Les dépenses de campagnes électorales sont plafonnées mais les associations subventionnées faussent les règles :
élections - Page 268
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Fraude électorale
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Les Républicains : Pécresse libre pour 2022 - Journal du Vendredi 15 Décembre 2017
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UN GOUVERNEMENT PATRIOTIQUE COMME CADEAU DE NOËL POUR LES AUTRICHIENS
Les patriotes, absents depuis plus de dix ans du gouvernement national, y reviennent.
L’Autriche, malmenée, suite à l’ouverture des frontières par la chancelière allemande Angela Merkel au cours de l’été 2015, par l’afflux massif de migrants, désire tourner la page et disposera avant Noël d’un gouvernement regroupant les sociaux-chrétiens de l’ÖVP et les patriotes du FPÖ.
Lors des élections législatives du 15 octobre 2017, l’ÖVP, dirigé par le jeune Sebastian Kurz, est arrivé premier – sous l’étiquette « Liste Sebastian Kurz – Le nouveau parti populaire » – avec 31,5 %, les sociaux-démocrates du SPÖ deuxièmes avec 26,9 % et le FPÖ troisième avec 26 %. Afin de sauver son parti en mauvais état dans les sondages, Kurz en avait pris avant le scrutin le contrôle tout en lui donnant une posture anti-immigration. Il deviendra bientôt chancelier d’Autriche.
Alors que les responsables de ces deux formations patriotiques poursuivent intensivement les négociations, ceux-ci annoncent que les résultats en seront présentés ce samedi 16 décembre 2017. Le nouveau gouvernement disposera de quatorze postes de ministre et deux de secrétaire d’État.
Les sociaux-chrétiens détiendront les attributions de l’Économie et des Finances. Ils pourraient aussi recevoir celles de la Formation et de la Famille. Si le parti patriotique FPÖ obtient le ministère de l’Intérieur, l’ÖVP contrôlera celui de la Justice car le président de la République Alexander Van der Bellen, issu des milieux politiques écologistes, a posé comme condition fondamentale le fait que ces deux ministères ne soient pas aux mains du même parti.
Le président du FPÖ Heinz-Christian Strache sera vice-chancelier, le secrétaire général du FPÖ Herbert Kickl est prévu pour la fonction de ministre de l’Intérieur et le dirigeant du FPÖ en Styrie Mario Kunasek pour celle de ministre de la Défense si cette attribution tombe dans l’escarcelle de son parti. L’ancien candidat du FPÖ à la présidence de la République Norbert Hofer recevra le ministère des Transports et des Infrastructures ainsi que des compétences dans le domaine de l’économie et de la recherche. L’ex-député du FPÖ madame Beate Hartinger pourrait obtenir le ministère des Affaires sociales et de la Santé et l’experte du Proche-Orient et publiciste Karin Kneissl le ministère des Affaires étrangères en tant que personnalité politique indépendante proposée par le FPÖ.
L’ÖVP impose au FPÖ de conduire une politique étrangère conforme à celle de l’Union européenne. Les deux partenaires s’accordent sur la fin définitive des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et le renforcement du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne. Sebastian Kurz recevra les compétences européennes en tant que chancelier et le ministre des Affaires étrangères ne siégera plus à Bruxelles que lors de réunions portant sur la politique étrangère de l’Union européenne.
Le président de la République a joué le jeu et accepté que les deux partenaires ÖVP et FPÖ forment un gouvernement alors que, lors des négociations de 2000, le président de l’époque Thomas Klestil – pourtant élu à ce poste en 1992 avec le soutien de l’ÖVP, qui ne s’était pas opposé à sa réélection en 1998 – avait refusé que certaines personnalités du FPÖ deviennent ministre, arborant une tête d’enterrement lors de l’entrée en fonction du gouvernement.
Les patriotes, absents depuis plus de dix ans du gouvernement national, y reviennent. Alors qu’en 2000, l’homme fort du FPÖ de l’époque, Jörg Haider, avait renoncé au poste de chancelier ou de vice-chancelier et que le gouvernement ÖVP-FPÖ avait été victime d’ostracisme au niveau international, cette fois le président du FPÖ Heinz-Christian Strache assurera la vice-chancellerie. La participation d’un parti de ce type à un gouvernement national n’est plus un tabou au sein de l’Union européenne et le FPÖ a évité de conduire des campagnes électorales axées sur la provocation comme il le faisait du temps de Jörg Haider.
Lionel Baland Écrivain et journaliste belge francophone Son blog -
Les adeptes de la théorie du complot russe
Lu sur le blog d'Yves Daoudal :
"'Une commission parlementaire britannique avait demandé à Facebook d’enquêter sur l’intolérable ingérence russe dans la campagne pour le Brexit.
Facebook a publié son rapport. Explosif. On y apprend en effet qu’une ONG russe, l'Internet Research Agency, la fameuse « usine à trolls » pilotée du Kremlin, a dépensé 0,97 dollar pour trois annonces qui ont été vues par 200 internautes pendant quatre jours…
Et c’est tout.
Nigel Farage ne s’est pas privé de souligner : « Où est la théorie du complot russe sur le référendum pour la sortie de l'Union européenne, maintenant que nous savons qu'ils ont dépensé moins de 1 dollar sur Facebook ? »"
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Le pain sur la planche de Laurent Wauquiez - Journal du Lundi 11 Décembre 2017
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La révolution conservatrice passe par une refondation de notre République
Robert Ménard se réjouit de la victoire des autonomistes en Corse, avec 56,5% des suffrages exprimés, devant la liste régionaliste de droite de Jean-Martin Mondoloni (18,29%) :
"[...] Je ne cesse de le répéter, la véritable révolution – une révolution conservatrice – que j’appelle de mes vœux passe par une refondation de notre République. Une refondation qui redonne le pouvoir au niveau où il peut le mieux s’exercer. Avec deux impératifs : l’autonomie et la subsidiarité.Cette dernière consistant à préférer, à compétence égale, le niveau le plus proche du citoyen. Cette approche va, c’est vrai, à l’encontre de tout ce que pense, de tout ce que pratique notre classe politique. Celle-ci est, quasi unanimement, centralisatrice. Et quand elle met en place la décentralisation, c’est pour construire des baronnies qui, dans chaque région, dupliquent le modèle parisien. Une sorte de jacobinisme au petit pied. Et cela ne date pas d’hier. C’est Friedrich Engels qui réclamait « l’extermination des Serbes et autres peuplades slaves, ainsi que des Basques, des Bretons et des Highlanders d’Écosse ». Et Karl Marx qui renchérissait : « La prochaine guerre mondiale fera disparaître de la surface de la terre, non seulement des classes et dynasties réactionnaires, mais des peuples réactionnaires entiers. Ceci fait aussi partie du progrès. » Et ils restent les modèles de certains…
Est-ce si important ?
C’est Tocqueville qui expliquait que « l’esprit de liberté » ne pouvait se cultiver qu’au niveau des associations locales et des communes. J’en suis persuadé. Mes propres amis reprochent à l’Europe de décider à la place des Français mais trouvent normal que Paris décide en lieu et place de nos communes, de nos départements, de nos régions… Or, c’est à partir de nos territoires, de nos villes moyennes, de nos villages que nous pourrons partir à la conquête du pouvoir. C’est là, dans cette France esseulée, abandonnée, délaissée, désertée, que nous trouverons les bataillons prêts à nous suivre et même à nous précéder. Comme nous ont précédés des personnalités venues d’autres horizons que le petit Landernau politique. Sur le terrain des écoles hors contrat, par exemple, une Anne Coffinier aura été plus active, plus visionnaire que tous nos amis politiques réunis. La Manif pour tous est d’abord l’œuvre d’une « marginale », Frigide Barjot, sur qui pas grand monde n’aurait joué un kopek… Mais, j’insiste, il nous faut d’abord nous appuyer sur cette partie de notre pays, première victime d’un capitalisme financier qui n’a d’égards pour personne et pour rien. Cette France faite de rideaux de fer baissés dans les centres-villes, de quartiers ravagés par le communautarisme, de zones industrielles aux hangars déserts… Face à cela, Emmanuel Macron peut toujours vanter start-up, geek, 2.0 et high-tech, le peuple, le petit peuple, lui répondra : fin des emplois aidés et coupes budgétaires… Moins sexy, sûrement ! [...]"
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Vague migratoire: Merkel boit la tasse
La percée de l’AfD et le virage à droite des libéraux ont fait turbuler le système et provoqué une crise politique jamais vue. Si la chancelière veut sauver son quatrième mandat, elle devra modérer son enthousiasme européen et immigrationniste.
Dans les annales de la science politique, les élections législatives allemandes de septembre 2017 resteront un cas d’école. Celui d’un gouvernement sortant pouvant se prévaloir d’un bilan flatteur avec une situation économique florissante, des finances maîtrisées, un commerce extérieur insolemment bénéficiaire, qui reçoit un désaveu cinglant du corps électoral. À la veille des élections, un sondage indiquait que 78 % des électeurs étaient satisfaits de leur situation matérielle. Et pourtant, les deux partis au pouvoir, la CDU/CSU et le SPD enregistrent chacun leur score le plus bas depuis la création de la RFA en 1949 avec respectivement 33 % et 20,5 % des suffrages. Bien qu’annoncée par une série d’élections régionales favorables, l’entrée au Bundestag, avec 12,6 % des voix et 94 députés du parti Alternative für Deutschland (AfD), une formation alliant un fort euroscepticisme et un rejet radical de la politique d’immigration d’Angela Merkel, a été un choc dans le pays et à l’étranger.
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Russie : Poutine candidat à un quatrième mandat en 2018
RUSSIE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :Au terme d’un suspense entretenu pendant plusieurs mois, Vladimir Poutine a annoncé Mercredi sa candidature pour un nouveau mandat de Président. Après 17 ans passés au pouvoir, ce serait son quatrième mandat et s’il était élu, il dirigerait le pays jusqu’en 2024.La Constitution russe interdit à un Président de se présenter 3 fois de suite, mais pas plus de trois fois. Cette interdiction avait d’ailleurs été contournée en 2008 quand il était devenu Premier ministre en installant Dimitri Medvedev à la Présidence. La seule chose qui pourrait arrêter Vladimir Poutine serait la lassitude de son peuple.
Poutine a réellement de sérieuses chances de gagner. Pour la majorité de son peuple Il incarne la renaissance de la Russie et comme celui qui a su rétablir le prestige et la grandeur de la Russie sur l’échiquier international. Son bilan économique est irréprochable: le pays n’est pas endetté et le niveau de vie des habitants a considérablement augmenté.
Certes, le jour de ses 65 ans des milliers de russes ont manifesté dans tout le pays au slogan « Poutine, honte de la Russie ». Ils mettaient en cause, notamment, les arrestations d’opposants politiques.
Qu’il ait été Tsariste ou Soviétique, le régime russe a constamment présenté un caractère autoritaire, et le régime instauré par Vladimir Poutine n’est pas exempt de tout aspect autocratique,. Mais la majorité des russes semble approuver ce type de gouvernance. Le besoin d’un pouvoir personnel fort semble l’emporter d’autant que la liberté d’entreprendre et de circuler qui est assurée compense à ses yeux, les quelques entraves à la liberté d’expression. Bien qu’une une partie de la population manifeste, elle reste largement minoritaire. On devrait pouvoir le mesurer politiquement lors des prochaines élections.
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Les succès d’Emmanuel Macron et d’En Marche ne doivent rien au hasard
Lu dans Minute :
"[...] « Je crois qu’Emmanuel Macron a tout à fait le talent pour être présidentiable un jour. » Celui qui a prononcé cette phrase, c’est Jacques Attali, un homme de réseaux qui ne cesse de traîner dans les hautes sphères du pouvoir depuis qu’il a conseillé François Mitterrand. Quand a-t-il dit cela ? En août 2014. A l’époque, Macron venait tout juste de prendre les rênes du ministère de l’Economie. Voilà une belle anticipation d’initié, qui voyait ce qui se tramait en arrière-salle : une recomposition du paysage politique français.
Les événements ont d’ailleurs été annoncés au plus haut niveau. François Hollande en personne l’a affirmé : « Il faut un acte de liquidation. Il faut un hara- kiri. Il faut liquider le PS pour créer un Parti du Progrès » (propos tenus le 12 décembre 2015 et rapportés par Gérard Davet et Fabrice Lhomme - Un Président ne devrait pas dire ça, éd. Stock, 2016). On aurait dû le prendre plus au sérieux. Car, un an plus tard, c’est justement cette thématique que reprenait Emmanuel Macron sur le plateau de TF1 : « Je veux réunir tous les progressistes contre les conservateurs. »
[...] Face à la montée du Front national, il fallait créer un grand parti unique. Avec des têtes nouvelles. Le battu de la primaire du PS, Manuel Valls, s’en était agacé : « J’en ai marre de voir que le se- crétaire général de l’Elysée aide à lever des fonds pour celui qui veut tuer notre parti » (« L’Obs », 19 janvier 2017). La brusque exposition de l’affaire Fillon procédait probablement de ces projets de recomposition. Depuis, Valls est rentré dans le rang et Fillon est parti. Le PS est laminé et LR continue de naviguer à vue. Le projet de grand parti progressiste avance. « La recomposition politique est bien loin d’être achevée. La poutre travaille encore », lançait le premier ministre Edouard Philippe le 18 novembre dernier. Elle pourrait s’accomplir lors des prochaines élections européennes, en 2019. [...]
La préparation du candidat Emmanuel Macron remonte loin. Elle commence dès 2015. A l’époque, son cabinet au ministère de l’Economie freinait déjà les notes du secrétaire d’Etat chargé du numérique Axelle Lemaire, afin de réserver au seul ministre l’image de la modernité. En 2016, Emmanuel Macron employait à lui seul et en huit mois seulement 80 % des frais annuels de représentation du ministère afin de préparer sa campagne présidentielle, selon les journalistes Frédéric Says et Marion L’Hour (Dans l’enfer de Bercy, éd. JC Lattès).
Par ailleurs, l’homme aux allures de gendre idéal a très tôt dragué la frange bourgeoise de l’électorat LR et les très influents courants de la Manif pour tous. En juillet 2015, il effectuait une sortie soudaine dans « Le 1 Hebdo» sur la«figure du roi»: cette intervention, qui n’avait pas de précédent et qui n’aura aucune suite, enflammait les milieux catholiques. En mai 2016, on le retrouvait à Orléans pour la fête de Jeanne d’Arc. En août, il était reçu en grande pompe au Puy du Fou par Philippe de Villiers. L’opération a fonctionné : lors du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat progressiste souvent invité dans les loges maçonniques arrivait en tête dans la majorité de la France de l’Ouest...
Les moyens employés afin de pousser à la création du parti unique ont été à la hauteur des enjeux. Pour financer les meetings à 400 000 euros et le paiement de ses 50 salariés, En Marche (dont la marque a été déposée à la Commission des comptes de campagne dès février 2016) avait réuni des millions d’euros en faisant appel à de riches donateurs.
Emmanuel Macron a en outre bénéficié du soutien de l’Elysée, tant pour ses voyages à l’étranger avant le premier tour que pour son exposition dans les médias publics.
Surtout, l’ancien associé-gérant de la banque Rothschild s’était assuré du plein soutien des médias industriels après la défaite d’Alain Juppé à la primaire. L’actionnaire militant Pierre Bergé (« Le Monde », « L’Obs », « Télérama », « Challenges », Rue 89, etc.) avait affiché publiquement sa préférence pour le candidat progressiste, tout comme Bernard Arnault (« Les Echos », Radio Classique, « Le Pari- sien »/« Aujourd’hui en France »). Le groupe SFR Presse (BFM, RMC, « L’Express », etc.) avait vu son directeur rejoindre directement En Marche. [...]"
par Michel Janva
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Fatalité républicaine : des partis discrédités, toujours présents.
On ne parle que de recomposition, de reconstruction, à gauche, à droite, au centre. On fait comme si du neuf pouvait sortir de l’ancien, comme si le régime des partis était améliorable. Sans tenir compte de la désaffectation criante des Français.
Assistons-nous à la fin du règne des partis ? On pourrait le croire. À ce jour, seulement 1% de nos compatriotes adhèrent à l’un d’eux, alors qu’ils se comptèrent jusqu’à 20% durant la période 1945-1978, et encore 10% durant les années 1980. 1%, un chiffre bien inférieur à celui des autres pays comparables au nôtre : Royaume-Uni (15%), Allemagne (7%), Italie (8%), Espagne (9,5%). Et surprenant en une nation gangrenée par la contestation permanente et l’idéologie.
Mais justement, les Français sont saturés de politique et d’idéologie ; à cela s’ajoutent leurs déceptions à l’égard de gouvernements incapables de résoudre les difficultés dont ils souffrent et qui ont fait perdre au pays ce qui lui restait de puissance.
Réduits au rôle de machines électorales
À quoi s’ajoute encore l’évolution du rôle dévolu aux partis sous la Ve République. Cette dernière, selon le vœu de son fondateur, s’est, d’emblée, voulue hostile au « régime des partis » et a fait du Président de la République, élu au suffrage universel direct, le personnage clef de la vie politique, doté de tous les pouvoirs. Et, suivant l’expression consacrée, son élection est devenue le « temps fort » de cette vie politique. Dès l’époque du général de Gaulle, les députés du parti majoritaire sont devenus des « godillots », suivant une autre expression consacrée. Et la réforme du quinquennat a accentué cette tendance. Désormais, les législatives, intervenant immédiatement après la présidentielle, ont pour seul rôle de donner au nouveau maître de l’Elysée une majorité parlementaire. Or, les partis s’affrontent bien davantage lors des législatives que pendant la présidentielle, où les candidatures sont personnalisées à l’extrême. Et, de ce point de vue, les « primaires » n’ont rien arrangé, au contraire, puisque ces élections inconstitutionnelles font s’affronter les caciques d’un même parti, mettant en lumière les profondes divisions qui grèvent les partis; les citoyens finissent par penser que ces derniers n’ont aucune cohérence idéologique et politique. Résultat : ils ne croient plus ni aux hommes politiques, ni aux partis. À leurs yeux, ces partis ne sont plus que de simples machines électorales au service de notables ambitieux.
Une logique républicaine infernale
De surcroît, nécessité faisant loi, leurs dirigeants, lorsqu’ils exercent le pouvoir, font tous grosso modo la même politique, Ajetant à la corbeille leurs promesses électorales.
Car il faut bien promettre ce à quoi aspirent les électeurs pour capter leurs suffrages, même si on sait qu’on ne pourra tenir ces promesses. Un homme politique qui tiendrait le langage de la vérité n’accéderait jamais au pouvoir.
De même les partis, lesquels n’intéressent plus personne, quand ils n’écœurent pas tout le monde.
Mais cette crise des partis est tout simplement celle de notre démocratie. Elle en révèle l’absurdité foncière. Des problèmes se font jour ; on ne s’entend pas sur les solutions, pas plus que sur un « projet de société » ; donc, on vote, c’est-à-dire qu’on se prononce pour tel parti qui, concurremment avec ses adversaires, propose son programme ; mais, sauf en période faste (et encore), la réalité ne s’accommode pas des idées et des programmes, il faut composer ; on s’incline devant la loi d’airain de la nécessité, et on opte pour un compromis qui revient à poursuivre peu ou prou la politique du prédécesseur qu’on critiquait ; mais il ne faut pas décevoir l’électorat : on prétend donc avoir tenu ses promesses, en usant d’un discours abscons et emberlificoté, et on continue à mentir pour être réélu ; et ainsi, les gouvernements se succèdent en faisant tous la même chose, sans l’avouer… et en ne résolvant aucun des problèmes en suspens, dans la mesure où ils sont bridés par les échéances électorales, lesquelles les privent du temps et des moyens d’agir efficacement.
Voilà la logique infernale de notre système politique. Il en va de même dans tous les pays démocratiques, mais, en France, ce travers fondamental se trouve aggravé à la fois par notre tradition étatique qui fait reposer toute la société sur l’État, et par notre tradition révolutionnaire, qui renforce puissamment cette tendance et instille en notre nation un esprit permanent de contestation et de revendication.
Au terme du processus – et nous semblons y être arrivés –, notre nation est gavée à vomir, épuisée, exténuée. Et les électeurs boudent les urnes : rappelons que le taux d’abstention grimpa à 25 % au second tour de la dernière présidentielle, à 57 % aux législatives qui suivirent. Nos députés sont les élus d’une minorité. La machine politique tourne à vide. La recomposition de la droite, la recomposition de la gauche qui font les choux gras de la presse, ne donneront rien d’autre que des luttes plus acharnées et des divisions plus violentes. Pour quel résultat ?
Macron et LREM : renouveau de pure apparence
Emmanuel Macron et ses troupes ont tiré avantage de cette désaffection. Le triomphe de La République en marche (LREM) en procède, avec ses 308 députés qui ont provoqué un renouvellement de 75 % de l’Assemblée nationale. Mais cela ne dure pas : la popularité du nouveau et fringant président s’effondre à une allure vertigineuse, et les nouveaux élus étalent leur inexpérience ; ils font naître doute et irritation chez les Français, en particulier leurs électeurs, lesquels en viennent à regretter leur choix. Et, quoique limitées à un corps électoral restreint, les dernières sénatoriales attestent de cette tendance.
C’est que, dans une certaine mesure, leur vote du printemps était protestataire. D’une façon moins évidente que celui des électeurs du Front national ou de la France insoumise, mais certaine. En effet, ce scrutin ne signifiait pas vraiment qu’ils tournaient enfin le dos aux idéologies, aux projets de société et programmes utopiques, aux promesses en l’air, et qu’ils optaient en faveur du réalisme. Cependant, dans le vote Macron, se signalait pareillement un rejet du système des partis dont le bénéficiaire a su jouer à sa façon. Mais rien n’était clair. Certes, les électeurs étaient déniaisés, mais ils ne se soumettaient pas pour autant au principe de réalité. Et, lorsque Macron met en œuvre, conformément à ce qu’il avait annoncé, sa réforme du droit du travail, ou quand il prépare un budget d’austérité ou restreint les aides de l’État aux collectivités locales, les Français manifestent leur exaspération à l’encontre des mesures drastiques qu’ils supportent depuis des décennies. Autrement dit, rien de nouveau sous le soleil. Le grand ménage opéré au sein de la classe politique et de l’Assemblée nationale par Macron et LREM, qui ont évincé les vieux caciques et les partis traditionnels, n’inaugure nullement une ère nouvelle empreinte de raison, de réalisme et de courage. La mentalité des Français n’a pas changé. De même le paysage politique. Après tout, que sont les figures en vue de LREM, sinon des notables PS et LR recyclés ? Et la politique conduite par le présent pouvoir ne diffère pas de celle de ses prédécesseurs.
On ne choisit ni ne change les contraintes du réel
Et, là, il convient de clarifier la situation. Pourquoi et en quoi cette politique devrait-elle changer ? Les Français changent de dirigeants chaque fois qu’ils sont mécontents des sacrifices que leur réclame une politique destinée à sortir le pays du marasme. Or, ces sacrifices sont inévitables, et cette politique est nécessaire. De plus, elle ne peut pas produire d’effets bénéfiques sensibles avant de longues années, dont la durée d’ensemble excède de beaucoup le temps d’une législature ou d’un mandat présidentiel. Aussi, chaque président se voit conduit à édulcorer et tronquer sa politique de redressement en raison de la contrainte électorale permanente, tout en ayant soin de donner des gages démagogiques à ceux qui veulent le voir prendre le contre-pied de son prédécesseur. D’où une instabilité permanente au sommet de l’État et une politique incohérente et cahoteuse, même si, sous l’empire de la nécessité et de la contrainte extérieure (l’Europe et la mondialisation), elle va toujours dans le même sens (celui de l’austérité et du bradage continu de notre souveraineté et de notre indépendance dans tous les domaines). Nos hommes politiques, aspirant à conquérir ou reconquérir le pouvoir, évoquent « la seule politique possible » et proclament leur refus des promesses mensongères, tout en annonçant une amélioration rapide de la situation du pays et des conditions de vie des Français, du fait de leurs initiatives. Or, l’indispensable redressement ne peut jamais être entrepris et, de toute façon, son déroulement serait long, et ses fruits ne seraient accessibles qu’à long terme, après que deux générations de nos compatriotes auraient mangé de la vache maigre.
Une illusion obsédante entretenue par le système
Notre système interdit l’acceptation de cette vérité, pourtant évidente à l’esprit des Français, même des plus contestataires. Il l’interdit en raison de ses principes et de sa dynamique. Ce système dit en effet au citoyen qu’il a le choix entre plusieurs politiques possibles, plusieurs projets de société, plusieurs programmes, que l’on choisit comme parmi des articles d’hypermarché. Et il ajoute que s’il n’est pas satisfait de l’un d’eux, il peut opter en faveur d’un autre, et que cela est on ne peut plus conforme à la logique et à la bonne santé de la démocratie. En clair, il entretient et stimule sempiternellement le mécontentement, la contestation et la revendication. Partant, il empêche les Français de tirer les conclusions de cette vérité que pourtant ils discernent intuitivement : que la situation dramatique de leur pays appelle une œuvre de relèvement de longue haleine, impliquant des sacrifices durables, et pour laquelle il n’existe aucune autre option moins douloureuse. Il n’y a pas d’alternative, contrairement à ce que l’on fait croire, pas de choix.
Un pouvoir impuissant, des Français enfermés dans leur révolte et leur obsession contestatrice, voilà le résultat – logique, au demeurant – de notre république fondée sur des principes révolutionnaires, individualistes et égalitaires. Jamais le caractère fondamentalement mortifère de ce système n’est apparu avec autant d’évidence qu’à notre époque de déchéance.
L’opposition frelatée des partis protestataires
Les Français d’aujourd’hui ne croient plus ni au pouvoir en place, ni à ceux qui le contestent. Ils devraient s’en débarrasser, faire leur révolution, la vraie ! Ils ne la font pas, car notre système a émoussé leur intelligence et les voue à une oscillation constante entre illusions obnubilantes et fatalisme. Et ainsi, subsistent des partis inutiles et décrédibilisés, la révolution que nous évoquions à l’instant se ramenant à congédier temporairement les plus usés d’entre eux en faveur d’un nouveau mouvement (LREM) qui n’est que leur synthèse. Il est sans doute dur de conclure qu’il n’y a aucun avenir dans le cadre des institutions actuelles. Il faut dès maintenant penser au-delà.