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économie et finance - Page 837

  • Liquidation des souverainetés budgétaires

    130221Passionnés par diverses autres questions, celle des otages du Cameroun, celle de la correspondance entre Michel Taylor et Arnaud Montebourg, etc. les grands moyens d'information hexagonaux ont peu réagi aux plus récents développements institutionnels de la zone euro. [*Note : depuis le mise en ligne de cette chronique, Le Monde daté du 22 février a consacré son éditorial au sujet].

    Une longue négociation vient cependant de se conclure, entre les États et le parlement à propos de la convergence financière.

    M. Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques, enregistrait ce 20 février une "avancée majeure" de l'intégration. Afin de se prémunir de nouvelles crises dans la zone euro il a été convenu entre les gouvernements, actuellement sous présidence irlandaise, et l'assemblée de Strasbourg, que la Commission de Bruxelles contrôlerait plus étroitement les budgets nationaux.

    Les deux textes adoptés devraient être définitivement approuvés par le Parlement en session plénière. Le vote est prévu pour le courant du mois de mars ; les règles mises en place devraient entrer en vigueur dès cette année, probablement dès le mois d'avril. À partir d'octobre 2013 les projets de lois de finances pourraient alors être censurés par la Commission.

    On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une surprise. Dès 2011, pour sauver la monnaie unique, et sous l'impulsion du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, avec le soutien du président de la république française d'alors Nicolas Sarkozy, il avait été convenu de créer un véritable pouvoir de contrôle sur les budgets nationaux au profit de la Commission pour chacun des pays ayant adopté l'euro.

    Jusqu'ici, les membres de l'union monétaire, au cours des six premiers mois de l'année N, se concertaient seulement sur l'orientation de leurs politiques budgétaires en vue de l'année N+1. La Commission européenne faisait des suggestions, que les gouvernements validaient plus ou moins dans la pratique.

    Ceci pouvait déjà aller plus loin qu'on ne le croit ordinairement. Ainsi en décembre 2011, la Belgique a vu la Commission lui demander de revoir son budget, qu’elle n’estimait pas conforme au déficit public visé. Or, il ne s’agissait pas là d’une simple recommandation : si le royaume d'outre-Quiévrain n’avait pas revu son projet, l'amende encourue aurait pu représenter jusqu’à 0,5 % de son PIB. Quant à la France, dès la présentation en septembre-octobre de ses projets de lois de finances pour 2012 (1)⇓, la Commission lui a demandé de les réviser.

    Or, le "paquet" en cours d'adoption (2)⇓ se révèle plus interventionniste encore dans la façon dont les États vont désormais élaborer leurs budgets.

    On parle à ce sujet d'une gouvernance européenne. Elle renforcera donc considérablement les contraintes du pacte de stabilité de 1997, les nouvelles procédures entrant en vigueur d'ici à l'été.

    On a évoqué des "discussions houleuses" (3)⇓. La composante socialiste de l'assemblée voulait aborder le sujet d'un fond d'amortissement européen, permettant de mutualiser une partie de la dette de la zone euro, et d'aboutir à l'institution d'euro-obligations. Cette "grande idée" de Dominique Strauss-Kahn, alors à la tête du FMI, était avancée par son protégé Georges Papandréou dès son arrivée aux affaires en 2009. Elle était plus ou moins préparée par la conférence de Bilderberg de mai 2009 à Vouliagmeni. Soutenue par l'Internationale socialiste, elle s'est toujours heurtée au refus catégorique du gouvernement de Berlin.

    Au bout du compte, les eurodéputés ont accepté de renforcer les prérogatives de l'exécutif européen pour améliorer la discipline budgétaire de la zone euro et éviter une nouvelle crise de la dette.

    Quand François Hollande a été élu, dès le Conseil européen du mois de juin il s'est incliné, en fait, devant la nécessité de mettre en place le dispositif nouveau.

    Martin Schulz président du Parlement européen s'est félicité de l'accord. Il considère que : "ces nouvelles lois sont un élément clé pour mettre en place une gouvernance économique plus forte dans la zone euro et renforcer la protection de l'Union européenne contre de nouvelles crises économiques". L'eurodéputée socialiste, Elisa Ferreira, rapporteur de ce paquet législatif affirmait que : "Les pays qui, à l'heure actuelle, font des sacrifices extraordinaires, doivent savoir que leurs efforts sont reconnus et seront récompensés. C'est pourquoi nous avons tellement plaidé en faveur d'une adaptation des propositions originelles de la Commission".

    Au total cependant, le Parlement européen a donc dû se contenter de la simple promesse de créer un "groupe de travail chargé de réfléchir" aux façons de mutualiser les dettes. Un rapport doit être rendu au printemps 2014. En vérité cependant trois mois avant le mandat de l'actuelle commission Barroso prenant fin pendant l'été autant dire que ce document risque fort de demeurer lettre morte.

    On notera que la Commission ne pourra faire réviser un budget que du point de vue du niveau prévisionnel de son déficit public. Elle ne pourra pas encore imposer aux États membres des réformes structurelles.

    Or, seules celles-ci, c'est-à-dire dans la pratique une diminution des dépenses, passant nécessairement par la réduction du périmètre de l'intervention étatique, peut assurer durablement l'assainissement financier (4)⇓. Chaque pays retrouvera donc la nécessité de se sauver lui-même.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. Rappelons que depuis la réforme constitutionnelle de 1996 légalisant le funeste plan Juppé de 1995 la république jacobine vote deux lois de budgétaires. La seconde est appelée "loi de financement de la sécurité sociale". Son périmètre est supérieur à celui de l'État central proprement dit 
    2. sous l'appellation anglo-saxonne de "two-pack".
    3. cf. 20 Minutes le 20 février 2013 à 17 h 02
    4. cf. les propositions de mon petit livre "Pour une libération fiscale".
  • Tournées solidaires, rappel à l’ordre du don de soi – Par Marie, de Lille

    Tournées solidaires, rappel à l’ordre du don de soi – Par Marie, de Lille

    Depuis début janvier, les tournées de la « Génération Solidaire » ont été lancées simultanément dans plusieurs villes de France. J’ai aussitôt été séduite par cette idée. Lorsque l’on est jeune et un peu idéaliste, on a tendance à rêver de changer le monde. On voudrait se mettre dans la peau d’un de ces héros d’autrefois pour sauver son pays, aider son peuple. Hélas, bien souvent ces grands idéaux sont rattrapés par la routine du quotidien, et nos désirs de générosité s’étouffent parfois un peu vite dans nos activités incessantes de jeune gens du XXIe siècle.

    D’autres fois, ce sont l’impuissance et le découragement qui nous saisissent : que puis-je faire, moi, pauvre fille perdue dans cette métropole de plus de 1 million d’habitants, pour me rendre utile pour mon peuple ?

    Cette initiative des tournées solidaires est comme une piqûre de rappel : un peu de courage qu’on nous tend, pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls à vouloir agir positivement sur le monde qui nous entoure, et que d’autres peuvent avoir besoin de nous. C’est donc avec enthousiasme que je me lance dans l’aventure.

    Chaque soir, moi je sais où dormir…

    Bientôt, nous commençons nos premières tournées de solidarité, dans la froidure de l’hiver. Lille est sous la neige, il fait entre -5 et -10 degrés en ces débuts de soirée. Et nous savons que la nuit sera plus fraîche encore. Ces premières tentatives nous font aussitôt goûter à cette dureté de la condition des sans-abris. A sillonner ainsi les rues de notre ville, pendant des heures dans le froid glacial, nous comprenons un peu plus la détresse de ces gens abandonnés sur le trottoir. J’ai oublié mes gants, et lorsque je sers la nourriture, mes doigts sont gelés. Mais je sais bien que chaque soir, un endroit chaud m’attend. Et j’ai un peu honte lorsque je pense à ma petite vie si confortable, et à mes soucis coutumiers, qui sont bien peu de choses face aux difficultés des sans-abris. Ceux-ci vivent au jour le jour, et pensent avant tout à survivre aujourd’hui, sans avoir le temps de se préoccuper du lendemain.

    La plupart d’entre eux se réfugient dans la gare ou dans les stations de métro, en espérant y trouver un peu de chaleur. En nous voyant arriver, avec nos sacs de couvertures, notre soupe qui fume, et nos pulls jaunes sur lesquels est inscrit notre message « Génération solidaire ! », des sourires éclairent leurs visages, et cela nous réchauffe un peu le cœur. Nous discutons avec eux, simplement, comme si nous les connaissions depuis toujours, et nous découvrons de véritables drames humains ignorés de notre monde individualiste et donneur de leçons.

    La pauvreté, plus qu’un chiffre politique

    Nous rencontrons une femme enceinte de trois mois, et qui malgré ses nombreuses demandes n’obtient aucune aide. Un homme nous avoue qu’il ne veut pas aller dans les centres d’hébergement à cause de l’insécurité qui y règne : on l’y menace avec des cutters, pour lui prendre ses chaussures et le peu qu’il possède. Un autre jour, c’est avec un homme roué de coups que nous discutons. Je pourrais multiplier les exemples.

    Bien sûr, nous savions avant nos tournées que la pauvreté des gens de notre peuple était de plus en plus répandue, nous savions que l’insécurité était le lot quotidien des mendiants, et que beaucoup d’entre eux étaient des jeunes gens de moins de 30 ans. Les chiffres, les statistiques et les pourcentages nous l’ont dit. Mais lorsque l’on se retrouve face à des hommes et à des femmes de chair et d’os et qui souffrent, alors les chiffres prennent un tout autre sens. Et nous sommes révoltés du peu de moyens que nous possédons pour leur venir en aide, et de l’indifférence générale à leur égard. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de continuer nos tournées. Et espérer que notre initiative réveillera d’autres générosités, prêtes à venir offrir leur solidarité à ceux qui sont dans le besoin !

    Marie de Lille http://fr.novopress.info

    Source : le webzine féminin Belle et Rebelle.

  • Ministre de la scoumoune productive

    Il y en a, décidément, pour qui la vie n’est pas un long ministère tranquille. Prenez Arnaud Montebourg, par exemple… Déjà, le nom de son ministère, créé spécialement pour lui, ne fait pas sérieux : « Ministère du redressement productif ». On pense aussitôt à une réclame pour valoriser les effets du viagra ! Surtout quand le malheureux en charge de la chose se fait larguer peu après par sa médiatique compagne Audrey Puylvar… Mauvaise pioche !

    Pour oublier ses déboires sentimentaux, rien ne vaut une déclaration de matamore, s’est-il dit… Pourquoi pas, alors, menacer le propriétaire indien du site Arcelor-Mittal de Florange dont la fermeture avait été annoncé comme inéluctable, faute de rentabilité, d’une nationalisation temporaire ? En voilà une idée qu’elle est bonne… pour se faire immédiatement renvoyer dans les cordes par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ! Pas sérieux ? Non, pas possible ! Le pauvre Montebourg est le seul pour qui impossible est français !

    On démissionnerait pour moins que cela ! « On », peut-être, mais pas lui qui a encaissé « sans moufter », le torse raide dans sa marinière et la larme à l’œil.

    Tant qu’on est ministre, il y a de l’espoir, n’est-ce pas ?

    Mais c’est à croire qu’aucune humiliation ne lui sera épargnée ! Après celle d’un indien, notre ministricule vient d’essuyer celle d’un yankee !

    Le PDG américain de Titan International envisageait de reprendre l’usine de pneus Goodyear d’Amiens-Nord, elle aussi menacée de passer en mode inactive !

    Mais M. Taylor, PDG en question de Titan International, a écrit à notre Ministre décidément malchanceux, qu’il n’en était pas question. En cause, la « productivité »  de nos ouvriers, qualifiés par l’intéressé de « soi-disant ouvriers » : leur cadence de travail laisserait, paraît-il, à désirer… On ose le croire !

    « J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés, mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures (…) Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France », écrit M. Taylor au ministre.

    Et de peur sans doute de ne pas être bien compris, le malotrus se fait encore plus lourd que nécessaire en précisant : « Monsieur, votre lettre signale que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? (…) Titan est celui qui a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. »

    Interrogé, le mis-en-ridicule a refusé de commenter cette lettre : « Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France », a-t-il dit.

    La question serait plutôt : que pourrait-il bien répondre, sinon une grossièreté « réchaufée », puisque déjà passée à la postérité dans la bouche du général Cambronne… ou peut-être encore d’adapter la si élégante réplique de notre ancien président : « Casse-toi,  pauvre cow-boy ! » ?

    Une grossièreté, évidemment, si ça soulage sur l’instant, ça ne fait guère progresser la discussion… qui de toute façon, est close côté outre-atlantique.

    La question de la productivité de nos ouvriers syndiqués est un vaste débat sur lequel les avis seront sans doute aussi passionnés que partagés. Évitons pour l’heure de nous y engager.

    Concluons néanmoins qu’il est tout de même étonnant qu’à chaque fois qu’une entreprise française va mal, certains puissent se réjouir qu’un étranger – qatari, yankee ou autre – envisage d’en devenir propriétaire.

    À croire qu’il n’y a du bonheur qu’à ne plus rien posséder et à trimer pour les autres.

    « La propriété, c’est le vol », disait en son temps  Pierre-Joseph Proudhon, éminent sociologue, premier Français à se revendiquer comme « anarchiste »… et antisémite notoire à ses heures (ce qu’oublient nombre de citoyens « de gauche » contemporains qui ne manquent pas de célébrer l’intéressé comme une grande figure s’il en est ! Pourquoi pas !(1)

    En attendant, le Ministère d’Arnaud Montebourg est en passe de se voir sous peu rebaptisé « de la scoumoune productive » !

     P. Randa http://francephi.com

    Note

    (1) Pour ceux qui s’intéresserait à la question, je ne manque pas l’occasion de leur indiquer mon livre Les « Antisémites » de gauche (éditions de L’Æncre), co-écrit avec Roland Gaucher.

  • Grèce : Vers l’insolvabilité [par Jacques Sapir]

    Alors que le président français François Hollande, venu en "ami", a jugé mardi à Athènes que le retour à la croissance était la solution pour la Grèce, précisant que "le maintien de la Grèce dans la zone euro est un acquis", il est évident que le problème grec est loin d’être terminé.

    Jacques Sapir nous a autorisé à publier son dernier article qui revient sur le risque d’insolvabilité du pays. Tout montre en effet que les problèmes économiques de la Grèce sont très loin d’être résolus.

    Les nouvelles qui parviennent de Grèce sont chaque jour plus tragiques. S’il fallait un exemple de la faillite des politiques d’austérité, ce pays nous en fournirait un éclatant. Mais ce pays n’est pas un « exemple ». Il est constitué de 10 millions de personnes qui souffrent sans aucun espoir de secours. La Grèce est dans une voie sans issue, au bout de laquelle il ne peut y avoir que le défaut sur le reste de la dette, une partie ayant été déjà restructurée dans des conditions qui s’apparentent à un défaut ordonné. Il est clair que, d’ici le mois de juin, la Grèce sera de nouveau insolvable.

    Le dernier accord signé à l’automne dernier entre le gouvernement et la Troïka, soit le FMI, la BCE et l’Union Européenne, prévoyait que les intérêts de la dette grecque seraient payés par des prêts de ladite Troïka, à charge au gouvernement de dégager un surplus sur les comptes courants du Budget (ce que l’on appelle un « excédent primaire »). Or, cet objectif s’éloigne de plus en plus. Les recettes liées à la TVA et aux taxes aux importations ont diminué de 8,7% au deuxième trimestre 2012 et de 10% au troisième trimestre1. Les taxes sur le revenu et la propriété, qui avaient connue une forte augmentation lors du second trimestre 2012 par rapport à la même période de 2011 (+29%) ont vu leur rythme annuel d’accroissement chuter au troisième trimestre (+10%). Les premières indications sur le 4ème trimestre de 2012, et surtout sur le mois de janvier 2013, montrent que ces recettes connaissent elles aussi une baisse absolue. Pour le mois de janvier, il a manqué au budget 246 millions d’Euros pour être en équilibre. Le gouvernement a donc décidé de réduire autoritairement les dépenses d’un même montant, engageant ainsi un mécanisme dont il n’a aucune idée et qui va précipiter la catastrophe. [...]

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    http://www.actionfrancaise.net

  • Russie : Vers un nouveau modèle politico-économique ?

    Par Alexandre Latsa

    Le Forum Gaïdar s’est tenu en Russie du 16 au 19 janvier 2013. Comme chaque année, les participants au forum ont pu discuter de l’avenir économique de la Russie et envisager des scénarios de développement pour le pays. Le forum s’est notamment axé sur les questions d’intégration économique et de choix des partenaires commerciaux de la Russie.
    Certains intellectuels libéraux ont ouvertement envisagé comme voie inévitable pour la Russie une forme “d’intégration à l’Union Européenne” pendant que des intellectuels de la gauche russe comme le directeur de l’institut de la mondialisation Michael Deliaguine pensent au contraire que “L’Europe n’a pas besoin d’une intégration avec la Russie“.

    Le gouvernement russe, via le premier ministre Dimitri Medvedev, a lui réaffirmé ses objectifs prioritaires d’intégration eurasiatique pour faire de cette nouvelle hyper-région du monde un pont entre l’atlantique et le pacifique, tout en relevant le défi de la modernisation du pays dans les domaines de la politique, de l’économie et du social.

    Les participants au forum ont tous admis que le monde était au bord de changements majeurs, ce que le président russe annonçait en décembre dernier en affirmant que “l’ensemble du monde s’engage dans une époque de transformations radicales et peut-être même de grands chocs“. L’un des signes de ces transformations radicales en cours semble être ” l’éclatement de l’Occident ” selon les mots d’Alexandre Melnik.

    Un éclatement qui se matérialiserait selon lui par la transformation de l’Amérique puissance transatlantique en une puissance transpacifique happée par l’Asie conquérante, par l’isolement de l’occidentale Australie au sein d’un Pacifique de plus en plus asiatique, mais aussi par l’incapacité de l’Europe à faire face à la globalisation, ce qui lui fait prendre le risque de sortir de l’histoire par une porte dérobée.

    A ce titre, les dernières nouvelles politiques d’Angleterre semblent indiquer que la première étape de ce phénomène (un monde sans Union Européenne) est peut être bien déjà entamée.

    Cette évolution vers un monde désoccidentalisé et “asiatisé” laisse penser que les intentions de la Russie de se placer comme partenaire européen prioritaire de l’Asie et comme pont entre la région Asie-pacifique et la région euro-atlantique sont non seulement un choix stratégique majeur mais aussi un choix essentiel pour la survie économique et culturelle de la Russie.

    Cette option de la Russie pourrait fournir des débouchés, mais aussi une porte de survie à l’Europe, vers l’Asie et le continent eurasiatique. Le président russe, lors de son discours annuel en décembre dernier, a affirmé (il faut s’en rappeler) que l’Asie constituerait la priorité de développement de la Russie pour les prochains 25 ans.

    Sur le plan des hydrocarbures, la Russie projette de réaliser en Asie-Pacifique 22% à 25% de ses exportations pétrolières et 20% de ses exportations de gaz d’ici à 2020.

    Le basculement du monde y compris la Russie vers une Asie en pleine expansion pourrait modifier le mode de gouvernance en Russie puisque selon l’ancien premier ministre Evgueny Primakov, la période dite du tandem (soit l’Alliance entre deux hommes: Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev) pourrait prendre fin. Non pas que les deux hommes soient en guerre comme cela a trop souvent été envisagé, mais parce que la situation politique interne et externe est devenue différente.

    Les impulsions libérales et modernisatrices de Dimitri Medvedev ont été insufflées à la gouvernance russe, mais celle-ci n’a plus besoin d’être vue comme un tandem qui assure l’alternance politique pour apparaître plus démocratique, selon les mots de l’ancien premier ministre.

    Enfin un nouveau visage est apparu au premier plan durant la dernière campagne présidentielle de Vladimir Poutine: le très patriote Dimitri Rogozine, proche en son temps du général Lebed et ancien “Monsieur Russie”  à l’OTAN. Il est devenu vice premier ministre chargé du complexe militaro-industriel et il est partisan d’une ligne politique de reconstruction nationale avec l’appui de l’état. Récemment, il a affirmé que le complexe militaro-industriel russe devait et allait devenir la locomotive de l’économie russe.

    Ces déclarations ont fait écho à celles de Serguei Glaziev, ancien candidat à la présidentielle et désormais conseiller financier de Vladimir Poutine.Ce dernier a récemment  alerté les autorités russes sur ce qu’il appelle ” la guerre financière totale ” que mènent les pays industrialisés et occidentaux contre la Russie aujourd’hui. Selon lui, les principales puissances monétaires mondiales, notamment les États-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et les pays de l’UE, accroissent actuellement leur émission monétaire en vue d’acquérir des actifs en Russie, ce qu’il dénonce comme étant “la guerre de la planche à billets“.

    Il propose donc des mesures pour permettre à l’état russe de s’opposer au rachat massif d’actifs russes par des sociétés étrangères, via notamment une taxe sur les opérations avec les monnaies étrangères en vue de limiter les transactions spéculatives. Hasard? Ce conseiller financier est un ancien du parti “Rodina” (Patrie) et un ancien bras droit de Dimitri Rogozine.

    Vladimir Maou, recteur de l’Académie de l’économie nationale et de la fonction publique de Russie, a lui conclu au forum Gaïdar que “les changements consécutifs à une crise importante conduisent à un changement des équilibres géopolitiques et géoéconomiques et à la formation de nouvelles doctrines économiques”.

    Est-ce qu’il faut s’attendre à  un changement de tendance politique et économique majeur au sein de la gouvernance russe? On peut le penser alors que vient d’être d’annoncé la rédaction d’une nouvelle Doctrine de politique étrangère qui devrait renforcer la “souverainisation” de la politique nationale russe, et que le ministère russe du Développement économique vient aussi de publier très récemment trois scénarios de développement socio-économique de la Russie pour l’horizon 2030.

    Ria Novosti   http://fortune.fdesouche.com/

  • Jean-Pierre Petit : « L’image de notre pays est catastrophique »

    Jean-Pierre Petit, président des « Cahiers verts de l’économie » revient sur la lettre de Maurice Taylor à Montebourg. Pour lui, le PDG de Titan dit ce que le monde entier pense de la France. L’image de notre pays est « catastrophique » et la politique économique de François Hollande ne fait qu’aggraver cet état de fait. Les recettes publiques représentent 52% du PIB et les dépenses publiques plus de 56% du PIB. Une situation qui n’est pas tenable très longtemps…

    Si l’autorité de l’État, qui ne tient plus aujourd’hui qu’au fait qu’il permette encore à la structure économique de fonctionner, disparaît avec cette dernière, les tissus moral et social étant eux-même en état de déliquescence avancés, que laisse augurer l’avenir ?

    http://www.contre-info.com/

  • 4,7 millions de Françaises vivent dans la pauvreté

    Avec un niveau de vie inférieur au seul de pauvreté de 964 euros mensuels pour une personne seule, 4,7 millions de femmes (contre 3,9 millions d’hommes) vivent dans la grande précarité.

    William Bouguereau, Famille indigente, 1865

    70 % des “travailleurs pauvres” sont des femmes et le risque de précarisation est aggravé pour les familles monoparentales. Ce sont les derniers enseignements d’un rapport remis par la délégation aux droits des femmes du Conseil économique, social et environnemental.

    Les chiffres donnent le vertige. Plus des trois quarts des 1,5 millions de personnes en sous-emploi sont des femmes. Le taux de féminisation des emplois à temps partiel dépasse 82 % et pour 31 % d’entre elles, cette situation est subie. Enfin, les deux-tiers des salariés à bas salaire sont des femmes.

    Ces vies précaires ont un impact sur l’état de santé et le niveau des retraites. Les femmes en France perçoivent une pension deux fois plus faible que celle des hommes (879 euros contre 1.657 euros mensuels). Les moins favorisées recourent moins que les autres aux examens de dépistage, notamment du cancer et en dépit de l’instauration de la CMU-C, elles déclarent plus souvent que les hommes (18,5% contre 12,3% des hommes) renoncer à des soins pour raisons financières.

    Elles sont également plus vulnérables en matière de santé au travail : les troubles musculo-squelettiques (TMS) les concernent à 58 %. Pourquoi ? Parce qu’elles sont surreprésentées dans les professions d’agents d’entretien, d’aides aux personnes ou de vendeuses dans lesquelles les postures sont contraignantes et répétitives.

    Les mères isolées connaissent encore un risque aggravé de précarisation. Elles représentent la quasi totalité des 190.000 allocataires du RSA socle.

    Viva   http://fortune.fdesouche.com/

  • Michel Platini et l’esclavage

    [En exclusivité pour Contre-info.] Par Laurent Glauzy.

    La FIFA, Fédération internationale de football, a accordé au Qatar l’organisation de la Coupe du monde de football 2022. Il s’agit d’arrangements entre petits amis. L’hebdomadaire France Football quiaccuse sans concession : « Ils ont acheté le Mondial 2022 », évoque « une odeur de scandale qui oblige à se poser la seule question qui vaille : ce vote doit-il être annulé ? » Les lourds « soupçons de compromission » concernant le vote en faveur du Qatar sont étayés par les personnalités du monde du football qui ne supportent plus ce climat malsain.

    Sa candidature était portée par un budget colossal de 33,75 millions d’euros… France Football explique : « La marge est étroite, presque invisible, entre collusions d’intérêts et corruption ». Platini, le patron de l’UEFA (Union européenne des associations de football), ému en diable, et qui avait dans un premier temps envisagé de donner sa voix aux Etats-Unis, proteste : « Croire que mon choix se serait porté sur le Qatar en échange d’arrangements entre l’Etat français et le Qatar n’est que pure spéculation ». Ben, voyons… Le 23 novembre 2010, une réunion secrète avait eu lieu au Palais de l’Elysée, une dizaine de jours avant le vote de la FIFA, entre le président de la République, Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamin bin Hamad al-Thani, et Michel Platini.

    La « commission d’éthique » de la FIFA vient d’affirmer son « intention de mener une enquête approfondie » sur les « allégations concernant des événements survenus dans le cadre de la procédure d’attribution de la Coupe du monde ». Interdit de rire… Le monde du football est aussi entaché par l’esclavage. Cette réalité n’épargne pas la réputation si controversée de Michel Platini.

    Alors que la Russie s’apprête à accueillir la coupe du monde de football en 2018, un joueur professionnel évoluant dans un club de première division de ce pays, a révélé en 2011 avoir été brutalisé par ses dirigeants. Nikola Nikezić est monténégrin. En 2007, il joua une fois avec le maillot de la sélection nationale du Monténégro. Aujourd’hui, ce joueur âgé de 31 ans tente d’oublier les blessures infligées par le FC Kouban de Krasnodar, ville située dans la région du Nord-Caucase, à 1 200 km au sud de Moscou. Bien que son contrat prenait échéance fin 2011, il dut quitter son club précipitamment : il affirme avoir été frappé à plusieurs reprises. Des rumeurs disent que les clubs russes traitent de plus en plus mal leurs joueurs. Nikezić a osé briser la loi du silence : il témoigne publiquement des brimades qu’il a reçues. En 2010, l’entraîneur-assistant l’a convoqué dans son bureau et le roua de coups. Son club voulait se débarrasser de lui sans verser d’indemnités de licenciement. Ses performances étaient médiocres : attaquant, il avait seulement inscrit quatre buts en trente-et-une rencontres. Plus tard, alors que les membres du club suivaient des stages d’entraînement en Turquie et en Espagne, il resta à Krasnodar pour courir quatre heures par jour dans la neige. « Il me semblait que j’étais un animal », relate Nikezić, « mais je n’ai jamais songé à abandonner ».

    Le 5 mars 2011, il était assis en compagnie de l’entraîneur-assistant. La porte s’ouvrit et deux hommes entrèrent. Ils posèrent un document sur la table. Il s’agissait d’un contrat de dénonciation. Ils portaient des lunettes noires, des vestes en cuir et deux pistolets rangés dans des étuis. Ce qu’il se passa ensuite, Nikezić le décrivit dans une lettre adressée à Michel Platini, déjà Président de l’UEFA. Le jeune monténégrin fut passé à tabac et étranglé par les deux hommes qui manquèrent de l’estropier. Sans défense, Nikezić signa les documents mentionnant qu’il renonçait à la somme de 165 000 euros, comprenant notamment le reste de son salaire jusqu’à l’échéance du contrat. Dans le cas où il parlerait, ses tortionnaires le menacèrent de le retrouver ou de s’en prendre à sa famille. Le joueur ne se laissa pas impressionner. A l’aide de son portable, Nikezić prit des clichés de ses blessures et les transmit à un membre de la Fifpro, une organisation syndicale et internationale pour les joueurs professionnels. Il quitta ensuite Krasnodar. L’UEFA affirma qu’elle n’était pas compétente en la matière, car ce cas était du ressort de la FIFA et de la Fédération russe de football. En avril 2011, la commission d’éthique de la FIFA a condamné le FC Kouban de Krasnodar a un paiement somme toute modique de 45 000 euros au motif que le club ne respectait pas le code du travail. Il ne fut pas question des violences physiques. Dans ce même club, un autre joueur, le Serbe Sreten Sretenovic, dénonça avoir été victime des mêmes méthodes : étranglé pour résilier son contrat.

    Theo van Seggelen, le secrétaire général de la Fifpro, affirme qu’il a connaissance de plusieurs faits semblables : « Il ne s’agit pas de centaines mais de milliers de cas. La crise financière et la corruption n’ont pas épargné le football russe, et de tels récits sont dans ce pays de plus en plus fréquents ».

    Suren Mkrtschian, directeur général du club de Krasnodar, contesta les accusations de Nikezić. Devant les journalistes, il prétexta : « Nous sommes affligés par la réputation d’une Russie criminelle datant du siècle dernier ». Mais que l’on se rassure, le FC Kouban de Krasnodar n’est pas une formation raciste ou antisémite ; et c’est bien là l’essentiel. Le club a recruté trois perles noires du football africain : deux Ivoiriens et un Angolais ainsi que quelques Roumains et Portoricains. Quant à Nikola Nikezić, son expérience pourrait compléter de manière idéale le livre de Michael A. Hoffman, They Were White and They Were Slaves (Ils étaient blancs et ils étaient esclaves) (voir ici).

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome II)

    Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
    Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
    Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
    Atlas de géopolitique révisée, tome I
    Chine, l’empire de la barbarie
    Extra-terrestres, les messagers du New-Age
    Le mystère de la race des géants

  • La politique de la Ville : un échec à 90 milliards d’euros

    PARIS (NOVOpress via le Bulletin de réinformation) - Mardi, le Premier ministre a présenté une énième réforme de la politique de la Ville. Elle prévoit une série de mesures visant notamment à concentrer les moyens existant vers les quartiers les plus en difficultés. En trente ans de « crise des banlieues », c’est près de 2.500 quartiers dits « difficiles » qui ont fait l’objet de programmes de rénovation de l’habitat, de subventionnement de l’emploi et associatif, afin de retrouver la paix sociale et l’emploi.

     

    Depuis 1989, la politique de la Ville a coûté 90 milliards d’euros : 50 milliards d’euros entre 1989 et 2002, et 42 milliards supplémentaires pour le plan Borloo pour les banlieues entre 2003 et 2012 ! Où va cet argent ? Nul ne semble vraiment le savoir. La Cour des comptes a critiqué les subventions massives, distribuées sans contrôle à 15.000 associations dont souvent on ignore tout. En juillet dernier, elle a encore pointé du doigt le saupoudrage confus des crédits

    L’échec est sévère : le dernier rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles montre que le taux de chômage est, dans ces quartiers, 2,5 fois plus élevé que dans le reste du territoire national ! Un tiers de la population y vit sous le seuil de pauvreté. L’échec scolaire y est désespérant. Tous les services publics y sont plus difficiles d’accès. Enfin, l’insécurité y empire sans cesse. La politique de la Ville a été incapable d’atteindre son objectif de rétablir la paix sociale, l’emploi et la sécurité régnant ailleurs en France.

    En résumé, la politique de la Ville est un incroyable enchevêtrement sans cohérence de programmes, de dispositifs et de périmètres, s’applique sur des quartiers durablement déstructurés par l’immigration de masse et où l’idéologie du droit à la différence a fait des ravages.

    Selon Xavier Raufer, la réformer nécessiterait de suivre trois phases simples et claires : « Pacification, confiance, retour à la norme et au travail. »

    http://fr.novopress.info

  • L’Hexagone en coupe réglée par Georges FELTIN-TRACOL

    Le travail d’enquêteur journaliste est souvent risqué. Il risque de donner à celui qi le fait une vision très noircie de l’actualité. Le roman Mafia chic en est un bel exemple. Co-écrite par la journaliste Sophie Coignard, responsable des fameux rapports annuels Omerta qui dénoncent les enterrements de l’information et les connivences entre les médias et les politiciens, et l’éditeur Alexandre Wickham, l’intrigue nous plonge dans les coulisses nauséabondes de la classe politique française.

     

    Candidat à la présidence de la République, Xavier est Premier ministre. C’est un héritier; son père fut lui aussi un homme politique d’envergure nationale. Désireux de réaliser des coups médiatiques, il veut visiter  le Buisson d’Argent, « une hideuse ville nouvelle qui, dans les années soixante-dix, avait surgi du cerveau malade de quelques architectes post-staliniens » (p. 46). Il se dit « préoccupé par tous les phénomènes d’exclusion, par ce qu’il appelle la déchirure sociale » (p. 46). En préparant la visite, mairie et autorités contactent Sélim, le caïd de la cité, pour qu’il fasse en sorte que tout se déroule parfaitement. Sinon, « en cas de pépin […], déclare un officier de police, ce n’est pas seulement votre avenir, Sélim, qui se trouvera compromis. Il faut que vous compreniez bien que les bâtiments où habitent d’éventuels fauteurs de troubles seront détruits. Au nom de la politique de la Ville, officiellement » (p. 105). Il faut à tout prix empêcher la violence « des citoyens dignes de respect mais vivant mal leur francité » (p. 102). L’enjeu est d’importance, car Xavier a prévu d’y passer une nuit !

     

    Le séjour se serait excellemment passé si la sœur de Sélim, une rappeuse désignée pour accompagner le grand homme dans l’appartement réquisitionné, n’avait pas volé un dossier ultra-secret : plusieurs sachets de cocaïne ! Accro à la coke, Xavier se trouve en réalité au cœur d’un gigantesque réseau politico-mafieux qui prospère aux dépens de la population. Pratiquant d’une manière industrielle la corruption et les fonds secrets, cette pègre politique se retrouve souvent dans un vieux monastère restauré dans la campagne corse et occupé par de faux moines trafiquants de drogue. Sa puissance et sa richesse viennent des multiples arrangements avec les collectivités locales, d’où le développement des travaux de voirie ! « Il y a eu les ronds-points […]. C’était moins juteux, mais on pouvait en construire plus. Si les Français savaient pourquoi ils ne peuvent plus faire dix kilomètres sans tomber sur un giratoire ! » (p. 136), s’interroge Xavier qui possède toujours sur lui au moins vingt mille francs en liquide…

     

    Sélim recontacte Éloïse Mazurier, une journaliste de terrain qui fut naguère l’amie intime de Xavier. Dans un bistrot parisien, il lui remet les sachets avec les empreintes du personnage dessus. Éloïse décide alors de rencontrer Arnaud Vitale, le fiancé actuel de Laure. Fils d’artisans d’origine italienne, c’est une figure prometteuse de la magistrature, car il vient d’être nommé à « la Commission de censure » (p. 22), la XVIIe chambre correctionnelle du tribunal de Paris qui juge des délits de presse.

     

    Obsédé sexuel et cocaïnomane, Xavier est donc soutenu par sa sœur Laure, pleine « de vitalité et d’énergie » (p. 59). Cette croqueuse d’hommes s’est attiché de Vitale. Apprenant qu’un ancien soutien de son père et de son frère va publier un livre dénonçant leurs turpitudes, elle s’imagine influencer son nouveau fiancé à maintenir cette « censure douce » (p. 67) en interdisant l’ouvrage. Lassé du comportement de sa promise, Arnaud s’éprend d’Éloïse et refuse la mafia chic de sa belle. Au cours d’une violente altercation avec lui, Laure lui lance : « Mais l’État, c’est nous, espèce d’imbécile ! Ça fait plus de vingt ans que ma famille dirige ce pays de merde, et on s’en est pas trop mal sortis » (p. 390).

     

    Les auteurs du roman se font alors féroces pour le petit monde de la presse et de l’édition. Ils éreintent le grand éditorialiste « Jean de Vézelay, fameux journaliste qui dirigeait l’hebdomadaire des cœurs sensibles et laissait tomber chaque semaine, depuis la guerre d’Algérie qui l’avait hélas épargné, ses opinions sur l’état du monde » (p. 90). Quelle observation savoureuse ! Le dit-personnage se considère comme une Grande Conscience morale. Fidèle larbin du pouvoir, Jean de Vézelay ne veut surtout pas déplaire et justifie son attitude en pontifiant que « mon journal a le sens de l’État » (p. 339) ou que « notre métier est l’information, pas le ramassage des poubelles » (p. 347).

     

    Ce copinage entre la presse et l’État s’accentue du fait de l’inculture croissante des journalistes à qui on inculque dans les écoles de journalisme le prêt-à-penser, et de leur paresse proverbiale de ne jamais faire d’enquête qui gâcherait l’occasion de déjeuner ou de dîner dans un restaurant réputé. Par ailleurs, « vous avez déjà vu un journaliste acheter un livre ? » (p. 333).

     

    Les éditeurs en prennent aussi pour leur grade. On moque leur suffisance : « On était É-DI-TEUR jour et nuit, de la crèche au cimetière. Éditeur n’était pas un métier, une carrière, un moyen de gagner sa vie. C’était tout autre chose : une vocation, un destin » (pp. 327 – 328). En fait, « tous ces gens que l’on prenait pour des intellectuels n’en étaient évidemment pas. Rien ne les ennuyait plus que de lire. Ce qu’ils aimaient, c’était déjeuner. Et dîner. Avec des amis, des auteurs, des vedettes, des journalistes. Et à la rigueur, quand on ne pouvait vraiment faire autrement, avec des écrivains. En revanche, se taper de gros manuscrits parsemés de fautes de frappe, non merci ! » (p. 214). Cela ne peut que rappeler la célèbre phrase de feu Marchais vantant la « liberté de publication en U.R.S.S. ».

     

    La mafia chic veut l’interdire en mobilisant les immenses ressources de la loi. « Sur le papier, c’était limpide. respect scrupuleux de la légalité. Prosternation devant la loi de 1881 que le monde entier nous envie. Arbitrage nécessaire entre la liberté d’information et la protection des personnes, notion désormais placée au centre de notre droit » (p. 119). La réalité est sensiblement très différente. « Diffamations possibles à l’égard du bas peuple, mais vivement déconseillées envers la France de tout en haut. [On] immunisait la classe politique dans son ensemble ainsi que trois catégories de patrons-membres du CAC 40, P.D.-G. de multinationales pharmaceutiques ou de l’agro-alimentaire disposant de moyens quasi illimités pour alimenter une guérilla judiciaire, et bien entendu patrons de groupes possédant des médias » (p. 207). Cette protection particulière procède de la « loi de 1970 qui considère que tout ce qui est gênant relève du domaine de la vie privée […], s’exclame un éditeur, ami d’enfance de Vitale.  Tu reçois des enveloppes, mais tu les refiles à ta maîtresse, comme ça s’est su ces dernières années ? Vie privée ! Tu as une fille dépressive dont les cures sont payées par un potentat africain pourri et protégé par la France depuis quarante ans ? Vie privée ! Tu nommes la nénette que tu baises au C.S.M. ? Vie privée encore ! Tout est privé, chez nous ! Et j’oublie les vacances de nos grands hommes ! Qui raque les hôtels à trente mille balles la nuit pour ces messieurs – dames ? Toi et moi. Et leurs croisières sur les bateaux des amis ? Des amis en contrat avec la Mairie ou le Département, oui ! C’est quoi ! Eh oui, de la vie privée toujours » (pp. 196 – 197). Dans le jugement qu’il rend, Arnaud rejette l’interdiction, mais le livre explosif est étouffé en étant peu imprimé, mal distribué et sans aucune publicité. Résultat, le public ignore sa sortie tandis que Arnaud subit les foudres de son administration pour cette faute professionnelle.

     

    Et quand la justice se montre réticente ou insuffisante, on peut recourir à la police politique de la République : les fameux R.G. Ceux-ci scrutent les moindres faits et gestes de la classe politique, y compris les plus intimes. « La moindre coucherie du personnel politique y était consignée sur du papier bible, tapée à la machine à interlignes simples. Pour les IIIe et IVe Républiques, il y avait les Gouin, Blum, Le Troquer, Pleven, Herriot… mais la Ve remplissait des étagères plus longues encore » (pp. 21 – 22). Les membres des R.G. sont capables de réaliser « des actes délictueux au nom de l’intérêt général » (p. 23), puis, après diverses missions, « l’alchimie politico-administrative de la patrie des droits de l’homme transformait […] les poseurs de bretelles d’écoutes téléphoniques en hauts fonctionnaires veillant sur le respect de l’État de droit » (p. 292). Ils agissent aussi par des pressions diverses (« Plus de dérogation pour que leurs mômes aillent à Louis-le-Grand ou à Condorcet » [p. 296]) ou des intimidations comme les inspections d’hygiène ou les contrôles fiscaux. Les R.G. travaillent aussi l’opinion en orientant l’information. Comment ? « Tu copines avec un journaliste d’investigation, tu bois des coups avec lui dans des bistrots faussement stylés de la rive droite, tu lui donnes dans des biscuits. Tu le maintiens sous perfusion pendant plusieurs années. Ce naze est trop content d’arriver durant son rédacteur en chef pour lui annoncer qu’il “ a des choses ”. Qu’on va pouvoir mettre “ Exclusif ”,“ Révélation ” en tête d’un papier qui a été fabriqué de A à Z dans l’usine à mensonges de l’État » (pp. 82 – 83).

     

    Mais ces « services secrets de l’intérieur » ne sont pas monolithiques. Les luttes d’influence internes entre les coteries sont permanentes. La franc-maçonnerie y est puissante puisque un « agent de base [est] passé inspecteur puis commissaire à la suite d’un concours un peu arrangé – il avait eu les sujets de l’écrit, la veille, grâce à un initié de la Fraternelle de la police qui comptait des maçons de toutes obédiences » (p. 23). Dans Le Point (18 janvier 2006), Sophie Coignard assurait que « la police est un nid de francs-maçons, notamment chez les commissaires ». Il faut aussi compter avec le lobby gay qui cherche, dans le roman, à sauver la tête du patron des R.G. renvoyé pour cause d’incompétence. « Le département gay de la Grande Banque des Promesses avait toujours enregistré d’excellents résultats. Mettre dans le coup le représentant de la France au Comité exécutif du F.M.I. Ce serait marrant d’instrumentaliser le F.M.I. pour sauver un membre de la communauté » (p. 345).

     

    Le roman s’achève avec l’élection de Xavier à la présidence. Arnaud et Éloïse avertissent l’entourage du nouvel élu qu’ils cacheront les preuves compromettantes s’ils bénéficient d’une grande tranquillité.

     

    Mafia chic est une histoire osée. Dès la première page, Sophie Coignard et Alexandre Wickham avertissent que « tout dans ce roman est bien sûr imaginaire, si ce n’est que ces événements se passent aujourd’hui en France. La fiction n’est-elle pas désormais le dernier moyen de chroniquer l’époque et de laisser s’exprimer le mauvais esprit ? » (p. 7). De mauvais esprit, les auteurs en ont à revendre puisqu’ils ont le toupet de « parler de mensonges, d’imposture, ou de déliquescence de la Ve République et de son système » (p. 419) et de penser qu’on serait « en période de guerre civile larvée » (p. 102) ! Auraient-ils trop lu le très remarquable Avant-guerre civile d’Éric Werner sur l’action néfaste des États contre leurs propres peuples ? Sophie Coignard et Alexandre Wickham versent sans complexe dans ce populisme infâme qui ronge notre Belle Démocratie ! Oublieraient-ils que le monde entier envie nos politiciens désintéressés et compétents, nos journalistes consciencieux et nos éditeurs courageux ? Les décrire comme des êtres avides de fric et de baise, corrompus et prêts à tout pour une reconnaissance officielle est choquant et scandaleux. Nul ne l’ignore : le personnel politique se sacrifie pour servir l’Intérêt général. Seule une infime minorité verse dans la délinquance. Mafia chic favorise en réalité les extrémismes et veut peut-être détruire les valeurs républicaines, socle et fondement de la cohésion nationale. Le lecteur ne devrait pas faire confiance à Mme Coignard qui a déjà commis des pamphlets tels que La Nomenklatura française (1986), La République bananière (1989) ou Les bonnes fréquentations : Histoire secrète des réseaux (1997), car il sait depuis Montesquieu que la République ne peut être que vertueuse.

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com

     

    • Sophie Coignard, Alexandre Wickham, Mafia chic, Fayard, 426 p., 2005.