ligne sur Le blogue de Fikmonskov, le 3 avril 2014.

    http://www.europemaxima.com/?p=3746

  • Le cordon sanitaire du libéralisme par Tomislav SUNIC

    Ceci est une version abrégée du discours donné à Los Angeles le 6 juillet 2013 par le Dr. Sunic devant des membres de l’American Freedom Party. Le docteur Tomislav (ou Tom) Sunic est un ancien professeur de sciences politiques, ainsi qu’un ancien diplomate. Il est également membre du conseil  de l’American Freedom Party. Il est l’auteur de nombreux livres dont Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (2007, version française en 2010 aux Éditions Akribeia). La traduction a été réalisée par la Fédération des Québécois de souche. La rédaction d’Europe Maxima rectifie quelques petites erreurs factuelles de l’intervenant qui ne nuisent pas à la globalité du texte de l’ami Sunic.

    ***

    À première vue, il semble que de lancer un parti nationaliste ou même de droite sociale en Europe est relativement facile, du moins plus qu’aux États-Unis où le bipartisme est la règle d’or. Mais il y a souvent des pièges électoraux et juridiques en Europe, sans mentionner le puissant impact de l’idéologie de la rectitude politique qui empêche les partis nationalistes européens d’avancer dans le système politique. Contrairement aux États-Unis, les vingt-huit nations membres de l’Union européenne ont un bon nombre de partis nationalistes, plusieurs d’entre eux ont même des élus au niveau national, local ou européen, mais le nombre de leurs élus est presque négligeable et leurs voix ne se font pas entendre.

    L’avantage du processus électoral européen est le système de représentation proportionnelle, commun à tous les pays membres de l’Union européenne. En pratique, cela signifie que peu importe s’il est gros ou petit, le parti se voit assigner des sièges au parlement, conseil municipal au niveau local en fonction du pourcentage obtenu lors du vote. Donc, si un parti obtient 5 %, 10 % ou 30 % des votes, en théorie il se verra attribuer 5 %, 10 % ou 30 % des sièges d’un parlement national ou d’un conseil municipal.

    Ça semble bien, mais la réalité est différente. Ainsi, le Front national en France a une solide base électorale représentant environ 15 % des citoyens français. Curieusement, il n’a que deux élus à l’Assemblée nationale et deux membres au Parlement européen [N.D.L.R.E.M. : en fait, ils sont trois], un gigantesque organe législatif de style soviétique situé à Strasbourg et qui compte plus de 750 chaises des plus confortables. Les choses vont encore mieux en Autriche pour le F.P.Ö. (Parti de la Liberté), qui a plus de trente députés au Parlement local. Même chose pour le Vlaams Belang en Belgique, qui reçoit l’appui d’environ 10 % et 30 % des électeurs belges et flamands respectivement. Même chose en Grèce avec le parti Aube dorée qui récolte plus de 7 % des voix et qui compte dix-huit élus à l’Assemblée grecque, en plus d’un élu au Parlement européen [N.D.L.R.E.M. : l’intervenant confond Aube dorée qui n’a aucun élu au Parlement européen de la mandature 2009 - 2014 et les deux députés européens du L.A.O.S. (Alerte populaire orthodoxe) qui n’existe presque plus]. Le meilleur résultat va au parti hongrois Jobbik, qui reçoit entre 20 % et 30 % des votes hongrois et qui détient plus de quarante sièges au Parlement hongrois.

    À l’exception des bons résultats de Jobbik en Hongrie et d’Aube dorée en Grèce, ainsi qu’une popularité locale, tous les partis nationalistes d’Europe attirent constamment de l’attention négative et sont toujours menacés d’interdiction. De plus, les chances pour la formation d’un gouvernement nationaliste en Europe sont pour le moment quasiment nulles.

    Le cordon sanitaire imposé aux partis nationalistes

    La représentation proportionnelle a ses inconvénients. Il est souvent inévitable, pendant les élections parlementaires ou présidentielles, que deux tours soient requis pour pouvoir déclarer un vainqueur. Presque aucun des partis, peu importe son idéologie, ne peut obtenir une majorité absolue, ce qui signifie 51 % des voix au premier tour. C’est certainement vrai pour les petits partis nationalistes qui sont peu populaires dans les sondages et qui sont plutôt contents s’ils peuvent obtenir le fameux 5 % de vote qui leur permet d’entrer au Parlement. À l’opposé, d’insignifiants partis à la gauche de l’échiquier politique, qui n’auraient aucune possibilité électorale si laissés à eux-mêmes, sont souvent à la remorque des partis de gauche libérale lors des élections. S’ils réussissent à se faire élire, ils font une entente avec leur maître électoral. Donc, un petit parti de gauche, même s’il n’a qu’un pour cent des intentions de vote, peut s’assurer d’un siège ministériel avec le nouveau gouvernement de coalition s’il est libéral ou social-démocrate. On se renvoie l’ascenseur. Les gouvernements de coalition sont communs en Europe et, règle générale, sont un étrange mélange de partis conservateurs ou socialistes, où tout le monde tente de s’assurer d’une belle visibilité au sein du système.

    Cette façon de se mettre à la remorque d’un gros parti est totalement interdite aux petits partis de droite européens. Les partis conservateurs ne forment jamais de coalition avec les partis nationalistes. En terme d’idéologies, tout comme avec les républicains et les démocrates, les partis conservateurs européens deviennent de plus en plus des copies conformes de leur supposés adversaires idéologiques qu’ils s’appellent « sociaux-démocrates », « libéraux » ou « chrétiens démocrates ». Situation semblable aux « républicrates » américains.

    Ce processus de « neutralisation » de la politique qui est présentement en cours en Europe fut prédit par le théoricien Carl Schmitt il y a près d’un siècle. Ce processus vise particulièrement à réduire la visibilité des partis nationalistes d’Europe, même lorsqu’ils réussissent à s’introduire au Parlement. C’est ce qu’on appelle le « cordon sanitaire », une pratique introduite par les grands partis il y a de cela bien longtemps. La seule exception récente à cette règle fut le gouvernement de coalition formé par les conservateurs chrétiens du Parti populaire en Autriche qui, en 2000, même s’il n’avait pas atteint une majorité absolue, avait décidé de former une coalition avec le parti nationaliste de Jörg Haider, chef du Parti de la Liberté. Il y eut immédiatement un cri de protestation émanant du reste de l’Europe. Israël exigea le boycott de l’Autriche et menaça de retirer son ambassadeur. L’Autriche dût subir un embargo commercial durant quelques années.

    L’interdiction de former une coalition avec les partis nationalistes est une loi non-écrite qui date de 1945. Par exemple, le parti nationaliste flamand de droite Vlaams Belang a un électorat très important. Mais, étant catalogué comme « parti raciste », les autres partis conservateurs belges et flamands sont morts de peur à l’idée de former une coalition avec celui-ci. Donc, pour gagner en respectabilité et pour obtenir une pointe de la tarte budgétaire, il y a dix ans, le Vlaams Belang changea sa plate-forme, son langage et même son nom. C’est une erreur majeure que plusieurs partis, organisations, activistes et intellectuels nationalistes européens et américains font lorsqu’ils croient que s’ils modèrent leur discours, écrivent quelques avertissements antifascistes ou disent quelque chose de gentil sur Israël, ils s’éviteront les quolibets de « fascistes », « racistes » et « antisémites ». Cette technique ne les a pas aidés jusqu’à présent.

    La démocratie libérale : un mélange de fraude et de corruption

    Le problème avec le système de représentation proportionnelle est qu’il engendre d’innombrables sectes politiques et crée un climat de clientélisme, de corruption, de népotisme et de copinage. Il y a une telle myriade de petits partis en Europe que les citoyens sont dissuadés d’aller aux urnes, car ils ne savent plus qui choisir. Pourquoi voteraient-ils pour un petit parti nationaliste qui va perdre de toute façon ? C’est le fondement de la démocratie parlementaire si encensée. Ce « meilleur des mondes possibles », cette soi-disant « démocratie parlementaire », permet à des douzaines de partis politiques de se battre dans l’arène. Mais c’est le système le plus approprié pour briser la volonté du peuple et un sens de cohésion ethnique.

    Au cours de la dernière décennie, plusieurs partis nationalistes (principalement les partis les plus gros et les plus « modérés » comme le Vlaams Belang en Belgique, le Parti de la Liberté en Autriche et le Front national en France) ont changé leur discours, sont devenus plus dociles, plus philosémites et ont souvent abandonné leur plate-forme initiale pour obtenir leur part du gâteau.

    En France, la politique de refuser de former une coalition avec le Front national a mené à une exclusion quasi-totale de ses représentants de l’Assemblée nationale. Juste avant les élections de mai 2012, Marine Le Pen, chef du Front national, était en troisième place dans les sondages, mais restait derrière les deux autres gros compétiteurs, le candidat socialiste François Hollande et le président « conservateur » Nicolas Sarkozy. Au second tour des présidentielles, où Hollande affrontait Sarkozy, plusieurs conservateurs, des électeurs de la haute bourgeoisie déconnectée votèrent pour Hollande, lui assurant un mandat présidentiel clair. Plusieurs électeurs du Front national ne se rendirent pas aux urnes au second tour, car il n’y avait plus de candidat nationaliste dans l’arène.

    C’est la même chose pour le B.N.P. britannique. Le B.N.P. a été exclu de toutes les ententes de coalition. Lorsque deux candidats du B.N.P. furent élus au Parlement européen lors de l’élection de 2009, le gouvernement britannique annonça qu’il leur couperait les fonds.

    Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Il y a trois sous-ensembles de partis nationalistes. Ils ne se distinguent pas beaucoup au niveau de leur idéologie, mais plutôt au niveau des tactiques et méthodes et de l’égo. On peut observer ce phénomène en Italie en 2001, avec l’opportuniste Gianfranco Fini, le futur ministre des Affaires étrangères du gouvernement conservateur de Silvio Berlusconi. Jusqu’au milieu des années 90, Fini était un membre important du M.S.I., parti fasciste italien. Néanmoins, dix ans plus tard, dans sa nouvelle carrière politiquement correcte et après être devenu un homme du système, il n’hésita pas à se coiffer de la symbolique kippa lors de son rituel d’initiation à Yad Vashem.

    Gardons en tête que les partis nationalistes, même lorsqu’ils sont représentés dans les institutions européennes, n’ont pas le même programme. Certains sont plus enclins au compromis, d’autres non. En fait, très souvent ils sont à couteaux tirés, comme c’est le cas entre les nationalistes d’Europe de l’Est. Le récent conflit tragique entre les nationalistes serbes et croates parle de lui-même.

    En général, les partis nationalistes en Europe peuvent être divisés en trois groupes ou catégories, chacun étant plus ou moins lié avec les autres groupes, mais plus souvent qu’autrement en guerre d’égos avec d’autres personnalités des autres sous-groupes. Nous avons ainsi :

    — Les « modérés » : l’Alliance européenne pour la liberté (le F.P.O. en Autriche, le F.N. en France et le Vlaams Belang en Belgique);

    — Les moins « modérés » : l’Alliance européenne des mouvements nationaux (le Jobbik, le B.N.P.);

    — Les plutôt « radical » : le Front national européen (Parti national-démocrate d’Allemagne, Aube dorée grecque, la Nouvelle Droite roumaine et Renaissance national de la Pologne). De ce bloc nationaliste « radical », le seul parti à avoir obtenu des sièges au Parlement national est Aube dorée, ce qui cause de nombreux maux de tête aux scribes et politiciens du système en Europe et en Amérique.

    Les nationalistes américains ont un avantage considérable sur les nationalistes européens : ils ne sont pas divisés par des querelles de clochers, par des guerres antérieures et de la victimisation conflictuelle. De plus, les Blancs américains constituent encore un arsenal potentiel d’électeurs de deux cents millions, qu’ils se considèrent être des Blancs « implicites » ou « explicites ». Avec la chute prochaine du système, plusieurs devront assurément devenir des Blancs très explicites s’ils veulent rester ce qu’ils sont d’un point de vue culturel et identitaire.

    Tomislav Sunic

    • D’abord mis en ligne sur le site Fédération des Québécois de souche, le 20 février 2014.

    http://www.europemaxima.com/?p=3654