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élections - Page 295

  • Déni démocratique

    “La paix c’est le désarmement des autres” affirmait  Napoléon.  Face à l’hégémonie idéologique, politique  du parti d’Emmanuel Macron,  dans les faits pourtant très minoritaire dans l’opinion,  l’opposition nationale, populaire et sociale aura-t-elle les armes nécessaires pour contrer les menaces qui s’accumulent encore contre l’identité et la souveraineté des Français? Dimanche 18 juin, triste anniversaire de la bataille de Waterloo, ce second tour des élections législatives fut aussi une défaite de la démocratie. Signe de la profonde rupture entre le Système, les institutions, la classe politicienne et une frange qui ne cesse de croître de nos compatriotes, l’abstention a battu un nouveau record depuis le début de la cinquième république. Plus de 57% des électeurs inscrits ( 27 125 535 abstentionnistes sur 47 292 967 inscrits) ont fait la grève du vote hier et parmi les votants ont comptabilise près d’1 400 000 bulletins blancs (1 397 496). Une abstention qui  touche particulièrement, comme c’est le plus souvent le cas hors période de danger FN, les banlieues et les quartiers majoritairement peuplés de Français issus de l’immigration maghrébine et africaine.  Mais aussi   cette fois-ci et contrairement au premier tour, principalement les électeurs de LREM, assurés par le tam-tam médiatique de la large victoire du parti macroniste. A contrario  l’électorat de droite, du FN et de l’extrême gauche communiste et socialo-trotskyste (PC et FI) s’est un peu remobilisé, soucieux de rééquilibrer autant que faire se peut le plateau de la balance. La République en marche obtient ainsi 308 sièges (la majorité absolue est de 289 députés), les ministres du gouvernement Philippe ont d’ailleurs  tous remporté leurs circonscriptions (y compris Richard Ferrand…),  leurs alliés  du MoDem 42 sièges , LR 113 sièges, le PS 29 sièges, l’UDI 18 sièges, FI 17 sièges, le PC 10 sièges, le FN (et apparentés) 8 sièges, les DVG 11 sièges, les DVD 6 sièges, le PRG 3 sièges, les régionalistes  5 sièges (dont 3 pour les nationalistes de Per A corsa).

    Notons aussi et c’est heureux car il avait été courageux de rompre les oukases des progressistes pour saisir la main tendue de Marine, la réélection du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (DLF) dans son pré carré de Yerres (huitième  circonscription de l’Essonne), mais aussi du Maire d’Orange (Vaucluse) Jacques Bompard. Il est loisible de regretter à contrario les défaites de Jean-Frédéric Poisson (PCD soutenu par LR) battu dans la dixième circonscription de l’Essonne par Aurore Bergé une proche d’Alain Juppé passée chez LREM. Ou encore celle d’un authentique patriote souverainiste comme Jacques Myard, éliminé lui aussi par une candidate macroniste dans son fief de la cinquième  circonscription des Yvelines. 

    Au nombre des enseignements de ces législatives, force est de constater que l’attelage LR-UDI parvient à limiter très sérieusement la casse (194 députés UMP avaient été élus en 2012), même si beaucoup d’entre eux ces dernières semaines se sont évertués à brouiller les pistes en annonçant qu’ils étaient parfaitement macron-compatibles… au point  de voter la confiance au gouvernement ? Une question que ne se posera pas Nathalie Kosciusko-Morizet, symbole de cette (large fraction de la) droite LR furieusement et viscéralement antinationale. Elle  a été sèchement  éliminée par un candidat de LREM,  Gilles Legendre,  dans la deuxième  circonscription  de la capitale, fief de la droite parisienne depuis  50 ans. Les électeurs appartenant à la droite de conviction ne sont pas logiquement mobilisés  pour elle, comme ils ont su le faire  ailleurs, pour l’envoyer siéger à l’Assemblée. Ce  n’est que justice.

    Une clarification qui sera aussi nécessaire au PS au sein  duquel la ligne de fracture est aussi béante entre pro et anti Macron. Le Parti socialiste qui a vu hier Jean-Christophe Cambadélis annoncer qu’il quittait  son poste de Premier secrétaire,  chute encore plus lourdement qu’aux législatives de  1993, ou il avait tout de même  obtenu 57 députés.

    Une page s’est tournée hier avec les défaites des ex ministres socialistes du quinquennat Hollande que furent (la calamiteuse) Najat Vallaud-Belkacem, (la très médiocre) Myriam El Khomri (candidate pro Macron, battue à Paris  par Pierre-Yves Bournazel un LR lui aussi pro Macron! ), la très décriée Marisol Touraine ou encore Jean-Lacques Urvoas. Manuel Valls pourrait lui  sauver sa tête.  Il était  donné hier soir gagnant  d’une très  courte tête (50, 3%)  dans sa  circonscription d’Evry et de Corbeil   face à la candidate de FI Farida Amrani. Mais celle-ci a déposé un recours, dénonce des irrégularités sur fond d’abstention massive (60%) et  de tensions communautaires agitées par les uns et les  autres ces dernières  semaines, la personnalité de l’ex Premier  ministre s’avérant décidément très clivante…

    Le Front National  pour sa part ne pourra donc avoir de groupe à l’assemblée nationale (il faut au moins quinze députés) , alors même qu’il a obtenu deux fois plus de voix que la France  Insoumise (1 590 858 voix ce 18 juin contre  883 786 pour la FI).  L’opposition nationale rate  cet objectif souvent de peu car de nombreux candidats frontistes ont perdu sur le fil, ce fut notamment le cas de nos amis Hervé de Lépinau dans la circonscription de Carpentras où se ne représentait pas Marion Maréchal,  de Valérie Laupies à Arles ou de  Stéphane Ravier à Marseille…

    Marine Le Pen, elle,  a été largement élue à Hénin-Beaumont, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (58,6% des voix). Elle rejoindra l’Assemblée en compagnie du vice-président du Front National Louis Aliot, élu dans les Pyrénées-Orientales; Bruno Bilde  ( 12ème circonscription du Pas-de-Calais);  Sébastien Chenu  (19ème circonscription du Nord); l’apparenté FN Gilbert Collard qui a été réélu dans le Gard face à la très suffisante macroniste et ancienne torera Marie Sara qui entendait lutter contre les forces obscurantistes (Bruno Gollnisch avait prédit sur twitter  qu’elle n’aurait pas “les oreilles et la queue de Gilbert Collard”!);   José Evrard (troisième circonscription du Pas-de-Calais) ;  l’apparentée FN  Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers, directrice de Boulevard Voltaire ( 6e circonscription de l’Hérault);  Ludovic Pajot, peut-être le benjamin de l’Assemblée (10e circonscription du Pas-de-Calais).

    Huit députés ce n’est bien  évidemment pas un  nombre qui correspond au poids réel de nos idées, de notre Mouvement.  Bruno Gollnisch soulignait sur Europe 1 au soir du 11 juin, comme l’a redit hier Marine,  que l‘absence de proportionnelle est un véritable déni démocratique qui contribue à éloigner les Français des bureaux de vote. “S’il y avait la proportionnelle, il y aurait 130 députés FN. L’Assemblée nationale dont on va accoucher, qu’on appelle la représentation nationale, ne représentera vraisemblablement pas l’opinion publique française. C’est très grave”  affirmait le député européen FN. “Ce serait plus naturel, poursuivait-il,  que les élections législatives aient lieu, comme aux Etats-Unis, en même temps que l’élection présidentielle. Cela éviterait que les gens soient lassés de se déplacer quatre fois en l’espace de quatre mois”.

    Alors oui, il est clair que le FN a évité symboliquement la Bérézina en quadruplant  son nombre de députés sortants. Mais ce résultat n’est pas pour autant satisfaisant.  Dans un entretien accordé  au Figaro, le 14 mai dernier, le Secrétaire général du FN, Nicolas Bay,  relevait que “Le 7 mai, Marine Le Pen a franchi la barre de 50% des voix dans 45 circonscriptions, dans lesquelles nous espérons l’emporter. Dans près de 70 autres, nous avons obtenu entre 45% et 50%. Là aussi, les perspectives de victoire existent (…). Ces scores laissent entrevoir une entrée massive des députés patriotes en juin.”  Or, au premier tour des législatives,  le FN a perdu 60% des électeurs qui ont voté Marine le  23 avril. Cette perte au feu a des raisons endogènes et exogènes que nous devrons examiner pour en tirer tous les enseignements et toutes les conséquences.

    https://gollnisch.com/2017/06/19/deni-democratique/

  • Fondamentaux du FN : ce n’est pas le moment de tout abandonner !

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    À l’heure de la mondialisation, l’immigration est devenue une question essentielle. C’est vrai en France, en Europe, au Maghreb… c’est vrai aussi en Chine ou au Sénégal. Au moment où l’État ne protège plus, ce sont d’abord les plus modestes, les plus démunis qui en sont les victimes. Ils ressentent la pression croissante des flux migratoires sur notre territoire et ne se résignent pas. Ils veulent préserver le capital culturel et social reçu de leurs pères. Dans nos villages, la question devient existentielle. Nos compatriotes ne veulent pas devenir minoritaires et dépendre de la « bienveillance » d’une majorité dont ils ne seraient plus. Or, les contingents innombrables de populations en provenance du Maghreb et d’Afrique subsaharienne qui se déversent chaque jour sur les côtes sud de notre continent bouleversent les équilibres.

    C’est la raison pour laquelle, le sujet est plus que jamais d’actualité.

    Le Front national a construit son identité sur l’échiquier politique à partir de cette thématique migratoire. Elle n’est pas devenue tout d’un coup obsolète, bien au contraire. Protéger la France, donner la priorité aux Français chez eux, assurer la sécurité quotidienne, préserver les comptes sociaux et alléger la pression fiscale sont les piliers programmatiques du parti à la flamme bleu blanc rouge, les autres sujets (famille, école, entreprise…) se déclinant à partir de cette trame.

    C’est son ADN. Il est identifié comme tel, y compris par les personnes les plus éloignées de la chose électorale. Ce sont des marqueurs indélébiles.

    En discuter et donner l’impression que ces priorités pourraient être erronées est un signal catastrophique, un virus mortel. Le FN possède un atout considérable parce que le parti est parfaitement identifié et qu’il a un chef connu. Il s’avère, en outre, que l’actualité contemporaine valide parfaitement les analyses faites antérieurement et que les événements du quotidien finissent par convaincre même les plus récalcitrants. L’environnement politique n’a jamais été aussi propice. Les esprits n’ont jamais été aussi perméables à nos analyses.

    Alors, que les impatients reprennent leurs esprits ! Ce n’est pas le moment de tout abandonner. Le nombre et les scores de nos candidats sont, certes, encore insuffisants, mais ils ne cessent de progresser. C’est peut-être un mal pour un bien.

    Usons du temps qui nous est donné afin de consolider notre formation et travailler à une implantation locale plus performante. Ainsi, les lendemains électoraux heureux que nous attendons ne manqueront pas de survenir. Telle est notre espérance.

    http://www.bvoltaire.fr/fondamentaux-fn-nest-moment-de-abandonner/

  • La droite française est éparpillée façon puzzle

    6a00d83451619c69e201b7c90656bb970b-250wi.pngMinute appelle la droite à se mettre enfin au travail :

    "[...] Côté Républicains, l’implosion, annoncée depuis des années, commence enfin. Avec deux groupes à l’Assemblée nationale, cinquante tendances et une guerre des chefs repartie de plus belle entre Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, le prochain congrès du parti risque fort d’être sanglant. Un peu comme si les chapeaux à plume des Républicains n’avaient toujours pas compris qu’ils avaient perdu deux élections présidentielles et deux élections législatives de suite, ce qui ne s’était jamais vu dans l’histoire de la Ve République.

    Au Front national, les communiqués officiels rassurants n’arrivent plus à masquer les divisions. Pour gagner du temps et tenir ses troupes, Marine Le Pen a décidé de lancer une réflexion sur l’avenir du mouvement, sa stratégie et ses propositions, qui doit conduire à des décisions... dans le mois qui vient ! Pour autant, il n’est pas une semaine où les cadres du mouvement n’étalent leurs divisions et désaccords au grand jour et ne s’écharpent sur Twitter. Quant à la droite hors les murs, elle a été incapable d’exister électoralement (même lors de la primaire de la droite), excepté dans des situations locales très particulières, avec Emmanuelle Ménard ou Jacques Bompard.

    Bref, à droite, pendant qu’on s’insulte, qu’on s’écharpe ou qu’on s’anathème (parfois avec raison), on ne pense plus. Le cerveau, ça doit être comme le cheval ou le vélo : à force de ne pas pratiquer, on oublie comment ça fonctionne. Et pourtant... Depuis quatre ou cinq ans, la pensée avait changé de camp. La gauche, autrefois hégémonique, avait cessé de penser. [...] C’est bien à droite que se déroulait l’agitation des idées : Manif pour tous, Veilleurs, revues (« Limite », reprenant pied sur le terrain de l’écologie, « Eléments », redevenu le lieu de débats commentés, « Philitt » et on en passe), colloques, tels ceux d’Iliade ou Oz ta droite, de Robert Ménard, essais de Zemmour, Villiers ou Buisson, etc. Evidemment, ce foisonnement était très minoritaire, certainement intellectualiste, trop parisien et déconnecté des préoccupations des Français. Est-ce pour cela que personne n’en a rien tiré d’un point de vue électoral ? Un peu sans doute. Mais pas uniquement.

    Depuis des années, pour ne pas dire depuis des décennies, la droite politique a oublié de réfléchir. Comme l’a dit justement Bruno Retailleau, le fidèle lieutenant de François Fillon, à l’hebdomadaire « Le Point » : « Beaucoup d’intellectuels, issus parfois de la gauche, ont exprimé des idées qui sont les nôtres, mais nous n’avons pas décliné, actualisé leur travail sur le plan politique. » C’est le moins que l’on puisse dire. [...] Et pour une raison simple : à droite, les politiques qui lisent sont des exceptions. Pas le temps. Inutile. Même le journal du parti, c’est juste bon pour les militants. Qu’on ne forme pas, sauf à tenir un bureau de vote. Quel homme politique de droite a, depuis cinq ans, porté à l’Assemblée nationale ou dans les médias un discours intelligent, construit, constructif et pourquoi pas novateur sur les questions de civilisation ? Quel homme politique de droite a travaillé réellement sur les questions d’identité, de sécurité, de justice et, soyons fous, de souveraineté ou d’Europe ? Qui sait encore, hormis Jean-Frédéric Poisson, ce qu’est le principe de subsidiarité ?

    A part : « On va mettre plus de policiers ! », « Il faut en finir avec les juges rouges ! » ou « C’est la faute de l’Europe ! », a-t-on entendu autre chose depuis cinq ans ? Tant que l’on se contentera de slogans en guise de programme politique, on n’arrivera à rien. Comme le dit Thierry Mariani dans l’entretien qu’il nous a accordé, « il faut tout reconstruire ». Cela passe par la réflexion. Par l’exposition des idées. Par leur confrontation. « Minute » entend y contribuer. Avec tous ceux qui le souhaitent. Sans anathèmes et sans exclusive, mais sans concession à l’égard de ceux qui ne s’intéressent qu’à leurs intérêts boutiquiers."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Courte réflexion sur l'effacement des partis politiques dans l'histoire de France, des socialistes aux royalistes.

    Le marché de Versailles bruissait des bruits ordinaires d'un dimanche matin, entre cloches de l'église Notre-Dame voisine et harangues des marchands, et il s'y rajoutait les annonces électorales des distributeurs de tracts qui, toujours, précédent le temps des urnes : j'ai, ainsi, récupéré quelques libelles de couleurs variées et quelques portraits des prétendants à un des 577 sièges du Palais-Bourbon, tous plus souriants et sérieux à la fois les uns que les autres. Évidemment, on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, et toute campagne électorale a ses rituels : il m'arrive aussi d'y sacrifier parfois, en particulier lors des élections européennes, et j'aime ce contact direct avec des électeurs qui, malheureusement, ne se transforme pas toujours en voix sonnantes et trébuchantes au fond des urnes...

    S'il y avait bien de fortes délégations matinales du candidat de la droite conservatrice et de celui du mouvement présidentiel, ainsi que celles, moins nombreuses, de la gauche radicale, des Verts et de quelques « indépendants » (sans oublier les partisans asselinesques du Frexit), le Parti Socialiste brillait par son absence, et l'une des fidèles militantes de ce qu'elle nomme désormais « feu le Parti de Jaurès » affichait ostensiblement une grande indifférence à l'agitation politicienne voisine : il est juste de signaler aussi que, dans les rangs des « Marcheurs » comme ils se nomment, j'apercevais ceux qui, il y a encore moins de deux ans, me vantaient les mérites de la rose au poing... Autres temps, autres engagements, pourrait-on ironiser, mais c'est surtout la démonstration du bouleversement, non des idées ou du paysage idéologique en tant que tels, mais de l'offre politique partisane. En cinq ans, le PS est devenu une sorte de PASOK français (1), perdant en ce court laps de temps, tous les pouvoirs et toutes les positions qu'il occupait insolemment et complètement quand MM. Hollande et Ayrault assuraient, au sortir de la victoire présidentielle du premier nommé, la dyarchie républicaine en un attelage qui allait s'avérer maladroit et incertain.

    Cette « disparition » du PS n'est-elle qu'un « moment » de la vie du parti refondé au Congrès d'Epinay par François Mitterrand en 1971 ? Peut-être, mais qui sait vraiment ? Chez notre voisin italien, les partis qui ont organisé la vie politique nationale des années de l'après-guerre aux années 1990 ont purement et simplement quitté la scène électorale et gouvernementale, abandonnant aussi leurs noms historiques, que cela soit le Parti Communiste Italien, son homologue socialiste, mais aussi la Démocratie Chrétienne et, pour d'autres raisons mais avec le même résultat, le Mouvement Social Italien néo-fasciste.

    D'ailleurs, les royalistes eux-mêmes ont connu cet effacement à leur corps défendant, et les quelques groupes monarchistes qui militent encore et, heureusement, toujours pour l'établissement d'une Monarchie royale héréditaire et familiale, ont, en fait, tout à reconstruire, à se reconstruire : c'est aussi le cas au Portugal et en Italie, comme si le lien rompu d'un pays avec sa dynastie nationale avait privé ses partisans d'une sève précieuse pour, simplement, vivre et prospérer. Avouons que les Républiques n'ont pas cette difficulté, comme si leur nature, plus « nomade », les préservait d'un déracinement qui, de toutes les façons, ne les concernent pas, faute d'un enracinement véritable, filial...

    Pourquoi cette remarque sur les royalistes, dont je suis, comme chacun sait ? Sans doute parce que j'aspire à voir renaître un royalisme vif, visible et fort, un royalisme politique et d'abord politique, crédible et réfléchi, qui s'inscrive dans une tradition vivante et critique pour ne pas être nostalgique et stérile. Il n'y a pas de fatalité : l'effacement du royalisme comme réalité politique, qui s'est sans doute fait en quatre temps (2), ne signifie pas que la Monarchie soit moins nécessaire mais seulement que le chemin est plus ardu pour la faire advenir. Les récents événements politiques tendent néanmoins à prouver que rien n'est jamais complètement écrit ni, peut-être, définitif : que certains adversaires républicains de M. Macron le qualifient (à tort ou à raison, qui sait ?) de « président monarque » ou de « régent » peut nous surprendre mais cela doit-il seulement nous indigner ? Et, d'ailleurs, n'est-il pas trop tôt pour trancher, malgré les sympathies oligarchiques trop certaines du locataire nouveau de l’Élysée ? Et ne peut-on y discerner l'annonce symbolique d'une sorte de « retour du futur » ? Ou d'une reconnaissance inconsciente d'une « absence » que, là encore, l'actuel président, encore loin de sa candidature et de sa victoire de mai 2017, signalait dans son fameux entretien de juillet 2015 (3) ? Certes, il n'y a plus de Pierre Boutang pour murmurer à l'oreille du « Prince » (et là, je parle, dans le sens de Machiavel, de celui qui siège à l’Élysée) (4), mais ne peut-on pas travailler à forger un « appareil » royaliste susceptible de faire entendre « la voix du Roi », y compris jusqu'au sommet de l’État ?

    (à suivre, forcément !)

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1420:courte-reflexion-sur-leffacement-des-partis-politiques-dans-lhistoire-de-france-des-royalistes-aux-socialistes&catid=51:2017&Itemid=62

  • Emmanuelle Duverger-Ménard : « Je suis venue à l’Assemblée défendre des convictions ! »

    Emmanuelle Ménard, élue députée grâce à une véritable union des droites, vient de faire sa rentrée à l’Assemblée nationale.

    Elle réaffirme sa volonté d’être « un pont entre le FN et la droite plus classique ».

    Venue défendre des sujets rattachés au territoire biterrois, elle entend aussi agir, sur le plan national, pour la protection des plus faibles, des retraités menacés par l’augmentation de la CSG, pour la sécurité, l’éducation et les valeurs familiales.

    Hier, c’était la rentrée à l’Assemblée nationale. Vous étiez assise sur les bancs à côté de Jean-Luc Mélenchon, l’ordre alphabétique aidant. Comment s’est passée cette rentrée ?

    Ça c’est très bien passé. C’était impressionnant. C’était émouvant. C’était dans un lieu chargé d’Histoire et d’âme. Monsieur Mélenchon a été très courtois avec moi.

    On parle beaucoup de l’immense majorité qu’a obtenue Emmanuel Macron à l’Assemblée. Des gens sont aussi dans l’opposition, vous en faites partie. Sur quel sujet vous apprêtez-vous à agir et à parler à l’Assemblée nationale ?

    Les sujets sont multiples. Certains sujets sont d’ordre national et d’autres sont plus rattachés au territoire biterrois que je défends et dont je serai la porte-parole.
    Sur les questions nationales, qui intéresseront plus particulièrement les lecteurs et les auditeurs de Boulevard Voltaire, je serai évidemment très attentive à la protection des retraités. Monsieur Macron veut mettre en place cette augmentation de la CSG. Elle va toucher les retraités soi-disant aisés. Je pense qu’en touchant 1200 euros par mois, on ne se dit pas très aisé. Monsieur Macron n’a jamais dû toucher 1200 euros par mois dans sa vie.
    Évidemment la protection des retraités sera une de mes priorités, mais il y aura également la lutte contre l’insécurité. J’y suis très sensible. Cela a aussi été un de mes chevaux de bataille pendant cette campagne électorale. J’ai déjà commencé à rencontrer plusieurs interlocuteurs sur le territoire biterrois.

    Une autre question se pose, celle des alliances. Nous avons un peu de mal à y voir clair. Vous avez été élue sur une liste d’alliance des droites. Qu’en est-il à l’Assemblée ? Allez-vous réussir à vous entendre avec d’autres députés ?

    C’est effectivement ce qui a motivé la fin de semaine dernière et le début de cette semaine. Beaucoup de rencontres, de nombreux contacts téléphoniques pour pouvoir constituer un groupe. Malheureusement, nous n’y sommes pas arrivés, mais je ne me déclare pas vaincue.
    J’ai été élue sur une liste d’union des droites soutenue par six partis politiques. Pour moi, c’est très important. J’espère que je pourrai être le pont entre cette droite représentée par le Front national et la droite plus classique. J’y suis très attachée. Les contacts que j’ai pris sont bons. Il est peut-être encore un peu trop tôt, mais je pense que lorsqu’on se sera tous mis au travail, les différents députés verront que l’on connaît nos dossiers, que l’on est vigilant sur des sujets comme la sécurité, la protection des personnes les plus faibles ou les plus défavorisées.
    C’est cette capacité de travail qui nous permettra de gagner en crédibilité. Les œillères et les a priori que certains ont à notre égard tomberont alors petit à petit. On pourra alors travailler tous ensemble.

    Vous étiez ce matin en face de Léa Salamé. Elle vous a posé une question étonnante. Elle vous a demandé si vous étiez venue défendre les idées de votre mari, ici à Paris au palais Bourbon. C’est cela que vous êtes venue faire ?

    Évidemment, non. J’ai été très surprise de la question. Je pense que cela s’est entendu, parce que je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire à l’énoncé de sa question.
    Je ne suis pas là pour défendre les idées de mon mari, Robert Ménard, que tout le monde connaît à Boulevard Voltaire.
    Je suis là pour défendre le territoire biterrois, mais le mandat de député, c’est aussi un mandat national.
    Je suis là aussi pour défendre des convictions sur lesquelles les électeurs biterrois m’ont fait confiance. Ces convictions, vous les connaissez. Elles concernent la sécurité, l’éducation, les valeurs familiales… C’est cela que je défendrai à l’Assemblée, pas les idées de mon mari.
    http://www.bvoltaire.fr/suis-venue-a-lassemblee-defendre-convictions/

  • Thierry Bouclier : pensez printemps français !

    6a00d83451619c69e201b8d290a4c2970c-250wi.pngEntretien du Salon Beige avec Thierry Bouclier à l’occasion de la réédition de son dernier ouvrage, La République amnésique, aux éditions TerraMare, préfacé par le professeur Frédéric Rouvillois.

    Le nouveau monarque Macron nous demande de « penser Printemps ». Votre ouvrage va-t-il aider les Français à « penser Printemps » ?

    S’il pouvait les aider, non pas à « penser Printemps » comme Alain en 1935 mais à « penser Printemps français » comme des millions de manifestants en 2013, cela serait une très bonne nouvelle ! Le grand mouvement qui s’est levé en 2013 était un mouvement décomplexé. L’objectif du livre est précisément de décomplexer les Français sur de très nombreux thèmes – le contrôle des flux migratoires, la famille, l’Europe ou l’histoire de la colonisation – sur lesquels pèse une véritable chape de plomb idéologique.

    L’opération de sidération qui a permis l’élection de Macron et cette victoire paradoxale aux dernières élections législatives prouve que non seulement la république est amnésique, mais que les Français semblent l’être tout autant ?

    Assurément. Il est à craindre que les Français vont rapidement oublier – si ce n’est déjà fait – qu’ils se sont levés en masse pour défendre la famille en 2013 comme ils l’avaient fait en 1984 pour défendre l’école. Ce que les parents supportent désormais dans les écoles privées sous contrat démontrent qu’ils n’ont plus aucun souvenir de ce que fut le combat contre la loi Savary. Ils ont pareillement oublié les raisons pour lesquelles ils votaient De Gaulle, Pompidou et même Chirac (celui de l’appel de Cochin en 1978) et Marchais (celui de 1980 et de l’arrêt des flux migratoires).

    Comment en est-on arrivé à cette dérive incroyable des idées, des concepts, de l’intelligence. Sommes-nous rentrés dans l’hiver de l’intelligence avec Macron ?

    Mai 68 voulait interdire d’interdire. Mais la société issue de Mai 68 ne repose que sur des interdits. Il ne se passe pas une journée sans qu’un homme politique, un journaliste, un sportif ou un artiste, ne se voit reprocher d’avoir « dérapé ». Celui qui dérape est celui qui a prononcé le mot interdit ou défendu une idée désormais taboue. Tous les grands thèmes sont désormais contaminés. La famille. L ’avortement. Le mariage. L’immigration. La colonisation. La sécurité. L’école. Une ligne jaune a été tracée. Il est interdit de la franchir. Celui qui la franchit dérape et sort du cadre républicain. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’au vu de la doxa dominante, la classe politique, de gauche et de droite, a dérapé en toute sérénité pendant les 80 premières années du vingtième siècle. De Gaulle a dérapé. Mais aussi l’abbé Pierre, Marchais ou Jean Moulin. Même Simone Veil a dérapé.

    Comment sortir de ce carcan idéologique anesthésiant voire débilitant ?

    En se décomplexant. Cela demande un effort considérable tant l’anesthésie est puissante, mais ce n’est pas impossible. Le souffle qui s’était levé en 2013 est retombé. Mais il peut repartir.  

    Les mêmes causes produisant les mêmes effets, pourquoi cette amnésie collective changerait-elle ? et donc pourquoi avoir réédité ce livre aux éditions TerraMare ?

    La réédition, la mise à jour et l’augmentation étaient nécessaires car les choses ne se sont pas arrangées depuis 2008, année de la première édition. J’ai ajouté de nombreux développement sur le mariage –  il faut relire Elisabeth Guigou et Alain Juppé –, l’islam, l’immigration et ses nouveaux tabous, l’école et sa dérive.

    Thierry Bouclier est avocat et auteur de nombreux ouvrages, notamment d’une biographie de l’abbé Denis Coiffet, zélé serviteur d’une Église meurtrie, mais qu’il servit toute sa vie avec le même amour filial.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Il n’y aura pas de refondation politique de la droite sans refondation idéologique

    Dans un entretien au Figaro, l’essayiste québécois Mathieu Bock-Côté déclare :

    "Dans Le JDD, Xavier Bertrand a dénoncé la «dérive identitaire» de la droite et de Laurent Wauquiez. Le débat s’est trop concentré sur «la France identitaire», affirme-t-il. Partagez-vous ce constat?

    Il fallait s’y attendre: la pression idéologique et médiatique contre ce qu’on pourrait appeler la question identitaire n’a jamais cessé, et ceux qui veulent avoir une place avantageuse dans le système médiatique ont tout avantage à partager cette vision des choses. Qui dénonce la dérive identitaire s’assure d’une place enviable dans la grande famille des respectables. Il faut faire attention au vocabulaire: qu’est-ce qu’une dérive identitaire, sinon la manière qu’a la gauche de parler de toute tentative de renouer avec une définition un peu substantielle de la nation française en réintroduisant dans la citoyenneté les mœurs, la culture, le mode de vie, la mémoire? On réduit alors la question identitaire à une forme de xénophobie ne disant pas son nom. Le terme même de dérive est porteur: il présuppose un éloignement du courant central de la démocratie. Il y aurait quelque chose de fondamentalement suspect avec le désir de réenracinement des peuples: on ne veut y voir qu’un repli sur soi, une fermeture à l’autre, une crispation frileuse devant une époque qui nous invite plutôt à embrasser la mondialisation.

    Xavier Bertrand, qui n’est pas un homme sans valeur, et qui revendique sa filiation avec Philippe Séguin, tombe ici dans un piège idéologique. C’est celui dans lequel la droite tombe régulièrement depuis plusieurs décennies, soit la tentation de se soumettre aux critères de respectabilité idéologique qui viennent du camp d’en face. On accepte à l’avance qu’il y aurait des sujets sulfureux: alors on s’en éloigne et on les concède à ceux qui voudront bien s’en emparer. Mais qui détermine si un sujet est sulfureux ou non? D’une génération à l’autre, on cède toujours plus de terrain. C’est une erreur: jamais la droite ne sera assez respectable pour la gauche. Toujours, elle devra donner de nouveaux gages. Mais jamais, elle n’en fera assez. Et toujours, elle s’inhibera un peu plus. À terme, elle se coupe de ses électeurs qui eux résistent plus spontanément au politiquement correct. Ils seront tentés d’aller voir ailleurs si on s’intéresse à eux. C’est une histoire que nous connaissons bien.

    La question de l’identité est-elle un «faux débat» comme le suggère Bertrand ou une angoisse réelle qui traverse la société française?

    Il faut un certain culot pour décréter que la question identitaire est un faux débat, alors qu’elle canalise une angoisse de dépossession partout présente en Occident, et qui transforme en profondeur la vie politique. Qu’on le veuille ou non, la peur de devenir étranger chez soi hante notre époque et elle n’a rien d’une panique identitaire, pour reprendre le dernier slogan à la mode qu’on veut nous faire prendre pour un concept. Elle est fondée. Une certaine sociologie militante entend pourtant faire barrage au réel: pour elle, la question identitaire ne serait qu’une thématique propre à l’extrême droite, comme on le dit dans la novlangue progressiste. Autrement dit, celui qui aborde cette question ne s’intéresse pas aux inquiétudes qui façonnent la société contemporaine non plus qu’aux effets terribles de la décomposition culturelle d’une communauté politique: il signe son allégeance au camp des proscrits, ceux dont on ne parle qu’en nous mettant en garde contre eux. Il faut pourtant revenir aux choses simples: une société qui voit ses grands symboles historiques discrédités, qui pousse l’hétérogénéité identitaire jusqu’à l’éclatement culturel, qui voit ses mœurs moquées et même agressées, qui connaît une mutation démographique significative, qui voit ses frontières moquées, qui voit sa souveraineté de plus en plus corsetée, est en droit de se questionner sur son identité et sur les transformations de ce qu’on appellera son être historique. Le système médiatique est parvenu à neutraliser politiquement cette question ces derniers mois, à la chasser de la présidentielle, mais elle resurgira. En fait, elle resurgit déjà.

    Xavier Bertrand s’en prend également à Sens commun. Est-ce la droite conservatrice qui est visée?

    À chaque défaite, il faut un bouc émissaire. En 2012, c’était Patrick Buisson. On l’a pendu sur la place publique. On l’a transformé en théoricien méphistophélique qui se serait infiltré au cœur du pouvoir pour faire basculer la France du mauvais côté de la force, en libérant les puissances obscures de l’identité. Il suffisait de le bannir pour que la droite lave sa réputation, à condition de ne plus recommencer. C’est ce qu’on pourrait appeler la théorie du complot vu de gauche. En 2017, c’était le tour de Sens commun, qu’on a caricaturé en mafia intégriste catholique prenant d’assaut la droite pour la soumettre à une entreprise de reconfessionnalisation de la France. Il fallait lui faire porter la responsabilité de la défaite. C’était même le bouc émissaire idéal: c’était une force militante jeune et sans leaders connus. Encore une fois, c’est la tentation de la purge qui s’exprime. On veut éliminer de la droite sa part médiatiquement infréquentable. Sauf qu’il suffit de porter attention à Sens commun pour constater que cette caricature est grossière et je me demande si ceux qui se livrent à de telles accusations y croient vraiment. On peut parfaitement être en désaccord avec Sens commun ou du moins, avec certaines parties de son programme, sans sentir le besoin de diaboliser ce mouvement, qui est aussi un vecteur de mobilisation politique pour la jeune génération. Cette jeune génération entre en politique en contestant le matérialisme ambiant et l’économicisme des générations précédentes. Elle souhaite investir des préoccupations nouvelles dans la démocratie française. Il semble bien que pour certains, ce soit impardonnable.

    À travers ce mouvement, est-ce la droite conservatrice qui est visée?

    Naturellement. On ne la laisse plus se définir elle-même: on la caricature, on lui prête des idées qui ne sont pas les siennes. On croit aussi lui déceler des arrière-pensées inavouables. S’il faut liquider le conservatisme et le priver de toute légitimité politique, c’est qu’on souhaite ramener la droite dans le périmètre de la respectabilité médiatique: on la souhaite gestionnaire, modérément libérale, passionnément comptable. Elle ne doit jamais remettre en question les finalités de la gauche mais seulement marcher moins vite qu’elle, comme si elle réclamait seulement le droit d’être progressiste à son propre rythme. Une bonne partie de la droite, et probablement une part dominante de ses élites, adhère à l’imaginaire du progressisme et souhaite y adhérer officiellement, d’autant qu’avec Macron il s’est affranchi, du moins pour un temps, du folklore socialiste.

    Cet entretien annonce le retour de la guerre des chefs à la veille de l’élection du nouveau président des Républicains. La refondation idéologique doit-elle précéder cette élection?

    Alors disons-le clairement: il n’y aura pas de refondation politique de la droite sans refondation idéologique. Le travail intellectuel des dernières années n’a connu qu’une traduction politique bien partielle – évidemment, ce travail intellectuel, qui est bien amorcé philosophiquement, devra tenir compte des nouvelles circonstances, la macronie n’est pas la hollandie. Cela dit, il n’est pas certain qu’on puisse dissocier la refondation idéologique de la droite du renouveau de son leadership: en politique, les idées s’incarnent, elles doivent être portées par ceux qui sont à la conquête du pouvoir. On imagine mal un parti décider d’une doctrine pour ensuite demander à celui qui portera ses couleurs de simplement s’en emparer.

    Quels doivent être les principaux chantiers d’éventuels futurs «états généraux» de la droite?

    La droite doit manifestement, à chaque élection, se questionner sur l’essentiel: qui est-elle? A-t-elle une identité politique propre ou n’est-elle qu’une non-gauche? A-t-elle son propre imaginaire, son propre univers de référence? A-t-elle sa propre idée de l’homme? Elle devra répondre à ces questions. [...]"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Les huit élus FN

    M. Gilbert COLLARD
    Tour 2
    Gard 2ème circonscription
    Mme Emmanuelle MÉNARD
    Tour 2
    Hérault 6ème circonscription
    M. Sébastien CHENU
    Tour 2
    Nord 19ème circonscription
    M. José EVRARD
    Tour 2
    Pas-de-Calais 3ème circonscription
    M. Ludovic PAJOT
    Tour 2
    Pas-de-Calais 10ème circonscription
    Mme Marine LE PEN
    Tour 2
    Pas-de-Calais 11ème circonscription
    M. Bruno BILDE
    Tour 2
    Pas-de-Calais 12ème circonscription
    M. Louis ALIOT
    Tour 2
    Pyrénées-Orientales 2ème circonscription

  • Quel avenir pour le FN et Marine ? – par Guillaume Faye

    (NOVOpress avec Guillaume Faye)

    Le FN dépérira vite s’il ne se sépare pas de M. Philippot qui a semblé fasciner et piloter Marine Le Pen, s’il ne révise pas de fond en comble son programme économique et social, photocopie de celui de la vieille gauche, s’il ne remuscle pas son discours sur l’immigration, l’islamisation et l’identité et si ce parti persiste dans une europhobie aussi sommaire et mal pensée que l’europhilie béate de Macron.

    La question Marion Maréchal–Le Pen

    Le conflit idéologique entre la ligne Philippot et celle de Marion Maréchal Le Pen s’est sans doute doublé de problèmes personnels. Cette dernière faisait–elle de l’ombre à sa tante par son rayonnement de jeune femme brillante ? M. Philippot – courtisan qui n’existe que par son emprise psychologique sur Marine Le Pen – n’aurait–il pas intrigué pour que la jeune députée, dangereuse pour lui, soit dégoûtée et jette l’éponge ? Marion Maréchal–Le Pen s’est retirée” provisoirement” dit–elle. Espérons–le et souhaitons aussi qu’elle reviendra quand Florian Philippot aura disparu.

    Le renoncement (temporaire ?) à la vie politique de Marion Maréchal Le Pen est une mauvaise nouvelle pour le FN mais aussi pour la France. Par sa jeunesse et son intelligence, elle était une des personnalités politiques les plus prometteuses à long terme. Son retrait, s’il s’avérait définitif, serait un immense gâchis. C’est une victoire (apparente seulement) pour la ligne de Florian Philippot qui, délaissant les fondamentaux du FN, a pourtant été responsable de la déroute de MLP face à Macron. Mais le but de M. Philippot et son ordre de mission ne seraient–il pas la neutralisation du Front national ?

    Marine Philippot doit redevenir Marine Le Pen

    Marine Le Pen ne doit plus être brocardée sous le sobriquet de Marine Philippot. Il est possible et souhaitable que son élimination du parti provoquera le retour de Marion Maréchal–Le Pen qui constituait un facteur puissant de succès médiatique et populaire pour le FN, alors que Philippot est impopulaire et antipathique par sa vanité distante et parce qu’il s’écarte des fondamentaux qui ont fait le succès du FN.

    Marine Le Pen, créditée au départ de la qualité de seule femme présidant et dirigeant un grand parti (et ce, non seulement aujourd’hui, mais dans toute l’histoire de la république !), a été affaiblie par l’impression de soumission à Florian Philippot, surmédiatisé, dont l’image est celui d’un intrigant. Dans l’opinion, elle n’était plus la patronne, ce qui lui a coûté des centaines de milliers de voix.

    Florian Philippot n’est pas nécessairement une taupe envoyée au sein du FN par le pouvoir pour le déstabiliser et le neutraliser, comme le soupçonne Jean–Marie Le Pen. On ne le sait pas. En tout cas, le résultat est le même : son influence, son discours, ses orientations idéologiques affaiblissent le Front national (dont il déteste la dénomination) dans un électorat qui ne se reconnaît pas en lui.

    À cause de lui, Marine Le Pen a édulcoré et gauchisé les axes du FN. Florian Philippot a menacé de démissionner du parti si celui–ci abandonnait l’idée du Frexit (sortie de la France de l’UE) ou du remplacement de l’euro par un nouveau franc. Le départ de M. Philippot serait une bonne nouvelle pour le FN. Il est extrémiste dans les domaines qui ne sont pas essentiels pour les Français (europhobie) et muet ou mou dans les domaines qui les préoccupent (immigration, islamisation, criminalité, etc.) Il est une machine à faire perdre des millions de voix. En créant son association dissidente ”Les Patriotes”, il a franchi une ligne jaune, prélude à sa démission ou à son exclusion.

    Les quatre handicaps du FN

    Le FN subit quatre handicaps, très différents, voire inverses, de la diabolisation massive de jadis.

    1) Le reflux du discours contre l’immigration invasive et l’islamisation. S’y est substitué une ligne ambiguë, assimilationniste, multiculturelle, pas claire, proche de celle de LR, voire en deçà. De récents propos de Marine Le Pen, opposés à l‘identité ethnique française, totalement alignés sur le politiquement correct, sont affligeants. Elle obéit au chevènementisme de son mentor.

    2) Une focalisation obsédante sur une sortie de l’euro et un retour au franc, inspirée par Philippot, et ressentie comme dangereuse et amateuriste par l’opinion.

    3) Un programme économique et social – toujours inspiré par Philippot – obsolète, contradictoire, irréalisable et proche de celui de la vieille gauche (Mélenchon et consorts), démagogique et électoralement décalé.

    4) Une présidente, Marine Le Pen, qui, après une période brillante, semble perdre la main et se ternir ; tandis que sa nièce, Marion, de plus en plus populaire, se retire en pleine bataille, comme si elle était écartée. Ce qui déçoit et laisse une impression de déclin.

    Catherine Nay écrit à propos de Marine Le Pen : « malgré un nouveau record de voix, les Français continuent à la juger inapte à s’installer à l’Élysée. Trop dangereuse et incompétente ». (in Valeurs actuelles, 27/04/2017). Erwan Le Noan, de Fondapol, prédisait dès janvier 2017 que Marine Le Pen échouerait à la présidentielle car « le FN sera freiné par ses divisions internes et sa position sur la sortie de l’euro ».

    Un groupe intitulé ”Les Horaces”, proche du FN, s’inquiétait à la même époque qu’une « gauchisation » économique et sociale du discours de Marine Le Pen afin de contrer Fillon « risquerait de la couper d’un électorat droitier et aisé, indispensable pour l’emporter en 2017 ».

    S’ajoute à cela l’interférence entre la politique, domaine de la sphère publique, et une histoire de famille, domaine de la sphère privée. Cette confusion n’aurait pas été grave s’il n’y avait pas eu de conflits étalés sur la place publique, fille contre père, puis tante contre nièce. Ces épisodes de guerres intestines ont couté beaucoup de voix au FN. Le « renouvellement » radical du FN, sans plus de précision, annoncé par Marine Le Pen pour surmonter une crise qui enfle comme un orage laisse les électeurs sur leur faim.

    Affadissement et gauchissement du message de Marine Le Pen

    Marine Le Pen a déclaré dans son grand meeting de Nice, le 27 avril : « je ne regarde pas votre origine, votre religion, votre orientation sexuelle ou votre couleur de peau. Et je vais même vous dire, ça ne m’intéresse pas ! » Propos malvenu vis-à-vis de son électorat qui signifie tout simplement : ”je suis multiculturaliste, antiraciste, assimilationniste (mission impossible vue l’ampleur de l’invasion), opposée à toute identité ethnique ”française” mais aussi, sur le plan ”sociétal”, de gauche, approuvant notamment le mariage homosexuel. Cette concession au politiquement correct banal peut lui être fatale. De même, son insistance pour lutter contre l’islamisme – et le terrorisme qui lui est lié – plus que contre l’islam et l’islamisation (à la différence de Philippe de Villiers). C’est un facteur d’affaiblissement et de déception. (1)

    Avec une exagération ridicule, MLP a déclaré : « Je m’inquiète de cette loi El Khomry puissance 1000 que Macron veut faire passer par ordonnance et qui est en fait une dérèglementation annoncée du droit du travail ». Même position que Hamon, Mélenchon et les hallucinés marxistes. Elle passe de « casse sociale », comme la CGT, dès qu’il s’agit de simplifier le droit du travail. Elle n’a pas compris que le droit du travail (et social) français, kafkaïen, est la principale source du chômage par découragement d’embauche et perte de compétitivité (réglementarisme) dans le secteur privé marchand, au bénéfice des privilèges des salariés pléthoriques des secteurs publics et assimilés.

    Néanmoins, Marine Le Pen a compris, mais trop tard, que la sortie de l’euro, marotte de Florian Philippot, était suicidaire pour sa candidature. Elle a retourné sa veste et a parlé de « renégocier les traités européens pour retrouver notre souveraineté et bâtir une Europe des nations », ce qui était une position de bon sens mais trop floue, tardive, imprécise. Je répète ce que j’ai toujours dit sur l’euro : le créer a été une erreur, mais en sortir unilatéralement est impossible. Il faut le laisser dépérir .

    La défaite paradoxale du second tour

    Avec 10,64 millions de voix et 33,90% des suffrages exprimés au second tour, le Front national atteint son record historique, bien supérieur à tous ses homologues en Europe. C’est presque le double du score de Jean-Marie Le Pen face à Chirac en 2002. Pourtant, ce résultat apparaît à beaucoup, et notamment à l’intérieur du FN, comme une défaite décevante ; on attendait au moins 40% des suffrages pour Marine Le Pen.

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