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économie et finance - Page 655

  • La croissance d’abord ? « C’est la plus forte des croyances économiques. »

    La croissance, l’économiste Jean Gadrey, hier « productiviste », ne l’attend plus. Il lui a dit « adieu », même. Et d’après lui, c’est tant mieux.

    Fakir : Je voudrais commencer par une déclaration de François Hollande, c’était au G8 : « J’avais, au nom de la France, l’objectif de mettre la croissance au cœur des débats et de faire que cette dimension de croissance puisse trouver toute sa place dans toutes les réunions. Le président Obama a voulu que la croissance soit évoquée comme une manière de donner confiance aux opinions publiques, et aussi aux marchés. Mais je dois dire que dans le G8, cette volonté de croissance, même si chacun des participants pouvait y mettre ses propres mots, a été partagée. Voilà pourquoi je considère que ce G8 a été utile, fructueux, et permet d’envoyer un double message, un message de confiance et un message de croissance. Il n’y aura pas de croissance sans confiance. Il n’y aura pas de confiance sans croissance. »

    En moins d’une minute, François Hollande prononce huit fois le mot croissance et quatre fois le mot confiance. Là, on est un peu dans l’incantation, l’invocation d’une puissance céleste.

    JG : C’est comme si l’on pratiquait le vaudou pour que la croissance revienne. Mais elle ne reviendra pas.

    Surtout, c’est se tromper sur la crise en cours, sur ses causes. Cette crise est apparue aux États-Unis, puis elle a traversé l’Atlantique, après une période de belle croissance. C’est, d’une certaine façon, une crise de croissance.

    Fakir : Avec cet appel à la croissance, c’est comme si on voulait signer un retour en arrière, simplement à avant la chute de Lehman Brothers. Et pourtant, en 2007 déjà, pendant la présidentielle, on avait Ségolène Royal qui prononçait soixante-dix fois le mot croissance. Elle lançait : « La croissance repartira de l’avant et la France se relèvera. » Alleluia ! Et à peine Nicolas Sarkozy élu, il nous promettait d’aller chercher un point de croissance supplémentaire…

    JG : Avec les dents !

    Fakir : … alors qu’à l’époque, en 2006, en 2007, on avait déjà 2 % de croissance. C’était pas nul. C’est comme si, pour avoir du progrès social, il fallait atteindre et attendre des taux de croissance chinois, de 4, 5, 6 % !

    JG : C’est ça. Nous vivons sur cette image du gâteau, le Produit intérieur brut (PIB), qui doit grossir. Et si ce gâteau ne grossit pas, on ne pourra pas en donner aux plus pauvres, même des miettes… C’est une image excessivement trompeuse.

    D’abord, à qui ont profité les dix années, 1997-2007, de croissance aux USA ? Ça s’est accompagné d’une stagnation, voire d’une régression, pour 90 % des ménages. Une très belle croissance, donc, mais qui ne profitait qu’aux 10 % et surtout aux 1 % les plus riches. Les parts étaient de plus en plus inégales.

    Et surtout, le gâteau qui grossit sans cesse, il est de plus en plus bourré de substances toxiques, d’actifs toxiques. Il est de plus en plus empoisonné. Partager un gâteau empoisonné, qui ça fait vraiment saliver ? Voilà ce que nous cachent les discours enflammés de Hollande, d’Obama et du G8 prônant le « retour à la croissance ».

    Jamais ils ne s’interrogent : n’y a-t-il pas contradiction entre la poursuite dans la voie du « toujours plus » et le règlement des grandes questions, du climat, de la biodiversité, ou de la pauvreté dans le monde ?

    Fakir : On est comme coincés, en ce moment. La droite a tellement entonné le refrain de l’austérité que, par un mouvement de balancier, on prie pour la croissance…

    JG : Mais vous pouvez avoir les deux, et vous l’aurez sans doute : la croissance privée dans l’austérité publique. Le sacrifice des biens communs par rapport aux biens privés. Des restrictions de budgets pour la santé, l’éducation, les retraites, bref, ce qui nous apparaît le plus précieux, et des encouragements à consommer des téléphones 4G. Ou à construire des autoroutes.

    La branche des économistes

    JG : La croissance est la plus forte des croyances économiques, elle traverse presque tous les courants de pensée politiques. Et tous les courants de la pensée économique… Même les copains. Prenez les économistes atterrés. J’ai signé leur manifeste parce que, contre les dogmes libéraux, ils cognent bien. Mais ils sont keynésiens, ils misent sur la croissance… Y compris certains qui disent : « Si on m’enlève la croissance, je ne peux plus rien faire. » Ils se sentent désarmés. Pourtant, il y a deux Keynes. Il y a le Keynes qui dit, en gros, « dans une situation de crise, de chômage, il faut relancer l’économie. » Et puis, il y a le Keynes qui écrit Les Perspectives économiques pour mes petits-enfants. Il estimait que, deux générations après la sienne, les hommes seraient environ huit fois plus riches qu’à son époque et qu’avec cette abondance matérielle, je vous le cite, c’est formidable, « il sera temps pour l’humanité d’apprendre comment consacrer son énergie à des buts autres qu’économiques… L’amour de l’argent comme objet de possession, qu’il faut distinguer de l’amour de l’argent comme moyen de se procurer les plaisirs et les réalités de la vie, sera reconnu pour ce qu’il est : un état morbide plutôt répugnant, l’une de ces inclinations à demi-criminelles et à demi-pathologiques dont on confie le soin en frissonnant aux spécialistes des maladies mentales ! » Mais les keynésiens d’aujourd’hui oublient ce Keynes-là. Je me souviens d’avoir débattu de ça avec Jean-Paul Fitoussi, il y a deux ans. Je lui ai dit : « Mais tu es bien keynésien, Jean-Paul ? Keynes, il a écrit ça… – Oui mais, Keynes, il s’est juste trompé d’un siècle. Dans un siècle on pourra raisonner comme ça. » Évidemment, le Fitoussi de dans un siècle, il dira que c’est valable pour le siècle suivant et d’ici-là, l’humanité aura connu quelques problèmes…

    Fakir : C’est comme s’il y avait un Keynes technicien…

    JG : Voilà, un technicien de court terme, contre un Keynes philosophe… Les économistes de gauche ne retiennent que le premier. Et pour eux, quand c’est la crise, c’est pas le moment de remettre en cause la croissance. Et quand ça va, eh bien, c’est pas le moment non plus ! De toute façon, c’est jamais le moment… Quand je discute avec ces collègues, je leur demande : « Mais, est-ce que vous connaissez un modèle qui permet de diviser les émissions de gaz à effet de serre par cinq d’ici 2050 et de quand même maintenir 2 % de croissance par an ? » Non, mais ils vous parlent des « technologies », qui vont permettre de tout résoudre comme par magie. Je ne leur dis pas comme ça mais, au fond, ils pensent comme Claude Allègre… Un converti contre la croissance

    Fakir : Mais vous aussi, vous êtes économiste. Comment vous en êtes venu, alors, à remettre en cause la croissance ?

    JG : J’ai eu ma période marxiste dur, productiviste, au Parti communiste, la totale. Et puis, dans les années 80, j’ai commencé à me poser des questions sur les indicateurs de productivité, mais pas du tout à partir de questions d’environnement. Je travaillais sur les services, j’étais un spécialiste des services, et pendant des années je me suis dit : « La productivité a un certain sens dans l’industrie, mais quand on l’applique à la santé, à l’éducation, ça signifie quoi ? C’est quoi la productivité d’un toubib, d’une aide à domicile ? Qu’elles s’occupent des personnes âgées en dix minutes au lieu d’une demi-heure ? ça veut dire qu’on laisse complètement de côté les questions de qualité ? » Ç’a été mon premier doute, intellectuellement. Et puis, j’ai viré ma cuti dans les années 2000, via les dommages écologiques.

    C’est la voie qu’empruntent la plupart des gens : la crise environnementale finit par les toucher, les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le climat, ou l’agriculture… Dans mes recherches, j’ai alors découvert l’indicateur d’empreinte écologique, fondé par des chercheurs écolos. La même année où Chirac a expliqué, au sommet de la Terre, que si tout le monde consommait comme les Français, il faudrait trois planètes. Voilà : il arrive que même des économistes soient touchés par la grâce. Mais ça sera vraiment la dernière profession à changer – puisque, estiment-ils, ils sont assis sur cette branche, la croissance.

    Une histoire du dogme

    Fakir : Est-ce qu’on pourrait faire un historique de comment la croissance s’est installée dans les têtes ?

    JG : Oui, en effet, car c’est une invention…

    Fakir : Première question : quand est-ce que naît la croissance, en tant que réalité économique ?

    JG : En gros, les niveaux de vie moyens dans le monde n’ont presque pas bougé entre l’an 0 et le XVIIe siècle. Le premier pays, d’après les historiens, ayant connu un peu de croissance aurait été les Pays-Bas au XVIIe. C’est la division du travail, à partir du XVIIIe siècle, qu’Adam Smith étudie dans la manufacture des têtes d’épingles, qui va engendrer des gains de productivité, faire exploser les quantités produites. C’est dans cette période, entre 1800 et 1850, que naît l’idée de croissance, à défaut du terme, puisqu’on parle d’« augmentation des quantités », ou de « rendement », de choses comme ça…

    Fakir : Ensuite, deuxième question : quand apparaît la mesure de cette croissance, avec des indicateurs comme le PIB ?

    JG : Ça date du XXe siècle. C’est une invention récente. Les premières mesures de la croissance, non pas dans un domaine, « l’automobile » ou encore « le blé », mais nationales, les premières mesures, ce sont les années 1930 aux États-Unis.

    Et en France, c’est au tournant des années 1950 que la comptabilité nationale s’installe définitivement. Avec un grand consensus entre des catholiques, des gaullistes, des communistes, pour la reconstruction, avec la conviction que, si la France a vécu la débâcle en 1940, c’est qu’elle ne produisait pas assez. L’obsession de ces gens-là, c’est : « La France a perdu la guerre, parce qu’elle n’avait pas les capacités productives. » Mais quand les innovateurs, dans l’après- guerre, allaient présenter ça au ministère, auprès de l’élite de la finance publique, on les prenait pour des rigolos. Il a fallu des années, l’appui de Mendès-France, le rôle de L’Express, pour que cette innovation prenne. On s’inspire alors en partie des méthodes soviétiques, en privilégiant la production matérielle par rapport aux services. Il a fallu trente ans, en 1976, pour que la santé, l’éducation, soient intégrées dans le PIB.

    Fakir : Enfin, quand est-ce que la mesure de cette croissance devient la mesure du progrès ?

    JG : Un fétiche ?

    Fakir : Voilà.

    JG : Il faut le noter, aux États-Unis, en URSS, comme en France, c’est dans une situation de crise ou de guerre, de reconstruction, que les questions de croissance prennent le plus d’importance politique et symbolique.

    On a parlé d’une alliance de la CGT et des polytechniciens. Déjà parce qu’il y avait la reconstruction, l’idée d’une union sacrée, au-delà des divergences de classes. L’ambiance générale était « il faut produire, il faut produire ». C’était « la bataille du charbon », « du logement », et ce n’est pas moi qui vais les critiquer. Vraiment pas. La France est alors à genoux. D’après les historiens, 74 départements ont servi de champs de bataille. La production industrielle ne représente que 29 % du niveau de 1929 ! Après vient la période des Trente Glorieuses, pas si glorieuses à bien des égards. Mais qui a été célébrée, à droite comme à gauche, encore plus à gauche, comme un moment de « partage des fruits de la croissance ».

    Au fond, il y avait une sorte de deal : « D’accord, je continue à t’exploiter, tes conditions de travail ne sont pas terribles, il y a des ouvriers spécialisés, mais les gains de productivité vont être correctement répartis. »

    Fakir : C’est la base d’un consensus social.

    JG : Il y avait des combats, entre autres sur les salaires, mais en effet, c’était le fondement d’un compromis – qui portait sur « le pouvoir d’achat », « le niveau de vie ». Et ces catégories sont devenues des institutions. Quand on les remet en cause aujourd’hui, quand on dit « mais il n’y a pas que le pouvoir d’achat dans la vie. Par exemple, vous pourriez rendre les premiers litres d’eau gratuits, et proposer plus de gratuité pour les transports, pour l’énergie, ça améliorerait la justice sociale, la qualité de vie », les candidats ont l’impression que l’électorat les fuirait.

    La gauche sans la croissance ?

    Fakir : Même dans la gauche critique. Si on regarde le Front de gauche, la revendication mise en avant, c’est « le smic à 1 700 € ».

    JG : Je suis pour. Mais pas besoin de croissance pour ça. Or, il y a deux jours, Jacques Généreux, le « chief economist » du Front de Gauche, expliquait comment il comptait y parvenir. Je le cite : « Pour les petites entreprises, nous ferons en sorte qu’il n’y ait aucun choc en trésorerie, c’est-à-dire que pendant les années de transition nécessaires pour qu’on soit dans le nouveau régime de croissance, de gains de productivité, qui permettent de supporter normalement ce nouveau coût du travail, ça ne coûterait absolument rien à ces petites entreprises… » Ça, c’est préoccupant pour quelqu’un comme moi, parce que Jacques Généreux raisonne encore avec le schéma de pensée du « gâteau qui doit grossir ».

    Je trouve dommage que le Front de gauche ne reprenne pas, au fond, le vieil argument de l’économiste John Stuart Mill, dont je suis fan : « C’est seulement dans les pays retardés du monde que l’accroissement de la production est un objectif important : dans les plus avancés, ce dont on a besoin sur le plan économique est une meilleure répartition. » Et cela date de 1848 ! C’est le grand-père de l’écologie politique. Or, la hausse du salaire minimum, la retraite à 60 ans, on peut le faire sans croissance. Simplement en distribuant mieux. Le Smic brut à 1 700 euros, soit 21 % d’augmentation, c’est quinze milliards d’euros en plus à verser. Les bénéfices non-réinvestis des entreprises, essentiellement des dividendes, c’est cent milliards d’euros. Il y a une marge de manœuvre.

    Avec quelles forces sociales ?

    Fakir : Quel est votre modèle, alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?

    JG : Il faut arrêter la voie du « toujours plus ».

    Fakir : Soit, mais encore ?

    JG : On n’en sortira pas tout de suite : on ne peut pas opérer un tournant à angle droit dans un véhicule aussi lourd, avec une pareille inertie, qui roule aussi vite. On n’abandonne pas instantanément l’agriculture productiviste… On ne quitte pas en claquant des doigts le nucléaire… On ne rase pas des maisons qui sont des passoires à calories… mais on peut commencer tout de suite.

    Fakir : Un point aveugle de ce projet politique, il me semble, c’est le « avec qui ? » Quand on lit les ouvrages d’économistes écologiques, Tim Jackson, Lester Brown, on a l’impression qu’ils se prennent pour des Premiers ministres du monde. Donc, oui, s’ils régnaient, ils réduiraient le taux de fécondité dans les pays du Sud, ils renforceraient les aides au développement, etc. Mais ils ne se posent aucune question sur les forces sociales, ils ne proposent aucune analyse de classe.

    Or, l’écologie, ça a la cote dans la petite bourgeoisie intellectuelle – dont nous sommes. Mais ça apparaît souvent, pour les classes populaires, comme une contrainte supplémentaire, voire comme une menace sur les emplois ?

    JG : Oui. Peut-être parce que je suis un ancien syndicaliste, ou parce que ma femme est sociologue, ça compte, mais je suis préoccupé, à peu près en permanence, par la question des alliances.

    La première condition d’une conversion écologique, elle est sociale. Je vais prendre un exemple. Aujourd’hui, les dépenses d’énergie, c’est en moyenne de 15 % pour les 20 % de ménages les plus pauvres, contre 6 % pour les 20 % les plus riches. Donc, si la solution proposée, c’est d’augmenter le coût de l’essence, du gaz, de l’électricité, je le refuse – tout comme je me suis opposé à la taxe carbone : c’est encore un fardeau pour les foyers les plus modestes. Il faut d’abord une réforme fiscale d’ampleur, qui lisse les revenus. De même, pour les ouvriers, la sauvegarde de l’environnement est souvent synonyme de risque, de casse industrielle. Évidemment, il y a des secteurs qu’il va falloir abandonner, mais il faut imposer comme impératif, comme préalable, comme absolu, la protection de l’emploi, la sécurité sociale et professionnelle, des droits à la formation, des offres de reconversion – et pas à cent ou mille kilomètres de chez soi.

    Et je soulignerais ça : l’écologie, au contraire, c’est une chance d’en finir avec le chômage de masse. On peut, certes, et on doit le faire, diminuer le temps de travail. Mais surtout : la décroissance sélective créerait de l’emploi ! Car « produire plus propre et plus social », ça exige plus d’heures de travail. L’agriculture, par exemple, avec moins d’engrais, moins de pesticides, et des circuits courts, c’est un secteur qui recrutera. Tout comme le bâtiment, si on revoit l’isolation de tous les logements, etc.

    Fakir : C’est beau sur le papier. Mais sur le terrain, je me répète, avec quelles forces sociales vous le faites advenir ?

    JG : Près d’ici, dans le Nord, dans le bassin minier, il y a une petite commune qui s’appelle Loos-en-Gohelle, dirigée par un type qui s’appelle Jean-François Caron, un Vert. Il est petit-fils de mineur. C’est une ville sinistrée, avec un taux de chômage énorme, un environnement dégradé… Eh bien, ça fait vingt ans qu’il mène une politique écologique et sociale. Il est réélu avec des scores à faire pâlir d’envie les anciennes démocraties dites populaires. 80 %. Un Vert, dans le domaine des socialistes et du Front national… Pourquoi ? Parce que sa politique environnementale n’est pas perçue comme anti-sociale. À l’inverse, ses réformes apparaissent non seulement « acceptables » par les gens, mais désirables.

    Fakir : Qu’est-ce qu’il fait, par exemple ?

    JG : La réhabilitation thermique des logements. Et il commence par les foyers les plus modestes, pour qu’ils voient leurs factures d’électricité et d’eau diminuer, divisées par deux ou trois. Il donne la priorité aux logements sociaux. On fait ça, et si ça marche on voit si on a les moyens d’aller plus loin. Le « pouvoir d’achat » des gens augmente suite à des mesures écologiques !

    Fakir : Quoi d’autre ?

    JG : Ça fait quinze ans qu’il se bat pour récupérer du foncier périurbain, détenu par des agriculteurs productivistes, type FNSEA. Il vient, après un combat féroce, de récupérer des terres pour y installer des agriculteurs bios, maraîchers, Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), etc., avec l’idée de mettre du tarif social aussi. Le combat politique, je ne le vois pas seulement comme l’affirmation de grands principes souhaitables mais comme la généralisation, le soutien, à ce qui naît dans les interstices du vieux monde. Parce qu’il n’y a que comme ça qu’on fait craquer un vieux monde, déjà au bord de la ruine, mais qui l’ignore.

    Les grands projets

    Fakir : Tout à l’heure, en arrivant, vous évoquiez votre grand stade. Mais il n’y a pas qu’ici. Chez nous, dans la Somme, c’est la « ferme des mille vaches » – qui d’après son promoteur va « créer de l’emploi ». Et un projet qui concerne nos deux régions, c’est le canal Seine-Nord, dont le but est de faire passer des plus gros bateaux. Ailleurs, c’est le TGV Lyon-Turin, qui doit permettre d’aller plus vite entre la France et l’Italie, l’aéroport Notre-Dame-des-Landes pour accélérer le trafic aérien, etc. C’est comme si, dans le discours officiel, on avait changé des mots, « développement durable », etc., mais dans la pratique, la bétonneuse tourne comme avant…

    JG : Et pourtant, le cas de l’Espagne devrait nous inspirer. Parce que eux, ils ont foncé encore plus loin et plus vite que nous dans les grands projets inutiles, d’aéroports surdimensionnés, qui restent totalement vides.

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    LA CROISSANCE, KÉZAKO ?

    La croissance est la hausse du Produit intérieur brut. Le PIB additionne l’ensemble des biens et services produits contre rémunération. Engagement social et tâches domestiques ne sont donc pas, ou très peu, pris en compte.

    En 1968, favori pour les primaires démocrates aux États-Unis, Robert F. Kennedy, frère cadet de JFK, prononçait un discours iconoclaste peu avant son assassinat.

    « Notre PIB prend en compte… la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants…

    En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »

    Fakir

    http://fortune.fdesouche.com/336061-la-croissance-dabord-cest-la-plus-forte-des-croyances-economiques#more-336061

  • Economie : il faut s’intéresser surtout à la situation des classes moyennes

    Bruno Mégret est interrogé dans Paris Match. Extraits :

    "[...] Dire que la gestion des villes FN a été mauvaise, c’est de la désinformation pure. Si je prends l’exemple de Vitrolles, que je connais le mieux, nous avons réduit l’endettement de 130 millions à 100 millions d’euros en six ans. Dans le même temps, il n’y a pas eu d’augmentation d’impôts. La taxe sur les ordures ménagères a été réduite de 25% et le prix de l’eau de 10%. C’est ce que j’appelle une gestion triple A. Et tout cela en continuant à investir, sans subventions ni du conseil régional ni du conseil général. Quant à la délinquance, elle a baissé de 17% sur la durée du mandat. Une bonne gestion qui a d’ailleurs valu à mon épouse d’être réélue en 2001 ! Même si un recours a ensuite cassé l’élection.

    Le vote FN est-il aujourd’hui un vote d’adhésion, comme l’assurent ses dirigeants ?

    Il y a une adhésion aux thèses traditionnelles sur la question de la sécurité et de l’immigration, c’est clair. Au delà, je ne le pense pas. Sur la question de l’économie ou celle de l’Europe, le projet du FN manque de crédibilité.

    Vous pensez à la sortie de l’euro ? Ou à la retraite à 60 ans ?

    Personnellement, je ne suis pas pour la sortie de l’euro. Je considère que la devise européenne devrait être utilisée pour servir les économies de l’Union comme le dollar sert l’économie américaine.  Il faut faire baisser le cours de l’euro d‘au moins 30 % et obtenir que la Banque centrale européenne soutiennent financièrement les Etats, comme le font les autres banques centrales. Sur la retraite, je suis partisan d’aller au-delà des 62 ans, en instaurant par exemple un système de retraite par points, avec des départs à la carte dans une fourchette entre 60 et 70 ans.

    Marine Le Pen, elle, a développé un discours beaucoup plus étatiste et antilibéral…

    Le FN actuel, c’est le discours ancien de Jean-Marie Le Pen réorienté à gauche sur le plan économique. Moi je pense qu’il faut s’intéresser surtout à la situation des classes moyennes. La France, ce n’est pas seulement les classes défavorisées du nord de la France. C’est d’abord une majorité d’artisans, de chefs de petites entreprises, de cadres, de membres des professions libérales qui créent la richesse et qui sont systématiquement pénalisés.

    Selon vous, le FN peut-il encore progresser ? Ou est-il arrivé à un plafond ?

    Je pense que la configuration politique rend possible l’émergence d’une force alternative au système."

    Michel Janva

  • A l’heure de la réunion du FMI, la grogne monte contre Washington

    L’Amérique avait poussé à la refonte de l’institution pour la renforcer. Aujourd’hui, c’est le seul pays qui empêche sa mise en œuvre.

    À l’heure où s’ouvre ce vendredi à Washington et jusqu’à dimanche la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) qui célèbre ses 70 ans d’existence, les Américains vont-ils raser les murs de l’institution ?

    Car l’obstructionnisme des Etats-Unis suscite une grogne croissante. ­Depuis que le président américain, Barack Obama, a donné, lors du G20 de Séoul en 2010, son accord à une réforme du FMI, le ­Congrès fait de la résistance. Il bloque la refonte de l’institution, au grand dam de tous les pays qui l’ont déjà ratifiée.

    Le blocage est d’autant moins compréhensible que ce sont les Etats-Unis eux-mêmes qui ont fait pression pour inciter à réformer le Fonds monétaire. Aujourd’hui, les dirigeants du G20 et les banquiers centraux exhortent Washington à ratifier la réforme au plus vite afin de permettre au FMI de doubler ses ressources permanentes (à 767 milliards de dollars) et d’avoir une assise plus solide en cas de grave crise financière.

    Aux Etats-Unis, une centaine de décideurs et d’universitaires ont adressé une lettre au Congrès le sommant de donner le feu vert à la réforme : « Le refus de le faire, souligne la missive, diminuerait le rôle des Etats-Unis dans l’élaboration de politiques économiques au plan international et saperait [leurs] efforts visant à promouvoir la croissance et la stabilité financière. » La crédibilité de la première puissance de la planète est en jeu au sein du G20 et d’autres institutions.

    L’administration démocrate a bien tenté de lier l’approbation d’une loi d’aide pour l’Ukraine après le coup de force du Kremlin en Crimée à l’approbation de la réforme du FMI. Mais le refus obstiné des républicains du Capitole a eu raison de ces efforts, même s’il n’a pas empêché Washington de promettre 1 milliard de dollars de crédit à Kiev.

    Directrice gé­nérale du FMI, Christine Lagarde est furieuse. Face à la crise ukrainienne, le sénateur républicain Ted Cruz n’en a cure. Pour lui, il n’est pas possible d’accepter une réforme qui accroîtrait les droits de vote de la Russie de 2,5 à 2,8%.

    Le Grand Vieux Parti ne voit pas la nécessité d’adapter le Fonds monétaire international à la nouvelle donne mondiale et d’accorder davantage de poids (6% de quotes-parts en plus) à la Chine, à l’Inde, au Brésil et à d’autres pays émergents.

    Exemple de déséquilibre : deuxième économie mondiale, la Chine ne dispose que de 3,8% des droits de vote, contre 3,3% pour l’Italie. Avec la refonte, Pékin deviendrait le troisième plus grand contributeur du FMI derrière les Etats-Unis, qui disposent d’une minorité de blocage (17%), et le Japon. L’Europe occidentale perdrait du poids, devant renoncer à deux postes de directeur au sein du conseil d’administration de l’organisation.

    Le jeu des républicains, qui met une nouvelle fois en évidence les dérives politiciennes de Washington, risque de desservir les intérêts américains. Les Etats-Unis pourraient contribuer à faire perdre au Fonds monétaire sa légitimité en tant qu’institution financière internationale, voire à enterrer la réforme. Leur attitude risque de marginaliser le FMI et d’encourager Pékin à imaginer une alternative au Fonds monétaire pour venir en aide aux pays en difficulté.

    C’est d’autant plus étonnant que, par la refonte, Washington renforcerait son influence au sein de l’institution de Bretton Woods sans devoir grever davantage le budget fédéral. Elle augmenterait sa quote-part par le biais d’un transfert de 63 milliards de dollars à partir d’un prêt de 100 milliards déjà effectué.

    Le Temps

    http://fortune.fdesouche.com/336167-a-lheure-de-la-reunion-du-fmi-la-grogne-monte-contre-washington#more-336167

  • Union Européenne : Comment le lobby financier pèse sur Bruxelles

    120 millions d’euros : il s’agit du montant, en euros, dépensé chaque année par l’industrie financière en actions de lobbying à Bruxelles, auprès des institutions européennes.

    C’est ce que révèle le think tank européen Corporate Europe Observatory (CEO), mercredi 9 avril. Selon ce dernier, la finance emploie 1 700 lobbyistes dans la capitale belge, soit bien plus que tous les autres secteurs.

    Le rapport de CEO, intitulé « The Fire Power of the Financial Lobby », est publié à la veille des élections européennes et alors que nombre de régulations, comme celle visant à instaurer une taxe sur les transactions financières, sont encore en négociation à Bruxelles.

    Pour obtenir ces estimations, les experts de CEO ont passé au crible le « registre de transparence » instauré en 2008 sous la pression des eurodéputés, et où toutes les organisations exerçant du lobbying sont censées s’enregistrer.

    « Comme l’enregistrement est volontaire, le véritable nombre de lobbies est sans doute plus élevé », remarque le rapport.

    Les chercheurs ont également épluché des dizaines d’autres documents, comme les « Lobbying contact reports », ou « rapports des contacts avec les lobbies », des Conservateurs Britanniques.

    On y découvre que sur les six premiers mois de 2013, les 25 députés européens Conservateurs du Royaume-Uni ont rencontré 74 représentants de l’industrie financière ou assimilés.

    « Les régulations en cours, comme celle des produits dérivés, ont été discutées lors de ces réunions, explique le rapport. Parmi les organisations actives, JP Morgan, Citigroup et Goldman Sachs étaient également présentes ».

    Agenda européen sous influence

    Dans le « registre de transparence », CEO a identifié 208 organismes déclarant officiellement s’adonner à du lobbying relatif aux « services financiers », et 700 au total en ajoutant ceux non enregistrés. Ils exercent leur influence essentiellement auprès du Parlement européen et de la Commission européenne.

    « C’est le jeu démocratique : tout le monde fait cela », remarque un banquier parisien, soulignant que des associations œuvrant pour faire contrepoids à la finance, comme l’ONG Finance Watch, sont également présentes dans la capitale belge. C’est vrai, mais elles restent minoritaires, souligne toutefois le rapport.

    Ainsi, sur les 906 organisations consultées par Bruxelles pour réfléchir aux régulations à mettre en place après la crise, 55 % représentaient la finance, contre 12 % pour les autres secteurs et 13 % pour les ONG, syndicats et associations de consommateurs.

    De plus, sur les 700 lobbies recensés, 140 sont originaires du Royaume-Uni, ce qui en fait le pays le plus présent.

    « Il est évident qu’en déployant de tels moyens, ces organisations ont largement réussi à influencer l’agenda européen sur les réformes financières, conclut CEO. Nous estimons qu’il est dangereux qu’un secteur qui a provoqué autant de dégâts puisse avoir une telle influence sur les législations qui le concerne. »

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/336143-union-europeenne-comment-le-lobby-financier-pese-sur-bruxelles#more-336143

  • La fin du dollar, la Russie, la Chine et l’émergence de l’or

    « L’effondrement du dollar se fera en 2 phases : d`abord graduellement, puis soudainement. Cette formule, utilisée par Hemingway pour décrire une faillite, est une description fidèle des dynamiques d`un système complexe subit. De façon graduelle comme un flocon qui recouvre la couche de neige d`un flanc de montagne, tandis que la phase subite est l`avalanche qui finit par en découler. Le flocon de neige est un événement anodin qui ne porte pas à conséquence, pourtant l`avalanche est inévitable.

    Comme j`en ai déjà parlé, les voix qui critiquent l`hégémonie du dollar sont de plus en plus nombreuses. Il semblerait que de plus en plus de pays soient désireux de détrôner le dollar. La Chine, la Russie, l`Inde ainsi que le Japon ont tendance à augmenter les transactions qui sont faites dans leur propre devise afin de se passer du dollar. Cela marque clairement l`émergence d`un nouveau paradigme, d`autant plus important que 2/3 des dollars américains sont détenus à l`étranger.

    Une attaque financière contre les États-Unis pourrait détruire la confiance dans le dollar et dans les obligations américaines. Cela a été clairement confirmé par le conseiller présidentiel russe, Sergei Glazyev, lorsqu`il a mentionné les possibilités de représailles de la Russie si John Kerry mettait à exécution ses menaces de sanctions économiques. Son conseil serait de balancer tous les bons du trésor américain si l’Amérique venait à geler les avoirs russes (de l`État, des entreprises mais aussi des particuliers) sur son sol, de se débarrasser du dollar.

    Nous sommes certains que l`axe Pékin Moscou pourrait encore se renforcer. Les 2 pays ont pour objectif de n`utiliser que leur devise pour leurs échanges bilatéraux. Fin 2010, le renmibi (ou yuan) a fait son entrée sur la bourse des devises de Moscou (MICEX). Pour la première fois, la monnaie chinoise sortait de Chine ou de Hong Kong. Aujourd`hui, son internationalisation grandit de jour en jour.

    La Russie veut que le système financier international attache plus d`importance à l’or. Par exemple, Arkady Dvorkevich, l`ancien conseiller financier numéro 1 du Kremlin et actuellement premier ministre de réserve, a répété que la Russie soutiendrait l`inclusion de l`or dans un panier de devises pour créer une nouvelle monnaie globale. Les droits de tirages spéciaux du FMI sont censés servir de base cette nouvelle monnaie. Il a aussi déclaré qu`il serait logique pour le rouble, le yuan et l’or de jouer un plus grand rôle sur la scène internationale. De notre côté, nous estimons que les droits de tirages spéciaux ne pourraient pas être utilisés en pratique ; s`agissant de dérivés sur des produits dérivés, ils ne disposent pas du capital confiance nécessaire pour remplir ce rôle.

    Pour le moment, nous pouvons assister à de lents progrès de l’or dans sa remonétarisation (rôle en tant que monnaie). Nous pensons que les fondations à un retour d`une monnaie stable sont en train d`être établies.

    L’or, à l`opposé des monnaies fiduciaires, reste une excellente protection contre les pires scénarios. Les taux d`intérêt bas et les risques élevés fournissent un environnement parfait pour l`or. Nous sommes exactement dans une telle situation, et nous pensons qu`elle va durer. Vu les taux actuels, l`or est une alternative évidente au dépôt sur compte en banque et obligation d`État à court terme. Après une si longue période de taux d`intérêt plancher, nous ne voyons pas comment elle pourrait augmenter substantiellement sans provoquer l`effondrement du système. »

    Source : http://or-argent.eu/la-fin-du-dollar-la-russie-la-chine-lemergence-de-lor/#.U0oImaJWgr4

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFAZFypVuuzVuSIGBZ.shtml

  • Le socialiste Pascal Lamy prône la suppression du Smic

    Pascal Lamy, membre du Parti socialiste et proche de François Hollande, souhaite voir appliquer les recommandations de Goldman Sachs. – La semaine dernière, l’ancien commissaire européen Pascal Lamy déclarait : « Il faut, à ce niveau de chômage, aller davantage vers la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic. Un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot ».

    Pascal Lamy, ancien patron de l’Organisation mondiale du commerce et participant régulier à la conférence de Bilderberg est un ultra‑libéral totalement assumé. En 2009, en pleine crise financière, il n’avait pas hésité à réclamer une augmentation de 32 % de son salaire de directeur de l’OMC. Il est membre du Parti socialiste depuis 45 ans ainsi que du comité d’orientation scientifique de A gauche en Europe, club de réflexion fondé par Michel Rocard et Dominique Strauss‑Kahn.

    La déclaration de Pascal Lamy est à mettre en parallèle avec le rapport fourni par la banque Goldman Sachs à la commission européenne début 2013. Dans ses recommandations, la banque d’affaires prônait une baisse de 30 % des salaires des Français « pour une meilleure compétitivité face à leurs voisins européens », allemands entre autres.

    http://fr.novopress.info/162650/socialiste-pascal-lamy-prone-suppression-du-smic/

  • De grands économistes pour une sortie urgente du "piège mortel" de l'euro

    Deux économistes américains parmi les plus respectés, le "Prix Nobel" d'économie Paul Krugman et Dani Rodrik, ainsi que le chroniqueur du Financial Times Gideon Rachman, viennent de conclure différents articles souhaitant la fin rapide de l'euro : "l'élite européenne, de toute son arrogance, a bloqué le continent en un système monétaire qui a recréé la rigidité du modèle d'excellence, et - tout comme le modèle d'excellence des années 30 - celui-ci s'est transformé en piège mortel (...) l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain." écrit Krugman dans un jugement sans appel.

    Revenir au franc devient urgent

    L'article de Krugman est traduit en français par la RTBF.

    Un passage incomplet : "Des décombres de la guerre, les Européens ont construit un système de paix et de démocratie, et ce faisant, ont bâti des sociétés qui, bien qu'imparfaites - quelle société ne l'est pas ? - sont probablement les plus décentes de l'histoire de l'humanité.

    Pourtant, cette réussite est menacée parce que l'élite européenne, de toute son arrogance, a bloqué le continent en un système monétaire qui a recréé la rigidité du modèle d'excellence, et - tout comme le modèle d'excellence des années 30 - celui-ci s'est transformé en piège mortel."

    C'est incomplet parce que, en un mouvement suicidaire incompréhensible, ce ne sont pas que les élites qui soutiennent l'euro : Mélenchon s'y accroche en expliquant que cela facilitera un RMI européen, Chevènement vante des plans A, B et C risibles dans une union monétaire à 17, Marine le Pen continue d'enfumer les populations avec son "plan concerté " pour sortir de l'euro...

    Les opppositions censément populistes sont finalement très respectueuses des élites.

    Krugman conclut pourtant ainsi son papier sur le "système euro" : "vu comme le système se comporte, l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain."

    Dani Rodrik est professeur d'économie à Harvard et vient de publier un article sur son blog expliquant la différence entre Grèce et Californie en cas de failite. En Californie l'état de Californie peut faire faillite, les californiens sont soutenus individuellement par l'état fédéral. En Grèce l'état va à la faillite mais aucun transfert de l'Union européenne ne bénéficie aux grecs en tant qu'individus, pour compenser leurs pertes de revenus. Ils vont donc êtredans une situation encore moins facile après le plan "d'aide" européen.

    Rodrik conclut son papier en jugeant peu probable un sursaut d'intégration politique européen tel que des transferts d'un budget européen, qui n'existe pas, à des individus, puisse être mis en place. Il termine donc ainsi : "le mieux pour la zone euro serait que son éclatement soit le plus possible anticipé et préparé" (the more orderly and premeditated the coming break-up of the Eurozone, the better it will be).

    Ca s'appelle revenir au franc. Ca n'est pas du populisme, c'est une nécessité, si l'on veut éviter de glisser entièrement dans une spirale déflationniste.

    Après Rodrik et Krugman, un troisième avis clair demandant qu'on en finisse avec l'euro. Gideon Rachman est chroniqueur pour le Financial Times. Son papier est titré "sauver l'euro n'est pas un objectif ". 

    Idées :

    Défendre l'euro est devenu un objectif en soi, à tort (The euro is not an end in itself.)

    L'idée d'une monnaie unique pour tous n'est pas viable, et il est vain de chercher des causes ailleurs que dans l'euro lui-même. (After roughly a decade we are discovering that a single currency area, uniting different countries with different levels of economic development – and very different political cultures – is inherently flawed.)

    Dire par ailleurs que le fédéralisme permettra de surmonter la crise est un leurre. Construire un état fédéral prendra des décennies alors même que les réactions à la crise montrent que la volonté fédérale n'existe pas ('"On the political side, the long-term fix to the euro’s malaise is said to be a fiscal union, a true political federation. But this is a solution that will take decades to implement, for a crisis that is escalating by the week. The final destination is, in any case, inherently implausible, given the lack of pan-European solidarity revealed by the current mess.") 

    Conclusion : "au lieu d'affirmer que l'éclatement de l'euro est impensable, les responsables européens feraient mieux de commencer à le préparer." (Rather than insisting that the break-up of the euro is unthinkable, Europe’s leaders need to start planning for it.)

    Source : http://www.observatoiredeleurope.com/De-grands-economistes-pour-une-sortie-urgente-du-piege-mortel-de-l-euro_a1655.html

    Edgar

    http://www.lalettrevolee.net/

    Mardi 8 Novembre 2011

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFAZFpZuZZvIsIYgRM.shtml

  • La dette des pays riches reste à des niveaux “historiques”

     

    La dette des pays riches montre des signes de stabilisation mais se maintient à des “niveaux historiquement hauts” nécessitant de réduire les dépenses publiques, a affirmé mercredi le Fonds monétaire international (FMI).

    Dans les économies développées, les récentes mesures politiques ont généralement permis de stabiliser les ratios de dette mais les perspectives à moyen terme restent incertaines et la dette se maintient à des niveaux historiques“, souligne l’institution dans son rapport semestriel de surveillance budgétaire.

    En moyenne, la dette publique des pays riches devrait, comme en 2013, atteindre cette année 107,1% de leur produit intérieur brut avant de décliner très légèrement de 0,2 point en 2015, selon les prévisions du Fonds.

    En comparaison, celle des pays émergents devrait atteindre seulement 33,7% de leur PIB cette année.

    Avec un ratio de dette/PIB de 243,5% prévu en 2014, le Japon devrait encore figurer en tête du peloton des pays développés les plus endettés, suivis par la Grèce (174,7%), sous assistance financière depuis 2010, et l’Italie (134,5%).

    Selon le FMI, ce poids pourrait encore s’alourdir en cas de déflation (baisse prolongée des prix à la consommation) qui aurait des “effets nocifs” en renforçant la charge de la dette payée par les Etats à leur créanciers.

    Sur le court terme, le FMI note que les cures d’austérité budgétaire devraient ralentir leur rythme “dans la plupart des pays industrialisés“, et moins peser sur la reprise économique.

    Mais à plus longue échéance, le Fonds appelle les pays riches à concocter des plans “crédibles” de réduction des déficits et assure que la baisse des dépenses publiques pourrait s’avérer “inévitable” étant donné la faible marge de manoeuvre fiscale.

    Sans donner de pistes précises, le Fonds affirme que les salaires de la fonction publique et les aides sociales comptent pour 30% du PIB des pays riches et pour 80% de leurs dépenses hors charge de la dette.

    Il semble y avoir une possibilité de gagner en efficacité dans de nombreux domaines, dont la santé et l’éducation“, écrit également le FMI, se démarquant ainsi de son précédent rapport sur les finances publiques publié en octobre.

    Tranchant avec ses positions traditionnelles, le FMI jugeait alors “possible” de faire davantage contribuer les plus fortunés et les multinationales à la réduction des déficits. Il avait même envisagé une taxe exceptionnelle de 10% sur le patrimoine des ménages dans la zone euro mais avait dû faire machine arrière face au tollé généré par cette proposition.

    Les Echos

    http://fortune.fdesouche.com/336157-la-dette-des-pays-riches-reste-des-niveaux-historiques#more-336157

     

  • La situation financièrement DRAMATIQUE des hôpitaux français

    Voilà les effets du désengagement de l’État dans le domaine de la santé ! Un beau scandale ! On comprend mieux la baisse de qualité des soins et la rogne du personnel hospitalier.. Il n’y a plus de sous ! Par contre, les banques…..

    Comment les hôpitaux sont aussi touchés par les « emprunts toxiques »

    30 milliards d’euros

    La Cour des comptes a rendu public, vendredi 11 avril, un rapport sur la dette des établissements publics de santé (EPS), alertant sur le triplement en dix ans de cette dette, qui atteignait près de 30 milliards d’euros, dont 20 % d’emprunts « sensibles » Dexia, à la fin de 2012. Une responsabilité partagée, selon la Rue Cambon :

    « D’une part, les pouvoirs publics ont privilégié le levier de la dette pour financer un plus grand nombre d’opérations, sans instaurer de procédures rigoureuses de choix des investissements, tout en allégeant leurs contrôles. 

    D’autre part, les gestionnaires hospitaliers n’ont pas suffisamment inscrit leurs investissements dans une logique d’efficience et ont fait preuve d’une vision trop optimiste de l’évolution de leurs recettes dans le cadre de la tarification à l’activité. »

    Lire notre décryptage : Tout comprendre des emprunts toxiques en 10 questions

    http://lesmoutonsenrages.fr/2014/04/12/la-situation-financierement-dramatique-des-hopitaux-francais/