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économie et finance - Page 725

  • La remise en cause de l’ordre monétaire mondial

    Par Jacques Sapir

    Le G-20 qui s’est tenu en septembre dernier à Saint-Pétersbourg a été largement dominé par la question de la situation en Syrie. Il est plus que regrettable que l’on n’ait pas retenu, aussi, des avancées significatives dans le domaine de la constitution d’une monnaie internationale de réserve, avancées qui ont été le fait des pays du groupe des BRICS.

    Cela fait maintenant plus de vingt ans que l’on spécule sur l’effondrement du Dollar comme monnaie compte ou de transaction et sur son possible remplacement par une autre monnaie. L’Euro, à sa naissance, a porté ces espoirs. Mais, ils ont été sérieusement douchés tant par la crise de l’Euro que par la réalité des transactions internationales. Pourtant, avec la crise financière qui s’est déclenchée en 2007 et qui, des États-Unis à contaminé le monde entier, le rôle du Dollar est revenu sur le devant de la scène.

    La contestation du système monétaire international a pris une nouvelle force. Il est vrai qu’elle s’appuie désormais sur l’émergence de nouveaux acteurs, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, et sur le retour de la Russie après la dramatique parenthèse des années 1990.

    Cette contestation de l’ordre monétaire international est en réalité multiple. Elle est le fait tout autant des acteurs privés, inquiets pour leur patrimoine, que des États. De fait, l’usage des matières premières comme monnaie de réserve est aujourd’hui de plus en plus avéré. Pour clarifier le débat, et établir que l’Euro n’est pas une alternative au Dollar, mais en réalité une béquille de ce dernier, il faut revenir sur plusieurs problèmes.

    Les fonctions internationales de la monnaie

    Le premier consiste, bien entendu, à comprendre qu’est-ce qui fait l’usage d’une monnaie dans les transactions mais aussi comme réserve de valeur. On constate rapidement que ce ne sont pas les mêmes facteurs qui influent sur ces différents usages.

    Pour l’usage comme monnaie de transaction, il faut une monnaie dont la liquidité est parfaite, ou s’en approche le plus possible. Il faut aussi que cette monnaie soit globalement acceptée et, enfin, on aura tendance à n’utiliser qu’une seule monnaie (quelle qu’elle soit) de manière à pouvoir instantanément comparer les divers prix en cette monnaie.

    Ce dernier argument est important mais relève en réalité de la « coutume ». La fonction d’unité de compte est en réalité distincte de celle d’instrument de transaction. Mais, sur les marchés mondiaux, il faut que les prix des différents biens et services soient exprimés, autant que faire se peut, de manière homogène si l’on veut être capable d’arbitrer rapidement entre les produits considérés.

    Ceci est devenu d’autant plus important que l’usage des marchés financiers s’est répandu et que ces marchés se sont globalisés. Ainsi, du moment que des prix sont exprimés en une monnaie, cette monnaie tend à voir son usage se répandre. De fait, c’est ainsi que le Dollar a supplanté progressivement la Livre Sterling. Ceci renvoie en réalité aux deux premières raisons évoquées.

    Il faut donc que la monnaie soit aussi liquide que possible. Cela veut dire qu’elle puisse être empruntée et détenue avec les taux les plus bas. À cet égard, les avantages du Dollar sont évidents. La situation d’importateur net des États-Unis depuis la fin des années 1950 et la politique de la réserve fédérale ont diffusé le Dollar à travers le monde de manière massive.

    L’Euro, qui est rattaché à une pseudo-entité (la « zone Euro ») qui est soit exportatrice soit à l’équilibre et qui est soumis à une politique restrictive de la part de la Banque Centrale Européenne n’avait pas l’ombre d’une chance de remplacer le Dollar (USD).

    Il faut, enfin, que cette monnaie soit universellement acceptée. Ceci renvoie moins à des facteurs économiques qu’à des facteurs politiques. En détenant ou achetant du Dollar c’est la puissance, économique et surtout militaire, des États-Unis que l’on détient. Mais il faut aussi que cette confiance subsiste ; non pas tant quant à la « valeur » de la monnaie.

    Une transaction effectuée en Dollar peut voir son résultat transformé en seulement quelques minutes en une autre monnaie sur les marchés des changes. Il faut que la confiance dans la « puissance » du pays se maintienne. Aujourd’hui, alors que les problèmes tant internes qu’externes s’accumulent pour les États-Unis cette confiance est érodée.

    Mais, cela ne profite pas à l’Euro car la « zone Euro » n’existe pas du point de vue d’une acteur extérieur. L’Euro n’est, en réalité, qu’un arrangement technique entre pays dont les politiques restent différentes et parfois divergentes. La crise à propos de la Syrie l’a bien montré qui a vu l’Union Européenne et les pays de la zone Euro incapables de définir une position commune.

    La question des réserves de change

    Reste maintenant l’usage comme réserve de valeur. Cet usage peut être public et il concerne alors les Banques Centrales et les gouvernements ou il peut être privé. En ce qui concerne l’usage public, les évolutions depuis le milieu des années 1990 sont extrêmement intéressantes.

    Dans la période qui précède immédiatement l’introduction de l’Euro comme monnaie scripturale (pour les comptes bancaires et dans les Banques Centrales), soit de 1995 à 1999, la part du Dollar augmente fortement. Elle le fait en partie contre le Deutsch Mark et le Franc Français  mais surtout contre le groupe des « autres monnaies », groupe qui inclut le Yen et la Livre Sterling (BP).

    En fait, c’est ce groupe qui se réduit le plus durant cette période. Il perd environ 12% dans le total des réserves dans les quatre années qui précèdent l’entrée en opérations de l’Euro (1995-1999), ce qui correspond aux gains du Dollar.

    L’introduction de l’Euro ne s’est pas faite en réalité contre le Dollar mais contre les « autres monnaies ». L’introduction de l’Euro à transformé ce qui était un oligopole en un duopole. Par la suite, la part du Dollar va se réduire, et celle de l’Euro augmenter, mais le Dollar conserve une importance plus grande dans les réserves qu’avant la création de l’Euro. Un fait qui gêne beaucoup tous ceux qui présentent l’Euro comme un concurrent du Dollar. À la suite de la crise financière, on constate que le Dollar et l’Euro ont vu leurs parts diminuer, et cette fois-ci au profit des autres monnaies.

    Tableau 1

    Composition du groupe des « autres monnaies »

      Livre Sterling Yen (JYP) Dollar Canadien
    (DCAN)
    Dollar Australien
    (DAUS)
    Franc Suisse Autres Total
    2007 4,70% 2,90% 0 0 0,20% 1,80% 9,60%
    2008 4,00% 3,10% 0 0 0,10% 2,20% 9,40%
    2009 4,30% 2,90% 0 0 0,10% 3,10% 10,40%
    2010 3,90% 3,70% 0 0 0,10% 4,40% 12,10%
    2011 3,80% 3,60% 0 0 0,10% 5,40% 12,90%
    2012 4,00% 4,00% 1,50% 1,50% 0,30% 3,30% 14,60%


    Source : FMI

    Au sein de ce groupe, la part de la Livre est restée stable tandis que le Yen a légèrement augmenté. Ce qui est impressionnant est l’émergence de « nouvelles » monnaies, dont seulement deux sont clairement identifiées (les Dollars canadiens et australiens DCAN et DAUS), mais auxquels on peut ajouter le Dollar de Singapour. Que la double crise du Dollar et de l’Euro profite aux « autres monnaies » indique à la fois que cette crise va durer (car aucune de ces « autres monnaies » ne peut remplacer à court terme le Dollar (USD)) mais aussi qu’elle est profonde et qu’elle marque la désintégration du duopole que nous connaissons actuellement.

    Bien entendu, cette situation a des conséquences sur les agents privés, qui eux aussi détiennent des montants plus ou moins importants. Suivant les régions du monde cependant les habitudes de détention sont assez différentes. Ainsi, en Asie, on détiendra beaucoup d’or et d’argent (en lingots mais aussi en objets précieux). En Amérique Latine, la détention de fortune est essentiellement faite en Dollar. Néanmoins, il est clair qu’il y a une désaffection par rapport au Dollar, phénomène qui ne profite nullement à l’Euro mais qui a perturbé profondément les marchés des différentes matières premières.

    Une monnaie de réserve internationale ?

    Ceci a profondément perturbé le commerce de certains pays émergents. Par ailleurs, les fluctuations erratiques du Dollar et de l’Euro ont eu d’autres conséquences néfastes pour leur commerce. La crise de l’Euro se présente d’ailleurs comme la première phase d’une crise du Dollar car il est clair que le jour où la zone Euro explosera le Dollar se trouvera directement exposé à la spéculation internationale.

    Il n’était donc pas surprenant que, depuis 2010, entraînés par la Russie et par la Chine, se soit fait jour un mouvement de contestation de l’ordre monétaire international. Une monnaie de réserve internationale qui ne soit pas liée à l’un des États mais qui soit d’emblée un « bien commun » est quelque chose qui a du sens depuis longtemps.

    Pour l’instant, on en était resté aux grandes proclamations d’intention, mais un tel projet n’avait pas connu d’ébauche de réalisation. Certes, à l’échelle régionale, l’idée d’une monnaie commune aux pays de l’ALBA a été défendue par le Venezuela.  Mais, ce projet est pour l’heure resté embryonnaire.

    Ce qui a changé depuis le mois de juin dernier est que l’on est passé des paroles aux actes. La constitution d’un Fond doté de 100 milliards de dollars par la Chine et la Russie a pour objet de constituer progressivement les conditions d’une émergence d’une nouvelle monnaie.

    Cependant, la route sur ce chemin sera longue. Si l’on peut imaginer assez facilement que cette monnaie soit adossée à un panier de matières premières et de biens manufacturés, une idée qui n’est nullement neuve et qui avait été déjà avancée par Keynes en 1944, l’usage de cette monnaie internationale passe par l’émission de dettes qui seront libellées dans cette monnaie.

    Or, pour l’instant, il n’en est pas question, ni en Russie ni en Chine. Dès lors, la liquidité de cet instrument ne peut être que réduite et son usage dans les transactions fortement limité. Il faudrait que la Chine et la Russie se décident à utiliser cet instrument pour financer les investissements tant publics que privés. Telle sera la prochaine étape.

    Il est néanmoins clair que ce projet à l’avenir pour lui. Le monde a trop longtemps vécu sous la coupe du Dollar. Pourtant, il faudra nécessairement en passer par l’éclatement de la zone Euro comme prémisse de l’effondrement du Dollar.

    RIA Novosti

    http://fortune.fdesouche.com/327461-la-remise-en-cause-de-lordre-monetaire-mondial#more-327461

  • Égypte : Le Wall Street Journal souhaite l’émergence d’un Pinochet

    On ne pouvait trouver meilleur indice pour confirmer nos soupçons d’un lien éventuel entre la stratégie du choc menée par les USA au Chili via Pinochet et les événements actuels en Égypte.

    Comment ? via le Wall Street Journal lui-même. Lequel, en début juillet, affirmait ni plus ni moins qu’il fallait « un Pinochet en Egypte ».

    Manière en quelque sorte d’indiquer que les théories des Chicago Boys et de Mielton Frideman pourraient être appliquées à l’heure actuelle en Égypte, dans une stratégie du choc ? … laquelle permettant  une meilleure acceptation  de nouvelles règles économiques par les populations « choquées ».

    En vue – au final – d’ouvrir la voie à un libéralisme accru, et à la privatisation des richesses du sol et sous-sol – voire off-shore – du pays. Et ce, alors même que d’immenses réserves gazières viennent récemment d’être découvertes au large de ses côtes, ressources sur lesquelles Chypre et Israël semblent vouloir afficher leur suprématie, au grand dam, des pays environnants tels que Egypte, Liban, Syrie, Turquie

     

    En tout état de cause, rappelons que le 4 juillet dernier, le Wall Street Journal affichait en guise d’éditorial – non signé – que « «Les Egyptiens seraient chanceux si leurs nouveaux généraux s’avéraient être de la trempe d’Augusto Pinochet au Chili, qui arriva au pouvoir en plein chaos mais engagea des réformateurs libéraux et instigua une transition démocratique. Si le général Abdel Fattah al-Sisi essaie de restaurer l’ordre de Moubarak, il souffrira au bout du compte du même destin que Morsi.»

    Il est vrai qu’à la mort de Pinochet lui-même, en 2006, Forbes s’insurgeait contre la nécrologie du New York Times jugée trop sévère. Regrettant de devoir « vraiment chercher » dans l’article du New York Times « pour trouver un mot sur le fait que Pinochet a sauvé le Chili du chaos économique infligé par son prédécesseur socialiste, Salvador Allende.»

    Lequel éditorial rappelait que le général Pinochet avait pris le pouvoir le 11 septembre 1973 lors d’un coup d’Etat sanglant qui a renversé le gouvernement marxiste du président Salvador Allende. Précisant qu’il avait « ensuite mené le pays dans une ère de croissance économique ». Mentionnant tout de même au final que « sous sa présidence plus de 32.000 personnes ont été exécutés ou ont disparu et des milliers d’autres ont été détenues, torturées ou exilées.»

    Dans son ouvrage intitulé « La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre », la journaliste canadienne Naomi Klein fournit quant à elle les éléments détaillés d’une enquête édifiante sur le dévoiement du capitalisme depuis plus de trente ans.  Naomi Klein remontant tout d’abord aux années 50, période durant lesquelles, un universitaire américain de Chicago, Milton Friedman avait mis au point une doctrine économique reposant sur un capitalisme sans entrave, que l’Etat, les services publics et même la volonté politique ne pourraient freiner.

    Cette doctrine ne pouvant néanmoins être mise en œuvre qu’à la « faveur » d’un « choc » émotionnel et brutal, volontaire ou non, frappant les peuples et offrant une voie royale pour l’émergence d’un libéralisme sauvage dans tous les sens du terme.

    Milton Friedman devra ainsi attendre  1973 pour voir  sa doctrine confrontée avec la réalité économique et politique d’un pays en voie de développement … le Chili.  Rappelons que le 11 septembre 1973,  le général Augusto Pinochet  arrivait au pouvoir dans le pays, à l’issue d’un coup d’Etat militaire. Renversant alors la sociale-démocratie du président élu démocratiquement, Salvador Allende.

    Si certes le gouvernement déchu dérangeait quelque peu les intérêts de Washington, le coup d’Etat aura offert l’opportunité à une équipe de jeunes économistes sud-américains formés à l’école de Milton Friedman de s’implanter au plus haut sommet du pays.  Lesquels, surnommés les « Chicago Boys » mettaient alors les bouchées double pour appliquer leur nouveau credo néolibéral basé sur la privatisation, la déréglementation et la réduction des dépenses sociales.

    Cette recette économique allait toutefois se trouver rapidement indigeste pour la population chilienne, entraînant des dégâts considérables pour l’économie du Chili : inflation des prix de presque 400%, flambée des prix des denrées alimentaires de base, privatisation des entreprises publiques au profit de multinationales …. souvent américaines, sans condition de réinvestissement dans le pays ni obligation d’embaucher de la main-d’oeuvre locale, explosion du chômage, délabrement des services comme la fourniture d’eau potable et d’électricité, mais également médecine et hôpitaux publics 

    Le principe de base ? Le chaos économique et social résultant de l’application de la doctrine des « Chicago Boys » n’aurait jamais pu se faire sans le soutien d’un régime dictatorial, ce dernier faisant usage de ses moyens militaires et policiers sa force pour soumettre les citoyens à la nouvelle politique. Les syndicats et les mouvements de gauche étant réprimés férocement, leur opposition au diktat des conseillers économiques d’un nouveau genre leur ayant été fatale.

    Milton Friedman nia quant à lui jusqu’au bout ses responsabilités dans la mise en place d’un Etat fasciste. Estimant parallèlement que Pinochet ne fut pas assez dur dans l’application de sa doctrine économique, ce dernier changeant de cap au final, le chaos économique menaçant son propre régime.

    leblogfinance

    http://fortune.fdesouche.com/327135-egypte-quand-le-wall-street-journal-souhaitait-lemergence-dun-pinochet-remake-de-la-strategie-de-choc-des-chicago-boys#more-327135

  • Quand l’impôt pousse à la révolte

    Le mécontentement contre l’impôt n’est pas un sentiment nouveau. Par le passé, il a provoqué de nombreuses jacqueries, des mouvements sociaux et même des rébellions ouvertes contre l’État.

    En 2014, le taux de prélèvements obligatoires atteindra 46,1 % du PIB. Pour mémoire, il était de 10 % en 1900, époque où le Parlement retentissait des polémiques opposant partisans et adversaires de l’impôt sur le revenu, qui ne sera voté qu’en 1914 !

    Les Français ont de solides raisons, aujourd’hui, de penser que les impôts sont trop lourds, mal répartis ou mal utilisés. Ce sentiment n’est cependant pas nouveau dans l’histoire. Toute la question est de savoir s’il peut conduire à des attitudes ouvertes de refus de l’impôt, ou même à des révoltes antifiscales comme on a pu en voir dans le passé.

    Après l’effondrement de l’Empire romain, il faut plusieurs siècles pour retrouver une fiscalité d’État. Jusqu’au XIIe siècle, la fiscalité est donc seigneuriale, ecclésiastique et municipale. Les Capétiens, qui règnent sur la France, ne sont d’abord que des seigneurs parmi d’autres seigneurs. En vertu d’un principe du droit féodal, le roi « vit du sien », c’est-à-dire du revenu de son domaine. Mais en étendant son pouvoir, la dynastie, progressivement, entreprend de reconstruire un État central, qui va être conduit par la nécessité à lever des impôts. A la fin du XIIe siècle, la royauté impose les biens du clergé en vue de financer la croisade, mesure qui provoque, sous Saint Louis et plus encore sous Philippe le Bel, un conflit avec la papauté, cette dernière refusant que le clergé soit soumis à l’impôt sans son consentement.

    En 1382, Paris se révolte contre les impôts indirects

    Dans une deuxième phase, à partir du XIIIe siècle, la défense du royaume justifie l’imposition des sujets, cet appel étant conçu comme un rachat du service en armes. Mais au XIVe siècle, le conflit franco-anglais accroît les exigences fiscales. Les Capétiens sollicitent les villes et l’Église afin qu’elles leur cèdent une partie du produit de leurs impôts, et demandent l’aide des grands féodaux pour percevoir de nouveaux impôts. La fiscalité royale est toujours regardée comme une contribution exceptionnelle, qui suppose d’être négociée. Les états provinciaux ou les états généraux, qui réunissent les délégués des barons, de l’Église et des « bonnes villes », mènent les tractations qui conduisent à un accord avec le roi sur le montant exigé.

    En 1380, à un moment où la guerre avec les Anglais s’apaise, Charles V, avant de mourir, décide d’abolir les aides, c’est-à-dire la fiscalité indirecte. Ce geste généreux néglige le fait que l’État royal s’est renforcé et réclame des moyens permanents pour soutenir l’administration et la justice. Les aides sont donc rétablies, ce qui provoque, en 1382, les deux premières révoltes antifiscales importantes de l’histoire de France : la Harelle à Rouen et la révolte des Maillotins à Paris, où des demeures de bourgeois, de changeurs et d’officiers royaux sont brûlées. L’affaire se clôt par la pendaison d’une douzaine d’émeutiers, suivie d’une amnistie générale, mais Philippe le Hardi, régent et oncle du roi mineur, Charles VI, maintient les aides.

    A partir du XVe siècle, la monarchie ne négocie plus que les modalités de l’assiette et de la levée des impôts avec les états. Mais elle négocie. « Sous l’Ancien Régime, explique l’historien Jean-Christian Petitfils, l’impôt direct reste considéré comme anormal. » L’accroissement des besoins de l’État, la guerre, surtout, qui fait bondir le budget royal, amènent une augmentation de la pression fiscale qui se traduit, sous Richelieu, puis sous Mazarin, par de nombreuses révoltes : Croquants du Quercy (1624), Lanturlus de Bourgogne (1630), Nu-pieds de Normandie (1639). Ces mouvements sociaux réunissent parfois le peuple, la petite noblesse et le clergé contre l’État mais ne revêtent jamais un tour antimonarchique : les émeutiers incriminent les « mauvais conseillers » du roi et se contentent de s’en prendre aux collecteurs d’impôts. A partir du règne personnel de Louis XIV, toutefois, les séditions de ce type, telle la révolte des Lustucrus dans le Boulonnais (1662) ou celle du Papier timbré en Bretagne, dite des Bonnets rouges (1675), sont réprimées sans pitié.

    « Il faut distinguer la pression fiscale et le ressenti fiscal, commente Jean-Christian Petitfils. Objectivement, le poids de la fiscalité, sous l’Ancien Régime, n’est pas si considérable.

    Des chercheurs britanniques ont montré que la pression fiscale, à la mort de Louis XIV, était deux fois moindre en France qu’en Angleterre. Mais l’injustice dans la répartition de la taille (l’impôt direct), les multiples exemptions dont bénéficiaient certaines catégories de la population allaient provoquer une aspiration à l’égalité devant l’impôt qui ne ferait que s’exacerber, sous Louis XVI, quand la monarchie échouerait à imposer cette réforme. »

    Les vignerons de l’Aude, en 1907, font la grève de l’impôt

    La Révolution réorganise et unifie la fiscalité, créant des taxes dont certaines existent toujours. Napoléon, lui, met en place une administration fiscale dont nous avons hérité. L’impôt moderne n’a plus seulement pour but de financer les entreprises conduites par l’État, à commencer par la guerre : il poursuit un but politique, social, moral. Toutefois rien ne va de soi. Quand la révolution de 1848 crée une contribution « exceptionnelle », les paysans de Cusset, dans l’Allier, mettent le feu à la perception en s’écriant : « En République, on ne doit plus rien payer ! » L’alcool et le vin sont taxés, à la fin du siècle, au nom d’arguments qui mêlent l’impératif économique et les considérations hygiénistes. Mais dans les années 1905-1907, les vignerons du Jura puis de l’Aude, s’estimant surtaxés et insuffisamment soutenus après la crise du phylloxéra, lancent une grève de l’impôt qui dure plus de six mois.

    Entre 1894 et 1914, la Chambre des députés vote plusieurs fois la création de l’impôt sur le revenu, projet qui est repoussé par le Sénat, puis adopté sous forme de compromis, en juillet 1914, et appliqué pour la première fois en 1916. Le principe même de cet impôt sera combattu, pendant l’entre-deux-guerres, par les groupes parlementaires de droite et par diverses ligues des contribuables.

    En 1955, Pierre Poujade, fondateur de l’Union de défense des commerçants et artisans, appelle à la grève de l’impôt. Ses consignes sont peu entendues, mais le poujadisme devient un mouvement politique qui, en 1956, envoie 52 députés au Palais-Bourbon (parmi lesquels le jeune Jean-Marie Le Pen). Quinze ans plus tard, Gérard Nicoud reprend le flambeau de la défense des petits commerçants contre le fisc : après avoir dévalisé une perception à La Tour-du-Pin (Isère), en 1969, il appelle à la grève de l’impôt, en 1970, au cours d’un meeting qui réunit 40 000 manifestants au Parc des Princes.

    Et aujourd’hui, sommes-nous en 1788 ?

    Jean-Christian Petitfils ne le pense pas : « De nos jours, le sentiment révolutionnaire n’existe pas. Nous sommes dans un État de droit, et les institutions de la Ve République stabilisent le système : c’est dans les urnes que s’exprime le mécontentement. Le ras-le-bol n’en est pas moins réel, car il est provoqué par le sentiment que l’État demande aux Français des sacrifices qu’il ne s’impose pas à lui-même, et donc que la pression fiscale ne sert à rien. »

    Nicolas Delalande, un historien qui a étudié les réactions de l’opinion vis-à-vis de l’impôt depuis 1789, observe que le consentement à l’impôt « repose sur un lien de confiance qu’il faut perpétuellement reconstruire » (*). Si certains Français s’exilent aujourd’hui pour des raisons fiscales, c’est parce que ce lien de confiance entre l’État et eux a été rompu. Il ne sera pas rétabli en se contentant de traiter les exilés de mauvais citoyens. Faut-il rappeler que la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, en chassant les élites économiques protestantes, a coûté cher à la France ?

    (*) Les Batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Seuil, 2011.

    Jean Sevillia

  • Le scandale de l'AME - Aide Médicale d'État

  • Les magouilles de EELV avec l'argent du contribuable

  • Après la dictature fiscale, l’imposture budgétaire

     

    Le projet de loi de finance pour 2014 a été présenté au Conseil des Ministres le 25 septembre dernier. L’abondance des commentaires médiatiques, souvent parsemés de mauvaise foi ou de cécité volontaire, ne permet pas d’y voir suffisamment clair.

     

    La lecture de la documentation officielle du Ministère des finances, bien qu’elle s’apparente à une propagande en bonne et due forme, nous y aide davantage. En découvrant ces documents, on s’apercevra au passage que la Marianne-Femen d’Olivier Ciappa n’a pas seulement pris place sur les nouveaux timbres-poste : elle figure à présent sur l’ensemble des documents officiels du gouvernement. S’agissant du budget, il aurait été plus pertinent de figurer Marianne en fantôme, tant le budget démontre la place que la République y occupe dorénavant. Car ce qui frappe le plus dans ce budget, du moins dans les explications ministérielles, c’est l’habileté avec laquelle le sujet du financement de l’Union européenne est évité ou étouffé.

    Ce financement se décompose en deux postes : les prélèvements au profit de l’Union européenne et la contribution au mécanisme européen de stabilité et à la banque européenne d’investissement. Ce dernier n’est pas présenté dans les dépenses de l’Etat, sans doute parce qu’il s’agit de dépenses exceptionnelles et a priori limitées dans le temps. Il est cependant intéressant de noter qu’en 2014 la France versera près de 5 Mds€ en plus du financement de l’UE, dont 1,6 Mds € à la Banque Européenne d’Investissement, organisme chargé de financer les entreprises européennes, potentiellement concurrentes des entreprises françaises, et 3,3 Mds€ au titre du mécanisme européen de stabilité (dont nous ne bénéficions pas). Mais passons. L’autre poste nous intéresse davantage, car c’est l’un de ceux qui augmentent dans ce budget, et de manière assez significative (500 M€ supplémentaires, soit +2,5%) : une augmentation intéressante au regard de l’estimation de la croissance française en 2013 (+0,1%). Il faut également se rappeler que ce budget sera très prochainement soumis à la Commission européenne, puisqu’elle a désormais la possibilité de demander à la France (comme aux autres Etats membres de la zone euro) de revoir sa copie jusqu’à ce qu’elle obtienne satisfaction. Au total, ce sont donc 21,5 Mds € qui iront dans les caisses de l’UE, sachant que le solde net de cette contribution aura un impact négatif direct de 7 à 8 Mds€.

    Ce qui frappe également, c’est l’application du gouvernement à convaincre les français que la France est sur la bonne voie, et plus encore à se gausser d’une réduction historique des dépenses de l’Etat en 2014. Il n’en est rien : d’abord, la baisse des dépenses est considérée hors impact du plan d’investissement d’avenir, une enveloppe de 11 Mds€ pour 2014. Pourquoi les séparer du budget, alors que certaines dépenses budgétaires vont aussi financer l’investissement ? Et une part de ces investissements n’aurait-elle pas été imputée à un budget classique ? Ne soyons pas totalement injustes : le fait qu’un commissariat présidé par M. Gallois valide les investissements réalisés dans ce cadre ne peut être qu’une bonne chose, mais elle masque difficilement un transfert de certaines dépenses budgétaires vers cette enveloppe, sans parler des quelques centaines de millions affectées à l’action du gouvernement, au sport ou à l’enseignement au titre de ces investissements d’avenir. Plus insidieusement, le gouvernement affiche et vante une baisse des dépenses en solde de 1,5 Mds€. Cette baisse reste bien évidemment trop modeste, mais le plus important, c’est qu’elle correspond rigoureusement à la baisse de la dotation des collectivités territoriales, qui bénéficieront en échange d’un dispositif leur permettant d’accroître leurs ressources. En d’autres termes, de créer ou augmenter des prélèvements locaux ou la dette des collectivités. Truffé de supercheries, le projet de loi de finance 2014 s’avère donc à l’image de son auteur : une belle imposture.

    Pierre Marchand - L’AF 2871

    Lire de Pierre Marchand également dans L’AF 2871 : " Finance, cinq années de crise "

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Apres-la-dictature-fiscale-l

  • Maison autonome : Comment vivre d’énergies renouvelables, d’amour et d’eau fraîche

    Chercheurs en économie alternative, c’est ainsi que se définissent Patrick et Brigitte Baronnet. Installés en Loire-Atlantique, depuis plus de 30 ans, ce couple et leurs quatre enfants expérimentent un mode de vie autonome et solidaire. Dans lequel les consommations d’énergie sont divisées par quatre. Et les besoins en argent aussi. Rencontre avec des adeptes de la sobriété heureuse.

    Patrick et Brigitte ont fêté leur « débranchement EDF ». C’était il y a 20 ans. On parlait alors à peine de transition énergétique, encore moins d’arrêter la moindre sacrosainte centrale nucléaire. Installés en Loire-Atlantique, ils savouraient l’accomplissement d’un de leurs objectifs : être autonomes en électricité.

    Aujourd’hui, une éolienne de 18 m de hauteur et de 5 m d’envergure, couplée à des piles photovoltaïques d’une surface de 6 m², leur suffisent. L’ensemble fournit assez de courant pour une famille de six personnes (ils ont quatre enfants).

    Autonomie énergétique

    Cette autonomie n’est possible que parce qu’ils consomment 10 fois moins d’électricité que la moyenne des Français ! Comment ont-ils réalisé cet exploit sans revenir à l’âge des cavernes ? Très simplement : le chauffage de l’eau est assuré par les rayons du soleil et celui de la maison par un poêle de masse, qui ne coûte que 200 euros de bois par an. Patrick et Brigitte ont aussi décidé de se passer de réfrigérateur. « Six mois par an, il fait plus frais sur le bord de la fenêtre que dans le frigidaire », sourit Patrick… Ils cueillent au quotidien de quoi se nourrir dans le vaste potager biologique qu’ils entretiennent depuis bientôt 40 ans.

    « Alors que tout le monde montait à Paris, pour faire carrière, pour être à la mode ou dans l’espoir d’une société meilleure », Patrick et Brigitte décident d’aller à contrecourant et quittent la capitale.

    « L’idée, c’était de vivre en cohérence avec nos idées et l’environnement, raconte Patrick. Il ne fallait donc pas dépenser plus que ce que pouvait nous fournir la planète. Et donc revoir totalement notre mode de vie. A l’époque, on nous prenait pour de doux rêveurs. » Il commence par enseigner à mi-temps dans une ville dont il n’avait jamais entendu parler : Châteaubriant, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Rennes. « Nous avons décidé de diminuer nos salaires pour ne pas participer à la croissance, synonyme pour nous de destruction de l’environnement. Il ne peut y avoir d’écologie avec deux salaires. Le salaire est forcément lié à la production et donc à l’atteinte à l’environnement. » Radical. Mais comment vit-on à six avec un demi-salaire d’enseignant ?

    Libérés de toutes créances

    « Nous sommes pourvoyeurs de nos besoins, répond Patrick. L’argent couvre un quart de nos besoins. Le reste, nous le tenons de nos bras, de nos mains et de nos neurones déconditionnés. » Premier poste d’économie : le logement. La maison a été entièrement retapée par ses propriétaires. Qui n’y connaissaient rien mais ont tout appris. « Il ne faut pas craindre l’apparente complexité des techniques, quelles qu’elles soient, estime Patrick. Il faut revenir à des techniques simples, pas chères, réparables. Le chauffe-eau solaire que j’ai fabriqué il y a 35 ans fonctionne toujours ! » Patrick n’était pourtant pas chauffagiste. « J’ai observé et je me suis lancé : tous les soirs, je prenais ma douche, chaude, grâce à un tuyau jaune de plastique qui restait au soleil toute la journée. Je me suis dit, je vais remplacer ce tuyau par un serpentin noir mat, je vais l’insérer dans une sphère plate, et je vais faire serpenter un tuyau de cuivre à l’intérieur et le relier à un ballon de 200 litres. Ce n’est pas sorcier. »

    Seule contrainte : disposer de temps. « Soit on emprunte beaucoup d’argent et on travaille pour rembourser. Soit on devient auto-constructeur, et on est totalement responsable de sa maison. Nous n’avons pas toutes les garanties et assurances qu’offre un professionnel. Cela dit, quand on fait soi-même, pour soi-même, en général, on s’applique. Faire soi-même permet de minimiser les emprunts, et de ne pas être obligé de travailler à temps plein. »

    La plus récente construction en paille, bâtie à côté de la maison autonome, a coûté moins de 25 000 euros, pour 70 m² habitables ! De quoi rendre dépressif un promoteur immobilier. « Elle est conçue comme un capteur solaire. Le soleil, en passant à travers les vitres, chauffe les « briques de terre compactées » qui accumulent les calories. La paille très isolante, à l’extérieur, prévient du froid, les murs et le plancher rayonnent à l’intérieur en chauffant la maison. »

    Autonomie en eau

    « Nous n’avons jamais payé l’eau, ajoute Patrick. Nous récupérons celle qui tombe du ciel, gratuitement. Elle est stockée dans des cuves souterraines et remonte dans un puits grâce à une éolienne de pompage. Nous la filtrons ensuite pour pouvoir la boire. Elle est de bien meilleure qualité que l’eau du réseau. » N’en déplaise à Veolia ou Suez environnement. Si l’on en croit les travaux de Joseph Orszàgh, chercheur belge, sur l’eau de pluie, celle-ci est bien plus légère en produits phytosanitaires que l’eau du réseau. Et elle ne contient pas de chlore. Chez la famille Baronnet, divers systèmes, tels que la pédale en remplacement du robinet pour se laver les mains et/ou les dents, permettent de réaliser d’importantes économies.

    Exit aussi la chasse d’eau. « Nous avons installé des toilettes sèches, qui nous permettent d’avoir un excellent compost pour notre jardin », avance Patrick. Résultat : la famille assure consommer cinq fois moins d’eau que la moyenne des Français. Les eaux grises – issues de la vaisselle, des lessives et des douches – sont épurées par un filtre naturel : une série de bacs où poussent des plantes que l’on retrouve traditionnellement dans les zones humides et qui permettent de nettoyer l’eau. Cette alternative aux fosses sceptiques et aux mini-stations d’épuration, très chères en zone rurale, est peu onéreuse à l’installation (moins de 1000 € contre plusieurs milliers d’euros pour les systèmes classiques). Les analyses réalisées en sortie de système assurent d’une eau très bien épurée.

    « Contrairement à d’autres, nous avons choisi notre vie »

    « On ne souffre d’aucun manque matériel, rassure Patrick. Nous avons simplement dû apprendre à nous défaire du regard des autres et des injonctions de la société. Oui, on peut vivre sans télé, sans portable, sans vacances à l’autre bout du monde et être heureux ! Nous n’avons pas l’impression d’avoir renoncé à quoi que ce soit. Contrairement à beaucoup d’autres, nous avons choisi notre vie. Ceux qui sont dans la croissance vivent dans l’insatisfaction permanente. Ils sont malheureux de ce qu’ont les autres et qu’ils n’ont pas. Il faut donner de l’enthousiasme aux gens pour aller vers une sobriété heureuse. Je ne parle évidemment pas de misère, ni de pauvreté. » Il vaut mieux le préciser en ces périodes d’austérité forcée.

    « Attention, prévient-il, il ne s’agit pas non plus de la petite maison dans la prairie. Nous ne voulons pas nous contenter de faire nous-mêmes dans notre coin les choses de façon plus intelligente. Notre projet est politique. Nous voulons donner des idées, et restreindre collectivement notre pression sur la planète. Nous avons à cœur de recréer un tissu social, d’initier d’autres manières de vivre ensemble. »

    Cultiver la biodiversité humaine

    De maison, le projet de Patrick et Brigitte s’est fait hameau : un couple et deux enfants vivent dans une autre maison. Ainsi qu’une autre personne. Logée dans une construction érigée sur place. Le Hameau du ruisseau, 100% autonome en énergie, irrigue peu à peu. « Ne pas être seul, c’est très important. Plus il y a de monde, plus il y a d’idées. La biodiversité humaine, c’est fondamentale pour être heureux. »

    70 000 personnes sont déjà venues visiter la maison autonome. Les propriétaires ne se lassent pas de ces rencontres mensuelles. « A chaque fois, ce sont des rencontres pleines d’enthousiasme. Les visiteurs posent des questions pertinentes, les échanges sont très riches. Et l’engagement des plus jeunes nous donne vraiment espoir. Il y a aujourd’hui de nombreux chantiers collectifs. Nous ne voyions pas ça il y a 40 ans. » Le Hameau du ruisseau se fera-t-il rivière ?

    basta !

    http://fortune.fdesouche.com/326821-la-maison-autonome-ou-comment-vivre-denergies-renouvelables-damour-et-deau-fraiche#more-326821

  • Gironde : Les associations « antiracistes » signent une convention avec l’Etat

    BORDEAUX (NOVOpress via Infos Bordeaux) – Le jeudi 26 septembre, certaines associations bordelaises spécialisées dans l’antiracisme, signaient une convention avec l’Etat « garantissant aux personnes se déclarant victimes de discriminations qu’un traitement approprié sera apporté à leur situation ».

    Très proches de la gauche pour un grand nombre d’entre-elles, elles ont pour point commun un nombre d’adhérents extrêmement faible, inversement proportionnel aux subventions publiques qu’elles reçoivent.

    Selon la Licra (qui fait partie des associations signataires), « une procédure spéciale a été définie afin de garantir une prise en charge adéquate des victimes ».

    Cette surprenante convention a été signée par Claude Laplaud (procureur de la République de Bordeaux), Dominique Baudis (Défenseur des droits), Michel Delpuech (préfet de la région Aquitaine) et Alain Juppé (maire de Bordeaux). 

    Ci-dessous : La liste des associations partenaires :

    Association du lien interculturel familial et social (ALIFS) : Association présidée par Samira Zaryah, « coordinatrice de médiateurs de quartiers » de la ville de Bordeaux. Son vice-président est Ahmed Asfor, conseiller technique au Conseil Général de Gironde (dirigé par le socialiste Philippe Madrelle).

    Boulevard des Potes : Président : Abd’illah Tahari-Chaoui, par ailleurs militant au Parti socialiste

    Le centre d’information sur le droit des femmes et des familles : Présidée par Bernadette Bonnac Hude, secrétaire de section CFDT à la mairie de Bordeaux, membre du Parti socialiste et fille de l’ancien maire de Cenon (René Bonnac).

    Sos-Racisme : Association fondée par le Parti socialiste ayant pour but la lutte contre le Front national. Présidée localement par Sandrine Malet.

    Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) : Très axé sur la lutte contre l’antisémitisme, ce lobby est dirigé localement par Clothilde Chapuis.

    http://fr.novopress.info/142005/gironde-les-associations-antiracistes-signent-une-convention-avec-letat/#more-142005

  • Le Gouvernement réduit les pensions des anciens combattants

    PptEt quand on entend "anciens combattants", cessons de n'imaginer que des vieillards de 90 ans. Souvent aidés par des associations ou des structures non-étatiques, certains n'ont pas 25 ans et ont déjà beaucoup donné. Image extraite de ce livre "Pour la France" découvert par ce site (Série de photos commentées).

    Lu ici :

    "Le gouvernement aux abois vient de s’en prendre à une population à laquelle personne n’avait jusqu’à ce jour osé s’attaquer : las anciens combattants, victimes de guerre et pupilles de la Nation. Ils ont droit à une pension d’un niveau modeste, 1.739 € par an en 2013 au maximum, pour laquelle l’État contribue à un niveau allant de 12,5 % à 60 %. Le projet de loi de finances pour 2014 ramène à 20 % cette majoration. Il fallait oser…

    On en attend 10 millions d’économie en 2014 et 30 millions en 2015.

    Parallèlement, on vient d’inventer une nouvelle alloc’ de 434 € par mois au profit des cancres de moins de 25 ans trop illettrés pour pouvoir postuler à un « emploi d’avenir » (emploi aidé par des fonds publics) pour lequel il convient de manier la langue correctement, les chiffres, l’orientation géographique, et donc une claire expression orale afin de satisfaire aux demandes, même basiques.

    On expérimente la chose sur 10 000 jeunes : si je calcule bien, cela fait quand même quelque 52 millions d’euros.

    Les anciens combattants et les pupilles de la Nation n’y suffiront pas".

    (Merci à ED) Lahire

  • Les quatre maux de la Défense

    Alors que la passion partisane égare un certain nombre de commentateurs, sur ce blog et ailleurs, qui préfèrent leur frénésie à l'analyse complexe des faits, tentons de voir ce qui ne va pas dans la Défense. Il me semble possible de lister quatre problèmes majeurs : la masse salariale, Louvois, l'entraînement des forces, les exportations. 

    1) La masse salariale du ministère de la Défense augmente alors que les effectifs diminuent. On peut discuter du niveau de cette hausse et de ses causes, mais le fait est là. C'est évidemment un problème structurel considérable. Tout l'édifice construit depuis la professionnalisation de 1996 - et renforcé par la loi de programmation de 2008 - reposait sur l'idée suivante : moins d'hommes mais mieux équipés. Il y a aujourd'hui beaucoup moins d'hommes, mais cette réduction n'a pas permis de dégager des crédits pour financer les équipements. Le gouvernement précédent a été généreux avec les personnels de la Défense en termes de soldes, traitements et primes de départ. La masse salariale globale a donc augmenté. Le ministère du Budget, comme la Cour des comptes, ont à juste titre fait grise mine.   

    On se retrouve aujourd'hui avec des armées et un ministère qu'il faut "repyramider", c'est-à-dire où il faut réduire le poids des catégories supérieures par rapport aux subalternes. Chacun voit bien de quoi il s'agit : combien de colonels font des tâches qui ne sont pas de leur niveau ?  Ce repyramidage  est à la fois compliqué et douloureux. Compliqué ? Prenons l'exemple d'une frégate : l'équipage a été réduit mais il fait appel à des personnels plus qualifiés, donc mieux payés. Douloureux ? C'est le blocage des avancements, naturellement très mal vécu par les intéressés.

    2) Louvois. Pas besoin de faire un dessin : il ne se passe pas une semaine sans que des situations ubuesques soient rapportées, en ce qui concerne le versement des soldes. Parmi les témoignages que je reçois, en voici un qui résume le problème : " Jeune retraité de l'armée de terre et rayé des contrôles depuis le 1er mai dernier, j'ai eu la joie de découvrir dans ma boite à lettres un courrier de mon ancienne administration. J'ai été étonné, j'ai reconnu l'envoi caractéristique des bulletins de solde. Et c'était bien un bulletin de solde. J'ai été soldé pour le mois de septembre de... roulement de tambour : 1 centime d'euro !"

    Entre les impayés et les trop-perçus (ces derniers étant apparemment supérieurs aux premiers), les relations compliquées avec le fisc, les bricolages de garnison pour trouver des solutions (des bons d'achat dans des grandes surfaces ! Allez réinscrire cela dans la comptabilité publique...), la situation est lamentable. C'est un véritable scandale national, dont on ne voit pas l'issue. S'il avait touché une autre population que les militaires (ou les petites entreprises victimes des défaillances du système de paiement Chorus), le pays aurait été secoué par des vagues de protestation. Je  laisse imaginer aux usagers quotidiens du chemin de fer les conséquences sur la circulation des trains d'un tel fiasco à la SNCF...
    Jean-Dominique Merchet - La suite ici