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économie et finance - Page 744

  • France moderne : un agriculteur se suicide tous les deux jours

    Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France, selon l’Institut de veille sanitaire (INVS), qui publie, jeudi 10 octobre, la première étude officielle sur le sujet.
    En tout, près de cinq cents suicides d’agriculteurs ont été enregistrés sur trois années – 2007, 2008 et 2009. C’est ainsi la troisième cause de mort dans le monde agricole, après les cancers et les maladies cardiovasculaires, précise l’INVS.

    C’est le résultat de la mauvaise situation économique de l’agriculture française (voulue par les politiciens), de l’isolement social de nos paysans (lié à la destruction méticuleuse du tissu social traditionnel) et plus généralement de la perte des valeurs (lié au recul du christianisme)…

    http://www.contre-info.com/france-moderne-un-agriculteur-se-suicide-tous-les-deux-jours

  • Retraites : La capitalisation au secours de la répartition

    Des faits nouveaux sont intervenus sur le front des retraites. La grande parlotte nationale annoncée par le gouvernement est bien en route. Des promesses sont formulées. Tous les moyens seront mis sur la table pour sauver la répartition ; celle-ci est considérée comme le nec plus ultra dans le domaine des retraites car elle est supposée reposer sur un contrat entre les générations. S'ajoute la chimère de l'égalité. Constatons que ce magma idéologique fut partagé par d'anciens gouvernements ainsi que l'habitude des parlottes ne débouchant sur rien de vraiment nouveau sinon des rapiéçages.
    L'existence d'un prétendu contrat est un gros mensonge. Un contrat implique une signature après négociation. Rien de tel ici. Il y eût au sortir de la guerre une action de force étatique obligeant les salariés à verser des cotisations dans des caisses spéciales, contre la promesse de toucher un jour une pension ; dans la suite, le système fut étendu à d'autres catégories que les salariés. L’exécution de la promesse elle-même dépend du bon vouloir changeant des gouvernements qui sont, pour leur part, soumis aux élections. S'ajoute la floraison des régimes spéciaux dont le nombre et la complication sont difficiles à cerner.
    Vers un replâtrage
    La répartition contrairement à la capitalisation est tributaire de la démographie. De ce fait, le pouvoir n'a aucun mal à sonner la trompette d'alarme pour un avenir relativement proche et chacun y va de ses statistiques plus ou moins pessimistes.
    Le pouvoir, alors, pianotte sur tous les paramètres comme les précédents gouvernements l'ont fait : durée de cotisation, impôts, âge de départ, charges des entreprises, CSG ; chaque note de la gamme suscite des hurlements. Les partenaires sociaux savent bien, toutefois, que le système est à bout de souffle et qu'il faudra passer à la casserole. Le seul espoir est, après la parlotte, de passer la patate chaude à d'autres.
    Dans ce paysage, il est une nouveauté, c'est la pénibilité que le pouvoir veut prendre en compte. Il dénombre dix causes de pénibilité et songe même à l'ouverture pour chacun d'un compte de pénibilité. Nous voici avec la promesse de beaux contentieux car personne ne pourra fixer juridiquement les degrés de pénibilité réels.
    Au secours :  la capitalisation
    Un fait nouveau est récemment intervenu. Un journaliste des médias officiels a oser poser à un syndicaliste, Jean-Claude Mailly, la question dangereuse : la capitalisation ne pourrait-elle pas être envisagée au moins à titre partiel ? Le syndicaliste l'a balayé en disant : trop tard.
    Ce trop tard n'est pas vrai. La répartition détruit la richesse au fur et à mesure qu'elle se crée puisque l'argent est distribué aussitôt que récolté. La capitalisation crée la richesse par les investissements auxquels se livrent les gestionnaires soit directement, soit par des fonds de pension. Il est évidemment nécessaire que les épargnes contractuelles bénéficient du même statut fiscal et social que les cotisations dans la répartition. En refusant la capitalisation, nous arrivons à une situation aberrante : les grandes entreprises du CAC 40 sont soumises au bon vouloir des fonds de pension de Californie ou d'ailleurs.
    Des expériences de passage à la capitalisation ont été menées dans plusieurs pays. Celui du Chili est intéressant. Le passage reposait sur le volontariat et fut largement suivi. L'influence bénéfique sur le PIB fut telle que l'on put sans dommage payer les pensions de ceux qui étaient restés dans le système ancien.
    Un aggiornamento nécessaire
    Les syndicats détestent la capitalisation et adorent la répartition. Cela se comprend car le dernier système leur donne perpétuellement du grain à moudre. Avec la capitalisation, ils pourraient certes intervenir mais dans un esprit constructif ce qui n'est guère leur habitude. Le pouvoir actuel étant ficelé par les syndicats va donc probablement passer à côté de sa chance.
    Reste l'opposition. Elle pourrait reconnaître son erreur du passé et annoncer la capitalisation en cas de retour aux affaires. Ce serait l'Aggiornamento. Avec une communication adaptée ce pourrait être un argument électoral massif.
    Y-a-il une opposition ou des fantômes ?
    La question est posée.
    Michel de Poncins http://libeco.net/Libeco_806.htm

  • A New York, la Fed en plein conflit d’intérêts avec Goldman Sachs

    Pendant deux ans, une inspectrice de la branche new-yorkaise de la Réserve fédérale (Fed) s’est inquiétée de ce que Goldman Sachs n’a pas les procédures adéquates pour se prémunir contre les conflits d’intérêts et a alerté son institution pour qu’elle prenne des mesures et vote la baisse d’une note confidentielle que la Fed attribue à la banque d’affaires américaine.

     

    Carmen Segarra devant la Réserve fédérale de New York, le 10 octobre 2013

     

    La dégradation de la note qu’attribue la Fed à un établissement financier entraîne en général des mesures coûteuses pour mettre en place les recommandations du régulateur et d’autres sanctions réglementaires, tout aussi onéreuses.

     

    Sauf que personne ne sait, en l’occurence, si le vote a de fait conduit à un changement de notation : l’inspectrice chargée du dossier, Carmen Segarra, a en effet été licenciée après avoir refusé de modifier ses éléments d’enquête, comme le lui demandaient ses supérieurs.

    Elle a porté plainte jeudi 10 octobre et accuse la Fed d’être elle-même en plein conflit d’intérêts : “Il y a un historique des employés qui sont venus de Goldman à la Fed et vice-versa. La direction travaillait chez Goldman“, pointe Mme Segarra, dénonçant à mots à peine couverts les liens étroits que le gouvernement américain, le Trésor et la Fed entretiennent avec l’établissement new-yorkais. Mme Segarra affirme en outre que son renvoi viole une loi fédérale qui protège les inspecteurs pointant des irrégularités dans le cadre de leur travail.

    APPLIQUER LE “DODD-FRANK ACT”

     

    Ancienne des universités Harvard et Columbia, passée par la Société Générale, Citigroup et Bank of America, Carmen Segarra n’est pas exactement une débutante à Wall Street. Spécialisée dans le droit des affaires, elle a été embauchée, aux côtés de plusieurs autres anciens de la finance en 2011, pour appliquer la loi Dodd-Frank sur la réforme et la réglementation du secteur financier.

     

    Dès son arrivée à la Fed, des enquêtes sur trois potentiels conflits d’intérêts concernant Goldman Sachs lui ont été confiées. Conformément aux directives de la Fed de New York, les banques sont tenues d’avoir “des processus pour gérer le risque de conformité dans toute l’entreprise, à la fois entre les activités de trading, de support, les départements juridiques et administratifs“.

     

    Un porte-parole de Goldman, Michael DuVally, a réagi en déclarant que son entreprise n’avait pas connaissance de discussions internes à la Fed de New York et a réaffirmé que la firme avait “une approche globale de la gestion des conflits à travers des politiques et des infrastructures au niveau du groupe et au niveau des divisions“.

     

    Sauf que Mme Segarra affirme exactement le contraire : “J’irai même jusqu’à dire qu’ils n’ont jamais eu une politique de prévention des conflits d’intérêts”, a-t-elle écrit à Michael Silva, un haut dirigeant de la Fed de New York, chargé des relations avec Goldman Sachs.

     

    RELATIONS OPAQUES PUBLIC-PRIVÉ

     

    Le procès, s’il a lieu, donnerait un aperçu des relations souvent opaques entre le public, en particulier les organismes de réglementation, et le privé, via le système de “revolving door“, c’est-à-dire d’allers et retours entre la banque et la haute administration. Pour ne citer qu’un exemple, Henry Paulson a été le président de Goldman de 1999 à 2006, avant d’être nommé secrétaire au Trésor par George W. Bush. Et l’actuel directeur de la Fed de New York est un ancien de Goldman, William Dudley.

     

    La banque n’a certes pas été reconnue coupable de délit d’initié dans la vente des produits pourris Abacus, taillés sur mesure pour des investisseurs pariant à la hausse sur le marché immobilier : Goldman Sachs a payé 550 millions de dollars pour solder les poursuites sans reconnaissance de culpabilité, mais ses méthodes douteuses ont été exposées au grand jour.

     

    Lire : Les “conflits d’intérêts” d’Abacus

     

    Selon le blog financier du New York Times, DealBook, des bruits courent dans la banque centrale régionale sur l’employée licenciée et son goût supposé pour les théories du complot. Pourtant, selon des documents internes consultés par le journal, lors d’une réunion en mars 2012, une vingtaine de personnes de la Fed de New York ont conclu à un manquement de Goldman dans ses procédures de prévention des conflits d’intérêts et donné leur accord de principe pour baisser la note de Goldman.

     

    Au final, des échanges de courriels entre Carmen Segarra et son supérieur prennent une autre tournure et témoignent d’une remise en cause du travail de l’inspectrice : le site Internet de Goldman Sachs mentionne effectivement une politique concernant les conflits d’intérêts, et cela est, pour Michael Silva, suffisant.

     

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/327727-a-new-york-la-fed-en-plein-conflit-dinteret-avec-goldman-sachs#more-327727

  • L'UIMM arrosait les syndicats, les politiques, les journalistes

    Au troisième jour du procès de l'UIMM devant le tribunal correctionnel de Paris - qui s'interroge sur l'utilisation de 16 millions d'euros en liquide retirés entre 2000 et 2007-, Arnaud Leenhardt qui a présidé l'UIMM entre 1985 et 1999, a déclaré :

    «C'étaient les cinq syndicats représentatifs. Le patronat avait besoin de syndicats qui soient solides. Quand on a des grèves avec séquestration, on est bien content d'avoir un syndicat capable de canaliser ces débordements et de favoriser une reprise du travail.»

    Selon lui, le CNPF (l'ancêtre du Medef), mais aussi des journalistes, des sociologues ou des bureaux d'études auraient également bénéficié pendant des décennies. Si Arnaud Leenhardt ne peut rien dire sur un éventuel financement politique occulte, il est en revanche affirmatif sur le fait que des députés et des sénateurs ont été destinataires d'enveloppes bourrées de billets de banque.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La Chronique d'Eric Zemmour : L'Europe se gave des budgets nationaux

  • La remise en cause de l’ordre monétaire mondial

    Par Jacques Sapir

    Le G-20 qui s’est tenu en septembre dernier à Saint-Pétersbourg a été largement dominé par la question de la situation en Syrie. Il est plus que regrettable que l’on n’ait pas retenu, aussi, des avancées significatives dans le domaine de la constitution d’une monnaie internationale de réserve, avancées qui ont été le fait des pays du groupe des BRICS.

    Cela fait maintenant plus de vingt ans que l’on spécule sur l’effondrement du Dollar comme monnaie compte ou de transaction et sur son possible remplacement par une autre monnaie. L’Euro, à sa naissance, a porté ces espoirs. Mais, ils ont été sérieusement douchés tant par la crise de l’Euro que par la réalité des transactions internationales. Pourtant, avec la crise financière qui s’est déclenchée en 2007 et qui, des États-Unis à contaminé le monde entier, le rôle du Dollar est revenu sur le devant de la scène.

    La contestation du système monétaire international a pris une nouvelle force. Il est vrai qu’elle s’appuie désormais sur l’émergence de nouveaux acteurs, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, et sur le retour de la Russie après la dramatique parenthèse des années 1990.

    Cette contestation de l’ordre monétaire international est en réalité multiple. Elle est le fait tout autant des acteurs privés, inquiets pour leur patrimoine, que des États. De fait, l’usage des matières premières comme monnaie de réserve est aujourd’hui de plus en plus avéré. Pour clarifier le débat, et établir que l’Euro n’est pas une alternative au Dollar, mais en réalité une béquille de ce dernier, il faut revenir sur plusieurs problèmes.

    Les fonctions internationales de la monnaie

    Le premier consiste, bien entendu, à comprendre qu’est-ce qui fait l’usage d’une monnaie dans les transactions mais aussi comme réserve de valeur. On constate rapidement que ce ne sont pas les mêmes facteurs qui influent sur ces différents usages.

    Pour l’usage comme monnaie de transaction, il faut une monnaie dont la liquidité est parfaite, ou s’en approche le plus possible. Il faut aussi que cette monnaie soit globalement acceptée et, enfin, on aura tendance à n’utiliser qu’une seule monnaie (quelle qu’elle soit) de manière à pouvoir instantanément comparer les divers prix en cette monnaie.

    Ce dernier argument est important mais relève en réalité de la « coutume ». La fonction d’unité de compte est en réalité distincte de celle d’instrument de transaction. Mais, sur les marchés mondiaux, il faut que les prix des différents biens et services soient exprimés, autant que faire se peut, de manière homogène si l’on veut être capable d’arbitrer rapidement entre les produits considérés.

    Ceci est devenu d’autant plus important que l’usage des marchés financiers s’est répandu et que ces marchés se sont globalisés. Ainsi, du moment que des prix sont exprimés en une monnaie, cette monnaie tend à voir son usage se répandre. De fait, c’est ainsi que le Dollar a supplanté progressivement la Livre Sterling. Ceci renvoie en réalité aux deux premières raisons évoquées.

    Il faut donc que la monnaie soit aussi liquide que possible. Cela veut dire qu’elle puisse être empruntée et détenue avec les taux les plus bas. À cet égard, les avantages du Dollar sont évidents. La situation d’importateur net des États-Unis depuis la fin des années 1950 et la politique de la réserve fédérale ont diffusé le Dollar à travers le monde de manière massive.

    L’Euro, qui est rattaché à une pseudo-entité (la « zone Euro ») qui est soit exportatrice soit à l’équilibre et qui est soumis à une politique restrictive de la part de la Banque Centrale Européenne n’avait pas l’ombre d’une chance de remplacer le Dollar (USD).

    Il faut, enfin, que cette monnaie soit universellement acceptée. Ceci renvoie moins à des facteurs économiques qu’à des facteurs politiques. En détenant ou achetant du Dollar c’est la puissance, économique et surtout militaire, des États-Unis que l’on détient. Mais il faut aussi que cette confiance subsiste ; non pas tant quant à la « valeur » de la monnaie.

    Une transaction effectuée en Dollar peut voir son résultat transformé en seulement quelques minutes en une autre monnaie sur les marchés des changes. Il faut que la confiance dans la « puissance » du pays se maintienne. Aujourd’hui, alors que les problèmes tant internes qu’externes s’accumulent pour les États-Unis cette confiance est érodée.

    Mais, cela ne profite pas à l’Euro car la « zone Euro » n’existe pas du point de vue d’une acteur extérieur. L’Euro n’est, en réalité, qu’un arrangement technique entre pays dont les politiques restent différentes et parfois divergentes. La crise à propos de la Syrie l’a bien montré qui a vu l’Union Européenne et les pays de la zone Euro incapables de définir une position commune.

    La question des réserves de change

    Reste maintenant l’usage comme réserve de valeur. Cet usage peut être public et il concerne alors les Banques Centrales et les gouvernements ou il peut être privé. En ce qui concerne l’usage public, les évolutions depuis le milieu des années 1990 sont extrêmement intéressantes.

    Dans la période qui précède immédiatement l’introduction de l’Euro comme monnaie scripturale (pour les comptes bancaires et dans les Banques Centrales), soit de 1995 à 1999, la part du Dollar augmente fortement. Elle le fait en partie contre le Deutsch Mark et le Franc Français  mais surtout contre le groupe des « autres monnaies », groupe qui inclut le Yen et la Livre Sterling (BP).

    En fait, c’est ce groupe qui se réduit le plus durant cette période. Il perd environ 12% dans le total des réserves dans les quatre années qui précèdent l’entrée en opérations de l’Euro (1995-1999), ce qui correspond aux gains du Dollar.

    L’introduction de l’Euro ne s’est pas faite en réalité contre le Dollar mais contre les « autres monnaies ». L’introduction de l’Euro à transformé ce qui était un oligopole en un duopole. Par la suite, la part du Dollar va se réduire, et celle de l’Euro augmenter, mais le Dollar conserve une importance plus grande dans les réserves qu’avant la création de l’Euro. Un fait qui gêne beaucoup tous ceux qui présentent l’Euro comme un concurrent du Dollar. À la suite de la crise financière, on constate que le Dollar et l’Euro ont vu leurs parts diminuer, et cette fois-ci au profit des autres monnaies.

    Tableau 1

    Composition du groupe des « autres monnaies »

      Livre Sterling Yen (JYP) Dollar Canadien
    (DCAN)
    Dollar Australien
    (DAUS)
    Franc Suisse Autres Total
    2007 4,70% 2,90% 0 0 0,20% 1,80% 9,60%
    2008 4,00% 3,10% 0 0 0,10% 2,20% 9,40%
    2009 4,30% 2,90% 0 0 0,10% 3,10% 10,40%
    2010 3,90% 3,70% 0 0 0,10% 4,40% 12,10%
    2011 3,80% 3,60% 0 0 0,10% 5,40% 12,90%
    2012 4,00% 4,00% 1,50% 1,50% 0,30% 3,30% 14,60%


    Source : FMI

    Au sein de ce groupe, la part de la Livre est restée stable tandis que le Yen a légèrement augmenté. Ce qui est impressionnant est l’émergence de « nouvelles » monnaies, dont seulement deux sont clairement identifiées (les Dollars canadiens et australiens DCAN et DAUS), mais auxquels on peut ajouter le Dollar de Singapour. Que la double crise du Dollar et de l’Euro profite aux « autres monnaies » indique à la fois que cette crise va durer (car aucune de ces « autres monnaies » ne peut remplacer à court terme le Dollar (USD)) mais aussi qu’elle est profonde et qu’elle marque la désintégration du duopole que nous connaissons actuellement.

    Bien entendu, cette situation a des conséquences sur les agents privés, qui eux aussi détiennent des montants plus ou moins importants. Suivant les régions du monde cependant les habitudes de détention sont assez différentes. Ainsi, en Asie, on détiendra beaucoup d’or et d’argent (en lingots mais aussi en objets précieux). En Amérique Latine, la détention de fortune est essentiellement faite en Dollar. Néanmoins, il est clair qu’il y a une désaffection par rapport au Dollar, phénomène qui ne profite nullement à l’Euro mais qui a perturbé profondément les marchés des différentes matières premières.

    Une monnaie de réserve internationale ?

    Ceci a profondément perturbé le commerce de certains pays émergents. Par ailleurs, les fluctuations erratiques du Dollar et de l’Euro ont eu d’autres conséquences néfastes pour leur commerce. La crise de l’Euro se présente d’ailleurs comme la première phase d’une crise du Dollar car il est clair que le jour où la zone Euro explosera le Dollar se trouvera directement exposé à la spéculation internationale.

    Il n’était donc pas surprenant que, depuis 2010, entraînés par la Russie et par la Chine, se soit fait jour un mouvement de contestation de l’ordre monétaire international. Une monnaie de réserve internationale qui ne soit pas liée à l’un des États mais qui soit d’emblée un « bien commun » est quelque chose qui a du sens depuis longtemps.

    Pour l’instant, on en était resté aux grandes proclamations d’intention, mais un tel projet n’avait pas connu d’ébauche de réalisation. Certes, à l’échelle régionale, l’idée d’une monnaie commune aux pays de l’ALBA a été défendue par le Venezuela.  Mais, ce projet est pour l’heure resté embryonnaire.

    Ce qui a changé depuis le mois de juin dernier est que l’on est passé des paroles aux actes. La constitution d’un Fond doté de 100 milliards de dollars par la Chine et la Russie a pour objet de constituer progressivement les conditions d’une émergence d’une nouvelle monnaie.

    Cependant, la route sur ce chemin sera longue. Si l’on peut imaginer assez facilement que cette monnaie soit adossée à un panier de matières premières et de biens manufacturés, une idée qui n’est nullement neuve et qui avait été déjà avancée par Keynes en 1944, l’usage de cette monnaie internationale passe par l’émission de dettes qui seront libellées dans cette monnaie.

    Or, pour l’instant, il n’en est pas question, ni en Russie ni en Chine. Dès lors, la liquidité de cet instrument ne peut être que réduite et son usage dans les transactions fortement limité. Il faudrait que la Chine et la Russie se décident à utiliser cet instrument pour financer les investissements tant publics que privés. Telle sera la prochaine étape.

    Il est néanmoins clair que ce projet à l’avenir pour lui. Le monde a trop longtemps vécu sous la coupe du Dollar. Pourtant, il faudra nécessairement en passer par l’éclatement de la zone Euro comme prémisse de l’effondrement du Dollar.

    RIA Novosti

    http://fortune.fdesouche.com/327461-la-remise-en-cause-de-lordre-monetaire-mondial#more-327461

  • Égypte : Le Wall Street Journal souhaite l’émergence d’un Pinochet

    On ne pouvait trouver meilleur indice pour confirmer nos soupçons d’un lien éventuel entre la stratégie du choc menée par les USA au Chili via Pinochet et les événements actuels en Égypte.

    Comment ? via le Wall Street Journal lui-même. Lequel, en début juillet, affirmait ni plus ni moins qu’il fallait « un Pinochet en Egypte ».

    Manière en quelque sorte d’indiquer que les théories des Chicago Boys et de Mielton Frideman pourraient être appliquées à l’heure actuelle en Égypte, dans une stratégie du choc ? … laquelle permettant  une meilleure acceptation  de nouvelles règles économiques par les populations « choquées ».

    En vue – au final – d’ouvrir la voie à un libéralisme accru, et à la privatisation des richesses du sol et sous-sol – voire off-shore – du pays. Et ce, alors même que d’immenses réserves gazières viennent récemment d’être découvertes au large de ses côtes, ressources sur lesquelles Chypre et Israël semblent vouloir afficher leur suprématie, au grand dam, des pays environnants tels que Egypte, Liban, Syrie, Turquie

     

    En tout état de cause, rappelons que le 4 juillet dernier, le Wall Street Journal affichait en guise d’éditorial – non signé – que « «Les Egyptiens seraient chanceux si leurs nouveaux généraux s’avéraient être de la trempe d’Augusto Pinochet au Chili, qui arriva au pouvoir en plein chaos mais engagea des réformateurs libéraux et instigua une transition démocratique. Si le général Abdel Fattah al-Sisi essaie de restaurer l’ordre de Moubarak, il souffrira au bout du compte du même destin que Morsi.»

    Il est vrai qu’à la mort de Pinochet lui-même, en 2006, Forbes s’insurgeait contre la nécrologie du New York Times jugée trop sévère. Regrettant de devoir « vraiment chercher » dans l’article du New York Times « pour trouver un mot sur le fait que Pinochet a sauvé le Chili du chaos économique infligé par son prédécesseur socialiste, Salvador Allende.»

    Lequel éditorial rappelait que le général Pinochet avait pris le pouvoir le 11 septembre 1973 lors d’un coup d’Etat sanglant qui a renversé le gouvernement marxiste du président Salvador Allende. Précisant qu’il avait « ensuite mené le pays dans une ère de croissance économique ». Mentionnant tout de même au final que « sous sa présidence plus de 32.000 personnes ont été exécutés ou ont disparu et des milliers d’autres ont été détenues, torturées ou exilées.»

    Dans son ouvrage intitulé « La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre », la journaliste canadienne Naomi Klein fournit quant à elle les éléments détaillés d’une enquête édifiante sur le dévoiement du capitalisme depuis plus de trente ans.  Naomi Klein remontant tout d’abord aux années 50, période durant lesquelles, un universitaire américain de Chicago, Milton Friedman avait mis au point une doctrine économique reposant sur un capitalisme sans entrave, que l’Etat, les services publics et même la volonté politique ne pourraient freiner.

    Cette doctrine ne pouvant néanmoins être mise en œuvre qu’à la « faveur » d’un « choc » émotionnel et brutal, volontaire ou non, frappant les peuples et offrant une voie royale pour l’émergence d’un libéralisme sauvage dans tous les sens du terme.

    Milton Friedman devra ainsi attendre  1973 pour voir  sa doctrine confrontée avec la réalité économique et politique d’un pays en voie de développement … le Chili.  Rappelons que le 11 septembre 1973,  le général Augusto Pinochet  arrivait au pouvoir dans le pays, à l’issue d’un coup d’Etat militaire. Renversant alors la sociale-démocratie du président élu démocratiquement, Salvador Allende.

    Si certes le gouvernement déchu dérangeait quelque peu les intérêts de Washington, le coup d’Etat aura offert l’opportunité à une équipe de jeunes économistes sud-américains formés à l’école de Milton Friedman de s’implanter au plus haut sommet du pays.  Lesquels, surnommés les « Chicago Boys » mettaient alors les bouchées double pour appliquer leur nouveau credo néolibéral basé sur la privatisation, la déréglementation et la réduction des dépenses sociales.

    Cette recette économique allait toutefois se trouver rapidement indigeste pour la population chilienne, entraînant des dégâts considérables pour l’économie du Chili : inflation des prix de presque 400%, flambée des prix des denrées alimentaires de base, privatisation des entreprises publiques au profit de multinationales …. souvent américaines, sans condition de réinvestissement dans le pays ni obligation d’embaucher de la main-d’oeuvre locale, explosion du chômage, délabrement des services comme la fourniture d’eau potable et d’électricité, mais également médecine et hôpitaux publics 

    Le principe de base ? Le chaos économique et social résultant de l’application de la doctrine des « Chicago Boys » n’aurait jamais pu se faire sans le soutien d’un régime dictatorial, ce dernier faisant usage de ses moyens militaires et policiers sa force pour soumettre les citoyens à la nouvelle politique. Les syndicats et les mouvements de gauche étant réprimés férocement, leur opposition au diktat des conseillers économiques d’un nouveau genre leur ayant été fatale.

    Milton Friedman nia quant à lui jusqu’au bout ses responsabilités dans la mise en place d’un Etat fasciste. Estimant parallèlement que Pinochet ne fut pas assez dur dans l’application de sa doctrine économique, ce dernier changeant de cap au final, le chaos économique menaçant son propre régime.

    leblogfinance

    http://fortune.fdesouche.com/327135-egypte-quand-le-wall-street-journal-souhaitait-lemergence-dun-pinochet-remake-de-la-strategie-de-choc-des-chicago-boys#more-327135

  • Quand l’impôt pousse à la révolte

    Le mécontentement contre l’impôt n’est pas un sentiment nouveau. Par le passé, il a provoqué de nombreuses jacqueries, des mouvements sociaux et même des rébellions ouvertes contre l’État.

    En 2014, le taux de prélèvements obligatoires atteindra 46,1 % du PIB. Pour mémoire, il était de 10 % en 1900, époque où le Parlement retentissait des polémiques opposant partisans et adversaires de l’impôt sur le revenu, qui ne sera voté qu’en 1914 !

    Les Français ont de solides raisons, aujourd’hui, de penser que les impôts sont trop lourds, mal répartis ou mal utilisés. Ce sentiment n’est cependant pas nouveau dans l’histoire. Toute la question est de savoir s’il peut conduire à des attitudes ouvertes de refus de l’impôt, ou même à des révoltes antifiscales comme on a pu en voir dans le passé.

    Après l’effondrement de l’Empire romain, il faut plusieurs siècles pour retrouver une fiscalité d’État. Jusqu’au XIIe siècle, la fiscalité est donc seigneuriale, ecclésiastique et municipale. Les Capétiens, qui règnent sur la France, ne sont d’abord que des seigneurs parmi d’autres seigneurs. En vertu d’un principe du droit féodal, le roi « vit du sien », c’est-à-dire du revenu de son domaine. Mais en étendant son pouvoir, la dynastie, progressivement, entreprend de reconstruire un État central, qui va être conduit par la nécessité à lever des impôts. A la fin du XIIe siècle, la royauté impose les biens du clergé en vue de financer la croisade, mesure qui provoque, sous Saint Louis et plus encore sous Philippe le Bel, un conflit avec la papauté, cette dernière refusant que le clergé soit soumis à l’impôt sans son consentement.

    En 1382, Paris se révolte contre les impôts indirects

    Dans une deuxième phase, à partir du XIIIe siècle, la défense du royaume justifie l’imposition des sujets, cet appel étant conçu comme un rachat du service en armes. Mais au XIVe siècle, le conflit franco-anglais accroît les exigences fiscales. Les Capétiens sollicitent les villes et l’Église afin qu’elles leur cèdent une partie du produit de leurs impôts, et demandent l’aide des grands féodaux pour percevoir de nouveaux impôts. La fiscalité royale est toujours regardée comme une contribution exceptionnelle, qui suppose d’être négociée. Les états provinciaux ou les états généraux, qui réunissent les délégués des barons, de l’Église et des « bonnes villes », mènent les tractations qui conduisent à un accord avec le roi sur le montant exigé.

    En 1380, à un moment où la guerre avec les Anglais s’apaise, Charles V, avant de mourir, décide d’abolir les aides, c’est-à-dire la fiscalité indirecte. Ce geste généreux néglige le fait que l’État royal s’est renforcé et réclame des moyens permanents pour soutenir l’administration et la justice. Les aides sont donc rétablies, ce qui provoque, en 1382, les deux premières révoltes antifiscales importantes de l’histoire de France : la Harelle à Rouen et la révolte des Maillotins à Paris, où des demeures de bourgeois, de changeurs et d’officiers royaux sont brûlées. L’affaire se clôt par la pendaison d’une douzaine d’émeutiers, suivie d’une amnistie générale, mais Philippe le Hardi, régent et oncle du roi mineur, Charles VI, maintient les aides.

    A partir du XVe siècle, la monarchie ne négocie plus que les modalités de l’assiette et de la levée des impôts avec les états. Mais elle négocie. « Sous l’Ancien Régime, explique l’historien Jean-Christian Petitfils, l’impôt direct reste considéré comme anormal. » L’accroissement des besoins de l’État, la guerre, surtout, qui fait bondir le budget royal, amènent une augmentation de la pression fiscale qui se traduit, sous Richelieu, puis sous Mazarin, par de nombreuses révoltes : Croquants du Quercy (1624), Lanturlus de Bourgogne (1630), Nu-pieds de Normandie (1639). Ces mouvements sociaux réunissent parfois le peuple, la petite noblesse et le clergé contre l’État mais ne revêtent jamais un tour antimonarchique : les émeutiers incriminent les « mauvais conseillers » du roi et se contentent de s’en prendre aux collecteurs d’impôts. A partir du règne personnel de Louis XIV, toutefois, les séditions de ce type, telle la révolte des Lustucrus dans le Boulonnais (1662) ou celle du Papier timbré en Bretagne, dite des Bonnets rouges (1675), sont réprimées sans pitié.

    « Il faut distinguer la pression fiscale et le ressenti fiscal, commente Jean-Christian Petitfils. Objectivement, le poids de la fiscalité, sous l’Ancien Régime, n’est pas si considérable.

    Des chercheurs britanniques ont montré que la pression fiscale, à la mort de Louis XIV, était deux fois moindre en France qu’en Angleterre. Mais l’injustice dans la répartition de la taille (l’impôt direct), les multiples exemptions dont bénéficiaient certaines catégories de la population allaient provoquer une aspiration à l’égalité devant l’impôt qui ne ferait que s’exacerber, sous Louis XVI, quand la monarchie échouerait à imposer cette réforme. »

    Les vignerons de l’Aude, en 1907, font la grève de l’impôt

    La Révolution réorganise et unifie la fiscalité, créant des taxes dont certaines existent toujours. Napoléon, lui, met en place une administration fiscale dont nous avons hérité. L’impôt moderne n’a plus seulement pour but de financer les entreprises conduites par l’État, à commencer par la guerre : il poursuit un but politique, social, moral. Toutefois rien ne va de soi. Quand la révolution de 1848 crée une contribution « exceptionnelle », les paysans de Cusset, dans l’Allier, mettent le feu à la perception en s’écriant : « En République, on ne doit plus rien payer ! » L’alcool et le vin sont taxés, à la fin du siècle, au nom d’arguments qui mêlent l’impératif économique et les considérations hygiénistes. Mais dans les années 1905-1907, les vignerons du Jura puis de l’Aude, s’estimant surtaxés et insuffisamment soutenus après la crise du phylloxéra, lancent une grève de l’impôt qui dure plus de six mois.

    Entre 1894 et 1914, la Chambre des députés vote plusieurs fois la création de l’impôt sur le revenu, projet qui est repoussé par le Sénat, puis adopté sous forme de compromis, en juillet 1914, et appliqué pour la première fois en 1916. Le principe même de cet impôt sera combattu, pendant l’entre-deux-guerres, par les groupes parlementaires de droite et par diverses ligues des contribuables.

    En 1955, Pierre Poujade, fondateur de l’Union de défense des commerçants et artisans, appelle à la grève de l’impôt. Ses consignes sont peu entendues, mais le poujadisme devient un mouvement politique qui, en 1956, envoie 52 députés au Palais-Bourbon (parmi lesquels le jeune Jean-Marie Le Pen). Quinze ans plus tard, Gérard Nicoud reprend le flambeau de la défense des petits commerçants contre le fisc : après avoir dévalisé une perception à La Tour-du-Pin (Isère), en 1969, il appelle à la grève de l’impôt, en 1970, au cours d’un meeting qui réunit 40 000 manifestants au Parc des Princes.

    Et aujourd’hui, sommes-nous en 1788 ?

    Jean-Christian Petitfils ne le pense pas : « De nos jours, le sentiment révolutionnaire n’existe pas. Nous sommes dans un État de droit, et les institutions de la Ve République stabilisent le système : c’est dans les urnes que s’exprime le mécontentement. Le ras-le-bol n’en est pas moins réel, car il est provoqué par le sentiment que l’État demande aux Français des sacrifices qu’il ne s’impose pas à lui-même, et donc que la pression fiscale ne sert à rien. »

    Nicolas Delalande, un historien qui a étudié les réactions de l’opinion vis-à-vis de l’impôt depuis 1789, observe que le consentement à l’impôt « repose sur un lien de confiance qu’il faut perpétuellement reconstruire » (*). Si certains Français s’exilent aujourd’hui pour des raisons fiscales, c’est parce que ce lien de confiance entre l’État et eux a été rompu. Il ne sera pas rétabli en se contentant de traiter les exilés de mauvais citoyens. Faut-il rappeler que la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, en chassant les élites économiques protestantes, a coûté cher à la France ?

    (*) Les Batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Seuil, 2011.

    Jean Sevillia